et participatif. Eux-mêmes expriment le souhait de recueillir et communiquer des données aux médecins et laboratoires
en charge de l’étude. L’implication des patients peut faire avancer la recherche plus rapidement, à condition de trouver
le bon canal et le bon cadre juridique qui permettent d’exploiter les données ». La tendance est encouragée par les
autorités réglementaires qui apprécient disposer du point de vue du patient afin de mieux juger de la pertinence des
résultats.
Thierry Escudier évoque enfin le contexte de la e-santé dans lequel les études progresseront encore. « La croissance
démographique mondiale a pour conséquence de nouveaux enjeux de santé publique, notamment dans de nombreux
états des pays émergents, et en particulier, vis-à-vis des maladies tropicales. Une partie de la population se traite sans
problèmes, l’autre n’a pas accès à des services de soins normaux ou de qualité ».
Echanges et initiatives en e-santé : un tremplin pour les pays du sud
Améliorer l’accès aux soins et aux médicaments de qualité, telle est la mission de la Fondation Pierre Fabre qui
dévoile, à l’occasion de l’Université d’été, son projet d’« Observatoire de la e-santé dans les pays du Sud ».
« En raison notamment de l’augmentation du taux d’équipement en téléphone mobile sur le continent africain, soit 70 %
en 2015, la e-santé représente une solution d’avenir pour les pays du Sud en participant à la réduction du coût de l’accès
à la santé, en permettant de fournir aux populations des informations pour lutter concrètement contre les épidémies et
en visant à améliorer la couverture vaccinale et la lutte contre les faux médicaments… », déclare Béatrice Garrette,
Directrice Générale de la Fondation Pierre Fabre. « C’est ici, à l’Université d’été 2014, qu’a en partie germé l’idée de
l’Observatoire de la e-santé dans les pays du Sud », précise-t-elle.
Outil de veille, de recueil et d’analyse, l’Observatoire permettra de suivre chaque année les initiatives en matière de
formation des personnels de santé, télémédecine, IECC (Information, Education et Changements des Comportements),
suivi des patients et données médicales. La base de données constituée sera partagée auprès de la communauté
médicale et scientifique à travers publications et colloques. Certaines initiatives pourront être financées si elles
rejoignent les axes de travail de la Fondation. C’est le cas du projet ‘’télédermatologie’’ à Bamako, supervisé par le Dr
Ousmane Faye et destiné aux centres de santé périphériques du Mali dont l’accès à des spécialistes en dermatologie est
rare. Ce programme vise à former des agents à l’utilisation d’une caméra photo numérique pour la capture et l’envoi
d’images cliniques en vue d’obtenir un diagnostic précis et un traitement correct de la part d’un spécialiste pouvant
être géographiquement éloigné.
« Nous sommes à la croisée des chemins entre le Nord et le Sud. Nous faisons face à des questions communes en termes
d’expertise et nous constaterons peut-être demain avec étonnement que les réponses viendront du Sud et non du
Nord », affirme la Directrice de la Fondation.
Si la sphère de la e-santé voit s’élargir le profil des acteurs traditionnels de la santé et accueillir des patients impliqués,
elle attire aussi de nouveaux entrants, dotés d’ambitions innovantes et partageant en commun le souci de la
prévention et du bénéfice patient. Où innover, sur quel continent, dans quel pays, dans quel cadre ? Autant de
questions qui trouveront probablement réponses dans les années à venir mais pour lesquels nombre d’intervenants sur
ce nouveau marché ont déjà mûri leurs idées et fait aboutir leurs projets. La santé connectée se dote de nouveaux
contours, ceux d’un terrain d’innovations propices à la création de start-ups ou à l’imagination de nouveaux schémas
stratégiques.
La e-santé, nouveau « terrain de jeu » de l’innovation : startuppers ambitieux et industriels fins
stratèges
Hors-les-murs : la start-up expatriée, modèle-clé de succès ?
Emmanuel Dumont, jeune Français directeur de recherche au Jacobs Technion-
Cornell Institute à New York et startupper en biotechnologies, développe avec
son équipe une innovation dédiée aux patients atteints de lupus, maladie auto-
immune sous influence directe de l’environnement. L’application, dont deux
essais cliniques sont programmés dans des hôpitaux newyorkais, a pour
objectif de transmettre des données relatives à l’exposition aux ultra-violets.
« Nous avons mis au point une technologie nouvelle permettant de mesurer
aussi précisément qu’en laboratoire et dans une forme portable les radiations
des UV en provenance du soleil. Ces data transmises via smartphone visent à
rassurer le patient qui se trouve souvent dans l’impossibilité de déterminer précisément la cause de ses symptômes »,
déclare Emmanuel Dumont. Terrorisé à l’idée de sortir malgré toutes ses précautions, le patient lupique se trouve
souvent trop exposé, même involontairement. Il peut rester dehors, mais combien de temps ? C’est ici que l’application
intervient, apportant une réponse individualisée permettant de corréler temps d’exposition et symptômes. « Notre
mission consiste à faire évoluer la dermatologie en la personnalisant », poursuit le startupper.
Bénéficiant d’un cadre américain, il évoque l’aspect financier et l’avance des Etats-Unis en la matière. « On dépend
largement de l’état d’esprit du pays dans lequel on souhaite émerger. De ce point de vue, la Silicon Valley est le lieu de
prédilection des startuppers technologiques. J’ai apprécié aux US la clarté et l’accessibilité des informations relatives à
l’octroi de bourses. Les solutions de santé digitale ne sont pas des applications mobiles qui peuvent décoller en une
semaine ; elles exigent un cadre réglementaire précis et évoluent au sein de gros marchés ». En ce sens, la France qui en