Hyperactivité et trouble attentionnel de l*enfant

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Hyperactivité et
trouble attentionnel de
l’enfant
Dr Laurence Robel
Service du Pr. B. Golse
Hôpital Necker Enfants Malades.
APPROCHE HISTORIQUE
Troisième période, de 1980 à nos jours
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Classifications actuelles:
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ICD10 (1993): Trouble hyperkinétique
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6 critères d’inattention
3 critères d’hyperactivité
1 critère d’impulsivité
Présence de symptômes avant 7 ans
Durée au-delà de 6 mois
Présence dans plusieurs lieux
Retentissement fonctionnel
N’est pas mieux expliqué par un autre trouble
DSM IV (1994): Trouble HyperActivité avec Déficit Attentionnel (THADA)
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Six symptômes d’inattention
Six symptômes d’hyperactivité /impulsivité
Présence de symptômes avant 7 ans
Durée au-delà de 6 mois
Retentissement fonctionnel
Présence dans plusieurs lieux
3 sous-types:
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Mixte
Inattention prédominante
Hyperactivité/impulsivité prédominante
CFTMEA: Troubles hyperkinétiques; intégrés aux troubles des conduites et du comportement
Description clinique: Symptômes d’inattention
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Au moins 6 des symptômes suivants d’inattention ont persisté pendant au moins 6 mois, à un
degré qui est mal adapté et qui ne correspond pas au niveau de développement de l’enfant :
1. ne parvient souvent pas à prêter attention aux détails, ou fait des «fautes d’inattention», dans les
devoirs scolaires, le travail, ou d’autres activités
2. ne parvient souvent pas à soutenir son attention dans des tâches ou des activités de jeux
3. ne parvient souvent pas à écouter ce qu’on lui dit
4. ne parvient souvent pas à se conformer aux directives venant d’autrui ou à finir ses devoirs, ses
corvées, ou ses obligations sur le lieu de travail (non dû à un comportement oppositionnel ou à un
manque de compréhension des instructions)
5. à souvent du mal à organiser des tâches ou des activités
6. évite souvent ou fait très à contre-coeur les tâches qui nécessitent un effort mental soutenu,
telles que les devoirs à faire à domicile
7. perd souvent les objets nécessaires à son travail ou à certaines activités à l’école ou à la maison
(par exemple, crayons, livres, jouets, outils)
8. est souvent facilement distrait par des stimuli externes
9. fait des oublis fréquents au cours des activités quotidiennes
Déficit d’attention
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L’attention est un processus neurophysiologique complexe qui
nous permet de nous orienter dans notre environnement et de
réagir de façon appropriée en filtrant les stimuli appropriés
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Tous les enfants ADHD ont difficile à fixer leur attention sur
un seul sujet, ils “rêvassent”, sont “dissipés”, “distraits”
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Pierre angulaire du syndrome :
- prise d’indices défaillante
- incapacité à maintenir un effort
- déficit d’attention sélective
- déficit d’attention soutenue
Symptômes d’hyperactivité
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Au moins trois des symptômes suivant d’hyperactivité ont persisté pendant au
moins 6 mois, à un degré qui est mal adapté et qui ne correspond pas au
niveau de développement de l’enfant :
1. agite souvent ses mains ou ses pieds ou se tortille sur sa chaise
2. se lève en classe ou dans d’autres situations alors qu’il devrait rester assis
3. court partout ou grimpe souvent, de façon excessive, dans des situations où
cela est inapproprié (chez les adolescents ou les adultes, ce
symptôme peut se limiter à un sentiment subjectif d’agitation)
4. est souvent exagérément bruyant dans les jeux ou du mal à participer en
silence à des activités de loisir
5. fait preuve d’une activité motrice excessive, non influencée par le contexte
social ou les consignes
Symptômes d’hyperactivité
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Au moins trois des symptômes suivant d’hyperactivité ont persisté pendant au
moins 6 mois, à un degré qui est mal adapté et qui ne correspond pas au
niveau de développement de l’enfant :
1. agite souvent ses mains ou ses pieds ou se tortille sur sa chaise
2. se lève en classe ou dans d’autres situations alors qu’il devrait rester assis
3. court partout ou grimpe souvent, de façon excessive, dans des situations où
cela est inapproprié (chez les adolescents ou les adultes, ce
symptôme peut se limiter à un sentiment subjectif d’agitation)
4. est souvent exagérément bruyant dans les jeux ou du mal à participer en
silence à des activités de loisir
5. fait preuve d’une activité motrice excessive, non influencée par le contexte
social ou les consignes
Symptômes d’impulsivité
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Au moins un des symptômes suivant d’impulsivité a persisté pendant au
moins 6 mois, à un degré qui est mal adapté et qui ne correspond pas au
