Doc. a La morale de La Fable des Abeilles, Bernard Mandeville, 1714 Ainsi on constate que le vice est bénéfique Quand il est émondé et restreint par la justice Oui, si un peuple veut être grand Le vice est aussi nécessaire à l’Etat Que la faim l’est pour manger François QUESNAY (1694-1774) : Issu d’une famille de petits propriétaires terriens, autodidacte, il devient chirurgien, puis médecin de Mme de Pompadour et du Roi, qui l’anoblit pour avoir guéri le Dauphin de la petite vérole. Il entretient des relations avec les philosophes des Lumières, contribue à l’Encyclopédie. Ce n’est qu’après cinquante ans que se manifeste son intérêt pour l’économie, qui le conduit à élaborer le Tableau Economique, dont la première version date de 1758. Doc. b la représentation du circuit par le Tableau Economique : le « zig-zag » François QUESNAY, Tableau économique, 1758 Anne Robert Jacques TURGOT (1727-1781) : Issu d’une famille noble normande, son père était prévôt des marchands de Paris. Après avoir abandonné une carrière ecclésiastique, il devient magistrat, noue des relations avec les philosophes des Lumières, contribue à l’Encyclopédie. Il est nommé Intendant à Limoges en 1761, puis contrôleur général des Finances en 1774.. Il met alors en œuvre des réformes inspirées du programme physiocrate, qui suscitent des troubles –la « guerre des farines »- et de violentes oppositions, qui conduiront à son renvoi en 1776. Ses écrits économiques ont été essentiellement rédigés pendant la période où il était Intendant. I-C-1 Rendement décroissant et raisonnement à la marge (doc.c Observations sur le Mémoire de M. de Saint-Péravy, A.-R.-J. TURGOT, 1768) production « […] La production suppose des avances ; mais des avances égales dans des terres d’inégale fécondité donnent des productions très différentes, et c’en est assez pour faire sentir que les productions ne peuvent être proportionnelles aux avances » Turgot se propose donc d’envisager la relation entre la production et les avances comme une fonction, qui n’est pas triviale. Dans le langage formalisé qu’adoptera par la suite l’analyse microéconomique, on peut alors représenter cette fonction dans un schéma où les avances figurent en abscisse, et la production en ordonnée. avances production = f (avances) I-C-1 Rendement décroissant et raisonnement à la marge (doc.c Observations sur le Mémoire de M. de Saint-Péravy, A.-R.-J. TURGOT, 1768) produit « La terre a certainement une fécondité bornée, et en la supposant labourée, fumée, marnée, fossoyée, arrosée, sarclée autant qu’elle peut l’être, il est évident que toute dépense ultérieure serait nuisible. Dans ce cas, les avances seraient augmentées sans que le produit le fût » Les avances ont un rendement qui tend vers 0 lorsqu’on les augmente indéfiniment. La fonction de production admet alors une asymptote horizontale avances I-C-1 Rendement décroissant et raisonnement à la marge (doc.c Observations sur le Mémoire de M. de Saint-Péravy, A.-R.-J. TURGOT, 1768) produit « En accordant à l’auteur de ce mémoire que, dans l’état de la bonne culture ordinaire, les avances rapportent 250 p.100, il est plus que probable qu’en augmentant par degré les avances, depuis ce point où elles rapportent 250 p.100 jusqu’à celui où elles ne rapporteraient rien, chaque augmentation serait de moins en moins fructueuse. » Notre fonction de production présente donc une pente de 2,5, puis de plus en plus faible. avances I-C-1 Rendement décroissant et raisonnement à la marge (doc.c Observations sur le Mémoire de M. de Saint-Péravy, A.-R.-J. TURGOT, 1768) produit « La semence, jetée sur une terre naturellement fertile, mais sans aucune préparation, serait une avance presque entièrement perdue. Si on y joint un seul labour, le produit sera plus fort ; un second, un troisième labour pourront peut-être, non pas doubler et tripler, mais quadrupler et décupler le produit qui augmentera ainsi dans une proportion beaucoup plus grande que les avances n’accroissent, et cela, jusqu’à un certain point où le produit sera le plus grand possible, comparé aux avances. » 10 4 La fonction de production présente donc une phase convexe, avant de devenir concave. 