MEDICAMENTS DE CARDIOLOGIE Partie II Nathalie SAUREL 2009 1 Les anti-arythmiques Objectif : normaliser le rythme lors d’accélération de l’automatisme cardiaque 2 Troubles du rythme, en bref Etiologies : nerveuses (influences sympathique et parasympathique) métaboliques (hypokaliémie, hypercalcémie) iatrogènes (digitaliques, β-bloquants,…) organiques : cardiopathies ischémiques,… Conséquences les plus importantes : Fonctionnement ventriculaire perturbé, arrêt circulatoire D’ordre thrombotique (anticoagulants) 3 Les antiarythmiques Les anti-arythmiques Action : supprimer les rythmes accélérés du Classifications : cœur (arythmies cardiaques), telles la fibrillation auriculaire, le flutter auriculaire, la tachycardie ventriculaire, et la fibrillation ventriculaire 2 grandes classifications Vaughan-Williams Touboul Plan du cours, repose sur celle de V-W 4 classes 4 Les anti-arythmiques Classe I des anti-arythmiques Mécanisme commun : blocage canaux sodiques DCI/ Spécialités : disopyramide RYTHMODAN® ou ISORYTHM® lidocaïne injectable XYLOCARD®, IV bolus puis perfusion IV sous ECG continu Flécaïnide FLECAINE®, po et inj Tolérance / Surveillance : EI : possible effet proarythmogène possible poussées d’insuffisance cardiaque 5 Les anti-arythmiques Classe II des anti-arythmiques Β-bloquants : action par antagonisme adrénergique DCI / Spécialité : Sotalol SOTALOL® Acebutolol SECTRAL® Propranolol AVLOCARDYL®, perf IV lente : 1mL/min Traitement IV suspendu si fréquence cardiaque < 55 BPM 6 Les anti-arythmiques, Classe II Tolérance / Surveillance EI rares : bradycardie sévère, BAV, IC, asthme, hypoglycémie, éruptions cutanées, maladie de Raynaud Divers : insomnie, impuissance, Troubles digestifs CI : Asthme et BPCO sévère, Insuffisance cardiaque, bradycardie, maladie de Raynaud Ne jamais interrompre brutalement un traitement (++ chez coronarien, risque IDM, troubles du rythme, mort subite) 7 Les anti-arythmiques Classe III des anti-arythmiques Action : blocage des canaux potassiques DCI / Spécialité : ++ Amiodarone CORDARONE®, po et inj Demi-vie de 20 à 100 jours Administration IV : perfuser à la concentration de 150mg/250mL de G5% (CI si hypotension sévère), pendant 20 min au moins Tolérance / Surveillance : EI : photosensibilisation très fréquente, dépôts cornéens, hypothyroïdie, hyperthyroïdie (arrêt), troubles pulmonaires (arrêt), troubles neurologiques (réversibles à l’arrêt) CI : allergie à l’iode, hyperthyoïdie, grossesse, allaitement 8 Les anti-arythmiques Classe IV des anti-arythmiques Action : Blocage des canaux calciques DCI / Spécialité : Verapamil ISOPTINE®, po et inj Diltiazem TILDIEM®, po et inj Tolérance / Surveillance : EI : Insuffisance cardiaque (verapamil), hypotension CI : grossesse, allaitement Interaction déconseillée : verapamil + amiodarone (risque de bradycardie et de BAV) 9 Autres : les digitaliques, adénosine Digitaliques indiqués dans troubles supraventriculaires et IC Digoxine , cp soluté buv. Inj Posologie : voie orale : 125 à 250 µg en 1 prise Surdosage : troubles digestifs, neurosensoriels (vertiges, vision colorée en jaune, convulsions, troubles cardiaques signes gravité Ac antidigitaliques) CI : Calcium IV, millepertuis, CI si hypokaliémie Avec précaution : Calcium per os, amiodarone, β-bloquants Adenosine injectable : KRENOSIN® 6mg/2mL Injection IV bolus sous monitoring ECG (unité de soins intensifs) CI : asthme 10 Thérapeutique anti-arythmique Traitement de la crise : Phase aiguë Objectifs : restituer rythme, prévenir complications (thromboemboliques) Traitement de fond (risque vital, trouble fréquent, invalidant) Objectifs : prévenir les récidives, prévention si nécessaire des complications Dans tous les cas : corriger la cause initiale (IC, ischémie myocardique, hypokaliémie,…) Les anti-arythmiques aggravent la situation dans 10% des cas : quelle pertinence d’un traitement long cours si pronostic vital non menacé ?? 