Somma Vesuvius Mesimex (Major Emergency SIMulation EXercise).

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SOMMA VESUVIUS MESIMEX
(Major Emergency SIMulation EXercise)
Rapport final
BRGM/RP-55288-FR
janvier 2007
SOMMA VESUVIUS MESIMEX
(Major Emergency SIMulation EXercise)
Simulation d’une éruption volcanique sur le Vésuve, Italie
Compte rendu de mission à Naples, 18-22 octobre 2006
Rapport final
BRGM/RP-55288-FR
janvier 2007
J. Varet
Vérificateur :
Approbateur :
Original signé par :
Original signé par :
Nom : Ph. JOUSSET
Nom : H. MODARESSI
Date :
Date :
Signature :
Signature :
Le système de management de la qualité du BRGM est certifié AFAQ ISO 9001:2000.
Mots clés : Opération MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise), Éruption volcanique,
Vésuve, Campanie, Italie.
En bibliographie, ce rapport sera cité de la façon suivante :
Varet J. (2007) – « SOMMA VESUVIUS MESIMEX » (Major Emergency SIMulation EXercise).
Simulation d’une éruption volcanique sur le Vésuve, Italie. Rapport de retour d’expérience.
Compte-rendu de mission à Naples, 18-22 octobre 2006. Rapport final. BRGM/RP-55288-FR,
61 p., 14 fig., 5 tabl., 4 ann.
© BRGM, 2007, ce document ne peut être reproduit en totalité ou en partie sans l’autorisation expresse du BRGM.
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
Synthèse
C
ette opération est menée à l’initiative du département de la protection civile
italienne, avec la participation du gouvernement régional de Campanie,
l’Association européenne de promotion et de développement de la défense civile, et le
soutien de l’Union européenne.
EUROPEAN COMMISSION
DG ENVIRONMENT
Directorate A – Governance, Communications & Civil Protection
Unit A5 - Civil Protection
PRESIDENCY OF THE COUNCIL OF MINISTERS
Civil Protection Department
Regional Government of Campania
General Co-ordination Area 05
Regional Planning Sector for Civil Protection Field Work
AMESCI
Mediterranean Association for the Promotion and Development of
Civilian Service
La baie de Naples vue du Vésuve (photo J. Varet, octobre 2006).
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
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SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
Sommaire
1. Description du programme de travail prévu ...........................................................9
1.1. INTRODUCTION .................................................................................................9
1.2. LES VET (VOLCANOLOGY EXPERT TEAM)...................................................10
1.3. LES CAST (CONSULAR ASSISTANCE AND SUPPORT TEAM) ....................11
1.4. COMPOSITION DE LA DÉLÉGATION FRANÇAISE ........................................11
1.5. PROGRAMME, CALENDRIER..........................................................................12
1.6. LOGISTIQUE .....................................................................................................13
2. Choix du Vésuve pour cet exercice .......................................................................15
2.1. PLACE DU VÉSUVE .........................................................................................15
2.2. POPULATION....................................................................................................16
2.3. PARTICIPANTS À L’EXERCICE .......................................................................16
2.4. OBJECTIFS DE L’EXERCICE MESIMEX .........................................................17
3. Plan national de crise pour la région du Vésuve..................................................19
3.1. SCÉNARIO DE CRISE VOLCANIQUE..............................................................19
3.2. GESTION DE LA CRISE : ÉVACUATION DES POPULATIONS ......................20
4. Déroulement de l’exercice MESIMEX ....................................................................23
4.1. SCÉNARIO DE L’EXERCICE MESIMEX ..........................................................23
4.1.1. Jeu des acteurs italiens ............................................................................24
4.1.2. Réponse internationale.............................................................................26
4.1.3. Étapes de l’exercice de gestion de crise ..................................................27
4.1.4. Principaux enseignements italiens ...........................................................37
5. Conclusion, retour d’expérience pour la France, propositions ..........................39
6. Bibliographie ...........................................................................................................41
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
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SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation Exercise)
Liste des figures
Figure 1 -
Trois experts VET au cours de l’opération MESIMEX : C. Feutry, G. Boudon et
C. Guenon lors du survol héliporté du Vésuve organisé par la Sécurité civile
italienne (photo : J. Varet). ...................................................................................... 12
Figure 2 -
Le cône sommital du Vésuve surplombant la baie de Naples (photo : J. Varet). ... 15
Figure 3 -
Carte des principaux axes de communication avoisinant le Vésuve...................... 16
Figure 4 -
Modélisation d’une éruption plinienne (doc. INGV). ............................................... 19
Figure 5 -
Carte des zones de risque volcanique du Vésuve et dispositif permanent de
surveillance de l’INGN/OV (voir aussi fig. 6, pour le zonage de la Sécurité
civile). ...................................................................................................................... 20
Figure 6 -
Cartographie communale des zones de risques volcaniques de la région du
Vésuve. ................................................................................................................... 22
Figure 7 -
Plan du centre d’accueil de la zone centrale des volontaires, à Naples................. 25
Figure 8 -
Relations fonctionnelles entre les centres de Sécurité civile italienne. .................. 26
Figure 9 -
Premiers événements sismiques enregistrés entre les 18 et 20 octobre (sur le
flanc sud-ouest du volcan). ..................................................................................... 27
Figure 10 - Déformations : localisation des stations télémétriques et de surveillance GPS
en continu et temporaire en fonctionnement les 19 et 20 octobre.......................... 28
Figure 11 - Sismicité mesurée entre le 20/10/2006 à 14 h 45 et le 21/10/2006 à 16 h 00. ...... 31
Figure 12 - Sismicité mesurée avec indication de la profondeur calculée des épicentres........ 31
Figure 13 - Sur la carte sont indiqués en même temps les effets destructeurs des
séismes et de la retombée de cendres pour la journée du 22 octobre, à la
suite de la simulation effectuée le 21 à partir des prévisions météo pour le
lendemain................................................................................................................ 33
Figure 14 - Cette carte donne les mêmes informations pour le journée du 23 octobre, à
partir des prévisions effectuées le 21. .................................................................... 34
Liste des tableaux
Tableau 1 - Liste des experts français participant à l’exercice MESIMEX................................. 12
Tableau 2 - Niveaux d’alerte établis par la Sécurité civile italienne pour le risque volcanique.. 22
Tableau 3 - Calcul des effets de deux événements sismiques principaux, par commune. ....... 32
Tableau 4 - Calcul des effets de la modélisation des chutes de cendres après deux jours
d’éruption, à partir des prévisions météorologiques, par commune. ...................... 35
Tableau 5 - Résultat par commune des effets cumulés des deux séismes et de deux jours
de pluies de cendres. .............................................................................................. 36
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BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
Liste des annexes
Annexe 1 - Bulletin de criticité du 21 octobre 2006 de l’observatoire du Vésuve :
proposition de passer au stade de l’alarme.............................................................43
Annexe 2 - Communiqué du groupe de synthèse du 22 octobre 2006 : décision de passer
au stade de l’alarme ................................................................................................47
Annexe 3 - Communiqué du groupe de synthèse du 22 octobre 2006 : évacuation de
la population, bilan de l’opération............................................................................51
Annexe 4 - Participation d’une équipe mandatée par la DDSC à l’exercice MESIMEX
2006 (compte-rendu de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris) ......................55
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
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SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
1. Description du programme de travail prévu
1.1. INTRODUCTION
En décembre 2005, la Commission européenne a approuvé la proposition italienne
d’exercice international entrant dans le cadre de l’appel à proposition dans le domaine
de la coopération communautaire concernant les mécanismes des exercices de
protection civile (Journal officiel des Communautés européennes, 2004).
L’objectif principal de l’exercice était d’améliorer la capacité des états membres pour
maîtriser un risque majeur, et plus généralement de tester l’activation du « Mécanisme
Communautaire ».
Dans le cadre du contrat no. 07.030601/393427/2004/SUB/A5, la Commission
européenne (DG Environnement, Dir. A – Gouvernance, Communications & Protection
civile, Unité A5 – Protection civile) a co-financé le projet intitulé : « SOMMA –
VESUVIUS MESIMEX » présenté par le Gouvernement régional de Campanie et
l’association AMESCI, sous la coordination du département de la Protection civile
italienne.
Le projet consistait en un exercice de simulation en vraie grandeur de management
d’une crise volcanique, développé en partenariat entre les entités concernées aux
niveaux régionaux, nationaux et européen. Il avait pour objectif de tester l’efficacité du
plan de gestion de crise national, tant pour ce qui concerne les relations entre les
scientifiques et les autorités que pour tester les capacités d’évacuer les populations
soumises à danger dans la zone rouge, en s’appuyant sur la coopération des entités
régionales et nationales avec les équipes d’experts européens.
Pour mener à bien cet exercice de simulation, les autorités civiles italiennes ont fait
appel aux états membres concernés (France, Espagne, Portugal, Suède) pour qu’ils
mettent à disposition des experts en volcanologie (VET = Volcano Experts Team), dès
la phase initiale de l’exercice, suivis de l’arrivée d’une équipe d’assistance consulaire
(EU CAST = Consular Assistance and Support Team) en charge de l’assistance aux
citoyens étrangers présents dans les zones à risque. Le nombre maximum de
participants a été fixé pour chaque pays à 15 personnes.
La Sécurité civile française, qui a participé aux réunions préparatoires organisées en
Italie, a assuré la coordination de la participation française à cet exercice, dont le
Président du CSERV avait par ailleurs été averti par Franco Barberi, membre du
CSERV et l’un des principaux animateurs de cet exercice.
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
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SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation Exercise)
1.2. LES VET (VOLCANOLOGY EXPERT TEAM)
Le programme opérationnel des experts en volcanologie (EU VET = Volcanology
Expert Team) consistait à assister le corps d’experts en volcanologie sollicités par la
protection civile italienne, tant en matière de surveillance de terrain que d’interprétation
des données recueillies par les diverses équipes déployées sur le Vésuve. Leur rôle
était notamment d’identifier les phénomènes précurseurs de la première phase de
réactivation du volcan. En réalité, il s’agissait de vérifier la capacité des équipes à se
déployer sur le terrain, à récolter les données nécessaires, à les transmettre au PC de
crise et à les interpréter dans les délais requis.
