GREDEG 2014 Séminaire 3

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MASTER STRATEGIES INTERNATIONALES
ECONOMIQUES ET FINANCIERES
MARCHES FINANCIERS INTERNATIONAUX
ET
CRISES DE LA GLOBALISATION FINANCIERE
Séminaire 3: La crise de la zone euro.
Défiance des marchés et défaut de
gouvernance macroéconomique
Janvier 2014
André CARTAPANIS
Professeur à l’IEP d’Aix-en-Provence
GREDEG, CNRS-Université de Nice Sophia Antipolis
CHERPA, IEP d’Aix-en-Provence
Cercle des économistes
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Quelques constats liminaires à propos du caractère
multiforme de la crise de la zone euro :
 Certes, d’abord -> crise de la dette souveraine grecque, puis,
selon un scénario comparable mais un peu mieux maîtrisé, en
Espagne, au Portugal, en Italie…
 Mais aussi -> risque d’éclatement de la zone euro, et donc de
l’union monétaire, avec scénarios de sortie de la zone euro pour la
Grèce, l’Espagne, l’Italie…
 Et aujourd’hui, -> crise réelle, car la zone euro est entrée en
récession avec explosion concomitante du chômage, même si,
sur les marchés financiers, le calme est revenu, mais précaire…
 La crise de la zone euro, c’est donc tout cela, et la question posée
ce soir est celle des causes d’une telle situation : conséquence
d’un défaut de conception et/ou sanction d’une série d’erreurs
de politique économique, il est vrai dans le contexte
macroéconomique mondial extrêmement dégradé, et difficile à
piloter, après une crise financière systémique à l’échelle
mondiale ?
• Mais auparavant, un rapide retour en arrière s’impose à propos de 2
la création de l’euro, puis s’agissant du scénario de crise
Le contexte : de la création de la zone euro à la crise
de l’endettement souverain en Europe
 La mise en œuvre de l’UEM : de Maastricht à l’euro, en 1999
o Quels fondements de la zone monétaire européenne aux yeux
des responsables politiques européens ? : efficience micro,
stabilité macro, indépendance externe
o Le recours aux théories des zones monétaires optimales ?
o La reconnaissance du triangle des incompatibilités ?
o Politique monétaire indépendante
o Taux de change fixes
o Mobilité parfaite des capitaux
o Le débat théorique sur la convergence, ex ante ou ex post :
de Frankel & Rose (endogénéité de la convergence) à Krugman
(risque de polarisation et d’hétérogénéité accrue)…
 Fin des années 2000, le choc systémique de la crise financière
mondiale : de la grande récession à la reprise de l’été 2009
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 Le déroulement de la crise de la zone euro : 2009-2012
o Le déclenchement de la crise grecque à l’automne 2009
o La contagion et l’explosion des spreads souverains, en 2010, et
surtout en 2011
o L’aggravation de la situation: printemps 2010, printemps 2011,
février 2012…
o La rue gronde à Athènes, à Madrid…
o La France, l’Allemagne, et même l’économie mondiale
contaminées par la crise…
o Illustration graphique : la récession dans la zone euro en 2012…
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Un constat liminaire accablant : les gouvernements
européens ont « réussi » à transformer une crise locale,
celle de l’endettement souverain grec, de faible taille à
l’échelle européenne (déficit budgétaire de 20 milliards
d’euros, avec faible part de la Grèce dans le PIB de la
zone euro (2%)) en une crise systémique
 Avec :
o inquiétudes sur la viabilité de la zone euro
o contagion de la crise grecque et des hausses de spreads
souverains vers Portugal, Espagne, Italie
o entrée en récession de l’ensemble de la zone euro, ce qui n’est
pas le cas des Etats-Unis, pourtant exposés aux mêmes
contraintes, et qui risque d’atteindre, par contagion et par le
jeu des interdépendances de conjonctures au sein de la zone
euro, la France et même l’Allemagne !