11 Les médicaments antiangineux Angor = syndrome thoracique douloureux, dû à une ischémie myocardique par carence en oxygène liée à une insuffisance de débit coronaire 12 Médicaments de l’angor Médicaments antiangineux Dérivés nitrés Molsidomine/linsidomine Β-bloquants Inhibiteurs calciques Activateurs des canaux potassiques nicorandil Amiodarone Ivabradine Antiagrégants plaquettaires Aspirine Antagonistes des récepteurs GPIIb/GPIIIa Thiénopyridines (clopidogrel PLAVIX®) Héparines 13 Les dérivés nitrés Action : vasodilatateur périphérique et coronaire: Augmentation de l’apport en oxygène au myocarde Réduction de la demande en oxygène du myocarde Transformation de la nitroglycérine en NO Risque d’atténuation des effets pharmacologiques fenêtres thérapeutiques (de préférence la nuit) 14 Les dérivés nitrés DCI / Spécialités Trinitrine NATISPRAY® sublinguale, délai action 2 à 3 min DISCOTRINE® patch, 1 pour 24H, collé sur paroi latérale du thorax NITRIDERM®, patch Trinitrine IV Isosorbide dinitrate ISOCARD spray®, sublinguale, délai action 2 à 3 min RISORDAN®, cp voie orale Isosorbide mononitrate MONICOR®, gélule voie orale Indications : préventif (voie orale) et curatif (crise : spray, puis IV) 15 Les dérivés nitrés Tolérance / Surveillance Patch : sur peau saine, peu pileuse, sèche et propre. Ne pas recoller sur la même région (irritation locale) 1 fois par jour avec intervalle libre de 8 à 12 heures EI : Maux de tête Hypotension (syncope) Methémoglobinémie (antidote : bleu de méthylène à 1%, voie IV) CI : allergie, hypotension (voie IV) 16 Molsidomine (linsidomine) Action : propriétés vasodilatatrices veineuses et coronaires (voisine des nitrés) Donneur de NO DCI / Spécialité : molsidomine CORVASAL® 2 et 4 mg, cp sécable Actif en 20 min Indication : traitement préventif 17 Molsidomine Tolérance / Surveillance EI : Céphalées Hypotension orthostatique CI : Hypotension marquée avec état de choc Hypersensibilité au produit 18 Les activateurs des canaux potassiques Action : DCI / Spécialité Vasodilatation artérielle et coronaire Améliore l’oxygénation du myocarde (vasodilatateur et antispastique sur artères coronaires) Nicorandil IKOREL® ou ADANCOR®, cp Indication : Traitement préventif 19 Les activateurs des canaux potassiques Surveillance / Tolérance EI : CI : Céphalées (début traitement), transitoire Plus rares : vertiges, malaise, asthénie, N et V Surdosage : vasodilatation périphérique avec hypotension et tachycardie réflexe Arrêt, position couchée déclive hypotension artérielle Insuffisance ventriculaire gauche Interactions CI : sildénafil VIAGRA® (risque hypotension brutale) 20 Stratégie thérapeutique Identification et réduction des facteurs de risque Traitement médicamenteux Soulager la douleur Limiter l’ischémie Préserver la fonction ventriculaire gauche Réduire les risques d’IDM, angor instable Traitement de la crise : principe actif dont action la plus rapide Traitement antiangineux Tabac, HTA, hypercholestérolémie, surcharge pondérale Monothérapie Si échec : association Trithérapie : β-bloquants + inhibiteurs claciques + dérivés nitrés Traitement antithrombotique (aspirine 1ère intention) 21 Quel dérivés nitrés choisir ? Choix = fonction de l’indication : Formulation d’action très rapide de durée brève ou moyenne : Traitement curatif et prévention à court terme de la crise angineuse ou OAP. Spécialité d’action prolongée : Insuffisance cardiaque congestive, angor invalidant(+/- dérivé nitré d’action brève). Ces médicament sont fortement métabolisés => effet de 1er passage hépatique Les voies veineuse, sublinguale ou percutanée = pas de premier passage hépatique (plus grande absorption/ voie orale) 22 Le traitement de l’insuffisance cardiaque 1ère ligne : IEC Enalapril RENITEC®, démarrage à dose faible 5mg puis augmentation progressive jusqu’à 10 à 20 mg/J doses si IR ou personnes très âgées Si EI sous IEC Sartans Candésartan ATACAND® Furosémide + Spironolactone (diurétique hyperkaliémiant) + Carvédilol KREDEX® Si IC évolutive + diurétique de l’anse à forte dose SI IC évolutive sous IEC + diurétique de l’anse Β-bloquants indiqués dans l’IC Digoxine réduits certains