Comprendre et traiter les troubles psychocomportementaux D. RICHARD EPU-MEDICERCLE 6/4/2011 Troubles du comportement Origine variable Comportement variable selon l’intervenant Comportement variable selon les lieux Observation longitudinale et/où travail d’équipe prescription au coup/coup… Actions non médicamenteuses+++ Les troubles psychocomportementaux fréquence : 90% au cours de la MA le risque de mortalité, de iatrogénie le nombre d ’hospitalisations (urgences) impact sur le fardeau de soins et les aidants le risque de maltraitance impact sur le coût : 35% du coût direct Les troubles psychocomportementaux le challenge: développer une expertise clinique pour les reconnaître et les identifier en pratique quotidienne identifier les causes (épisode confusionnel) porter un diagnostic avant une prescription de psychotropes optimiser les choix thérapeutiques évaluer les résultats des stratégies thérapeutiques D É M E N C E Affectif Histoire de Vie Trouble Comorbidité Retentissemt Cérébral Personnalité SPCD Troubles sensoriels Iatrogénie Troubles Cognitifs Relations Interpersonnelles Environnement SPIRALE AMPLIFICATRICE PATIENT Symptômes = TPC Réactions inadaptées : - Intolérance - Indignation - Crainte - Colère – Violence - Dramatisation - Maternage / Démission AIDANT - Catastrophisme - Angoisse - Mise en échec - Culpabilités - Insuf. Formation - Charge Travail ↑ Tout Symptôme a un sens ! TENTATIVE DE COMPREHENSION … AVANT LA CAMISOLE THERAPEUTIQUE ! Les troubles psychocomportementaux 1.Rechercher la/les cause/s épisode confusionnel douleur/inconfort pathologie psychiatrique associée réactions à l ’environnement prédisposition liée aux lésions de la maladie 2.Evaluer 3.Traiter LA DOULEUR Première cause de cris et agitation Communication difficile Douleur « rédemptrice » Antalgiques confusogènes Sevrages brutaux Evaluation spécifique à la PA - EVA - DOLOPLUS CONFUSION Décompensation cérébrale aiguë Apparition rapide , fluctuation +++ Altération globale de la vigilance et des fonctions cognitives Plurifactorielle 3 cadres Etiologiques : - Organique - Iatrogène -Ψ CONFUSION (2) 1. Causes Organiques (50-70%) - Infections - Métaboliques - Cardio-vasculaires - Rétentionnelles - Endocriniennes - Neurologiques.... CONFUSION (3) 2. Causes Iatrogènes et Toxiques (10-30%) Action directe, Surdosage, Interaction... - ↑ Déshydratation, Dénutrition - Psychotropes +++++ - Antiparkinsonniens - Corticoides - Antalgiques - AntiHTA, Antiarythmiques .... - CO, OH - CONFUSION (4) 3. Causes Psychologiques (20%) - Chute - Cadre de vie, hospitalisation - Douleur - Deuil -Agression, AVP... DEPRESSION D. « hostile » D. « pseudo-démentielle » Forme délirante: - plus fréquent/adulte - paranoïde, culpabilité, indignité, hypochondrie - Mélancolie délirante. Symptomes PsychoComportementaux des Démences (SPCD) Fréquence ≈ : 24-98% ! Formes évoluées +++ DFT, DCL, DV > DA Classification = NPI (Cummings) NEURO PSYCHIATRIC INVENTORY N P I Évaluation - de la fréquence x sévérité - du retentissement sur l ’aidant Idées délirantes Apathie Hallucinations Impulsivité Agitation/Agressivité Irritabilité Dépression Comportement moteur aberrant Anxiété Sommeil Euphorie Comportement alimentaire Cummings et al. 1994 1. 2. 3. Idées délirantes - croit qu’on a l’intention de lui faire du mal,de le voler,de l’abandonner… - syndrome de Capgras+++ - le lieu est perçu différent - conviction+++ Hallucinations - entend,voit des choses inexistantes - parle à des personnes absentes Agitation ,Agressivité - refus de coopérer, agacé, crie, gestes brutaux… 4. 5. 6. Dépression, Dysphorie - triste, pleure, autodépréciation… - instabilité de l’humeur, anxiété, colère.. Anxiété - nerveux, inquiet, effrayé - agité, déambulation permanente - soucieux, mal à l’aise Exaltation de l’humeur, Euphorie - jovialité excessive, rires immotivés - plaisanteries déplacées 7. 8. 9. Apathie, Indiférence - perte d’intérêt+++, manque de motivation, ne converse plus . - ne s’intéresse plus aux proches Désinhibition - impulsivité, perte des convenances - propos crus, blessants, familiarité… Irritabilité, Labilité - sautes d’humeur, impatience, mauvais caractère 10. 11. 