Le contexte commercial international

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Cours d’Environnement
économique de l’entreprise
M2 - Administration des entreprises
Année universitaire 2015 - 2016
Bernard Yvars
Université de Bordeaux

PLAN DU COURS
Introduction – Le contexte commercial international
Chapitre 1 - Les bases économiques de la stratégie des firmes
contemporaines
Section 1 - L’analyse économique de la firme en concurrence imparfaite
Section 2 - Les marchés et l’analyse de la concurrence complexe
Section 3 - La dynamique de l’avantage concurrentiel en économie
ouverte
Chapitre 2 – Le développement international des firmes : stratégies et
risques
Section 1 - Les apports de l’analyse économique contemporaine
Section 2 - La nature des risques dans les opérations internationales
Section 3 - L’exemple de la gestion du risque de change
Conclusion - Quelle stratégie d’intelligence économique de la firme aujourd’hui ?
BIBLIOGRAPHIE
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J.-L. Amelon et J.- M. Cardebat, Les nouveaux défis de
l'internationalisation - Quel développement international pour les
entreprises après la crise ?, De Boeck, 2010.
D. Besanko, D. Dranove, M. Shanley, S. Schaefer, Principes
économiques de stratégie, Ouvertures économiques, De Boeck,
Bruxelles, 2011.
A. Bilek, Analyse conjoncturelle pour l’entreprise - Observer,
comprendre, prévoir-, Ouvertures économiques, De Boeck, Bruxelles,
2011.
P.-A. Buigues et D. Lacoste, Stratégies d’internationalisation des
entreprises - Menaces et opportunités, Business School, De Boeck,
Bruxelles, 2011.
C. Harbulot (sous la direction de), Manuel d’intelligence économique,
PUF, Lonrai, 2012.
J-H Lorenzi et M. Berrebi, Un monde de violences. L'économie
mondiale 2015-2030, Eyrolles, 2014
Méthode de travail retenue :
- Un cours magistral mis en ligne ;
-
Des exposés sur des thèmes liés au cours
magistral;
- La note d’examen est une note de contrôle
continu basée sur l’évaluation de l’exposé + une
note d’interrogation écrite de fin de cours (QCM
+ quelques questions sur le cours).
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Liste des exposés liés au cours Environnement économique de
l’entreprise
§§§
- L’état actuel de la conjoncture économique internationale ;
- L’innovation dans l’Union européenne : une analyse comparative;
- La fiscalité et l’entreprise dans l’Union européenne ;
- La TVA de l’entreprise en trafic intra-communautaire ;
- Du Cice au Pacte de responsabilité en France ;
- Le dumping social dans l’Union européenne ;
- Les stratégies d’entrée des firmes sur les marchés internationaux ;
- Les techniques de financement des opérations internationales ;
- Le risque dans les activités internationales de la firme ;
- Les organisations de couverture du risque ;
- Le risque de change : les opérations de couverture ;
- La prise en compte de la contrainte sociale par la firme ;
- La contrainte environnementale de la firme ;
- Appellations d'origine, indications géographiques et OMC ;
- Note de lecture sur «J-H Lorenzi et M. Berrebi, Un monde de
violences. L'économie mondiale 2015-2030, Eyrolles, 2014».
INTRODUCTION
Le contexte commercial international
Les économistes de l'OMC indiquent que
la croissance en volume du commerce
mondial des marchandises
s'accélérera
légèrement au cours des deux prochaines
années, passant de 2,8% en 2014 à 3,3% en
2015, puis à 4,0% en 2016.
La croissance du commerce restera donc
inférieure à la moyenne annuelle de 5,1%
enregistrée depuis 1990.
Croissance du commerce mondial des marchandises et du PIB, en volume,
2007-2016 (variation annuelle en %)
Croissance du PIB et du volume du commerce des marchandises, en termes réels par
région 2011-2013
Variation annuelle en %
L’OMC indique qu’il existe de nombreux risques de
dégradation par rapport aux prévisions :
- les tensions géopolitiques :
- les politiques monétaires divergentes (QE aux Etats-Unis
puis en Europe);
- les fluctuations des taux de change (dollar, euro puis yuan);
- le ralentissement de la croissance des économies
émergentes.
En termes de structure des échanges, le trafic de
marchandises est prépondérant dans le commerce international /
celui des services dont la croissance se poursuit (part de 16% à
environ 20 % de 1984 à aujourd’hui).
La nature des échanges de services s’est modifiée puisque
la part du transport international et des voyages (respectivement
24% et 26%) dans le commerce mondial de services a baissé au
profit des autres services (50%) dont les services informatiques et
financiers avec les taux de croissance les plus élevés.
REMARQUE
Pour la France, un affaiblissement économique durable apparaît
plausible dans un contexte de détérioration de sa balance des transactions
courantes.
Beaucoup
d’indicateurs
(existence de handicaps
économiques
évoluent
défavorablement
structurels, notamment des déficits jumeaux
permanents). En positif indiquons la diversification de la spécialisation
économique internationale de la France et l’existence d’un fort taux
d’épargne des ménages (16,8 % de leurs revenus en 2011).
Quels sont les indicateurs ou critères défavorables ? :
- le déficit public (le déficit public de la France  4,3 % du PIB en
2013, soit plus que l'objectif de 4,1 % prévu. Le budget pour l'année 2014
prévoyait de ramener le déficit à 3,6 % à la fin de l'année, et 2,8 % fin 2015,
objectifs qui ne seront pas atteints). Fin du 1er trimestre 2014 : dette publique
de la France = 93,6 % du PIB, soit 1985,9 milliards d’ €)  absence donc
d’épargne publique.