symptômes mal contrôlés (dyspnée, œdème périphériques) 23 Traitement de l’hyperlipidémie Dyslipidémies : modifications des concentrations plasmatiques de lipides. Athérosclérose liée à quantité excessive de LDL circulant, induit par l’HTA, le tabagisme, le stress, … 24 Prise en charge En 1ère intention : règles hygiénodiététiques : Régime pauvre en AG saturés et en cholestérol Exercice Arrêt tabagisme Perte d’excès pondéral Traitement médicamenteux Bilan lipidique nécessaire 4 classes de médicaments 25 Traitement médicamenteux Statines Fibrates Fenofibrate LIPANTHYL® Résines chélatrices des sels biliaires Pravastatine ELISOR®, VASTEN® Simvastatine ZOCOR® Atorvastatine TAHOR® Colestyramine QUESTRAN® (dilution dans eau, prise au moment des repas) Autres Acide nicotinique NIASPAN LP® (1 prise le soir + léger en-cas) Ezetimibe EZETROL® Acide oméga 3 polyinstaurés MAXEPA® (2 à 3 x/J, repas) 26 Mode d’action et efficacité sur le bilan lipidique Statines : inhibiteur de l’enzyme de biosynthèse du cholestérol Fibrates : active lipase lipoprotéique TG, Cholestérol total, LDL cholestérol HDL cholestérol TG, Cholestérol total, LDL cholestérol HDL cholestérol Résines : fixe les acides biliaires (non absorbés) cholestérol total, LDL cholestérol modérée TG 27 Surveillance / Tolérance Statines (prendre au coucher) EI : Troubles digestifs troubles musculaires (rhabdomyolyse = rare) céphalées et insomnies Surveillance : CPK, créatininémie (doses réduites chez IR) Fibrates (à prendre au moment repas principal) EI : Troubles digestifs Troubles musculaires Surveillance : créatininémie (doses réduites chez IR), transaminases Résines EI : ++ constipation (posologie progressive) Attention : diminuent l’absorption des anticoagulants, hormones thyroïdiennes,… prendre à distance : 2h après ou 4h avant 28 L’HEMOSTASE Nathalie Saurel, 13 décembre 2008 29 De gauche à droite : un globule rouge, une plaquette et une globule blanc 30 HÉMOSTASE : TROIS ÉTAPES ESSENTIELLES L’hémostase = ensemble des mécanismes biochimiques et cellulaires la prévention des saignements spontanés et l’arrêt des hémorragies en cas de lésion vasculaire Hémostase primaire Clou plaquettaire (thrombus blanc) Coagulation plasmatique Fibrinolyse Caillot fibrinoplaquettaire insoluble Dégradation du caillot 31 Les plaquettes ou thrombocytes Cellules anucléés durée de vie est d'environ 8 à 10 j lieu de dégradation : la rate indispensables à l‘hémostase primaire État normal : forme discoïde Protéines de surface adhésion 32 La coagulation sanguine La lésion d’un vaisseau sanguin induit une hémorragie Une hémorragie est une fuite de sang hors du système vasculaire L’arrêt d’une hémorragie est due à la mise en place de l’hémostase Les mécanismes de l’hémostase se déroulent en deux grandes étapes : - l’hémostase primaire - l’hémostase secondaire 33 La coagulation sanguine Tissu conjonctif Vaisseau sanguin 34 La coagulation sanguine L’endothélium vasculaire est intact. Les éléments figurés du sang suivent leur périple dans le dédale des vaisseaux sanguins 35 La coagulation sanguine Lésion cutanée La lésion induit une HEMORRAGIE suite à l’atteinte de l’endothélium vasculaire 36 La coagulation sanguine L’hémostase primaire Étape 1 : La lésion du vaisseau sanguin induit des spasmes vasculaires c’est à dire une VASOCONSTRICTION Le débit sanguin diminue. L’hémorragie est temporairement jugulée 37 La coagulation sanguine L’hémostase primaire Fibre de collagène Lésion vasculaire Cellules endothéliales 38 La coagulation sanguine L’hémostase primaire Étape Étape2 3: :Les L’adhésion plaquettes estadhèrent suivie deau l’agrégation collagène sous-endothélial des plaquettes Il se forme un THROMBUS BLANC qui colmate la lésion vasculaire 39 La coagulation sanguine L’hémostase secondaire Filament de fibrine Il se forme un réseau fibrillaire dans lequel est emprisonné plaquettes sanguines, globules rouges et globules blancs : c’est le THROMBUS ou CAILLOT SANGUIN 40 La coagulation sanguine Mécanisme d’activation de la fibrine La formation