PRISE EN CHARGE DE L’ETAT DE CHOC Dr dabor Resiere Service de Réanimation Polyvalente, CHU PZQ Pôle RASSUR Plan Définition Épidémiologie Physiopathologie Diagnostic Prise en charge Objectifs Définition Diagnostic Types de choc Principales causes Principes du traitement Definitions Etat de choc Incapacité du système cardio-vasculaire à assurer une perfusion adaptée des organes Perfusion adaptée Qui permet un apport en O2 évitant le recours à la glycolyse anaérobie Differents etats de choc Transport de l’O2 par : Débit cardiaque choc cardiogénique Volume sanguin circulant choc hypovolémique Tonus vasculaire choc vasoplégique Extraction de l’O2 choc septique Homéostasie Permet à l’organisme de maintenir un équilibre tissulaire et d’adapter les apports à la consommation du tissu grâce à Système neurovégétatif Réserves de l’organisme Etat de choc : définition clinique Hypotension PAS < 90 mmHg ou PAM < 70 mmHg Altération de la perfusion des organes Altération de l’état mental (somnolence, obnubilation, confusion) Oligurie Altération de la perfusion cutanée (marbrures, vasoconstriction, peau moite et froide) Développement du métabolisme anaérobie Elévation des lactates sanguins > 2 mmol/L Dysfonction d’organes et homeostasie Cerveau Somnolence, désorientation, troubles de l’humeur Peau (bas débit cardiaque) Marbrures, peau moite, froide, allongement du temps de recoloration capillaire > 3 secondes Reins Oligurie < 20 ml/h ou 0,5 ml/kg/h Dysfonction d’organes Rechercher également une dysfonction d’autres organes : Foie Cœur Intestins Poumons Système de la coagulation Métabolisme anaérobie Augmentation de la lactatémie > 2 mmol/L Importance de l’évolution sous traitement Majoration de l’augmentation en cas d’insuffisance hépatique (augmentation de la différence artérioveineuse en O2) (baisse de la saturation veineuse en O2) (diminution du pH intramural gastrique) Classification des états de choc Hypovolémique Hémorragie, déshydratation, troisième secteur Cardiogénique IDM (+++), myocardite, arythmies sévères prolongées Obstructif Embolie pulmonaire majeure, tamponnade Distributif Choc septique, anaphylactique, pancréatite… 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. Arythmie supraventriculaire Embolie pulmonaire Bloc complet Ischémie / IDM / arythmie ventriculaire Tamponnade IM aiguë IA aiguë Dissection aortique Clinique : volémie • • • • • • • Fréquence cardiaque Pression artérielle Hypotension orthostatique Soif Sécheresse des muqueuses Etat veineux Temps de recoloration cutanée Clinique : IC droite • Œdèmes déclives • Turgescence jugulaire • Reflux hépato-jugulaire Clinique : IC gauche • • • • • • • • Douleur thoracique Tachycardie, arythmie, souffle cardiaque / artériel Peau froide, blanche, marbrures Patient somnolent, irritable Oligurie Œdème pulmonaire aigu Insuffisance cardiaque droite Rechercher une fièvre +++ Biologie Créatinine, urée (insuffisance rénale) Bilan hépatique (cytolyse : « foie de choc ») GazoméClinique : IC gauche trie artérielle Lactates artériels Kaliémie (troubles du rythme) Enzymes cardiaques (infarctus) Imagerie / autres Radiographie thoracique (OAP, cardiomégalie) Echocardiographie (obstacle, troubles de la cinétique, diamètre de la VCI) ECG (troubles du rythme, IDM) Choc hypovolémique – 15% volume sanguintachycardie – 20 à 25% hypoTA orthostatique – 30 à 40% hypoTA de décubitus oligurie – > 40% troubles de conscience collapsus CV Choc hémorrhagique Définition Situation d’inadéquation systémique entre les besoins et les apports en oxygène, liée à une diminution de la masse sanguine circulante Définition Saignement massif 1 masse sanguine (8 CGR) sur 24h ½ masse sanguine (4 CGR) sur 3h Choc hypovolémique PAS < 90 mmHg PAM < 60 mmHg Épidémiologie Responsable de 40% de