niveau de développement de l’enfant
1. se précipite souvent pour répondre aux questions sans attendre qu’on ait
terminé de les poser
2. ne parvient souvent pas à rester dans la queue ou à attendre son tour dans
les jeux ou dans d’autres situations de groupe
3. interrompt souvent autrui ou impose sa présence (par exemple, fait
irruption dans les conversations ou les jeux des autres)
4. parle souvent trop sans tenir compte des conventions sociales
G7. Ne répond pas aux critères d’un trouble envahissant du développement,
d’un épisode maniaque (F30.-), d’un épisode dépressif ou d’un épisode
anxieux
L’Impulsivité
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Définie comme la capacité d’inhiber une action verbale ou motrice
(impulsivité cognitive, impulsivité motrice)
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Inhiber sert à choisir le comportement le plus approprié face à une situation
donnée
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Les attitudes significatives :
- l’enfant n’apprend pas de ses erreurs
- l’enfant agit avant même de penser
- l’enfant est moins sensible aux conséquences de ses actes
- le contrôle de soi est inadéquat
- il ne parvient pas à penser de manière séquentielle ni
à distinguer l’essentiel de l’accessoire
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Cette impulsivité serait la conséquence d’un défaut du système inhibiteur du
système d’éveil de l’attention
ASPECTS EPIDEMIOLOGIQUES
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Fréquence varie entre 2 et 5% des enfants d’âge
scolaire (jusqu’à 10% aux USA)
Touche 3 fois plus de garçons que de filles
Pic du diagnostique entre 6 et 11 ans
Persistance à l’âge adulte dans 2/3 des cas
TROUBLES ASSOCIES
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50-80% des ADHD sont associés à un autre trouble
Environ 50% associés avec un trouble des
conduites
30-40% pour les troubles oppositionnels
20-30% pour les troubles des conduites
25% avec un trouble anxieux
10-30% avec un trouble dépressif
10-40% avec un trouble des apprentissages
1-11% avec des tics
Hypothèses psychopathologiques
1) Trouble de l’adaptation
Pattern comportemental adaptatif à un
environnement donné: aspect transculturel
 2 types d’adaptation à l’environnement:
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Résolution de problèmes: composante attentionnelle,
comportement réfléchi, motricité restreinte, favorisé par
un environnement sécure et prévisible
 Réponse instantanée: vigilance augmentée, activité motrice
augmentée, réponse immédiate
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Hypothèses psychopathologiques
2) Echec des processus d’inhibition
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Défaut d’inhibition mesuré par certains test
cognitifs: tests d’inhibition motrice, d’attention
soutenue et d’attention sélective
Dysfonctionnement des fonctions exécutives
Hypothèses psychopathologiques
3) Perspective psychodynamique
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Description diachronique des troubles: les mettre en histoire
Rencontre entre facteurs de vulnérabilité au trouble (génétiques,
biologiques) et facteurs de rencontre (relationnels, familiaux)
Liens avec la dépression du bébé (équivalent hypomaniaque)
Liens avec les troubles de l’attachement (attachement
désorganisé)
Liens avec la mise en place des enveloppes psychiques (2è peau
substitutive motrice, bouger pour se sentir exister, pour ne pas
éprouver d’affects dépressifs)
Défaut de refoulement à l’âge de latence
Processus auto-calmant vis-à-vis de l’angoisse
Facteurs génétiques
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1) Données épidémiologiques
Agrégation familiale: fréquence dans la fratrie
comprise entre 6 et 57% (contre 1 à 6% dans la
population générale)
 Études de jumeaux: concordance de 80% chez les
jumeaux monozygotes
 Gènes de vulnérabilité: transporteur de la dopamine,
récepteur dopaminergique DRD4
 Modèle polyfactoriel
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Conséquences du trouble sur la scolarité
1) L’échec scolaire
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50% des enfants ADHD ont des échecs scolaires
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Les troubles d’apprentissage sont liés au trouble du
traitement de l’information
- tr. de la perception : auditive, visuelle
- tr. du traitement des données : coordination
motrice
- tr. de la mémoire : implication dans la lecture
- tr. de l’expression : langage, écriture...
Conséquences du trouble sur la scolarité
2) Les problèmes relationnels et les troubles du
comportement en milieu scolaire
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L’enfant ADHD a une mauvaise image de lui-même, il se voit
comme un être sans valeur. La plupart le cache sous un masque
de clown, d’intrépide ou de crâneur... Ils exagèrent leur
maladresse pour faire croire qu’ils le font exprès...
Difficultés d’entrer en relation avec les jeunes de son âge, achète
leur amitié, devient vite le bouc émissaire de sa classe, fréquente
les plus petits...