- le déficit chronique de la balance commerciale (71 milliards d’euros
en 2011)  absence donc d’épargne externe. Seule, l’épargne privée
(entreprises et surtout ménages) évolue favorablement.
- un modèle de croissance économique trop axé sur la consommation
(absence d’une politique de l’offre concrétisée, firmes de taille
intermédiaire en nombre insuffisant, etc).
- une insuffisante capacité d’innovation. Ex : le nombre de dépôts
de brevets triadiques (les innovations brevetées à la fois en Europe,
au Japon, et aux États-Unis). Selon l'OCDE, l'Allemagne a déposé
en 2008 plus de 70 brevets de ce type par million d'habitants,
contre moins de 40 pour la France, 27 pour le Royaume -Uni et
moins de 20 pour l'Italie et l'Espagne.
-
un appareil éducatif répondant insuffisamment aux besoins d’un
marché ouvert à l’offre internationale de main-d’œuvre (captation
d’une part significative des 57% de PIB consacrés aux dépenses
publiques !)
Ajoutons que l’internationalisation du marché du travail,
notamment due à l’«intégration» économique européenne,
peut contribuer à la détérioration des comptes sociaux (par
exemple, concurrence sociale induite par la directive sur les
travailleurs détachés, etc).
Ces handicaps structurels conduisent à une inadaptation
relative de la France à la compétition économique intraeuropéenne. Son modèle économique est non soutenable
avec une fuite en avant dans l’économie d’endettement.
Un taux de change flexible entre la France et
l’Allemagne serait-il préférable ? Le SME convenait mieux à
l’économie française que l’euro (néanmoins problème de
compétitivité-structure une nouvelle fois soulevé par le rapport
Gallois).
Dans ce contexte économique dégradé, marqué
par une hausse de l’endettement public, la France 
conditions d’emprunt favorables sur les marchés
financiers internationaux (taux d’intérêt légèrement
négatifs pour des emprunts jusqu’à une échéance de 2
ans, 1,25% pour une échéance de 10 ans le 4/09/
2014, 0,63 % le 27/1/2015 (Grèce, environ 9% le
27/01/2015).
Soulignons que la zone euro est confrontée à un
risque de trappe à liquidités.
Ce risque se
concrétise en réalité car :
- les marchés financiers fortement pourvus en
liquidités
mais
- existence d’une défiance des banques entre elles
et envers l’industrie financière  marché
interbancaire peu dynamique
et méfiance des
banques envers les secteurs productifs (notamment
industriels)  activités risquées et moins rentables
 credit crunch préjudiciable aux entreprises.
Cette situation  absence d’efficacité de la
politique monétaire sur la croissance économique
la BCE ne peut donc agir seule sur la
croissance économique.
(Succès mitigé à ce jour du TLTRO -Targeted
Long Term Refinancing Operations ou opérations
de refinancement ciblées à long-terme-, un
système de prêt à LT (4 ans) de la BCE aux
banques européennes, activé fin 2014).
La BCE vise à relancer ainsi les prêts aux PME de
la zone euro en fournissant aux banques jusqu'à 1.000
milliards d'euros de liquidités.
Capacité d’emprunt des banques : 7% de leurs
encours de prêts au secteur non financier - en excluant
les ménages et les prêts immobiliers-, soit 400
milliards d'euros).
Le jeudi 18 septembre 2014, seules 255/382
banques européennes avaient emprunté pour 82,6
milliards d’euros !!!
Le TLTRO ne semble pas permettre de relancer le
crédit, particulièrement dans le sud de la zone euro. En
fait, l'accès à la liquidité pour les banques n'est pas un
problème majeur, sauf pour certaines banques en Grèce
ou à Chypre qui n'ont plus accès au marché.
La politique monétaire de la BCE ne peut seule
assurer le retour à la croissance économique dans la zone
euro (A. Merkel  refus de relancer l’investissement public
dans l’UE, sept. 2014). La relance de la croissance
économique dans la zone euro a conduit la BCE à prendre
de nouvelles dispositions :
Au début novembre 2014, achats d’ABS (asset-backed securities,
crédits titrisés soit des prêts bancaires agrégés en paquets) et en
janvier 2015, lancement d’un programme de Quantitative Easing
(QE) de mars 2015 à septembre 2016, achats d’actifs de 60
milliards d’ € chaque mois répartis en dette publique et en dette privée
(plus de 1100 milliards d’ € de liquidités supplémentaires).
La BCE (et à travers elle, l’Union européenne) apporte une
réponse exclusivement monétaire à un problème qui ne l’est pas !!!
Pour soutenir l’économie réelle  plan
d’investissement Juncker de décembre 2014. L‘UE
apporte 21 milliards d’ € dans un fonds d'investissement.
Secteur privé et Etats y participent en espérant un effet de
levier de 15, portant le fonds à 315 milliards d’€.
Ce fonds participe au financement de projets pour
20% et le montant total des projets pouvant ainsi être
aidés environ 1350 milliards d’ €.
(scénario mécanique et optimiste car le problème de l’UE
 opportunités d’investissements productifs rentables).
Analysons maintenant les données les plus
récentes du commerce mondial, notamment
en
termes de chaînes de valeur.
Section 1 - Une analyse du commerce international
en termes de chaînes de valeur mondiales
La fragmentation de la production mondiale
n’est pas un phénomène nouveau, mais a pris de
l’importance avec le temps.