la mortalité des trauma graves Hémorragies digestives: UGD, VO, néoplasies, hémorroïdes Traumatismes Hémorragies gynéco-obstétricales Rupture AAA ou thoracique Surdosage AVK Physiopathologie Forme particulière du choc hypovolémique Associée à des lésions tissulaires et endothéliales Libération par les cellules endothéliales de thrombomoduline, PAI-1, FT, cytokines pro-inflammatoires Défaillance des systèmes inhibiteurs ± suractivation de la fibrinolyse Activation du couplage inflammation-coagulation DIAGNOSTIC CLINIQUE Tachycardie (pouls rapide et filant), ± PAS<80 mmHg Signes d’hypoperfusion tissulaire pâleur, teint cireux, extrémités froides et cyanosées, marbrures prédominant aux genoux, oligo-anurie (= baisse de la perfusion viscérale et redistribution vers organes nobles : cœur et cerveau) Signe de gravité : troubles de la conscience, anomalies ECG, intensité des signes cliniques, bien plus que la diminution de la TA…! Prise en charge ARRET URGENT DU PROCESSUS HEMORRAGIQUE par procédure chirurgicale ou radiologie interventionnelle DAMAGE CONTROL SURGERY Rôle de l’anesthésiste/réanimateur/urgentiste: Maintenir les fonctions vitales avant-pendant-après le geste d’hémostase Rendre possible le diagnostic (FAST, angioTDM, angiographie) Faciliter le geste d’hémostase Favoriser l’arrêt spontané du saignement Éviter l’emballement des troubles de la coagulation HEMODYNAMIQUE STABLE STABILISEE RP RP Rx Bassin F Echo abdominale ± conditionnement BODYSCANNER INSTABLE RP Rx Bassin F Echo abdominale ± ETT Conditionnement complet ± drainage épanchement BLOC OPERATOIRE INJECTÉ Compléter le bilan lésionnel RADIOLOGIE INTERVENTIONNELLE Outils du médecin Amélioration des délais de prise en charge Rôle de trauma leader Algorithmes prédéfinis de PEC Diagnostic étiologique plus rapide Thérapeutiques introduites précocement Amélioration de la prise en charge transfusionnelle En quantité En qualité À l’aide de protocoles de transfusion massive Utilisation de molécules procoagulantes Objectifs hémodynamiques Concept d’ hypotensive ressuscitation depuis 1990 Normalisation de la TA favorise la poursuite du saignement & augmentation de la mortalité Cible PAS 90 mmHg, PAM 60 mmHg (TC exclus) Stern 1993, Bickell 1994, Riddez 1998, Dutton 2002, Kwan 2003 Jusqu’au contrôle du processus hémorragique Solutés de remplissage Utilisation de cristalloïdes / colloïdes à la phase initiale Pouvoir d’expansion volémique ≠ Hémodilution, hypothermie, hypocalcémie (Vivien 2005) Anaphylaxie (gélatines) Effet anti-agrégant plaquettaire (HEA) ± dysfonction rénale (Schortgen 2001) PAS de ≠ en TRAUMATO (Rizoli 2003, Roberts 2004) Sérum salé hypertonique Commercialisé en France en association à un dextran (Rescueflow®) ou à un HEA (HyperHES®), à 7,5% (2500 mosm/l) Pouvoir d’expansion volémique 200-400% vol; durée 3-6h Contractilité VG (Goertz 1995) Vasoconstriction musculo-cutanée + vasodilatation pré-rénale, coronaire, splanchnique (Behrman 1991, Kreimeier 1990) Vasopresseurs Introduction précoce dans le CH peut permettre de de diminuer la perfusion de cristalloïdes/colloïdes avant transfusion Mécanisme CH = vasoplégie NORADRENALINE Effet sur la mortalité ? (Poloujadoff 2007, Sperry 2008) Ne doit pas retarder la TRANSFUSION Transfusion Correction du TaO2 Correction de l’hémostase Correction de la volémie Doit débuter le + précocement possible Après 15 mL/kg colloïdes Ou 30 mL/kg cristalloïdes Examens biologiques Nécessaires au suivi des objectifs transfusionnels NFS, coag, GDS (pH, BE), iono Lactatémie artérielle +++ Thromboélastométrie CAVE: Bilan biologique toujours en retard de 45-60 min/situation actuelle Bilan de coagulation effectué après correction de la calcémie, de la température (réalisé à 37°C) Protocoles de transfusion massive