la culture : L’homme est-il un animal comme les autres ? 1. L’homme, un animal parmi d’autres 1.1 des similitudes évidentes ● un corps très proche des autres mammifères en part. les grands singes ● des besoins similaires - besoins vitaux instincts de préservation de soi - reproduction instincts de conservation de l’espèce ● donc des comportements similaires Comportements d’agression → une violence naturelle Attachement parental, comportement empathiques → une forme naturelle de l’amour Cf. Konrad Lorenz, L’agression. Une histoire naturelle du mal (1966) Le tout et la partie dans la société animale et humaine. (1965), §7 - Les mécanismes de déclenchement innés comme éléments de structure stables de la société humaine (sur le réflexe du « mignon ») 1.2. La filiation homme/animal: l’évolutionnisme de Darwin Charles Darwin (1859) « Le voyage à bord du Beagle (1831-1836 ) » - observation des Galápagos : chaque espèce de pinçon est adaptée à son milieu Les grands principes de la théorie de Darwin Le rôle du hasard La sélection naturelle La transmission héréditaire Similitudes et variations entre les espèces proches Proailurus, ancêtre le plus probable des félins, vivait il y a 25 millions d’années entre les espèces éloignées : L’archeopteryx Toutes les espèces vivantes sont parentes l’homme n’a pas de place ni singulière ni supérieure dans l’ordre de la « création ». Il n’est qu’un moment dans une évolution contingente Contingent : qui pourrait être autrement ou ne pas exister ≠ nécessaire « On ne peut plus croire que l'homme soit l'œuvre d'un acte séparé de création » hominidés et primates ont un ancêtre commun 1.3. comportements et sociétés humains s’expliquent-ils par la biologie évolutionniste ? Notre cerveau, hérité de nos ancêtres, commande nos comportements, qui sont en partie communs avec ceux-ci. Reconstitution de Lucy, australopithèque de – 3,2 M d’années. Les réactions de surprise semblent communes à certaines espèces de mammifères. Mais tous nos cptms sont-ils le résultat de l‘évolution ? Darwin VS Spencer Spencer applique les concepts de « lutte pour la vie » et de sélection naturelle aux sociétés humaines Darwin : bien qu’il soit le résultat de l’évolution, une rupture s'établit chez l’homme Nous autres hommes civilisés, au contraire, faisons tout notre possible pour mettre un frein au processus de l'élimination [des plus faibles]; nous construisons des asiles pour les idiots, les estropiés et les malades ; nous instituons des lois sur les pauvres … » Si importante qu'ait été, et soit encore, la lutte pour l'existence, cependant, en ce qui concerne la partie la plus élevée de la nature de l'homme, il y a d'autres facteurs plus importants. Car les qualités morales progressent, directement ou indirectement, beaucoup plus grâce aux effets de l'habitude, aux capacités de raisonnement, à l'instruction, à la religion, etc., que grâce à la Sélection Naturelle ; et ce bien que l'on puisse attribuer en toute assurance, à ce dernier facteur les instincts sociaux, qui ont fourni la base du développement du sens moral. explique l’Histoire Aptitudes culturelles « Instincts sociaux » L’évolution naturelle explique Caractéristiques et aptitudes biologiques Rque : de nombreuses espèces animales sont sociales. Certaines se transmettent des comportements techniques (« proto-culture ») La culture humaine a émergé graduellement à partir de son animalité Le processus d’hominisation (origine d’homo sapiens) s’est doublé d’un processus d’humanisation (origine de la civilisation) Archéologie : une sépulture est un signe de civilisation. (ici sépulture Néandertalienne, La-Chapelle aux-Saints, France). 2. La culture comme spécificité humaine. L’homme comme animal « culturel » 2.1. le cas des enfants sauvages Victor de l’Aveyron Photos extraites du film de François Truffaut, L’Enfant Sauvage Photos extraites du film de François Truffaut, L’Enfant Sauvage • l’enfant sauvage est un humain au sens biologique : avoir une certaine nature • n’est pas encore un humain au sens « moral » : être civilisé 2.2. L’Homme est un « animal social » (Aristote) « Il est manifeste, (…) que l'homme est par nature un animal politique (politikon zoon) ● ● Aristote (-384 -322) Aristote : l’homme est un animal dont la « nature » (l’essence) est de vivre en « société » ou plutôt en cité (civitas, polis) : une communauté d’idées et de valeurs (≠ société d’abeilles) « on ne naît pas homme, on le devient » Erasme 2.3. la notion de « culture » : un terme équivoque Sens 1 : ce qui rend un être cultivé → formation de l’esprit par les connaissances (scientifiques, historiques, artistiques…) et la réflexion « Un champ, si fertile soit-il, ne peut être productif sans culture, et c’est la même chose pour l’âme sans enseignement » Cicéron (Ier s. a.v.J.C.) Sens 2 : la culture d’une société peut désigner son patrimoine matériel ou immatériel : Ses créations artistiques et intellectuelles du passé Sens 3 : mode de vie et manières de penser acquis par l’individu en société (sens ethnologique) croyances et les mythes Savoirs Langue techniques et arts mœurs, coutumes Lois et morale … Bref : l’ensemble des « faits sociaux » (Durkheim), ces manières d’agir et de penser - qui préexistent à l’individu - qui s’imposent à lui. L’« âme » d’une société : sa pensée / sa volonté, qui existe en chaque individu socialisé 2.4. l’homme répond à ses besoins naturels d’une manière culturelle • la nature de l’homme. Équivoque. - les caractéristiques que nous ne pouvons pas changer - l’ensemble des caractéristiques qui définissent un homme (syn : essence) - l’ensemble des caractéristiques que nous tenons de l’hérédité biologique : l’innée. → nous avons des besoins naturels • mais l’homme répond à ses besoins naturels d’une manière variable selon sa société → culture différente / nature uniforme Ex : étude de la famille ou « lien de parenté » • Concept° ordinaire : la famille est une entité naturelle (lien biologique ; fonction biologique) •Évolutionnisme : avantage sélectif ≠ ethnologie : les structures familiales sont des institutions (faits sociaux), variables selon les sociétés. ≠ Système « hawaïen » Système « iroquois » 2.5. L’homme vit dans un « milieu symbolique » Ernst Cassirer L'homme a, pour ainsi dire, découvert une nouvelle méthode d'adaptation au milieu. Entre les systèmes récepteur et effecteur propres à toute espèce animale existe chez l'homme un troisième chaînon que l'on peut appeler système symbolique. Ce nouvel acquis transforme l'ensemble de la vie humaine. Comparé aux autres animaux, l'homme ne vit pas seulement dans une réalité plus vaste, il vit, pour ainsi dire, dans une nouvelle dimension de la réalité. Entre les réactions organiques et les réponses humaines existe une différence indubitable. Dans le premier cas, à un stimulus externe correspond une réponse directe et immédiate ; dans le second cas, la réponse est différée. Elle est suspendue et retardée par un processus lent et compliqué de la pensée. Le bénéfice d'un tel délai peut sembler à première vue bien contestable. (…) Il n'existe pourtant aucun remède contre ce renversement de l'ordre naturel. L'homme ne peut échapper à son propre accomplissement. Il ne peut qu'accepter les conditions de sa vie propre. Il ne vit plus dans un univers purement matériel, mais dans un univers symbolique. Le langage, le mythe, l'art, la religion sont des éléments de cet univers. (…) L'homme ne peut plus se trouver en présence immédiate de la réalité ; il ne peut plus la voir, pour ainsi dire, face à face. La réalité matérielle semble reculer à mesure que l'activité symbolique de l'homme progresse. Loin d'avoir rapport aux choses mêmes, l'homme, d'une certaine manière, s'entretient constamment avec luimême. Il s'est tellement entouré de formes linguistiques, d'images artistiques, de symboles mythiques, de rites religieux, qu'il ne peut rien voir ni connaître sans interposer cet élément médiateur artificiel. • Voca. Symbole a ici un sens large : signification Un mot a une signification Un tableau Un rite religieux … • thèse 1 de Cassirer : le milieu de l’individu humain n’est pas directement le milieu naturel mais surtout le « milieu symbolique » de sa culture. deux niveaux de signification – deux arguments BREDES CRESSON CHOUX AMARANTE FEUILLES DE PATATE DOUCE BREDES MAFANE AUTRE GENRE ESPECE ESPECE ESPECE ESPECE ESPECE Argument 1Nous percevons l’environnement à partir de concepts qui nous permettent d’identifier, de distinguer, de classer les objets Ces concepts sont notamment acquis par le langage. Argument 2 : nous donnons aux objets physiques une seconde signification Ex 1: Cet outil n’est pas seulement une lance : symboles de pouvoirs, objets artistiques, etc. Lance sumérienne décorée en l’honneur d’un roi, déposée dans un sanctuaire (2800 av JC) Ex 2 : le corps est porteur de symboles (peintures, bijoux…) qui signifient un certain statut Ex 3 : La mort est la fin de la vie naturelle, mais signifie souvent le passage à une nouvelle vie. Argument 2 : les objets et faits naturels ont un second sens selon le rôle qu’ils jouent dans nos pratiques culturelles (esthétique, religieux, politique…) • Thèse 2 de Cassirer : C’est l’esprit humain qui crée ces « symboles », pas la nature. Liberté de l’esprit. 