PHARMACOLOGIE DES MEDICAMENTS DE LA DOULEUR

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PHARMACOLOGIE DES
MEDICAMENTS DE LA DOULEUR
Introduction
Alain Leon
Département Anesthésie Réanimation,
Reims
DU Douleurs 2004 - 2005
Antalgiques ou Analgésiques
« Médicaments capables de diminuer ou
d’abolir la perception des sensations
douloureuses sans entrainer la perte de
conscience » Lechat
Hétérogénéité de la classe
Mécanismes d’action différents, centraux ou
périphériques
Conditions d’utilisation différentes : grand
public à consommation à usage réservé
Effets indésirables
Principes Généraux
Donner le bénéfice du doute au malade et croire
ce qu’il dit, faire un test thérapeutique s’il le
faut
Le premier traitement est celui de la cause
Privilégier la voie orale
Ne pas prescrire d’antalgiques « à la demande »
mais une administration régulière
Réévaluer l’efficacité thérapeutique et adapter
les posologies
Règles élémentaires de
prescription
Utiliser le produit adapté au type de douleur et à son intensité
Respecter une hiérarchie dans la prescription des antalgiques en
choisissant en 1ère intention le moins toxique
Utiliser une voie d’administration appropriée à l’état du patient en
privilégiant la voie orale sauf si urgence
Administrer les antalgiques à intervalles réguliers
Connaître la pharmacologie des produits : intervalle entre chaque
prise, dose minimale efficace, dose plafond
Prévenir et corriger les effets secondaires
Eviter les associations médicamenteuses néfastes
Envisager toutes les méthodes thérapeutiques : médicaments,
rééducation, chirurgie
Ré-évaluer régulièrement l’efficacité du traitement et proposer
une adaptation individuelle
DENOMINATION
Antalgique, Analgésique ?
Antalgique : « qui peut atténuer la douleur » ;
geste thérapeutique susceptible de réduire
une sensation désagréable
Analgésique : « qui produit de l’analgésie, qui
rend insensible à la douleur » ; préexistence
de la douleur pas nécessairement impliquée
CLASSIFICATION
Centraux / Périphériques : morphine à la
périphérie, effets centraux des AINS
Morphiniques / Non morphiniques :
Efficacité non prise en compte
Hétérogénéité des non morphiniques
Forts / Faibles :
Hétérogénéité des groupes
Co-antalgiques
Notion d’Efficacité
Force d’un complexe médicament-récepteur
à provoquer la réponse d’un tissu
1. Caractéristiques du tissu (nombre de récepteurs…)
2. Caractéristiques du complexe
Définie par l’activité intrinsèque 
Agoniste :  = 1
Agoniste partiel : 0 <  < 1
Antagoniste :  = 0
« Réponse maximale provoquée par
l’administration d’un agent actif »
Notion de Puissance
Liée à la dose nécessaire pour obtenir un effet
(équianalgésie)
1. Caractéristiques pharmacocinétiques (lipophilie :
fentanyl, buprénorphine)
2. Affinité pour le site d’action (buprénorphine plus
affine pour les récepteurs µ que la morphine)
Définie par la Dose Efficace 50 (ED 50), dose
qui induit 50% de l’effet maximal du
médicament), utile pour étudier l’efficacité de
la rotation des morphiniques
NOTION
D'EFFICACITE ET DE PUISSANCE
EFFET ANTALGIQUE
MORPHINE
MORPHINE :
Efficacité supérieure
Puissance moindre
BUPRENORPHINE :
Efficacité moindre
Puissance supérieure
BUPRENORPHINE
DE50
DE50
DOSES
AGONISTE
TOTAL
AGONISTE PARTIEL PLUS
AGONISTE TOTAL
AGONISTE
PARTIEL
+
EFFET ANTALGIQUE
=2
10
=1
9
8
=1
7
REDUCTION
DES EFFETS
DE L'AGONISTE
TOTAL
6
5
4
3
=1
2
1
=1
=0.25
DOSES
Traitement des Douleurs
Nociceptives
DU Douleurs 2004 - 2005
Echelle thérapeutique de l’O.M.S pour le
traitement des douleurs par excès de nociception, 1986
Antalgiques
non opioïdes pour
douleurs faibles
 coantalgiques
Niveau 1
Opioïdes pour douleurs
faibles à modérées
 non opioïdes
 coantalgiques
Niveau 2
Opioïdes pour douleurs
modérées à fortes
 non opioïdes
 coantalgiques
Niveau 3
Thérapeutique et
échelle de l’O.M.S
Niveau 1 Paracétamol, acide
acétylsalicylique, AINS à
dose antalgique…
Niveau 2 Codéine, dihydrocodéine,
tramadol, nalbuphine…
Niveau 3 Morphine, autres opioïdes :
hydromorphone, fentanyl,
oxycodone, buprénorphine
Les antalgiques de niveau 1
1. Les antalgiques
antipyrétiques
2. Les antalgiques purs
3. Les AINS (qs)
DU Douleurs 2004 - 2005
Les antalgiques antipyrétiques
Le paracétamol (I)
Mode d’action
