III
En effet, comme nous l’avons appris durant notre formation, tous les schémas et autres
dessins anatomiques pourtant créés dans un but pédagogique sont inappropriés, car ils ne
retranscrivent pas la complexité relationnelle du corps humain. Les aponévroses musculaires
par exemple, possèdent beaucoup de petites expansions souvent négligées par les ouvrages
d’anatomie car considérées comme mineures mais qui expliquent, de part leurs insertions, les
différentes transmissions de force découlant d’une chaîne lésionnelle.
Non seulement les tissus sont tous liés entre eux par les fasciae, mais il existe entre eux une
continuité tissulaire totale :
Comme le décrit le professeur Guimberteau2 :
« La dissection chirurgicale in vivo permet de constater qu’il n’y a que des connections
tissulaires, une véritable continuité histologique, sans séparation nette, que ce soit entre la
peau et l’hypoderme, les vaisseaux et entre l’aponévrose et le muscle »3 ;
Et s’il n’y a pas de séparation histologique vraie, encore faut-il pouvoir les traiter en ce sens,
c'est-à-dire de conceptualiser un traitement, non par rapport à un tissu, mais à ses rapports.
Je ne parlerai pas ici des derniers films anatomiques en 3D qui eux aussi simplifient les tissus
(et notre cerveau !) à l’extrême et soulagent notre mémoire et nos centres visuels d’un effort
pourtant salutaire, mais de la duplication virtuelle réalisée par le seul processeur réellement
capable de le faire : notre propre cerveau. Oui, l’anatomie doit être dupliquée virtuellement
dans notre tête dans un premier temps en 2D, puis au fur et à mesure des progrès en 3D, puis
en 4D c'est-à-dire en y incluant le facteur temps : le mouvement.
Enfin, avec l’aide de nos mains, la duplication réelle peut se réaliser lors d’une séance
d’ostéopathie où nous chercherons à deviner les chaînes lésionnelles d’un patient intégrant à
la fois sa posture, ses pathologies et ses adaptations anatomiques, notre ressenti, les axes de
traitements possibles etc. …
Cette belle phrase d’Aristote nous met aussi en garde contre les écrits en général, qu’il
faudrait lire en conservant un regard critique, sans oublier les nouvelles théories s’échafaudant
en continue. Un ouvrage d’hier peut devenir obsolète demain. Un ouvrage d’avant-hier peut
ne pas être connu du tout mais être d’avant-garde. (BICHAT Xavier 4 (1800) Traité des
membranes en général et de diverses membranes en particulier J S CHAUDE EDITEUR
(1832))5.
2 Gimberteau J.C né en 1947 Cofondateur de l’IAM, de la GEM, de la SF CPRE (tous ces comités sont tournés
vers l’étude de la main et des plans de glissements en général.)
3 Tiré du dossier « carte blanche à J.C Gimberteau » du site futurasciences.
4 Marie François Xavier Bichat, né le 14 novembre 1771 à Thoirette (Jura) et mort le 22 juillet 1802 à Paris,
médecin biologiste et physiologistefrançais.
5 Visible sur Googlebooks car le livre n’est plus publié à notre connaissance.