Plan corrigé de la dissertation Quelle est l'importance du clivage religieux dans les systèmes de valeurs politiques en Europe ? Introduction Au reconnaît d'habitude aux religions une force importante dans la structuration des valeurs d'un individu. Les croyances portées par une religion donnée sont autant de normes qui ont un impact sur ce que pensent les individus, y compris politiquement. Des attitudes favorables ou défavorables à l'homosexualité, à l'euthanasie, à l'avortement, une orientation politique conservatrice ou au contraire libérale sont grandement dépendante de la variable religieuse. C'est dire l'importance du clivage religieux – croyants vs non-croyants d'abord, entre les différentes religions ensuite (catholicisme vs protestantisme) – dans la formation des systèmes de valeurs politiques des Européens. Toutefois, le processus de sécularisation religieuse, la montée de valeurs individualiste et post-matérialistes, semblent signaler la diminution de l'importance du clivage religieux dans l'explication des systèmes de valeurs. Aujourd'hui le clivage religieux n'aurait plus la même force que dans le passé. En effet, si ce clivage participe de manière fondamentale à la structuration des systèmes de valeurs politique en Europe (1), force est de constater que ses effets s'érodent avec le temps (2). 1 – Le clivage religieux participe à la structuration des systèmes de valeurs politique : A/ au travers de la socialisation L'appartenance à une communauté religieuse, les croyances partagées (croire en Dieu, au Paradis, à l'Enfer, à la vie après la mort, aux lois du Décalogue…), la participation aux rituels (Messe, Baptême, mariage, enterrement…) contribuent très fortement à la socialisation d'un individu. = Apprentissage de règles, de normes, d'une vision de la société (hiérarchie sociale, autorité, relations aux autres), de valeurs (sens de la communauté, tradition, respect des lois, solidarité, charité, etc.). Cette socialisation varie naturellement en fonction du degré d'implication dans la religion (très pratiquant, peu pratiquant, pas pratiquant du tout) et de la religion en question. Les non-croyants (athée – qui ne croit pas en l'existence de Dieu ; agnostique – qui pense que les vérités religieuses sont inaccessibles). B/ l'impact sur les valeurs politiques L'impact des croyances religieuses sur les valeurs politiques est donc très important, et d'autant plus important que l'implication dans une religion est grand. Il faut aussi faire une différence entre catholicisme et protestantisme (nécessaire dans une comparaison européenne) : l'intégration au catholicisme développe une proximité à des attitudes politiques plus conservatrices et traditionalistes (anti-avortement, contre le mariage homosexuel, l'homoparentalité, associées) à des idéologies et des partis de droite ; tandis que le protestantisme favorise l'individualisme et l'indépendance (cf. Max Weber, Ethique protestante et esprit du capitalisme). C/ un effet à relativiser en fonction d'autres variables Il convient toutefois de relativiser l'importance de la religion dans la structuration des valeurs dans la mesure où cette variable est dépendante d'autres telles que la culture nationale, l'appartenance sociale, l'age ou la génération des personnes. (voir les travaux de Bréchon ici). Il est important de ne pas considérer l'effet de la religion comme unique et absolu. 2 – Un clivage dont l'effet sur les systèmes de valeurs s'érode avec le temps : A/ le processus de sécularisation religieuse Rappeler ici la diminution générale en Europe des niveaux de croyance et de pratique religieuse. Autrement dit l'implication des individus dans la religion diminue nettement, la socialisation religieuse sans totalement disparaître perd de sa force : les valeurs strictement religieuses perdent du terrain dans la hiérarchie des valeurs et structurent donc moins les valeurs politiques. A nuancer avec l'idée de "fin du déclin religieux" (Y. Lambert). B/ l'émergence de l'individualisme et du post-matérialisme Parallèlement au repli religieux, on constate en Europe un développement concomitant de l'individualisme (impact fort sur la relation religieuse vécue davantage comme un libre engagement qu'une soumission à un dogme collectif) et du post-matérialisme (plus fort chez les non-croyants que les croyants, et qui signale la recherche de spiritualités pas forcément religieuse). Contribuent à eux deux très fortement à diminuer l'impact global de la religion sur la structuration des systèmes de valeurs politiques. C/ une diminution d'importance contrastée en Europe Toutefois ces évolutions sont à relativiser par la comparaison européenne : sécularisation, individualisme et post-matérialisme n'affectent pas de la même manière, avec la même force les sociétés européennes (Nord et Sud de l'Europe, Ouest et Est). Autrement dit le clivage religieux peut conserver une grande importance dans certaines sociétés (Irlande, Italie, Espagne, Pologne…) et pas dans d'autres (Scandinavie par ex.). Conclusion En tant qu'élément, parmi d'autres, d'un système culturel le clivage religieux continue à structurer les valeurs politiques des européens. Mais à mesure que recule l'intégration individuelle aux schémas religieux se modifie aussi le rapport des européens à la religion et partant l'influence qu'exercent les croyances sur les valeurs politiques.