Central et inhibition synthèse prostaglandines
Délai d’action
< 2 heures
Demi-vie d’action
4 heures
Dose maximale
4 à 6 grammes par jour (AMM : 4g/j)
Dose minimale
efficace
500 mg / prise
Principaux effets
secondaires
Hépato-toxicité rare en-dessous de 6 g, toxicité
si insuffisance hépatique, alcoolique ou
utilisation prolongée
Forme injectable
(IM, IV)
Propacétamol (PRO-DAFALGAN ), prodrogue
et paracétamol (PERFALGAN )
Les antalgiques antipyrétiques
Le paracétamol en association (II)
Acide
acétylsalicylique
SALIPRAN 
Dextropropoxyphè DI-ANTALVIC , PROPOFAN 
ne
25 à 65 mg
Codéine
20 à 30mg
ALGISEDAL , DAFALGAN CODEINE ,
EFFERALGAN CODEINE, CODOLIPRANE
Acide
acétylsalicylique
Codéine
VEGADEINE 
Noramidopyrine
Codéine
SALGYDAL 
Les antalgiques antipyrétiques
Le paracétamol injectable PERFALGAN(III)
Par
voie
I.V,
les
concentrations plasmatiques
sont
supérieures
aux
concentrations obtenues par
voie orale
Le paracétamol injectable 1 g
est
bio-équivalent
au
propacétamol 2 g, pro-drogue
Accroissement
dosedépendant et sans effet
plafond de l’intensité et de la
durée de l’analgésie du
paracétamol I.V
Les antalgiques antipyrétiques
Métabolisme du paracétamol
et intoxication (IV)
Systèmes enzymatiques hépatiques microsomiaux
aboutissant à la formation de la N-acétylparabenzoquinone-imine
Neutralisation par conjugaison avec le glutathion
hépatocytaire donneur de radicaux thiols
Stocks de glutathion pour neutraliser 10 à 15 grammes
chez l’adulte, 100mg/kg chez l’enfant
Nécrose hépatique aiguë potentiellement mortelle
(déficit ou inducteurs, temps de Quick, plusieurs jours)
Intoxication : Mucomyst, 140mg/kg, puis 70mg/kg/4
heures, 72heures ou Fluimicil IV
Conditionnement < 8 grammes / boîte
Les antalgiques antipyrétiques
La noramidopyrine
Mode d’action
Pyrazolone, mode d’action proche du
paracétamol
Délai d’action
< 2 heures
Demi-vie d’action
6 heures, 3 à 4 prises
Dose maximale
750 mg à 3 grammes par jour
Dose minimale
efficace
750 mg / prise
Principaux effets
secondaires
Réactions immunoallergiques graves et
imprévisibles, agranulocytoses
Formes : Cp, suppo, AVAFORTAN  (camyfoline), OPTALIDON
IM et IV
 (cafeine), SALGYDAL ,
VISCERALGINE FORTE (tiémonium)
Les antalgiques purs
La floctafénine IDARAC 
-
dérivé de l’amino4quinoléine
réservé à l’adulte
non antipyrétique, non anti-inflammatoire
4 cp/j, déconseillé au long cours
Accidents d’hypersensibilité+++
Le néfopam ACUPAN 
-
-
action centrale mal connue, sérotoninergique inhibiteur de
la recapture des monoamines, supra-spinal et spinal
voie parentérale exclusive
3 à 4 ampoules / j
Effets anti-cholinergiques
Les Antalgiques de Niveau 2
1. Codéine
2. Tramadol
DU Douleurs 2004 - 2005
Dextropoxyphène
Analgésique opiacé dérivé de la méthadone, peu
toxicomanogène
Délai d’action, 90 minutes ; durée d’action 4 heures
Seul ou en associations : paracétamol, caféine, aspirine
(ANTALVIC , DI-ANTALVIC )
Effets indésirables : réactions cutanées allergiques,
myosis, hépatites cholestatiques, rectites, interactions
avec la carbamazépine
Surdosage : tableau d’intoxication morphinique
Posologie : 1 à 2 gélules 3 fois par jour
Codéine
Alcaloïde de l’opium, anti-tussif, anti-diarrhéique
Effet antalgique 5 à 6 fois plus faible que la morphine
Délai d’action, 30 minutes, durée d’action environ 5
heures
Métabolisme hépatique, élimination urinaire
Seul sous la forme d’un dérivé, la dihydrocodéine :
DICODIN  d’une durée d’action de 12 heures; ou en
association avec le paracétamol ou à l’aspirine
(COMPRALGYL )
Effets secondaires : constipation, nausées et
vomissements, allergies, bronchospame, dépendance,
toxicomanie et surdosage
Chlorhydrate de Tramadol
Mélange racémique d’un énantiomère, + à forte affinité
pour les récepteurs µ et inhibiteur de la recapture de la
sérotonine, - inhibiteur de la recapture de la sérotonine
et monoaminergique (opioïde like)
Effet antalgique 4 fois moins puissant que la morphine
Délai d’action, 30 minutes, durée d’action environ 6
heures
Comprimés à libération immédiate : CONTRAMAL ,
TOPALGIC  50 mg, ou libération prolongée (12
heures): CONTRAMAL , TOPALGIC , 100 à 200 mg
ZAMUDOL, 50 mg
Effets secondaires : constipation, nausées et vomissements
(20%)
Nécessité d’augmenter progressivement les doses chez le
sujet âgé.