Plus précisément, il s’agissait pour les équipes VET de travailler en collaboration avec
les équipes scientifiques de l’Observatoire volcanologique du Vésuve (INGV-OV), avec
les objectifs suivants :
- collection de données géophysiques et géochimiques, en déployant les équipements
de terrain nécessaires pour renforcer et compléter (notamment dans les lieux les
plus sensibles décelés par les premières manifestations) ;
- participer à l’analyse des données nouvelles ainsi collectées et à leur interprétation
par l’élaboration de simulations du volcan du Vésuve en se référant à d’autres
éruptions volcaniques dans le but de mieux comprendre les phénomènes
précurseurs ;
- interpréter les résultats par synthèse des données issues des différents outils et
méthodes de surveillance et de recherche (études volcanologiques, données
sismologiques, analyse des déformations de surface, analyses géochimiques et
analyse des données de températures), dans le but d’évaluer avec la meilleure
compétence l’activité du volcan dans sa période la plus critique ;
- mise à jour constante des données, et interprétation en temps réel au fur et à
mesure de la montée en puissance de l’état critique de crise, notamment dans le but
d’un exercice d’entraînement et de formation.
L’exercice dans son ensemble a été conçu pour améliorer la connaissance scientifique
de l’activité volcanique potentielle du Vésuve et de tester le caractère opérationnel des
équipements de surveillance et l’efficacité de la chaîne de mesure et d’interprétation. Il
s’agissait aussi bien sûr de s’assurer de la qualité des liaisons entre les équipes
scientifiques de surveillance et les autorités de sécurité civile italienne, et de
commencer à développer un savoir-faire européen dans ces matières.
Les qualités professionnelles demandées pour les experts du VET étaient de disposer :
- de compétences établies en volcanologie, en géophysique ou en géochimie avec
une expérience en matière de surveillance des volcans actifs, et notamment
d’interprétation des phénomènes précurseurs de la crise ;
- des compétences en matière de vulnérabilité, de prévention et d’évaluation des
dommages des éruptions volcaniques.
10
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
Les rencontres avec les experts italiens étaient programmés à l’INGV à Naples et à
l’observatoire du Vésuve de l’INGV.
1.3. LES CAST (CONSULAR ASSISTANCE AND SUPPORT TEAM)
Les objectifs des CAST (EU CAST = Consular Assistance and Support Team) étaient
d’appliquer les ordres des autorités de sécurité civile italienne dans le but d’assurer la
réalisation des objectifs suivants :
- identification et localisation de la population étrangère présente au moment de la
crise ;
- fournir aux citoyens étrangers les informations adéquates sur le cours des
évènements, les mesures adoptées et les codes de conduites à suivre ;
- identifier les besoins spécifiques de ces populations et leur demande par analyse
des diverses solutions possibles (conditions sanitaires, logistique, etc.) ;
- vérifier le caractère opérationnel du plan d’évacuation de la population étrangère ;
- adaptation et activation des systèmes de transports pour l’évacuation des touristes
jusqu’aux postes d’accueil et éventuellement jusqu’aux rapatriements vers leur pays
d’origine ou d’autres sites de sauvetage.
L’exercice est destiné à permettre de connaître le nombre total de touristes présents
dans la zone rouge d’alerte maximum, et grâce à la disponibilité des organisations des
pays participants, la simulation de l’évacuation d’un certain nombre de touristes vers
leurs pays d’origine.
Les experts CAST devaient disposer des qualités professionnelles requises pour
exercer les fonctions suivantes : assistance consulaire, management et planning
d’exercice de crise volcanique, évaluation, logistique, coordination, liaison.
1.4. COMPOSITION DE LA DÉLÉGATION FRANÇAISE
La composition de la délégation française est indiquée dans le tableau suivant ; tous
les participants sont intervenus sur prise en charge italienne des frais de transport et
de séjour, dans le cadre du projet financé par la Commission européenne (tabl. 1 et
fig. 1).
En outre, les services consulaires ont été présents lors de l'exercice via :
- la participation de M. Jean-Marc Joyau, chef de Chancellerie à Naples lors de la
réunion des observateurs, et
- la veille effectuée par le Consulat général de France lors des deux journées PC du
samedi 21 et dimanche 22 octobre.
À noter aussi la présence de M. Jean-Sylvain Magagnosc, maître de conférences en
géographie à l’Université de Poitiers, intervenant à la demande du Consulat de France
à Naples.
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
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SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation Exercise)
Fonction
Commandant du
groupe 3 pompiers de
Paris
Pompier en chef du
Département des
Charentes
Chef d’unité
logistique
Président du CSERV
Adjt chef du bureau
des risques majeurs
Responsable de la
cellule sensibilisation
des populations
Institut de Physique
du Globe de Paris
Grade
Colonel
Prénom
Philippe
Nom
BOUTINAUD
E-mail
[commandantgroupement3
@pompiersparis.fr]
Téléphone
LieutenantColonel
JeanPhilippe
VENNIN
[email protected]
00 33 5 45 39 35 03
Capitaine
Jean-Noël
BASS
00 33 2 37 53 46 21
Directeur de la
Prospective au
BRGM
Ingénieur
Jacques
VARET
[email protected]
[email protected]
Catherine
GUENON
Attaché
Corinne
FEUTRY
Directeur des
Observatoires
volcaniques
Georges
BOUDON
00 33 2 38 64 32 80
06 18 07 22 27
catherine.guenon@
interieur.gouv.fr
corine.feutry@
interieur.gouv.fr
00 33 1 56 04 74 67
06 15 32 53 73
00 33 1 56 04 74 75
06 78 85 38 70
[email protected]
00 33 1 44 27 84 83
06 87 83 64 22
Tableau 1 - Liste des experts français participant à l’exercice MESIMEX.
Figure 1 - Trois experts VET au cours de l’opération MESIMEX : C. Feutry, G. Boudon
et C. Guenon lors du survol héliporté du Vésuve organisé par la Sécurité civile italienne
(photo : J. Varet).
1.5. PROGRAMME, CALENDRIER
Le calendrier d’activation prévu a été respecté :
- 18 octobre : demande d’activation ; arrivée l’après-midi même à Naples ;
- 19-22 octobre : déploiement de l’opération sur le Vésuve et à Naples ;
- 23 octobre : débriefing général et départ de Naples.
Les points de rencontres étaient l’ICP (International Coordination Point) à la
DI.CO.MAC. (Control Management Center), tandis que les lieux de travail étaient les
quartiers généraux opérationnels de la DI.CO.MAC., les municipalités concernées et
les centres d’accueil gérés par les régions partenaires.
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BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
Aucun équipement spécifique n’était demandé aux équipes EU CAST impliquées dans
l’exercice de simulation.
Outre les exercices d’observation de terrain et les visites aux centres de secours, une
réunion des experts scientifiques (VET) était organisée tous les soirs (généralement de
17 à 20 h) en salle de crise de la région Campanie, sous la direction de F. Barberi,
auxquelles assistaient les équipes de terrain italiennes et d’autres pays, dont la
délégation française. La réunion était suivie d’une réunion en Préfecture avec les
autorités civiles, avec visioconférence entre la salle de crise de la Préfecture et la salle
de crise de la région Campanie.
1.6. LOGISTIQUE
Tous les participants européens ont bénéficié d’un logement dans le même hôtel
(Holliday Inn) situé à proximité immédiate du PC de crise de la région Lombarde. Des
moyens de transports et de communication étaient mis à disposition si nécessaire.
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
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2. Choix du Vésuve pour cet exercice
2.1. PLACE DU VÉSUVE
Le volcan du Mont Vésuve est situé dans la région de Campanie, en Italie, qui a
Naples pour capitale régionale.
Le Mont Vésuve est un des volcans les plus dangereux du monde, du fait qu’il est situé
au nord-est, à proximité immédiate de Naples1. C’est une montagne assez érodée,
mais pentue, la pente augmentant progressivement en se rapprochant du sommet,
situé à 1 281 m d’altitude au-dessus de la mer. Le Vésuve est doté d’un cratère
sommital bien marqué, de 690 m de diamètre (fig. 2). C’est un lieu très fréquenté par
les touristes, et en été des centaines de touristes viennent gravir les sentiers qui
parsèment le volcan, avec une affluence plus grande au sommet et le long des bords
du cratère.
Figure 2 - Le cône sommital du Vésuve surplombant la baie de Naples (photo : J. Varet).
Le Vésuve a une longue histoire éruptive, caractérisée par de longues périodes
d’activité à conduit ouvert, avec des éruptions fréquentes, produisant non seulement
des laves, mais aussi des événements explosifs produisant des nuages de cendres et
des chutes dangereuses de nuées ardentes (indice d’explosivité VEI de 3). La dernière
période d’activité volcanique, à conduit ouvert du Vésuve, s’est déployée sur une durée
de trois siècles, de 1631 à 1944, lorsque la dernière éruption a été observée.
1
Voir le rapport CSERV établi par J. Varet (2004) - La gestion du risque volcanique en Italie.
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
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SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation Exercise)
Depuis cette date, le conduit s’est bouché, et on observe depuis une longue période de
calme, qui est susceptible de durer plusieurs siècles (on a ainsi observé une période
de repos de 500 ans avant l’éruption de 1631). Ces périodes de repos ont été
interrompues par des éruptions violentes de très forte énergie, de type sub-plinien
(VEI = 4 comme observé en 472 A.D. et en 1631) ou même de type plinien (VEI = 5 p.
ex. en 79 A.D. lors de l’éruption de Pompéi). Jusqu’ici, c’est après ces phases de repos
qu’ont été observées les éruptions les plus violentes du Vésuve. Depuis 1944, le
volcan est entré dans une phase de repos qui peut durer longtemps ou non.
2.2. POPULATION
La zone à plus fort risque (la zone rouge, voir fig. 6) est la plus proche du volcan. Elle
est potentiellement sujette à des éruptions de coulées pyroclastiques qui sont
produites par l’écroulement par gravité de la colonne éruptive susceptible, puis son
déplacement à grande vitesse sur les flancs du volcan, avec une très forte capacité
destructrice. Cette zone rouge inclut l’ensemble des municipalités situées sur les flancs
du Vésuve, correspondant à une population de 600 000 personnes (fig. 3).
2.3. PARTICIPANTS À L’EXERCICE
Lors de l’exercice organisé du 19 au 23 octobre 2006, l’ensemble de ces municipalités
situées en zone rouge (fig. 6) ont été mobilisées avec le département et la préfecture
de Naples, le Gouvernement régional de Campanie, l’Observatoire du Vésuve
(INGV/OV) et les diverses composantes du Service national de protection civile.
Vésuve
Figure 3 - Carte des principaux axes de communication avoisinant le Vésuve.
Le Vésuve est localisé à l’est de Naples, représenté en vert (voir aussi fig. 5 et 6).
