Année 2012 Pour le DIPLOME EN OSTEOPATHIE (D.O) Présenté et soutenu publiquement Le 16 octobre 2012 à Montréal Par MAHOUX Frédéric Né le 18 février 1974 à Figeac, France Approche viscérale dans le traitement de la lombalgie chronique Membres du jury Président : Assesseurs : VOYER Guy, Pht MD DO. MICHEL Daniel, MD DO. DELANGE Carla, Pht DO. TURMEL Serge, DO. BERTRAND Chantale, DO. BURKE Andy MSc Sport Medicine, DO. MATHIEU Marie Ève, DO. MARIN Karyne, DO. Directeur du mémoire : VOYER Guy Pht MD DO. 1 I Remerciements A Guy Voyer D.O, pour sa compétence et sa passion communicative, pour son sérieux non dénué d’humour et l’élan qu’il m’a donné. A Michel Daniel D.O, pour son infinie patience, son intelligence et ses conseils avisés. Puissions-nous tous avoir la même soif de connaissances. A mes camarades et collègues de l’école, toujours partant pour avancer. A ma famille, cette incroyable source d’énergie. II « Celui qui veut contempler les œuvres de la Nature, doit non pas se laisser conduire par les écrits anatomiques, mais voir par ses propres yeux. » Aristote.1 1 Aristote Philosophe grec (384- 322 avant J.-C.). III En effet, comme nous l’avons appris durant notre formation, tous les schémas et autres dessins anatomiques pourtant créés dans un but pédagogique sont inappropriés, car ils ne retranscrivent pas la complexité relationnelle du corps humain. Les aponévroses musculaires par exemple, possèdent beaucoup de petites expansions souvent négligées par les ouvrages d’anatomie car considérées comme mineures mais qui expliquent, de part leurs insertions, les différentes transmissions de force découlant d’une chaîne lésionnelle. Non seulement les tissus sont tous liés entre eux par les fasciae, mais il existe entre eux une continuité tissulaire totale : Comme le décrit le professeur Guimberteau2 : « La dissection chirurgicale in vivo permet de constater qu’il n’y a que des connections tissulaires, une véritable continuité histologique, sans séparation nette, que ce soit entre la 3 peau et l’hypoderme, les vaisseaux et entre l’aponévrose et le muscle » ; Et s’il n’y a pas de séparation histologique vraie, encore faut-il pouvoir les traiter en ce sens, c'est-à-dire de conceptualiser un traitement, non par rapport à un tissu, mais à ses rapports. Je ne parlerai pas ici des derniers films anatomiques en 3D qui eux aussi simplifient les tissus (et notre cerveau !) à l’extrême et soulagent notre mémoire et nos centres visuels d’un effort pourtant salutaire, mais de la duplication virtuelle réalisée par le seul processeur réellement capable de le faire : notre propre cerveau. Oui, l’anatomie doit être dupliquée virtuellement dans notre tête dans un premier temps en 2D, puis au fur et à mesure des progrès en 3D, puis en 4D c'est-à-dire en y incluant le facteur temps : le mouvement. Enfin, avec l’aide de nos mains, la duplication réelle peut se réaliser lors d’une séance d’ostéopathie où nous chercherons à deviner les chaînes lésionnelles d’un patient intégrant à la fois sa posture, ses pathologies et ses adaptations anatomiques, notre ressenti, les axes de traitements possibles etc. … Cette belle phrase d’Aristote nous met aussi en garde contre les écrits en général, qu’il faudrait lire en conservant un regard critique, sans oublier les nouvelles théories s’échafaudant en continue. Un ouvrage d’hier peut devenir obsolète demain. Un ouvrage d’avant-hier peut ne pas être connu du tout mais être d’avant-garde. (BICHAT Xavier 4 (1800) Traité des membranes en général et de diverses membranes en particulier J S CHAUDE EDITEUR (1832))5. 2 Gimberteau J.C né en 1947 Cofondateur de l’IAM, de la GEM, de la SF CPRE (tous ces comités sont tournés vers l’étude de la main et des plans de glissements en général.) 3 Tiré du dossier « carte blanche à J.C Gimberteau » du site futurasciences. 4 Marie François Xavier Bichat, né le 14 novembre 1771 à Thoirette (Jura) et mort le 22 juillet 1802 à Paris, médecin biologiste et physiologistefrançais. 5 Visible sur Googlebooks car le livre n’est plus publié à notre connaissance. IV Fig.1 Continuité tissulaire d’un tendon et de sa gaine selon le professeur Gimberteau6 6 Tiré de Main, peau et glissement : Opinions nouvelles sur la matière vivante - 07/05/2005 ( http://www.futurasciences.com/fr/doc/t/medecine-1/d/main-peau-et-glissement-opinions-nouvelles-sur-la-matierevivante_533/c3/221/p1/) V Table des matières Remerciements………………………………………………………………..…………...I Citation………………………………………………………………………..……..……II Table des matières……………………………………………………………..……..……V Hypothèse de recherche…………………………………………………………...………IX Résumé………………………………………………………………………..…….……..X Abstract……………………………………………………………………………..…….XII Chapitre premier : introduction. 1.1 introduction ………………………………………………………………………….1 1.2 positionnement du problème ………………………………………………………...1 Chapitre deuxième : Justification de la recherche 2.1 Objectif de la recherche………………………………………………...…………….2 2.2 Histoire de l’ostéopathie et définitions des différentes lombalgies …...……………..2 2.2.1 Histoire de l’ostéopathie…………………………………………….………..2 2.2.2 Définitions de la lombalgie ……………………………………….………….5 2.3 Hypothèse ………………………………………………………………….…………7 2.4 Réponse à l’hypothèse ……………………………...………………………….……..7 2.5 Embryologie …………………………………………………………………….……8 2.5.1 Généralités et intérêt de l’embryologie en ostéopathie ………………………8 2.5.2 Au commencement ………………………………………………………..…8 2.5.3 À partir de la troisième semaine …………………………………………..….9 2.5.4. La quatrième semaine ………………………………………………….……11 2.5.4.1 Proprement dite …………………………………………...………….11 2.5.4.2 Les plicatures de l’embryon ……………………………………………13 2.5.5 La cinquième semaine ………………………………………………………...17 VI 2.5.6 De la sixième jusqu’à la douzième semaine ……………….………………….19 2.6 Anatomie ostéopathique relationnelle ………………………………..…………………..26 2.6.1 Rapports viscéraux de la colonne lombaire via le diaphragme ………….……..26 2.6.1.1 Les rapports viscéraux de la colonne lombaire via le diaphragme, le foie et la présentation des différents liens péritonéaux de la région ……………………………….27 2.6.1.2 Rapport viscéraux de la colonne lombaire via le diaphragme et l’estomac, carrefour de l’exploration fasciale des liens péritonéaux postérieurs …………………….….30 2.6.1.3 Un autre rapport important de la colonne lombaire, du diaphragme et du péritoine : l’angle colique supérieur droit ……………………………………………………38 2.6.1.4 Les rapports des piliers du diaphragme et de ses insertions proprement dites …………………………………………………………………………………………..39 2.6.1.5 Rapports des arcades du diaphragme…………………………………..45 2.6.2 Rapports viscéraux de la colonne lombaire via le fascia iliaca ………………..46 2.6.2.1 Le cas de la veine lombaire ascendante ………………...…………….47 2.6.2.2 Rapports viscéraux du fascia iliaca ……………………..…………….52 2.6.2.2.1 L’arcade du psoas, véritable renforcement du fascia iliaca ……52 2.6.2.2.2 Par rapport aux reins ……………………………………..……52 2.6.2.2.3 Par rapport à la région lombaire ………………….……………56 2.6.2.2.4 Par rapport à la portion pelvienne …………………..…………58 2.6.2.2.5 Un mot sur le plexus lombaire …………………….…………..60 2.6.3 Rapports viscéraux de la colonne lombaire via les abdominaux ………………62 2.6.4 Rapports intrinsèques des vertèbres lombaires et présentation des muscles postérieurs ……………………………………………………………………..……………..66 2.6.4.1 Le cas des muscles intertransversaires …………………..……………68 2.6.4.2 Présentation et rôle de l’aponévrose lombo-sacrée …..……………….71 2.6.5 Généralisation des rapports de la colonne lombaire ………….………………..71 2.7 Biomécanique de la colonne lombaire et répercutions viscérales …………….………..71 2.7.1 Approche globale tenségritive et rôle des muscles profonds ………………….71 VII 2.7.1.1 Introduction ………………………………………………………….71 2.7.1.2 Présentation et définition de la tenségrité ……………………..……..72 2.7.1.3 Le système PIT and DAM …………………………………….……..76 2.7.1.4 Le cas des ligaments ilio-lombaires supérieurs et inférieurs ……...…78 2.7.1.4.1 Le ligament ilio-lombaire supérieur …………………………78 2.7.1.4.2 Les ligaments ilio-lombaires inférieurs ………………….…..78 2.7.2 Un exemple de chaîne lésionnelle incluant une lésion de torsion du fascia iliaca droit et une lésion du colon ascendant ………………………………………...……………..80 2.7.3 Un deuxième exemple : les conséquences d’une hernie hiatale ……..…………81 Chapitre troisième : Méthodologie …………………………………………..………………83 3.1 Présentation de l’étude : 3.1.1 Critère d’inclusion ……………………………………………..……………….84 3.1.2 Critère d’exclusion …………………………………………….………………..84 3.2 Les instruments de recherche ………………………………………….………………..84 3.2.1 Le questionnaire médical ……………………………………………………….84 3.2.2 Evaluations sans instruments …………………………………...………………84 3.2.2.1 Le questionnaire sur la douleur : (subjectif)………………………………84 3.2.2.2 Evaluation des torsions négatives de chaque vertèbre à l’aide de l’écoute et du toucher ostéopathique …………………………………………………………85 3.2.3 Evaluation objectives à l’aide d’instruments : 3.2.3.1 le goniomètre …………………………………………….………………….85 3.2.3.2 le mètre ruban inextensible …………………………...………………86 3.3 Procédure d’évaluation et de traitement …………………………………..……………87 3.3.1 Déroulement des séances ……………………………………………………….88 3.3.1.1 Première séance : durée 60 minutes ……………………..……………….88 3.3.1.2 Deuxième séance : durée 60 minutes …………………………………88 3.3.1.3 Troisième séance : durée 60 minutes …………………………………89 3.3.1.4 Quatrième séance : durée de 6 à 8 minutes ………………………….89 VIII 3.4 Description des techniques ………………………………………………..……..…….90 3.4.1 Traitement ostéopathique se focalisant sur la partie postérieure de la région lombaire...90 3.4.2 Traitement ostéopathique antérieur de la région lombaire …………...………90 3.5 Description des variables ……………………………………………………...…………91 3.5.1 La variable indépendante …………………………………………...…………..91 3.5.2 Les variables dépendantes ………………………………………………………91 Chapitre quatrième : Analyses et interprétation des résultats ………………………..………92 4.1 Analyse statistique : 4.1.1 Description de l'expérience …………………………………………………….92 4.1.2 Flexion antérieure ……………………………………………...………………93 4.1.3 Inclinaison latérale droite …………………………………………………...…94 4.1.4 Echelle de la douleur ……………………………………….………………….95 4.1.5 Torsion négative ………………………………………..……………………...96 Chapitre cinquième : discussion ……………………………………………………..………99 5.1 Résultats de la recherche ……………………………………………………….………99 5.1.1 Echelle de la douleur ……………………………….………………….……….99 5.1.2 La flexion antérieure ………………………………..…………………………100 5.1.3 Les inclinaisons latérales ……………………………..……………………….100 5.1.4 La mobilisation en torsion négative ………………….………………….…….101 5.2 Autocritique ……………………………………………………………………..……..101 6 Conclusion ………………………………………………………….………….…………102 7 Bibliographie ………………………………………………………………….…………..104 8 Annexes …………………………………………………….………………….………….106 IX Hypothèse de recherche L’ajout d’une chaîne fasciale antérieure améliore les résultats du traitement ostéopathique des lombalgies chroniques. X Résumé L’idée que le traitement viscéral améliorait grandement le retour à la normale de la colonne lombaire a émergé lors des traitements ostéopathiques de lombalgies chroniques réalisées en clinique. Mais l’amélioration du traitement ostéopathique des lombalgies chroniques par l’ajout d’une chaîne antérieure viscérale restait à démontrer et représente pour ce travail notre hypothèse de départ. Pour cela une longue étude et un approfondissement des connaissances en embryologie et en anatomie relationnelle étaient nécessaires et nous confortaient dans notre intuition de départ, devenant ainsi de plus en plus tangible. Nous avons ensuite établi deux chaînes fasciales, une postérieure et une antérieure (par rapport à la colonne lombaire) susceptibles de démontrer notre hypothèse de départ. Après recrutement d’un groupe de patients avertis et remplissant tous les critères d’inclusions et d’exclusions de l’étude, nous avons réalisé deux groupes : Un groupe de contrôle subissant uniquement les techniques ostéopathiques postérieures de la région lombaire (postérieures par rapport à la colonne lombaire). Un groupe expérimental subissant les même techniques postérieures plus des techniques antérieures viscérales. L’échantillon d’analyse a été établi sur la région de Marseille (France) et comporte 55 individus répartis au hasard dans un groupe de contrôle de 26 personnes et un groupe expérimental composé lui de 29 personnes. Les deux groupes ont subi une série d’évaluations objectives et subjectives avant chaque séance, sur un total de quatre rendez-vous, trois rendezvous avec traitement ostéopathique et un dernier, de mesures uniquement. Nous avons mesuré la flexion antérieure de la colonne lombaire, l’inclinaison latérale et les torsions négatives de chaque vertèbre prise une par une ainsi que la douleur ressentie. Les résultats statistiques démontrent sur ces échantillons, par ailleurs homogènes au départ, un gain significatif dans le groupe expérimental du point de vue de la mobilité articulaire de XI l’ensemble des vertèbres lombaires en flexion et en inclinaison. Ils démontrent aussi un gain significatif en mobilité de chaque vertèbre en torsion négative et un gain significatif sur le plan de la douleur. L’hypothèse de départ est donc confirmée : l’ajout d’une chaîne viscérale antérieure améliore le traitement ostéopathique de la lombalgie chronique. XII Abstract The idea that the visceral treatment would greatly improve the lumbar column ´s return to its normal size emerged from osteopathic treatments of chronic low back pain conducted at the office. But the improvement of the osteopathic treatments of chronic low back pain by the addition of an anterior visceral chain served to demonstrate and represent the initial hypothesis through this work. For this study, a long and in-depth knowledge of embryology and relational anatomy were necessary and confirmed our original intuitions which became increasingly tangible. We then established two fascias chains, one posterior and one anterior (relative to the spine) likely to demonstrate our original hypothesis. After recruiting a group of informed patients and fulfilling all of the study´s criteria of inclusion and exclusion, we created two groups: A control group only undergoing the posterior osteopathic techniques of the lumbar area (posterior in relation to the lumbar column) An experimental group undergoing the same posterior techniques, plus the anterior visceral techniques. The sample of people was established in the region of Marseille (France) and consists of 55 people randomly assigned to a control group of 26 people and an experimental group consisting of 29 people. Both groups underwent a series of objective and subjective evaluations before each session, over a total of four appointments, three with osteopathic treatment and a final one with measurement only. We measured the anterior flexion of the lumbar column, the side bending and the negative torsions of each vertebra taken one by one as well as the pain experienced. XIII Through the sample, the statistical results show, otherwise homogenous at the start, a significant gain in the experimental group in terms of joint mobility of all lumbar flexion and inclination. They also show a significant gain in mobility of each vertebra in negative torsion and a significant gain in terms of the pain. The original hypothesis is confirmed: adding an anterior visceral chain improves the osteopathic treatments of chronic low back pain. 1 Chapitre premier : Introduction 1.1 Introduction : Le mal au dos, « mal du siècle » (Maigne robert7), est une pathologie de plus en plus fréquemment traitée en cabinet. Son incidence ne cesse d’augmenter (x10 entre 1982 et 1992), 8 personnes sur 10 connaîtront au moins un épisode lombalgique dans leur vie (Poiraudeau8 et Coll 2004). Cette situation souligne l’échec des thérapeutiques conventionnelles et sans doute celui d’une vision postérieure mécaniste et réductrice de cette zone. 1.2 Positionnement du problème : Lors de mes précédentes études de masso-kinésithérapie, les professeurs insistaient sur le fait que les patients se plaignant de « mal aux reins » souffraient en fait de lombalgie. C’est exactement l’inverse que nous allons tenter de prouver. Etymologiquement d’abord, le mot lombes vient du latin lumbus qui signifie « échine, dos, longe, râble » lui-même descendant de l’indo-européen commun lendh qui signifie lui « rein » (wikipedia). Le lien viscéral dans la représentation de cette région était donc évident à l’époque … L’étude des lombalgies a fait l’objet d’une quantité astronomique de thèses qui pour la plupart se basent sur l’aspect structurel ou postérieur du problème. Or cette région est très riche de rapports avec le système viscéral via principalement le péritoine et différentes insertions musculaires de la partie antérieure de l’abdomen. A la lumière de tout ceci ne serait-il pas judicieux de considérer l’abord antérieur dans le traitement de la lombalgie ? La complexité de cette anatomie péritonéale et de la biomécanique qui en résulte justifie-t-elle son évincement des différentes thérapeutiques ? 7 8 Maigne, Robert, François, Médecin (1923-2012). Poiraudeau Serge professeur à l’hôpital Cochin. 2 Chapitre deuxième : justification de la recherche : 2.1 Objectif de la recherche : Le but de cette étude est de sensibiliser les thérapeutes de tous bords à l’importance d’intégrer la partie antérieure de la région lombaire dans la vision de cette région, afin de proposer une thérapeutique adéquate et efficace. 2.2 Histoire de l’ostéopathie et définitions des différentes lombalgies : 2.2.1 Histoire de l’ostéopathie : L’ostéopathie fut découverte par Andrew Taylor Still9 en 1874 ; sa devise favorite était : « la structure gouverne la fonction » ; c'est-à-dire que de la bonne cohérence des mouvements de la structure osseuse dépend la qualité de fonctionnement de tous les autres tissus et notamment des organes. Son deuxième célèbre axiome : « le rôle de l’artère et absolue » rejoint le premier. Pour Still l’artère est (à juste titre) le principal lien entre les résultats obtenus au niveau fonctionnel de son traitement structurel. 9 Andrex Taylor Still (1828-1917) fondateur du concept thérapeutique de l’ostéopathie. 3 Fig.2 Andrew Taylor Still.10 Plus tard, John Martin Littlejohn11 son ancien patient et élève, devenu ostéopathe sous son égide, pensait lui que la fonction pouvait aussi gouverner la structure et ce, sans renier la première devise de Still. Nous aboutissons donc à la devise « la structure gouverne la fonction et vice et versa. » Apparemment ce débat est toujours d’actualité car la prise en charge d’un lombalgique chronique est très (trop) souvent orientée vers le traitement du plan postérieur, le plan de la structure. Loin d’être une prise en charge incluant les principes de tenségrité, son approche monoaxiale ne rencontre que peu de succès : Il n’existe pas, en effet, à ma connaissance d’être humain affublé du seul plan postérieur au niveau lombaire ! 10 11 Tiré de Wikipédia http://fr.wikipedia.org/wiki/Andrew_Taylor_Still). Jhon Martin Littlejhon (1965-1947).élève de Still puis éminent ostéopathe. 4 Fig.3 John Martin Littlejohn.12 En découvrant le mouvement de respiration primaire (MRP) et le champ crânien William Gardner Sutherland13 fit encore évoluer l’ostéopathie dans une approche de normalisation histologique de la fonction. Fig.4 William Gardner Sutherland.14 12 13 Tiré de http://www.osteopathicarchive.ac.uk/collections/gallery/j-m-littlejohn. William Gardner Sutherland (1873-1954) découvreur de l’ostéopathie crânienne. 