Mémoire épisodique dans la schizophrénie : Illustration d`une prise

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La Lettre du Psychiatre - Vol. III - n° 7 - juillet-août 2007
Mémoire épisodique dans la schizophrénie -
Illustration d’une prise en charge
en remédiation cognitive
Episodic memory in schizophrenia – presentation of a cognitive remediation therapy
IP I. Off erlin-Meyer1, J.M. Danion1, 2
1 Service de psychiatrie I, les hôpitaux universitaires de Strasbourg, Strasbourg.
E-mail : isabelle.off erlin-mey[email protected]
2 Unité Inserm 666, physiopathologie clinique et expérimentale de la schizophrénie, Strasbourg.
RÉSUMÉ
Les troubles cognitifs constituent incontestablement une
des caractéristiques les plus invalidantes de la schizophrénie.
Ces troubles sont fortement corrélés aux perturbations de
la vie quotidienne et de l’insertion socioprofessionnelle des
patients. Au vu des résultats observés avec quelques patients,
une remédiation cognitive fondée sur un programme ciblé
et sur une approche “sur mesure tenant compte du profi l
cognitif propre à chaque patient et se focalisant directement
sur les situations de vie quotidienne semble être particu-
lièrement prometteuse et appropriée aux patients schizo-
phrènes.
Mots-clés : Schizophrénie Rediation cognitive Approche
sur mesure – Vie quotidienne – Insertion socioprofession-
nelle.
SUMMARY.
Cognitive impairments are undeniably one of
the most disabling characteristics of schizophrenia. These
impairments are strongly correlated with everyday life
disturbances and with the patient’s social and professional
outcome. A form of cognitive remediation, grounded on a
specifi c program and on a “made-to-measure” approach,
that takes into account the cognitive profi le and is adjusted
to each patient, and that is speci cally focalized on everyday
life situations, seems to be a particularly promising and
appropriate approach for schizophrenic patients, as shown
by preliminary results obtained with some patients.
Keywords: Schizophrenia Cognitive remediation – “Made-
to-measure” approach Everyday life Social and professio-
nal outcome.
I
l est aujourd’hui bien établi que les perturbations cognitives
observées chez un grand nombre de patients schizophrènes,
avec notamment des défi cits dans des domaines tels que
la mémoire, l’attention, la vigilance ou encore les fonctions
exécutives, sont considérées comme l’une des raisons centrales
de l’incapacides patients à réintégrer une vie sociale et profes-
sionnelle satisfaisantes (1).
Ces perturbations cognitives, vraisemblablement présentes dès
avant le déclenchement de la maladie, perdurent pendant les
riodes de mission des symptômes cliniques de la patho-
logie (2) et s’expriment avec une grande diversité d’un patient
à l’autre, tant sur le plan de leurs manifestations dans la vie
quotidienne qu’en ce qui concerne les niveaux de fonctionne-
ment, qui peuvent être altérés.
À ce jour, plusieurs pistes d’intervention et d’approches
méthodologiques (approche de groupe, utilisation d’un outil
unique pour l’entraînement et la mesure de l’effi cacité d’une
remédiation, ou encore utilisation d’exercices de type drill)
visant à remédier aux défi cits cognitifs reles dans la schizo-
phrénie ont été expérimentées (2, 3). Les eff ets obtenus par ces
interventions appliquées chez des patients schizophrènes sont
modestes voire minimes (4). Cette absence d’eff ets convain-
cants peut sans doute être attribuée au manque de contrôle de
certains facteurs tels que l’utilisation de tâches et/ou d’outils
multidéterminés ou encore à la non-mise en rapport entre le
profi l cognitif propre à une personne et le programme proposé
(5). Ces résultats préliminaires insatisfaisants soulignent en
tout cas toute la nécessid’aller au-delà des “approches de
groupe(6), en privilégiant la méthodologie du cas unique,
et une approche “sur mesurequi tienne compte du pro l
cognitif et des capacités défi citaires et préseres de chaque
individu.