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BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
Sept pays européens sont impliqués dans le projet : la France, la Grande-Bretagne,
l’Espagne, le Portugal, la Slovaquie, la Suède et l’Italie sont partie prenante du « Core
Group », en charge de la préparation de l’exercice en participant activement au
planning des activités au cours des mois précédents et en déployant leurs propres
équipes d’experts en Italie au cours de la phase active de l’exercice.
Le département italien de la protection civile a assuré la responsabilité de l’ensemble
de l’opération, tant pour ce qui concerne les intervenants italiens que pour les
partenaires européens invités. L’unité nationale de coordination était la DI.CO.MAC.LEMA (unité de contrôle commande), opérant en coordination constante avec le
Centre régional de crise de la région de Naples (Campanie).
2.4. OBJECTIFS DE L’EXERCICE MESIMEX
Les objectifs de l’exercice de simulation MESIMEX étaient les suivants :
- tester les procédures du mécanisme de protection civile européen, en particulier
l’activation du MIC (Monitoring and Information Centre) ;
- tester et améliorer les procédures d’urgence et établir des pratiques communes pour
les interventions de réponses aux crises ;
- impliquer les pays participants à la fois dans les phases préparatoires et au cours
des exercices en établissant un réseau d’experts permettant de comparer les
différentes méthodologies opérationnelles ;
- améliorer les capacités de réception, de déploiement et de coordination d’experts
internationaux et d’équipes nationales ;
- partager les expériences scientifiques en comparant les méthodes de travail et en
développant les réseaux européens entre les équipes de recherche et de
surveillance volcanologique nationales ;
- tester l’activation et la coordination des structures diplomatiques et consulaires en
situation de crise ;
- tester la capacité d’identification et d’assistance aux ressortissants étrangers dans la
zone à risques ;
- tester l’activation des experts européens de liaison dans le management des
relations entre les représentations diplomatiques et le LEMA-DI.CO.MAC. ;
- augmenter la compréhension mutuelle de la gestion de crise et du management des
systèmes de protection civile concernant plus particulièrement le cas des crises
volcaniques majeures ;
- produire des documents pour la protection civile européenne sous forme de vidéos
interactives et disséminer ce savoir concernant la gestion de crises parmi les pays
européens et plus généralement la communauté en charge de l’assistance aux
catastrophes ;
- diffuser l’information sur les risques volcaniques vers les écoles et dans la
population, pour les rendre attentifs et préparés aux niveaux d’alertes et au plan
national de gestion de crise volcanique dans la zone du Vésuve.
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
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SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
3. Plan national de crise pour la région du Vésuve
Le Plan National de Crise pour la région du Vésuve (NEPVA) a été adopté en 1995 et il
a été continuellement actualisé depuis cette date. Le Vésuve est en sommeil depuis
1944, et en cas de réactivation, une éruption explosive de type « sub-plinienne » est
attendue comme le phénomène le plus probable, de sorte que cette hypothèse a été
retenue comme l’hypothèse de référence par le NEPVA.
3.1. SCÉNARIO DE CRISE VOLCANIQUE
Figure 4 - Modélisation d’une éruption plinienne (doc. INGV).
Le scénario associé avec une éruption sub-plinienne se caractérise par les
phénomènes et les risques associés suivants :
- une phase d’éruption initiale produite par une colonne éruptive constituée de gaz et
de fragments pyroclastiques, atteignant une hauteur de 15 à 20 km, que le vent
disperse et qui forme des ponces, des lapilli et des cendres couvrant le sol. Le
risque principal pour les habitants est lié à l’épaisseur de la couche de pyroclastites
qui produit des effondrements de toitures. Les autres risques sont liés aux difficultés
respiratoires à cause des grandes quantités de particules fines dans l’air, la pollution
des cultures et de l’eau de surface, ainsi que les problèmes de congestion du trafic
handicapant les chemins d’évacuation (en zone jaune notamment) (cf. fig. 6) ;
- une phase d’écroulement de la colonne éruptive, qui produit des coulées
pyroclastiques associées à des nuages et des émanations gazeuses susceptibles
d’atteindre une vitesse de 100 km/h et de développer un pouvoir de destruction
important. Les modèles physiques de simulation numérique indiquent que les
coulées pyroclastiques peuvent atteindre la mer en 5 à 10 mn après l’effondrement
de la colonne, détruisant ainsi à peu près tout ce qu’elles rencontreront sur leur
trajectoire. La zone exposée à ce risque est définie comme zone rouge (cf. fig. 6) ;
- une troisième catégorie de risques est due à la formation de coulées de boues
(lahars) pendant et après l’éruption pyroclastique. Ce sont des coulées de débris
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SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation Exercise)
très denses qui sont produites par la pluie, qui mobilise les matériaux pyroclastiques
meubles sur les fortes pentes de l’édifice volcanique et des reliefs des Apennins
situés sous le vent. Ces lahars ont un important pouvoir de destruction et les
populations devront être évacuées des zones exposées à ce risque ; dans le plan de
crise, il s’agit des zones bleues. Dans les zones situées à l’intérieur du périmètre de
l’édifice volcanique, elles coïncident avec la zone rouge, mais aussi avec les parties
de la zone jaune à forte pente susceptible d’être affectée par une forte épaisseur de
pyroclastites.
Figure 5 - Carte des zones de risque volcanique du Vésuve et dispositif permanent
de surveillance de l’INGN/OV (voir aussi fig. 6, pour le zonage de la Sécurité civile).
3.2. GESTION DE LA CRISE : ÉVACUATION DES POPULATIONS
À cause de la grande vitesse des coulées pyroclastiques, la zone rouge doit être
évacuée en priorité, avant même que l’éruption ne commence, dès que le niveau
d’alerte est déclaré.
La population de la zone jaune (dans laquelle existe une forte probabilité
d’effondrement de toitures sous le poids des cendres), ainsi que dans la zone bleue,
qui est exposée aux pluies de cendres et aux risques de lahars (soit environ 150 000 à
250 000 personnes) est en partie susceptible d’être évacuée après le démarrage de
l’éruption, lorsque la direction du vent sera connue. Seule une partie de ces zones, de
l’ordre de 10 à 20 %, sera affectée de manière significative, ceci dépendant de la
direction du vent au moment de l’éruption, et devra en effet être évacuée après que
l’éruption aura commencé.
Le succès du plan de gestion de crise volcanique du Vésuve dépend de la capacité de
prévoir une éruption. Dans le cas d’un volcan à conduit fermé, comme le Vésuve, la
transition entre la phase de repos et la phase d’éruption sera accompagnée et
précédée par une série de phénomènes précurseurs, comme :
20
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
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- des déformations du sol (avec des mouvements à la fois horizontaux et verticaux)
produites par la pression exercée sur les masses rocheuses avoisinantes par le
magma en cours d’ascension ;
- une activité sismique anormale produite par le jeu de fractures développées sous la
pression du magma ascendant. Le plan de gestion de crise inclut une évaluation des
dommages causés par les séismes susceptibles de se produire en phase pré
éruptive, et qui vont aussi affecter les systèmes de circulation (ponts et chaussées)
utilisés pour l’évacuation de la zone rouge ;
- une augmentation du flux de volatils atteignant la surface, et de la température des
fumerolles, ainsi qu’un changement de leur composition -notamment isotopique- et
de celles des sources thermales, des eaux des puits et des gaz volcaniques ;
- des anomalies des champs de gravimétrie, magnétique et électrique de la croûte
terrestre, produites par la remontée du magma.
Le système de surveillance du
physiques et chimiques sont
surveillance sont placés sous la
Geophysics and Volcanology), et
-Osservatorio Vesuviano- OV).
Vésuve est très moderne et toutes ces variables
systématiquement enregistrées. Les réseaux de
responsabilité de l’INGV (Italian National Institute of
plus précisément de l’Observatoire du Vésuve (INGV
Le système de surveillance de l’Observatoire (INGV-OV) est directement relié au
département de protection civile qui reçoit en temps réel les communications sur toute
information utile concernant l’état de l’activité volcanique du Vésuve.
Niveaux d’alerte
Le système d’alerte décrit dans le plan de crise volcanique du Vésuve inclut les
principaux niveaux suivants (tabl. 2) :
- « Attention » : est déclaré quand les variables qui sont surveillées excèdent leur
moyenne établie ; la conséquence est le renforcement des dispositifs et processus
de surveillance, et la diffusion d’avis à la population locale et aux autorités civiles ;
- « Pré-alarme » : est lancée lorsque la probabilité d’une éruption se précise ; toutes
les parties impliquées dans la gestion de crise sont alors placées en phase de
préparation et déployées dans les zones à évacuer (zone rouge) ;
- « Alarme » : est décrétée lorsque l’éruption devient imminente ; les populations sont
alors évacuées de la zone rouge.
À cause de ses conséquences sociales et économiques, l’alarme est décrétée par le
premier ministre, après la déclaration de l’état d’urgence national par le Conseil des
Ministres. Le challenge pour la communauté scientifique est d’être capable de
reconnaître correctement les signes précurseurs d’une éruption pour éviter dans toute
la mesure du possible soit une fausse alarme, soit une alerte manquée ou trop tardive.
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
21
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation Exercise)
ALERTS
LEVELS
Base
Attention
Warning
Alarm
ERUPTION
PROBABILITY
STATE OF THE VOLCANO
No significant variation of monitored
parameters
Significant variation of monitored
parameters
Further variation in monitored
parameters
Appearance of phenomena and/or
evolution of parameters suggesting a
pre-eruption dynamic
Very low
Low
Medium
high
TIME TO THE
ERUPTION
Undefined, not less
than several months
Undefined, not less
than some months
Undefined, not less
than some weeks
from weeks to day
Tableau 2 - Niveaux d’alerte établis par la Sécurité civile italienne pour le risque volcanique.