Stratégie de prise en charge transfusionnelle, consistant en la mise à disposition, idéalement en préhospitalier ou dès l’arrivée au déchoquage, d’un lot de CGR, PFC, CPA et fibrinogène dans des proportions déterminées Permettant une transfusion plus « agressive » S’appliquant aux polytraumatisés / chocs hémorragiques Conclusion Choc hémorragique = « course contre la montre » Restaurer la masse sanguine perdue en quantité & qualité Réaliser le geste d’hémostase le plus rapidement possible => NÉCESSITÉ D’ORGANISER LA PRISE EN CHARGE DANS UNE FILIÈRE POLYTRAUMATISME Utilisation possible de molécules procoagulantes Lutte contre les facteurs de surmortalité Choc cardiogénique Signes d’insuffisance cardiaque chronique chercher une cause de décompensation extra-cardiaque Quatre causes de douleur thoracique avec choc : Infarctus du myocarde (thrombolyse) Embolie pulmonaire (thrombolyse) Dissection aortique (pas de thrombolyse) Péricardite (pas de thrombolyse) Choc obstructif Lors d’une embolie pulmonaire, l’existence d’un état de choc est un signe de gravité extrème En cas d’épanchement péricardique, éviter les mobilisations intempestives (position debout) Choc septique • Anomalies de distribution du sang – VC vaisseaux cutanés, splanchniques, ± rénaux – VD vaisseaux cardiaques, musculaires • Atteinte cardiaque plus ou moins importante • Syndrome septique Définition classique: SIRS/ Sepsis/Sepsis sévère/Choc septique Infection: résultant de l’agression de l’organisme par un agent infectieux SIRS: Syndrome de réponse inflammatoire systémique Au moins 2 des anomalies suivantes: Température>38°C ou<36°C Fréquence cardiaque>90/mn Fréquence respiratoire>20/mn ou PaC02<32mmhg Leucocytes sanguins>12000/mm3 ou<4000/mm3 SEPSIS: SIRS associé à une infection cliniquement ou microbiologiquement documentée Sepsis sévère : définition Sepsis sévère: Sepsis et 1 dysfonction d’organe(s) – hypotension(pas<90mmHg– oligurie – acidose métabolique/lactique – hypoxémie, coagulopathie Choc septique Cas clinique Mlle X, 24 ans, élève infirmiere, sans ATCD connu Depuis 3 jours, la patiente se plaint de douleurs lombaires avec irradiation antérieure ; non favorisées par la miction, sans brulure, ni dysurie ; associées à des vomissements et des céphalées fronto-orbitaires. Présence de fièvre et de frissons depuis 2J Urgences: TA = 80/40mmHg ; FC = 138/mn ; T° = 40°c. Cas clinique GDS: pH 7.05, pC02 51, p02 62, C02T 16 Ionogramme sanguin: Urée 5.10, Créatinine 113, lactates 6.08 NFS: GBS 14700, CRP 200, plaquettes 98 Hémostase: Tp 36%, fibrinogène 5.18 Diagnostic retenu: choc septique sur Pyélonéphrite obstructive avec défaillance multiviscérale Cas clinique TDM thoraco-abdominale Mise en évidence de dilatation des cavités pyélocalicielles gauches, sans dilatation de l’uretère. Infiltration importante périphérique. Retard de rehaussement du rein en faveur d’une cause obstructive au niveau de la jonction pyélocalicielle Différents états de choc Peau TJ/RHJ OAP Divers Hémorragie Froide, pâle Non Non Traumatisé, anticoagulé EP Froide, pâle Oui Non Immobilisation, cancer IDM Froide, pâle Oui Oui Douleur thor, coronarien Sepsis Variable Non Non (pneumopathie) Fièvre A retenir 1. Plus le patient est fragile (nourrisson, âgé, insuffisance viscérale chronique), plus le traitement est urgent 1. Plus l’hypoxie tissulaire est prolongée, plus le traitement est difficile (exponentielle) 1. Faire une diagnostic précis avant de traiter Rôle de l’infirmière Evoquer le diagnostic de choc par la clinique Alerter (réanimation) Allonger le patient Oxygénation (10-15 l/min, masque à réserve) S’assurer d’une voie veineuse périphérique (voire de deux) puis centrale Surveillance continue (scope, PNI, SpO2) Mesure de la température Bilan sanguin Sondage vésical