Elle résulte des innovations technologiques
dans les communications et les transports, qui ont
réduit les coûts de coordination, permettant aux
pays de se spécialiser dans certaines tâches ou
certains composants, au lieu de fabriquer
intégralement le produit final.
A - La mesure de la participation aux CVM
Les chaînes de valeur mondiales (CVM) donnent aux
pays la possibilité de s’intégrer dans l’économie mondiale à un
coût moindre en ne produisant que certains composants ou en ne
réalisant que certaines tâches au lieu de fabriquer intégralement
un produit final.
Dans un premier temps, l’intégration dans les CVM  un
déplacement de l’emploi de l’agriculture vers l’industrie et les
services, créant une hausse de la productivité. Lorsque la
capacité de production d’un pays se hisse aux niveaux mondiaux
en qualité et efficacité, le transfert de technologies et de savoirs –
facilité par l’IDE – aide ce pays à dépasser ce seuil initial de
croissance. Plus tard, le passage à des tâches à plus grande
valeur ajoutée à l’intérieur d’une CVM constitue un moteur du
développement.
Les importations mondiales de pièces et de composants n’ont cessé
d’augmenter au cours des dernières décennies.
Importations de pièces et composants par groupe de pays , 1996-2012
(en milliards de $)
En 25 ans, la part du commerce des pièces et
composants entre pays en développement a
quadruplé. Plus de 50% des exportations des pays
en développement, en termes de valeur ajoutée,
sont effectuées dans le cadre des CVM.
Les services jouent un
représentent plus du quart des
pays en développement, qui
sources et des destinataires
investissements directs étrangers.
rôle central et
exportations des
deviennent des
importants, des
Les économies développées ont représenté près des 2/3 des
importations mondiales d’intrants intermédiaires en 1996, mais moins de
50% en 2012. Ce recul s’explique principalement par l’augmentation des
importations de pièces et de composants des pays en développement du G20, augmentation tirée par la Chine, dont la part a presque quintuplé,
passant de 3% en 1996 à plus de 15% en 2012.
La part des importations de pièces et de composants des PMA dans
les importations mondiales d’intrants intermédiaires est négligeable.
Les économies en développement (Chine comprise) sont aussi de plus
en plus une destination et une source d’investissements étrangers directs
(IDE). Elles ont absorbé plus de la moitié des IDE entrants en 2012, contre
moins de 20% en 2000.
Les IDE provenant des pays en développement, en particulier des
économies émergentes, ont également beaucoup augmenté dans les années
2000. La part des IDE sortants des pays en développement est passée de
7% à la fin des années 1980 à 34% en 2012.
Mais les données du commerce international brut sont
faussées par le double comptage de la valeur des biens
intermédiaires dans les transactions internationales.
Un exemple le montre clairement
Soit un monde composé de 3 pays, A, B et C.
Le pays A exporte vers le pays B des produits
intermédiaires d’une valeur de 100 ; le pays B transforme ces
produits intermédiaires et exporte le produit final d’une valeur
de 110 vers le pays C. La valeur totale brute du commerce
entre ces pays est égale à 210.
Mais la valeur ajoutée n’est que de 110.
En fait, le pays A a généré 100 unités de valeur ajoutée,
alors que le pays B n’en a généré que 10, soit la différence entre
la valeur du produit final (110) et la valeur des intrants (100)
utilisés dans la production.
Les mesures traditionnelles montreraient aussi que le
pays C a un déficit commercial de 110 avec le pays B et ne
commerce pas du tout avec le pays A. Si on mesure plutôt la
teneur en valeur ajoutée, le déficit commercial du pays C avec
le pays B est ramené à 10 et est égal à 100 avec le pays A.
Pour pallier la difficulté du double comptage, on peut évaluer le
degré d’intégration des pays et des industries dans les CVM en calculant un
indice de participation basé sur une nouvelle mesure du commerce en
termes de valeur ajoutée.
Les travaux sur le commerce en valeur ajoutée reposent sur la
notion de spécialisation verticale (Hummels et al., 2001), définie comme «la
valeur des biens intermédiaires importés incorporés dans les exportations
d’un pays», c’-à-d la teneur des exportations en produits importés (mesure ne
reflétant que partiellement la participation aux CVM car ne tenant pas compte
de la production qui n’utilisent pas d’intrants étrangers).
Koopman et al. (2010) proposent un indice de
participation aux CVM qui prend en compte la teneur des
exportations en produits importés (participation en amont) et la
valeur ajoutée locale incorporée sous forme d’intrants
intermédiaires dans les exportations brutes d’un pays
(participation en aval).
L’indice de participation est la somme de la valeur
ajoutée étrangère incorporée dans les exportations d’un pays et
de la valeur ajoutée domestique exportée (c’est-à-dire la valeur
des intrants produits localement et utilisés dans les exportations
du pays), exprimée en pourcentage des exportations brutes.
Cet indice rend compte de la participation en amont et en
aval aux CVM (calcul à partir de la base de données TiVA).
Le graphique présente différents éléments de
valeur ajoutée des X brutes.
La ligne continue noire représente la valeur
créée localement dans le pays A, qui est, en Représentation graphique des éléments de
valeur ajoutée des exportations brutes
fait, consommée directement dans le pays B.
La flèche continue verte (du pays A au pays
C) est la valeur créée dans le pays A et
incorporée dans les produits exportés de A à
B, où ils sont transformés et exportés vers le
pays C. Il s’agit de la valeur ajoutée nationale
du pays A exportée indirectement vers le
pays C.
La flèche bleue (continue et en pointillé) est la
valeur ajoutée nationale du pays A qui est
exportée
puis
réimportée
dans
les
marchandises venant du pays B.