La carte ci-après indique la répartition des zones rouge, jaune et bleue dans le
territoire de la région Campanie.
g
Provincia di Benevento
N
Provincia di Caserta
Provincia di Avellino
Provincia di Napoli
S. Anastasia
Somma
Cercola
Vesuviana
Pollena
Trocchia
Ottaviano
San
Sebastiano Massa
S. Giorgio
di Somma
S. Giuseppe
a Cremano
Vesuviano
Ercolano
Portici
Torre
del Greco
Terzigno
Boscotrecase Boscoreale
Trecase
Torre Annunziata
Pompei
Legenda
limiti provinciali
limiti comunali
Provincia di Salerno
zona rossa
zona gialla
zona blu
4
0
4
8
km
Figure 6 - Cartographie communale des zones de risques volcaniques de la région du Vésuve.
zone rouge - zone jaune - zone bleue
22
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
4. Déroulement de l’exercice MESIMEX
4.1. SCÉNARIO DE L’EXERCICE MESIMEX
Le scénario de l’exercice MESIMEX avait pour but de simuler l’évolution d’une crise
volcanique depuis la déclaration du niveau d’attention jusqu’au niveau d’alerte, lorsque
l’on doit procéder à l’évacuation de la population de la zone rouge. De ce fait, ni la
phase d’éruption, ni les actions décrites dans le plan pour les zones bleues et jaunes
n’auront été simulées.
Pour reconnaître les premiers signes de la remontée du magma vers la surface, et
dans le but d’assurer le suivi du développement de l’éruption, l’exercice prend appui
sur les systèmes de surveillance de l’Observatoire du Vésuve (OV) disposé sur le
volcan. Un diagnostic valable ne résulte pas d’un seul paramètre, même s’il est décisif,
mais de la combinaison d’interprétations de données multi-paramètres et multidisciplinaires rendant compte de toutes les informations qui doivent être compatibles
avec le modèle d’interprétation proposé du processus en cours.
Au cours de l’exercice, l’intervention des experts des délégations étrangères issus des
états membres en charge de procurer un appui technico-scientifique (VET) a été non
seulement utilisée comme moyen d’appui, mais a aussi été mise à contribution pour les
interprétations.
L’originalité de l’exercice -révélateur de la puissance des équipes italiennes qui ont pu
ainsi mobiliser plusieurs groupes en même temps- a été de confier à un groupe de
scientifiques indépendants de ceux en charge des réseaux de surveillance et du
processus d’interprétation l’élaboration et l’énoncé en temps réel au cours de l’exercice
des scénarios caractéristiques des phénomènes précurseurs de l’éruption.
Ces données fictives étaient communiquées à l’Observatoire du Vésuve au fur et à
mesure de leur survenue fictive, dans le but de tester les capacités de réaction des
équipes d’observation et d’interprétation. Les moyens de surveillance étaient ainsi
renforcés au sol, notamment dans les sites dits les plus affectés, pour optimiser en
permanence les données de terrain en réponse à la simulation.
L’exercice ne commencerait, pour la Sécurité civile, que lorsque l’Observatoire du
Vésuve (OV) aurait mis en évidence que deux au moins des paramètres enregistrés
présentaient des variations significatives, c’est-à-dire qu’ils auraient dépassé le niveau
de base de deux fois la valeur standard (sigma).
Mais comme il se doit, ce n’est pas l’Observatoire volcanologique qui décide de
l’activation. Au vu de la communication reçue de l’OV, le Département de protection
civile, avec le Centre fonctionnel national (le centre de surveillance et de pré-alerte du
Département de protection civile), et celui de la région Campanie, évaluent le sérieux
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
23
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation Exercise)
de l’événement, et déclarent, le cas échéant, le niveau d’attention qui a pour effet
d’activer le dispositif de protection civile.
Comme le prévoit le plan, la décision concernant l’activation, comme aussi la transition
vers des niveaux d’alertes supérieurs (pré-alarme et alarme) n’est pas fixée selon des
paramètres physiques pré-établis, mais selon les résultats des analyses et les
évaluations menées en temps réel à partir des données de terrain recueillies par les
volcanologues.
4.1.1. Jeu des acteurs italiens
Tout au long de l’exercice de simulation, l’ensemble des équipes italiennes de
surveillance, en coopération avec les équipes d’experts européens, ont été impliquées
dans une phase de vigilance intense, consistant à analyser l’ensemble des paramètres
de surveillance qui ont montré un changement, et à intégrer les données nouvelles
issues des instruments additionnels spécifiquement déployés sur le terrain. Le même
groupe d’experts était amené à suivre le développement de la crise volcanique en
interprétant les données de surveillance et en utilisant les modèles issus du retour
d’expérience d’autres volcans, dans le but d’établir une estimation de l’augmentation
des niveaux de réactivation du volcan.
L’Observatoire du Vésuve rassemble les informations de surveillance et de
modélisation et les transmet par voie électronique au groupe de synthèse. Ce « bulletin
de criticité », détaillé au plan scientifique et technique, est accompagné de cartes, de
schémas et de tableaux quantitatifs sur les impacts (voir annexe).
Un « groupe de synthèse », présidé par Franco Barberi (président de la « Commission
des grands risques »), était chargé d’élaborer chaque jour une analyse très précise de
la situation du volcan. Ce groupe de synthèse se réunissait au centre opérationnel de
la Sécurité civile de la région Campanie, et opérait en liaison temps réel avec
l’Observatoire du Vésuve, où restaient les équipes opérationnelles de surveillance. Un
communiqué -aux termes toujours pesés, mais directement lisible par les autoritésétait transmis aux autorités civiles pour leur faire part de l’évolution de la situation. Le
communiqué était assorti de cartes prévisionnelles des risques, mises à disposition sur
les écrans de la Sécurité civile à partir des simulations des équipes scientifiques.
En plus de cette transmission formelle, la présence du groupe de synthèse en salle
opérationnelle de la Sécurité civile à la préfecture de Naples était requise dans les
périodes les plus critiques (phase d’alerte, avec décision d’évacuation). Les communiqués quotidiens publiés par le groupe de synthèse sont donnés en annexe.
Lorsque l’évolution du phénomène éruptif justifie du passage au niveau de pré-alarme,
et une fois que ce niveau a été officiellement déclaré par de Département de protection
civile, toutes les structures et tous les corps impliqués dans la gestion de la crise sont
activés.
La phase de transition vers la pré-alarme précède « l’état d’urgence national » décrété
par le Conseil des ministres en accord avec la Présidence de la région Campanie. Le
24
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
Comité national des opérations de protection civile se réunit à Rome pour assurer la
coordination de la gestion de l’urgence qui nécessite l’usage de moyens spéciaux, par
activation des ressources provenant de l’ensemble du pays. Le Département de la
protection civile italien installe alors sa base opérationnelle (Direzione di Comando e
Controllo DI.COMA.C.-LEMA) dans la zone opérationnelle en lien avec le Centre
régional d’urgence de la région Campanie à Naples.
La région Campanie et la préfecture de Naples garantissent l’activation des centres
inter municipaux (COM) et le déploiement de leurs ressources disponibles. Toutes les
municipalités de la zone rouge étaient impliquées dans l’activation de leur propre corps
de coordination de crise (COC), et les structures d’accueil de la région Campanie sont
activées.
L’étape suivante consistait à déclarer l’alarme, et en conséquence à déplacer la
population en dehors de la zone rouge. À l’évidence, seule une faible proportion des
habitants de la zone rouge pouvaient participer à l’exercice. L’exercice consistait en
effet à tester la capacité à mener à bien l’évacuation, en se limitant à un
échantillonnage suffisant de personnes. Les équipes européennes étaient impliquées
dans l’assistance aux personnes évacuées de la zone rouge en provenance de leurs
pays respectifs.
Figure 7 - Plan du centre d’accueil de la zone centrale des volontaires, à Naples.
Parmi les acteurs italiens, il faut mentionner le rôle particulièrement important dans le
dispositif des « volontaires ». Outre la Croix Rouge et les organisations caritatives
-souvent religieuses-, on note une forte implantation d’associations de protection civile,
au niveau local, départemental et régional. En plus de leur présence active -et très
organisée- dans les centres d’accueils (chacun placé sous la responsabilité d’une
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
25
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation Exercise)
région italienne, avec une logistique mobile impressionnante : production d’eau et
d’électricité, cuisines, tentes équipées, hôpital…), les « volontaires » avaient aussi la
responsabilité de l’organisation d’un centre situé à Naples (fig. 7), en ville, sur un
terrain de sports militaire (zone de décollage des hélicoptères).
La figure 8 montre les relations fonctionnelles entre les centres d’opération d’urgence
au niveau municipal (COC), aux niveaux inter municipal (COM), provincial (CCS),
régional et national (DI.CO.MAC.) et jusqu’au niveau européen (MIC).
MIC
NATIONAL AND
REGIONAL LEVEL
Department of civil protection
National Operation Committee
LEMA
DI.CO.MAC.
(OSOCC)
Regional Emergency Centre
(SORU)
LOCAL LEVEL
CCS
COM
COC
COC
COC
COM
COC
COC
COC
COC
Figure 8 - Relations fonctionnelles entre les centres de Sécurité civile italienne.
4.1.2. Réponse internationale
Dans une première phase, la salle d’opérations du Département de protection civile
envoie au MIC des messages sur la situation en cours, notamment pour l’informer de
la survenue de phénomènes précurseurs d’une éruption possible, de sorte que
Bruxelles dispose de toutes les informations nécessaires pour permettre à MIC
d’établir des fiches d’informations à transmettre à tous les états membres de l’UE.
Au cours de la phase d’attention, l’Italie demande, à travers le MIC, l’assistance des
Etats Membres pour qu’ils procurent des experts en volcanologie et en équipements
mobiles de surveillance volcanologique (i.e. stations sismiques mobiles, instruments de
surveillance géochimique, etc.). La demande d’assistance au MIC inclut à la fois
l’intervention des experts scientifiques en risque volcanique et des équipes
opérationnelles.
26
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
En phase de pré-alarme, il est demandé aux états membres, via le MIC, de mettre en
alerte leurs équipes opérationnelles qui pourraient intervenir en support à la Protection
civile italienne, pour identifier et assister les ressortissants étrangers présents dans la
zone rouge. Ces équipes opérationnelles sont employées effectivement pendant la
phase d’alerte.
4.1.3. Étapes de l’exercice de gestion de crise
a) Le 18 octobre après-midi : phase d’attention
Après l’arrivée de l’ensemble des experts nationaux et internationaux, un workshop
était organisé dans la salle opérative de la région Campanie, avec les exposés
suivants :
- présentation du plan de gestion de crise et de MESIMEX, par P. De Bernardinis ;
- scénarios éruptifs et conséquences attendues, par F. Barberi ;
- scénarios de vulnérabilité et de dommages, par G. Zuccaro ;
- système de surveillance et niveaux d’alarmes, par G. Macedonio.
Figure 9 - Premiers événements sismiques enregistrés entre les 18 et 20 octobre
(sur le flanc sud-ouest du volcan).
