Simulation d`un processus de Poisson - PUC-SP

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Simulation d’un processus de Poisson
Étude de la radioactivité naturelle
Simulation d’un processus de Poisson
1 – Observation d’une masse de matière radioactive, hypothèses de travail
Simulation numérique du phénomène de la radioactivité naturelle : passer d’une
simple observation à la connaissance de la période d’un élément radioactif en
vue d’applications comme la datation.
D’autres objectifs peuvent être visés :
1) Compréhension d’un processus de modélisation et place de la simulation
informatique,
2) Etude de la loi exponentielle et application aux phénomènes d’attente,
3) Rapports entre loi exponentielle et loi de Poisson, approximation binomiale de
la loi de Poisson, approximation de la loi exponentielle par une loi géométrique,
4) Ajustement d’une loi, contrôle par un test du 2.
Simulation d’un processus de Poisson
Un capteur enregistre les instants successifs où l’un des atomes de la masse se
désintègre (événement A). À partir de cette observation, on désire connaître la période
de l’élément radioactif considéré.
Première étape du processus de modélisation : formuler des « hypothèses de
travail » en vue d’obtenir un modèle pseudo concret du phénomène.
Deuxième étape : transformer ces hypothèses de travail en « hypothèses de
modèle » constituant le modèle probabiliste dont les conséquences théoriques
permettront d’interpréter les données statistiques et de résoudre le problème
posé.
Hypothèses de travail:
L’événement A peut survenir inopinément et se répéter fortuitement.
-Il n’y a pas de moments où A apparaît plus souvent que d’autres : le phénomène
est homogène dans le temps.
-Les « chances » de voir A se produire dans un intervalle de temps donné, ne
dépendent pas de ce qui s’est passé auparavant : le phénomène est sans
mémoire.
- Plus cet intervalle de temps est petit, moins il y a de chance de voir A se
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2 – Modèle probabiliste et résultats théoriques
Transformer ces hypothèses de nature heuristique en énoncés abstraits adaptés
aux outils probabilistes.
Hypothèses de modèle continu :
Ω est l’ensemble continu de tous les instants où A peut théoriquement se produire
à partir d’un instant initial 0. Ω = ] t0, +∞[.
1) La probabilité que A se produise dans un intervalle de temps ]t, t + ∆t] ne
dépend que de ∆t (phénomène homogène). Soit p = P(∆t) cette probabilité.
2) Les apparitions de A dans deux intervalles de temps disjoints sont des
événements indépendants (phénomène sans mémoire).
3) On suppose que P(∆t) ~  ∆t quand ∆t  0, où  > 0 est une constante (les
événements A sont rares).
Cette situation est caractérisée par le paramètre  qui peut être estimé à partir
d’une statistique : on peut observer que, dans des conditions analogues, A se
produit en moyenne  fois dans un intervalle de temps unité (cadence du
phénomène).
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La théorie probabiliste permet de déterminer :
- la loi du temps d’attente X1 du premier événement A,
- la loi du temps d’attente Zr du rième événement A,
- la loi du nombre N d’événements A qui se sont produits dans une durée [0, ].
Cette situation peut être décrite par un schéma (processus) de Poisson :
A1…
Ar…
AN
0
t1
t2

X1
t
X2
…
Zr
t
- densité de la loi de X1: fT(t) =  e , pour t ≥ 0. On a E[X1] = 1/ . C’est la loi
exponentielle de paramètre .
r z r1ez
-densité de la loi de Zr : fZr (z) 
, pour z ≥ 0. On a E[Zr] = r/ .
(r 1)!
C’est la loi gamma (r, ).

- La loi de N est donnée par les probabilités élémentaires :
() k 
e
P(N = k) =
k!