La flèche verte en pointillé est la valeur
ajoutée étrangère incorporée dans les X du
pays A. Elle mesure la valeur des X du pays A
vers le pays B provenant d’un pays tiers (une
partie peut revenir au pays C). Elle reflète
donc la teneur des X en produits importés.
L’indice de participation ne prend pas en compte la valeur ajoutée
exportée qui retourne dans le pays qui l’a produite.
B - L’analyse des CVM dans les faits
La participation de tous les pays aux CVM est plus élevée
lorsqu’elle est mesurée en valeur ajoutée que lorsqu’elle est
mesurée sur la base du commerce des pièces et composants et
elle représente près de 49% des X brutes totales.
La participation des pays en développement aux CVM est
un peu plus importante: 51% des X brutes de ces pays en 2009
sont liées à leur participation aux réseaux de production
internationaux.
En outre, l’importance des CVM a légèrement augmenté
depuis le milieu des années 1990.
Indice de participation aux CVM, 1995 et 2008
(Pourcentage de participation)
En 2008, les trois économies participant le plus aux chaînes
d’approvisionnement étaient des économies en développement: Taipei chinois,
Singapour et Philippines, alors qu’en 1995, le classement indiquait : Singapour,
Malaisie, Hong Kong et Chine.
Si la valeur attribuée aux grandes économies (États-Unis, Chine et Inde)
est relativement faible, c’est peut-être parce que leur taille leur permet de
produire localement une plus large gamme de biens intermédiaires, de telle sorte
qu’ils en importent moins. En outre, leur production nationale peut être axée sur
des produits finis, ce qui signifie que leur participation en aval à la CVM est
moindre.
Notons que les chaînes d’approvisionnement sont souvent
considérées d’un point de vue Nord-Sud. Les données
indiquent cependant que les CVM entre pays en
développement (hors PMA) ont pris beaucoup d’importance. La
part du commerce des pièces et des composants entre les pays
en développement est passée de 6% en 1988 à près de 25%
en 2013.
Cette augmentation n’est pas due à un recul des chaînes
de valeur entre pays développés et pays en développement. En
effet, la part des échanges de biens intermédiaires entre pays
développés et pays en développement a augmenté, passant de
30% à 40% pendant la même période. Par contre, le commerce
des pièces et des composants entre les pays développés a
diminué de près de moitié.
On peut aussi souligner deux spécificités
des chaînes de valeur mondiales :
- l’existence d’une courbe du sourire ;
- l’accroissement du rôle joué par les services.
- La « courbe du sourire » (graphique ciaprès) décrit un phénomène empirique général, à
savoir
que
conception)
les
et
(commercialisation
activités
d’amont
(R-D
les
activités
et
distribution)
et
d’aval
sont
caractérisées par une plus grande valeur ajoutée.
La courbe du sourire
-
le rôle des services dans les CVM. L’utilisation accrue des
services dans l’activité manufacturière, aussi bien dans les
processus de production que dans la vente, a été qualifiée de
« servicification » du secteur manufacturier (Low, 2013).
En d’autres termes, les services sont souvent intégrés
aux marchandises et entrent indirectement dans le commerce
en tant qu’intrants intermédiaires pour la production de
marchandises.
Exemples de services fournis le long de la chaîne de valeur
dans le secteur manufacturier
Teneur des exportations de produits manufacturés en valeur ajoutée liée aux
services, 1995 et 2008
(En pourcentage)
Examinons le rôle des services dans la chaîne de valeur du tourisme
dans des pays en développement.
Elle comprend les services relatifs à l’organisation des voyages qui
font souvent intervenir des agents de voyage et des voyagistes internationaux
et comprennent des services de transport internationaux et divers services et
produits fournis dans le pays de destination.
En outre, le tourisme profite indirectement à l’économie nationale en
contribuant au développement d’autres secteurs tels l’agriculture (fourniture de
produits alimentaires aux établissements hôteliers, etc), la construction, les
communications, les services publics de distribution (fourniture d’électricité et
d’eau aux hôtels) et l’organisation de conférences et de manifestations.
La demande de ces services, dont certains sont intensifs en maind’œuvre, crée des possibilités d’emploi supplémentaires, en particulier pour les
travailleurs semi-qualifiés des zones rurales des PMA.
Chaîne de valeur simplifiée dans le secteur du tourisme
Parmi les PMA, le Cambodge, la Tanzanie et l’Ouganda sont les
premiers exportateurs de services touristiques avec, respectivement, 15%,
14% et 9% des exportations de services de voyages des PMA. De plus, les
recettes touristiques sont particulièrement importantes pour de nombreux
petits pays insulaires ACP, comme le Vanuatu et les îles Samoa. Par ex., le
tourisme a joué un rôle important dans le retrait du Cap Vert et des
Maldives de la liste des PMA, respectivement en 2007 et 2011.
Outre les Maldives, de nombreuses petites économies vulnérables
reposent sur le tourisme, comme les îles Fidji, la Grenade, le Honduras, la
Jamaïque, le Nicaragua, la Rép. dominicaine et de nombreuses petites îles
des Caraïbes et des petites Antilles.
Les PMA à vocation touristique ont tenté de mesurer la contribution
de différents facteurs de la chaîne de valeur du tourisme. Par exemple,
en Tanzanie, l’hébergement hôtelier représentait 25,3% du total des
dépenses des touristes en 2010, suivi par le commerce de détail
(17,8%) et la nourriture et les boissons (16,8%). L’alpinisme représentait
13,5% des dépenses.