Nous présentons ici un cas concret de remédiation cognitive d’un
patient schizophrène. Létude eff ectuée dans le cadre d’un réseau
européen (Interreg IIIB) de collaboration entre les pitaux
universitaires de Strasbourg, Liège et Luxembourg est centrée
sur la remédiation cognitive des patients schizophrènes à des
ns de réinsertion socioprofessionnelle. Cette approche préco-
nise d’adopter une démarche individualisée dans laquelle des
stratégies de remédiation “taillées sur mesure” sont élaborées
afi n de traiter directement certaines diffi cultés concrètes de la
vie quotidienne des patients.
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PRÉSENTATION DE WL  CONTEXTE GÉNÉRAL
WL est un homme célibataire âgé de 36 ans. Il est titulaire du
brevet des collèges. Bon élève jusqu’en classe de seconde litté-
raire, sa maladie sest déclarée franchement en novembre 1983
et l’a alors contraint à abandonner son cursus scolaire. Toute-
fois, le patient fait part de signes précurseurs de sa pathologie,
avec notamment des diffi cultés d’adaptation sociale et d’autres
troubles du comportement, dès l’âge de 7-8 ans. La dernière
hospitalisation du sujet remonte au mois de mars 2005 (soit
environ un an et demi avant le travail de remédiation qui lui a
été proposé). Le diagnostic retenu est celui de schizophrénie
paranoïde” (selon les critères du DSM-IV). Avant que ce patient
nentre dans le dispositif de remédiation cognitive, son traite-
ment consistait en deux neuroleptiques (2 prises quotidiennes
de rispéridone [Risperdal
®
] 4 mg et 4 prises de cyamémazine
[Tercian
®
] 25 mg), un antidépresseur inhibiteur sélectif de la
recapture de la rotonine (2 x 20 mg/j de parotine [Deroxat
®
]),
et une benzodiazépine (2 prises quotidiennes de bromazépam
[Lexomil
®
]). En accord avec le patient et son médecin psychiatre
référent, la cision a été prise de duire la dose de broma-
zépam, compte tenu de ses eff ets délétères sur la mémoire, et de
respecter un certain délai d’adaptation à cette nouvelle posologie
(2 mois) avant de débuter la remédiation cognitive.
À son entrée dans le dispositif d’évaluation, WL évoluait en
milieu de travail protégé (centre d’aide par le travail [CAT])
depuis déjà deux ans. Néanmoins, supportant de plus en plus
diffi cilement les contingences d’horaires et de productivité
auxquelles il se sentait soumis, WL a pris la décision de démis-
sionner pour bénéfi cier d’un suivi en hôpital de jour, ce qui
lui permit de se consacrer à des activis plus créatives et
occupationnelles telles que faire du jardinage, ou participer à
des ateliers de bricolage, tout en entretenant une vie sociale.
Actuellement, il vit en appartement associatif, bénéfi cie d’un
encadrement social et éducatif et d’un suivi en hôpital de jour
à raison de trois jours et demi par semaine.
DE L’ÉVALUATION À LA REDIATION
Bilan neuropsychologique préthérapeutique
Le bilan neuropsychologique préthérapeutique (deux séances
d’une durée respective d’une heure et demie) a éval la mémoire
de travail, la moire épisodique, diff érentes composantes atten-
tionnelles, la vitesse de traitement de linformation, les fonctions
exécutives et le fonctionnement cognitif général. Ce bilan a mis
en évidence des performances citaires en mémoire épisodique
verbale, exibili, inhibition, attention et planifi cation. Des ques-
tionnaires dauto-évaluation de la mémoire, de l’attention, de la
cognition et de lestime de soi ont également été administrés.
Identi cation des processus cognitifs perturbés
Létape suivante a consisté en une analyse des processus cogni-
tifs impliqués dans les situations de la vie quotidienne pour
lesquelles le patient éprouvait des di cultés. En eff et, invité
à évoquer les obstacles qu’il rencontre au quotidien, WL fait
état de diffi cultés particulières pour retenir l’histoire d’un livre,
pour se souvenir d’articles faisant pourtant référence à son
sport favori, ou encore pour se rappeler le contenu du journal
télévisé. Les résultats mis en évidence par le bilan cognitif ont
permis de confi rmer les plaintes du sujet, en objectivant en
particulier des diffi cultés à organiser l’information à l’encodage,
qui se traduisent notamment par des diffi cultés à mémoriser
et à restituer des récits, indépendamment de la modalité de
présentation (écrit, oral). Ces observations ont mené à l’élabo-
ration d’une intervention focalisée sur la mémoire épisodique
verbale, plus précisément sur les processus d’organisation de
l’information à l’encodage.