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Comment expliquer cette situation ? Trois sources
d’explication :
 Conséquence de la crise financière mondiale qui démarre
en 2008 aux Etats-Unis et qui a contaminé l’économie
mondiale
 Produit des politiques économiques et des conditions de
gestion de la crise de l’endettement souverain au sein de
la zone euro depuis 2010 et surtout en 2011 et 2012
 Résultante d’un défaut de conception de l’Union
monétaire : absence de PDR des Etats et aucun mécanisme
d’ajustement des déséquilibres croissants issus de
l’hétérogénéité de la zone euro
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Retour sur la période d’avant-crise
 De bonnes performances macroéconomiques:
 Croissance mondiale : environ 4,5%
 Croissance de la zone euro :environ 2%
 Mais de nombreuses fragilités :
 Bulles sur prix d’actifs, immobiliers, actions…
 Concurrences accrues de la part des émergents, inégalités
croissantes
 Surendettement privé, et pour certains pays, surendettement
public, favorisés par des taux d’intérêt réels très bas
 Dynamique procyclique du crédit
 Et après création de la zone euro, forte appréciation de l’euro,
et très forte hétérogénéité des dynamiques macroéconomiques
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 Tout cela s’est brutalement interrompu avec crise
bancaire (août 2007 et surtout septembre 2008), après
la faillite de Lehman Brothers, puis extension mondiale
via multiples canaux :
 Effondrement des marchés d’actifs
 Contagion de la crise bancaire, d’illiquidité puis d’insolvabilité
 Et très violente récession fin 2008, jusqu’en août 2009 (- 8% du
PIB mondial en données trimestrielles, effondrement du
marché automobile et du CI)
 Car conséquences multiples de la crise financière sur
la sphère réelle, provoquant une violente récession :




Désendettement des ménages, des banques et des entreprises
Hausse des taux d’épargne
Credit crunch
Défiance généralisée et chute de l’investissement
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 Mais face à la crise, réaction massive et efficace des
Etats et des Banques centrales :
 BC : injections de liquidités, par centaines de milliards d’euros
ou de dollars
 Etats : recapitalisations, stabilisateurs automatiques, politiques
de soutien de la demande (prime à la casse pour l’automobile,
Grand emprunt…)
 Et donc très fort soutien de l’activité économique par
la demande publique, se substituant à la demande
privée (consommation des ménages, investissement des
entreprises, et aussi exportations)
 Du coup, la croissance est de retour dès l’automne
2009 et donc en 2010.
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Or, la crise n’était pas du tout terminée :
 Banques fragiles
 Croissance fragile, car liée au soutien de la demande publique
 Pas de nouveau régime de croissance, ayant succédé à la
croissance dopée par le crédit d’avant la crise
 Et restait l’addition, du côté des Etats, avec explosion des
déficits budgétaires et du stock de dettes souveraines
Mais dans ce contexte difficile, seule la zone euro va se
retrouver dans une nouvelle crise financière et
réelle, en réponse à deux chocs, d’ailleurs très liés,
justifiant l’hypothèse d’une gestion politique
calamiteuse :
 La crise de la dette souveraine en Grèce, très mal gérée
 Les politiques de consolidation budgétaire, beaucoup plus
marquées dans la zone euro qu’elles ne le furent dans le RDM
 D’où l’hypothèse d’une crise de l’euro issue d’une série
d’erreurs de politique économique
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Une série d’erreurs de politique économique ?
 Parler d’erreurs de politique économique, c’est se référer à la fois
à la gestion de la crise de la dette souveraine et au mode de
pilotage macroéconomique, surtout sous le volet politique de
consolidation budgétaire, pendant cette période
 Gestion de crise : des atermoiements et changements de cap
incessants et des Sommets de la dernière chance à répétition; des
appuis financiers apportés à la Grèce, mais au terme de
discussions interminables, et avec un retard considérable : les
dernières hésitations, encore, fin novembre 2012, sur le versement
des tranches d’aide financière et report des décisions; une
vingtaine de Sommets de la dernière chance ayant totalement
désorienté les marchés, ayant provoqué une forte hausse des taux
d’intérêt, ayant placé les économies européennes, pas seulement
au Sud, dans une spirale infernale expliquant la récession en 2012
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 Au départ, BCE, France, et autres pays membres hors
Allemagne : refus du défaut grec, refus de l’appel au FMI, et
favorables à un renflouement européen
 Allemagne : plutôt favorable à un défaut organisé, pour punir
la Grèce et les créanciers privés -> les banques… pour leurs
comportements aventureux et excessivement risqués, et
interdiction réitérée à la BCE, pour des raisons juridiques
(clause de « no bail-out », de non-renflouement des Etatsmembres, selon Statuts BCE et donc dans Traité de Maastricht)
et de doctrine (effets inflationnistes), et donc favorable, du
bout des lèvres, à des soutiens publics, seulement bilatéraux,
et à des taux punitifs
 L’Allemagne et Angela Merkel : l’obsession de l’inflation par
monétisation de la dette publique et du respect des textes
régissant la BCE, plus l’attachement extrême à la discipline et
à la stabilité financière, par crainte de l’aléa moral, et
affichage rigide de tels principes sous la surveillance de
l’opinion publique, de la Cour constitutionnelle de Karlsruhe
qui doit vérifier le respect des droits fondamentaux et la
séparation des pouvoirs, ce qui inclut le respect des
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prérogatives de la BCE.
