Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XIV - n° 9 - novembre 2010
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dossier thématique
Sécurité cardiovasculaire
des antidiabétiques
la classe, la pioglitazone et la rosiglitazone. La traduc-
tion clinique de cette rétention hydrosodée comprend
également des œdèmes périphériques fréquents (de
l’ordre de 20 %) et une élévation des peptides natriu-
rétiques (17). Les mécanismes à l’origine des œdèmes
ne sont pas parfaitement clairs : une interaction des
glitazones avec les transporteurs de sodium au niveau
des tubules et des canaux collecteurs est probable,
peut-être également une augmentation du transport
hydroélectrique au niveau de la muqueuse intestinale.
Sur cette base, et d’après des essais de courte durée, la
rétention hydrosodée associée aux glitazones pourrait
être limitée de façon importante par une coprescription
de diurétiques de type amiloride.
Les grands essais cliniques qui ont évalué l’une ou l’autre
des glitazones par rapport à un placebo, de même que
plusieurs études observationnelles de grande taille ont
indiqué que le risque de décompensation congestive
à l’insusance cardiaque (ayant conduit à une hospi-
talisation avec le diagnostic d’insusance cardiaque
congestive) était presque doublé de façon similaire
par l’une ou l’autre glitazone. Ce risque est-il simple-
ment lié à une décompensation d’une insusance
cardiaque connue ou latente via la rétention hydroso-
dée, ou les glitazones ont-elles un eet délétère sur la
structure et la fonction myocardique ? Les arguments
expérimentaux, mais surtout les résultats de 2 essais
sur 52 semaines, comparant l’un la rosiglitazone à un
sulfamide, le glibenclamide, l’autre la rosiglitazone à
un placebo chez des patients avec une insusance
cardiaque de stade NYHA I ou II, ont indiqué de façon
concordante que les glitazones n’étaient pas associées
à une altération de la fraction d’éjection du ventricule
gauche ou à d’autres marqueurs fonctionnels (18, 19).
Dans ces études, le traitement de l’insusance car-
diaque, en particulier le recours aux diurétiques, était
plus intense dans les groupes sous glitazone. Un petit
essai comparant le glimépiride, un sulfamide, à la rosi-
glitazone pendant 16 semaines chez 12 patients sous
meformine a même suggéré une amélioration de la
fonction diastolique sous glitazone (20). Une récente
analyse a porté sur plus de 20 000 patients traités par
pioglitazone ou rosiglitazone dans 7 essais randomisés.
Elle montrait que, comparativement aux témoins, les
sujets sous glitazone avaient un risque augmenté de
72 % de décompensation d’insusance cardiaque, une
augmentation cependant qui n’était pas associée à une
élévation du risque de mortalité cardiovasculaire (− 7 %,
non signicatif). Lors d’une analyse rétrospective d’un
registre américain portant sur plus de 16 000 patients
diabétiques, avec insusance cardiaque, les glitazones,
comparées à d’autres traitements non insulinosensibi-
lisateurs (ni glitazone ni metformine) étaient associées
à un prol cardiovasculaire en demi-teinte : si le risque
de décès dans l’année était diminué de 13 % signicati-
vement, le risque de réadmission hospitalière était, lui,
augmenté (12). D’autres études, également observa-
tionnelles, chez des vétérans américains ne relevaient ni
ce bénéce sur la mortalité ni cette association avec de
nouvelles hospitalisations pour insusance cardiaque.
Qu’en est-il lorsque l’insusance cardiaque est déjà
connue ? Dans la plupart des essais randomisés, elle
constituait un critère d’exclusion. Une étude, déjà
mentionnée ci-dessus, a comparé la rosiglitazone à
un placebo pendant 1 an chez 224 patients au stade I
ou II de la NYHA. Hormis les œdèmes, aucun événement
clinique n’était aecté par la rosiglitazone sur cette
période relativement brève. Dans l’étude PROactive,
où la pioglitazone était comparée à un placebo chez
plus de 5 000 diabétiques à haut risque cardiovasculaire,
le nombre de patients traités pour une insusance
cardiaque à l’inclusion n’était pas précisé (les sujets des
classes II à IV de la NYHA étaient exclus). Cependant,
près de la moitié des patients avaient un antécédent
d’infarctus du myocarde. L’incidence des hospitalisations
pour insusance cardiaque a été de 6 % sous pioglita-
zone, contre 4 % sous placebo (p = 0,007). La mortalité
par insusance cardiaque était en revanche similaire.
Des analyses exploratoires ultérieures ont rapporté que
le risque de mortalité ou de présenter un événement
cardiovasculaire majeur après une première poussée
d’insusance cardiaque était inférieur sous pioglita-
zone. Ces poussées seraient donc plus fréquentes mais
“moins graves” sous pioglitazone, un argument indirect
pour soutenir un simple eet de rétention (21).
Les arguments sont-ils dénitifs pour contre-indiquer
les glitazones chez les insusants cardiaques ? Cette
thérapeutique est associée à un eet antidiabétique
modéré avec une baisse de l’ordre de 1 à 1,5 % de
l’HbA1c à 6 mois. Les autres bénéces sont relative-
ment peu consistants : on sait que la rosiglitazone
a été suspendue en Europe en raison d’un possible
risque d’augmentation de l’incidence des infarctus
du myocarde – bien que non dénitivement avéré –,
alors que la pioglitazone a été associée en revanche à
un possible bénéce au regard de la coronaropathie,
mais là aussi non avéré puisqu’il ne s’agissait que d’un
critère de jugement secondaire (22). La balance n’est
donc pas favorable à l’utilisation de ces traitements
chez les insusants cardiaques. Toutefois, il est à noter
qu’aucune augmentation de la mortalité totale ou car-
diovasculaire n’a été observée sur l’ensemble des études
ou des méta-analyses. En ce qui concerne la rétention
hydrosodée, les études observationnelles ont montré
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