de la FIBRINE résulte d’une cascade de réactions enzymatiques faisant intervenir des facteurs de coagulations plasmatiques d’origine hépatique et plaquettaire. Facteurs plaquettaires + Ca 2+ Trombine Facteur IIa Fibrinogène Facteur I Fibrine Facteur Ia Certaines HEMOPHILIES sont dues à l’absence de certains facteurs plaquettaires. La cascade d’activation s’arrête. La fibrine ne peut se former. La caillot sanguin ne se forme pas et l’hémorragie continue 41 La coagulation sanguine L’hémostase secondaire La lésion vasculaire est fermement colmatée. L’hémorragie est stoppée. Le processus de cicatrisation peut commencer 42 La coagulation sanguine Fibrinolyse et cicatrisation Le caillot se désagrège par fibrinolyse dès que la cicatrisation est achevée 43 La coagulation sanguine Mécanisme de dégradation de la fibrine Les cellules endothéliales intactes libèrent le tPA (Activateur Tissulaire du plasminogène) tPA Plasminogène Plasmine Fibrine Résidus de fibrine La fibrinolyse induite par la plasmine assure la dissolution du caillot sanguin Le tPA est utilisé dans le traitement des accidents vasculaires cérébraux (AVC) afin de détruire le plus rapidement possible le caillot sanguin à 44 l’origine de cet accident LES FACTEURS DE LA COAGULATION Circulant dans le plasma Facteur activé = suffixe "a" Synonymes : Ia = fibrine IIa = thrombine Zymogène transformé en enzyme pour la plupart numérotation Nom du précurseur (zymogène) I Fibrinogène II Prothrombine V Proaccélérine VII Proconvertine VIII Facteur anti-hémophilique A IX Facteur anti-hémophilique B X Facteur Stuart XI PTA: Plasma thromboplastin antecedent XII Facteur Hageman XIII Facteur de stabilisation de la fibrine (FSF) PK Prékallicréine (facteur Fletcher) KHPM Kininogène de haut poids moléculaire (facteur Fitzgerald) 45 La coagulation sanguine Mécanisme d’activation de la fibrine La formation de la FIBRINE résulte d’une cascade de réactions enzymatiques faisant intervenir des facteurs de coagulations plasmatiques d’origine hépatique et plaquettaire. Facteurs plaquettaires + Ca 2+ Trombine Facteur IIa Fibrinogène Facteur I Fibrine Facteur Ia Certaines HEMOPHILIES sont dues à l’absence de certains facteurs plaquettaires. La cascade d’activation s’arrête. La fibrine ne peut se former. La caillot sanguin ne se forme pas et l’hémorragie continue 46 Initiation de la coagulation PK KHPM XIIa FT XIa FT- VIIa VII IXa XII XIa IX IXa- VIIIa X VIII Xa- Va II Complexe prothrombinase V IIa = thrombine FT : facteur tissulaire 47 Médicaments de la coagulation Les anticoagulants Les héparines : Héparines non fractionnées : Héparines de bas poids moléculaires Accélère action Antithrombine III Inhibiteur : IIa, Xa, XIIa Inhibition ++ Xa (et IIa) Les antivitamines K ou AVK Bloque synthèse de tous les facteurs VitK dépendants Hirudines recombinantes Inhibe IIa Inhibiteurs sélectifs du Xa 48 Médicaments de la coagulation Les thrombolytiques Action : activateurs tissulaires du plasminogène DCI / Spécialité (plasminogène inactif plasmine active détruit fibrine) Altéplase ACTILYSE® Ténectéplase METALYSE® Surveillance médicale spécialisée Héparine et aspirine associées 49 La coagulation sanguine Mécanisme de dégradation de la fibrine Les cellules endothéliales intactes libèrent le tPA (Activateur Tissulaire du plasminogène) tPA Plasminogène Plasmine Fibrine Résidus de fibrine La fibrinolyse induite par la plasmine assure la dissolution du caillot sanguin Le tPA est utilisé dans le traitement des accidents vasculaires cérébraux (AVC) afin de détruire le plus rapidement possible le caillot sanguin à 50 l’origine de cet accident Médicaments hémostatiques (facteurs de la coagulation) = médicaments dérivés du sang (traçabilité +++) Facteur VIII : antihémophilique A Humain : FACTANE® Recombinant : ADVATE®, REFACTO® Facteur IX :antihémophilique B Humain : BETAFACT® Recombinant : BENE FIX® Facteur VII activé Recombinant: NOVOSEVEN® Facteur XI Humain : HEMOLEVEN® Fibrinogène Humain : CLOTTAGEN® 51 Merci de votre attention [email protected] 52