En Ouganda, une enquête auprès des touristes quittant le pays a
montré qu’en 2011, l’hébergement était la principale catégorie de
dépenses (44%), suivie par les souvenirs (16%), la nourriture et les
boissons (15%), les transports (12%) et les excursions (8%).
Christian et al. (2011) ont identifié quatre façons pour les pays de
s’élever dans la chaîne de valeur du tourisme :
- Premièrement, chercher à attirer des IED pour agrandir et moderniser
les hôtels ;
- Deuxièmement, les voyagistes peuvent améliorer fonctionnellement
leurs services pour devenir des organisateurs locaux ou nationaux via une
agence réceptive.
- Troisièmement, les technologies de l’information permettent la
commercialisation via Internet et l’utilisation des systèmes de réservations
en ligne.
- Enfin, les pays peuvent offrir une plus large gamme de produits
touristiques, comme l’écotourisme, le tourisme culturel ou les séjours
balnéaires.
La participation aux CVM peut comporter des risques. Par ex., elle peut faciliter l’industrialisation,
mais l’avantage compétitif peut devenir plus éphémère, ce qui accroît la vulnérabilité à la délocalisation
des entreprises.
On notera aussi l’existence d’obstacles à la participation des PED aux chaînes de valeur. Ainsi, tant
les fournisseurs que les entreprises chefs de file considèrent que les coûts de transport et les retards,
ainsi que les procédures douanières constituent des obstacles majeurs au commerce. Ces deux
problèmes semblent passer avant les droits d’importation et les prescriptions en matière de licences, qui
n’en demeurent pas moins des obstacles importants.
Remarque
A la suite de l’accord de l’OMC de Marrakech (1994)  décennies 2000 et 2010 
polarisation économique de l’activité et des échanges autour de la Triade : Asie – Europe –
Amérique du Nord. Le poids commercial des partenaires à l’accord est donné par le
graphique ci-après :
Classement des économies en fonction du commerce des marchandises en 2012.
Source : OMC
Conclusion : on est en présence d’un paradigme productif
mondial peu évolutif, polarisé géographiquement, aux
innovations mineures, peu créateur d’emplois.
1 – Des économies stationnaires à terme (sauf BRICS à CT
 mais fin des taux de croissance économique à deux
chiffres).
2 - Les nouvelles zones de libre-échange  peu de gains 
la faible croissance voire la stagnation économique tend à s’y
développer.
Une dynamique de commerce international peut aussi être
impulsée à un niveau régionalisé : c’est la vocation du PTCI
en cours de négociation.
Section 2 - L’émergence d’une négociation
commerciale régionalisée : l’exemple du partenariat
transatlantique
(PTCI)
pour le commerce et l’investissement
L’analyse ci-dessous indiquera que :
- le PTCI  accord de portée économique limitée
(vigilance sectorielle  Agriculture et alimentation);
- les inquiétudes exprimées : mandat de la
négociation adopté en juin 2013 (texte assez général)
+ négociation discrète voire secrète  alimentation
de scénarios divers , notamment catastrophes.
Mais en définitive, ce qui est surtout en cause la
modalité de négociation européenne (article 207
TFUE)
- la négociation est difficile mais organisée 
échec possible sur les points sensibles (prise en
compte des inefficiences de l’Alena);
- des problèmes plus graves ailleurs  processus
intégrateur interne de l’UE (dumping fiscal, social de la directive Bolkestein à la directive travailleurs détachés-, zone euro en
crises, inefficiences des accords de Schengen,
consommateurs oubliés en tant que salariés, etc)

Europe
intégrée
juridiquement
mais
relativement désintégrée économiquement.
Une précision
- Existence d’un Traité similaire négocié avec difficulté sur le point d’
être conclu: le partenariat Trans-Pacifique (TPP)  zone de libre échange
(40% du PIB mondial et 26 % du commerce mondial) entre 12 pays des
deux rives du Pacifique. Le TPP couvre tous les domaines : services,
matières premières, investissements, droits de la propriété intellectuelle
(tabac exclu de l’accord  risque de poursuite d’un Etat par une firme de
l’industrie du tabac).
- Existence du PEGR (Partenariat économique global régional) comprend dix
membres de l'ASEAN, la Chine, le Japon, la République de Corée, l'Inde, la
Nouvelle-Zélande et l'Australie.
 tous ces accords ou projets d’accord  révélateur
des limites aujourd’hui de la négociation multilatérale au sein
de l’OMC.
Trois points de l’analyse :
- le contexte économique bilatéral dans lequel
prend place cet accord de libre-échange de
portée globale limitée.
- l’évolution du cadre réglementaire de l’accord et
ses effets attendus (difficiles à mesurer);
- les inquiétudes soulevées, inégalement fondées
et en deçà des inefficiences de la construction
européenne elle-même.
A- Le poids commercial des partenaires à l’accord
En 2012, l’UE à 27  stock d’IDE de 5.207 milliards
d’euros et stocks détenus par le reste du monde dans l’UE de
3.947 milliards d’euros.
Les principaux partenaires de détention de stocks d’IDE
par l’UE : Etats-Unis (32% du total des stocks d’IDE de l’UE
dans le reste du monde), Suisse (13%), Canada (5%) et
Brésil (5%).
Pour les stocks d’IDE détenus par le RDM dans l’UE,
les principaux investisseurs : Etats-Unis (39%), Suisse (13%),
Japon (4%) et Canada (4%).