C’est la traduction de l’ordo-libéralisme allemand :
 L'État a pour responsabilité de créer un cadre légal et
institutionnel pour l'économie, et de maintenir un niveau sain
de concurrence et de stabilité monétaire et financière
 L'État a donc un rôle d'« ordonnateur » de l’économie de
marché, et le pilier central de l'ordo-libéralisme est une
division du travail clairement définie entre acteurs :
o la politique monétaire est sous la responsabilité d'une BC à
l'abri du pouvoir politique, dévouée à la stabilité monétaire
et à une faible inflation;
o la politique budgétaire doit impérativement assurer
l’équilibre des finances publiques, sous l’autorité du
gouvernement;
o et la fixation des salaires et des conditions de travail est
partagée entre les employeurs et les syndicats
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 Et dans ce cadre, la faillite de la Grèce serait salutaire : =>
logique punitive, pour l’exemple !!!
 D’où une opposition de principe de l’Allemagne à un
renflouement massif (la Grèce paiera…) avant de s’y résigner
sous la pression des marchés, des autres membres de la zone
euro, du FMI, des Etats-Unis !
 Et tout récemment encore, il y a deux jours, changement de
cap explicite : Angela Merkel prête à envisager un nouvel
abandon de créances, du côté des créanciers publics, pour
alléger le fardeau de la crise en Grèce
 Dès 2010, la France et autres pays de la zone avaient défendu
de tels principes mais ils avaient du se conformer à la position
allemande; et cela jusqu’à l’été 2012 et au changement de cap
de la BCE sous l’impulsion de Mario Draghi, malgré le vote
négatif de la Bundesbank
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 La BCE : très attachée à son mandat (pas d’intervention directe
sur la dette publique et maintien de l’inflation), mais en même
temps, refus du défaut d’un Etat-membre, par crainte du
cataclysme (J.C. Trichet) de la contagion et de l’atteinte portée à
la crédibilité de la zone et de la BCE.
 En fait, avant 2012, la BCE a quelque peu dérogé à ces principes,
mais sans le dire explicitement, au terme de conflits internes
(démission de deux membres allemands du Directoire, Axel Weber
et Jürgen Stark, le Chief Economist dont l’un était promis à la
succession de J.C. Trichet,) et donc en rachetant de la dette
publique sur le marché secondaire, tout en jouant pleinement son
rôle de PDR auprès des banques privées, à guichet illimité avec
collatéraux moins exigeants et à des taux proches de zéro
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 Cependant, en 2011 et 2012, avancées sur le plan
institutionnel avec la création du FESF (Fonds européen de
stabilité financière, avec 440 milliards d’euros utiles, et
financement à 85% par Allemagne et France), puis du MES
(Mécanisme européen de stabilité), mais avec des moyens assez
faibles, que l’on a envisagé d’accroitre avec les émergents, le
FMI, ou en transformant le MES en institution éligible aux
refinancements de la BCE…, sans succès
 Depuis juillet 2011, mobilisation du FESF avec des taux bas
(Irlande, Portugal, Grèce…), et courant 2012, déblocage dans la
douleur des tranches d’aides à la Grèce, au Portugal, et offre
d’appuis financiers à l’Espagne
 Et décisions du 9 décembre 2011, Traité et règle d’or, mais à
la fois discutable dans les principes, et en tout état de cause
pour prévenir de futures crises, et pas du tout la crise en cours,
au-delà de la nécessité de rassurer les marchés : erreur
d’agenda…
 Et en septembre 2012, changement de cap de la BCE sous
l’impulsion de Mario Draghi…
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Pourquoi une gestion de crise, dans la zone euro, aussi
laborieuse ? Pourquoi un tel scénario ?
