La déportation

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La déportation
Définition avant l’horreur Nazie
• La déportation est l'action de chasser quelqu'un, plus souvent un
groupe de personnes, de son territoire ou de son pays en le
maintenant en captivité ou non.
• Dans certains cas précis, tels le génocide des Arméniens, la
déportation a pour objectif la destruction physique du peuple qui en
est victime.
Exemples historiques de déportation
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Déportation des Israélites du Royaume d'Israël par les Assyriens ;
Déportation des Juifs du Royaume de Juda par les Babyloniens (Exil à
Babylone) ;
Déportation des Juifs de Judée par les Romains ;
Déportation des Juifs d'Espagne en 1492 (décret d'Alhambra);
Au XVIIe et XIXe siècles, déportation de Noirs africains vers des colonies
européennes (Traite des noirs) ;
Déportations des "indiens" américains vers l'Ouest puis dans des réserves
indiennes ou au Canada ;
Déportation des Garifunas (afros-amérindiens) de l'île St-Vincent vers
l'Amérique centrale.
Déportation des Acadiens par les Britanniques entre 1755 et 1763;
Déportation des communards, dirigeants de l'insurrection de Paris après la
guerre franco-allemande de 1870, en Nouvelle-Calédonie et en Guyane;
La déportation des Hereros par les Allemands, en 1904, dans le cadre du
premier génocide du XXe siècle ;
Déportation puis extermination de 1.2 million d'Arméniens par l'empire
ottoman, en 1915-1916 (voir génocide arménien) ;
Déportation pendant l’horreur Nazie
• Déportation en Europe au XXe siècle des Juifs, des
Tziganes, des résistants, des opposants politiques
et des homosexuels par les nazis, notamment en
Europe centrale et en Europe orientale. Pour
l'extermination des Juifs dans les camps
d'extermination, on parle de « Shoah ».
• Déportation par les nazis de plus de 8 millions de
travailleurs civils européens, de 1942 à 1945, pour le
travail forcé dans l'industrie de guerre allemande,
accomplie notamment sous l'autorité du gauleiter
Fritz Sauckel, le "négrier de l'Europe".
• Déportation des militaires jugés « irrécupérables »
Les chiffres horribles des victimes des nazis
par origine de la déportation (1)
• Racisme et Antisémitisme :
– 5,5 millions de Juifs considérés par Hitler
comme responsables de la guerre
– 220.000 Tsiganes (race inférieure) soit 1/5
– 6 millions de Polonais (sous hommes) soit
1/5 de la population…
Les chiffres horribles des victimes des nazis par
origine de la déportation (2)
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Homosexuels (estimation basse à 10000)
Témoins de Jéhovah
Politiques allemands (+ de 1million)
Résistants français (60 000 dont 30 000
disparus et aussi 30 000 fusillés)
• Militaires français « irrécupérables »
Des camps de prisonniers à l’univers
concentrationnaire (1)
• Ils avaient été mobilisés en 1939 (certains étaient même sous les
drapeaux depuis 1936) et avaient participé à la très dure et très
meurtrière bataille de France de 1940 (environ 100 000 tués en
seulement 2 mois) jusqu'à ce que nos troupes submergées par un
ennemi infiniment plus puissant en matériel mécanique et aérien,
soient contraintes à cesser le combat en juin 1940.
• Deux millions de ces combattants furent faits prisonniers, dont la
plupart d'ailleurs, après l'armistice, en violation des conventions
internationales (et même des conditions d'armistice édictées par les
nazis), exténués, démoralisés, accablés par la défaite. Les jours et
les semaines qui suivirent la capture furent terribles : - longues
marches épuisantes (40 à 50 kms par jour) sans ravitaillement
pendant plusieurs jours, couchant la nuit, parfois complètement
trempés par suite d'orages, dans des pâtures à vaches boueuses,
tout cela accompagné de mauvais traitements, coups de crosses et
coups de baïonnettes ; il y eut même des exécutions au cours de
tentatives d'évasion ou dans les cas d'impossibilité physique de
suivre la colonne.
