LE SECULARISME ET LA SECULARISATION

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Sociologie et Anthropologie des cultures
arabo-islamiques
Titulaire
Mohamed Nachi
2009-2010
Ait hmad Aziz
Gonnay Melissa
1

1ère Partie: Dans le
« monde » chrétien.

2ème Partie: Dans le
« monde » musulman.


INTRODUCTION
DEFINITIONS DES
CONCEPTS
DIFFERENCES ENTRE
SECULARISME ET
LAICITE
PERSPECTIVE
HISTORIQUE DE LA
SECULARISATION DU
MODELE OCCIDENTAL
CHRETIEN

L’EMPIRE OTTOMAN ET
LE REFORMISME EN
TUNISIE
L ’INFLUENCE DU
PROTECTORAT
FRANCAIS
LE REFORMISE
TUNISIEN CHEZ
BOURGUIBA
LE RETOUR DU
RELIGIEUX

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Le sécularisme à très vite été associé à la
modernité.

La sécularisation s’est manifestée à travers le
domaine sociologique, politique mais aussi
idéologique, ces événements qui depuis la
Renaissance ont largement participés à la mise en
place de la société sécularisée :
- la philosophie antique,
- les découvertes scientifiques,
- la montée de l’individualisme,
Définition Sécularisme
Doctrine selon laquelle la religion ne doit pas avoir, ni chercher à avoir, de
pouvoir politique ou législatif. Cette doctrine prône la séparation de l'Église
et de l'État et affirme par conséquent que le pouvoir politique ne doit pas
intervenir dans les affaires propres aux institutions religieuses.
Définition sécularisation
Processus par lequel les réalités humaines s’établissent dans une autonomie
toujours plus grande par rapport aux règles et institutions de pouvoir
religieux. La sécularisation est un processus qui consiste, pour une société
donnée, à baser sa manière de fonctionner sur des raisons d'où sont
extirpées toutes les explications surnaturelles.
SÉCULARISME
Le sécularisme désigne une
désacralisation de l’ensemble
des activités humaines.
(Philosophiques, culturelles
scientifiques...). Il s’agit d’un
phénomène de civilisation.

LAÏCITÉ
La laïcité n’intervient que
lorsque la perte de la tutelle
religieuse se fait au niveau
institutionnel, au niveau de
la société civile et de tout ce
qui est en relation avec L’Etat.

Un fait subjectif, une
représentation en rapport
avec
la position du groupe social
-
Un procédé objectif et
universel.
-
Jean Baubérot
Historien et
sociologue français
spécialiste de la
sociologie des
religions et
fondateur de la
sociologie de la
laïcité.
Jean Baubérot propose une définition
des processus de sécularisation et
laïcisation.
 La sécularisation implique une relative et
progressive perte de pertinence sociale
des univers religieux par rapport à la
culture commune .
 La laïcisation, concerne avant tout la
place et le rôle social de la religion dans
le champ institutionnel, la diversification
et les mutations sociales de ce champ,
en relation avec l'État et la société civile.



La pensée religieuse a longtemps été à la
base de création d’œuvres d’arts, de
littératures, de découvertes scientifiques. Elle
a également entretenu des liens très étroits
voire fusionnels avec les pouvoirs publics mis
en place.
Tout cela va varier selon les époques.


Durant le Moyen-âge, le sacré est très
présent, à cette époque, le monothéisme
triomphe et s’insère dans la vie quotidienne,
l’éthique du catholicisme doit être suivie.
Pendant la Renaissance, les sciences tout
d’abord, ne veulent se fonder que sur la
simple pensée rationnelle.
Galileo Galilei
(1564-1642)
Physicien et astronome italien,
Célèbre pour avoir jeté les
fondements des sciences mécaniques
et pour sa défense de la conception 
copernicienne de l'univers.
L’un des exemples les plus connus est
très probablement celui de Galilée qui de
par ses observations des satellites de
Jupiter, de ses cartographies lunaires est
en total contradiction avec
l’enseignement religieux selon lequel la
terre serait le centre du monde et non le
soleil.
 Les progrès de la science ont provoqué
des conflits avec l’église qui voyait d’un
mauvais œil ses théories remise en
doute. Ce fut encore le cas plus tard
lorsque Darwin fit part de sa théorie
évolutionniste.