5 L’ostéopathie est donc un art et une science, où l’écoute et le toucher sont décuplés par les connaissances anatomiques, biomécaniques, pathologiques, sociales, psychologiques, et cetera ... 2.2.2 Définitions de la lombalgie : Il existe trois types de lombalgies classées selon la durée des symptômes : 1. La lombalgie aiguë est la plus courte. Le tableau clinique le plus souvent observé est celui du lumbago (Poiraudeau et coll. 2004). Aisément reconnaissable, il survient brutalement à la suite d’un effort traumatisant, d’un geste quotidien de la vie courante ou d’un faux mouvement, avec parfois la perception d’un craquement. La lombalgie aiguë engendre une douleur souvent très pénible mais d’importance variable. Cependant, la guérison est rapide, elle varie de 2 à 15 jours. 2. La lombalgie subaiguë dure de 6 à 12 semaines. Les causes et les facteurs de cette situation clinique sont les mêmes que celles de la lombalgie aiguë. C’est pour permettre une étude plus spécifique de cette situation à fort risque de chronicité que cette catégorie de lombalgie commune a été constituée (Poiraudeau et coll. 2004). 3. La lombalgie chronique et récidivante est la plus longue avec une durée supérieure à 12 semaines (3 mois). C’est sur cette dernière forme de lombalgie que portera notre travail. La Société Française de Rhumatologie (2007) définit la lombalgie chronique comme une « douleur lombo-sacrée, à hauteur des crêtes iliaques, ou plus bas, médiane ou latérale, avec possibilités d’irradiations ne dépassant pas le genou, mais avec prédominance de douleurs lombo-sacrées durant au moins 3 mois, quasi-quotidiennes, sans tendance à l’amélioration ». Cette pathologie est cataloguée « maladie du siècle » car selon les estimations huit personnes sur dix souffriront de douleurs rachidiennes au moins une fois au cours de leur vie (Poiraudeau et coll. 2004). 14 Tiré de http://www.drgentile.com/WG%20Sutherland.htm. 6 Anatomiquement parlant, l’inflammation chronique de n’importe quels tissus innervés de cette région peut provoquer une lombalgie chronique : - La dure-mère. - Les nerfs et leurs gaines appelées les nervo-nervorum. - Les vaisseaux et leurs gaines appelées les vaso-vasorums. Ces deux tissus sont liés anatomiquement et n’en font in fine qu’un seul : une gaine fasciale vasculo-nerveuse ou les nervo-nervorums et vaso-vasorums fusionnent en lemniscates autour du nerf, de l’artère et des deux veines satellites (le plus souvent). - Les disques intervertébraux : Yoshizawa15 et Coll. en 1980 démontre l’innervation de ces tissus surtout dans leur tiers périphérique. - Les cartilages articulaires inter-apophysaires. - Le périoste : engendre une douleur issue de l’atteinte de l’os (arthrose, séquelles de fractures, malformations congénitales, ostéites, arthrites, tumeurs, etc. …) - Les capsules articulaires (arthrose, fibroses, déchirures …) - Les ligaments (entorses, tumeurs ...) - Les aponévroses musculo-tendineuses. - Les corps musculaires. - Les viscères (rein, appendice, vésicule …). En outre, la position des veines lombaires ascendantes entre le faisceau corporéal et transversaire du psoas, l’assujettit à différentes compressions qui elles-mêmes entraînent un pseudo syndrome des loges des muscles paravertébraux. Une torsion chronique et/ou un spasme de ce muscle, possiblement fixés par une des insertions viscérales de son fascia (fascia iliaca) peuvent donc entraîner une lombalgie chronique. Cette torsion peut aussi être la résultante d’une lésion de rotation d’une vertèbre lombaire sur une autre. 15 Yoshizawa H auteur de plus de 130 études sur la colonne lombaire. 7 2.3 Hypothèse : Aujourd’hui encore, le traitement de la lombalgie, même au niveau ostéopathique, se contente trop souvent d’une vision mécaniste structurelle ou fonctionnelle principalement axée sur le plan postérieur du rachis lombaire. Or, le rachis lombaire est la zone d’insertion de TOUS les organes abdominaux via les fasciae iliaca et la jonction entre les deux diaphragmes thoracique et pelvien via les lames pubo-vésico-recto-sacrées. 2.4 Réponse à l’hypothèse : 1. Comme l’a démontré Littlejhon il y a plus d’un siècle, la normalisation des tensions viscérales est aussi importante que la normalisation des tensions structurelles. Nous prétendons donc que le traitement ostéopathique de la lombalgie doit comporter aussi toute sa dimension antérieure et péritonéale pour être la plus complète et la plus proche de la physiologie. 2. Nous évaluerons ainsi deux sortes de traitements de la lombalgie : -un traitement ostéopathique du plan postérieur (Témoin), -un traitement ostéopathique global de la région. 8 2.5 Embryologie : 2.5.1 Généralités et intérêt de l’embryologie en ostéopathie : L’intérêt de l’embryologie en ostéopathie est double car elle permet à la fois de mettre en relation des tissus issus d’un même groupe tissulaire embryologique ; elle donne donc une orientation thérapeutique de confirmation ou d’infirmation de l’existence de lésion d’une partie ou de l’ensemble de ce groupe, mais elle permet aussi et surtout de donner le ou les axes (parfois il en existe plusieurs) de mouvement de respiration primaire (MRP) des tissus. En effet, il semblerait que le sens du MRP soit le même que celui de l’induction neuromatricielle : cette force qui forge nos tissus lors de la croissance du fœtus mais qui donne aussi à nos cellules la direction de poussée des cellules ostéoblastiques lors de la réparation d’une fracture. Les différents enroulements des organes, le sens de poussée des tissus fasciaux lors de la phase embryonnaire puis fœtale déterminent donc la manière de les traiter : ils donnent le cap de l’écoute et du toucher. Tous les tissus du corps humain sont issus du développement et des repliements de trois feuillets primordiaux, qui sont, dans l’ordre d’apparition : - l’ectoderme, - l’endoderme, - le mésoderme. 2. 5.2 Au commencement : L’ovocyte fécondé par le spermatozoïde passe par le stade de morula puis par le stade de blastocyte. A la fin de la première semaine, le zygote humain a commencé son implantation dans la muqueuse utérine. 9 2.5.3 À partir de la troisième semaine : Cette période prépare la suivante qui est le siège de l’organogénèse. Le disque didermique subit la gastrulation qui le transforme en disque embryonnaire tridermique. Cette gastrulation permet de rapprocher des sous-groupes de cellules qui peuvent ainsi agir les unes sur les autres, par induction, et donner naissance aux précurseurs tissulaires ou aux ébauches embryonnaires à l’origine des organes du corps. Fig.5 Voie de migration du mésoderme invaginé. Les cellules épiblastiques qui pénètrent au niveau du nœud primitifs migrent directement en direction crâniale pour former la plaque préchordale et le processus notochordal. Les cellules qui se rendent en profondeur, à partir de la ligne primitive, constituent le mésoderme disposé de chaque côté de la ligne médiane.16 Nous voyons bien ici l’importance des rapports, qui, dès le stade embryonnaire, permet le développement des différents tissus. Ces rapports sont les principaux outils de la vision ostéopathique du corps humain. Le rapport, au sens large, c’est aussi le contact/fusion tissulaire qui, au niveau embryonnaire, déclenche le développement des différentes couches tissulaires. Elles complexifient l’organisation des différentes parties du corps et induisent les plicatures des différentes couches dermiques etc. … 16 LARSEN William. J, Tiré de l’ouvrage Embryologie humaine, De Boek, 2ème édition, 2009. 10 Ces rapports induisent les différents tissus au stade embryonnaire ; nous comprenons alors que la limite entre chaque tissu n’existe pas mais constitue une transition tissulaire progressive où les fibres s’entrelacent et gardent les caractéristiques des deux tissus à la fois. L’apprentissage des rapports si cher à l’approche ostéopathique est dans le domaine de l’embryologie une évidence. Par ce filtre, l’anatomie nous apparaît relationnelle, le corps comme une unité complexe, son fonctionnement comme un gigantesque système dont chaque mécanisme dépend de l’autre, de par son positionnement intrinsèque et extrinsèque et de par son état. Au niveau ostéopathique, l’embryologie nous fournit une nouvelle preuve du bien-fondé d’une vision globale et relationnelle du corps et notamment des rapports entre la colonne lombaire et les viscères abdominaux puisque tous les tissus abdominaux sont issus de la colonne vertébrale primitive (le tube neural cf. 2.1.4 La quatrième semaine (ci-dessous)). Fig.6 Coupes à travers un embryon de 17 jours montrant la différenciation du mésoderme de chaque côté de la ligne médiane. A Au début du jour 17, B coupe sagittale étagée montrant les condensations en barres du mésoderme para-axial et de l’intermédiaire. Le trait interrompu indique le plan des deux coupes transversales. C plus tard, mais encore dans le jour 17, la lame latérale commence à se vacuoliser pour former l’ébauche du cœlome intraembryonnaire.17 17 LARSEN William. J, Tiré de l’ouvrage Embryologie humaine, De Boek, 2ème édition, 2009. 11 C’est d’ailleurs l’induction du mésoderme par l’endoderme sous-jacent qui aboutit à la formation des vaisseaux sanguins et à d’autres organes mésodermiques, y compris le système urogénital, le revêtement des viscères et de la paroi du corps. Lors de la troisième semaine, apparaît les deux principaux précurseurs des futurs organes qui sont les somites et la plaque neurale. Les somites représentent une série de blocs mésodermiques condensés qui se développent dans le mésoderme para-axial, de chaque côté de la notochorde. Ils se partagent ultérieurement en sclérotomes, en myotomes et dermatomes qui se différencient ensuite respectivement en colonne vertébrale, musculature squelettique et derme. 2.5.4. La quatrième semaine : 2.5.4.1 Proprement dite : La plaque neurale apparaît comme l’épaississement de l’ectoderme, de chaque côté de la ligne médiane, crânialement au nœud primitif. Cette plaque va s’enfoncer le long de la ligne médiane et s’enrouler en un tube, le tube neural, qui est le précurseur du système nerveux central. Fig.7 La création du tube neural.18 18 LARSEN William. J, Tiré de l’ouvrage Embryologie humaine, De Boek, 2ème édition, 2009. 12 Les feuillets mis en place pendant la troisième semaine se différencient pour constituer les ébauches de la plupart des grands organes du corps. Les ganglions sympathiques et parasympathiques se développent tout le long de la moelle épinière. Les sclérotomes segmentaires se divisent et se recombinent pour former les ébauches vertébrales intersegmentaires. La portion de somite qui reste en place après la migration du sclérotome en direction médiale, appelée dermatomyotome, se sépare rapidement en deux parties, le dermatome et le myotome. Les dermatomes sont à l’origine du derme (graisse et tissu conjonctif) du cou, du dos et de la partie latérale et ventrale du tronc. Fig.8 Les cellules de la crête neurale se détachent des bords latéraux de la plaque neurale et migrent à travers l’embryon pour former beaucoup de tissus différents.19 Chaque myotome se partage en deux parties : une dorsale ou épimère et une ventrale ou hypomère. Les épimères sont à l’origine des muscles épi-axiaux profonds du dos y compris les érecteurs du rachis et le groupe transversaire épineux. Les hypomères donnent naissance aux muscles de la paroi postérieure et latérale du thorax et de l’abdomen. 19 LARSEN William. J, Tiré de l’ouvrage Embryologie humaine, De Boek, 2ème édition, 2009. 13 Encore une fois, tous les muscles abdominaux comme les organes et tous les autres tissus, sont issus de la colonne primitive. Les rapports paraissent alors évidents entre les organes et la colonne vertébrale lombaire. Dans le traitement ostéopathique de la région, cette relation devra émerger de la duplication anatomique de l’ostéopathe. Fig. 9 Subdivision initiale du mésoderme somitique. Les cellules ventro-médiales et disposées en cordon du somite, constituant le sclérotome, migrent en direction de la ligne médiane de l’embryon pour entourer le tube neural et la notochorde et être ensuite à l’origine, respectivement, des arcs vertébraux et des corps vertébraux. Les cellules restantes du somite, situées dorso-latéralement, forment le dermatomyotome.20 2.5.4.2 Les plicatures de l’embryon : Au cours de la quatrième semaine, les plicatures successives de l’embryon donnent la forme en trois dimensions commune à tous les vertébrés à partir du disque embryonnaire primitif. La plicature commence au jour 22, d’abord dans la région céphalique puis dans la région caudale au jour 23. Les feuillets endodermiques, ectodermiques et mésodermiques se rapprochent les uns des autres et fusionnent sur la ligne médiane donnant naissance à un corps en forme de poisson. 20 LARSEN William. J, Tiré de l’ouvrage Embryologie humaine, De Boek, 2ème édition, 2009. 14 Nous retrouvons ici l’origine commune océanique à tous les vertébrés, justifiant de par là même celle du fonctionnement de la colonne lombaire (cf. 3.1.3 le système PIT and DAM) Fig.10 Processus de plicature céphalo-caudale et latérale qui transforme le disque embryonnaire plat en un corps de vertébré à trois dimensions. Lorsque la plicature se produit, l’embryon croit plus rapidement que la vésicule vitelline ; la cavité de celle-ci reste en 15 communication avec le tube digestif en formation par un conduit vitellin en voie de rétrécissement.21 . Fig.11 photo d’un embryon de 4 semaines.22 Ce processus de fusion transforme l’endoderme embryonnaire plat en un tube intestinal. Au début, celle-ci présente deux extrémités aveugles, une crâniale et une caudale (l’intestin antérieur et l’intestin postérieur respectivement séparés par le futur intestin moyen). 21 22 LARSEN William. J, Tiré de l’ouvrage Embryologie humaine, De Boek, 2ème édition, 2009. Tiré de http://embryology.med.unsw.edu.au/wwwhuman/stages/Somite13sem.htm 16 Fig.12 Genèse du cordon ombilical et présentation des différents intestins. La plicature et l’expansion de la cavité amniotique amènent le pédicule embryonnaire et la cavité vitelline à former le cordon ombilical. Comme l’amnios continue de s’accroitre, un feuillet de la membrane amniotique entoure progressivement le cordon ombilical.23 Lorsque les bords de l’ectoderme fusionnent le long de la ligne médiane, l’espace intercepté par le mésoderme de la lame latérale est enfermé dans l’embryon et devient le cœlome intraembryonnaire. Le mésoderme de la lame latérale est à l’origine des membranes séreuses qui tapissent le cœlome : la somatopleure, disposée à la face interne de la paroi du corps et la splanchnopleure, recouvrant le tube digestif. La portion abdominale de celui-ci est suspendue dans le cœlome par le mésentère dorsal, un double feuillet, mince, correspondant à la réflexion de la splanchnopleure dans la somatopleure. L’origine postérieure des tissus formant le futur péritoine est ici encore une fois démontrée. L’intestin antérieur va donner naissance à la cavité pulmonaire et cardiaque notamment le septum transversum à l’origine de la plus grande partie du diaphragme thoracique. Mais au 23 LARSEN William. J, Tiré de l’ouvrage Embryologie humaine, De Boek, 2ème édition, 2009. 17 moment où le cœlome apparaît, il est largement attaché à la paroi postérieure dorsale du tronc. Ici aussi, nous notons cette origine embryologique très puissante de l’insertion postérieure de tous les futurs organes abdominaux, justifiant à elle seule le travail présenté dans cette thèse. Le fait que le tube intestinal abdominal et ses dérivés soient suspendus dans ce qui deviendra plus tard la cavité péritonéale, leur vaut d’être désignés comme intra-péritonéaux. Ce vocable est traditionnel mais relativement mal choisi ; au sens strict, il n’y a rien dans la cavité péritonéale, sauf un peu de sérosité et chez la femme, un ovocyte par mois. Le terme rétro-péritonéal désigne alors des organes qui se développent à l’extérieur de la cavité péritonéale mais pas forcément dans la paroi postérieure du tronc, à l’instar de la vessie par exemple. 2.5.5 La cinquième semaine : La portion abdominale de l’intestin antérieur est déjà divisée, de manière bien apparente, en œsophage, estomac et partie proximale du duodénum. A l’origine l’estomac est fusiforme, mais la croissance différentielle de ses parois ventrales et dorsales produit les petites et grandes courbures. 18 Fig. 13 Rotations de l’estomac. A-C Vues frontales obliques ; D Vue frontale directe. La paroi postérieure de l’estomac subit une expansion, au cours des quatrième et cinquième semaines, pour former la grande courbure. Durant la septième semaine, l’estomac tourne sur son axe longitudinal, dans le sens des aiguilles d’une montre (lorsqu’il est regardé par-dessus).24 Dans le même temps, les diverticules hépatiques, cystiques, pancréatiques dorsales et ventrales apparaissent au niveau de la partie proximale du duodénum pour s’insinuer dans le mésogastre et donner, respectivement, le foie, la vésicule biliaire avec le conduit cystique et le pancréas. En outre, la rate se forme par condensation du mésenchyme et du mésogastre dorsal (donc à partir du mésoderme et non de l’endoderme comme le reste des viscères intraabdominaux). 24 LARSEN William. J, Tiré de l’ouvrage Embryologie humaine, De Boek, 2ème édition, 2009. 19 Fig. 14 Les intestins antérieur, moyen et postérieur du tube digestif primitif sont le résultat de l’action combinée de la croissance différentielle et des plicatures céphalo-caudale et latérale.25 2.5.6 De la sixième jusqu’à la douzième semaine : L’estomac tourne autour de deux axes, un longitudinal et l’autre dorso-ventral, de telle manière que la grande courbure s’oriente vers la gauche et légèrement en direction caudale. Cette rotation pousse le foie vers la droite de la cavité abdominale tout en amenant, en même temps, le duodénum et le pancréas au contact de la paroi postérieure où ils seront fixés (c’est-à-dire secondairement rétro-péritonéaux). 25 LARSEN William. J, Tiré de l’ouvrage Embryologie humaine, De Boek, 2ème édition, 2009. 20 Fig. 15 Echelle temps ; Développement du tube digestif et de ses dérivés.26 26 LARSEN William. J, Tiré de l’ouvrage Embryologie humaine, De Boek, 2ème édition, 2009. 21 Fig. 16 Organes intrapéritonéaux, rétropéritonéaux et secondairement rétropéritonéaux du tractus gastro-intestinal abdominal.27 Ceci a pour conséquence de transformer, à la fin de la rotation, l’espace postérieur à l’estomac et au mésogastre dorsal en un diverticule appelée boursa omentalis ou petite cavité péritonéale future arrière cavité des épiploons. La poche du mésogastre dorsal va donner une grande tunique fasciale qui plus tard, semble nager sur les viscères, le grand épiploon (en grec « surnager ») ou grand omentum. Lorsque le foie s’accroît, la portion caudale du septum transversum (le mésentère ventral), est modifiée pour donner naissance à un certain nombre de structures membraneuses, y compris le revêtement séreux du foie et les membranes qui attachent celui-ci à l’estomac et à la paroi abdominale ventrale. En effet, tous les ligaments suspenseurs des viscères ont une même origine embryologique, n’en font finalement qu’un. La membrane séreuse inférieure du septum devient le péritoine viscéral qui recouvre presque entièrement la surface du foie. Cette zone deviendra l’area nuda du foie ou ligament coronaire, provenant du rapport entre le foie et le futur diaphragme. 27 LARSEN William. J, Tiré de l’ouvrage Embryologie humaine, De Boek, 2ème édition, 2009. 