Source : Eurostat
Les échanges sectoriels UE - EU
B - L’évolution du cadre réglementaire du PTCI et ses
effets attendus
En juillet 2013, les États-Unis et l’UE  négociation d’un
Partenariat
transatlantique
pour
le
commerce
et
l’investissement.
Un constat : faible niveau de la protection tarifaire
réciproque. La libéralisation commerciale  réduction surtout
des BNT qui restent élevées.
Leur suppression  le commerce bilatéral pourrait s’en
trouver augmenté de moitié (Cepii).
Le PTCI  négociations débutées le 8 juillet
2013 et censées s’achever en novembre 2014
mais toujours en cours)
 moyen pour l’UE et les États-Unis
de conserver un rôle leader dans un commerce
mondial dont le centre de gravité bascule
rapidement vers l’Asie.
1- Le cadre réglementaire des échanges et son
évolution
Droits de douane : niveau en 2010 en
moyenne de 2,2 % sur les produits européens
importés par les États- Unis et 3,3 % sur les
produits étatsuniens importés par l’UE.
Les négociations  suppression rapide des
obstacles aux échanges, sauf pour les "produits
sensibles", essentiellement agricoles.
.
Les produits sensibles
Du côté américain, les produits laitiers : la protection
moyenne élevée (22 %, dont 40 % pour les yaourts, 33 %
sur le fromage frais non affiné ou 31 % sur le lait en
poudre) : offre européenne compétitive.
Protection significative pour textile et habillement, avec
des protections moyennes > souvent 10 %, et pour certains
produits sidérurgiques.
Du côté UE, protection élevée de produits agricoles
(13% en moyenne).
Protection significative de la viande avec des droits
moyens de 45 % : offre américaine très compétitive,
représentant presque 20 % des exportations mondiales.
La viande bovine est la plus concernée, avec des droits élevés,
par exemple, 146 % pour les abats comestibles congelés, 97 % pour
la viande désossée congelée ou 75 % pour la viande désossée fraîche.
Pour d’autres secteurs protégés (produits laitiers, minoterie, sucre),
la position concurrentielle américaine est moins forte.
Dans le secteur manufacturier, protection modérée pour la plupart
des produits : produits de l’habillement (moyenne de droits > 11 %),
chaussures (9 %),
équipements de transports (droit de douane de
10% sur la plupart des automobiles).
Ce sont surtout les BNT au cœur des négociations
(normes sanitaires et techniques). But des normes
sanitaires: sécurité, santé ou encore information des
consommateurs en définissant ou certifiant certaines
caractéristiques des produits
(volonté de freiner les
échanges non démontrées).
Les normes sont un obstacle au commerce si elles
diffèrent entre partenaires commerciaux ou si elles sont plus
exigeantes que les normes internationales. Pour les normes
techniques, des progrès réalisables par la reconnaissance
mutuelle (difficultés de mise en pratique toutefois).
L’accord entre les États- Unis et l’UE signé dans ce
domaine en 1998  reconnaissance des organismes de
certification.
Un producteur européen exportant aux États-Unis  se
conformer aux normes américaines, différentes des siennes ;
l’accord permettait seulement d’obtenir la certification de
conformité auprès d’un organisme européen accrédité.
Dans le cadre du PTCI, progrès possible: améliorer la
couverture et le fonctionnement de l’accord existant ou aller
vers une véritable reconnaissance mutuelle des normes (et
pas seulement des organismes de certification).
Exemple : souhait des fabricants automobiles pour les
ceintures de sécurité ou autres composants des véhicules.
PROBLEME
La reconnaissance mutuelle est difficile s’agissant des
mesures sanitaires et phytosanitaires (normes reflétant
souvent des préférences collectives).
Or la perception des risques est très différente de part et
d’autre de l’Atlantique : résistance des Européens aux OGM
mais les Américains se méfient du fromage au lait cru...
Autres exemples : poulet rincé aux solutions chlorées,
bœuf aux hormones ou porc nourri à la ractopamine.
Pour évaluer l’ampleur des BNT aux échanges,
on calcule leur équivalent tarifaire.
Plusieurs estimations existent: en moyenne, les
BNT limitent les échanges commerciaux comme un
droit de douane de 48% à l’entrée dans l’UE et de 51
% aux États-Unis pour les produits agricoles ; de,
respectivement, 43 % et 32 % pour les produits
manufacturés ; de 32 % et 47 % dans les services.
Ces équivalents tarifaires sont donc élevés
Il est clair que si États-Unis et UE adoptent des
normes et règles communes (faible probabilité) 
devenir des références dans le commerce
international et les négociations concernées.
Quels sont les autres dossiers importants ?
Quatre autres dossiers sont objet significatif de négociations :
- Les marchés publics.
Les États-Unis et l’UE signataires de l’accord de l’OMC sur les marchés
publics (révisé en 2012)  procédures transparentes et non discriminatoires
pour les achats (> un certain montant) des entités publiques de l’accord.
Selon la CE, 95 % des achats publics européens couverts par ces
engagements contre 32 % seulement pour les États-Unis (couverture des
engagements plus limitée aux États-Unis et ne concerne que 37 États).
L’extension des engagements américains  enjeu de négociation important
pour l’UE dans le matériel de transport, la distribution d’énergie, les
médicaments ou les travaux publics.
- Les indications d’origine géographique  l’UE
attend beaucoup de l’ accord. En effet, même si
l’ADPIC inclut des clauses pour protéger l’utilisation
de ces indications, les pratiques aux États-Unis
restent en-deçà de celles de l’UE. Un grand nombre
de normes se référant à des zones géographiques
européennes y sont considérés comme génériques, et
à ce titre ne peuvent être protégés. Un accord 
meilleure protection pour l’UE.