1 1 2 3 avances I-C-1 Rendement décroissant et raisonnement à la marge (doc.c Observations sur le Mémoire de M. de Saint-Péravy, A.-R.-J. TURGOT, 1768) produit La phase convexe correspond à la phase des rendements croissants. La phase concave correspond à la phase des rendements décroissants avances I-C-1 Rendement décroissant et raisonnement à la marge (doc.c Observations sur le Mémoire de M. de Saint-Péravy, A.-R.-J. TURGOT, 1768) produit Turgot décrit donc la production comme une fonction des avances. Les avances ont un rendement, qui correspond à la production supplémentaire qu’elles engendrent. avances rendement Graphiquement, le rendement correspond à la pente de la courbe de la fonction de production. Analytiquement, le rendement est donc la dérivée de la fonction de production. On peut alors déduire une courbe des rendements à partir de la fonction de production. Cette courbe est en forme de cloche, faisant apparaître les phases de rendements croissants et de rendements décroissants. avances « On peut regarder prix de l’intérêt comme une espèce de niveau au-dessous duquel tout travail, toute culture, toute industrie, tout commerce cessent; C’est comme une mer répandue sur une vaste contrée : les sommets des montagnes s’élèvent au dessus des eaux, et forment des îles fertiles et cultivées. Si cette mer vient à s’écouler, à mesure qu’elle descend, les terrains en pente, puis les plaines et les vallons, paraissent et se couvrent de production de toute espèce. Il suffit que l’eau monte ou s’abaisse d’un pied pour inonder ou pour rendre à la culture des plages immenses. C’est l’abondance des capitaux qui anime toutes les entreprises, et le bas intérêt de l’argent est tout à la fois l’effet et l’indice de l’abondance des capitaux » rendement avances Adam SMITH (1723-1790) : Ecossais. Son père, mort avant sa naissance, était douanier. Sa carrière universitaire à l’Université de Glasgow, d’abord entamée comme philosophe, est marquée par le succès du résumé de son cours, la Théorie des sentiments moraux en 1759. Au cours d’un séjour en France comme précepteur, il fréquente les philosophes des Lumières ainsi que les physiocrates. Son intérêt pour l’économie le conduit à consacrer dix années à rédiger la Richesse des Nations, qui paraît en 1776, et qui accroît encore sa notoriété. Il termine sa vie comme douanier. Evolution de la durée de travail nécessaire pour acheter 1 kg de… Madère 1946 Cessac 1975 Pain 24mn 10mn Sucre 45mn 13mn Beurre 7h 1h25 Poulet 8h 45mn Jean FOURASTIÉ, Les trente glorieuses, 1979 Les indicateurs du commerce extérieur font écho à l’histoire de la pensée économique Solde de la balance commerciale = exportations – importations (Déficitaire d’environ 50 milliards d’euros en France en 2014) exportations importations (94 % en France en 2014) Taux de couverture = X 100 exportations+ importations 2 Taux d’ouverture = P.I.B. (30 % en France en 2014) x 100 Jean-Baptiste SAY (1767-1832) : Il est issu d’une famille protestante d’industriels : son père est négociant en soieries, son frère fondera la sucrerie Say, qui bien plus tard deviendra Béghin-Say. passionné par les mathématiques, il travaille d’abord comme employé de commerce, notamment en Grande-Bretagne, puis comme actuaire dans une compagnie d’assurances. Enthousiasmé par la Révolution, il s’engage dans l’armée républicaine puis l’équivalent de directeur de cabinet du ministre des Finances en 1792. Il commence alors à rédiger des articles d’économie. Son libéralisme, tout autant politique qu’économique, nourrit son hostilité à la Terreur, puis à l’Empire : Bonaparte lui demande de revoir son Traité d’économie politique paru