22 Le segment étroit du mésentère ventral, en forme de faux, qui relie le foie à la paroi abdominale se différencie en une membrane : le ligament falciforme. Le bord caudal libre de cette membrane est occupé par la veine ombilicale qui va de la paroi abdominale au foie et futur ligament rond du foie. La portion de mésentère ventral situé entre le foie et l’estomac s’amincit et devient translucide, le petit omentum. Le bord caudal de celui-ci constitue le ligament hépatoduodénal ; il contient les vaisseaux et conduits hépatiques, cystiques et cholédoques. Lorsque l’estomac tourne vers la gauche et que le foie se porte vers le côté droit de la cavité péritonéale, le petit omentum quitte le plan sagittal pour occuper le plan frontal (coronal). Cette disposition a pour effet de réduire la communication entre la petite et la grande cavité péritonéale en un hiatus le foramen épiploïque de Winslow28 ou hiatus de Winslow. La rotation de l’estomac et la croissance du mésogastre dorsal déplacent la rate vers la gauche et crée une connexion, le ligament spléno-rénal. La portion de mésentère dorsal situé entre la rate et l’estomac constitue le ligament gastro-splénique. Tous ces rapports entre le mésogastre dorsal et les viscères établissent un lien fondamental entre le diaphragme, les viscères et la paroi postérieure, intimement liés à la future colonne lombaire. Nous observons donc l’origine commune de tous les ligaments reliant le foie, l’estomac, le diaphragme et plus généralement tous les viscères abdominaux à la paroi postérieure dont ils sont issus, c’est-à-dire à la future colonne lombaire. Ces liens étant fondamentaux en ostéopathie, l’embryologie nous permet de comprendre la profonde unité des tissus du corps humain et sa nécessaire considération dans l’élaboration des chaînes de traitements ostéopathiques. L’intestin moyen se différencie en duodénum distal, jéjunum, iléon, caecum, colon ascendant et deux tiers proximaux du colon transverse. Le futur iléon s’allonge plus rapidement que la cavité péritonéale de sorte que, au cours de la cinquième semaine, l’intestin moyen prend l’aspect d’un pli en épingle à cheveux, antéropostérieur, l’anse intestinale primaire, qui fait hernie à travers l’ombilic, durant la sixième semaine. Durant cette période herniaire, cette 28 Winslow Jacob (1669-1760) médecin danois. 23 anse intestinale primaire tourne de 90 degrés, sur son axe longitudinal, dans le sens antihoraire, de telle sorte que le futur iléon se trouve à gauche et le futur gros intestin à droite. Pendant que se différencient le caecum et l’appendice, le jéjunum et l’iléon continuent de s’allonger. De la dixième à la douzième semaine, l’anse intestinale se retire dans la cavité abdominale et subit une rotation supplémentaire de 180 degrés, toujours dans le sens antihoraire pour donner la configuration définitive de l’intestin grêle et du gros intestin. Fig. 17 Herniation et rotations de l’intestin.29 29 LARSEN William. J, Tiré de l’ouvrage Embryologie humaine, De Boek, 2ème édition, 2009. 24 L’intestin postérieur est à l’origine du tiers distal du colon transverse, du colon descendant, du colon sigmoïde et du rectum. Juste au-dessus de la membrane cloacale, le tube intestinal primitif forme une expansion appelée cloaque. De la quatrième à la sixième semaine, un septum uro-génital primitif, antérieur, est à l’origine des structures uro-génitales, et un, postérieur, est à l’origine du rectum. Le tiers distal du canal ano-rectal se constitue à partir d’une invagination ectodermique, la dépression anale. En termes de rapports, l’embryologie est une discipline de choix puisqu’elle explique l’origine de tous les tissus à partir d’un œuf, c'est-à-dire d’une seule cellule. Chaque tissu est donc issu d’un autre, l’induction neuro-matricielle crée les pliures complexes tissulaires établissant leur niveau fonctionnel et structurel en relation avec tous les autres tissus environnants. Comme tous les tissus sont issus du tube neural primitif, les viscères et leurs attaches et tout le contenu et contenant de l’abdomen gardent des rapports structurels et fonctionnels avec la colonne lombaire. Il semble alors évident qu’une lésion d’un viscère entraînera celle de la colonne lombaire et vice-versa. 25 Fig. 18 Origine postérieure des tissus de l’abdomen.30 30 LARSEN William. J, Tiré de l’ouvrage Embryologie humaine, De Boek, 2ème édition, 2009. 26 2.6 Anatomie ostéopathique relationnelle : En ostéopathie les liens anatomiques sont primordiaux car ils permettent d’élaborer des chaînes lésionnelles. Elles correspondent à l’ensemble des tissus en situation de lésion et sont issues d’une lésion primaire. Outre les liens intrinsèques de la colonne lombaire ainsi que ceux de l'ensemble des muscles du plan postérieur la relayant directement au bassin, aux membres inférieurs et aux membres supérieurs ainsi qu'au reste de la colonne vertébrale, il existe un panel important de liens antérieurs à cette colonne justifiant sa biomécanique complexe. (cf. chapitre suivant). Ces liens antérieurs sont en étroite correspondance avec les viscères via principalement le péritoine, le diaphragme, le fascia iliaca et les muscles abdominaux. 2.6.1 Rapports viscéraux de la colonne lombaire via le diaphragme : L'insertion extrêmement puissante du diaphragme par ces deux tendons terminaux appelés piliers du diaphragme (jusqu’à L3 pour le pilier droit et L2 pour le pilier gauche), ne doit pas faire oublier les autres rapports du diaphragme avec les insertions viscérales qu'il partage avec le péritoine. Car chaque tension des viscères se reportera sur les piliers, donc sur la coaptation de la colonne lombaire. Cette tension du diaphragme créera une coaptation qui pourra être majorée sur le pilier droit ou gauche, introduisant un vecteur supplémentaire en torsion négative dans la biomécanique de la colonne lombaire, qu’elle ne pourra peut-être pas compenser. Les liens entre le diaphragme et les viscères sont des ligaments ou des fasciae mais sont tous des renforcements du péritoine. 27 2.6.1.1 Les rapports viscéraux de la colonne lombaire via le diaphragme, le foie et la présentation des différents liens péritonéaux de la région : Le ligament triangulaire droit et gauche reliant la partie supérieure du foie au diaphragme, le ligament coronaire et le ligament falciforme hépatique forment en réalité une seule entité ayant grossièrement une forme de croix dans sa vue supérieure. Fig.19 Les ligaments du foie n’en font qu’un.31 Le ligament falciforme hépatique se prolonge en avant avec le ligament rond pour se lier avec l’ombilic et la vessie via l’ouraque. 31 BOUCHET. A. et CUILLERET. J. tiré de Anatomie topographique et fonctionnelle tome 4. SIMEP. 2ème édition. 1991. 28 Fig.20 Rapports du foie et du diaphragme.32 La rétraction de ce ligament incite le patient à la flexion antérieur et/ou met en tension le système uro-génital et rectal. C’est un lien antérieur très important entre les deux diaphragmes thoracique et pelvien qui répond au lien postérieur par la continuité tissulaire des piliers du diaphragme et des lames pubo-vésico-recto-sacrées. Plus mobile que ces dernières, le falciforme devrait avoir un rôle plus adaptatif que structurel, d’où l’importance de sa normalisation. 32 BOUCHET. A. et CUILLERET. J. tiré de Anatomie topographique et fonctionnelle tome 4. SIMEP. 2ème édition. 1991. 29 Fig.21 Continuité du falciforme et de l’ombilic. Notez le rapport avec le petit épiploon gastro-hépatique.33 Le ligament coronaire, plus tortueux s’élargit en arrière et englobe la veine cave inférieure. De son union avec le ligament triangulaire gauche naît une extension appelée sillon d’Arantius34, lieu d’insertion du petit épiploon en lien direct avec l’estomac. Ici sont englobées la voie biliaire principale, l’artère hépatique et la veine porte. D’après Andrew Taylor Still : « le rôle de l’artère est absolue », d’où l’intérêt de connaître les tissus qui la mettent en situation de lésion, en tension, afin de pouvoir y remédier par le traitement ostéopathique. Il y a donc un seul et même tissu qui relie le foie au diaphragme (ligaments triangulaires, coronaire et falciforme), le foie à l’estomac (petit épiploon), la veine cave inférieure et le 33 BOUCHET. A. et CUILLERET. J. tiré de Anatomie topographique et fonctionnelle tome 4. SIMEP. 2ème édition. 1991. 34 Giulio Cesare Aranzio, (1530 -1589) médecin italien (nom latinisé en Arentius) 30 système porte hépatique (ligament coronaire et sillon d’Arantius), l’artère hépatique et l’estomac (insertion du petit épiploon sur le sillon d’Arantius). Tous ces éléments sont liés, une atteinte de l’un se répercutera forcément sur un ou plusieurs autres. Ceci explique les problèmes de digestion des graisses des patients atteints d’hernie hiatale, le petit épiploon s’insérant autour du hile hépatique et mettant en tension toute la vascularisation, l’apport et l’excrétion hépato-biliaire. De ce point de vue, il paraît évident qu’une lésion du foie outre ses propres répercutions sur sa fonction, se transmettra directement au diaphragme et/ou à l’estomac, et donc à la colonne lombaire. 2.6.1.2 Rapport viscéraux de la colonne lombaire via le diaphragme et l’estomac, carrefour de l’exploration fasciale des liens péritonéaux postérieurs : Le diaphragme est ici aussi le maillon principal entre la région lombaire et l’estomac. La racine du mésocolon transverse, reliant l’estomac, le rein droit, la rate, le colon transverse, le premier duodénum, le pancréas et la veine porte, est en effet le prolongement du ligament triangulaire gauche lui-même en relation avec tous les tissus cités précédemment ! Hors, la racine du mésocolon transverse est en lien avec la paroi postérieure lombaire ainsi que les fasciae de Toldt35 droit et gauche reliant les colons ascendant et descendant à celle-ci. Le fascia de Toldt droit reliant toute la partie postérieure du colon ascendant à la paroi postérieure, se termine sur la partie basse de la racine du mésentère qui court, elle, jusqu’au début du 4ème duodénum, englobant au passage les artères et veines mésentériques supérieures. Les liens étant fondamentaux en ostéopathie, notons que le fascia de Toldt gauche, reliant tout le long de la partie postérieure du colon descendant à la paroi postérieure se finit lui sur l’ampoule rectale via les mésocolons sigmoïdes secondaire puis primaire (s’insérant sur la paroi postérieure pour le mésocolon sigmoïde secondaire et sur le sacrum pour le primaire). 35 Toldt Carl (1840-1920) anatomiste autrichien. 31 Fig.22 Continuité tissulaire entre le ligament triangulaire gauche hépatique et l’ampoule rectale.36 Si nous résumons, le ligament triangulaire hépatique gauche s’insère à la fois sur le quatrième duodénum et sur l’ampoule rectale. Ceci est possible par la continuité tissulaire et le carrefour que représente la région de l’estomac dans l’ensemble des liens péritonéaux avec la paroi postérieure. C’est en effet ici que ce fascia se divise en ligament de Toldt gauche et racine du mésocolon transverse. 36 BOUCHET. A. et CUILLERET. J. tiré de Anatomie topographique et fonctionnelle tome 4. SIMEP. 2ème édition. 1991. 32 Fig.23 Rapports postérieurs du péritoine et continuité tissulaire.37 Ceci est d’une importance toute particulière car la lésion de ces tissus entraînera une position antalgique du patient (le plus souvent en torsion négative droite si la bursa omentalis est organisée, en translation thoracique droite inclinaison droite si le lien avec le foie est tendu etc. …) pour fermer ce carrefour qui nécessite des fasciae de bonne qualité au vu des différentes directions de fibres n’autorisant aucun accolement superflu, et pour éviter une trop 37 BOUCHET. A. et CUILLERET. J. tiré de Anatomie topographique et fonctionnelle tome 4. SIMEP. 2ème édition. 1991. 33 grande tension fasciale. La correction de cette torsion est d’ailleurs souvent spectaculaire, suite au traitement de ces fasciae. En levant ces tensions, nous levons aussi celles s’imposant à la colonne lombaire. Clairement ces tissus sont les expansions du carrefour tissulaire au niveau de l’estomac. Nous pouvons décrire le ligament gastro-phrénique, le ligament gastro-colique, le ligament gastrosplénique et le ligament suspenseur de l’angle colique gauche, tous les quatre sont bien évidemment un seul ligament dont les circonvolutions complexes déterminent un nom différent à chaque lien remarquable. L’ostéopathe devra garder cette vision en tête lors du traitement de cette zone. Le ligament gastro-phrénique relie la grosse tubérosité de la grande courbure de l’estomac au diaphragme. Celui-ci constitue un véritable suspenseur de l’estomac et communique ses tensions principalement au pilier gauche du diaphragme donc à la partie gauche de L1 et de L2. Le ligament gastro-splénique (ou épiploon gastro-splénique) est le prolongement latéral du ligament gastro-phrénique, il relie la partie interne de la rate et de son pédicule à la partie supéro-latérale de la grande courbure. Celui-ci devient ligament gastro-colique dans sa partie inférieure et relie la partie inférolatérale et inférieure de la grande courbure stomacale et du colon transverse. Enfin une expansion de ce dernier permet de lier l’angle supérieur gauche du colon au diaphragme et constitue le ligament suspenseur du colon ascendant. A noter deux ligaments spléno-coliques qui assistent le suspenseur de l’angle colique via la rate. 34 Fig.24Rapports de l’angle colique gauche.38 38 BOUCHET. A. et CUILLERET. J. tiré de Anatomie topographique et fonctionnelle tome 4. SIMEP. 2ème édition. 1991. 35 Fig.25 Origine du grand omentum dans l’angle colique gauche.39 Dans la plus pure tradition cartésienne, et au vu de sa complexité, le tissu est donc tronçonné en morceaux plus petits, plus simples et plus faciles à étudier. Dans la vision ostéopathique et donc complexe, il faut désapprendre le morcèlement et intégrer la continuité tissulaire comme 39 BOUCHET. A. et CUILLERET. J. tiré de Anatomie topographique et fonctionnelle tome 4. SIMEP. 2ème édition. 1991. 36 un principe de réalité. Il suffit de disséquer un cadavre ou d’assister à une opération chirurgicale pour s’en convaincre : le fascia du corps humain est un formidable origami replié sur lui-même en neuf mois de temps et reliant toutes les extrémités. Grace à ce point de vue, l’immensité des liens anatomiques du corps humain ne laisse aucune place à l’application de recettes lors d’un traitement ostéopathique, mais à un champ non linéaire de possibilités thérapeutiques où l’ostéopathe, à l’aise dans le doute, dans cette complexité, laissera l’émergence de chaînes lésionnelles s’effectuer lors d’un traitement devenu diagnostic entrainant un autre traitement et ainsi de suite … Pour finir, le rapport postérieur de l’estomac et des piliers du diaphragme détermine un espace appelé arrière cavité des épiploons ou bursa omentalis constitué non pas d’air, bien sûr, mais de tissu conjonctif non organisé composé de plasma, de cellules et organites, d’hormone etc. … qui ne demandent qu’à s’organiser. Or, la stase, lit de l’inflammation puis de l’infection, constitue la principale source d’organisation de ce tissu. La lésion des attaches de l’estomac pourra donc avoir des conséquences néfastes en permettant l’organisation de cette structure, créant un point fixe derrière l’estomac et le mettant encore plus en tension, perturbant ainsi son fonctionnement intrinsèque mais aussi et surtout relationnel. Cette recherche de mobilité intrinsèque et extrinsèque est un principe fondamental en ostéopathie. 37 Fig.26 L’arrière cavité des épiploons et ses communications.40 Cette cavité est délimitée en haut par le petit épiploon et la face postéro-supérieure de l’estomac, en bas par la plancher formé par le mésocolon transverse, en arrière par le feuillet pariétal de péritoine, en avant par la face postérieure de l’estomac et celle du premier duodénum, sur le côté gauche par l’épiploon gastro-splénique. A droite, elle communique au niveau du foie par un orifice : le hiatus de Winslow ou foramen epipoloicum, délimité en avant par la veine porte du pédicule hépatique, en arrière par la face antérieure de la veine cave, en haut par le lobe de spiegel, en bas par la réflexion du péritoine pariétal postérieur sur la face postérieure du petit épiploon. Ce hiatus permet la communication de l’arrière cavité des épiploons avec la grande cavité péritonéale jusqu’au cul de sac de Douglas41 et constitue un rapport fondamental des cavités péritonéales en ostéopathie. 40 BOUCHET. A. et CUILLERET. J. tiré de Anatomie topographique et fonctionnelle tome 4. SIMEP. 2ème édition. 1991. 41 James Douglas (1675-1742), médecin et anatomiste écossais, et médecin de la Reine 38 2.6.1.3 Un autre rapport important de la colonne lombaire, du diaphragme et du péritoine : l’angle colique supérieur droit : Comme nous l’expliquions pour la partie stomacale des liens diaphragme-péritoine-région lombaire, la lésion de l’angle colique droit entraînera systématiquement des tensions lombaires importantes du fait de la position antalgique adoptée par le patient. Un zoom sur cette région nous permet au niveau fascial de distinguer le lien entre le ligament phréno-colique droit reliant le diaphragme et l’angle colique droit et le ligament omento-colopariétal qui relie cet angle à la partie inférieure terminale de la grande courbure de l’estomac. Ce dernier est en fait un renforcement du grand épiploon issu de la grande courbure de l’estomac qui constitue le ligament gastro-colique à cet endroit. Encore une fois, le lien étant un principe fondamental en ostéopathie, le ligament hépatocolique reliant l’angle colique droit et la face inférieure du foie assiste dans son rôle de soutien le ligament suspenseur de l’angle colique (phréno-colique). Pour cela, il est aidé par les ligaments réno-colique et cystico-colique, issus de la face antéro-supérieure du rein à l’angle colique pour le premier et de la vésicule biliaire pour le second. 39 Fig.27 L’angle colique droit.42 Nous observons bien ici l’importance d’une lésion caecale du colon (très fréquente). La mise en tension du caecum tire sur le colon ascendant vers le bas et met en tension non pas un, mais cinq organes majeurs du corps humain (le foie, la vésicule biliaire, l’estomac, le rein gauche, le diaphragme). Tous sont mis en tension, au moins un en lésion, avec un retentissement au niveau lombaire évident. La puissance du concept des rapports tissulaires permet ici à l’ostéopathe de mettre en relation différents organes impliqués dans la mise en tension d’un tissu (ici le caecum). 2.6.1.4 Les rapports des piliers du diaphragme et de ses insertions proprement dites : Comme l’arbre cache la forêt, les piliers du diaphragme sont sans commune mesure avec les insertions xiphoïdiennes du diaphragme. Nous trouvons pourtant là deux tendons s’insérant à la fois de part et d’autre de la base de la xiphoïde et de la fin du corps du sternum, délimitant un espace remarquable, avasculaire, la fente de Marfan43. La fente de Larrey44, elle, est délimitée par les ligaments xiphoïdiens latéraux et permet le passage des branches abdominales des artères mammaires internes issues elles-mêmes des artères sous-clavières ; elle perfuse une partie du muscle droit de l’abdomen, l’ombilic, où elle s’anastomose avec l’artère épigastrique perfusant alors les aponévroses abdominales, le péritoine et les téguments communs. Le rôle de l’artère est absolu : un si petit espace peu donc perturber l’apport artériel d’une partie du péritoine ! 42 BOUCHET. A. et CUILLERET. J. tiré de Anatomie topographique et fonctionnelle tome 4. SIMEP. 2 ème édition. 1991. 43 Marfan Bernard-Jean Antonin (1858-1942) pédiatre français. 