Enquête - Quel vécu pour le patient asthmatique ?

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LIBÉRALE
Enquête
Quel vécu pour le patient asthmatique ?
Parallèlement à l’augmentation de l’asthme, les moyens
de lutte et de prise en charge se sont considérablement
améliorés. Mais, selon les sources du Credes, la moitié
des patients atteints d’asthme sévère ne se soignent
pas correctement.
«
ouvent le diagnostic d’asthme reste méconnu
ou sous-évalué. Et les patients asthmatiques
n’achètent pas toujours leur traitement ou
encore ne le suivent pas de façon régulière », déplorent les spécialistes des maladies respiratoires.
Pour mieux comprendre le patient atteint de
cette maladie, les laboratoires GlaxoWellcome,
de concert avec l’association Asthme, ont soutenu une large enquête à l’échelle européenne appelée AIRE (Asthme Impressions et Réalité en
Europe).
En moyenne, sur une année en Europe, plus
d’un asthmatique sur deux déclare avoir eu des
symptômes d’asthme pendant la journée et près
de deux asthmatiques sur cinq ont eu des symptômes nocturnes au cours des quatre dernières
semaines. Toujours dans une année, 7 % des
asthmatiques ont été hospitalisés à cause de leur
asthme et 25 % ont eu recours à des visites, d’urgence ou non programmées, chez leur médecin.
Pourtant, 54 % des personnes rapportent que
leur médecin ne leur a jamais prescrit d’épreuves
fonctionnelles respiratoires. Seuls 23 % des patients déclarent avoir suivi un traitement de fond
au cours des quatre dernières semaines précédant l’enquête téléphonique.
L’étude AIRE met en évidence que l’asthme reste
insuffisamment pris en charge dans tous les
pays concernés.
S
Paradoxes
Alors que 6 % des asthmatiques estiment avoir
des symptômes sévères, ils sont en réalité 18 %.
Paradoxalement, 72 % des personnes estiment
leur maladie comme un réel problème de santé ;
deux sur trois sont conscientes du danger pour
la vie et une sur trois pense que les symptômes
sévères peuvent être prévenus dans la majorité
des cas. Pourtant, un peu moins de la moitié ont
eu une mesure de leur fonction respiratoire
(EFR) dans l’année précédente. Seul 1 patient
sur 10 possède un débitmètre de pointe (DEP :
appareil portatif permettant le suivi à domicile
par le patient de l’évolution de son asthme).
Trente-sept pour cent des patients ont reçu un
plan d’action écrit de la part de leur médecin.
Pour une large majorité d’entre eux, les asthmatiques considèrent que seuls les symptômes
peuvent être traités par les médicaments
(56 %). Seuls 32 % déclarent qu’un traitement
de fond sur la cause de la maladie peut être mis
en œuvre. Le taux des corticoïdes inhalés au
cours des quatre dernières semaines est de
23 %. Il est un des plus faibles en France avec
seulement 15 % des patients qui déclarent avoir
suivi ce traitement au cours du dernier mois. La
plupart des patients sont demandeurs d’éducation pour mieux prendre en charge leur maladie. Ils sont 73 % en Europe à déclarer avoir besoin d’être mieux éduqués sur leur asthme et
leur traitement. Il existe indéniablement un déficit d’éducation. En effet, 40 % des patients ne
savent pas que l’inflammation est une cause
sous-jacente de leur maladie.
L’enquête souligne le décalage entre la gravité
de la maladie et sa perception par le patient.
Avec en parallèle, une prise en charge peu énergique et une mauvaise observance de l’ordonnance prescrite.
Mais les sources de ces inadéquations peuvent
provenir d’une progression rapide du nombre de
malades ou du moins d’une meilleure prise de
conscience (cette étude est la première de
ce type). Cause d’absentéisme, d’abord à l’école
puis au travail, la personne souffrant d’asthme
ne veut pas toujours avouer ce que les autres
considèrent comme un handicap et qu’il est
peut-être parfois difficile d’assumer comme tel,
d’autant que la maladie est encore peu reconnue.
A.-L. Pissondes
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