À l’issue du bilan cognitif et de l’analyse des processus cogni-
tifs impliqués dans les situations de vie quotidienne, et avant
d’entamer la remédiation cognitive, le patient a bénéfi cié d’une
séance d’information nérale. Cette séance avait pour but de lui
transmettre des informations concernant ses capacités altérées
et celles qui restaient préseres. Lors de cette ance, nous
avons également établi avec le sujet, en tant que partenaire à
part entière, le contrat de remédiation qui mentionnait, entre
autres, le contenu du programme, la durée et la fréquence des
ances (encad 1). Le patient a signi é son accord et son
engagement en signant ce contrat, qui lui permet en outre de
savoir, à tout moment, où il se situe par rapport au déroulement
initialement prévu.
Nature de l’intervention cognitive spéci que
mise en œuvre
Le travail préconisé consistait en l’apprentissage d’une stratégie
(structuration de l’encodage) par l’intermédiaire de l’utilisation
d’une macrostructure (encadré 2), afi n de pouvoir mémoriser
Participant : WL
1) Modalités pratiques
– La remédiation s’étendra du mardi 4 avril 2006 au mardi 4 juillet 2006 à raison
de trois fois par semaine : le mardi de 10 h 30 à 12 heures ; le mercredi de 15 h 30
à 17 heures et le jeudi de 13 heures à 14 h 30.
– Du 17 au 21 juillet 2006, l’e cacité de la remédiation sera évaluée (post-test des
lignes de base, évaluations via questionnaires, évaluations subjectives et éventuel-
lement par des tests cognitifs).
– La durée des séances de remédiation sera de 1 h 30, adaptable en fonction du
niveau de fatigue.
– Les séances se feront exclusivement de manière individuelle.
– La revalidation impliquera également des exercices à faire “à domicile”.
2) Contenu du programme de remédiation
– Au début, exercices divers de mémoire de travail dans le but d’améliorer la gestion
immédiate de diverses informations présentées rapidement (dans les conversations,
à la télévision, etc.).
Apprentissage de stratégies (structuration de lencodage) a n de pouvoir mémoriser
le contenu d’une nouvelle.
Encadré 1.
Exemple de contrat de remédiation.
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un matériel corent et signifi catif comme le contenu d’un
livre ou d’articles de journaux. Lobjectif était daugmenter
les opérations de compréhension et de structuration des
informations. Le genre littéraire ayant servi de support à cet
apprentissage est celui de la nouvelle (7), qui off re l’avantage
d’être relativement concis. Nous avons terminé un certain
nombre d’informations signifi antes par chapitre, de manière
à réaliser une grille d’analyse et de cotation du rappel fourni
par le patient.
Par ailleurs, alors que nous ne développerons pas cet aspect dans
le présent article, nous avons également proposé des exercices
de mémoire de travail à ce patient afi n de lui apprendre des stra-
tégies à appliquer dans les situations de la vie quotidienne telles
que les conversations ou encore l’écoute du journal télévisé.
Lignes de base avant remédiation
On désigne par “lignes de base” la (ou les) mesure(s) que prend
le thérapeute au seuil, à mi parcours et au terme d’une remédia-
tion afi n de mettre en évidence les diff érences qu’il y a entre les
performances et les capacités du sujet, entre l’avant et l’après
intervention. Il s’agit généralement d’exercices succincts de
contrôle qui sont appliqués de façon strictement identique dans
leur structure, mais qui portent sur des contenus évidemment
diff érents, pour éviter d’éventuels eff ets test-retest.