44 Larrey Dominique (1766-1842) chirurgien en chef de la grande armée. 40 Fig.28 Situation de l’artère mammaire interne par rapport à l’appendice xiphoïde. Notons la présence des deux tendons du diaphragme insérés sur l’appendice xiphoïde.45 De plus, il n’est pas rare de palper une xiphoïde en flexion complète décrivant un angle de 90° avec le corps du sternum lorsque la tension diaphragmatique est très importante chez un sujet particulièrement stressé ou ayant une belle lésion de l’estomac ou du petit épiploon. Les fentes sont alors fermées, perturbant l’apport artériel suscité, pouvant provoquer une non45 BOUCHET. A. et CUILLERET. J. tiré de Anatomie topographique et fonctionnelle tome 4. SIMEP. 2ème édition. 1991. 41 utilisation antalgique du diaphragme, responsable d’une respiration thoracique haute, ellemême source de tension importante du diaphragme cervico-thoracique via les scalènes et les SCOM pouvant perturber les fonctions cervicales, laryngiennes ou pharyngiennes, thyroïdienne, l’ATM etc. … Cette région xiphoïdienne est aussi et surtout le lien antérieur entre le diaphragme (reliant les vertèbres lombaires aux organes, comme nous l’avons vu) et les abdominaux contenant les viscères et insérés eux aussi sur ces vertèbres. En allant plus loin encore et avec l’aide d’une vision sagittale de l’exploration des liens remarquables lombo-viscéraux, en gardant en tête la biomécanique tenségritive du corps humain, un continuum entre les piliers du diaphragme et les lames pubo-vésico-recto-sacrées (visibles sur toutes les photos de dissection de ces éléments) créerait avec la ligne blanche et ces liens xiphoïdien, un cercle fermé, où chaque maillon resterait à la fois dépendant de l’autre et assurerait la cohésion de l’ensemble en tension constante et décompression intermittente. Par exemple, une rétraction postérieure de ce cylindre entraînerait une diminution de la lordose lombaire, elle-même responsable d’une rétroversion du bassin donc d’une détente des muscles grand droit de l’abdomen fixant à leur tour la lésion en rétraction par manque de stimulation. Les piliers proprement dits sont, eux, le plus souvent au nombre de quatre. Deux piliers gauches et deux piliers droits chacun composés d’un pilier accessoire et d’un pilier principal. Les piliers gauches moins puissants s’insèrent sur la face antérieure de L1 et L2, les droits sur celles de L1, L2 et L3. La richesse de leurs rapports avec les vertèbres lombaires au niveau musculaire, vasculaire, nerveux et fascial est très importante. Nous retrouvons ici la veine lombaire ascendante qui traverse l’arcade du psoas elle-même insérée sur deux vertèbres différentes, l’assujettissant au risque de torsion et de réduction de sa lumière comme vue précédemment. Entre l’arcade du psoas et le pilier accessoire droit nous trouvons le petit nerf splanchnique droit et les nerfs splanchniques inférieurs droits issus des ganglions sympathiques et dépendants du système orthosympathique. Les liens physiques des tissus, fondamentaux en ostéopathie, sont aussi importants que les liens interdisciplinaires, car qui dit orthosympathique dit système hormonal ; qui dit splanchnique dit rapport avec les viscères. En normalisant un nerf splanchnique, l’ostéopathe 42 normalise de ce fait un influx orthosympathique viscéral en lien direct avec son système hormonal. Fig.29 Rapport des piliers du diaphragme et des vaisseaux et nerfs environnants.46 Notons par ailleurs, la présence entre les piliers droits le passage de la racine interne de la veine azygos et du nerf grand splanchnique droit. 46 BOUCHET. A. et CUILLERET. J. tiré de Anatomie topographique et fonctionnelle tome 4. SIMEP. 2ème édition. 1991. 43 Fig.30 Le diaphragme, les piliers du diaphragme et le lit de l’aorte, le hiatus œsophagien ainsi que les différentes arcades du diaphragme.47 47 BOUCHET. A. et CUILLERET. J. tiré de Anatomie topographique et fonctionnelle tome 4. SIMEP. 2ème édition. 1991. 44 Les fibres supérieures des piliers s’organisent en deux hiatus très importants, dessinant une lemniscate autour de l’aorte abdominale et de l’œsophage où ses fibres rejoignent le centre phrénique. L’orifice inférieur met en rapport les piliers et l’aorte abdominale ainsi que le canal thoracique (collecteur lymphatique) ; l’orifice supérieur est le hiatus œsophagien organisant le rapport viscéral supérieur entre la colonne lombaire et le rachis thoracique et cervical. Les piliers se lient finalement sur toute leur longueur postérieure pour engendrer le lit fibreux de l’aorte abdominale. Fig.31 Zoom sur les piliers et les arcades du diaphragme48. 48 BOUCHET. A. et CUILLERET. J. tiré de Anatomie topographique et fonctionnelle tome 4. SIMEP. 2ème édition. 1991. 45 L’ostéopathe se retrouve donc ici au carrefour des liens, si importants dans sa compréhension du corps humain, des systèmes ortho et parasympathique et des systèmes nerveux et vasculaires viscéraux. Outre cette ouverture, ces piliers sont un lien évident entre les systèmes cervico-thoracique et pelvien : - le rapport avec le diaphragme cervico-thoracique : Par l’œsophage en haut via le hiatus œsophagien, ainsi que par le ligament phrénique, mettant en relation le diaphragme et le médiastin via le péricarde. - le rapport avec le diaphragme pelvien : Par les terminaisons des lames pubo-vésico-recto-sacrées qui se prolongent avec les piliers du diaphragme. (cf. plus haut). 2.6.1.5 Rapports des arcades du diaphragme : Le diaphragme s’insère sur les côtes et sur les corps et apophyses transverses des vertèbres D12 et L1 en formant des arcades. Ces arcades sont issues de l’union des fibres du diaphragme et des aponévroses des muscles passant sous l’arcade, notamment le carré des lombes passant sous le ligament cintré du diaphragme et le psoas sous l’arcade du psoas véritable renforcement du fascia iliaca. La dernière arcade entre la douzième et la onzième côte est l’arcade de Sénac49 et justifie avec le ligament cintré un des rapports tissulaires thoraciques de la colonne lombaire. D’un point de vue viscéral, l’arcade du psoas en relation avec le rein par la zone supra hilaire du rein, le tube rénal supérieur, la capsule surrénale, l’artère et la veine capsulaire moyenne l’est aussi avec le plexus sympathique lombaire. Une hydratation insuffisante, source de rétraction de tous les tissus et a fortiori des reins pourra donc entraîner des lésions de ceux-ci, pouvant à leur tour causer des lombalgies associées ou non à une perturbation sympathique (stress anormalement élevé, perturbations hormonales diverses, constipation …). 49 Sénac Jean-Baptiste (1693-1770), médecin du roi Louis XV. 46 2.6.2 Rapports viscéraux de la colonne lombaire via le fascia iliaca : Fig.32 A gauche, le muscle psoas-iliaque sans le fascia iliaca comme représenté habituellement ; à droite une vision des nombreux rapports de ce fascia avec, notamment, le péritoine.50 Des rapports viscéraux de la région lombaire, s’il ne fallait retenir qu’un seul tissu, ce serait le fascia iliaca. Non seulement il s’insère directement sur la colonne lombaire (arcade du psoas, disques intervertébraux transverses et corps des vertèbres de L1 à L5) mais TOUS les organes s’insèrent dessus. 50 BOUCHET. A. et CUILLERET. J. tiré de Anatomie topographique et fonctionnelle tome 4. SIMEP. 2ème édition. 1991. 47 De plus, il contient le muscle psoas-iliaque, lui-même contenu par le fascia iliaca, mobilisant la colonne lombaire ainsi que l’ensemble des organes abdominaux au travers de son fameux fascia et actionnant les membres inférieurs dont la puissance musculaire très importante sollicite et nécessite un système fascial normal. En outre, le fascia iliaca ne se limite pas simplement à l’aponévrose du muscle psoas-iliaque mais constitue une continuité tissulaire avec le fascia du carré des lombes et le ligament cintré du diaphragme ainsi qu’avec le diaphragme au niveau de l’arcade du psoas sans oublier toutes ses expansions viscérales. Une approche biomécanique et philosophique complexe, chère à l’ostéopathe, souligne, dans ce cas, l’importance du contenant par rapport au contenu. En effet, lors du traitement d’une lombalgie par un ostéopathe, et au vu de la multitude de systèmes en rapport avec le fascia iliaca, le traitement du muscle psoas-iliaque isolé du traitement de son fascia n’a pas de sens. Pourtant il est fréquent de trouver tout ou partie de ce tissu en lésion ; nous noterons alors la douleur à la palpation de la portion iliaque ou celle de la portion lombaire associée à une réaction de défense. Cette lésion répond alors à celle d’un ou plusieurs organes via les tensions du péritoine, et/ou d’une lésion structurelle du bassin et/ou de la colonne lombaire. 2.6.2.1 Le cas de la veine lombaire ascendante : Les veines lombaires ascendantes drainent l’ensemble de la région lombaire et se jettent dans les veines azygos. Elles cheminent sous les arcades du psoas, les renforcements du fascia iliaca sur la colonne lombaire. Or ces faisceaux sont à cheval entre deux vertèbres : Au plan postérieur sur l’apophyse costiforme pour la sus-jacente et au plan antérieur sur la jonction de la lame et du corps vertébral pour la sous-jacente. Les cas de torsion du fascia iliaca étant très fréquents, au vu de la richesse des insertions de ce tissu, le spasme d’un muscle psoas-iliaque entraîne la rotation d’une de ces vertèbres et réduit la lumière de cette arcade et donc la lumière de la veine. La compression de la veine lombaire ascendante entraîne une diminution du retour veineux au niveau des muscles postérieurs de la colonne lombaire. 48 Les aponévroses musculaires se tendent alors sous la pression du sang et finissent par contenir une pression telle qu’elle oblitère aussi les artères et artérioles et provoquent une douleur du type « syndrome des loges lombaires ». Si elle se chronicise, elle entraîne une lombalgie chronique. C’est in fine la conséquence d’une torsion du fascia iliaca, d’un spasme d’un muscle psoas-ilaque ou d’une lésion d’une vertèbre lombaire. La phrase célèbre d’A.T.Still D.O : « le rôle de l’artère est absolue » trouve ici une justification dans le traitement d’une pathologie extrêmement commune dans les cabinets d’ostéopathie. Au vu de la myriade de rapports viscéraux et autres de ce fascia, la fréquence de ces pathologies trouvent là une résonnance toute particulière … Fig.33 Le cheminement de la veine lombaire ascendante.51 51 BOUCHET. A. et CUILLERET. J. tiré de Anatomie topographique et fonctionnelle tome 4. SIMEP. 2ème édition. 1991. 49 Fig. 34 Rapports musculaires du muscle ilio-psoas.52 52 Document aimablement prêté par VOYER Guy. .DO. 50 Fig.35 Représentation du fascia iliaca.53 53 Document aimablement prêté par VOYER Guy. .DO. 51 Fig.36 Rapports du fascia iliaca.54 54 Document aimablement prêté par VOYER Guy. .DO. 52 2.6.2.2 Rapports viscéraux du fascia iliaca : Comme les rapports viscéraux lombaires via le diaphragme, ceux du fascia iliaca sont, entre autre, des expansions du péritoine. Tous les organes abdominaux s’insèrent sur le fascia iliaca. Malgré la situation rétro-péritonéale des reins et d’une partie du pancréas, ces organes n’en demeurent pas moins en contact étroit avec le feuillet pariétal du péritoine au travers du fascia pré-rénal pour le rein, qui correspond à la partie antérieure du fascia de Zuckerkandl55 en contact avec les ligaments de Toldt droit et gauche et du fascia de Treitz56 (le fascia de Treitz reliant le pancréas aux fascias de Toldt droit et gauche donc au péritoine). 2.6.2.2.1 L’arcade du psoas, véritable renforcement du fascia iliaca : A ce niveau le fascia iliaca est en lien avec, en avant, le cul de sac pleural costodiaphragmatique, ouvrant les liens vers le poumon et le thorax. Par exemple, ce lien justifie les troubles organiques des gros fumeurs dont les culs de sac sont très souvent organisés, créant un point fixe à cet endroit et pouvant gêner le travail diaphragmatique (lié à la colonne lombaire comme nous l’avons vu précédemment) et aussi celui du fascia iliaca. 2.6.2.2.2 Par rapport aux reins : Les reins sont particulièrement intimes avec le plan antérieur du fascia iliaca. Ils partagent en effet les insertions de la zone supra hilaire, du tube rénal supérieur, de la capsule surrénale, de l’artère et de la veine capsulaire moyenne, le bord interne du rein, le fascia retro-rénal de Zuckerkandl, la capsule adipeuse du rein, la lame retro-rénale (avec la graisse para-rénale de Gérota) le pédicule rénal, les artères capsulaires inférieures, l’uretère sur pratiquement toute sa longueur, le tractus fibreux rein-uretère (fascia inter réno-uretérique). Loin d’être des organes isolés du péritoine, les reins doivent être considérés par l’ostéopathe comme indissociables du fascia iliaca, en continuité avec le système urogénital bien sûr mais aussi avec le système lombaire et donc avec le bassin. 55 56 Emil Zuckerkandl (1849 - 1910), anatomiste hongrois. Treitz Václav (1819-1872) pathologiste tchèque. 53 Les deux reins sont donc enveloppés par un manchon fibreux rempli d’une graisse très fluide : la graisse péri-rénale. La partie postérieure de ce manchon s’appelle le fascia de Zuckerkandl et l’antérieur fascia pré-rénal, mais il s’agit en fait d’un seul et même tissu mettant en rapport la paroi postérieure par l’intermédiaire de la graisse para-rénale derrière et le péritoine devant. Ces deux types de graisses sont très importants car de leur fluidité dépend le bon fonctionnement des reins et le respect d’un bon rapport avec les tissus et organes alentours. Leur fluidité est parfois mise en défaut et entraîne un point de fixité, empêchant la rotation des premières vertèbres lombaires et leur inclinaison correcte, justifiant alors un traitement ostéopathique. La perte de mobilité des liens viscéraux rénaux peut entrainer des complications viscérales, tant les reins sont en rapports étroits avec les autres viscères. 54 Fig. 37 Le fascia de Zukerkandl.57 57 GRAY, Henri Tiré de l’ouvrage, Gray’s Anatomy : Descriptive and Surgical, Royaume-Unis, 1858. Et BOUCHET. A. et CUILLERET. J. tiré de Anatomie topographique et fonctionnelle tome 4. SIMEP. 2ème édition. 1991 55 Fig.38 Rapports des reins et des différentes structures avec le fascia iliaca.58 Ces rapports viscéraux sont très nombreux puisque à eux deux les reins sont reliés du haut vers le bas et par leurs versants antérieurs à : - leurs capsules surrénales respectives, - la tête et la queue du pancréas, - le foie, - l’estomac, - le colon transverse, - la rate, - le deuxième duodénum (D2), - l’angle colique droit et gauche, - les anses grêles. Or, tous ces organes sont liés entre eux par les extensions du péritoine, nous l’avons vu lors de la présentation des liens via le diaphragme thoracique. L’influence des reins dans la 58 58 BOUCHET. A. et CUILLERET. J. tiré de Anatomie topographique et fonctionnelle tome 4. SIMEP. 2ème édition. 1991 56 transmission des forces venant des viscères vers la colonne lombaire n’est donc pas à négliger, malgré leur situation rétro-péritonéale. 2.6.2.2.3 Par rapport à la région lombaire : Dans sa partie lombaire, le fascia iliaca est inséré sur les extrémités de la partie postérieure du pancréas, à gauche sur la queue et à droite sur la tête et sur les vaisseaux spléniques ainsi que sur le 4D (4ème duodénum) et l’angle duodéno-jéjunal. En avant, le fascia mésocolique gauche et droit de Toldt relie les colons descendant et ascendant au fascia iliaca et donc à la colonne lombaire, en englobant les vaisseaux coliques droits. Dans cette région les rapports vasculaires sont nombreux et primordiaux. Les itinéraires vasculaires étant intriqués dans les gaines fasciales, la normalisation des fasciae par l’ostéopathe entraînera la normalisation de la circulation sanguine des tissus traités et plus largement encore de tous les tissus perfusés par ces vaisseaux. La citation d’A.T. Still D.O « le rôle de l’artère est absolue » signifie que la libération d’une artère est la priorité des priorités dans l’installation d’une chaîne thérapeutique lors d’une séance d’ostéopathie. Dans cette région et dans sa partie gauche, le fascia iliaca est en rapport avec : l’artère mésentérique antérieure, l’arc vasculaire de Treitz (correspondant à l’association de la veine mésentérique inférieure et de l’artère colique gauche), l’artère aorte, les ganglions lymphatiques lombaires, les ganglions latéro-aortiques gauches, les ganglions latéro-cave, les ganglions rétro-cave. A droite, il est en relation avec la veine cave inférieure. Dans cette portion nous trouvons également les rapports musculaires avec le plan postérieur musculaire et notamment, avec le muscle intercostiforme, le fascia antérieur du Carré de lombes, le fascia postérieur du muscle transverse et des muscles spinaux. Cette paroi musculo-fasciale est véritablement le mur postérieur de l’abdomen formé de muscles et de fasciae tous insérés sur la colonne vertébrale lombaire et sur le ligament vertébral commun antérieur (LVCA). 57 Fig.39 La paroi postérieure chez l’homme. 59 59 59 BOUCHET. A. et CUILLERET. J. tiré de Anatomie topographique et fonctionnelle tome 4. SIMEP. 2ème édition. 1991 58 2.6.2.2.4 Par rapport à la portion pelvienne : Le fascia iliaca débouche dans la zone pelvienne vers le ligament crural, la partie antérieure de l’articulation coxo-fémorale et le tenseur du fascia lata (TFL), pour se fondre plus caudalement avec le fascia fémoralis. Celui-ci se poursuit par l’aponévrose du muscle tibial antérieur antérieurement et du tractus ilio-tibialis latéralement. Le diaphragme représente un lien très important vers la partie céphalique du corps et bien qu’il en possède aussi, mais dans une moindre mesure vers la partie caudale, le fascia iliaca est lui plutôt tourné vers la partie antérieure et caudale du corps. La partie antérieure correspond bien entendu à la partie viscérale de ces insertions et la partie caudale à sa fonction musculaire, entourant le muscle psoas-iliaque et inséré dans une chaîne musculaire allant jusqu’au pied. Mais revenons à sa partie viscérale avec dans la région lombaire l’insertion du péritoine pariétal comprenant les insertions de beaucoup de viscères sous-mésocolique comme : - A droite : l’iléon, la racine du mésentère, l’appendice, le cæcum, les vaisseaux appendiculaires et iléo-cæcaux, le fascia mésocolique droit de Toldt, le ligament de Tuffier60 (entre iliaque et cæcum). - A gauche : le colon iléo-pelvien, le mésocolon sigmoïde et les vaisseaux correspondants, l’articulation sacro-iliaque, les ligaments ilio-lombaires et les vaisseaux correspondants. Au vu du lien très fort et fondamental en ostéopathie, entre les différents colons et les épiploons qui les lient entre eux, les organes sont finalement tous liés, que ce soit selon un axe vertical, horizontal ou oblique. Le fascia iliaca par l’intermédiaire du péritoine met donc en relation le foie et le colon sigmoïde primaire, l’estomac et le caecum etc. … 60 Tuffier Théodore Marin (1857-1929) chirurgien français. 59 Fig.40 Cheminement du fascia iliaca par rapport au caecum et aux vaisseaux iliaques.61 Fig.41 Rapport du fascia iliaca et du caecum.62 61 61 BOUCHET. A. et CUILLERET. J. tiré de Anatomie topographique et fonctionnelle tome 4. SIMEP. 2ème édition. 1991 62 BOUCHET. A. et CUILLERET. J. tiré de Anatomie topographique et fonctionnelle tome 4. SIMEP. 2ème édition. 