en 1803 afin de le rendre plus conforme au protectionnisme et à l’interventionnisme qui inspirent sa politique économique. Il cesse alors d’écrire et monte une filature mécanique de coton, et ce n’est qu’à partir de 1815 qu’il occupera des postes conformes à l’audience de ses ouvrages : professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers, puis au Collège de France. Il participe à la fondation de l’Ecole Spéciale de Commerce et d’Industrie, ancêtre de l’actuelle E.S.C.P. Thomas Robert MALTHUS (1766-1834) : Anglais issu de la gentry. Son père est proche des philosophes des Lumières, en particulier de Rousseau qui le chargea de l’exécution de son testament. Son Essai sur le principe de population (1798) le rend immédiatement célèbre. Pasteur, il devient en 1804 professeur d’histoire et d’économie politique à l’East India College. Il noue une amitié solide avec Ricardo, ce qui n’empêche pas de profonds désaccords scientifiques. Il combat pour l’abolition des Lois sur les Pauvres, notamment du Speenhamland Act de 1795, puis pour le maintien des lois protectionnistes sur le blé. Evolution de la population de l’Afrique du Sud HIV : évolution observée incorporant l’impact de l’épidémie du SIDA No HIV : évolution simulée en l’absence d’épidémie du SIDA Alwyn YOUNG, « The gift of the dying : the tragedy or AIDS and the welfare of future African generations », Quaterly Journal of Economics, 2005, p.459 http://www.stanford.edu/~klenow/Young%20on%20AIDS.pdf La surproduction, contrepartie de la croissance économique Soit : - D la demande de biens et services - O l’offre de biens et services - R les revenus des individus. Il s’agit d’un modèle dynamique, envisageant l’évolution de ces agrégats sur plusieurs périodes. Rt désigne ainsi le niveau des revenus en période t. Il y a un décalage temporel entre la production et les revenus qui y sont perçus. Les individus ne perçoivent qu’en t+1 les revenus de la vente des biens et services produits en t. Rt+1 = Ot La demande de biens et services résulte de la dépense des revenus perçus. Rt = Dt Cas d’une économie sans croissance économique : A toute période t, Dt = Rt = Ot Cas d’une économie avec croissance économique : La croissance économique implique : Ot+1 > Ot Le croissance économique engendre alors une surproduction chronique : Ot+1 > Ot Dt+1 = Rt = Ot => Ot+1 > Dt+1 D’après J.-C. SISMONDI, Nouveaux principes d’économie politique, 1819 David RICARDO (1772-1823) : Issu d'une famille juive originaire du Portugal, qui après avoir migré aux Pays-Bas, s'installe à Londres juste avant sa naissance. Il commence à travailler à 14 ans comme agent de change aux côtés de son père. Sa famille rompt avec lui au moment de son mariage avec une chrétienne. Il découvre l'économie par la lecture de la Richesse des Nations lors d'un séjour thermal en 1799. Il se retire des affaires, fortune faite, en 1814, publie les Principes de l'économie politique et de l'impôt en 1817, et se fait élire à la Chambre des Communes en 1819 dans une circonscription électorale qui compte 23 électeurs… La théorie de la valeur travail incorporé et l’effet Ricardo (III-C-1) Vt = w Lt + (1 + r) w Lt-1 Vt : valeur d’une marchandise vendue en t w : taux de salaire Lt : quantité de travail utilisée en t. C’est le travail directement nécessaire pour produire la marchandise Lt-1 : quantité de travail utilisée en t-1. C’est le travail indirectement nécessaire pour produire la marchandise, pour produire les consommations intermédiaires et le capital mobilisés en t. r : taux de profit Doc. v la rente rendement rente « C’est donc uniquement parce que la terre varie dans sa force productive, et parce que, dans le progrès de la population, les terrains d’une qualité inférieure, ou moins bien situés, sont défrichés, qu’on en vient à payer une rente pour avoir la faculté de les exploiter. Dès que par suite des progrès de la société on se livre à la culture des terrains de fertilité secondaire, la rente commence pour ceux des premiers, et le taux de cette rente dépend de la différence dans la qualité respective des deux espèces de terre» Les terrains défichés en second ont donc un rendement plus faible, et la rente équivaut au rendement supplémentaire des terrains défrichés en premier. 