, pour k  IN. On a E[N] =  et Var(N) = .
C’est la loi de Poisson de paramètre .
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Signification du paramètre  : E(X1) = 1/ est le temps moyen d’attente de A.
E[N] =  est le nombre moyen d’événements A qui se produisent dans une durée . Il y
a donc en moyenne  événements A par unité de temps ( est la cadence du
phénomène).
3 – Simulation informatique et discrétisation du modèle continu
Modèle discret
La simulation informatique suppose de discrétiser l’observation. Le capteur n’interroge la
masse radioactive que par intervalles de temps réguliers t suffisamment petits.
On limite l’observation à la durée  =  ∆t ( = 30 dans notre TD). Pour l’étude
statistique du phénomène simulé, on recommencera cette observation n fois (n = 1000
dans notre TD).
Principe de la simulation :
Engendrer dans une feuille de calcul Excel une suite de  chiffres,
0 (pas de désintégration dans l’intervalle ∆t précédent) ou
1 (une désintégration),
le chiffre 1 apparaissant aléatoirement avec une probabilité p (probabilité d’observer une
désintégration dans la durée ∆t : p = P(∆t)), variable à volonté et installée dans une
cellule cachée de la feuille de calcul.
L’objectif de la simulation est d’estimer la probabilité p par une approche fréquentiste, à
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4 – Étude théorique du modèle discret, loi binomiale et loi géométrique
On fait une observation à chaque instant multiple de ∆t pour voir si A s’est produit.
Notons les instants d’observation : 1, 2, 3, …, i-1, i, …, séparés par l’intervalle de temps
∆t.
Les hypothèses du modèle continu se transforment en
Hypothèses de modèle discret :
1) La probabilité que A apparaisse à la iième observation ne dépend pas de i (phénomène
homogène). Soit p cette probabilité.
2) Les apparitions de A aux différentes observations sont des événements indépendants
(phénomène sans mémoire).
3) On suppose que A ne peut pas apparaître deux fois dans la même observation (les
événements A sont rares).
p est donc supposé assez petit, p = P(∆t)
~  ∆t, tel que p —>  quand  —> ∞.
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a) De la loi binomiale à la loi de Poisson
Soit N la variable aléatoire, nombre des apparitions de A au cours des  observations.
N est un entier k compris entre 0 et .
Les conditions données en hypothèses permettent de conclure que N suit une loi
binomiale B(, p).
pk (1  p) k
On a P(N = k) = k 
, E[N] = p et Var(N) = p(1–p).
On peut montrer que lorsque  —> ∞, ces probabilités binomiales convergent vers les
probabilités de Poisson :
k
P(N = k) 
() 
e
k!
, avec E[N] =  et Var(N) = .
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b) Estimation ponctuelle de 
La suite des variable aléatoires N, « moyennes arithmétiques » des valeurs prises par N
dans un échantillon de taille n, converge en probabilité vers E[N] (loi des grands
nombres, c’est à dire que l’on a pour tout  donné, P( N– p< ) ––> 1 quand n tend
vers l’infini).
On considère que  est assez grand pour que p soit assez proche de 
La valeur observée de N dans un échantillon de taille n est un bon estimateur de la
valeur .
(On pourrait préciser cette estimation par un intervalle de confiance en posant
P( N – < ) = 1 – , où  est le risque que la valeur réelle de  ne soit pas dans
l’intervalle ] N– , N+ [).
Il suffit de calculer la moyenne des valeurs observées de N dans un échantillon assez
grand (contrôle expérimental de sa taille par observation de la stabilisation de cette
moyenne), pour obtenir une valeur estimée de p, proche du paramètre de Poisson .
On en déduit la valeur estiméeN / pour la probabilité p, paramètre du modèle introduit
dans l’ordinateur, et N/ pour la constante , cadence du phénomène, qui nous intéresse.
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5 – Interprétation de la simulation dans le modèle pseudo-concret.
La masse de matière fissile contient M atomes radioactifs. La désintégration de l’un ou
l’autre de ces atomes (événement A ) vérifie (en gros) les hypothèses heuristiques
précédentes.
Soit p = P(∆t) la probabilité d’observer une désintégration pendant un petit intervalle de
temps de durée ∆t.
On observe le phénomène pendant un temps .
Dans notre simulation, nous avons discrétisé ce temps  en  petits intervalles ∆t :
 = ∆t.
Des hypothèses il découle que p—> quand ∆t—>0. La cadence est donc la limite
de P(∆t)/∆t quand ∆t tend vers 0.
Le paramètre  caractérise la radioactivité, c’est la « constante de désintégration ».
La « période »  de l’élément radioactif considéré est la durée pendant laquelle la
moitié de la masse fissile s’est désintégrée.
La fréquence des atomes non encore désintégrés parmi les M est alors 1/2. La loi des
grands nombres permet de relier T à .
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Dans le cas de la radioactivité naturelle, on peut considérer que les désintégrations des
atomes sont indépendantes.
De plus, pour un intervalle de temps donné, chaque atome a la même probabilité d’être
désintégré. Soit  cette probabilité de désintégration entre 0 et T.
À chaque atome radioactif de l’échantillon, on associe l’épreuve de Bernoulli qui consiste
à voir s’il est désintégré au bout du temps T. Cet événement est donc de probabilité .
On recommence cette expérience avec les M atomes de la masse radioactive.
Le théorème de Bernoulli indique que la fréquence F des atomes désintégrés à l’instant
T dans un échantillon de matière fissile, tend (en probabilité) vers  quand la taille de
l’échantillon (c’est-à-dire le nombre d’épreuves de Bernoulli réalisées) tend vers l’infini.
Ce théorème se traduit formellement par :
 > 0, P(F –  > ) –––> 0 quand M ––> ∞
M étant très grand (de l’ordre de 1023), on peut conclure qu’il y a une probabilité infime
que  soit notablement différente de cette fréquence 1/2 des atomes désintégrés parmi
les M considérés.
T est donc la durée au bout de laquelle un atome donné a la probabilité 1/2 d’être (ou ne
pas être) désintégré.
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La loi exponentielle de la variable X, temps d’attente de la désintégration de l’atome
(modèle continu), donne le résultat :
ln 2
T
P(X ≤ T ) = 1/2 = 1  e
, d’où T =