1991 60 Il unit aussi la fossette de Cunéo63 et Marcille64 (entre L5 et l’aileron sacré), le nerf obturateur, le tronc lombo-sacré, le nerf ilio-lombaire (en lien avec le diaphragme cervicothoracique) et les ganglions lymphatiques du groupe iliaque primitif en-dedans. En-dehors les vaisseaux iliaques primitifs, les vaisseaux spermatiques ou utéro-ovariens, le ligament infundibulo-pelvien (où sont les vaisseaux spermatiques et utéro-ovariens), l’uretère, le nerf génito-crural, le ligament rond (femme), le canal déférent (homme) représentent les liens des vaisseaux et canaux pelviens et du fascia iliaca. 2.6.2.2.5 Un mot sur le plexus lombaire : Le fascia iliaca est inséré au niveau des vertèbres lombaires et plus précisément comme nous l’avons vu, en créant des ponts entre les corps vertébraux et les apophyses costoïdes. L’ensemble de ces ponts crée un canal où chemine le plexus lombaire. Tout le plexus lombaire va passer entre le plan corporéal antérieur et le plan costoïdal postérieur. - Entre le 1er et le 2ème faisceau : passage du XIIème nerf intercostal, passage du petit nerf abdomino-génital, passage du grand nerf abdomino-génital. - Entre les 2ème et 3ème faisceaux : passage du nerf fémoro-cutané. - Entre les 3ème et 4ème : passage du nerf génito-crural - Entre les 4ème et 5ème faisceaux : passage du nerf crural, passage du nerf obturateur, passage du nerf de Smith65 (nerf obturateur accessoire). 63 Cunéo Bernard-Joseph (1873-1944) chirurgien et anatomiste français. Marcille Maurice (1871-1941) chirurgien et anatomiste français. 65 Nathan Smith (1762-1829) chirurgien américain. 64 61 Fig.42 Le plexus lombo-sacré.66 66 66 BOUCHET. A. et CUILLERET. J. tiré de Anatomie topographique et fonctionnelle tome 4. SIMEP. 2ème édition. 1991 62 Autant de liens, autant de tissus potentiellement en lésion, autant d’implications qui justifient l’importance d’une parfaite connaissance de sa structure et de ses différents traitements ; le fascia iliaca est au niveau de l’abdomen ce que le ligament large est au niveau du petit bassin : un fascia incontournable. 2.6.3 Rapports viscéraux de la colonne lombaire via les abdominaux : Les muscles abdominaux enveloppent l’abdomen et relient le thorax, le bassin et les vertèbres, mais aussi les membres supérieurs aux membres inférieurs. Au niveau viscéral, ils sont en contact avec le feuillet pariétal du péritoine via le fascia transversalis et partagent leurs propres fasciae avec d’avant en arrière, ceux des muscles psoas, carré des lombes, ilio-costal, long dorsal et transversaire épineux. La gaine des muscles grands droits de l’abdomen sont issus des fasciae des différents obliques et du transverse. Ces derniers s’unissent au fascia du carré des lombes par une expansion épaisse : la charnière aponévrotique ou fascia d’Aman-Jean67. Comme l’a démontré AmanJean, le fascia qui porte désormais son nom recouvre la partie inférieure du diaphragme et se continue en bas avec le fascia transversalis, par le ligament cintré du diaphragme, pour constituer une vaste lame phréno-iliaque. 67 François Aman-Jean (1894-1976). Docteur en médecine, chirurgien. Il est de fils du peintre Edmond AmanJean. 63 Fig.43 Le fascia d’Aman-Jean (n°12).68 68 BOUCHET. A. et CUILLERET. J. tiré de Anatomie topographique et fonctionnelle tome 4. SIMEP. 2ème édition. 1991 64 Nous trouvons là, encore une fois, un lien fondamental, cher à l’ostéopathe, entre le diaphragme, les viscères et le bassin. Ce rôle de contention des viscères dans la cavité abdominale est dotant plus important qu’il est couplé à celui de la synergie diaphragme-transverse dans la respiration diaphragmatique. Le rapport fondamental en ostéopathie entre les abdominaux et le diaphragme et donc, entre les abdominaux et les viscères, est plus un lien résultant de leur travail musculaire. Fig.44 Rapports des muscles abdominaux à la paroi postérieure.69 Le muscle transverse de l’abdomen étant inséré sur les premières vertèbres lombaires par le ligament de Henlé70, on note à cet endroit une induration caractéristique due à la tension diaphragmatique. Cette synergie diaphragme-transverse est fondamentale dans le traitement ostéopathique et lie l’anatomie et la cinésiologie. En effet, lors de l’inspiration, la contraction du diaphragme tend à descendre et faire avancer les viscères. La contraction du transverse contre ce phénomène et permet au diaphragme de prendre appui sur les viscères pour augmenter le diamètre thoracique latéral en soulevant les côtes. Le sujet n’étant pas d’énumérer les trop nombreux rapports viscéraux des abdominaux, autorisons-nous cependant à citer quelques exemples : 69 BOUCHET. A. et CUILLERET. J. tiré de Anatomie topographique et fonctionnelle tome 4. SIMEP. 2ème édition. 1991 70 Henlé Friedrich Gustav Jakob est un pathologiste et un anatomiste allemand, né le 9 juillet 1809 à Fürth en Bavière et mort le 13 mai 1885. 65 Le cas de l’ombilic nous permet de visualiser une chaîne ostéopathique reliant le foie et l’ombilic par le ligament falciforme et le ligament rond (reliquat de la veine ombilicale oblitérée), puis à la vessie via l’ouraque (reliquat de l’allantoïde oblitérée). Il représente un lien privilégié entre le foie et la vessie. Une hernie ombilicale doit nous orienter vers une vérification de ces deux organes et de leurs liens respectifs. Le rapport avec les membres supérieurs se fait via le muscle latissimus dorsi qui partage son aponévrose entre autre, avec le muscle oblique interne et le fascia d’Aman Jean, mais aussi via le pectoralis major dont un des chefs musculaires se finit sur la linea alba ombilicale (ligne blanche ombilicale). Le rapport avec les membres inférieurs se fait selon la continuité tissulaire au niveau de la région de l’arcade inguinale où les expansions des muscles obliques de l’abdomen créent plusieurs circonvolutions représentant autant de passages de vaisseaux primordiaux de la région pour se noyer finalement dans les fasciae des membres inférieurs. De plus, n’oublions pas les deux expansions postérieures du muscle petit oblique ; l’une s’insère sur l’apophyse épineuse de L5, l’autre, issue de la même racine tissulaire, s’insère sur l’ilium homolatéral. Le spasme de ce muscle se rencontre dès lors qu’une expansion est mise en tension et l’autre relâchée lors, par exemple, d’un ilium postérieur. Que de rapports ! Les muscles abdominaux sont donc souvent cités pour leurs rôles d’équilibration du corps entier dans l’espace, au vu de ses rapports innombrables avec les structures majeures très éloignées l’une de l’autre du corps humain ; nous comprenons le positionnement central de son activité musculaire dans la gestion de l’équilibre, donc dans le positionnement du thorax par rapport au bassin, de la position in fine de la colonne lombaire dans l’espace et dans le mouvement. 66 2.6.4 Rapports intrinsèques des vertèbres lombaires et présentation des muscles postérieurs : Dans la région postérieure, les vertèbres lombaires sont liées entre elles par différents ligaments et muscles tendus des différentes apophyses, des lames ou du corps vertébral. D’arrière en avant nous trouvons le ligament vertébral commun antérieur (LVCA), les muscles inter-transversaires, le ligament vertébral commun postérieur (LVCP), le ligament jaune, les muscles transversaires épineux, le muscle petit dentelé postérieur et inférieur, les muscles long dorsaux et les muscles ilio-costaux (correspondant à la fameuse masse commune), les muscles et les ligaments inter-épineux. Les disques unissent chaque corps vertébral et sont liés avec la capsule articulaire. 67 Fig.45 Anatomie du muscle transversaire épineux.71 71 BOUCHET. A. et CUILLERET. J. tiré de Anatomie topographique et fonctionnelle tome 4. SIMEP. 2ème édition. 1991 68 2.6.4.1 Le cas des muscles intertransversaires : Dans cet assemblage de muscles complexes et souvent multifides, intéressons-nous au muscle inter-épineux qui présente en fait plusieurs faisceaux qui dégagent entre eux des espaces permettant le passage de nerfs et artères importants et expliquant les douleurs intenses ressenties lors de la réduction de ces espaces par une malposition vertébrale ou un spasme musculaire : Propre au rachis lombaire, ce muscle comporte en fait quatre faisceaux, un externe et trois internes qui sont du plus profond au plus superficiel : L’intertransversaire externe, et, pour les portions internes, le faisceau interstyloïdien, le faisceau mamillo-styloïdien et le faisceau intermamillaire. Or entre l’intertransversaire externe et le faisceau interstyloïdien se trouve le passage du rameau externe de la branche postérieure du nerf rachidien correspondant à cet étage vertébral. Entre le faisceau interstyloïdien et le faisceau mamillo-styloïdien se trouve le passage du rameau interne de la branche postérieure du nerf rachidien correspondant à cet étage vertébral. Entre le faisceau mamillo-styloïdien et le faisceau intermamillaire se trouve le passage du rameau interne de la branche postérieure du nerf rachidien de la vertèbre sus-jacente. 69 Fig.46 Rapports nerveux des muscles intertransversaires.72 De cette anatomie fine nous pouvons dégager une compréhension nouvelle de l’atteinte intertransversaire lors des lésions d’ouverture des vertèbres lombaires. En effet, l’axe d’ouverture des apophyses postérieures des vertèbres lombaires se situe perpendiculairement à la direction de ces nerfs. Donc, une infime mise en tension dans cette direction, accentuée par la mise en tension des muscles sus-cités crée un effet de cisaillement rendant de ce fait la normalisation de ces muscles et espaces (par les techniques dites : 2TLS « transverse tendinous ligamentous stretching »), particulièrement douloureuses. Dans ce contexte, la normalisation fait aussi office de diagnostic, confirmant souvent l’atteinte en lésion d’ouverture des vertèbres lombaires. 72 BOUCHET. A. et CUILLERET. J. tiré de Anatomie topographique et fonctionnelle tome 4. SIMEP. 2ème édition. 1991 70 2.6.4.2 Présentation et rôle de l’aponévrose lombo-sacrée : Ce tissu est constitué de différentes aponévroses et tendons entrelacés issus des muscles postérieurs de la colonne lombaire et notamment du grand dorsal, de l’ilio-costal, du long dorsal, du petit dentelé postérieur et inférieur et de l’épi-épineux. La partie la plus postérieure de cette aponévrose est appelée l’aponévrose spinale et possède la forme d’un losange nacré. La direction de ses fibres suggère une transmission oblique des forces, partant d’une crête iliaque pour rejoindre les arcs costaux controlatéraux. Se pourrait-il qu’elles constituent de fait un tendon commun entre les grands fessiers, les grands dorsaux et la masse commune ? Dans une telle classification, cela constituerait certainement le plus grand muscle du corps humain en rendant indissociable le membre supérieur et le membre inférieur controlatéral sous la dépendance de la normalité vertébrale lombaire. N’est-ce pas étonnant ? Fig.47 Schéma de l’action des différents muscles postérieurs agissant sur la colonne vertébrale (selon Gracovetsky73)74. 73 74 Gracovetsky Serge diplômé de physique nucléaire, d’ingénierie électrique et biomécanicien autodidacte. Gracovetsky Serge, tiré de l’ouvrage The Spinal Engine, Serge Gracovetsky , 1ère édition, 1989. 71 2.6.5 Généralisation des rapports de la colonne lombaire : Le diaphragme thoracique, le péritoine et le fascia iliaca constituent certes les principaux moyens d’unions des viscères et de la colonne lombaire mais n’en sont finalement que des exemples, parmi tant d’autres (ligament large et liens viscéraux pelviens etc. ...). Le sujet de cette thèse n’étant pas d’énumérer les trop nombreux rapports viscéraux de cette colonne mais d’en tirer une nouvelle compréhension. A la lumière de cette vision relationnelle, nous comprenons alors que tous les tissus de la région abdominale et des régions immédiatement supérieures et inférieures sont en rapport plus ou moins direct avec la colonne lombaire. Embryologiquement parlant, de même que tous les tissus sont issus du tube neural, les tissus de la région abdominale le sont de la colonne lombaire. Il est logique que ces tissus gardent un lien très puissant avec leurs origines embryologiques donc avec la colonne vertébrale. Ce point de vue profondément relationnel et global ne doit pas faire défaut lors du traitement ostéopathique car il ne correspond à la réalité du corps humain, de son agencement et de sa complexité. 2.7 Biomécanique de la colonne lombaire et répercutions viscérales : 2.7.1 Approche globale tenségritive et rôle des muscles profonds : 2.7.1.1 Introduction : Dans ce chapitre, nous n’expliquerons pas la biomécanique analytique de la colonne lombaire, définissant les mouvements des apophyses articulaires, la rotation des vertèbres de tant de 72 degré etc. … mais nous nous attellerons plutôt à une vision plus relationnelle du fonctionnement de cette colonne selon une biomécanique tenségritive moderne. Sachant qu’une banale flexion antérieure de la colonne lombaire ne s’effectue jamais dans un seul plan, mais autour de plusieurs, que sa position initiale comporte toujours une part d’inclinaison, de rotation, ou autre, (selon la tension différentielle des tissus mous ou de la malformation d’une vertèbre, ou bien encore de l’atteinte arthrosique de celle-ci), nous nous attacherons donc à décrire les influences des insertions viscérales sur la colonne lombaire sur ses mouvements et leurs influences sur l’attitude du patient en position debout, comme l’ostéopathe le perçoit lors d’une séance au cabinet. Nous présenterons donc cette biomécanique à travers des exemples de chaînes sachant qu’aucune n’est à prendre telle quelle, mais représente une forme de conceptualisation d’une chaîne lésionnelle bâtie sur l’anatomie des rapports. 2.7.1.2 Présentation et définition de la tenségrité : Fig.48 Transcription de la colonne vertèbrale en modèle tenségritif.75 75 Tiré de http://www.kine-formations.com/Le-concept-de-tensegrite-dans-le-corps-humain_a431.html 73 Comme nous l’avons vu précédemment, l’ensemble des viscères qui sont tenus et maintenus par du tissu fascial, sont donc la cible de compressions constantes et de tensions intermittentes régies par les lois de la tenségrité. Ce concept met en lumière une structure en compression constante (le squelette) soumis à des tensions intermittentes par le tissu conjonctif (les fasciae). Selon Wikipédia, « la tenségrité caractérise la faculté d'une structure à se stabiliser par le jeu des forces de tension et de compression qui s'y répartissent et s'y équilibrent. Les structures établies par la tenségrité sont donc stabilisées, non par la résistance de chacun de leurs constituants, mais par la répartition et l'équilibre des contraintes mécaniques dans la totalité de la structure. Ainsi, un système mécanique comportant un ensemble discontinu de composants comprimés au sein d'un continuum de composants tendus, peut se trouver dans un état d'autoéquilibre stable. Ce qui signifie, par exemple, qu'en reliant des barres par des câbles, sans relier directement les barres entre elles, on arrive à constituer un système rigide. » Cette approche permet donc d’articuler les tensions entre elles et de visualiser les conséquences d’une lésion tissulaire sur son environnement. 74 Fig.49 Différents modèles tenségritifs.76 76 Tiré de kine-formations.com 75 Fig.50 Le bassin vu par la tensègrité.77 77 Tiré de kine-formations.com 76 2.7.1.3 Le système PIT and DAM : Lors de la marche, c’est le système neuro-myo-fascial spinal et ses expansions viscérales qui crée les mouvements oscillatoires du bassin que les membres inférieurs amplifient, la transmission des forces musculaires des membres inférieurs ne pouvant être gérée par le système musculaire rachidien beaucoup trop faible en comparaison. Le tissu responsable de cette transmission est donc fascial. De sa santé dépend la bonne diffusion de l’énergie dans tout l’organisme, sans rencontrer d’obstacle, source de lésions. Nous quittons une colonne vertébrale soutenant le poids du corps par sa structure osseuse uniquement et découvrons une colonne mise en tension et gérée, quasi-suspendue, par les tissus mous de manière tenségritive, gérant des vagues de contractions comme autant de « starters » de tous les mouvements. Cette théorie, défendue par de plus en plus de spécialistes, ne se contente pas d’expliquer l’agencement des mouvements des membres inférieurs et du tronc lors de la marche, mais peut se généraliser au corps entier, apportant une nouvelle compréhension du rôle du plan musculaire profond de toute la colonne vertébrale. Cette vision tenségritive de la biomécanique trouve aussi une justification dans l’évolution de l’être humain. En effet, l’homme descend des reptiles qui descendent eux-mêmes des poissons puisque la vie est d’abord apparue dans les océans. L’oscillation de leurs colonnes vertébrales était alors le moteur primaire de tous leurs mouvements. A la lumière de ce concept, nous comprenons alors que ce mouvement ancestral demeure encore en nous de nos jours, que notre colonne vertébrale ondule encore, comme le faisait celle de nos plus lointains ancêtres. 77 Fig.51 Comparaison de l’ondulation de la colonne vertébrale d’un reptile et d’un enfant.78 De plus, et comme nous l’avons montré précédemment, la source, le moteur, la finesse du mouvement vient du plan musculaire profond mais le muscle n’est de fait qu’un effecteur sous influence du système nerveux. Cessons donc de parler uniquement de muscles mais parlons plutôt de système neuromusculaire. Nous pouvons ainsi diviser le système neuromusculaire tout entier en deux catégories : - le plan profond ou groupe PIT (prepare, imagine, think). - le plan superficiel ou groupe DAM (do, act, move). Lors de la marche, les membres inférieurs ne sont que les amplificateurs du mouvement car les mouvements de la colonne vertébrale en sont la vraie source. Or, ces mouvements ont tous pour origine les muscles profonds, les plus proches du système ostéo-articulaire, donc les premiers à être renseignés des informations proprioceptives. Il a été établi que ce système neuromusculaire profond se contracte avant même que le mouvement soit réalisé. Dans le traitement ostéopathique le plan neuromusculaire profond représente plutôt la qualité du mouvement, le plan superficiel la quantité et la puissance du mouvement. Une lombalgie chronique va nécessairement troubler le mouvement de la colonne lombaire donc le 78 Gracovetsky Serge, tiré de l’ouvrage The Spinal Engine, Serge Gracovetsky , 1ère édition, 1989. 78 fonctionnement des muscles profonds donc la qualité des mouvements lombaires et par répercussion la qualité de tous les autres. Les mouvements du bassin et des membres inférieurs en seront donc impactés. L’ostéopathe peut donc, lors de l’observation de la démarche de son patient, percevoir les mouvements des membres inférieurs comme l’amplification des mouvements du bassin, du sacrum, et de la colonne lombaire. 2.7.1.4 Le cas des ligaments ilio-lombaires supérieurs et inférieurs : Comme les ligaments de Henlé, les ligaments cintrés du diaphragme et les arcades du psoas unissent le sommet de la colonne lombaire au thorax et lui transmettent les forces de torsions ; les ligaments ilio-lombaires supérieurs et inférieurs unissent les deux dernières vertèbres lombaires aux iliums et au sacrum et gèrent donc les mouvements du bassin en rapport avec la colonne lombaire. 2.7.1.4.1 Le ligament ilio-lombaire supérieur : Ce ligament est tendu de l’apophyse transverse de L4 à l’ilium homolatéral, son orientation limite surtout le mouvement postérieur de l’ilium mais entraîne aussi L4 dans une rotation homolatérale. 