 L’organisation institutionnelle de l’UEM n’avait pas prévu de
réponse à une crise de cette nature et de cette ampleur, et, pire
encore, avait interdit tout financement direct de la BCE au
bénéfice des Etats, même en temps de guerre
 Du déclenchement de la crise grecque, en septembre 2009,
jusqu’à aujourd’hui, véritable bras de fer politique et multiples
divergences d’appréciation, conduisant à l’adoption de compromis
boiteux, et évolutifs, qui ont profondément désorienté les
marchés, ont provoqué de fortes hausses des taux d’intérêt,
amplifiées par des comportements spéculatifs et des mouvements
de panique, et au final ce type de pilotage a aggravé la crise
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 De fait, l’Allemagne semble avoir voulu tirer profit de la crise pour
asseoir sa vision de l’UEM, avec des contraintes budgétaires
beaucoup plus drastiques, une discipline de fer, face aux excès et
au manque de détermination politique des autres Etats en matière
de finances publiques
 Et en même temps, côté allemand, refus de véritables avancées
sur la voie de l’intégration renforcée : pas de fédéralisme
budgétaire, pas d’euro-bonds, pas de modification du mandat de la
BCE, sur le modèle britannique ou américain, et refus d’un plan de
soutien européen à la croissance, proposé par J. Delors ou H.
Schmidt, puis F. Hollande et M. Monti
 Et donc, la thèse qui s’est imposée sous le leadership allemand
est qu’il fallait impérativement, malgré la crise (mais les
allemands diraient à cause de la crise) commencer par réduire
cet endettement avant toute chose, et en interdire
définitivement la réapparition (règle d’or du 0,5%, hors cycle,
érigée en principe constitutionnel).
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• Or, sans doute en dehors du cas grec, cette analyse est
éminemment discutable et elle paraît totalement inadéquate
dans le contexte de crise des années 2008-2012 !
• Pourquoi ?
• Parce que en dehors du cas spécifique de la Grèce, la hausse de
l’endettement public s’explique avant tout par le rebond, du
côté des Etats, de la crise bancaire de 2008-2009, de la
récession qu’elle a provoquée et des politiques menées pour en
atténuer les conséquences (cas emblématique de l’Espagne et de
l’Irlande).
• Et cela ne concernait pas seulement la Grèce, pas seulement les
pays européens, mais l’ensemble des pays développés touchés par
la crise financière internationale de l’automne 2008
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Mais pourquoi une telle aggravation des déficits budgétaires
et, donc, une très forte hausse de l’endettement
souverain ?
 Coût des recapitalisations des banques (Irlande, RU, USA…)
 Subventions ou dépenses fiscales pour soutenir la demande
(exemple: prime à l’achat dans l’automobile)
 Jeu des stabilisateurs automatiques en phase de récession
(hausse des dépenses sociales, réduction des recettes liée à la
stabilisation voire à la baisse du pouvoir d’achat ou à l’atonie
de l’activité…)
 Et politiques discrétionnaires de relance de l’offre
compétitive du type Grand emprunt en France
 Et cela pour tous les pays industriels, et pas seulement dans la
zone euro
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D’où, sous la pression allemande, un nouveau choc, lié au
précédent : la mise en place de politiques de consolidation
budgétaire ou de rigueur, avec, selon les pays, forte hausse
des impôts ou forte diminution des dépenses publiques, pas
seulement en Europe
 Car l’endettement souverain avait explosé dans l’après-crise et
crainte de non-soutenabilité du côté des gouvernements ou de
la BCE
 Car peur du scénario à la grecque avec la hausse des spreads
qui s’accentue et s’étend
 Dans un contexte où pour beaucoup (A. Merkel et l’Allemagne),
la crise apparaît encore comme une crise spécifiquement
grecque, sans gravité…
 Avec sous-estimation du risque considérable pour la
croissance
 Et dans la zone euro, sans aucun accompagnement monétaire
de la part de la BCE, contrairement à la Fed, à la BOE, à la
BOJ…
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Et l’on a donc engagé, en Europe, des politiques de
consolidation budgétaire, malgré les risques pour la
croissance
 Au-delà des atermoiements et des retards dans le renflouement ou
le défaut partiel de la Grèce, cette conversion générale aux
politiques de consolidation budgétaire ou de rigueur en Europe,
alors même que la situation de crise n’était pas résorbée
(désendettement, forte défiance et atonie de la consommation et
de l’investissement, taux d’épargne élevé ; fragilité au sein des
bilans bancaires…), constitue une lourde erreur de politique
économique, qui a créé des effets de contagion, via les spreads
et la perte de confiance, vers toute la zone euro, et via le
ralentissement de l’économie européenne, voire l’entrée en
récession, vers toute l’économie mondiale.