Des camps de prisonniers à l’univers
concentrationnaire (2)
• Ces longues marches furent suivies du transport vers l'Allemagne
(bien souvent à la frontière belge ou alsacienne) en chemin de fer
où les prisonniers étaient entassés (60 à 80 par wagon) dans des
wagons à bestiaux, dans des conditions épouvantables,
inhumaines, avec une nourriture toujours insuffisante.
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• Ces transferts, bien que très durs, furent cependant au-dessous de
ce que connurent plus tard les déportés civils partis de France et les
militaires français et belges déportés à Rawa-Ruska.
• Après un bref séjour au camp de rassemblement et de triage
(stalag) où l'humiliation fut la règle (immatriculation avec photo
d'identité faisant apparaître sur une ardoise le numéro matricule, le
crâne rasé, tels des bagnards), les prisonniers furent envoyés dans
des camps de travail, gardés militairement, dénommés
"kommandos" : kommandos d'usines, de forêts, de construction en
béton, de routes, de mines de charbon et de sel, de fermes d'état,
de carrières, de voie ferrée, etc.
Des camps de prisonniers à l’univers
concentrationnaire (3)
• En mars 1942, un avis était apposé dans les stalags, d'après
lequel, et suivant un ordre de l'O.K.W. de Berlin, en date du 21
mars 1942, des mesures étaient prises contre les prisonniers
français et belges évadés récidivistes et coupables de
sabotages ou de refus de travail réitérés.
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ORDRE DE CAMP
Suivant un ordre de l’O.K.W. de Berlin en date du 21-3-1942, les
mesures suivantes seront prises contre les P.G. évadés et repris à
nouveau. Ils seront transférés dans un M-Stammlager du
gouvernement général, à savoir à Rawa-Ruska, Stalag 325, au nordouest de Lemberg. «
I°) - Tous les P.G. repris depuis le 1er Avril 1942
2°) - Les P.G français, particulièrement soupçonnés de préparer une
évasion, seront également dirigés vers Rawa-Ruska.
3°) - Aucun égard quant à la profession ne sera pris pour le travail
effectué à l'Est." Toute tâche devra être exécutée. " " Signé :
BORCKLieutenant Colonel "
Les conditions de transport (1)
• Après le premier convoi de deux mille hommes, arrivé le 13 avril
1942, d'autres suivirent rapidement, le "voyage" s'effectuant dans
les mêmes conditions : 6 ou 7 jours et nuits (ou plus) dans des
wagons à bestiaux verrouillés, sans paille, sans couverture, avec 80
personnes (quelquefois plus) par wagon. (Au cours d'un transfert,
quelques hommes avaient tenté de s'évader, les occupants du
wagon furent répartis dans les autres wagons, après avoir été
frappés et brutalisés, il y eut alors plus de 100 hommes dans
certains wagons).
• En cours de transfert, il n'était distribué qu'une ou deux soupes
innommables, d'un volume d'environ un quart à un demi-litre,
servies dans des récipients de fortune (vieilles boîtes de conserve
rouillées) fournies par les convoyeurs à qui il fallait les rendre et que
les hommes se repassaient entre eux car ils étaient en nombre
insuffisant.
• Les hommes, ne pouvant descendre, étaient réduits à se soulager
sur place.
Conditions de transport (2)
• Il est inutile de préciser que ces hommes arrivaient à Rawa-Ruska
dans le plus complet dénuement, sales, hagards, dépenaillés,
affamés, abrutis... Beaucoup, en raison du froid, avaient contracté
bronchites, pleurésies, etc...
• Le débarquement se faisait au milieu des hurlements des
convoyeurs, baïonnette au canon, et de leurs chiens-loups.
Rawa Ruska
Camp de « la mort lente »
Contexte géographique
• Rawa-Ruska se trouvait dans une zone entièrement contrôlée par la
R.S.H.A. (Reichssicherheitshauptamt - Office Central de la Sécurité
du Reich).