Par exemple T = 1580 ans pour le radium,  =
désintégration des atomes de radium.
ln 2
= 0,0004 est la cadence annuelle de
T
Dans notre simulation, nous avions  = 30, et par exemple p ≈ 0,085, d’où ≈ 2,55/.
En prenant pour  un mois, on a simulé la radioactivité d’un élément relativement actif
de demi-vie T =
ln 2
≈ 0,23 mois, soit environ 8,1 jours. C’est la période de l’iode-131.

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6 – Principe de la datation par radioactivité naturelle
On considère un échantillon de matière radioactive dans lequel il y a à l’instant t, M(t)
atomes non désintégrés d’un élément radioactif donné.
A partir d’un instant initial t0 où l’on connaît le nombre M0 d’atomes radioactifs présents
dans l’échantillon, la loi de décroissance de M(t) (
à l’instant t, permet de calculer t.
ln 2
dM(t )
 M(t )
dt
) et la mesure de M(t)
La demi-vie de ces atomes est T =
où  est la cadence de désintégration.

Celle-ci peut être estimée par l’observation répétée de l’échantillon sur un certain
nombre d’unités de temps. Il suffit de compter le nombre N d’atomes désintégrés par
unités de temps, et la moyenne N est un estimateur de la cadence  mesurée avec cette
unité.
Dans notre exemple de simulation où p  , avec  = 30 et p = 0,01, si  est l’unité de
temps,  = 0,3. Avec par exemple M(t) = 6,02  1023 (nombre d’Avogadro), et  une
année, le taux de désintégrations par unité de temps est M(t)  1,8  1023 (ce qui en fait
5  1015 par seconde !) et une demi-vie de 2,3 ans.
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