Réactions émotionnelles très variables mais souvent exagérées ou
disproportionnées
Passe rapidement d’un état d’euphorie à un état d’indifférence ou
d’abattement
Contrôle difficilement ses émotions, devient vite irritable,
contrarié ou agressif
Evolution chez l’adolescent
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Persistance des troubles dans 70% des cas
Les trois dimensions clés restent présentes, mais
l’hyperactivité passe au second plan, contrairement au
trouble attentionnel
Impulsivité paroxystique
Recherche de sensations, conduites à risques
Appétence particulière pour les substances illicites
Conduites anti-sociales
Difficulté du diagnostic à cet âge
Les étapes du diagnostic
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Identifier les symptômes d’inattention, d’impulsivité,
d’hyperactivité
Situer leur apparition dans l’histoire du sujet
Préciser les lieux dans lesquels ils se manifestent
Identifier d’éventuels troubles associés aux symptômes
cibles (troubles des apprentissages spécifiques, troubles
de l’humeur, anxiété, etc..)
Situer les troubles dans la dynamique familiale
Évaluer le retentissement du trouble sur la scolarité et
sur les relations intra et extra-familiales
Les étapes du diagnostic
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L’évaluation:
Observation de l’enfant dans plusieurs situations (groupe,
individuelle)
Questionnaires (Conners pour parents,enseignants,
professionnels, questionnaire d’Achenbach)
Evaluation psychologique:
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Échelles de Wechsler
Tests d’attention et d’impulsivité
Tests projectifs
Autres évaluations
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Orthophonique, psychomotrice, voire consultations ORL ou
ophtalmologiques
Principes de traitement
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L’hyperactivité n’est pas une maladie mais un symptôme
transnosograpique, qui peut être associé à différents tableaux. En
conséquence, la prise en charge est individualisée et
multidisciplinaire, associant de manière variable psychothérapie,
orthophonie, psychomotricité, thérapies familiales.
Le recours aux médicaments n’est indiqué qu’en cas d’échec des
autres mesures thérapeutiques, ou si les troubles sont très
sévères. Il est toujours associé aux autres prises en charge.
Les objectifs du traitement sont de rétablir les conditions d’un
bon développement personnel du patient, tant sur le plan des
apprentissages que sur le plan affectif et relationnel
Principes de traitement
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La Ritaline
Traitement psychostimulant dérivé des amphétamines
Action symptomatique et non curative
Traitement discontinu (interruption le WE et pendant
les vacances)
Traitement efficace et bien toléré dans la majorité des
cas
Diminuerait le risque de toxicomanie à l’adolescence
Rôle de l’enseignant
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Rôle dans le repérage des difficultés (mais pas dans le diagnostic)
Rôle dans l’adaptation de l’enfant à l’école:
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Mettre l’enfant près du bureau de l’enseignant
Tolérer une certaine agitation
Ne pas le pénaliser si il a oublié son matériel, ne pas lui faire copier des lignes
Favoriser le travail par petits groupes
Éviter les doubles consignes, décomposer les tâches, encourager l’autocorrection
Favoriser le canal visuel
Préférer les exercices à trous
Encourager les efforts et les progrès vis-à-vis de lui-même, éviter la comparaison
au reste de la classe
Afficher le règlement de la classe
Mettre en place des codes: faire un signe quand tu n’en peux plus.
Lui donner des responsabilités (effacer le tableau, aller chercher quelque chose)
pour le valoriser et lui permettre de bouger
Établir un dialogue régulier avec les parents et l’enfant
Echelles de Conners
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Ce sont les échelles actuellement les plus utilisées dans ce domaine. Elles ont été développées en
1977 et largement validées dans la population d'enfants hyperactifs et témoins en 1983. Ces
échelles sont disponibles en français.
Il existe trois formes de ces instruments. La forme la plus commune est destinée aux parents. Elle
comprend 48 items qui explorent les perturbations comportementales de l'enfant à la maison. Elle
permet d'établir un profil comportemental de l'enfant sur 5 facteurs différents, correspondant aux
dimensions les plus fréquemment retrouvées chez les enfants hyperactifs (impulsivité, anxiété,
troubles des conduites, troubles des apprentissages, difficultés d'attention), un facteur particulier
évalue l'intensité du trouble (index d'hyperactivité). Ce questionnaire est de remplissage facile et
rapide et aboutit à une quantification valide du trouble.
La seconde forme est destinée à être remplie par les enseignants. Elle évalue les comportements
les plus fréquemment perturbés chez ces enfants en milieu scolaire. Comme la forme destinée aux
parents, l'échelle de Conners enseignants aboutit, à partir de 28 items, à un profil comportemental
sur 3 dimensions (hyperactivité, impulsivité, troubles des conduites, troubles des apprentissages)
et un index d'hyperactivité.
Il existe enfin une forme destinée à tout observateur externe de l'enfant (infirmière...). Cette
échelle comporte 10 items qui correspondent aux symptômes les plus typiques de l'hyperactivité.
Son remplissage est extrêmement rapide et aboutit à un score unique d'intensité du trouble.
L'avantage de cette échelle est de pouvoir être répétée, et permettre de suivre l'évolution des
manifestations sous traitement.
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