• Un rapport russe montre bien le contexte dans lequel se trouvaient
les prisonniers de Rawa-Ruska et de ses kommandos de travail
dans ce "judenkreis", cette immense zone d'extermination de Juifs,
rattaché au Général - Gouvernement où les camps étaient, pour la
quasi totalité, des camps d'extermination (vernichtungslager) Treblinka, Lublin, Majdanek, Chelmno, Auschwitz-Birkenau, Sobidor,
Biala-Podliaska, Belzec à 19 kilomètres de Rawa Ruska etc... Les
autres étant des camps de transit vers ces camps de la mort.
Atrocités hitlériennes perpétrées dans le district et la ville de Rawa-Ruska
(1)
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Au cours de l'enquête, il a été découvert des grandes "tombes
collectives", aux abords de Rawa-Ruska, dans lesquelles il a été
dénombré environ 37 000 cadavres d'hommes, de femmes ou
d'enfants, torturés, fusillés, etc...
Le rapport décrit l'extermination de militaires soviétiques, les atrocités
commises dans le ghetto juif, avant l'envoi à "l'usine de mort" de
Belzec (20 km environ de Rawa-Ruska), (2 000 en mars, 2 000 en juillet
1942, etc...). Il y est noté qu'en décembre 1942 et en janvier 1943, 800
hommes de la police hitlérienne ont participé à l'opération
d'extermination de plus de 14 000 personnes et 2 000 autres envoyées
à Belzec... les rues étaient jonchées de cadavres, le sang coulait à
flots, etc...
Quant au camp de prisonniers, il y est mentionné que ses
installations, son régime, ses conditions étaient calculés pour
exterminer systématiquement les prisonniers.
Un témoin a relaté qu'ayant travaillé au camp des prisonniers de
guerre soviétiques du mois de décembre 1941 au mois d'avril 1942, il y
avait eu, durant cette période, 15 000 exterminations par la faim, le
froid, les fusillades,... des prisonniers mangeaient de la chair
humaine...
Atrocités hitlériennes perpétrées dans le district et la ville de Rawa-Ruska
(2)
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La commission a établi qu'on y entretenait les maladies épidémiques dont 50
hommes au moins mouraient chaque jour, qu'on y établissait un régime de
conditions inhumaines, par les massacres, la faim et le froid. Sur les 18 000
prisonniers de guerre qui se trouvaient au camp, seuls 180 hommes, atteints
du typhus, furent dirigés sur le camp de Lwow, quant aux autres, ils furent
exterminés au camp de Rawa-Ruska.
Ce rapport arrive à sa conclusion par :
"Après l'extermination de tous ceux qui se trouvaient au camp de prisonniers
de guerre, dans ces mêmes bâtiments, écuries, au mois d'avril 1942, on plaça
des prisonniers de guerre français qu'on amena au nombre de 20 000 hommes
environ. Les prisonniers de guerre français se trouvaient également dans de
mauvaises conditions et mouraient souvent de faim et de froid. En fait foi le
cimetière de Wolkowice où de nombreux prisonniers de guerre ont été
inhumés.
"Les envahisseurs fascistes allemands obligeaient les prisonniers de guerre
français à un travail au-dessus de leurs forces, les faisaient mourir de faim, les
tenaient dans des bâtiments, écuries, non chauffés et les punissaient pour la
moindre infraction au règlement du camp.
Avant de citer le nom des coupables ayant sévi à Rawa-Ruska, le rapport
signale que la commission a établi l'extermination de 41 500 personnes dans le
district de Rawa-Ruska durant l'occupation.
Description du camp (1)
• Le camp était constitué par des blocs, des écuries et des baraques
sommaires.
• Il s'agissait d'une ancienne caserne de cavalerie russe en cours de
construction.
• Les blocs, au nombre de quatre, étaient en maçonnerie. Deux
d'entre eux étaient inachevés et étaient dépourvus de fermeture
(portes, fenêtres). L'un des deux autres blocs abritait les services
généraux du camp (Kartei) et l'"infirmerie" (Revier), qui reçut ce nom
quelque temps après l'arrivée des premiers convois. Le dernier bloc,
en construction, était à peine sorti de terre.
