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RÉFLEXE COM’
Comment aborder la question de la sexualité ?
1
Seule une minorité d’hommes sourant d’un trouble sexuel l’aborde spontanément
en consultation1
. Avec un patient qui ne parle pas spontanément de sa sexualité, il est donc
important d’être attentif :
- A son dossier médical
Certaines pathologies (ex : diabète, HTA) comme certains traitements chroniques
(ex : traitement antidépresseur) sont associés à des prévalences élevées
de troubles sexuels 2,3. La dysfonction érectile est par ailleurs un marqueur de risque
cardiovasculaire 4.
- A son attitude et ses plaintes
Les patients susceptibles de présenter un trouble sexuel dont ils n’osent parler
- sont moins attentifs à leur état de santé, à leur régime alimentaire et à leurs traitements ;
- se demandent si certains médicaments sont vraiment nécessaires par crainte
de la survenue d’eets indésirables aectant leur sexualité ;
- se plaignent d’être fatigués ou “un peu dépressif”, de dicultés conjugales.
Lors de la consultation, la communication non verbale est aussi importante que
la communication verbale. Elle peut modier voire contredire le sens compris des mots énoncés.
Il convient également d’adopter une attitude et une posture adéquates pour obtenir du patient
qu’il consente à parler de sa vie personnelle et d’éléments qu’il considère comme privés,
intimes et diciles à aborder. Pour ce faire, trois approches sont donc à combiner :
1. La communication non verbale qui inuencerait une part majoritaire
de la compréhension de l’entretien, repose sur 7 items retenus comme pertinents 6,7 :
- une expression faciale expressive,
- des sourires fréquents,
- un regard franc, “dans les yeux”,
- des hochements de tête, pour marquer l’accord avec les propos du patient,
- l’inclinaison du buste, vers l’avant,
- une posture ouverte,
- une tonalité vocale chaleureuse.
2. L’écoute active 8, qui consiste à se montrer et à être très attentif à son patient
totalement concerné par son problème, et ne penser qu’à lui lors de la consultation.
3. L’empathie 9, qui correspond à la capacité de :
D comprendre la situation de son patient,
D communiquer cette compréhension et vérier sa pertinence en reformulant
aussi souvent que nécessaire,
D agir en utilisant cette compréhension dans un but thérapeutique.
Pour questionner un patient sur sa sexualité lorsqu’il ne l’aborde pas spontanément,
il est recommandé de l’évoquer par une 1re question simple posée sur un ton bienveillant 5.
“Avez-vous des dicultés sexuelles en ce moment ?”
“Comment ça se passe sur le plan sexuel, tout va bien ?”
Cette approche qui s’est avérée aussi ecace qu’un questionnaire 5, peut amener le patient
- à reconnaître avoir un problème sexuel et à poursuivre l’interrogatoire,
- à nier avoir un problème sexuel.
En cas de négation, il est alors conseillé de poser une 2e question pour permettre au patient
de reformuler. Cette question doit alors le rassurer et partir d’un des éléments du dossier
médical.
“Je vous ai posé cette question car vous avez un diabète depuis longtemps et que nous
savons qu’il est fréquent d’avoir quelques troubles sexuels en cas de diabète… 2”
Si de nouveau la réponse est négative, il est recommandé de ne pas insister.
REPÉRER LES CIRCONSTANCES OÙ ABORDER LA SEXUALITÉ ADOPTER UNE POSTURE ADÉQUATE
QUESTIONNER LE PATIENT SUR L’EXISTENCE D’UN TROUBLE SEXUEL
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2. Giuliano FA et al. Prevalence of erectile dysfunction among 7689 patients with diabetes or hypertension or both.Urology. 2004;64:1196-1201.
3. Alechinsky L et al. Troubles de l’érection. Urofrance, référentiel du collège. http://www.urofrance.org/congres-et-formations/formation-initiale/referentiel-du-college/
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4. Gazzaruso C et al. Erectile Dysfunction as a Predictor of cardiovascular events and death in diabetic Patients With Angiographically Proven Asymptomatic Coronary
Artery Disease. Journal of american College of Cardiology. 2008 ; 51 (21) : 2040-44.
5. Derby CA et al. Measurement of erectile dysfunction in population-based studies: The use of a single question self-assessment in the Massachusetts Male Aging Study.
Int J Impot Res 2000;12(4):197-204.
6. Burgoon JK et al. In: Knapp ML, Daly JA, The SAGE Handbook of interpersonal communication: Sage publications 2011:239-280.
7. Adapté de Nardone DA et al. A model for the diagnosis medical interview: non-verbal, verbal and cognitive assessments. J Gen Intern med 1992;7:437-42.
8. Miller WR, Rollnick S. L’entretien motivationnel, aider la personne à engager le changement, InterEdition 2013;54-55.
9. Mercer SW et al. Empathy and quality of care. Br J Gen Pract. 2002;52(Suppl):S9-13.