2.7.1.4.2 Les ligaments ilio-lombaires inférieurs : Ces ligaments sont au nombre de deux : l’un tendu de l’apophyse transverse de L5 jusqu’à l’ilium homolatéral, l’autre de cette même transverse, jusqu’au ligament sacro-iliaque antérieur homolatéral, ils délimitent un espace correspondant au passage du nerf obturateur. Souvent pincé lors d’une lésion de L5, ce nerf rend la normalisation de ces ligaments douloureuse. La deuxième portion limite surtout les mouvements d’antériorisation de l’ilium homolatéral mais entraîne aussi L5 en rotation controlatérale. 79 Fig.52 Les ligaments ilio-lombaires.79 Ces mouvements ilio-lombaires vont donc se rencontrer par exemple dans les axes obliques du bassin en torsion positive du sacrum. Prenons l’exemple d’une torsion positive gauche sur axe oblique gauche, où L5 réalise une inclinaison à droite et rotation gauche absolue. Gauche absolue, certes, mais droite relative en outre, car le ligament ilio-lombaire inférieur à gauche sera certes relâché, mais le supérieur à droite sera en tension, ce qui amènera une rotation relative à droite de L4 versus L5, c’est à dire une rotation absolue gauche de L4 mais moins grande que celle de L5. Pour une torsion négative, L5 réalise une inclinaison à gauche absolue plus une rotation droite par la tension du ligament ilio-lombaire inférieur droit. 79 BOUCHET. A. et CUILLERET. J. tiré de Anatomie topographique et fonctionnelle tome 4. SIMEP. 2ème édition. 1991. 80 2.7.2 Un exemple de chaîne lésionnelle incluant une lésion de torsion du fascia iliaca droit et une lésion du colon ascendant : Par exemple, un pas trop court à droite peut signifier une rotation pelvienne qui ne se fait pas à gauche (entraînant forcément à la longue au moins un axe oblique droit en torsion positive). La flexion de l’articulation coxo-fémorale droite peut être alors perturbée par une torsion du fascia iliaca droit entraînant une rotation externe absolue de la coxo-fémorale sur l’ilium. Mais comme la coxo-fémorale est fixée par la position debout, le mouvement absolu de l’articulation coxo-fémorale se transforme en un mouvement relatif de l’ilium en ilium postérieur. Cet ilium postérieur met en tension le caecum et le colon ascendant via les ligaments iléocaecaux supérieurs et inférieurs, à l’instar du paquet vasculo-nerveux et lymphatique situé juste en-dessous du ligament inguinal, lui aussi en tension et irriguant le membre inférieur droit. Cette ascension du colon est freinée par les ligaments de Clado80 chez la femme et ceux reliant l’appendice au bassin chez l’homme le ligament rétro-iléo-colique ou fascia appendiculaire inférieur. A la longue, l’inflammation du fascia iliaca fixé à la fois par la tension colique en haut et par l’étirement de la partie iliaque du psoas-iliaque pourra entraîner une psoïte si le point faible est sur le système neuromusculaire et aponévrotique du psoasiliaque ou par exemple une colite si cet organe est le maillon faible dans cette chaîne. De plus la position postérieure de l’ilium crée un spasme sur le psoas iliaque, car elle raccourcit la portion lombaire mais étire la portion iliaque. Nous pourrons noter en aparté de cette présentation de chaîne biomécanique que 60% des opérations d’appendicites sont en réalité des psoïtes, ce qui prouve l’importance de ce fascia à la fois en fréquence de lésions et en importance biomécanique dans cette la région. (Données issues d’une conversation avec un chirurgien élève à l’Académie Sutherland France). Cette tension colique droite va à son tour mettre en tension le foie et/ou le rein droit entraînant le thorax en translation droite empêchant ainsi une inclinaison lombaire de ce même côté droit, perturbant ainsi la rotation pelvienne gauche et limitant à son tour le pas à droite. Les répercutions sur la colonne lombaire paraissent alors évidentes, avec, dans cet exemple, des lésions avec une forte probabilité d’engagement à droite (une inclinaison droite perturbée 80 Clado Spiro (1856-1905) gynécologue français. 81 par la translation thoracique droite + une tension viscérale à droite) et de rotation gauche des lombaires supérieures (combinaison d’une inclinaison droite perturbée et d’une translation thoracique droite) et droite le L5 par la tension du ligament ilio-lombaire inférieur et de L4 dans une moindre mesure (par la tension du ligament ilio-lombaire supérieur). Les conséquences de cette chaîne peuvent alors se reporter sur l’estomac via le petit épiploon, sur l’articulation coxo-fémorale mise en compression par le spasme du psoas, sur le pancréas par la tension colique etc. 2.7.3 Un deuxième exemple : les conséquences d’une hernie hiatale : La hernie entraîne le diaphragme dans une respiration antalgique la sollicitant le moins possible. La partie xiphoïdienne, en particulier, a tendance à se resserrer. L’appendice xiphoïde fléchit sous la tension antéro-postérieure et céphalo-caudale des deux tendons du diaphragme. Les fentes de Larrey et de Marfan s’obstruent. Les ligaments chondroxiphoïdiens et inter-xiphoïdiens, non sollicités, se raccourcissent et se renforcent pour répondre à la tension accrue qui leur est imposée par le diaphragme. L’ensemble de ces tensions oblitèrent notamment l’artère mammaire interne, responsable d’une mauvaise trophicité du grand droit de l’abdomen et du péritoine. Le thorax du patient trouve sa position antalgique en translation gauche dans tous les cas et en rotation gauche si la bursa omentalis est en lésion (position de non-sollicitation). Cette translation déplace le centre de gravité du patient et lui fait porter la majeure partie de son poids sur la sacro-iliaque gauche. Avec le temps et surtout dans les cas où le centre de gravité du patient est très antérieur, l’impaction du petit bras sacré sur celui de l’ilium est fort probable. Nous pourrions alors retrouver un axe oblique droit en torsion positive ou pire un hémi-casse-noisette céphalique gauche ou un ilium inflare gauche de compensation. Dans tous les cas ce recul relatif du petit bras iliaque sur le sacrum met une forte tension sur le ligament ilio-lombaire inférieur entraînant L5 dans une rotation absolue à gauche. Cette rotation couplée à la translation thoracique écrase la partie gauche du disque intervertébral qui à la longue va dégénérer. Cette rotation ferme le trou de 82 conjugaison droit et comprime le nerf sciatique pouvant provoquer une sciatalgie caractéristique. De plus, la tension gastrique entraînant une tension colique via le ligament suspenseur gauche du colon, couplée au mouvement postérieur relatif de l’ilium peut créer une lésion du colon sigmoïde (étiré vers le haut par l’estomac, vers l’arrière par l’ilium via le fascia iliaca alors qu’il est poussé en avant par le sacrum). Cette pathologie se rencontre d’ailleurs volontiers chez la femme mure et stressée. La contiguïté de son colon sigmoïde et de l’utérus appelle alors de nouvelles investigations soupçonnant les lésions utérines classiques (fibromes, cancers, endométrioses …). Les conséquences sur le rein gauche n’étant pas en reste chez un sujet déshydraté où le blocage du circuit liquidien du système digestif via la bursa omentalis empêche une bonne mobilisation de cet organe, une densification de ses téguments et une contraction réflexe des muscles carré des lombes pouvant à eux seuls induire une lombalgie chronique. De ces deux chaînes, il n’en faut retenir aucune. Chaque chaîne étant différente, chaque cas nouveau. La complexité, comme l’a décrite Edgar Morin81, nous aide alors dans notre démarche philosophique s’appuyant à la fois sur notre savoir, notre déduction et notre intuition. Seul et apaisé dans le doute de nos interrogations, nous perfectionnons notre art, enfin libre ! Partant du constat que tous les tissus ont émergés du tube neural, que l’intrication entre la colonne lombaire et les viscères, ainsi que tous les tissus de l’abdomen, est totale, nous réalisons quel impact une lésion viscérale aura sur la structure. Bien entendu, cette lésion structurelle aura aussi des compensations viscérales qu’il faudra comme un automatisme, inclure dans notre traitement ostéopathique. Il n’y a pas de différence fondamentale entre la colonne lombaire et l’abdomen qu’il faut voir comme une unité fonctionnelle ; cette vision devrait alors s’étendre au corps entier : un corps comportant un squelette certes, mais auquel sont reliés tous les organes, les muscles, les vaisseaux etc. … 81 Edgar Nahoum, dit Edgar Morin, né à Paris le 8 juillet 1921, sociologue et philosophe français. 83 Chapitre troisième : Méthodologie : 3.1 Présentation de l’étude : Pour cette recherche nous avons établi deux groupes : un groupe de contrôle subissant les techniques postérieures et un groupe expérimental subissant les techniques globales (technique postérieures et techniques antérieures viscérales et autres.) Les personnes ont été disposées dans les deux groupes au hasard par une tierce personne. Les cobayes ont été recrutés sur les réseaux sociaux par l’intermédiaire d’une petite annonce, puis par le bouche à oreille au fur et à mesure de l’étude. Le recrutement à commencé en novembre 2011 et le protocole expérimental a duré de décembre 2011 à avril 2012. La population cible est constituée d’adultes, d’hommes et de femmes de toutes origines sociales souffrant de lombalgies chroniques depuis au moins trois mois. Si leur cas respectait les critères d’inclusion et d’exclusion nous prenions rendez-vous pour leur expliquer notre démarche puis nous commencions la série de quatre rendez-vous de une heure. Nous effectuons ainsi trois traitements espacés de quinze jours plus une dernière mesure quinze jours après le dernier traitement afin d’être sûrs que les effets tiennent dans le temps. Nous avons pu réunir en tout 55 personnes correspondant à tous les critères. Quatre personnes ayant abandonnées l’étude en cours de réalisation et ne sont donc pas rentrées dans l’étude statistique finale. 3.1.1 Critère d’inclusion : - Etre âgé d’au moins 18 ans et souffrant de lombalgie chronique. - Etre disponible le temps d’effectuer le protocole (de un mois et demi à deux mois). 84 3.1.2 Critère d’exclusion : - Candidat ayant suivi dans les trois derniers mois précédent le début du protocole des traitements de types médicamenteux, masso-kinésithérapeutique, acupuncture, ostéopathie ou autre. - candidat souffrant d’une maladie auto-immune incluant toutes les arthrites et les atteintes du système neuromusculaire chroniques. Ces critères ont été établis pour ne pas biaiser le résultat final de cette recherche. 3.2 Les instruments de recherche : 3.2.1 Le questionnaire médical : Il permet d’inclure les questions susceptibles de correspondre à un critère d’exclusion (par exemple : « souffrez-vous d’une maladie chronique et si oui laquelle ? ») ou d’inclusion (« quel âge avez-vous ?) ( qui peut être aussi un critère d’exclusion d’ailleurs !) noyées dans d’autre questions plus générales. De plus, ce questionnaire peut être utile pour de futures études. 3.2.2 Evaluations sans instruments : 3.2.2.1 Le questionnaire sur la douleur : (subjectif) Il est rempli par le patient au début de chaque prise de mesures, avant le traitement ostéopathique. Nous lui demandons d’évaluer l’intensité de sa douleur sur une échelle de 1 à 10. 85 3.2.2.2 Evaluation des torsions négatives de chaque vertèbre à l’aide de l’écoute et du toucher ostéopathique : Le praticien teste la mobilité en torsion négative de chaque vertèbre dans les deux sens et note cette mobilité suivant des critères prédéfinies de 1 à 4 qui sont : 1 : pas de mobilité 2 : mobilité très limitée. 3 : mobilité un peu limitée. 4 : mobilité normale. La mesure est effectuée sur des sujets en procubitus, bras le long du corps, tête dans l’axe, pieds dépassant de la table. 3.2.3 Evaluation objectives à l’aide d’instruments : 3.2.3.1 le goniomètre : Il permet la mesure de l’inclinaison latérale active de la colonne lombaire de chaque sujet des deux côtés. Nous prenons toujours les mêmes repères anatomiques et pour aider son placement et permettre une mesure par rapport à un repère transcendantal dans l’espace, nous avons amélioré l’instrument en y ajoutant une bulle à niveau garantissant une mesure par rapport à la verticale plus fiable. Les sujets sont priés d’employer la même force à chaque mesure. La position de départ est la position anatomique de référence. L’expérimentateur utilise le goniomètre depuis plus de dix ans, la mesure est donc jugée comme étant très bonne. L’unité de mesure est le degré. 86 Fig. 53 Mesure de l’inclinaison lombaire gauche avec le goniomètre amélioré. 3.2.3.2 le mètre ruban inextensible : Il permet de mesurer la flexion antérieure active des sujets en calculant l’écartement des apophyses épineuses des vertèbres lombaires lors d’une flexion antérieure du tronc. Nous demandons à nos sujets de fléchir avec la même force à chaque fois en partant d’une position de départ toujours identique. Les repères anatomiques sont les mêmes pour tous les sujets (extrémité inférieure de l’épineuse de L5 et extrémité supérieure de l’épineuse de L1). L’expérimentateur utilise le mètre ruban inextensible depuis plus de dix ans, la mesure est donc jugée comme étant très bonne. L’unité de mesure est le millimètre. 87 Fig. 54 Mesure de la flexion lombaire antérieure à l’aide du mètre ruban inextensible. 3.3 Procédure d’évaluation et de traitement : Tous les sujets ont été vus, mesurés et traités au même endroit dans des conditions expérimentales toujours semblables. L’expérimentation a été faite par un seul expérimentateur qui a : recruté les sujets par internet pour les inclure ou les exclure du protocole. Pris les rendez vous pour chaque expérience. Evalué les sujets subjectivement et objectivement avant chaque traitement ostéopathique. Traité ostéopathiquement les sujets lors des trois premiers rendez-vous, le dernier n’étant qu’une simple prise de mesures. Compilé toutes les données pour les fournir à un professionnel en charge de la statistique de cette expérimentation. Les seules choses que l’expérimentateur n’a pas faites sont : 88 La distribution au hasard des sujets dans un groupe ou dans l’autre. L’analyse statistique des données. Deux groupes ont été constitués, un groupe de contrôle et un groupe expérimental, chaque personnes ayant été vues quatre fois (trois traitements ostéopathiques et une mesure supplémentaire quinze jours après). 3.3.1 Déroulement des séances : 3.3.1.1 Première séance : durée 60 minutes. Lecture et signature du formulaire de consentement. Cueillette de données au travers du questionnaire médical. Cueillette de données au travers du questionnaire sur la douleur. Mesure des torsions négatives de chaque vertèbre lombaire. Mesure objective de l’inclinaison lombaire latérale avec le goniomètre amélioré. Mesure objective de la flexion antérieure à l’aide du mètre ruban inextensible. Evaluation et traitement de la chaîne fasciale correspondant au groupe. La chaîne fasciale du groupe contrôle n’inclût que des techniques postérieures de la région lombaire. La chaîne fasciale du groupe expérimental inclut les même techniques postérieures plus des techniques antérieures et viscérales en rapport avec la région lombaire. 3.3.1.2 Deuxième séance : durée 60 minutes. Cueillette de données au travers du questionnaire sur la douleur. Mesure des torsions négatives de chaque vertèbre lombaire. Mesure objective de l’inclinaison lombaire latérale avec le goniomètre amélioré. Mesure objective de la flexion antérieure à l’aide du mètre ruban inextensible. Evaluation et traitement de la chaîne fasciale correspondant au groupe. 89 La chaîne fasciale du groupe contrôle n’inclut que des techniques postérieures de la région lombaire. La chaîne fasciale du groupe expérimental inclut les même techniques postérieures plus des techniques antérieures et viscérales en rapport avec la région lombaire. 3.3.1.3 Troisième séance : durée 60 minutes. Cueillette de données au travers du questionnaire sur la douleur. Mesure des torsions négatives de chaque vertèbre lombaire. Mesure objective de l’inclinaison lombaire latérale avec le goniomètre amélioré. Mesure objective de la flexion antérieure à l’aide du mètre ruban inextensible. Evaluation et traitement de la chaîne fasciale correspondant au groupe. La chaîne fasciale du groupe contrôle n’inclut que des techniques postérieures de la région lombaire. La chaîne fasciale du groupe expérimental inclut les même techniques postérieures plus des techniques antérieures et viscérales en rapport avec la région lombaire. 3.3.1.4 Quatrième séance : durée de 6 à 8 minutes. Cueillette de données au travers du questionnaire sur la douleur. Mesure des torsions négatives de chaque vertèbre lombaire. Mesure objective de l’inclinaison lombaire latérale avec le goniomètre amélioré. Mesure objective de la flexion antérieure à l’aide du mètre ruban inextensible. 90 3.4 Description des techniques : 3.4.1 Traitement ostéopathique se focalisant sur la partie postérieure de la région lombaire : Normalisation des ligaments ilio-lombaires supérieurs et inférieurs. Double transverse ligamentous stretching (2TLS) du transversaire épineux. 2TLS des intertransversaires. 2TLS de la masse commune. Pompage des vertèbres lombaires en dé-coaptation. Pompage des articulaires postérieures. Normalisation fasciale des spinaux. Normalisation du fascia d’Aman Jean. Normalisation du ligament de Henlé. Allongement transverso-musculaire (ATM) du carré des lombes. Normalisation du LVCP (flexion). Normalisation du LVCA (extension). 3.4.2 Traitement ostéopathique antérieur de la région lombaire : Normalisation des ligaments triangulaires hépatiques droit et gauche. Normalisation du ligament gastro phréno splénique et gastro-phréno-colique. Normalisation du ligament suspenseur phréno-colique de l’angle hépatique. Normalisation du ligament falciforme hépatique. Normalisation du Ligament coronaire hépatique. Normalisation des Piliers du diaphragme. Normalisation des fascias de Zuckerkandl. Détorsion fascia iliaca. Peignage tendons des psoas. 91 Normalisation de la partie iliaque de l’ilio-psoas. Pompage en rotation vertébrale via le psoas. 3.5 Description des variables : 3.5.1 La variable indépendante : Le traitement ostéopathique de personnes souffrant de lombalgies chroniques depuis plus de trois mois. 3.5.2 Les variables dépendantes : L’intensité de la douleur sur une échelle de 1 à 10. Mesure de la flexion lombaire antérieure à l’aide d’un mètre inextensible. Mesure de l’inclinaison latérale lombaire des deux côté à l’aide du goniomètre modifié. Mesure de 1 à 4 des torsions négatives de chaque vertèbre lombaire des deux côtés par l’expérimentateur. Les variables dépendantes permettent de mesurer l’intensité de la lombalgie chronique et les progrès induit par le traitement ostéopathique. 92 Chapitre quatrième : Analyses et interprétation des résultats : Ce chapitre est réalisé à partir des résultats issus du travail de Mr Muller Sébastian, statisticien, Professeur de Mathématiques Appliqués à la Statistique à l’AMU (Aix-Marseille Université). Les statistiques descriptives sont réalisées avec OpenOffice (ou Excel) et les statistiques quantitatives (les tests statistiques) à l'aide du logiciel R. 4.1 Analyse statistique : 4.1.1 Description de l'expérience : Les deux groupes sont choisis d'une manière équilibrée (voir aussi le tableau). Tableau 1 : présentation des deux groupes Taille Hommes / Femmes Age -moyen Age - écart type Groupe 1 (expérimental) 29 12 / 17 39,9 17.1 Groupe 2 (contrôle) 26 13 / 13 37,6 14.3 Les deux groupes sont donc comparables car ils sont constitués de personnes recrutées sur le net et réparties au hasard par une tierce personne. Afin de clarifier les schémas statistiques, le groupe expérimental est noté groupe 1, le groupe de contrôle groupe 2. Pendant les quatre séances les caractères suivants sont observés : Flexion antérieure. Inclinaison latérale droite. 