• La plus grande partie des détenus étaient logés, ou plutôt entassés
dans les écuries (au nombre de 4), constructions en bois sur petit
soubassement en briques et dans les baraquements.
Description du camp (2)
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Aucun des bâtiments n'était pourvu d'eau, de lumière, de chauffage, de
latrines. Il n'y avait ni paillasse, ni paille, ni couverture. Les hommes
couchaient à même le sol ou sur des bat-flanc à trois ou quatre étages entre
lesquels il pouvaient à peine se tenir assis. Les latrines étaient constituées par
de grandes fosses à ciel ouvert. Il n'y avait qu'un seul robinet d'eau pour tout le
camp (eau non potable). Les jours de pluie, ou à la fonte des neiges, la cour
n'était qu'un vaste bourbier. Le sols, les murs, les planches des quelques batflanc étaient couverts de vermine.
Aucune mesure d'hygiène ne fut prise !
Il convient de préciser qu'à l'arrivée du premier convoi de Français, le 13 avril
1942, ceux-ci découvrirent des traces sanglantes, des éclats de cervelle et des
cheveux collés au sol et aux mur, montrant la cruauté déployée par les
Allemands envers les soldats soviétiques. Ils durent nettoyer ces lieux avec
des moyens de fortune tels des branchages. Les derniers cadavres de ces
malheureux avaient été transportés hors du camp par des Juifs sous la
surveillance de S.S. Ils furent vraisemblablement acheminés vers la forêt de
Wolkowice, à environ 2 km de la ville de Rawa-Ruska, où furent découvertes
deux fosses communes de 8 000 et 7 000 prisonniers de guerre soviétiques,
comme le signale, dans un rapport des 24/30 septembre 1944, la "commission
principale d'enquête sur les crimes hitlériens en Pologne" du ministère public
de l'URSS (lire ce rapport).
Conditions matérielles
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Presque tous les hommes avaient les pieds nus dans des sabots ou
des claquettes en bois, et étaient vêtus de haillons. Ils n'avaient aucun
récipient pour manger et boire, aucun ustensile pour se servir, aucune
cuillère, aucun couteau, aucun rasoir, aucun nécessaire de toilette.
Tous ces objets avaient été confisqués lors des fouilles effectuées au
moment de l'arrestation, au passage dans les "straf-kompanies", et
avant le transfert à Rawa-Ruska.
On avait affublé les déportés de vieux uniformes de l'Armée française,
et nombre d'entre eux portaient aussi des uniformes étrangers
dépareillés.
Très nombreux étaient ceux qui n'avaient même plus de chemise, ni de
sous-vêtement. Sur les uniformes français il avait été peint dans le
dos : le "KG" traditionnel ou parfois un triangle rouge ou un disque de
même couleur, appelé dérisoirement "la cible". On interpellait ainsi
ceux qui en étaient affublés : "Eh, la cible !"
Discipline et Travail
• Des brimades quotidiennes étaient imposées aux détenus qui,
toujours pieds nus dans les sabots, devaient courir, sauter, se
coucher, ramper, en portant souvent des charges (poutres, pierres,
etc.) et ce, par n'importe quel temps.
• Des rassemblements étaient ordonnés à n'importe quelle heure, le
jour et la nuit, et duraient de nombreuses heures. Il y avait aussi
d'interminables fouilles.
• Les détenus étaient envoyés au travail, soit en corvées extérieures,
ou en kommandos (exploitations de carrière, tourbière, travaux
forestiers...) où ils se trouvaient mêlés aux kommandos de Juifs,
sous l'impitoyable surveillance des soldats chargés de les garder. Le
travail se faisait sous la contrainte, accompagné de coups de bâton,
de coups de crosse, sous la menace de la baïonnette.