Les humanistes du XVe et du XVIe siècle relisent aussi
les textes anciens et ont la volonté de replacer
l’homme au centre des préoccupations ainsi que de
tenter de l’émanciper de la domination religieuse.

Malgré tous ces faits préexistants, ce n’est qu’à partir
de la fin du XIXe siècle que le processus de
sécularisation va prendre une réelle importance dans
notre société. Il s’agit de l’époque de
l’industrialisation, de l’apparition d’une économie
basée sur le profit personnel permettant au concept
d’individualisme d’éclore complètement.

La modernité  La perte du rôle social de la religion
dans une société qui fonctionne rationnellement.

Les sociétés européennes changeaient profondément
suite aux révolutions politiques, économiques avec
l’industrialisation, scientifiques, sociales et culturelles
avec le mouvement des Lumières, entrainant une
nouvelle façon de vivre en société, de nouvelles
valeurs sociales.

Le monde se détermine lui-même, il prend conscience
de sa majorité, il détermine ses propres finalités.
Peter Berger :
Directeur de l'Institute on
Culture, Religion and World 
Affairs (CURA) de la Boston
University
Selon Peter Berger, la sécularisation
provient de notre économie capitaliste
qui est régulée selon des règles
indépendantes du religieux et qui au fur
et à mesure de la diminution du pouvoir
religieux dans ce secteur va se répandre
à l’ensemble du champ d’activités
humaines.
 Le monde occidental se caractérise
désormais par une rationalisation de
l’action pratique, il y a volonté de
contrôler et de dominer la nature et les
hommes.
Max Weber parle de « désenchantement du monde »,
un monde dans lequel les actions sont de type
«rationnelles».
 Les moyens sont choisis en fonction de leur résultats
et non de leurs moralités. Les relations sociales en
deviennent alors impersonnelles, utilitaires.
 Le monde pour Weber a perdu sa foi en la « magie »,
en la croyance de l’action de Dieu dans le monde. Il n’y
est plus que question de forces physiques créant des
événements qui pourront être expliqué par l’homme.
N’étant plus qu’un pur mécanisme physique sans
intentions, le monde en devient dépourvu de sens.

Si la religion n’englobe plus le fonctionnement de la société,
comme ce fut le cas dans le temps. Cela ne signifie pas qu’elle va
disparaitre. La religion n’est plus la base fondamentale de la
connaissance, elle se voit simplement restreinte à la sphère privée.
 L’église tente aussi de vivre avec son temps. A ce sujet le Concile
Vatican II (qui débute en 1962) est considéré généralement
comme l'événement le plus marquant de l'histoire de l'Église
catholique au XXe siècle, symbolisant son ouverture au monde
moderne et à la culture contemporaine, un indice de l’acceptation
de la sécularisation croissante.
 La sécularisation a libéré l’individu du pouvoir religieux mais elle
n’a pas détaché la société de tout questionnement à l’égard du
sens commun et de son ordination à l’universel. Nos sociétés ne
sont nullement encore « sorties de la religion » : C’est pourquoi, il
faut également poser les limites de cette sécularisation et parler
du phénomène du « retour du religieux ».
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Après nous être penchés modestement sur la
notion de sécularité et de sécularisation, et après
avoir visité l’aspect occidental de la
sécularisation, nous ne pouvons pas présenter
exhaustivement le processus de la sécularisation
en Tunisie.
Notre démarche se limitera aux grandes étapes
historiques et sociales de la Tunisie, en évoquant
d’une part l’influence déterminante jouée par
l’empire Ottoman, et d’autre part, l’influence de
la France lors de son protectorat et pour finir le
régime politique sous Bourguiba.

Le Christianisme comportait en lui les conditions favorables à une
mise en forme de la laïcité, ainsi dès les origines on prenait garde,
selon la formule, “ de rendre à César ce qui appartient à César et à
Dieu ce qui est à Dieu”.

Selon certains, un tel schéma est inadéquat en Islam car le
politique et le spirituel sont censés être liés de manière
harmonieuse. Pourtant cette inadéquation ne serait qu’illusion.
Cette question relèverait plus de la terminologie que de la
théologie, car laïcité ou sécularisation se rapportent à un contexte
socio-historique bien défini, qu'il faudrait éviter de transposer afin
de rendre à l'Islam sa réalité avec les termes appropriés.