- Les services. Les différences de régulation – y
compris celles existant entre pays membres de l’UE et
entre États des États- Unis – peuvent entraver les
échanges de services. Le but est d’améliorer la
compatibilité des pratiques, dans la finance et
l’assurance , le transport maritime et aérien, etc.
- L’investissement direct, source d’enjeux importants :
le capital détenu sous cette forme par chaque partenaire
dans le territoire de l’autre est selon Eurostat, de l’ordre de 1
200 milliards d’euros en 2010.
Le Groupe de travail de haut niveau sur l’opportunité
de l’accord transatlantique a recommandé  des clauses de
libéralisation et des normes de protection de l’investissement
calquées sur les plus hauts niveaux de libéralisation et de
protection inclus dans d’autres accords déjà négociés par
l’une et l’autre parties.
 Problème en ce qui concerne les procédures
d’arbitrage investisseur-État, (protection des investisseurs
contre des mesures discriminatoires ou d’expropriation non
compensées, et garantie d’un "traitement juste et équitable".
L’arbitrage ne relèverait pas des systèmes judiciaires
nationaux.
2 – L’impact de l’accord : un commerce bilatéral
augmenté de moitié ?
De nombreux aspects d’un accord
aussi vaste et ambitieux que le PTCI
se prêtent mal à une quantification
(BNT).
Les estimations de l’impact du PTCI sur l’économie européenne varient
entre 0,1 et 0,6 point de PIB, soit 20 à 120 milliards d’euros par an. Pour un
ménage avec deux enfants, le gain indiqué par la Commission européenne
pourrait dépasser 500 euros par an.
Le scénario le plus optimiste (0,5 point de PIB) est avancé par le
Centre for Economic Policy Research (CEPR) de Londres, un institut de
recherche indépendant.
Les secteurs qui profiteraient le plus de l’accord : le secteur
automobile (avec des exportations en hausse de 40%), la métallurgie
(+12%), l’agroalimentaire et la chimie (+9%).
L’impact serait nul, voire négatif, dans d’autres secteurs comme
l’agriculture.
Mais ces projections optimistes sont à considérer avec
prudence. Clive George, économiste et professeur à Bruges, a relativisé
ces évaluations économétriques

le gain attendu n’est pas immédiat : dans le scénario du CEPR, on
aboutit au surplus promis de 0,5-0,6 point au bout de 10 ans seulement.
Autrement dit, le surcroît annuel de croissance n’est que de
0.05 - 0.06 point par an pendant 10 ans dans le plus optimiste des
scénarios.
Dans le scénario « réaliste », le gain n’est que de 0,01 point par
an. Conclusion de l’économiste : «C’est insignifiant, et la Commission
européenne le sait. »
Une étude récente du CEPII a étudié cette
question  modèle mondial MIRAGE du CEPII
sous les hypothèses suivantes :
- suppression totale des barrières tarifaires ;
- diminution d’un quart des obstacles aux
échanges de biens et services induits par les BNT.
RÉSULTATS :
 augmentation de 50 % des échanges
bilatéraux de biens et de services.
. Pour les produits agricoles (barrières les plus
élevées), hausse de 150 %, du côté des exportations
européennes (produits laitiers), et de 170 % du côté
américain (fibres textiles naturelles, viande et, dans
une moindre mesure, céréales et fruits et légumes).
En termes absolus, les gains commerciaux des
États-Unis sont, dans ce domaine, deux fois et demie
plus élevés que ceux de l’UE.
L’impact commercial est plus équilibré dans l’industrie, où la
hausse des exportations bilatérales atteint 66 % en moyenne pour
les États-Unis (chimie) et 62 % pour l’UE (machines, chimie et
équipements de transport pour l’essentiel).
Quant aux services, l’augmentation des exportations bilatérales y
est presque 2 fois plus élevée pour l’UE (24 %) que pour les ÉtatsUnis (14 %). Les secteurs de l’assurance, des services aux
entreprises et de la finance  secteurs les plus bénéficiaires.
Les effets de détournement de trafic
resteraient modestes, ne dépassant pas 3% au
niveau des grands secteurs et des grandes
zones.
NB : les échanges entre membres de
l’UE diminuent dans l’agriculture et l’industrie,
mais augmentent dans les services du fait de
la plus grande ouverture intra-européenne
induite par l’accord.
Au total, l’impact de l’accord sur l’ensemble
des échanges extérieurs des partenaires est non
négligeable sans être important :
les
exportations
des
États-Unis
augmenteraient de 10 %, celles de l’UE de 8 %.
MAIS une simulation à partir de la seule
élimination des droits de douane  résultat plus
faible  environ 80 % de la progression des
échanges proviennent de l’élimination des BNT.
Pour les pays de l’UE, les gains sont hétérogènes.
La hausse des exportations est la plus forte pour le RU  forte
orientation commerciale vers les États-Unis et spécialisation du
pays dans les services.
Les exportations industrielles allemandes augmentent
relativement moins que les françaises (+ 2,0 % et + 2,9 %,
respectivement) ; dans ces 2 pays, les exportations augmentent
proportionnellement plus dans les services.
C’est dans l’agriculture que les impacts sur les exportations
sont les plus contrastés, avec une baisse de celles de la France (–
0,3 %) et de l’Allemagne (– 2,6 %), tandis que celles des pays de
l’élargissement augmentent sensiblement (+ 4,2 %).