93 Inclinaison latérale gauche. Torsion négative de L5 à droite. Torsion négative de L5 à gauche. Torsion négative de L4 à droite. Torsion négative de L4 à gauche. Torsion négative de L3 à droite. Torsion négative de L3 à gauche. Torsion négative de L2 à droite. Torsion négative de L2 à gauche. Torsion négative de L1 à droite. Torsion négative de L1 à gauche. Echelle de la douleur. 4.1.2 Flexion antérieure : Flexion antérieure moyenne 8 7 Groupe 1 Groupe 2 6 5 4 RV On considère d'abord la flexion antérieure moyenne (pour chaque groupe) au cours de temps : Fig. 55 Evolution de la flexion lombaire antérieure pour les deux groupes. Dans le diagramme précédent, nous observons de plus une plus forte amélioration dans le groupe 1 (expérimental) que dans le groupe 2(contrôle). Enfin, pour quantifier cette impression nous effectuerons un test de Welch. 94 Pour chaque individu nous calculons la différence de la flexion antérieure du début (RV1) et de la fin de l'étude (RV2). Comme pas intermédiaire, nous effectuons un test de normalité pour chaque groupe. Ce test ne peut pas rejeter l'hypothèse de normalité et par conséquence nous pouvons appliquer un test de Welch pour comparer les deux moyennes de deux groupes : les moyennes des deux groupes sont significativement différentes (p-value de 0,0002). Nous effectuons également un test de Wilcoxon unilatéral qui affirme que l'amélioration de la flexion antérieure dans le groupe 1 et significativement (p-value de 0,0002) plus élevée que dans le groupe 2. L'amélioration de la flexion antérieure dans le groupe 1 est significativement plus élevée que dans le groupe de contrôle. 4.1.3 Inclinaison latérale droite : Inclinaison latérale droite moyenne 25 24 23 22 21 Groupe 1 Groupe 2 20 19 18 17 16 15 14 RV On considère d'abord l'inclinaison latérale droite moyenne (pour chaque groupe) au cours de temps : Fig. 56 Evolution de l’inclinaison lombaire latérale droite pour les deux groupes. Nous effectuons les mêmes tests que pour la flexion antérieure (c’est à dire les différences entre les valeurs de RV1 et de RV4) et obtenons une p-valeur de 0,0002 pour les tests de Welch et Wilcoxon. L'amélioration de l'inclinaison latérale droite dans le groupe 1 est significativement plus élevée que dans le groupe de contrôle. 95 Inclinaison latérale gauche 26 25 24 23 22 21 20 19 18 17 16 15 14 Groupe 1 Groupe 2 RV Fig.57 Evolution de l’inclinaison lombaire gauche pour les deux groupes. Les mêmes tests effectués pour ce caractère montrent qu’il y a une différence significative (p-valeurs de 0,02) entre les deux groupes : L'amélioration de l'inclinaison latérale gauche dans le groupe 1 est significativement plus élevée que dans le groupe de contrôle. 4.1.4 Echelle de la douleur : Fig.58 Echelle de la douleur. Echelle de la douleur 10 9 8 7 6 Groupe 1 Groupe 2 5 4 3 2 1 0 RV 96 Pour chaque individu nous calculons la différence de l'échelle de la douleur du début (RV1) et de la fin de l'étude (RV2). Le test de Wilcoxon nous confirme (p-valeur de 0) que L'amélioration de l'échelle de la douleur dans le groupe 1 est significativement plus élevée que dans le groupe de contrôle. 4.1.5 Torsion négative : Torsion L5 4 3.5 Groupe Groupe Groupe Groupe 3 2.5 2 RV1 RV2 RV3 RV4 Fig.59 Evolution de la torsion de L5. 1122- L5 L5 L5 L5 droite gauche droite gauche 97 Torsion L4 4 3.5 3 Groupe Groupe Groupe Groupe 1– 1– 2– 2– L4 L4 L4 L4 droite gauche droite gauche Groupe Groupe Groupe Groupe 1– 1– 2– 2– L3 L3 L3 L3 droite gauche droite gauche 2.5 2 RV1 RV2 RV3 RV4 Fig.60 Evolution de la torsion de L4. Torsion L3 4 3.5 3 2.5 2 RV1 RV2 RV3 RV4 Fig.61 Evolution de la torsion de L3. 98 Torsion L2 4 3.5 3 Groupe Groupe Groupe Groupe 1– 1– 2– 2– L2 L2 L2 L2 droite gauche droite gauche Groupe Groupe Groupe Groupe 1– 1– 2– 2– L1 L1 L1 L1 droite gauche droite gauche 2.5 2 RV1 RV2 RV3 RV4 Fig.62 Evolution de la torsion de L2. Torsion L1 4 3.5 3 2.5 2 RV1 RV2 RV3 RV4 Fig.63 Evolution de la torsion de L1. Ici nous pourrions aussi effectuer des tests, mais la différence est significative, sauf peut-être pour L1. 99 Chapitre cinquième : discussion : Nous allons tenter maintenant de comprendre pourquoi l’ajout d’une chaîne antérieure viscérale dans le traitement de la lombalgie chronique a été pertinent et dans quelle mesure les résultats sont significatifs. 5.1 Résultats de la recherche : Les gains sont significatifs sur le plan de la douleur et de la mobilité car la normalisation des structures tissulaires viscérales joue un rôle important. Le choix de traiter des lombalgies chroniques semble évident pour obtenir une mesure fiable, car une lombalgie aiguë qui, par définition, disparaît au bout de deux semaines ne permet pas de valider l’importance du traitement ostéopathique dans le temps. D’un autre côté, soigner un groupe de personnes souffrant depuis plus de trois mois d’une lombalgie et qui ont donc essayé en vain beaucoup de traitements est une victoire de l’ostéopathie, seule discipline à relier le corps dans sa dimension structurelle et viscérale. Les personnes souffrant d’un problème structurel pur sont souvent soulagées par des massages ou une mobilisation de cet étage vertébral ; une autre en début de lésion sera soulagée par un traitement allopathique mais les gens qui ont traversé tous ces stades se retrouvent dans la catégorie des chroniques avec, de façon très récurrente, un problème viscéral à la clef. L’ostéopathie est alors une discipline de choix et impacte considérablement le retour à la normale. 5.1.1 Echelle de la douleur : Les gains sont significatifs dans le groupe expérimental. Le gain à la première séance est très important et profite plus par la suite au groupe expérimental où chaque séance supplémentaire améliore les résultats. De par l’étendue des tissus susceptibles d’engendrer de la douleur dans cette région, l’ajout de la chaîne viscérale améliore la qualité des tissus non pas uniquement dans la région postérieure à la colonne, mais dans tout l’abdomen donc impacte le corps 100 entier. De plus, cette vision globale est plus efficace, car elle colle plus à la réalité des forces reliant les os, les muscles, les ligaments, les fasciae et les organes qu’une simple vision postérieure du corps. Ces forces sont considérables en valeur absolue. Pour s’en convaincre il suffit de monter sur le ventre de quelqu’un et de lui demander d’inspirer uniquement avec le diaphragme : la manœuvre ne pose pas de problème. C’est dire la force musculaire d’un diaphragme, donc celle engendrée sur les vertèbres lombaires et sur ses attaches viscérales qui sont normalement conçues pour soutenir cette tension sans rompre. A partir de là, la force déployée pour normaliser les fasciae viscéraux se fait plus précise et plus puissante et l’importance du rôle de soutien de la colonne vertébrale moindre. 5.1.2 La flexion antérieure : Les gains sont significatifs dans le groupe expérimental. Le gain à la première séance est plus important que le groupe contrôle, par contre les améliorations suivantes suivent la même pente de croissance que le groupe de contrôle, comme si nous avions résolu un problème dans le groupe de contrôle sans avoir approfondi sa résolution. Cette mesure est en lien direct avec les tissus postérieurs, principaux éléments soumis à la tension lors de ces mouvements. Il est donc normal qu’ils répondent bien au traitement du groupe de contrôle dont les techniques visent en particulier ces tissus-ci. Il en reste pas moins que le groupe expérimental profite aussi ici du traitement viscéral car la normalisation des tensions d’écrasements des viscères lors de la flexion antérieure aide les vertèbres à fléchir correctement sans passer par des phases de rotations ou d’inclinaisons ou autres de manière trop importante. 5.1.3 Les inclinaisons latérales : Les gains sont significatifs dans le groupe expérimental. Les inclinaisons latérales sont les valeurs les plus impactées par le traitement viscéral de par les liens puissants que nous a démontré l’embryologie sur la croissance des tissus de chaque côté de la colonne originelle et des liens biomécaniques importants entre les translations thoraciques et l’importance des ligaments latéraux viscéraux. De plus, lors de la marche c’est l’inclinaison de la colonne lombaire qui est transformée en rotation pelvienne puis amplifiée par les membres inférieurs. Si l’on considère que la marche 101 bipédique est une caractéristique fondamentale de l’homme, l’inclinaison de la colonne lombaire en est le pendant biomécanique à ce niveau. Et si le corps humain n’est qu’un réseau, alors l’inclinaison lombaire est le moteur responsable de sa locomotion. La normalisation d’un fascia iliaca par exemple, aura un impact énorme sur la normalisation de la marche, donc sur une mobilisation de la colonne lombaire plus efficace et auto-normalisante. 5.1.4 La mobilisation en torsion négative : Les gains sont significatifs dans le groupe expérimental sauf peut-être pour la vertèbre L1. Lors de cette manœuvre, les mains de l’ostéopathe quantifient la mobilisation analytique d’une vertèbre sur une autre. Le ressenti est plus accès sur les tissus reliant les deux vertèbres que sur leurs surfaces articulaires. Seuls les résultats sur L1 semblent ne pas être significatifs, sûrement au vu des liens dorsaux très importants que cette vertèbre entretient avec le thorax. Pour ce travail concentré sur la région lombaire, les techniques dorsales n’avaient pas leur place. L1 étant un carrefour très important avec le thorax, entre le système cardio-respiratoire et les viscères, elle est moins impactée que des vertèbres au cœur de la région lombaire. 5.2 Auto-critique : Les contraintes budgétaires limitées ainsi que le temps (hélas !) inextensible que dure la thèse soulèvent certains points qui auraient pu être améliorés : La prise de mesure des torsions négatives auraient pu être prises par un autre ostéopathe afin de réaliser une mesure en double aveugle, augmentant la validité interne et éliminant le biais des attentes du chercheur. Le travail sur la douleur aurait pu comprendre comme donnée sa localisation. Un test du bassin aurait pu être réalisé afin de classer les patients en différentes catégories (du plus libre au plus lésé). 102 6 Conclusion : De cette étude émerge un concept de globalité qui, après être appris, ne peut plus se désapprendre. En effet, l’enseignement médical traditionnel enseigne une anatomie de région et non une anatomie de rapports. Le corps est un tout unique, mais les disciplines censées le soigner sont morcelées en différentes spécialités sans véritable communication entre elles. Et lorsque nous faisons l’effort de désapprendre ce morcellement, la structure du corps et son fonctionnement apparaît alors dans toute son ingéniosité et sa complexité. Il est impossible alors, de considérer le diaphragme désolidarisé de la colonne lombaire, un colon ascendant d’un foie etc. ... C’est à la lumière de ces concepts enseignés au sein de notre école sous la direction pédagogique de Guy Voyer D.O, qu’est née cette étude ostéopathique des relations inextricables entre la colonne lombaire et les viscères. De là, notre hypothèse de départ s’est dessinée suite au constat fait en clinique des répercutions du traitement viscéral sur la lombalgie chronique. Cette expérimentation nous a permis d’approfondir considérablement notre vision de ces rapports au départ moins évidents et de mieux maitriser ses techniques de normalisations. Concevoir une étude scientifique de cette ampleur n’est pas une mince affaire et nous sommes bien conscients qu’elle n’est pas parfaite, ne serait-ce que de part sa nature, linéaire et non-complexe, exposant des lésions primaires différentes à la même chaîne de traitements ostéopathiques. Notre hypothèse de départ est cependant confirmée. L’ajout d’une chaîne viscérale dans le traitement de la lombalgie chronique est pertinent. Les résultats du groupe expérimental sont significatifs du point de vue : De la diminution de la douleur (cinq patients ne ressentaient plus aucune douleur après le troisième traitement alors qu’ils souffraient depuis plus de trois mois.) De l’inclinaison latérale. De la flexion antérieure. De la torsion négative sauf pour L1. Comme nous l’avons démontré, la richesse des rapports entre la colonne lombaire et les viscères justifient pleinement l’intégration de ceux-ci dans le traitement ostéopathique des lombalgies chroniques. Nous sommes donc maintenant convaincus que nous ne pouvons pas 103 nous passer de l’investigation du fascia iliaca, du diaphragme et de leurs annexes lors du traitement de cette pathologie. Non seulement les répercutions viscérales sont très fréquentes chez ces sujets-là, mais elles représentent pour certains l’unique source de leur douleur. Si la santé des viscères impacte à ce point la colonne lombaire, ce qui impacte les viscères impacte la colonne lombaire. De proche en proche, nous sommes ainsi amenés à généraliser (avec raison) ce concept à l’ensemble du corps et à épouser cette globalité. Cette vision des rapports, associée à l’intégration des différences anatomiques et biomécaniques de chacun, constitue la meilleure façon d’aborder un traitement ostéopathique précis et efficace. Cette expérimentation in-vivo des techniques apprises à l’Académie a conforté notre façon de traiter les patients selon le paradigme de la complexité et constitue, de ce point de vue, un véritable tournant dans notre vie ostéopathique. 104 6 Bibliographie : BICHAT Xavier (1800) Traité des membranes en général et de diverses membranes en particulier, J S CHAUDE EDITEUR (1832), (accessible sur Google Books). BOUCHET. A. et CUILLERET. J. (1991) Anatomie topographique et fonctionnelle tome 4. SIMEP. 2ème édition. BOUCHET. A. et CUILLERET. J. (1991) Anatomie topographique et fonctionnelle tome 3. SIMEP. 2ème édition. DURAND Véronique, D.O, (2011) Méthodologie de recherche, 2ème version, Montréal. DURAND Véronique, D.O, (2011) Aide à la rédaction et Conseils de présentation du mémoire, 2ème version, Montréal. GRABOWSKI, Tortora, (1994) Principes d’anatomie et de physiologie, CEC, nouvelle édition. GRACOVETSKY Serge, (1989) The Spinal Engine, SERGE GRACOVETSKY, 1ère édition. GRAY, Henri, (1858) Gray’s Anatomy : Descriptive and Surgical, ROYAUME-UNIS. GUIMBERTEAU Jean Claude, (2004) Promenade sous la peau, ELSEVIER SAS. LARSEN William. J, (2009) Tiré de l’ouvrage Embryologie humaine, DE BOEK, 2ème édition. MARIN Karine, D.O, (2009) l’importance d’inclure le traitement fascial de la partie antérieure du cou dans les cas de cervicalgies chroniques. Thèse du diplôme en ostéopathie, Montréal. 105 MORIN Edgar, (1990) Introduction à la pensée complexe, LE SEUIL. RAMACHANDRAN Vilayanur S, (2002) Le fantôme intérieur, ODILE JACOB. RIPAMONTI Mickaël, (2010) Détermination des relations moment-vitesse et puissancevitesse des muscles du tronc. Application à l’évaluation isocinétique de patients lombalgiques chroniques, thèse de doctorat, Maine. VOYER Guy, D.O, (2003) Le Macroscope, résumé de lecture de VOYER Guy D.O. VOYER Guy, D.O, (1992) Rapports du fascia iliaca, cours théorique de l’Académie Sutherland France. VOYER Guy D.O (1994) Biomécanique du rachis, cours théorique de l’Académie Sutherland France. VOYER Guy D.O(1998) Essai de philosophie de l’ostéopathie, cours théorique de l’Académie Sutherland France. VOYER Guy D.O(2003) les fascias F0, cours pratiques de l’Académie Sutherland France. VOYER Guy D.O(2004) les fascias F3, cours pratiques de l’Académie Sutherland France. VOYER Guy D.O(2004) digestif 1, cours pratiques de l’Académie Sutherland France. VOYER Guy D.O(2005) digestif 2, cours pratiques de l’Académie Sutherland France. 106 7 Annexes : Annexe 1 : liste des techniques ostéopathiques utilisées : POMPAGE DU LIGAMENT ILIO-LOMBAIRE SUPERIEUR AU NIVEAU DE LA 4EME LOMBAIRE Patient En DL, MI droit en flexion, reposant la cuisse du thérapeute. Méthodologie La main céphalique : située sur l’ilium. La main caudale : posée sur le flanc du tronc et le pouce est positionné sur le ligament de L4. Inspiration : le sujet va faire une extension de hanche (ilium en in flair). Le thérapeute suit le mouvement. Expiration : il maintient la positon puis relâche en fin d’expiration. Thérapeute Assis sur la table, le thérapeute va bloquer la cuisse du sujet à l’aide de son tronc. Cela va permettre au sujet de réaliser une extension résistée de hanche. Photos 107 POMPAGE DU LIGAMENT ILIO-LOMBAIRE INFERIEUR AU NIVEAU DE LA 5EME LOMBAIRE Patient En DL, le MI droit en flexion de hanche et de genou. Méthodologie La main caudale : située dans le sulcus avec l’index en direction du ligament de L5. La main céphalique : posée sur l’ilium. Inspiration : le sujet fait une extension de genou que le thérapeute bloque avec puissance (ilium part en out flair). Le thérapeute suit l’ouverture de l’ilium. Expiration : le thérapeute bloque l’ilium en out flair puis en fin d’expiration il relâche. Thérapeute Le thérapeute bloque la jambe du sujet à l’aide de son tronc. Photos 108 2TLS DU TRANSVERSAIRE EPINEUX LOMBAIRE Patient (Pt) Thérapeute (Tp) Genou contre la cuisse du Pt procubitus Céphalique: deux doigts sur les insertions des 3 fx Actions Caudale : le 1 caudal successivement entre épineuse de D12 et lame de L2 puis entre épineuse de D12 et la transverse de L3 puis entre épineuse de D12 et transverse de L4. Photos Inspiration : écarte le MI contre le genou du Tp Le Tp pousse les fibres latéralement successivement dans les 3 espaces limité par les deux doigts céphaliques. Le Tp travaille sur le long lamellaire, le court épineux puis le long épineux. Expiration : le Pt se relâche mais pas le Tp Remarques : Pas de court lamellaire à ce niveau rachidien 109 2TLS DES INTERTRANSVERSAIRES Patient Procubitus tête en rotation controlatérale Thérapeute (TP) Céphalique: 2 et 4 délimitent l’espace entre deux transverses Caudale : le 1 entre les deux transverses Action Partie haute Inspiration : le Pt réalise une ABD du bras contre la résistance de la cuisse du Tp Le Tp pousse vers l’externe avec son 1 caudal Expiration : Le Pt relâche mais pas le Tp Partie basse Inspiration : le Pt réalise une ADD de hanche contre la résistance de la cuisse. Le Tp pousse vers l’externe avec son 1 caudal Expiration : Le Pt relâche mais pas le Tp Photos 110 2TLS DE LA MASSE COMMUNE. Patient Avant bras en appui sur la table Genoux fléchis. Action . Inspiration : le patient pousse son pied contre celui du thérapeute. Le thérapeute fait une contre résistance et dilacère les fibres de la masse commune. Expiration : le patient relâche sa poussée, le thérapeute maintient sa mise en tension et relâche en fin d expiration. Note : Thérapeute (TP) Derrière le patient Bloque le pied homolatéral Photos 111 POMPAGE LOMBAIRE EN DÉ-COAPTATION Patient Installé en latérocubitus. Action À l’inspiration : Le thérapeute suit les mouvements d’écartements des vertèbres et du sacrum. À l’expiration : Le thérapeute respecte un délai puis relâche. Travail lemniscatoire dans les deux plans. Remarques : Notes Perso : Ostéopathe Main caudale : crochète le plateau sacré. Main céphalique : crochète la vertèbre traitée. Photos 112 POMPAGE LOMBAIRE, NORMALISATION DES ZYGAPOPHYSES « TERRE - CAUDALE » Patient En DL, pieds hors de la table. Départ des MI vers le sol. Méthodologie La main caudale : elle soutient les pieds du sujet et va aussi s’opposer au mouvement. La main céphalique : la pulpe du 2ème, 3ème, 4ème doigts est située sur les lames vertébrales inférieures. Les MCP sont sur les lames vertébrales supérieures. Inspiration : 1) le thérapeute exerce une résistance qui s’oppose à l’ascension des pieds. 