Dans le cadre de notre étude, un prétest a été administré avant
de commencer le travail de remédiation proprement dit, afi n de
disposer de mesures de base auxquelles se référer (avant toute
mise en place de stratégie). Au cours de ce prétest, WL a é
invité à lire un court article et à en restituer ensuite le plus d’in-
formations possibles. En outre, la première partie de la nouvelle
étudiée a également tenu lieu de ligne de base. Ces premières
mesures nous ont permis d’identifi er le nombre moyen d’infor-
mations signifi antes restituées spontanément par le patient en
dehors de toute stratégie. La ligne de base post-test a consisté
à inviter WL à lire une autre nouvelle d’une longueur et d’une
diffi culté équivalentes à celles de la première.
Remédiation cognitive
La remédiation cognitive portait sur l’utilisation d’une macro-
structure appliquée à la lecture d’une nouvelle littéraire. Les
lignes de base utilisées dans ce cadre consistaient en :
des textes organis, c’est-à-dire structurellement proches
des nouvelles littéraires : il sagissait d’articles relativement brefs
(type article de journal) et de la première partie de la nouvelle
étudiée. Ces textes organisés représentent ce que lon appelle des
lignes de base spéci ques, cest-à-dire qu’elles correspondent
aux aspects qui seront directement travaillés tout au long de
la remédiation ;
du matériel non organisé, c’est-à-dire structurellement très
distinct des nouvelles littéraires. Des listes de 15 mots abstraits
ont ainsi fait l’objet d’un apprentissage en 5 essais consécutifs. Ce
matériel non organisé représente ce que l’on appelle des lignes de
bases non spécifi ques, c’est-à-dire qu’il correspond aux aspects
qui ne seront pas traités pendant la remédiation, mais auxquels
la procédure entraînée est néanmoins applicable.
Au cours de ce travail, et une fois l’utilisation de cette macro-
structure bien intégrée, WL a progressivement été invité à se
distancier du support papier, afi n de ne pas créer une dépen-
dance qui serait un frein à une application systématisée de la
méthodologie en l’absence de support physique. Dans ce cadre,
il est passé du rappel avec la macrostructure sous les yeux à la
réalisation du rappel à l’aide d’une représentation mentale de
la macrostructure.
Le patient a, en outre, été incité à synthétiser l’information sous
forme de mots-clés, afi n d’organiser le matériel et de s’approprier
l’information avec son propre vocabulaire, ce qui facilitera le
rappel ultérieur. Les facteurs clés de cette stratégie de facilitation
reposent sur l’organisation explicite de l’information et une
progression étape par étape.
Lintervention s’est déroulée au rythme de trois séances hebdo-
madaires, à raison de 1 h 30 par séance. Le tout sest échelonné
sur trois mois.
Évaluation postremédiation
Lévaluation postremédiation a consisté en un bilan cognitif, des
lignes de base cognitives spéci ques en rapport avec les objectifs
ciblés, des lignes de base non spécifi ques et plusieurs question-
naires d’auto-évaluation. La comparaison des bilans cognitifs
réalisés en phases pré- et postremédiation a mis en évidence
une normalisation des performances dans les ches de moire
épisodique verbale, avec notamment une normalisation de la
quasi-totalité des scores au sous-test Mémoire Logique (8). On
relève en outre une alioration de la planifi cation, assortie d’une
progression plus discrète de la exibiliet de l’attention divisée.
De me, les performances de WL sont globalement meilleures
dans les épreuves attentionnelles, ce qui se traduit par une diminu-
tion des erreurs après la remédiation cognitive. Quant aux lignes
de base cognitives spécifi ques, elles témoignent également des
progrès de WL, alors que les lignes de base non spécifi ques, elles,
ne bougent pas : à lissue de la remédiation, elles sont équivalentes
à ce quelles étaient avant de commencer ce travail. Enfi n, en ce
qui concerne la mémorisation dun texte organisé, WL rappelle
En matière de remédiation cognitive, la macrostructure fait partie des méthodes de
facilitation et fait appel à une technique d’apprentissage actif.
Pouvant être quali ée de véritable trame de lecture, la macrostructure permet au
sujet de se servir d’un schéma général pour repérer les éléments pertinents d’un
texte, les comprendre, les organiser chronologiquement et logiquement, et identi er
les liens pouvant exister entre les di érentes informations.