 Et cela de façon beaucoup plus intense que parmi les autres
pays industriels, USA ou GB, où, en outre, les BC rachetaient de
la dette publique et, donc, parvenaient à maintenir des taux
d’intérêt plus bas sur l’endettement souverain
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 Car l’ajustement a été drastique au niveau de la diminution des
déficits budgétaires, réduits de façon massive, avec des effets
multiplicateurs (non pas de 0,5 mais de 1,4 à 1,7), tous
ensemble, en 2011/2010 par exemple :
o Irlande : 3,5%
o Portugal : 3,3%
o Espagne : 3%
o Grèce : 2,5%
o Finlande : 2%
• C’est tout cela que les marchés et les agences de notation ont
sanctionné, par la hausse des spreads, par les dégradations,
compte tenu des politiques menées, autant dans la gestion de la
crise souveraine de la Grèce que dans les politiques
macroéconomiques de consolidation budgétaire menées depuis
2010. Il suffit de lire les éditoriaux du Financial Times ou de The
Economist, ou encore les communiqués expliquant la dégradation
de nombre de pays membres de la zone euro de la part de S&P ou
de Moody’s qui condamnent l’austérité et l’incapacité à assurer
une croissance minimale, sans laquelle le désendettement est
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extrêmement difficile, voire impossible
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Cette impuissance à gérer rapidement la crise grecque
et l’engagement à cours forcé dans les politiques de
consolidation budgétaire a eu des conséquences
redoutables :
 Diffusion de la défiance et perplexité des marchés et des
agences de rating, puis dégradation (perte du AAA)
 Contagion entre dettes souveraines ; Grèce, Irlande ; puis
Portugal ; puis Italie: hausse des spreads
 Fragilisation accrue des banques et besoins de recapitalisation
 Doutes sur la viabilité de l’union monétaire
 Marchés interbancaires grippés et crainte d’une nouvelle crise
bancaire, d’illiquidité ou d’insolvabilité…
 Crédit atone
 Ralentissement de l’activité économique et pour certains pays,
entrée en récession
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 Cela a donc créé un énorme choc déflationniste, car
consolidation budgétaire de tous les pays, en même
temps, au sein de la zone euro, sans que la demande
privée ait pris le relais, ni la consommation, ni
l’investissement des entreprises
 Car climat d’inquiétude et climat des affaires qui n’incite
pas à investir ou à consommer
 Banques se désendettent et diminuent la taille de leurs bilans,
créant une atonie du crédit
 Epargne de précaution
 Et même l’Allemagne voit sa situation gravement menacée!
 Comparaison édifiante quant à l’implication de la Fed et de la
BCE dans l’accompagnement monétaire des déficits budgétaires!
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 Et du coup maintien de taux d’intérêt
prohibitifs dans les pays du
Sud : Espagne, Italie, Grèce, Portugal…
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Cet ajustement aurait été supportable, si deux
conditions avaient été réunies :
 Si la demande privée (C et I, ou X) avait pris le relais de la
demande publique. Or ce n’était pas le cas : désendettement,
épargne de précaution élevée, crédit atone compte tenu des
fragilités bancaires et des besoins de recapitalisation!!!
 Si les pays ayant plus de marge de manœuvre que les autres
(Allemagne et Pays-Bas en Europe, Chine et émergents
asiatiques au plan mondial), sous l’angle des situations
budgétaires ou des balances courantes avaient, quant à eux,
soutenu plus fortement la demande mondiale, y-compris du
côté de la Chine avec un ajustement du TC.
Or, tel ne fut pas le cas : très faible coordination des politiques
macroéconomiques, au-delà de la mise en scène des différents
Sommets du G20, notamment le Sommet de Cannes en novembre
2011, aucune action concertée sur les TC et même peur d’une
guerre des monnaies, et donc climat d’ensemble qui se dégrade à
partir de l’été 2011 et surtout en 2012!
