MAPAR 2008
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ble. La tachycardie est le signe le plus précoce d’une hypovolémie, mais très peu
spécifique de par son caractère multifactoriel [5]. En revanche, la survenue d’une
bradycardie sera un signe d’alarme car souvent synonyme d’hypovolémie sévère
avec risque d’arrêt cardiaque. La réalisation d’un ECG est recommandée en cas
de traumatisme grave mais peut être différée jusqu’à l’arrivée aux Urgences. Il
peut révéler une anomalie préexistante lorsque le traumatisme est apparu au
décours d’une douleur thoracique ou d’une syncope. L’existence de troubles
du rythme, de la conduction ou de la repolarisation peut révéler une contusion
myocardique ou être le témoin d’une hyperactivité sympathique secondaire à
l’hypoxie, la douleur, l’hypovolémie ou des anomalies électrolytiques. A contrario,
un ECG normal n’exclut pas l’existence d’une contusion myocardique. L’existence
d’un microvoltage diffus ou d’une alternance électrique peut faire évoquer une
tamponnade cardiaque.
Le monitorage de la PA est l’élément clé du monitorage hémodynamique du
traumatisé grave [6]. La PA moyenne (PAM) est l’un des principaux déterminants
de la perfusion viscérale. Elle est le plus souvent normale au début de la prise
en charge d’un patient présentant une hypovolémie hémorragique en raison
des mécanismes compensateurs mis en jeu. Ainsi plus que la valeur initiale,
c’est son profil évolutif qui est important. La précision de sa mesure est donc
fondamentale, mais varie en fonction de la méthode utilisée. Quelle que soit la
méthode de mesure (non-invasive), il est important d’utiliser un brassard de taille
adaptée au bras du patient et son positionnement correct sur le trajet artériel : 1)
la méthode auscultatoire est inutilisable en cas de collapsus ou en cas d’environ-
nement bruyant, 2) la technique palpatoire ne permet de mesurer que la PAS, 3)
le doppler permet de mesurer les PA systoliques même en cas d’état de choc,
4) la méthode oscillométrique, la plus utilisée, permet une mesure intermittente
automatique de la PAM mais n’est pas fiable en cas d’hypotension, de frissons,
d’arythmie, de mobilisation du patient. Cette dernière présente néanmoins l’in-
térêt d’une mémorisation des chiffres de PA, de la fréquence cardiaque et offre
une possibilité d’alarmes. La méthode de référence reste la mesure invasive de
la PA (en privilégiant la voie fémorale) [7]. Elle permet d’obtenir une mesure fiable
et continue même en cas d’hypotension sévère ou de mobilisation du patient ;
sa mise en place dès la phase préhospitalière ne doit pas excéder 10 min. Sa
mise en place précoce, dès la phase préhospitalière, pourrait entraîner un gain
de temps sur la prise en charge globale pré- et intrahospitalière. Elle nécessite
un apprentissage préalable et un entraînement régulier [3].
L’évaluation de l’état circulatoire du patient traumatisé grave ne se limite pas
à la mesure de la PA. Le fréquent recours à l’utilisation des vasopresseurs dans
le choc hémorragique devrait amener à monitorer le débit cardiaque dans un but
d’optimisation thérapeutique. Les techniques de Doppler œsophagien permettent
une évaluation non invasive et continue du débit cardiaque à partir de la mesure
de la vélocité dans l’aorte descendante et du calcul de la surface aortique à
partir d’un normogramme ou d’une mesure directe [8]. L’écho-doppler semble
réalisable en préhospitalier et intéressant pour la détection et l’optimisation d’un
état hémodynamique précaire bien que non encore validé dans ce contexte.
L’échographie a démontré sa supériorité par rapport à l’examen clinique dans
la recherche des épanchements intra-péritonéaux, pleuraux et péricardiques.
L’échographie selon la technique FAST (Focused Abdominal Sonography for
Trauma) (recherche d’épanchements à partir de 4 incidences : loge de Morrisson,