Alimentation (1)
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Il y eut jusqu'à 12 à 15 000 détenus en même temps dans le camp, et il
n'y eut toujours qu'un seul robinet d'eau. Encore faut-il souligner que
celle-ci était polluée en raison de la présence de charniers dans le
voisinage immédiat du camp. L'eau provenait par pompage, et sans
filtrage, d'une rivière chariant souvent de nombreux immondices.
Il fallait faire la queue durant plusieurs heures pour obtenir une maigre
ration d'eau.
Les déportés au camp de RAWA-RUSKA, sans aucun doute, ont été
placés dans les plus mauvaises conditions de régime alimentaire.
La quantité d'aliments distribués était nettement insuffisante, et d'une
qualité déplorable.
Une soupe par jour constituée par du liquide dans lequel on
remarquait un peu de millet ! des fanes de choux quelquefois, pour
changer ! des cosses de pois !...
De temps en temps, il y avait une distribution de margarine, ou graisse
Alimentation (2)
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Une "tisane" était servie matin et soir. Elle était à base de décoction de feuilles
ou de bourgeons de sapin. La quantité réservée à chaque homme était
d'environ un quart à un demi-litre !
Il y fut quelquefois distribué des pommes de terre souvent gelées et en partie
pourries provenant d'un silo voisin.
Pour manger et boire, les détenus n'eurent que des objets découverts dans le
camp : boîtes de conserve rouillées, vieux casques, tuiles, etc. Bien souvent, il
n'y eut qu'un récipient pour plusieurs hommes. Des cuillères avaient pu être
taillées dans des morceaux de bois à l'aide de pièces métalliques aiguisées sur
des pierres !
Ces réchauds, sur lesquels les prisonniers s'efforçaient de cuire les denrées de
récupération les plus diverses, étaient fabriqués par des bricoleurs dans des
boîtes de conserve 4/4. À la base de la boîte, des ouvertures donnaient sur le
foyer. Des trous, par lesquels sortaient de petites flammes bleues, faisaient le
tour de sa partie supérieure. Le combustible était des "bûchettes" de la
grosseur d'une allumette, qui, en se consument, se transformaient en gaz.
C'étaient en somme des réchauds à gaz de gazogène...
Etat de santé-mortalité
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En raison de leur affaiblissement, les détenus devenus moins résistants étaient
des proies toutes désignées pour les diverses maladies endémiques de la
région (zone climatique très rigoureuse, proximité de marécages, parasites
thyphiques, etc...).
Par suite du manque d'eau, le camp avait été surnommé "LE CAMP DE LA
GOUTTE D'EAU", lorsque la radio de Londres (BBC) avait dénoncé son
existence.
Avitaminose, cachexie, décalcification, dysenterie bacillaire, gastro-entérite,
typhus, maladies pulmonaires, rhumatismes, névralgies, et bien d'autres
maladies non décelées et susceptibles de détruire des êtres sous-alimentés
furent le lot de ces hommes.
Les détenus perdirent tous de 15 à 20 kilogrammes au cours des premiers
mois de leur détention.
Un bilan de mortalité est difficile, sinon impossible à faire.
Les militaires déportés à Rawa-Ruska étaient du "Service Armé", ayant fait la
guerre, ayant déjà subi des séjours en camps, straf-kompanies, en prisons ;
c'étaient des hommes jeunes, solides, ayant, malgré certains sévices déjà
endurés, un entraînement à la vie captive et à la lutte contre l'adversité.
Combien y aurait-il eu de morts s'il s'était agi d'hommes, ou de femmes,
enlevés brutalement à leur intérieur, à leur vie familiale, à leur milieu, à
n'importe quel âge ?
Etat de santé-mortalité (2)
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Tous ceux qui se penchent de façon objective sur les conditions de
survie dans lesquelles furent placés les internés Français et Belges à
Rawa Ruska sont étonnés des limites de la résistance physique dont
firent preuve ces personnels, ne trouvant d'explication à cette survie
que dans le tonus moral qui animait ces internés, leur endurcissement
progressif physique et psychique à la famine et à la claustration, dans
les mesures prophylactiques enfin dont ils avaient bénéficié durant
leur service militaire.