12. Comportement moteur aberrant - activités où gestes répétitifs - « bougeotte », tourne en rond… Troubles du sommeil - difficultés à s’endormir, errances nocturnes, se rhabille la nuit, se lève tôt, dort la journée Troubles de l’appétit - modification des habitudes alimentaires, boulimie/anorexie, variation brutale de poids. Les troubles psychocomportementaux Principes thérapeutiques Stratégie différente selon les caractéristiques du trouble: - durée: aigu / chronique - intensité: modérée / sévère - le type de symptôme Association d ’interventions: - environnementale: information, soutien, sécurité - médicamenteuse: molécule symptôme - formation des équipes et de l ’entourage prise en charge individualisée: • Définir le problème, rechercher le sens du symptôme • Où, quand, comment,depuis combien de temps? • Quels sont les facteurs précipitant? • Est-ce que le comportement est prévisible? • Le comportement est-il dangereux ? Qui est gêné par le trouble? à domicile: le patient l ’aidant en institution: les autre résidents l ’équipe prise en charge individualisée: • Y a-t-il une pathologie sous-jacente traitable médicalement? • Une technique comportementale peut-elle aider? • L ’environnement peut-il être changé? • Un traitement (psychotropes)est-il indiqué? DÉCODER LE MESSAGE Réaction psychique à: nouvel environnement (sentiment de) menace (vécu de) perte de liberté (peur de) la maladie (crainte de voir s'aggraver ) déficits mnésiques (impression de) ne pouvoir se faire comprendre ... FORMATION EQUIPE Aucun effet sur agitation vs Halopéridol, trazodone ou P0 (Teri, 2000) . 10 études / agressivité (méta-analyse, Landreville, 2006) progr.: formation + démonstration pratique 2 à 50 malades … effet + à +++ dans les 10 études ACTIONS / ENVIRONNEMENT Preuves de facteurs de risque de SPCD Cris: soins (toilette > transferts > soins techniques) Hallucinations: déficits sensoriels, miroirs (Cohen-Mansfield, 2005) Agitation, agressivité: degré d'intimité et personnalisation / soins (Zeisel, 2003) INTERVENTIONS / ENVIRONNEMENT Différentes méthodes: Unités spécialisées (SCU) Ambiances sonores Atténuations des stimulations Aménagements "humains" (dans les pratiques) Contentions physiques, confinement Unités spécialisées SCU (Special Care Units), Small SCU CANTOU, DOMUS, Group Linving, … Cognition, capac. fonctionnelles, humeur, communication (Dean 1993; Annerstedt 1993) DV > MA (Annerstedt 1993) Unité spécifique agressivité: agitation à 6 mois (De Young, 2002) RAS Agressivité (Leon, 1999) Aménagement de locaux Ambiances: Reconstitution d'une "scène du domicile (stimuli visuels, olfactif et auditifs) (Cohen-Mansfield, 1998) agressivité physique mais non verbale Bruits d'oiseaux, ruisseau, petits animaux, avec images lumineuses durant la toilette RAS / agressivité (Whall, 1997) Aménagement de locaux Atténuation des stimulations: Opération "semaine calme" (Meyer, 1992) • Unité Alzheimer • TV, radio, stéréo = 0 • Usage restreint du téléphone • Paroles douces uniquement • Déviation / entrées des visites, … diminution de 1/2 des comportements agressifs ! Aménagement de locaux Atténuation des stimulations: Espace privatif agitation, agressivité, sommeil Espaces communs apathie et retrait social Ambiance "résidentielle" retrait social, sommeil Jardin thérapeutique fugues, sommeil Aménagement de locaux Notion d'architecture "prothétique": Espaces, éclairages, couleurs, sols, portes, signalétique, déco-repère, … (Zeisel, Rev. Gériatrie 2004) Portes le long des couloirs et non au bout, Petite signalétique de sortie, Grosse signalétique pertinente, Portes opaques attirant peu l'attention, Faible luminosité / sorties Aménagement de locaux Notion d'architecture "prothétique": Points de repère le long des "sentiers de déambul." Espaces d'activité le long des "sentiers" Bandes de guidage au sol + éclairage linéaire Chambres individuelles Aménagement espace privatif Espaces extérieurs, jardins, Taille "résidentielle": 5 - 7 résidents, faible impression de foule, Niveau modéré du bruit de fond, ... INTERVENTIONS SENSORIELLES Optimisation des sens ++++: Plus d'hallucinations visuelles, de troubles du comportement alimentaire, chez