Pour les EU et l’UE, à long terme, l’accord
accroîtrait le PIB et le revenu réel de l’ordre de 0,3
% ; ces chiffres sont comparables mais légèrement
inférieurs à ceux de l’étude réalisée pour la
Commission
européenne
en
mars
2013
(respectivement + 0,5 % et + 0,4 %).
Relativement au PIB, les gains seraient deux
fois plus importants pour l’Allemagne et le RU que
pour la France.
Pour la France :
L’accord  essor des échanges, notamment dans les IAA. Les
flux entre la France et les États-Unis montrent l’importance du
commerce de produits relevant des mêmes branches d’activité,
notamment l’aéronautique, la chimie ou la pharmacie. Dans ces
branches (marchés déjà bien intégrés), l’impact de l’ accord est sans
doute limité. Au regard de la spécialisation française, l’impact de la
libéralisation serait assez faible dans l’automobile, mais plus
conséquent dans les IAA (Ministère français du commerce extérieur).
Principaux produits échangés entre la France et
les EU en 2012 (en % du total)
L’ordre
de
grandeur
des
envisageables justifie-t-il cette négociation ?
gains
Modestes au niveau agrégé, les gains sont
plus substantiels pour certains secteurs, ce qui
explique les soutiens sectoriels de l’entreprise
privée à cette initiative.
3 - Quelles inquiétudes face à un accord dont le contenu n’est pas
encore déterminé ?
Plusieurs craintes s’expriment en direction de ce projet de partenariat :
- le PTCI peut fragiliser les protections de l’environnement
et du consommateur. Le Partenariat

aggravation d’une situation européenne déjà non optimale
en matière de protection des consommateurs.
L’harmonisation des normes règlementaires risque de se faire « par le
bas »  pressions  exporter vers l’Europe les produits OGM, du
bœuf aux hormones ou de la volaille nettoyée au chlore. Attac cite le
cas de la ractopamine, un activateur de croissance
pour
les
bovins, utilisé aux Etats-Unis et interdit dans l’UE.
Dans cette négociation, le partenaire ayant les règlementations les plus
protectrices risque de perdre le plus, en l’occurrence l’UE et pas les Etats-Unis.
- le Partenariat
peut entraîner des pertes sectorielles
d’emploi
Certains droits de douane, notamment dans l’agriculture, sont
très élevés. C’est le cas, en Europe, des droits prélevés sur les
carcasses de viande bovine congelée. Leur réduction substantielle 
des destructions d’emploi dans ces secteurs.
Plus globalement, du fait des politiques monétaires conduites
dans l’UE et aux Etats-Unis (euro fort et dollar faible)  les échanges
commerciaux pourraient profiter plus aux seconds qu’à la première.
- le PTCI peut renforcer le pouvoir des multinationales
face aux démocraties (recours contre des mesures
publiques d’intérêt général)
Le projet d’accord  volet consacré à la « protection des investisseurs ». 
leur donner certaines garanties : ils ne peuvent pas être expropriés, ils ne peuvent
pas être traités de façon discriminatoire, etc.
Dans le cadre de l’Alena, le groupe américain Lone Pine s’est servi du
mécanisme de règlement des différents pour réclamer au Québec 180 millions
d’euros de dédommagement pour le préjudice causé selon lui par l’instauration d’un
moratoire sur la fracturation hydraulique (exploitation des gaz de schiste).
Pour les opposants au PTCI, ce qu’un Etat décide démocratiquement ne doit
pas faire l’objet de telles poursuites.
De ce fait, Karel de Gucht  consultation
publique de 3 mois fin 2014 (sans que l’on sache
sa finalité) sur le volet protection des
investissements du projet de partenariat,
notamment l’insertion d'un mécanisme de
règlement des différends Etat –investisseur.
Il s’agit d’un recours à un arbitrage
international privé contre les politiques publiques
d’Etats, entravant les activités d’entreprises.
Un bref extrait de cette consultation publique
(conçue en premier lieu pour les firmes) à titre
d’illustration :
« Question 5: Garantir le droit de
réglementer
et
la
protection
des
investissements
…. Les améliorations procédurales proposées
par l’UE feront par ailleurs clairement en sorte
qu'un tribunal arbitral ne puisse pas ordonner
l'abrogation d'une mesure, mais seulement
ordonner l'indemnisation de l'investisseur…» !
En sept. 2015, la Commission européenne
a proposé qu’à la place d’un tribunal arbitral
privé intervienne une cour permanente publique,
mi - étasunienne, mi - européenne avec un
mécanisme d’appel.
Il n’est pas du tout certain que cette
proposition soit bien reçue par la délégation des
Etats-Unis en charge de la négociation du Traité.
Enfin, notons que la France
 gain de cause à
Bruxelles pour protéger dans une certaine mesure
l'exception
culturelle

exclusion
du
secteur
audiovisuel du mandat de négociations commerciales
avec
les
États-Unis
(mandat
complémentaire
pour
négocier sur ce secteur non exclu par le Conseil). Affaire à
suivre…
Conclusion
- La suppression des BNT  dossiers sensibles  succès très difficiles à
obtenir.
- L’accord sera global (et applicable à tous les niveaux administratifs)

difficulté de contestation pour tout pays de l’UE.
- Les difficultés de la négociation + pression de secteurs de l’opinion (ONG,
médias, opinions publiques) + défiance envers la Commission (J.M. Barroso, K. de
Gucht, J.-C. Junker, C. Malmström) + enseignements des élections au Parlement
européen + contestation d’un modèle libéral mal régulé retard possible dans la
conclusion de l’ accord.
§§§
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