Apnées du sommeil et BPCO

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Apnées du
sommeil et BPCO
Marianne Gardellin
CHRU Grenoble
Définitions
BPCO :
Limitation expiratoire permanente des débits aériens
due à une bronchite chronique ou un emphysème
- bronchite chronique :toux + expectorations pendant au moins
3 mois /an et 2 années consécutives.
- emphysème : élargissement anormal des espaces aériens au delà
des bronchioles terminales, accompagné d’une destruction des parois
alvéolaires sans fibrose évidente.
Définitions (2)
Apnée : interruption du débit aérien nasobuccal > 10s (> 5s chez
l’enfant ). Elle peut-être centrale – obstructive – mixte.
Hypopnée : réduction de plus de 50 % de la ventilation pendant au
moins 10s, associée : à une désaturation de l’hémoglobine en O2 dans
le sang artériel d’au moins 4% – ou à un éveil – ou aux deux.
Syndrome d’apnées du sommeil (SAS):
-
-
IAH: index d’apnées-hypopnées > 10 évènements / h de sommeil.
IAH > 5 et au moins un signe clinique ( brady-tachycardie, désaturation
associée à l’apnée, latence d’endormissement < 10mn )
BPCO et sommeil
Flenley Clin Chest Med 1985
Weitzenblum, Respiration 1997
Douglas, Clin Chest Med 1998
hypoxémie nocturne pendant REM secondaire à : - hypoventilation alvéolaire
- altération du rapport V/P
- diminution de la CRF
Relation proportionnelle entre hypoxie
durant la veille et désaturation nocturne
Conséquences de l’hypoxémie nocturne : HTAP, arythmie,
cœur pulmonaire chronique, œdèmes périphériques.
BPCO et sommeil
Catterall Am rev Resp Dis 1983 : étude de 40 sujets : 20 BPCO et 20 sains.
- sujet type Blue and bloated font tous des hypoxémies nocturnes
- sujet type Pink and puffer ne font pas tous des hypoxémies
nocturnes
- pas plus d’épisodes d’apnées chez les BPCO que chez les
sujets normaux.
- SAS rare chez les BPCO non obèse.
SAS et BPCO n’ont–ils pas un lien ?
Chaouat Am j Respir Crit Care Med 1995 : étude de la fréquence de BPCO chez
265 patients présentant un SAS : 11%
Orth, Pneumologie 1996 : étude de la fréquence de BPCO chez 202 patients
ayant un SAS : 16, 3%
Tous les patients présentant une BPCO + un SAS étaient:
-des hommes
-Plus vieux
-BMI plus élevé
-PaO2 à l’état de veille plus basse
-PaCO2 à l’état de veille plus haute
-PAP plus élevée
10- 20 % des patients présentent une BPCO + un SAS (= Overlap
syndrome ) ( décrit par Flenley DC en 1985 )
SAS / BPCO
Prévalence :
FR :
2-5% de la population
-sexe masculin
-tabagisme
-surcharge pondérale
-déformation cranio-faciale
-obstruction nasale
-maladie endocrinienne
-prédisposition familiale
-ethnie
-alcool, benzodiazépines
Evolution :
-
facteur de morbidité cardio-vasculaire
Cofacteur insuffisance respiratoire
Prévalence :
FR :
5% de la population
-sexe masculin
-tabagisme
-pollution atmosphérique
-exposition aux poussières organiques
et inorganiques
-déficit en α1 antitrypsine
-hyperréactivité bronchique
Evolution :
-HTAP, cœur pulmonaire chronique
- Insuffisance respiratoire chronique
SAS
Signes cliniques :
-
diurne : somnolence – troubles de la mémoire – difficultés de concentration
nocturne : ronflement – apnées – sommeil agité non réparateur
Diagnostic :
-
polygraphie du sommeil (polysomnographie)
étude de EEG, EOG, EMG, du flux ventilatoire ( pneumotachographie), des mouvements thoracoabdominaux par plethysmographie d’inductance, oxymétrie de pouls
-
examen ORL, EFR et GDS
Conséquences :
-
hypoxémie et hypercapnie
diminution de sécrétion de GH et augmentation de sécrétions ANP
désorganisation du sommeil
insuffisance respiratoire hypercapnique
cœur pulmonaire chronique
BPCO
Signes cliniques :
toux + crachats – dyspnée d’effort
Diagnostic :
- Explorations fonctionnelles respiratoires
-
radiographie pulmonaire
TDM thoracique.
Conséquences :
-
HTAP et cœur pulmonaire chronique
Pneumothorax
Insuffisance respiratoire chronique
Détresse respiratoire lors de surinfection pulmonaire, d’embolie pulmonaire
SAS et BPCO ont–ils un lien ?
Sanders MH , Am J Respir Crit Care Med 2003
Sleep and sleep-desordered breathing in adults with predominantly mild obstruction airway disease
5954 patients
1138 BPCO
254 SAS
884 non SAS
4816 non BPCO
897 SAS
3919non SAS
Les 5954 patients ont effectué une polysomnographie
Et une spirométrie et ont répondu à un questionnaire.
Sanders MH , Am J Respir Crit Care Med 2003
Sleep and sleep-desordered breathing in adults with predominantly mild obstruction airway disease
- Fréquence de SAS chez BPCO = 22,3% chez non BPCO =
28,8%
- Pas ou peu de différence dans la qualité et l’architecture du
sommeil entre les sujets sains et les sujets BPCO sans SAS
- Plus de désatuation et de perturbations du sommeil quand les 2
pathologies sont associées
- Marqueurs de désaturation : SpO2 diurne, VEMS/CV < 65%
Finalement la relation entre SAS et BPCO semble être un cumul
de « risque, de malchance » sans lien physiopathologique. Mais
l’association des 2 pathologies entraîne des conséquences
physiologiques plus graves.
BPCO :
-
Conclusion
hypoxémie nocturne secondaire à des bouleversements
respiratoires pendant son sommeil
- un sommeil quasi normal quand isolé
- associé à un SAS chez 10 à 20 %
- l’overlap syndrome entraîne plus d’HTAP, et une évolution
plus rapide vers Insuffisance respiratoire hypercapnique.
Conclusion
Conduite à tenir :
1) Rechercher un SAS :
chez BPCO avec trouble du sommeil
chez BPCO avec VEMS/CV < 65 %
2)
3)
Chez un SAS toujours faire une EFR et GDS à la
recherche d’une BPCO.
Adapter le traitement :
si BPCO avec PaO2 à l’état d’éveil < 55-60 mmHg =
oxygénothérapie nocturne
si BPCO et SAS = VNI + oxygénothérapie
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