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Du coup, spirale infernale ou cercle vicieux :
 Consolidation budgétaire -> ralentissement de la croissance et
même récession pour certains -> renforcement des exigences
de consolidation budgétaire, mais rendu plus difficile si la
croissance est faible (typiquement le scénario grec ou italien)
 Risque de dégradation accrue des dettes publiques et hausse
des spreads, avec ou pas dégradation des notations ->
fragilisation des banques et atonie du crédit -> la croissance
s’affaiblit à nouveau et la consolidation budgétaire y
contribue… C’est le scénario à la grecque!
 L’exemplarité de cette spirale infernale dans le cas
de la Grèce en quelques tableaux ou graphiques…
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 C’est pour cela, on l’a vu plus haut, que les agences de
notation, Standard and Poors, ou Moody’s, ont dégradé la
plupart des pays européens, dont la France : doutes sur la
pertinence et les chances de réussite de la stratégie
macroéconomique et financière de la zone euro : politique
économique trop marquée du côté de la consolidation budgétaire
et pas assez du côté du soutien de la demande, dans un contexte
de fragilité marquée des banques européennes !
 Même analyse du FMI et de Christine Lagarde depuis l’été 2011 et
dans les derniers WEO, n’étant plus ministre des finances mais DG
du FMI, et on l’a vu lors des derniers épisodes, fin novembre 2012,
au sein de l’eurogroupe à propos du déblocage des tranches
d’aide à la Grèce: FMI favorable à une nouvelle restructuration de
la dette grecque et l’Allemagne opposée ! Mais changement
d’attitude de l’Allemagne il y a quelques jours.
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Mais en même temps cette crise a révélé des problèmes plus
structurels quant à la zone euro, en rapport avec la
question de la convergence ou de l’hétérogénéité
o choc asymétrique lié à la politique allemande de modération
salariale sur le dos des autres pays-membres, depuis 2002-2003
o forte hausse de l’euro depuis cette période, avec effets
asymétriques
o hétérogénéité croissante de la zone, sans mécanismes de
rééquilibre ou de régulation à l’échelle de l’Union
Et donc, pour beaucoup, la zone euro est une zone
monétaire incomplète et inachevée et la crise de son
mode de fonctionnement serait apparue, crise financière
ou non, un jour ou l’autre
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Difficile d’expliciter les mécanismes d’ajustement et de
spécialisation en union monétaire qui ont renforcé
l’hétérogénéité de la zone euro depuis 1999… Mais
illustration du caractère massif de ce phénomène en
observant quelques graphiques…
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Au total, et pour conclure, on trouve à l’origine de la crise
de la zone euro des erreurs récurrentes de politique
économique, liées notamment à des divergences
d’appréciation entre pays-membres, mais aussi un défaut
de conception de l’union monétaire.
Car la zone euro au moment de la crise grecque, à l’automne
2009, était :
 une union monétaire viable seulement par beau temps,
 et une union monétaire incapable de répondre à un risque de
défaut souverain, faute de PDR et de mécanisme de soutien
financier d’un Etat-membre
Et la difficulté est renforcée par l’hétérogénéité croissante
de la zone euro et la nécessité, ce faisant, du fédéralisme
budgétaire et de nouvelles institutions de gouvernance
économique (Traité budgétaire, Union bancaire…)
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Mais les défis d’un tel approfondissement de l’union
monétaire en temps de crise sont nombreux
 Comment, en même temps, gérer l’urgence liée à la crise et à
la récession, et construire de nouvelles règles pour consolider
l’union monétaire dans l’après-crise ?
 Si ces questions sont techniques, relèvent de l’analyse
économique, mais elles sont aussi éminemment politiques :
au-delà des modalités du fédéralisme monétaire, budgétaire,
bancaire…, cela => abandons de souveraineté et donc
nécessité d’un projet collectif, celui d’une fédération !
 Pour Jacques Delors, l’un des pères fondateurs de la
monnaie européenne, l’Union monétaire était aussi un
projet politique de nature à permettre un
approfondissement de l’intégration économique en Europe.
Aujourd’hui, les défis issus de la crise de l’endettement
souverain et les exigences d’un approfondissement de
l’union monétaire européenne font de ce projet politique un
impératif économique
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