Il s’agit ici d’éclairer le public, nous ne pouvons pas, non plus,
présenter exhaustivement le processus complexe de la
sécularisation.
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La Tunisie, est le pays ou la sécularisation semble avoir été la plus
effective, sans être profonde ni générale et pleinement assurée. Ce pays
moins étendu que les autres contrées maghrébines est plus homogène,
plus urbanisé et les élites y jouaient encore un rôle important jusqu’à tout
récemment.
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En effet, les hommes religieux n’ont jamais monopolisé le pouvoir dans
l’ancienne Ifriqiya sauf pour une courte période qui n‟a duré que quarante
ans avec l’État maraboutique des Chabbia à Kairouan3 de 1534 à 1574.

Mais dès le XVIe siècle, les Turcs ottomans écartèrent autant les Chabbia
que les Hafsides et les envahisseurs espagnols, les territoires de l’Empire
engloberont4 ce que sont maintenant en Afrique, l’Égypte, la côte du
Soudan et de l’Éthiopie, la Libye, la Tunisie et l’Algérie.
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Le réformisme tunisien est à appréhender comme un
réformisme ottoman. Ainsi grâce aux pèlerinages, aux
voyages, à la presse, aux livres, aux hommes de
religion, aux agents administratifs, les débats au sein
de l’Empire, et notamment ceux développés à
Istanbul, se répercutaient dans toutes les provinces, et
notamment dans la Régence de Tunis.