Prévention
des Effets Indésirables
Antinauséeux (halopéridol,
chlorpromazine, métoclopramide,
setrons)
Laxatifs osmotiques ou stimulants
Les Antalgiques de Niveau 3
1.
2.
3.
4.
5.
6.
7.
DU Douleurs 2004 - 2005
Morphine
Buprénorphine
Hydromorphone
Péthidine
Fentanyl transdermique
Oxycodone
Méthadone
Conversion
Equianalgésique des Opiaces
Opiacés
Agonistes purs
Opioïdes
Traitement
antérieur
Morphine PO, IM
Hydromorphone
(SOPHIDONE LP) PO
Péthidine (DOLOSAL) IM
Agoniste
partiel
Buprénorphine
(TEMGESIC) IM, PO
Agonistes
Antagonistes
Nalbuphine (NUBAIN) IM
Pentazocine
(FORTAL) PO, IM
Opioïdes
faibles
Dextropropoxyphène
Codéine
Tramadol
Posologie correspondant
à 60 mg de sulfate de
morphine
(MOSCONTIN,
SKENAN LP)
60 mg, 20 mg
8 mg
150 mg
0,9 mg, 1,6 mg
20mg
360 mg, 120 mg
600 mg
400 mg
240 mg
Particularités chez le Sujet Agé
Aspects digestifs : respecter la galénique (Moscontin 
cp, qu’on ne peut écraser, Skénan  gel. qu’on peut
ouvrir)
Modifications pharmacocinétiques (augmentation du
volume de distribution des médicaments liposolubles et
risque d’accumulation, diminution pour les
médicaments hydrosolubles avec risque d’effet brutal,
fonction rénale Cl créatinine = [(140-Age) x Poids] /
créatinine (mmol/L), (X 1,25 homme)
Modifications pharmacodynamiques : sensibilité
récepteurs
Interactions médicamenteuses (poly-médication)
Le Traitement est-il un échec ?
1.
2.
3.
4.
5.
Le bon antalgique pour le bon niveau OMS ?
Bonne posologie ?
Intervalles adéquats entre les prises ?
Bons traitements adjuvants ?
Traitement d’une douleur neurologique ou
psychogène ?
6. Bonne observance ?
7. Bonne prise en charge relationnelle ?
Quand passer des antalgiques du niveau 1
à ceux du niveau 2 de l’OMS ?
Lorsque la douleur le justifie par son
intensité ou qu’elle résiste aux posologie
usuelles
Sous réserve d’un bon usage des
médicaments
Substitution des antalgiques des niveaux 1 et 2
par la morphine dans le traitement des douleurs
d’origine cancéreuses
La morphine est indiquée lorsque les
antalgiques de niveau 1 et 2 ne suffisent plus
La substitution se fait en suivant la table de
conversion équianalgésique
Codéine, mg X 0,15 = Morphine, mg ( X 25%)
Titration :
Sulfate de morphine (SEVREDOL ) ou chlorhydrate de morphine, 10,
puis 20 mg/4heures ; puis la dose répartieen 2 prises journalières
(MOSCONTIN )
Si agoniste-antagoniste : wash out de
quelques heures
Définition de la Bonne Posologie
Dose optimale est définie par la dose la
plus faible, à priori la mieux tolérée,
susceptible de donner l’effet antalgique
recherché
La meilleure posologie est personnalisée,
en privilégiant l’administration du soir
La posologie idéale serait définie par le
rapport risque/bénéfice le mieux adapté
au malade X à l’instant T
Traitement des Douleurs Neurogènes
Antidépresseurs
tricycliques
Neuroleptiques
Anticonvulsivants
Antiparkinsoniens
Antimigraineux
Traitements Adjuvants
Corticoïdes
Diphosphonates
Antispasmodiques
Myorelaxants
Co-analgésiques…
Conclusions
Nombreux principes actifs, nombreux
médicaments
Mais
Besoins de mieux comprendre les mécanismes
d’action pour mieux prescrire
et
Besoins de molécules nouvelles
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