Il s’agit en fait d’un support papier (feuille format A4) comportant di érents espaces
ou rubriques, tels que le titre de la nouvelle, le contexte général (quand et
se déroule l’intrigue), lidenti cation des personnages principaux, les actions, le
dénouement de l’histoire. Ce support permet incidemment de distinguer l’essentiel
de l’accessoire, ce qui, en retour, permet de prioriser l’information et, par conséquent,
de réduire le nombre d’informations à stocker.
En outre, l’utilisation d’une macrostructure permet de systématiser la méthodo-
logie.
Encadré 2.
Macrostructure.
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près de 85 % d’informations après la revalidation, alors que son
score nétait que d’environ 30 % avant la remédiation.
La confrontation des réponses aux questionnaires pré- et post-
remédiation a également objectivé des progrès chez ce patient.
WL affirme à présent être en mesure de mieux organiser son
travail et, par conséquent, de mieux se souvenir de ses actes
ou lectures. Ces progrès sont également obsers et confirmés
par ses parents.
Arrêt sur images et réexion clinique
À ce jour, deux patients ont achevé le cycle de remédiation et deux
autres projets sont en cours. Les deux premiers travaux (patients
WL et GC) ont tous deux été à lorigine d’une amélioration assez
spectaculaire du fonctionnement cognitif des patients (9). Ces
changements fort encourageants obsers chez les patients
schizophrènes à l’issue d’une remédiation cognitive ne doivent
toutefois pas nous empêcher de mener une réflexion clinique
de fond. En effet, cette expérience préliminaire en matière de
remédiation cognitive nous a permis d’observer des actions très
diverses chez les patients engagés dans ce type de thérapie.
Ainsi, le programme de remédiation et ses effets positifs sur
le parcours professionnel d’un de nos patients (GC) lui ont
finalement permis d’accepter et d’aborder avec réalisme et de
façon positive des difficultés cognitives initialement déniées,
sans doute dans un élan de désirabilité sociale.
WL, quant à lui, nous a fait part de l’inconfort dans lequel l’ont
tout d’abord mis ses capacités de morisation retrouvées.
En effet, cette situation lui rappelait son état d’avant la décla-
ration de la maladie, quand il était au lycée. Il s’est alors posé
la question de son évolution possible : allait-il repasser par les
difficultés qu’il avait connues par le passé ? Bien entendu, de
nombreuses séances déchange avec le patient ont été consacrées
à ces questionnements.
Ces deux exemples illustrent à quel point il est important que
les patients entrant dans ce type de dispositif soient stabilisés du
point de vue clinique, qu’ils aient conscience de leurs difficultés
et aient une bonne nosognosie.
Conclusion
Ce résultat préliminaire indique qu’une remédiation de la
mémoire épisodique verbale taillée sur mesure en fonction
des difficultés rencontrées dans leur vie quotidienne par les
patients souffrant de schizophrénie, et élaborée spécifiquement
sur la base d’une exploration individualisée du fonctionnement
cognitif, constitue une approche prometteuse.
Cette approche tout à fait essentielle quest la remédiation cogni-
tive, en favorisant l’amélioration des performances cognitives
et le transfert de ces performances à d’autres domaines de la
vie quotidienne, favorise également la réinsertion sociale et
professionnelle du patient. Toutefois, il convient d’évaluer aussi
le poids des autres variables, non cognitives, impliquées dans
les difficultés d’adaptation que rencontrent les patients schi-
zophrènes, ainsi que les effets “collatéraux” que peut induire la
remédiation cognitive. Ces effets, comme lillustre notre étude de
cas, sont susceptibles d’entrer en résonance avec la psychopatho-
logie particulière de la schizophrénie. En effet, ces résultats fort
prometteurs pour le patient, et gratifiants pour les chercheurs
et les cliniciens, ne doivent pas faire perdre de vue l’impact
psycho-affectif que peuvent avoir ces changements sur la vie du
patient, et doivent susciter la curiosité et l’intérêt permanents
des cliniciens afin de détecter rapidement le moindre mal-être,
ou la moindre erreur d’interprétation ou dattribution causale de
la part du patient quant à ses progrès et à leurs conséquences
sur sa vie quotidienne et/ou professionnelle.
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