3.L’homme est l’animal qui « nie » sa nature 3.1. la thèse générale de Hegel « Je pose en principe un fait peu contestable : que l'homme est l'animal qui n'accepte pas simplement le donné naturel, qui le nie. Il change ainsi le monde extérieur naturel, il en tire des outils et des objets fabriqués qui composent un monde nouveau, le monde humain. L'homme parallèlement se nie lui-même, il s'éduque, il refuse par exemple de donner à la satisfaction de ses besoins animaux ce cours libre, auquel l'animal n'apporte pas de réserve ». Georges Bataille (1897-1962) Voca : négation (Hegel) : opposition. (logique dialectique) L’esprit, de l’individu ou de la société (= l’homme, la personne ou la société) suit un mouvement « dialectique » : après s’être confondu avec la nature (thèse), il s’y oppose (antithèse), puis s’oppose à son état opposé et séparé; jusqu’à trouver une position de synthèse. « Je pose en principe un fait peu contestable : que l'homme est l'animal qui n'accepte pas simplement le donné naturel, qui le nie. Il change ainsi le monde extérieur naturel, il en tire des outils et des objets fabriqués qui composent un monde nouveau, le monde humain. L'homme parallèlement se nie lui-même, il s'éduque, il refuse par exemple de donner à la satisfaction de ses besoins animaux ce cours libre, auquel l'animal n'apporte pas de réserve ». Éléments de la philosophie de Hegel : L’« esprit », individuel (le Moi) ou collectif (l’âme d’une société ou de l’humanité) a pour essence la liberté. Pour accomplir sa liberté, il suit un mouvement « dialectique » : il s’oppose à ce qui est différent de lui lorsqu’il prend conscience de lui-même. Pour ensuite se réconcilier avec lui. moment A : union moment B : dissociation moment C : synthèse exemples : - la crise d’adolescence et son dénouement ; - certains cycles historiques (chap. L’histoire) L’esprit est d’abord uni au corps : stade du nourrisson Puis s’en distingue progressivement : de l’enfance à l’âge adulte Jusqu’à se réapproprier son corps et son environnement : le spiritualiser. Que l’homme soit l’animal qui nie son animalité n’est donc que paradoxal, ce n’est pas réellement contradictoire. 3.1. l’homme nie la nature hors de lui Cultures dans le Kansas cultures dans une zone désertiques entre l’Afrique du sud et la Namibie L’art humain (la technique) et le travail transforment la nature devenue artificielle 3.3. l’homme nie la nature en lui •Mise à distance de la dimension animale du corps : -Vêtements : fonction naturelle mais aussi fonction morale : pudeur - transformation du corps peinture corporelle chez les Aborigènes d’Australie / Rituels de scarification chez les Papous •Maîtrise des instincts par l’intériorisation de règles → suppression de certains réflexes instinctifs → Contrôle des instincts •apprentissage de pratiques qui sont entièrement « symboliques » (sans fonction naturelle) Exemples : Les arts et le jeu Liens entre les notions du programme La culture Le langage Liés aux besoins vitaux Indépendant des besoins vitaux La technique Le travail Les échanges L’art La religion L’Histoire Conclusion : • identité homme/animal (Darwin) - l’homme est, sur le plan biologique, un animal. Le dualisme homme / animal est donc indéfendable. - il fait partie des espèces sociales, animées par une tendance à la sociabilité, et acquérant des aptitudes en société. • une différence animal humain / non humain : le « milieu symbolique » (Cassirer) - En société, l’homme développe ses aptitudes mentales, notamment par le langage - conséquences : il perçoit le monde à l’aide de significations ses actions ont du sens. La culture humaine s’éloigne donc des proto-cultures animales • par la conscience qu’il a de lui-même, l’homme est l’être qui prend conscience de son animalité et qui la transforme, voire la refuse (Hegel). - cela ne l’empêche pas d’être un animal (contre Hegel), un animal paradoxal - ce rapport distancié à la nature n’est pas universel, varie suivant les cultures Appendice : 3 sortes de facteurs dans les comportements humains Facteurs individuels ( ψ individuelle) Facteurs culturels Arts, religion Jeux de hasard suicide jeux , sports Préférences individuelles, désirs particuliers pratiques esthétiques alimentation, sexualité préférences alimentaires orientation sexuelle douleurs respiration digestion Facteurs naturels