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
27
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation Exercise)
L’ensemble de l’exercice est présenté ; il comporte une montée en puissance des
signes avant-coureurs d’une éruption, jusqu’au début du phénomène éruptif avec
évacuation, et un retour rapide à l’état normal, tout à fait irréaliste au plan de la réalité
des phénomènes naturels, mais nécessaire à la clôture de l’exercice dans un délai
compatible avec les contraintes du genre.
Un premier séisme est mentionné au sud-est du volcan (fig. 9). Dans la mesure où il
n’est pas associé à des phénomènes volcaniques visibles ou mesurables, on reste en
phase d’attention (il pourrait s’agir d’un simple phénomène tectonique).
b) Le 19-21 octobre : passage à la pré-alarme
On observe une croissance de l’activité sismique au voisinage de l’épicentre du
18 octobre, et entre cet épicentre et la caldera du Vésuve. Un fort séisme est
notamment ressenti le 20 octobre. On observe aussi l’apparition de séismes longue
période.
En outre, on observe une croissance sensible de l’activité fumerollienne, avec une
composition riche en CO2, et une augmentation des flux de CO2 mesurés dans les
sols, comme de la température des eaux souterraines dans certains puits de la zone
de la caldera.
Figure 10 - Déformations : localisation des stations télémétriques et de surveillance GPS
en continu et temporaire en fonctionnement les 19 et 20 octobre.
28
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
En conséquence, les équipes scientifiques sont mobilisées. Les groupes suivants ont
été mis en place, tous équipés d’automobiles, d’officier de sécurité, de radio,
d’équipements de protection et de moyens cartographiques (fig. 10).
• Géophysique
- réseau sismique mobile ;
- réseau sismo-acoustique ;
- mesures de gravité (gravimétrie) ;
- mesure du magnétisme ;
- profils de nivellement de haute précision ;
- traitement des données satellitaires de déformation (fig. 10) et thermiques.
• Géochimie
- mesures du flux de CO2 ;
- géochimie du panache du gaz ;
- géochimie des sources d'eau et des puits.
• Volcanologie
- observations au sol et par hélicoptère ;
- volcanologie ;
- stabilité des pentes.
• Évaluation des dommages
- évaluation des dommages sismiques ;
- évaluation des dommages volcaniques.
c) Les 20 et 21 octobre : de la pré-alarme à l’alarme
À la suite du premier séisme survenu le 18 octobre, d’autres événements sont
observés les 19 et 20 octobre, situés sur le flanc sud-ouest du volcan. Il apparaît que
les séismes comportent des événements de type longue période.
Le 21 octobre au soir (20 h 30), on dressait le bilan suivant :
- augmentation de la sismicité entre le cratère et la zone de localisation du séisme du
18 octobre, avec concentration au voisinage de l’épicentre de l’événement de M =
3,9 du 20 octobre (fig. 11 et 12) ;
- augmentation significative des événements de type longue période, notamment pour
les événements localisés au droit de la caldera ;
- observation d’un tremor (d’une durée de 7 mn) dans la zone de survenue du séisme
de magnitude maximum du 20 octobre ;
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
29
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation Exercise)
- forte augmentation des déformations du sol, avec un soulèvement marqué dans la
zone située au sud-ouest du cône touchée par l’activité sismique ;
- ouverture de nombreuses fractures béantes dans cette zone, et sur le cratère et
notamment son versant sud-ouest ;
- formation d’un panache constitué de vapeur d’eau et de gaz, avec une quantité
notable de SO2 (30 t/j) indiquant qu’un gaz magmatique est venu se substituer aux
émissions hydrothermales de la période de pré-crise ;
- forte extension du champ fumerollien avec augmentation des flux de CO2 dans le
sol. L’apparition de nouvelles fumerolles sous-marines est rapportée par les gardecôtes dans la zone Torre del Greco – Torre Annunziata, avec présence de poissons
morts.
Considérant le caractère critique de la situation, l’Observatoire du Vésuve (OV) a
communiqué, à l’issue de la réunion de son groupe de surveillance (GS), que :
- la sismicité a fortement diminué, au point de ne plus enregistrer d’épisode sismique ;
- les déformations du sol sont restées au niveau antérieur sans augmentation au
cours des dernières heures ;
- le flux de SO2 dans le cratère est retombé à 3 t/j (proche de la limite de détection).
L’ensemble de ces données indiquant une remontée magmatique en cours,
momentanément arrêtée ces dernières heures.
Le secteur sud-est situé entre le cratère et la zone de l’épicentre du 20 octobre
apparaît fortement fracturé, comme l’indique aussi les fortes émissions de gaz
magmatique.
Dans ces conditions, le GS de l’OV retient que la probabilité d’une éruption susceptible
de survenir entre le cratère central et le flanc sud-ouest affecté par l’activité sismique. Il
n’exclut pas l’hypothèse d’une migration possible des bouches éruptives sur ce flanc. Il
recommande en conséquence à la Commission extraordinaire de déclarer le stade de
l’alarme.
Compte tenu du risque d’éruption latérale, il suggère de considérer la possibilité
d’évacuer la population située entre Erculano et Torre del Greco.
Il signale en outre, au vu des modèles de retombées de cendres tenant compte de la
situation météorologique prévisible pour le lendemain, que la base n° 6 de Salerne soit
déplacée du fait de l’épaisseur de cendres susceptible d’affecter ce check point.
30
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
Figure 11 - Sismicité mesurée entre le 20/10/2006 à 14 h 45 et le 21/10/2006 à 16 h 00.
Figure 12 - Sismicité mesurée avec indication de la profondeur calculée des épicentres.
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
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SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation Exercise)
d) Le 22 octobre
Les modèles permettent de fournir la carte des épaisseurs de cendres pour les jours 21 et
22 octobre (fig. 13 et 14), sur un fond topographique qui donne une bonne définition de
l’intensité des zones des communes affectées (du rose au rouge), en vue de définir les
zones à considérer pour une évacuation par la Sécurité civile (tabl. 4 et 5).
Les modèles développés, qui combinent des données sismiques et volcanologiques
produites par l’équipe de simulation et les données météorologiques réelles (en cas de
crises réelles, les données mesurées seraient utilisées) avec les bases de données
géographiques établies par l’INGV et portant sur l’état des constructions et leur
affectation, permettent de produire soit des cartes, soit des listes quantitatives par
commune ou même par quartier (tabl. 3), pour guider les secours.
Tableau 3 - Calcul des effets de deux événements sismiques principaux, par commune.
32
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
Figure 13 - Sur la carte sont indiqués en même temps les effets destructeurs des séismes et de la retombée de cendres pour la journée du
22 octobre, à la suite de la simulation effectuée le 21 à partir des prévisions météo pour le lendemain.
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
Figure 13 - Sur la carte sont indiqués en même temps les effets destructeurs des séismes et de
la retombée de cendres pour la journée du 22 octobre, à la suite de la simulation effectuée le 21
à partir des prévisions météo pour le lendemain.
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
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Figure 14 - Cette carte donne les mêmes informations pour la journée du 23 octobre, à partir des prévisions effectuées le 21.
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation Exercise)
Figure 14 - Cette carte donne les mêmes informations pour le journée du 23 octobre, à partir
des prévisions effectuées le 21.
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BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
Nota : Sono riportali i comuni per i quali è previsto almeno 1 edificio inagibile.
Tableau 4 - Calcul des effets de la modélisation des chutes de cendres après deux jours
d’éruption, à partir des prévisions météorologiques, par commune.
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
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SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation Exercise)
Nota : Sono riportali i comuni per i quali è previsto almeno 1 edificio inagibile.
Tableau 5 - Résultat par commune des effets cumulés des deux séismes
et de deux jours de pluies de cendres.
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BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
e) Le 23 octobre
Dans l’après-midi du 23, l’évacuation simulée doit prendre fin, afin que les populations
concernées puissent rentrer chez elles. Cela implique que les phénomènes
précurseurs de l’éruption, simulés au cours des jours précédents, se traduisent par un
retour à la normale. Comme l’a souligné F. Barberi, il s’agit là d’un scénario éloigné de
toute réalité : une crise réelle ne pourrait pas se produire de cette manière, qu’il
s’agisse d’une croissance aussi rapide des phénomènes précurseurs, ou d’un arrêt
aussi brutal des phénomènes volcaniques. Dans la réalité, la croissance et la
décroissance des phénomènes seraient plus lentes, et accompagnées de phases
complexes d’accélération et de sommeil.
Outre la mobilisation rapide et la contribution active des équipes nationales et
internationales à l’interprétation de données multiples, on note l’intérêt des résultats
fournis en temps réels, au service de la décision civile, à partir des travaux de
modélisation produits au moyen de données météorologiques réelles de prévisions à
72 h concernant les effets des retombées de cendres à partir du panache fictif.
La mise en scène des phénomènes précurseurs fictifs a permis d’individualiser la
possibilité d’une éruption qui prendrait naissance sur le flanc du volcan et non au
sommet. Cette hypothèse ouvre la voie à de nouvelles recherches sur la modélisation
du risque d’éruption pyroclastique excentrée, avec la chute de la colonne éruptive
qu’elle générerait.
Une série de problèmes mineurs ont été mis en évidence par l’exercice MESIMEX,
problèmes qui permettront de mieux gérer la crise réelle.
En conclusion, le groupe de synthèse a souligné l’intérêt, pour la gestion d’une crise
volcanique, de disposer d’experts externes à l’organisation et de les associer aux
processus de surveillance et d’interprétation des phénomènes précurseurs. Cette
approche a été bénéfique parce qu’elle a permis -comme dans une crise réelle- de
développer des discussions scientifiques très vives, entre les membres du groupe de
synthèse et les VET italiens et européens qui ont participé à MESIMEX.
4.1.4. Principaux enseignements italiens
Nous n’avons pas actuellement en main la totalité des enseignements tirés par les
autorités italiennes de l’opération MESIMEX. Cela fera sans doute l’objet d’un ouvrage
de synthèse, à paraître en janvier (voir annexes).