dément ayant cataracte ou DMLA. Plus d'hallucination auditives et de troubles du comportement verbal chez dément + hypoacousie INTERVENTIONS SENSORIELLES Stimulations sensorielles: Musique Aromathérapie Luxthérapie Massages Interventions multisensorielles Musique Musique douce pendant déjeuner agitation (verb. et phys.) pas d'effet résiduel après test RAS sur agressivité Musique personnalisée pendant toilette Musique classique et "de relaxation" 0 agressivité (Thomas, 1997; Clark, 1998) RAS (Snyder, 1996) Luxthérapie Très encourageant +++ (6 essais) trbles du sommeil et + sur rythme circadien agitation motrice / 6 déments Essais négatifs / agressivité MA et / agitation, sommeil (Dowling, 2005) (Haffmans, 2001) (Lykestos, 1999) Efficacité probable si existe un trouble du rythme nycthéméral, sur le "sundowning syndrom" Luxthérapie "Pet-Thérapie" (animaux domestiques) Quelques études de cas … Nécessairement très adaptée à chaque malade ! Autres ... Peluche, poupée de compagnie ACTIVITES STRUCTUREES Différents programmes basés sur: Musique Jeux Travaux créatifs Chants, chorale Groupe de marche Jardinage ACTIVITES STRUCTUREES Marche / agressivité Thérap. psychomotrice / agressivité (Droës, 1994) Sorties / fugues (Dickinson, 1998) INTERV. PSYCHOSOCIALES "Présence stimulée", où la personne écoute pdt les soins un message enregistré par un membre de la famille concernant un événement de vie heureux du patient . agitation et déambulation. "Validation therapy" Sociothérapie Activités intergénérationnelles (N. Feil) AU QUOTIDIEN … communication: S'installer en face, à la même hauteur, face au jour • Se nommer et nommer la personne • Avoir un ton de voix normal (apaisant) • Faire des phrases simples • Etablir un contact physique • Ecouter et décoder le non-verbal • Proposer une solution alternative • Savoir se mettre à l'écart (si refus collaboration) AU QUOTIDIEN … communication: A éviter • Emploi du "on", de substituts du nom • Longs raisonnements, mots complexes • Mise en situations d'échec • Attitude infantilisante • Vouloir faire le contraire de ce qu'il veut, ... Traitements prescrits par A. Alzheimer bains chauds ou tièdes plusieurs fois/j. exercices en plein air gymnastique massages diététique hydrate de chloral 2à3 g. le soir hydrate d ’amylène si particulièrement excitée : chloroforme Augusta D. novembre 1902 Traiter les troubles psychocomportementaux Classes thérapeutiques anticholinestérasiques antipsychotiques >neuroleptiques antidépresseurs Prudence: benzodiazépines - escalade posologique thymorégulateurs - plurithérapie (interactions) autres... - réévaluer l ’indication - effet long terme = placebo J'en veux pas de vos psychotropes! Pano m'a toujours dit que je ne supportais que la potion magique ! JAMA 2005: Pharmacologie des SPCD 1. 2. Antipsychotiques classiques (NLP) - 18% en ont - Pas de différence entre ≠ NLP - Haloperidol Agression - Effets ΙΙ +++ Antipsychotiques atypiques - 4/6= Bénéfice Olanzapine – Risperidone (agitation, hallucination, délire) - Risperidone 1mg=2mg - Haldol / Risperidone = même éfficacité - ▲ AVC… - Clozapine = D. Park. et DCL 3. 4. Antidépresseurs (IRS) - Citalopram =Agitation et ≈ d’humeur… ..ms bcp de sorties pour inefficacité!! ACE - Petite ms significative efficacité sur NPI - Galantamine = efficace à doses usuelles - Donepezil = efficace sur agitation…et sur apathie, dépression et anxiété pour 1 autre. Autre = pas efficacité sur 4 ans de suivi !! - Rivastigmine = DCL 5. Autres drogues - Valproate = non efficace + effets ΙΙ - Carbamazepine = potentialise effets ΙΙ - Memantine : score NPI = + 0,1 score NPI pbo = - 3,7 …ms pas de traduction clinique , sauf sur symptômes cognitifs et fonctionnels. - BZD effets sédatifs… - Risperidone + Olanzapine = +8 pts - ACE = faibles effets (+ 3 pts) CONFUSION = traitement Etiologique DEPRESSION = traitement AD (IRS +++) CONCLUSION Pas de pilule miracle Peu de pratiques validées A chacun ses convictions Primum non nocere Rediscuter les indications Toujours évoquer les alternatives, surtout en institution. En Institution: « Si vous voulez des malades bien soignés, Alors prenez soin des soignants » J. DUFRESNE