2) Le thérapeute maintient la colonne vers le bas grâce à sa main céphalique. Expiration : 3) le thérapeute remonte les pieds du sujet vers le haut, en maintenant toujours la colonne vers le bas. 4) En fin d’expiration, le thérapeute laisse remonter la colonne. Remarques : Thérapeute Le thérapeute bloque les MI du sujet à l’aide de son bassin. Photos 113 POMPAGE LOMBAIRE, NORMALISATION DES ZYGAPOPHYSES « CIEL - CEPHALIQUE » Patient En DL, pieds hors de la table. Départ des MI à l’horizontale. Méthodologie Thérapeute Le thérapeute bloque les MI du sujet à l’aide de son bassin. Photos La main caudale : elle soutient les pieds du sujet et va aussi s’opposer au mouvement. La main céphalique : la pulpe du 2ème, 3ème, 4ème doigts est située sur les lames vertébrales inférieures. Les MCP sont sur les lames vertébrales supérieures. Inspiration : 1) le thérapeute exerce une résistance qui s’oppose à la descente des pieds. 2) Le thérapeute maintient la colonne vers le haut grâce à sa main céphalique. Expiration : 3) le thérapeute redescend les pieds du sujet vers le sol, en maintenant toujours la colonne vers le haut. 4) En fin d’expiration, le thérapeute laisse redescendre la colonne. Remarques : Plus la position de départ des pieds est basse, plus l’ouverture apparaît haut dans les étages vertébraux. 114 NORMALISATION FASCIALE DES SPINAUX. Patient (Pt) Procubitus Actions 1 Écoute se fait MCP du I de la MCE sur le fascia lombo-sacré dont les fibres se dirigent en haut et en dedans Écoute et N° en direct Remarques : Thérapeute(Tp) MCA : MCP du II ou III sur EIPS MCE : sur le fascia lombo-sacré Photos 115 NORMALISATION DU FASCIA D’AMAN JEAN (TRACTUS FIBREUX) Patient (Pt) Main caudale : II à IV entre les lames de L1 à L5. Main céphalique : II à IV au dessus de l’autre main, entre les doigts. Procubitus Actions I : la main céphalique pousse médialement et écarte les doigts longitudinalement. E : la main caudale tracte latéralement les arcades et écarte. I : tp maintient les tensions. E : tp augmente les tensions. Remarques : Thérapeute (Tp) Photos 116 NORMALISATION DU LIGAMENT LOMBO-COSTAL DE HENLE Patient (Pt) Procubitus Actions Repère entre K12 et première lombaire Thérapeute(Tp) Debout du côté homolatéral Main médial :I sur le bord latéral transverse de D 12/L1 Main latéral : I à côté de l’autre sur K12 Photos Inspire-suit le mouvement et faire un scoop vers la tête avec les I Expire-maintient la tension Transverse/horizontal pour créer un délai Remarques : Le ligament de Henlé et le ligament cintré du diapragme (l’arcade du carré des lombes) sont une grande porte du rachis lombo-dorsal. Attention parce qu’en ouvrant ici une douleur peut voyager soit en bas ou en haut. 117 ATM DU CARRE DES LOMBES FIBRES VERTICALES Patient En position de prière arabe, les fesses éloignées légèrement des talons, bras étirés. Méthodologie Inspiration : le pt descend ses fesses vers les talons, le TR suit et on met en tension puis travail dans le sens transversal des fibres avec la main Expiration : on crée un délai en maintenant les tissus et on revient Thérapeute Debout, fulcrum au genou. Main caudale : au niveau du sacrum, le I au niveau des lames. Main céphalique : thénar et hypothénar sur le carré des lombes Photos 118 ATM DU CARRE DES LOMBES FIBRES OBLIQUES INTERNES Patient Latérocubitus, jambe du dessus à 90 degrés et bras du dessus en débord de table en torsion positive Méthodologie Inspiration : le pt pousse avec son bras vers le sol, suivre en éloignant les attaches en se servant des 5 mains puis travail dans le sens transversal des fibres avec la main céphalique. Expiration : on crée un délai en maintenant les tissus et on revient Thérapeute 5 mains : 1ère : aisselle sur l’iliaque 2e : avant-bras sur les côtes 3e : genoux contre genou du PT 4e : main caudale sur les insertions lombaires 5e : main céphalique sur les fibres Photos 119 ATM DU CARRE DES LOMBES FIBRES OBLIQUES EXTERNES Patient Latéro-cubitus, jambe du dessus à 90 degrés, l’autre droite, épaule du dessus vers l’arrière, torsion négative Méthodologie Inspiration : le PT pousse l’épaule vers la table, suivre en éloignant les attaches en se servant des 5 mains puis travail dans le sens transversal des fibres avec la main céphalique. Expiration : on crée un délai en maintenant les tissus et on revient Thérapeute 5 mains : 1ère : aisselle sur l’iliaque 2e : aisselle sur les côtes 3e : genoux contre genou du PT 4e : main caudale sur le iliaque 5e : main céphalique sur les fibres Photos 120 NORMALISATION DU LVCA Patient En DV, en sphinx. Méthodologie La main céphalique = la main caudale : les éminences thénars sont positionnées sur les lames vertébrales du même étage. Inspiration : le thérapeute suit le mouvement du thorax. Expiration : le thérapeute suit aussi le mouvement thoracique puis accentue d’avantage la manœuvre (pression plus forte) pour relâcher en fin d’expiration. Thérapeute Le thérapeute travaille avec le poids de son corps. Photos 121 NORMALISATION DU LVCP Patient Assis au bord de la table en flexion lombaire maximale. Méthodologie La main céphalique : les éminences thénars sur les vertèbres lombaires basses. la main caudale : les éminences thénars et hypothénars sont positionnées sur les lames vertébrales des lombaires sus-jacentes. Inspiration : le thérapeute suit le mouvement d’écartement des vertèbres. Expiration : le thérapeute freine aussi le mouvement vertébral puis accentue l’étirement céphalo-caudal pour relâcher en fin d’expiration avec un délai. Thérapeute Les deux mains le long de la colonne lombaire. Le thérapeute travaille avec le poids de son corps. Photos 122 NORMALISATION DU LIGAMENT TRIANGULAIRE HEPATIQUE DROIT. Patient (Pt) assis, le dos sur le thérapeute Actions Travail horizontal inspire- retour (TR pousse en avant et haut avec son abdomen) expire- rentre les doigts inspire- translation latérale à droite (la fesse G peut décoller), la main G fixe relativement expire- rotation à gauche et la main Droite fixe Thérapeute (Tp) main G : sous costal, à droite du lig. falciforme main D : sous costal, à gauche du ligament triangulaire droit Photos 123 NORMALISATION DU LIGAMENT TRIANGULAIRE HEPATIQUE GAUCHE. Patient (Pt) Assis Actions Inspire- retour expire- rentre les doigts inspire-ouvre les côtes à gauche expire- descend ligament oblique en bas à gauche Thérapeute (Tp) main céphalique- 3 doigts sous costal main caudale- pouce sur le ligament Photos 124 NORMALISATION DU LIGAMENT TRIANGULAIRE GASTROCOLO-SPLENIQUE Patient (Pt) Assis Actions Inspiration : le tp suit les tissus. Expiration : les doigts rentrent en profondeur, le tp écarte un doigt puis l’autre. Remarques : Thérapeute (Tp) Main droite : bord latéral de la grande courbure de l’estomac en passant sous le foie si celui-ci déborde. Main gauche : un doigt entre la main droite et la rate. Photos 125 NORMALISATION DU LIGAMENT GASTRO-PHRENO-SPLENIQUE Patient (Pt) Assis Actions Le III va vers le ciel au lieu d’aller vers le colon. Remarques : Thérapeute (Tp) Main droite : bord latéral de la grande courbure de l’estomac en passant sous le foie si celui-ci déborde. Main gauche : un doigt entre la main droite et la rate. Photos 126 NORMALISATION DU LIGAMENT SUSPENSEUR PHRÉNO-COLIQUE DE L’ANGLE HÉPATIQUE Patient (Pt) Thérapeute (Tp) Assis, jambes en débord de table Actions Inspiration : Suivre Expiration : Enter les doigts sous les côtes Inspiration : Entraîner en induisant un mouvement latéral vers la droite pour éviter le foie Expiration : La main droite maintien sa position et la gauche met en tension le ligament Debout derrière le patient, main gauche sous les côtes, main droite en latéral sous les côtes flottantes, entre le foie et le colon. Photos 127 Remarques : 128 NORMALISATION DU LIGAMENT FALCIFORME HEPATIQUE Patient (Pt) Assis, jambes en débord de table Actions Inspiration : Suivre Expiration : Prendre position sous les côtes et le I prend position sur le ligament Inspiration : Maintenir Expiration : Mettre en tension le ligament par une mise en tension vers la gauche. Remarques : Thérapeute (Tp) Debout, derrière le patient, le I de la main droite sur le ligament et la main gauche sous les côtes Photos 129 NORMALISATION DU LIGAMENT CORONAIRE HEPATIQUE Patient (Pt) Assis, jambes en débord de table Actions Inspiration : Suivre Expiration : Prendre position sous les côtes et la main gauche rentre postérieurement au foie pour commencer à mettre en tension le ligament. Inspiration : Maintenir Expiration : Mettre en tension le ligament par une mise en tension de direction postérieure et caudale. Remarques : Thérapeute (Tp) Debout, derrière le patient, la main gauche entre le foie et le diaphragme, la main droite au début du ligament coronaire. Photos 130 NORMALISATION DES PILIERS DIAPHRAGMATIQUES Patient (Pt) Décubitus, membres inférieurs fléchis, en appui sur les coudes si besoin. Actions Peignage des piliers en direction Caudale avec main Céphalique plus ou moins fixe Remarques : Thérapeute (Tp) Main Caudale : le bout des doigts descend par la ligne de Spiegel jusqu’à face Antérieure des corps vertébraux Main céphalique : juste au dessus Photos 131 NORMALISATION DES FASCIAS DE ZUKERKANDL Patient (Pt) Thérapeute (Tp) procubitus Main caudale : sous L3 transversal Main céphalique : sur le volume du rein (niveau T12/L1) Vertical Actions Caler la respiration du sujet sur le MRP; Inspiration : On suit les tissus Expiration : Mise en tension main Caudale Inspiration : overscoop main céphalique Expiration : Maintient des tensions Remarques : Photos 132 PEIGNAGE DES TENDONS DU PSOAS Patient (Pt) Décubitus dorsal « position plage » en appui sur les coudes Genoux pliés Action La direction du peignage est oblique 20 degrés vers la hanche. On travaille L1, 2, 3, 4 Remarques : Thérapeute (Tp) main caudale- le II, III, IV rentre pour peigner le pilier main céphalique- le II, III est fixe vers L1 Photos 133 NORMALISATION DE LA PARTIE ILIAQUE DE L’ILIO-PSOAS Patient (Pt) Decubitus dorsal membre inférieur replié. Action A l’inspiration : on suit les tissus. A l’expiation : on écarte les deux mains pour mettre en tension la jonction puis on normalise en direction médiane et caudale. Remarques : Thérapeute (Tp) Les mains au creux de l’ilium en contact avec le psoas et son fascia. Main céphalique : sur la jonction psoas iliaque coté faisceau lombaire. Main caudale : sur la jonction ilio-psoas cote iliaque. Photos 134 DETORSION DU FASCIA ILIACA Patient (Pt) Décubitus, membre inférieur controlatéral fléchi à 90° maximum, pied sur la table ou au sol ; RI naviculaire, RE genou, RI coxofémorale. Membre inférieur homolatéral tendu strictement dans l’alignement de la coxo-fémorale Action Thérapeute (Tp) A côté du patient, prêt à mettre une main contre le pied, une autre contre le genou du membre inférieur homolatéral du patient Photos Le patient fléchit le genou. le thérapeute sollicite les corrections avec ses mains « ne me touchez pas » pour que la flexion s’organise en rectitude Idem au moment de la descente Recommencer une dizaine de fois Remarques : A faire 10 fois quotidiennement, seul quand on a enregistré les repères A associer avec l’EMF du psoas 135 POMPAGE EN ROTATION VERTEBRALE VIA LE PSOAS Patient (Pt) Thérapeute (Tp) Décubitus sur les coudes, rétroversion, jambe en dehors de la table, jambe contre la jambe céphalique du thérapeute Position : debout, sa jambe emmenant la jambe du patient en RI Main céphalique : sous les lombaires, contrôlant la poussée des lames homolatérales vers la table Main caudale : hypothénar dans le creux inguinal, en direction du petit trochanter Action Photos Mise en tension prolongée (30 secondes) avant un léger relâchement main caudale : se dirige à la fois vers l’attache trochinienne et caudalement main céphalique : contrôle la poussée constante des lombaires pour fixer l’insertion haute . Remarques : les fibres du psoas sont à la fois longitudinales et transversales, la poussée du thérapeute suit le sens des fibres - Le patient peut se placer sur les coudes s’il n’arrive pas à plaquer ses lombaires en décubitus - Si, quand le thérapeute accentue la rotation interne, les lombaires lâchent, c’est un signe de torsion du psoas 136 Questionnaire au patient : Questionnaire de candidature : Répondez aux questions le plus honnêtement possible. Une réponse négative ne sera pas forcement disqualifiante. Nom : Age : Sexe : Numéro de téléphone : 1 Depuis combien de temps souffrez-vous des lombaires ? 2 La douleur est-elle continuelle et si non quand intervient– elle ? 3 Précisez l’intensité de la douleur sur une échelle de 1 à 10. 4 La douleur se répand elle dans les jambes ? irradie-t-elle dans le ventre ? est-elle accompagnée de fièvre ? 5 Avez-vous reçu dans les trois derniers mois un traitement quelconque (massages, acupuncture, médicaments, ostéopathie ?) 6 Quels sont vos disponibilités dans l’éventualité de votre acceptation dans le protocole, sachant que je vous propose trois séances d’1 heure espacées de 15 jours chacunes ? 137 Formulaire de consentement : Je soussigné(e) _____________________________accepte de participer à titre de sujet à l’étude sur l’abord antérieur des lombalgies de Mr Mahoux Frédéric, postulant au Diplôme International d’Ostéopathie à l’Académie Sutherland d’Ostéopathie du Québec. L’objectif de cette étude est d’évaluer l’importance de l’abord antérieur dans le traitement de la lombalgie. Je sais que l’étude nécessitera ma présence lors de trois séances d’une heure espacées de 15 jours. Aucun frais ne pourra m’être demandé. Mon nom et mes données personnelles n’apparaitront pas dans la thèse finale ainsi l’anonymat sera absolument respecté. J’ai été informé des procédures à suivre, lesquelles ne comportent aucun risque pour ma santé et j’accepte d’y participer sans recours de ma part en sachant que je peux abandonner l’étude à tout moment. Signature du candidat (lu et approuvé) date Signature du thérapeute (lu et approuvé) date 138 Questionnaire : information médicale : Nom prénom : Sujet n° : Date de naissance : Age : Sexe : Profession : Latéralité : Examens disponibles : Tt médical : Antécédent traumatique : Fracture : Entorse : Accident : Chute importante : Les systèmes : Problèmes musculo-squelettiques : Problèmes ORL : Problèmes cardiaques : Problèmes pulmonaires : Problèmes digestifs : Problèmes génito-urinaires (incluant les reins) : Problèmes hormonaux : Hygiène de vie : Sport pratiqué : Hydratation : Equilibre de l’alimentation : Stress : Sommeil : 139 Questionnaire sur la douleur Sujet n° : Localisation précise : Type : Intensité : Fréquence : Durée : Horaire : Calmée par : Accentuée par : Paresthésie : Faiblesse : Date approximative de début de la symptomatologie : Antécédents familiaux : Stress engendré sur une échelle de 1 à 10 : Impotence fonctionnelle : Evolution dans le temps : Problèmes viscéraux associés : 140 Questionnaire lors des suivis : Sujet N° : Intensité de la douleur sur une échelle de 1 à 10 : Autres : 141 Liste des figures Fig.1 Continuité tissulaire d’un tendon et de sa gaine selon le professeur Gimberteau. Fig.2 Andrew Taylor Still. Fig.3 John Martin Littlejohn. Fig.4 William Gardner Sutherland. Fig.5 Voie de migration du mésoderme invaginé. Fig.6 Coupes à travers un embryon de 17 jours montrant la différenciation du mésoderme de chaque côté de la ligne médiane. Fig.7 La création du tube neural. Fig.8 Les cellules de la crête neurale se détachent des bords latéraux de la plaque neurale et migrent à travers l’embryon pour former beaucoup de tissus différents. Fig. 9 Subdivision initiale du mésoderme somitique. Fig.10 Processus de plicature céphalo-caudale et latérale qui transforme le disque embryonnaire plat en un corps de vertébré à trois dimensions. Fig.11 photo d’un embryon de 4 semaines. Fig.12 Genèse du cordon ombilical et présentation des différents intestins. Fig. 13 Rotations de l’estomac. Fig. 14 Les intestins antérieur, moyen et postérieur du tube digestif primitif sont le résultat de l’action combinée de la croissance différentielle et des plicatures céphalo-caudale et latérale. Fig. 15 Echelle temps ; Développement du tube digestif et de ses dérivés. Fig. 16 Organes intrapéritonéaux, rétropéritonéaux et secondairement rétropéritonéaux du tractus gastro-intestinal abdominal. Fig. 17 Herniation et rotations de l’intestin. Fig. 18 Origine postérieure des tissus de l’abdomen. Fig.19 Les ligaments du foie n’en font qu’un. Fig.20 Rapports du foie et du diaphragme. Fig.21 Continuité du falciforme et de l’ombilic. Fig.22 Continuité tissulaire entre le ligament triangulaire gauche hépatique et l’ampoule rectale. Fig.23 Rapports postérieurs du péritoine et continuité tissulaire. Fig.24 Rapports de l’angle colique gauche. Fig.25 Origine du grand omentum dans l’angle colique gauche. Fig.26 L’arrière cavité des épiploons et ses communications. 142 Fig.27 L’angle colique droit. Fig.28 Situation de l’artère mammaire interne par rapport à l’appendice xiphoïde. Fig.29 Rapport des piliers du diaphragme et des vaisseaux et nerfs environnants. Fig.30 Le diaphragme, les piliers du diaphragme et le lit de l’aorte, le hiatus œsophagien ainsi que les différentes arcades du diaphragme. Fig.31 Zoom sur les piliers et les arcades du diaphragme. Fig.32 A droite le muscle psoas-iliaque sans le fascia iliaca comme représenté habituellement ; à gauche une vision des nombreux rapports de ce fascia avec, notamment, le péritoine. Fig.33 Le cheminement de la veine lombaire ascendante. Fig. 34 Rapports musculaires du muscle ilio-psoas. Fig.35 Représentation du fascia iliaca. Fig.36 Rapports du fascia iliaca. Fig. 37 Le fascia de Zukerkandl. Fig.38 Rapports des reins et des différentes structures avec le fascia iliaca. Fig.39 La paroi postérieure chez l’homme. Fig.40 Cheminement du fascia iliaca par rapport au caecum et aux vaisseaux iliaques. Fig.41 Rapport du fascia iliaca et du caecum. Fig.42 Le plexus lombo-sacré. Fig.43 Le fascia d’Aman-Jean (n°12). Fig.44 Rapports des muscles abdominaux à la paroi postérieure. Fig.45 Anatomie du muscle transversaire épineux. Fig.46 Rapports nerveux des muscles intertransversaires. Fig.47 Cheminement Schéma de l’action des différents muscles postérieurs agissant sur la colonne vertébrale (selon Gracovetsky). Fig.48 Transcription de la colonne vertèbrale en modèle tenségritif. Fig.49 Différents modèles tenségritifs. Fig.50 Le bassin vu par la tensègrité. Fig.51 Comparaison de l’ondulation de la colonne vertébrale d’un reptile et d’un enfant. Fig.52 Les ligaments ilio-lombaires. Fig. 53 Mesure de l’inclinaison lombaire gauche avec le goniomètre amélioré. Fig. 54 Mesure de la flexion lombaire antérieure à l’aide du mètre ruban inextensible. Fig. 55 Evolution de la flexion lombaire antérieure pour les deux groupes. Fig. 56 Evolution de l’inclinaison lombaire latérale droite pour les deux groupes. 143 Fig.57 Evolution de l’inclinaison lombaire gauche pour les deux groupes. Fig.58 Echelle de la douleur. Fig.59 Evolution de la torsion de L5. Fig.60 Evolution de la torsion de L4. Fig.61 Evolution de la torsion de L3. Fig.62 Evolution de la torsion de L2. Fig.63 Evolution de la torsion de L1. Liste des tableaux Tableau 1 : présentation des deux groupes