Nous avons pu noter les points suivants :
- les modèles de simulation des impacts, tant sismiques que volcaniques (cendres) se
sont avérés des éléments essentiels pour la gestion de la crise ;
- les travaux de terrain des équipes scientifiques au sol sont rapidement rendus
impossibles du fait des conditions physiques et de l’évacuation ;
- nécessité de disposer d’autres systèmes de communication que les mobiles
ordinaires (massivement utilisés dans cette opération) ;
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
37
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation Exercise)
- risque de rupture de la ligne électrique haute tension traversant l’Italie, avec
conséquences possibles sur le réseau européen ;
- problèmes importants de communications routières liées aux pluies de cendres, à
mieux évaluer ; impact de la météo (pluie en plus) à prendre en compte ;
- des départs spontanés d’une partie de la population sont à attendre dès les premiers
événements sismiques, avec un impact sur le trafic -et la gestion des secoursencore mal évalué ;
- une partie des zones de refuges (points de regroupements) se retrouvent en zone
affectée par les pluies de cendres ; leur position est à revoir ;
- la durée de séjour dans ces zones est à mieux définir (transit provisoire vers une
autre destination -retour pour les étrangers- ou séjour prolongé ?) ;
- l’association d’équipes italiennes d’autres unités (universitaires et CNR) venant
compléter les spécialistes de l’INGV a été un succès et un enrichissement (capacité
de collecte de données et d’interprétation accrue) ;
- la participation des experts étrangers a aussi été saluée comme un enrichissement
pour l’exercice de gestion de crise (diversification des interprétations, enrichissement
des expériences…).
38
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
5. Conclusion, retour d’expérience
pour la France, propositions
L’exercice MESIMEX a montré :
- l’importance numérique et la qualité scientifique des équipes de surveillance
volcanologiques italiennes, qu’il s’agisse des personnels de l’INGV ou des autres
partenaires universitaires ;
- que les moyens de surveillance en place, comme les équipements additionnels
disponibles, permettaient une investigation puissante et efficace du volcan en
période de crise ;
- que les moyens d’investigations, mais aussi les données de base recueillies
préalablement, et les modèles de simulation des éruptions mis au point permettaient
de disposer en temps réel des données nécessaires pour une bonne gestion de
crise, tant pour ce qui concerne les aléas que la vulnérabilité ;
- des dispositifs efficaces de transmission de l’information du terrain (notamment
cartes des phénomènes, modèles prédictifs…) vers les salles de gestion de crise,
tant pour la région Campanie que pour la préfecture de Naples (et le siège à Rome) ;
- une bonne capacité des équipes de volcanologues à transmettre aux autorités une
information à la fois précise et fondée sur des travaux scientifiques de première
qualité, et en même temps compréhensible et immédiatement utilisable pour la
décision opérationnelle ;
- une ouverture remarquable, tant en interne pour ce qui concerne les nombreuses
équipes scientifiques italiennes impliquées que pour l’accueil et la prise en compte
des avis des experts étrangers, y compris au niveau du groupe de synthèse ;
- la qualité des relations de travail existant entre les autorités de Sécurité civile et les
équipes scientifiques de surveillance et de modélisation volcanologique, ainsi que le
rôle clé du groupe de synthèse, désormais encore plus expérimenté.
Plus particulièrement pour la France, dans la perspective de la préparation par le
CSERV d’une gestion de crise volcanique aux Antilles, on peut noter les besoins
suivants :
- s’assurer de la disponibilité opérationnelle des équipes de surveillance des
observatoires volcanologiques, notamment pour assurer le renforcement des
dispositifs en période de crise ;
- vérifier la qualité des scénarios éruptifs établis pour chaque volcan français et
l’adéquation des moyens à l’identification de ces scénarios ;
- disposer des données préalables de cartographie sur la vulnérabilité du bâti, pour
diverses catégories d’événements sismiques ou volcaniques (retombées de
cendres), et de modèles de simulation des effets (morbidité, mortalité,
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
39
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation Exercise)
communications…) tenant compte des phénomènes observés en temps réel
(météorologie notamment) ;
- vérifier que les données scientifiques recueillies sur le terrain sont bien disponibles
en salle de gestion de crise pour permettre le débat entre experts en vue d’une
détermination bien fondée des niveaux d’alerte (moyens de communication et de
visualisation notamment);
- dans la mesure du possible, établir des relations de travail entre les diverses
catégories de personnes impliquées dans la gestion de la crise (connaissance des
problèmes, des moyens, du vocabulaire…) ;
- s’assurer que la population dispose de l’information préalable sur le risque
volcanique et les mesures à prendre en cas de survenue d’une crise.
Enfin, il est proposé, dans la perspective de l’organisation prochaine d’un exercice de
gestion de crise volcanique sur l’un des volcans antillais, de chercher à bénéficier des
moyens européens en répondant à l’un des prochains appels d’offres de la
Communauté européenne (en mars 2007 pour un exercice à réaliser en 2008). Dans
ce but, un travail concerté de préparation par le CSERV, entre les divers acteurs dont
les observatoires de l’IPGP, la direction de la Sécurité civile et les Préfectures
concernées devrait être entrepris. Il est de la responsabilité des ministères concernés
de prendre les décisions nécessaires.
40
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
6. Bibliographie
MESIMEX (2006) - Dipartimento della protezione civile, AMESCI, 38 p.
MESIMEX (2006) - Salvaguarda dei beni archeologici ; Dipartimento della protezione
civile, 12 p.
Civetta L., Cuna L., De Lucia M., Orsi G. (2004) - Il vesuvio negli occhi. Ed. INGV,
48 p.
Barberi F., Santacroce R., Carapezza M.L. (2004) - Terra Periculosa. Editions ETS,
196 p.
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
41
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
Annexe 1
Bulletin de criticité du 21 octobre 2006
de l’observatoire du Vésuve : proposition
de passer au stade de l’alarme
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
43
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
Rapporto d'Evento e Bollettino di Criticità n.8 del 21/10/2006 ore 19
Fonti :
- comunicati INGV-OV del 21/10/06 ore 16.20 e ore 19.30 ;
- comunicato del Gruppo di Sintesi del 21/10/06 trasmesso ore 20.50 ;
- scenari di danno PLINIUS del 21/10/06.
Stato di attività - sintesi generale e valutazione
Le informazioni sull’attività del Vesuvio trasmesse dall’OV alle ore 16.20 di oggi
mostrano una drammatica accelerazione del processo nelle ultime 24 ore.
I fatti più rilevanti sono i seguenti :
- incremento della sismicità nella zona tra il cratere e l’area epicentrale del 18 ottobre ;
- aumento significativo degli eventi LP e comparsa della sismicità anche nell’area
calderica ;
- evento di tremore (7 minuti di durata) avvenuto nella stessa area dell’evento di
magnitudo massima del 20 ottobre ;
- forte incremento delle deformazioni del suolo con un sollevamento marcato nella
stessa zona sul versante Sud Ovest ;
- apertura di numerose fratture beanti nella stessa zona e frane nel cratere e nel
versante di Sud Ovest ;
- formazione di un consistente plume di vapore e gas nel cratere con una significativa
quantità di SO2 rilasciata ;
- forte estensione dei campi fumarolici con aumento di flusso di CO2 dal suolo, nuove
fumarole sottomarine riportate dalla Guardia Costiera nella zona di Torre del Greco –
Torre Annunziata con presenza di pesci morti.
Alle 19:30, l’INGV-OV ha aggiornato il quadro dei fenomeni comunicando che :
- la sismicità è fortemente diminuita e non si è registrato alcun nuovo episodio di
tremore ;
- le deformazioni del suolo sono rimaste ai livelli precedenti senza ulteriori incrementi
nelle ultime ore ;
- il flusso di SO2 dal cratere è sceso da 30 a 3 ton/giorno.
L’insieme dei dati indica quindi che è in corso una risalita di magma, anche se nelle
ultime ore il processo sembra essersi momentaneamente arrestato. L’intero settore
Sud Ovest tra il cratere e la zona epicentrale del 20/10 è intensamente fratturato come
indica anche il forte rilascio di gas magmatici.
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
45
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation Exercise)
Probabilità di eruzione
Il GS ritiene che sia molto elevata la probabilità di un’eruzione che potrebbe avvenire
sia dal cratere centrale che dal fianco Sud Ovest interessato dalla sismicità. È anche
possibile che vi sia una migrazione di bocche eruttive.
Scenario di danno
Sulla base dei campi di vento previsti per le ore 00.00 del 22/10 e del 23/10 sono state
elaborate le nuove ipotetiche mappe di carico da ricaduta di ceneri e i conseguenti
scenari di danno.
Le elaborazioni sono state trasferite alla DI.CO.MAC.
Valutazione di criticità
Sulla base degli aggiornamenti finora pervenuti e delle valutazioni espresse dal Gruppo
di Sintesi, si ritiene che sia maturata una situazione di criticità molto elevata.
ComunicazioniIl Gruppo di Sintesi propone il passaggio allo stato di allarme secondo
quanto previsto dal Piano.Considerata l’ubicazione della zona dove potrebbero aprirsi
le bocche eruttive, si suggerisce che nell’evacuazione sia data priorità agli abitanti di
Ercolano e Torre del Greco. Si segnala la possibilità di ricaduta di ceneri anche al di
fuori dell’area gialla, in particolare il fenomeno potrebbe interessare l’area di check
point n.6 (Salerno) con ricadute di circa 40 cm.
Il Direttore
Prof. Bernardo De Bernardinis
46
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
Annexe 2
Communiqué du groupe de synthèse
du 21 octobre 2006 : décision de passer
au stade de l’alarme
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
47
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
Comunicato gruppo di sintesi del 21 ottobre 2006 ore 20.30
Le informazioni sull’attività del Vesuvio trasmesse dall’OV alle ore 16.20 di oggi 21
ottobre 2006 mostrano una drammatica accelerazione del processo nelle ultime 24 ore.
I fatti più rilevanti sono i seguenti :
- incremento della sismicità nella zona tra il cratere e l’area epicentrale del 18 ottobre,
con particolare concentrazione nell’area vicina all’epicentro dell’evento di M=3.9 del
20 ottobre ;
- aumento significativo degli eventi LP e comparsa della sismicità anche nell’area
calderica ;
- evento di tremore (7 minuti di durata) avvenuto nella stessa area dell’evento di
magnitudo massima del 20 ottobre ;
- forte incremento delle deformazioni del suolo con un sollevamento marcato nella
stessa zona sul versante Sud Ovest del cono interessato dalla sismicità ;
- apertura di numerose fratture beanti nella stessa zona e frane nel cratere e nel
versante di Sud Ovest ;
- formazione di un consistente plume di vapore e gas nel cratere con una significativa
quantità di SO2 rilasciata (30 ton/giorno) che indica che gas magmatici hanno
sostanzialmente sostituito i volatili idrotermali del periodo pre-crisi ;
- forte estensione dei campi fumarolici con aumento di flusso di CO2 dal suolo, nuove
fumarole sottomarine riportate dalla Guardia Costiera nella zona di Torre del Greco –
Torre Annunziata con presenza di pesci morti.