1 2 terrains Doc. v la rente rendement rente « Dès que l’on commence à cultiver des terrains de troisième qualité, la rente s’établit aussitôt pour ceux de la seconde, et est réglée de même par la différence dans leurs facultés productives. La rente des terrains de première qualité hausse en même temps, car elle doit se maintenir toujours au-dessus de celle de la seconde qualité, et cela en raison de la différence de produits que rendent ces terrains avec une quantité donnée de travail et de capital» 1 2 3 terrains Doc. v la rente rendement rente « A chaque accroissement de population qui force un peuple à cultiver des terrains d'une qualité inférieure pour en tirer des subsistances, le loyer des terrains supérieurs haussera » terrains Doc. v la rente rendement rente « A chaque accroissement de population qui force un peuple à cultiver des terrains d'une qualité inférieure pour en tirer des subsistances, le loyer des terrains supérieurs haussera » terrains Doc. v la rente rendement rente « A chaque accroissement de population qui force un peuple à cultiver des terrains d'une qualité inférieure pour en tirer des subsistances, le loyer des terrains supérieurs haussera » terrains Doc. v la rente rendement rente « A chaque accroissement de population qui force un peuple à cultiver des terrains d'une qualité inférieure pour en tirer des subsistances, le loyer des terrains supérieurs haussera » terrains Doc. v la rente coût de production prix (P) rente P1 1 terrains Doc. v la rente coût de production prix (P) rente P2 1 2 terrains Doc. v la rente coût de production prix (P) rente P3 1 2 3 terrains Doc. v la rente coût de production prix (P) rente Pt 1 … … t terrains La fonction de production classique et la loi des rendements décroissants (III-C-2) Y = F (K, L, T) Y : production K : capital L : travail T : terre La loi des rendements décroissants est ambigüe. Elle peut porter sur : - les rendements factoriels, c’est-à-dire les rendements associés à l’augmentation d’un seul facteur de production, par exemple la terre. La loi des rendements décroissants implique alors : F’(T) > 0 F’’(T) < 0 - les rendements d’échelle, c’est-à-dire les rendements associés à l’augmentation simultanée de l’ensemble des facteurs de production : La loi des rendements décroissants impliquerait alors : F (αK, αL, αT) < α F (K, L, T) (pour tout α > 1) Doc. w les avantages comparatifs : l’exemple chiffré Coûts de production d’une unité de même prix de vin et de drap en Angleterre et au Portugal Hommes par années Angleterre Portugal Vin 120 80 Drap 100 90 D’après le chap. VII, « Du commerce extérieur » Comparons la production globale de vin et de drap a) en autarcie (c'est-à-dire sans spécialisation ni échange international) b) avec libre-échange et spécialisation. vin Angleterre Portugal Total a) autarcie drap b) libre-échange vin Drap Doc. w les avantages comparatifs : l’exemple chiffré Coûts de production d’une unité de même prix de vin et de drap en Angleterre et au Portugal Hommes par années Angleterre Portugal Vin 120 80 Drap 100 90 D’après le chap. VII, « Du commerce extérieur » L’Angleterre n’achète du vin au Portugal que si son prix relativement au drap est plus faible à l’import. C’est-à-dire si PV 120 (avec PV le prix du vin et PD le prix du drap dans les échanges internationaux) PD 100 Le Portugal n’achète du drap à l’Angleterre que si son prix relativement au vin est plus faible à l’import. C’est-à-dire si PD 90 PV 80 PD 90 PV 80 L’échange international se fait donc à l’intérieur d’une fourchette de prix relatifs : 80 PV 120 90 PD 100