Les Allemands déclarèrent eux-mêmes à l'homme de confiance en mai
1942 :
" ... vous, Français, êtes d'une résistance physique extraordinaire.
Nous avions interné dans ce même camp et dans des conditions
identiques quatre mille Russes en décembre dernier (1941) ; trois mois
après, ils n'étaient plus que quatre cents... (chiffres confirmés par les
rapports déposés au procès de Nuremberg)... (T/7 pages 394-6 "
et de poursuivre ouvertement que :
" cette expérience était des plus intéressantes "... !
Les soins (1)
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Lors de l'arrivée du premier convoi à Rawa-Ruska, le 13 avril 1942,
quelle ne fut pas la surprise des arrivants de constater que déjà 10
médecins français juifs les avaient précédés de 4 jours au camp de
Rawa-Ruska, envoyés par les Allemands pour en assurer
théoriquement le service de santé. Il s'agissait d'officiers français qui
avaient été déportés dans ce camp d'Ukraine parce qu'ils étaient juifs,
et devaient subir les mêmes traitements que l'ensemble des autres
internés, bien qu'ils n'aient pas été passible d'une mesure
disciplinaire. Ils n'avaient par ailleurs été dotés d'aucun médicament
pour soigner les nombreux malades et blessés du camp et devaient se
contenter de donner des conseils, certes précieux, mais dans la
plupart des cas, peu efficaces.
Les soins (2)
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1° Comment était arrachée une dent sans anesthésie et sans
instrument adéquat :
Il était procédé d'abord à un rinçage de bouche avec l'urine du patient,
puis, avec une fourchette préalablement déformée, on lui ouvrait la
gencive ; enfin, avec un instrument de fortune, la dent était arrachée,
même si au cours de l'opération elle se cassait en 2 ou 3 morceaux.
2° Otites, maux d'oreilles ou maux de tête :
Il était appliqué, régulièrement et le plus souvent possible, de la neige,
derrière et sur les oreilles afin de provoquer une réaction par le froid...
(difficile à croire, mais parfois efficace).
3° - Blessures :
Il était versé sur les blessures l'urine du patient pour cautérisation
(Urinothérapie...).
4° - Douleurs lombaires, vertébrales, sciatiques :
Mouvements respiratoires, étirement et manipulations diverses, etc...,
etc...
Chronologie du Stalag 325 (1)
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22 juin 1941 : offensive allemande contre l'URSS
courant juillet : création du fronstalag 325 pour les prisonniers
soviétiques
La Galicie devient une zone de conflit, en état de siège permanent
20 octobre 1941 : journal " Krakauer Zeitung " article du Dr Sperl sur
les pouvoirs du Dr Franck, Gouverneur général de la Pologne
20 janvier 1942 : la conférence de Wannsee définit les modalités
d'application de la " solution finale de la question juive "
courant 1942 : le district de Galicie est rattaché au Général
Gouvernement de Pologne dirigé par le Dr Franck, représentant direct
du Führer
21 mars 1942 : un ordre de l'OKW de Berlin prévoit le transfert à RawaRuska de tous les prisonniers de guerre français et belges évadés et
repris depuis le 1er avril 1942, refusant de travailler ou
particulièrement soupçonnés de préparer une évasion
Chronologie du Stalag 325 (2)
• 13 avril 1942 : arrivée du 1er convoi à Rawa Ruska en
provenance de Duren VIH Limburg XII A
• La ville de Rawa Ruska compte 9 000 habitants en avril 1942
• Commencement avril 1942 : les médecins officiers français
israélites déportés à Rawa Ruska étaient en place : ZARA,
BADER, BENICHOU, BENZAKEN, BERL, CAHEN-PASCHOUD,
MOSCOVICI, TEPFER, VASSILLE, Pharmacien : NATHAN.