Considerata la criticità della situazione, l’OV ha aggiornato, durante la riunione del GS,
il quadro dei fenomeni e alle 19:30 ha comunicato che :
- la sismicità è fortemente diminuita e non si è registrato alcun nuovo episodio di
tremore ;
- le deformazioni del suolo sono rimaste ai livelli precedenti senza ulteriori incrementi
nelle ultime ore ;
- il flusso di SO2 dal cratere è sceso a 3 ton/giorno (vicino al limite di detezione).
L’insieme di questi dati indica che è in corso una risalita di magma, anche se il
processo sembra essersi almeno momentaneamente arrestato nelle ultime ore.
L’intero settore Sud Ovest tra il cratere e la zona epicentrale del 20 ottobre è adesso
intensamente fratturato come indica anche il forte rilascio di gas magmatici.
In queste condizioni il GS ritiene che sia molto elevata la probabilità di un’eruzione che
potrebbe avvenire sia nel cratere centrale che nel fianco Sud Ovest interessato dalla
sismicità. È anche possibile che vi sia migrazione di bocche eruttive.
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
49
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation Exercise)
Il GS suggerisce pertanto, che il Commissario Straordinario dichiari l’attivazione dello
stato di ALLARME.
Si suggerisce inoltre, considerata l’ubicazione della zona dove potrebbero aprirsi le
bocche eruttive, che nell’evacuazione sia data priorità agli abitanti di Ercolano e Torre
del Greco.
Segnala inoltre che nel check point numero 6 (Salerno) potrebbe esservi una
consistente ricaduta di cenere (40 cm).
Il Vicario della Commissione Grandi Rischi
Prof. Franco Barberi
50
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
Annexe 3
Communiqué du groupe de synthèse
du 22 octobre 2006 : évacuation de
la population, bilan de l’opération
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
51
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
Nel pomeriggio della giornata di oggi termina l’evacuazione simulata di una quota della
popolazione vesuviana che verrà riaccompagnata nei comuni di residenza. Sebbene
questo implichi, dal punto di vista formale, che i fenomeni precursori di un’eruzione,
fittiziamente segnalati in questi giorni, siano regrediti a livello di normalità, il GS tiene a
sottolineare che una tale situazione non potrebbe assolutamente prodursi in una crisi
reale. Infatti quand’anche un’accelerazione dei fenomeni precursori così marcata da
aver portato allo stato di allarme e all’evacuazione della popolazione dovesse
rallentare e poi regredire, occorrerebbe un tempo molto lungo prima di poter dichiarare
il cessato allarme.
Egualmente il GS tiene a rimarcare che la rapida evoluzione dei fenomeni riportata
durante la presente crisi “fittizia”, nella quale in soli cinque giorni si è passati da un
livello base (normalità) al livello di allarme, è stata imposta dalla tempistica
dell’esercitazione. In condizioni reali, il tempo intercorrente tra la prima insorgenza dei
fenomeni anomali ed il raggiungimento di un livello di attività tale da richiedere la
dichiarazione dello stato di allarme, sarebbe probabilmente molto più lungo e la crisi
sarebbe probabilmente caratterizzata da fasi complesse di accelerazioni e
rallentamenti.
Il GS sottolinea inoltre, con soddisfazione, la straordinaria capacità di mobilitazione
operativa dimostrata dalla comunità scientifica, inquadrata nelle squadre VET
coordinate dall’OV nelle quali si sono ottimamente integrati i VET europei. In tempi
brevissimi è stata raccolta e processata una grande quantità di dati geologici, geofisici
e geochimici “reali”, cioè effettivamente misurati sul terreno che, in aggiunta ai dati
delle reti permanenti dell’OV, in caso di crisi contribuirebbero in maniera significativa
all’interpretazione dei fenomeni. L’intervento delle squadre VET ha di fatto permesso di
effettuare una sorta di check-up straordinario dello stato di attività attuale del vulcano
confermando che il Vesuvio si trova in uno stato di assoluta quiete.
Ugualmente molto efficiente e di grande utilità si è rivelata la capacità da parte
dell’INGV-OV e di PLINIUS di fornire in tempo reale, tenendo conto delle condizioni
reali del vento e delle previsioni meteo per le successive 72 ore, mappe delle aree
interessate dalla ricaduta di piroclastiti da una colonna eruttiva subpliniana e del danno
connesso. Queste simulazioni aprono un problema che dovrà essere affrontato
nell’aggiornamento del Piano d’Emergenza e cioè che si devono individuare le misure
di protezione più adeguate per le persone residenti in quelle zone, fuori dalla zona
rossa, dove potrebbe esservi un rilevante numero di crolli delle coperture a causa del
carico di cenere.
Lo scenario fittizio dei fenomeni precursori, individuando la possibilità di un’eruzione
sul fianco del vulcano, ha anche messo in evidenza la necessità di procedere ad
ulteriori ricerche di simulazione dei percorsi delle colate piroclastiche spostando la
posizione del punto dove avviene il collasso di colonna che le genera.
Durante Mesimex sono emerse una serie di problemi minori, ma di una qualche
rilevanza, che verranno analizzati e segnalati in modo da evitare che possano
riprodursi in caso di crisi reale.
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
53
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation Exercise)
Il GS rileva infine che la decisione di affidare a esperti esterni all’organizzazione di
sorveglianza, il compito di formulare lo scenario dei fenomeni precursori alla base
dell’esercitazione, si è confermata giusta perché ha consentito di sviluppare, come in
una crisi reale, vivaci discussioni scientifiche tra i componenti del GS e i VET italiani ed
europei che hanno partecipato a Mesimex.
Il Vicario della Commissione Grandi Rischi
Prof. Franco Barberi
Vengono fornite le mappe del danno calcolate sulla base delle previsioni di caduta di
cenere per i giorni 22 e 23 ottobre con l'ausilio di una chiara definizione della zona
rossa e della toponomastica dei comuni per le opportune attività di preparazione
all'eventuale evacuazione dalla zona gialla che la Protezione Civile vorrà operare.
54
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
Annexe 4
Participation d’une équipe mandatée
par la DDSC à l’exercice MESIMEX 2006
(compte-rendu de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris)
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
55
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
BRIGADE DE SAPEURS POMPIERS DE PARIS
3e GROUPEMENT D’INCENDIE
ÉTAT-MAJOR
Courbevoie, le 6 décembre 2006
N° 1391/EMG3/EMG3/SCDT/MRi
Le Colonel Philippe BOUTINAUD,
commandant le 3e Groupement d’incendie
à
Monsieur le directeur de la Défense et de la Sécurité Civile,
Objet :
Participation d’une équipe mandatée par la DDSC à l’exercice MESIMEX 2006.
L’exercice MESIMEX 20061 s’est déroulé à Naples (Italie) du 18 au 23 octobre 2006. Il
avait pour but de simuler la période d’alerte et de montée en puissance du dispositif
d’évacuation des populations riveraines en cas d’éruption explosive imminente du Vésuve. Cet
exercice comportait trois phases distinctes :
- phase d’analyse scientifique des données sismiques et volcanologiques à partir du 18 octobre
2006,
- phase de protection des oeuvres d’art le 21 octobre 2006,
- phase de pré-alerte et d’évacuation des populations du 20 au 22 octobre 2006.
1. Thème de l’exercice
L’activité éruptive du Vésuve donne des signes d’inquiétude aux scientifiques chargés de
la surveillance du volcan. Le 18 octobre 2006, les autorités italiennes demandent le concours
d’équipes scientifiques européennes, les VET2, pour corroborer les résultats obtenus. Après
confirmation de l’imminence d’une éruption explosive, il est décidé de faire appel aux pays
européens (FAST3), pour aider à l’évacuation des populations se trouvant dans la zone rouge,
qui correspond à la zone de danger immédiat autour du Vésuve. Le 22 octobre à 08h30, décision
est prise de procéder à l’évacuation des 550 000 résidents ainsi que des touristes se trouvant
dans la zone rouge.
2. Composition des équipes françaises
VET:
Monsieur VARET Jacques (BRGM, Président du CSERV4) - Coordonnateur scientifique
Monsieur BOUDON Georges (Institut de physique du globe de Paris)
Madame GUENON Catherine (DDSC)
Madame FEUTRY Corinne (DDSC)
1 MESIMEX : Major Emergency SiMulation EXercise
2 VET : Vulcanology Expert Team
3 FAST : Foreigners assistance and support team
4 CSERV : Comité Supérieur d’Evaluation des Risques Volcaniques
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
57
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation Exercise)
FAST:
Colonel BOUTINAUD Philippe (BSPP - Chef de corps du 3ème Groupement d’incendie) Coordonnateur français chargé des liaisons avec les autorités locales
Lieutenant-colonel VENNIN Jean-Philippe (DDSIS 16) - Chargé des relations avec les autorités
consulaires françaises
Capitaine BASS (UISC 1) - officier logistique
3. Organisation de l’exercice (plan de secours, évacuations)
Il convient de souligner d’emblée la remarquable organisation de cet exercice par la
protection civile italienne. Il aura sans doute manqué quelques informations avant de partir pour
faciliter la préparation de la mission et organiser une concertation entre participants français
avant le départ mais globalement les autorités italiennes ont fait un travail préparatoire de
qualité.
L’exercice avait l’originalité de comporter en même temps un dispositif scientifique de
surveillance et d’alerte et un dispositif de gestion des secours et des évacuations. Le premier
fera l’objet d’un rapport séparé de Monsieur Varet.
Concernant la gestion des secours et les évacuations, le dispositif sur le terrain était articulé en
deux échelons. Un échelon de commandement à la préfecture de Naples, avec le LEMA (Local
Emergency Management Authority) et tous les correspondants locaux ou nationaux nécessaires
et un dispositif d’accueil et de contrôle des populations composé de 6 check points distribués
autour de la zone évacuée.
Le coordonnateur français est resté en permanence à la préfecture de Naples afin d’être en
contact permanent avec les autorités italiennes ainsi que les autres coordonnateurs européens et
d’assurer l’interface avec les autorités consulaires françaises à Naples. Les deux autres membres
de la FAST française ont reconnu les divers points de contrôle le premier jour et seul l’officier
logistique est resté sur le check point 6 (CP6) le jour de l’évacuation réelle.
