Éditorial Mon cher Philippe, Sais-tu que lorsque je faisais mes études de médecine, j’avais le foie dans la peau ? Cette passion m’était venue lors d’un stage dans un service de maladies infectieuses durant lequel j’avais eu à prendre en charge un patient qui présentait un ictère cutanéomuqueux au retour d’un séjour en Guyane. Tout se passait bien, sauf qu’un soir de contre-visite, celui-ci se mit à présenter des douleurs thoraciques en rapport avec un trouble de la conduction cardiaque. Jusque-là, nous avions évoqué une hépatite virale ou autre, mais l’apparition des troubles du rythme associés à cet ictère chez un patient revenant de Guyane méritait un peu plus de notre part… L’interrogatoire du patient révélait qu’avant son départ pour la métropole, des pluies torrentielles s'étaient abattues sur le pays, inondant les rues et les habitations et faisant sortir du sous-sol des rats par centaines… L’hépatologue que je consultais allait faire une addition miraculeuse qui permettrait d’aboutir au diagnostic : ictère + troubles du rythme + séjour en zone tropicale + inondation + rat = leptospirose ictérohémorragique. Depuis, j’ai vu des leptospiroses dans toutes les jaunisses sans jamais plus en rencontrer une seule. J’avais le virus du foie et longtemps j’ai hésité à devenir hépatologue… mais ma rencontre avec la peau en a décidé autrement… Aujourd’hui, je suis très heureux que nous soyons réunis Images en Dermatologie un numéro spécial qui nous permet de croiser peau et foie sous des aspects très variés, où l’hépatite C, virus ô combien d’interface, occupe une place centrale. L’arrivée de nouveaux toxiques pour la peau est l’occasion de renforcer les liens qui nous unissent et de partager nos expériences et nos vues sur les maladies et leurs traitements, dans le souci d’assurer au mieux la prise en charge de nos patients. Bonne lecture à tous ! Nicolas Dupin Rédacteur en chef d’ Images en Dermatologie { Images en Dermatologie U Vol. V UÊcÊ£ÊUÊ>ÛiÀvjÛÀiÀÊÓä£Ó