Istanbul restait cependant le centre politique et
intellectuel le plus puissant, et les Tanzimat la source
première du réformisme musulman, notamment en
Tunisie.
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Au XIXe siècle, l'Empire Ottoman est « l'homme malade de l'Europe » ,
ce dernier entame un processus de modernisation afin de retrouver sa
puissance et sa prospérité d'antan.
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En 1808 avec la charte de l'Union signée entre le sultan et les chefs
féodaux et qui confirme le pouvoir de ces derniers face à l'administration
centrale. L’édit de Tanzimat proclamée en 1839 établit les principes et les
bases d‟une organisation d‟ensemble englobant toutes les institutions
de l‟Empire ottoman.
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Cette période de réformes se poursuit par la 1ère Constitution
monarchique du 23 novembre 1876. La légalité et l’égalité sont deux
principes clés de la période du Tanzimat.
-
Le premier, la légalité, servira à l’introduction de lois européennes par la
voie de la réception juridique, accompagnée de certaines institutions (un
Conseil d’État).
-
Le second , l’égalité entre les musulmans et les non-musulmans est
pratiquement devenue un principe indispensable des textes de la période de
Tanzimat.
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La domination Ottomane perdure jusqu’à la fin du XIXe
siècle. En 1881, la France lance une expédition punitive qui
débouche sur un traité de protectorat, signé en 1881.
Très rapidement, les autorités coloniales prirent conscience
de l’opportunité qu’elles pouvaient saisir de la jonction du
réformisme colonial avec le réformisme ottoman, par
l’intermédiaire de personnalités réformistes qui avaient fini
par accepter la présence française.
Même si pendant le Protectorat, la société tunisienne s'est
raidie sur la pratique religieuse par réaction à l'occupation
française, afin d'affirmer son identité culturelle, l’islam ne
constituait que marginalement un ferment idéologique ;
ainsi pendant le protectorat le paysage juridique et judiciaire
prend un autre aspect, le corpus juridique est désormais
essentiellement issu du droit positif français.
Depuis l'indépendance, et jusqu'à nos jours, la Tunisie, à l'instar
des autres pays du Maghreb, est demeurée sous influence
occidentale, tant sur le plan de l'organisation économique, sociale,
politique et juridique, que sur le plan linguistique et vestimentaire,
où “ les mœurs - c'est-à-dire le goût, le décor, l'habit, les modes
alimentaires, l'architecture - en réalité, se sont laissés envahir par
les modes de l'Occident ”.
 La rencontre des éléments de culture précoloniale, ont crée au
sein de la société tunisienne des incertitudes au niveau de la
compréhension de certains repères, révélant une certaine “
anomie
 A titre d’exemple, la suprématie linguistique et politique du
français fût souvent entretenue par ceux qui aspiraient à plus de
progrès, de liberté et de démocratie.
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Habib Bourguiba
(1903-2000)
Il met sur pied un État
moderne en tant que
président, fonction qu’il
exerce du 25 juillet 1957 à sa
destitution le
7 novembre 1987.
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LE REFORMISE TUNISIEN
CHEZ BOURGUIBA
Habib Bourguiba, grand admirateur
de Mustapha Kemal et chef du parti
du Néo-Destour, avait dans le reste
du « monde » arabe l’image trouble
d’un anticlérical.
 La vision bourguibienne d’un avenir
national se construit contre le
conservatisme
salafiste
(Le
salafisme, fait référence aux « Salaf
Salih », les pieux ancêtres)
dominant
dans
l’institution
religieuse.
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Ainsi, Bourguiba signe l’arrêt de mort du corps professionnel des
hommes de religion en rétrécissant l’espace occupé par l’institution
religieuse. Il ferme l’université créée plus de dix siècles plus tôt et met au
pas ses oulémas. L’État bourguibien impose alors un monopole total sur
la production des biens religieux.
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C’est que le « Combattant suprême », pourtant sans formation religieuse
traditionnelle, va s’improviser interprète des textes, même s’il demande
parfois au Mufti de la République, chargé officiellement par le régime de
produire des fatwas ou avis juridiques, d’acquiescer à ses interprétations.
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Bourguiba met en cause la pratique religieuse des Tunisiens et pousse à
la sécularisation de la société, sans s’inquiéter des réactions négatives
des oulémas : au début de l’année 1960, il incite les travailleurs à
renoncer au jeûne du Ramadan pour gagner « la bataille contre le sousdéveloppement ». Pour les oulémas, la négation d’un des cinq piliers de la
religion est scandaleuse.
La tentative de Bourguiba, en partie réussie, de sécularisation de
la société tunisienne, est loin d’impliquer une quelconque
marginalisation de la religion, conjuguant à la fois une régulation
étatique forte de la religiosité islamique et un transfert d’éléments
de cette dernière vers l’instance politique.
 En conclusion, on peut déduire qu’en accédant à l’indépendance,
la Tunisie, placée devant la nécessité de consolider rapidement son
pouvoir, a prit le contrôle des institutions religieuses pour
monopoliser « l’offre » sur le « marché » des biens religieux.
 Nous n’évoquerons pas les courants islamistes qui pénètrent la
sphère politique dans les années quatre-vingt en Tunisie. Ces
courants ne sont qu’une illustration du phénomène aujourd’hui
largement répandu autant en Occident qu’ailleurs, du retour du
religieux dans la sphère publique.

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Des fureurs de guerre sainte de Ben Laden, aux
émotions religieuses fortes de Georges Bush, des
caricatures danoises du prophète Mohammed, à
l’extension des colonies de peuplement dans les
territoires palestiniens occupés au nom de la Bible, de
la discussion sur la pertinence ou pas d’une référence
à Dieu dans le préambule d’une constitution
européenne (désormais appelée Traité de Lisbonne)
aux récents débats, de plus en plus vifs et passionnés,
sur l’identité française, il semble (c’est un peu léger)
que nous assistions à un retour paradoxal de la
question religieuse.
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Les enjeux religieux sont, dans ces débats,
constamment contaminés et même
surdéterminés par des enjeux politiques et
idéologiques. Il est moins question, avec de
telles affaires, de foi ou de théologie que
d’affrontement politiques.

En définissant depuis quelque temps l’origine de sa
civilisation comme étant « judéo-chrétienne », en lieu
et place de l’origine gréco-romaine, l’Occident
n’envoie-t-il au monde musulman un signal
d’exclusion de la modernité et de ce qui nous reste de
l’humanisme de la philosophie des Lumières ?

Les religions sont alimentées par des dérives
politiciennes de plus en plus graves. Ce n’est pas la
religion musulmane, chrétienne ou juive qui est en
cause ici, mais l’usage politique intensif et malfaisant
dont elle est l’objet depuis trop longtemps.
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