La région entourant le Vésuve a été classée en 3 zones distinctes :
- une zone rouge (200 km2) qui pourrait être atteinte par les coulées pyroclastiques et doit
donc être évacuée en toute priorité,
- une zone jaune susceptible d’être atteinte par les retombées de l’éruption (cendres et pierres)
qui serait éventuellement évacuée en fonction de la direction du vent et des quantités de
matériaux retombant,
- une zone bleue située au nord-est du Vésuve qui pourrait subir les effets des pluies intenses
qui se produiraient vraisemblablement à la suite de l’éruption (glissements de terrain,
inondations...).
Le plan de secours prévoit l’évacuation de la totalité de la population (550 000 résidents) de la
zone rouge couvrant 18 communes autour du Vésuve. C’est cette évacuation qui a été jouée lors
de l’exercice MESIMEX.
Pour ce faire, la population quittant la zone rouge pouvait, soit rejoindre un lieu de repli
personnel (famille, amis...), soit se présenter à un des six check points disposés sur les aires
d’autoroutes encadrant la zone vésuvienne, en fonction de la commune de résidence.
58
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
En effet, sur chaque check point était établie une zone de recueil montée et gérée par des
antennes régionales de la protection civile italienne. Chacune des 18 communes est « jumelée »
avec une région d’Italie de sorte que les habitants de la commune sont pris en compte sur le
check point par les représentants de la protection civile de la région d’accueil et sont acheminés
jusqu’à un lieu de repli situé dans la région jumelée avec la commune.
Pour les ressortissants étrangers, les touristes de passage ou les personnes ayant double
nationalité, ce sont les équipes « FAST » qui étaient chargées de recueillir les ressortissants et
de leur proposer une solution d’évacuation ou de rapatriement en liaison avec le consulat
correspondant.
Quatre pays européens avaient envoyé des équipes FAST : la France, le Portugal, l’Espagne et
la Suède. Il convient également de souligner que nombre d’autres pays ou organisations avaient
envoyé des observateurs dont l’Autriche, les Pays-Bas, les Etats-Unis, la Belgique, l’OTAN
(dont un représentant de la mission militaire française auprès du Joint Force Command Naples),
l’Union Européenne
L’idéal aurait été de disposer de représentants de chaque nationalité sur chaque check point.
Comme ce n’était pas possible au regard du volume des FAST, il a été décidé de monter des
équipes européennes, sur chaque point de contrôle, chargées d’accueillir les étrangers évacués et
de les signaler à la FAST intéressée. Ainsi le représentant français a été sur le CP 6 situé au sudest de la zone rouge, alors que les portugais étaient sur deux autres CP du nord de la zone et que
espagnols et suédois étaient sur deux CP plus au sud.
Au total, une centaine de volontaires pour chacune des 18 communes de la zone rouge a accepté
de participer à l’évacuation déclenchée le 22 octobre à 8h30. Accompagnés par les forces de
l’ordre, les résidents ont été dirigés vers les CP auxquels était « abonnée » leur commune. Cette
évacuation, malgré des conditions climatiques difficiles, s’est déroulée sans difficulté majeure.
L’exercice a pris fin le 22 octobre à 18 h 30.
4. Enseignements tirés
Cet exercice a permis de tirer de très nombreux enseignements tant au plan scientifique qu’au
plan de l’organisation des secours.
Au plan scientifique, les conclusions de ce volet de l’exercice seront tirées par M. Varet,
président du CSERV. Notons que le Vésuve est en phase de sommeil depuis 1944, et qu’il
présente une activité de moindre intensité encore qu’il y a 10 ans. Le volcan a déjà connu de
telles phases de repos. Le problème de ce type de volcan est que, plus son sommeil est long et
profond, plus son réveil est brutal et dévastateur, ce qui ne peut qu’incliner à la prudence et à la
surveillance attentive, comme à la préparation de la gestion de crises.
Par ailleurs, la journée du 21 octobre a été consacrée à une phase de protection et de sauvegarde
des oeuvres d’art à laquelle les deux représentants de la VET française ont pu assister.
Concernant l’organisation des secours, la protection civile italienne avait parfaitement planifié
cet exercice.
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
59
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation Exercise)
Les principaux points positifs sont les suivants :
•
L’échange d’information entre les check points et le LEMA, situé à la préfecture de Naples,
a été excellent et a permis de croiser l’information entre les différentes FAST sans retard.
D’ailleurs, la co-localisation des différents coordonnateurs des FAST a été également très
bénéfique pour l’échange d’information entre représentants nationaux.
•
La protection civile italienne s’est appuyée sur les opérateurs de téléphonie mobile italiens
pour localiser les personnes présentes dans la zone rouge, en particulier les étrangers. Il est
intéressant de noter que le 21 octobre après-midi, près de 22 000 personnes ayant un
téléphone portable étranger se trouvaient réellement en zone rouge.
•
Les autorités italiennes, comme lors des obsèques du Pape Jean-Paul II, ont eu recours aux
messages SMS, afin d’informer les participants lors des grandes phases du plan
d’évacuation.
•
Les zones d’accueil sur les CP étaient très bien organisées. Le matériel disponible était
moderne et adapté. Par ailleurs les équipes d’accueil étaient bien préparées et les volontaires
de la protection civile italienne ont démontré un réel enthousiasme et un savoir faire certain.
•
Les liaisons et la coopération avec le consulat général de France à Naples ont été en tout
points remarquables. Le vice-consul a déployé une énergie toute particulière pour nous
accueillir et répondre à nos sollicitations durant tout l’exercice.
•
La présence dans l’équipe FAST française d’un officier parlant l’italien aura été d’une
indéniable plus-value dans les échanges d’informations avec les autorités locales. Par
exemple les autres FAST n’ont jamais pu s’appuyer sur l’aide de la police judiciaire
italienne, l’officier de liaison de cette entité ne parlant que sa langue maternelle. Mais, il est
également évident que l’usage de l’anglais est une absolue nécessité pour converser avec les
autres représentants étrangers déployés lors de tels événements.
Mais un certain nombre de points restent à améliorer dont :
•
Le lieu d’implantation du PC fixe était la Préfecture de Naples située à moins de 10 km du
cratère du Vésuve. Avec les mouvements tectoniques probables au moment d’une irruption,
rien ne permet d’être certain que le bâtiment serait capable de résister à des secousses
répétées. Ce choix a été relevé par l’ensemble des participants comme pratique dans le cadre
de l’exercice mais peu réaliste dans un cadre réel.
•
L’essentiel des communications s’est fait par Internet. Ceci a permis à la direction de
l’exercice d’évaluer la réactivité des différentes cellules. Cependant, les liaisons reposaient
presque entièrement sur ce système ce qui les rendait extrêmement vulnérables. Il est
probable qu’en cas d’éruption violente, la quasi-totalité de l’infrastructure serait affectée, Il
faut donc prévoir un système de communications indépendant de l’infrastructure locale.
•
Il en est de même pour les liaisons entre les check points et le PC fixe. Elles étaient
possibles uniquement au moyen de téléphones cellulaires mis à disposition des FAST par la
protection civile italienne. Il est indispensable d’avoir des moyens satellitaires redondants
avec les moyens d’infrastructure pour ne pas se retrouver isolés.
•
L’enregistrement des personnes arrivant sur les CP aurait dû être mieux pensé car l’espace
réservé au parking des véhicules était insuffisant et l’enregistrement était à l’air libre ce qui,
60
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
SOMMA VESUVIUS MESIMEX (Major Emergency SIMulation EXercise)
lors des pluies intenses qui se sont abattues sur la région au cours du week-end, n’a pas
manqué de poser quelques difficultés.
•
Bien que l’exercice soit extrêmement réaliste, il aurait été souhaitable qu’il soit étalé sur
plusieurs séquences jour + nuit afin de tester les équipes en situation de fatigue.
•
À la suite de l’évacuation de la zone rouge, la surveillance d’une zone aussi étendue durant
une longue période n’a pas été abordée. Il aurait été intéressant de voir comment les
autorités italiennes comptaient assurer la sûreté de la zone (police, armée…) surtout dans
une région aussi spécifique que la Campanie où la petite criminalité a des pratiques rôdées
de longue date.
•
Enfin, les liaisons avec le consulat général de France et entre le consulat et la chaîne
nationale française (ambassade de France à Rome et MAE) méritent d’être améliorées. En
effet, elles dépendent exclusivement du réseau d’infrastructure local qui serait très
probablement saturé voire inopérant. Il serait probablement intéressant de mettre en place
un protocole d’utilisation des installations de la Mission Militaire Française auprès de
l’OTAN à Naples qui dispose de moyens sécurisés et protégés avec notamment les groupes
électrogènes de secours de l’OTAN. À défaut, il faudrait renforcer le consulat général d’un
groupe électrogène de faible puissance pour assurer les liaisons vers la chaîne diplomatique
nationale.
Conclusion
MESIMEX 2006 est un exercice de grande ampleur, réaliste et très bien organisé par la
protection civile italienne sous l’égide de l’Union Européenne. Il a permis de jouer réellement
l’évacuation d’environ 2 000 personnes de la zone rouge et de tester le dispositif planifié en cas
d’éruption explosive du Vésuve. La participation de la France a été du bon niveau avec une
implication remarquable de notre consulat général à Naples. L’intérêt d’un tel exercice pour la
France est qu’il est transposable â certains de nos volcans des Antilles françaises. Il serait sans
doute intéressant de tester nos capacités nationales et locales en cas d’éruption des volcans de la
Soufrière ou de la Montagne Pelée avec toutes les implications internationales qu’une éruption
aurait dans cette région du monde, ce qui justifierait de faire appel à des financements de l’UE
comme ont su magnifiquement le faire les italiens.
Destinataires:
- Monsieur le Général de division commandant la Brigade de sapeurs-pompiers de Paris (ATCR)
- Monsieur le directeur de la Défense et de la Sécurité Civile/Mission des relations internationales
- Monsieur le général commandant les formations militaires de la sécurité civile
- Monsieur le Général adjoint au général commandant la BSPP
- Monsieur le Consul Général de France à Naples
- Monsieur le contre-amiral chef de la mission militaire française auprès du commandement de l’OTAN à Naples
- Monsieur Varet -BRGM- Comité Supérieur d’Évaluation des Risques Volcaniques (CSERV)
- Lieutenant colonel Jean-Philippe VENNIN - DDSIS de Charente
- Monsieur le colonel commandant l’UISC 1
BRGM/RP-55288-FR – Rapport final
61
Centre scientifique et technique
Direction de la Prospective
3, avenue Claude-Guillemin
BP 36009 – 45060 Orléans Cedex 2 – France – Tél. : 02 38 64 34 34
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