• 5 mai 1942 : arrivée du 2ème convoi Duren VIH Limbourg XII A
suivi de deux autres convois
• début juin 1942 : environ 10 000 hommes sont entassés
• Arrivée des convois : 15/17, 21 juillet 1942
• 14 juillet 1942, défilé militaire avec les prisonniers qui rendent
les honneurs au drapeau français, provoquant la fureur de
Tomix
• 17 juillet 1942, départ des sous-officiers réfractaires pour
Koberzyn block III
Chronologie du Stalag 325 (3)
• Fin août 1942 :
• - création du théâtre et des lieux de culte à Rawa Ruska à la
suite de la visite d'une délégation de la Croix Rouge
internationale
• - extermination des Juifs dans le ghetto de Tarnapol
• - répression au camp de ZLOCZOW
• Arrivée des convois les 9 et 27 octobre 1942
• 28 au 31 octobre 1942 : premiers départs directs vers
l'Allemagne II A, II B, II C, II D, III A, III B (dans les kommandos
ou BAU BAT disciplinaire).
• Arrivée des convois les 6 et 15 novembre 1942
• Pendant tout le mois, départs directs vers l'Allemagne aux
mêmes motifs qu'en octobre
Chronologie du Stalag 325 (4)
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Arrivée des convois les 2, 5/6, 8/9 et 14/15 décembre 1942
Le 1er décembre 1942 : convoi XII A
3 décembre 1942 : Stryj
15 décembre 1942 : Lemberg
12, 13, 28 décembre 1942 : II C, II E, III A, III B
Fin 1942 : rumeur de transfert du stalag 325 à Lemberg (Lwow
en polonais)
Arrivée des convois les 2, 5 ou 6, 8 ou 9, 14 ou 15 janvier 1943
19 janvier 1943 : dissolution du camp 325 de Rawa Ruska ; les
effectifs restants sont dirigés sur Lemberg (citadelle)
28 janvier 1943 : fermeture du camp par le dernier détachement
transféré à Lemberg (Lwow)
29 janvier 1943 : arrivée à Lemberg
JANVIER 1943 : la ville de Rawa Ruska ne compte plus que
3000 habitants
Bilan : 24 000 hommes environ ont été convoyés sur Rawa
Ruska
Chronologie du Stalag 325 (5)
• 29 septembre 1943 : transfert du stalag 325 de Lemberg à Stryj
• 30 septembre 1943 : arrivée à Stryj
• 13 janvier 1944 : dissolution du stalag 325 à Stryj et retour en
Allemagne
Principales sources d’information
• http://rawa-ruska.net/
• http://fr.wikipedia.org/wiki/Rawa_Ruska
Les principaux camps d’extermination
et leurs martyrs
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Auschwitz- Birkenau : + de 1,3
million de victimes
Treblinka : 864000 victimes
Belzec : + de 434000 victimes
Solibor : 250000 victimes
Chelmno : entre 150000 et
250000 victimes
Majdanek : 78000 victimes
Pourquoi suis-je venu vous voir ce matin
?
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Parce que vous êtes notre avenir et l'avenir de notre pays.
Parce qu'il faut que vous sachiez pourquoi et comment ces atrocités
se sont passées
Parce qu'il ne faut pas que cela se reproduise
Parce qu'il faut que la Mémoire de tous ces héros anonymes soit
respectée et célébrée
Pour que nos anciens déportés, quelques soient les causes de leur
déportation, trouvent en vous les raisons de dormir en paix en
sachant que vous serez les dignes continuateurs de leurs combats.
Pour que, vous les jeunes, qui sans doute vous posez des questions
sur votre avenir, trouviez la force en ce témoignage, de surmonter vos
interrogations et de GAGNER.
Quand vous êtes dans le doute, pensez à ceux qui doutaient pour leur
vie, à ceux qui après avoir été fait prisonniers, se sont dit : "Merde
alors, on ne va quand même pas rester là à attendre les bras croisés
que le ciel nous tombe sur la tête." Et ensuite, ils ont chanté le chant
des déportés et ils ont gagné.
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