de la linguistique à la salle de classe

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DE LA LINGUISTIQUE À LA CLASSE DE
FLE & DE FOS
Annemarie DINVAUT
Université Claude-Bernard Lyon 1 – IUFM
Linguistique, histoire, politiques
linguistiques, institutions
Didactique
des
langues
Apprenants,
enseignants
La grammaire antique la plus ancienne que l'on
connaisse (6ième et 5ième siècle av. J-C)
• Les grammairiens hindous,
• Panini analyse le sanskrit.
• il crée un véritable
métalangage
• Il décrit la langue.
• Influence de la grammaire de
Panini sur le développement
de la grammaire comparée
en Europe
• le précurseur du langage
informatique
La grammaire grecque classique, un
modèle de référence ancien et important
• Aujourd’hui, les
 vise à analyser le
langage comme une
linguistes observent et
organisation spécifique.
 Deux écoles, la
rhétorique et la
logique.
 Un débat entre les
analogistes et les
anomalistes.
analysent les techniciens
de la parole ; la logique :
mathématique, langage,
cognition.
• Ce débat des Grecs
perdure encore dans nos
sociétés, malgré l’apport
de Saussure.
Les grammairiens d’Alexandrie
• Denys de Thrace (170 à 90 avant JC) distingue les parties
du discours et nous utilisons toujours ses dénominations.
• Ces grammairiens rendent accessibles & lisibles les grands
textes littéraires anciens, dont Homère.
• Pour les Latins, le grammairien est aussi un didacticien.
La grammaire médiévale
• Grande importance de la pratique du latin, langue véhiculaire.
• Les grammairiens médiévaux travaillent sur la grammaire latine :
Alexandre de Villedieu vers 1200 écrit une grammaire versifiée,
à fins pédagogiques.
• Au 13ième siècle, grammaire spéculative (langue miroir, speculum
de la réalité) : le signe linguistique lié au monde et à l’esprit de
l’homme. Liens entre le signe linguistique, le monde et
l’homme. Intrusion des rapports de force et du politique dans
les théories sur le langage.
A la même époque, Ibn Rushd
• étudie et commente les textes grecs, en particulier Aristote.
• envisage Aristote
différemment de ses prédécesseurs,
développe la pensée de Platon, en particulier en ce qui
concerne l’égalité des sexes.
• Ibn Rushd - Averroès insiste sur 2 notions clés : « le concept » et
« l’assentiment » : « nous formons des idées et puis nous
arrivons à être convaincus de leur véracité … aussi bien que
nous parvenons à en convaincre d’autres » .
• dans le Discours décisif, étudie comment la linguistique permet
de résoudre des problèmes philosophiques.
Ibn Rush à propos de l’égalité des sexes
« Dans ces Etats, cependant, la capacité des femmes
n’est pas reconnue, car elles y sont prises seulement
pour la procréation. […]cela annule leurs [autres]
activités. […] il arrive souvent qu’elles ressemblent aux
plantes. Qu’elles soient un fardeau pour les hommes,
dans ces Etats, est une des raisons de la pauvreté de
ces [mêmes] Etats. »
p. 152, Dominique URVOY Averroès, les ambitions d’un
intellectuel musulman, 1998, Paris, Flammarion
Au 17ième siècle, distance vis-à-vis des
débats sur la proximité avec le divin.
• En 1688, Andreas Kempe (1622-1689) publie
une parodie de ces querelles, Les Langues du
Paradis.
• Dieu y parle suédois, Adam danois, et la
« voluptueuse Eve » est séduite par un
serpent….
Francophone !
Le Siècle des Lumières, la grammaire classique, sa
dimension idéologique
La « théorie de l'ordre naturel » : existe-t-il un ordre naturel,
universellement justifiable, des mots dans une phrase ?
- tâtonnements, recherche des universaux du langage
- mais, appliquée à la langue française, présupposés linguistiques
et philosophiques, sociaux, politiques.
Les grammairiens français posent comme principe
que l'ordre des mots dans la phrase est l’ordre sujet
+ verbe + complément, que cet ordre est le seul
logique, qu’il est celui de la raison naturelle et que
cet ordre est le propre du français et en fait la langue
de la raison.
“L’ordre naturel de la construction, qui devrait être
commun à toutes les langues comme nous la
voyons en la nôtre…”
(Grammaire de Port-Royal, Nouvelle Méthode, citée par Ulrich
RICKEN, Grammaire et philosophie au Siècle des Lumières,
Publications de l’Université de Lille III, p. 17)
De l’ordre naturel à l’humanité
idéale, des croyances érudites
• La découverte du sanskrit et la fascination pour
les indo-européens : le rêve
d’une paléontologie linguistique
• « Il y a certainement, au fond des recherches
sur les Aryas, dans ce peuple de l’âge d’or revu
par la pensée, le rêve presque conscient d’une
humanité idéale […] » Saussure à propos de Pictet, Le
Journal de Genève, 17 avril 1878
Saussure, cours de linguistique générale
notes prises par 2 disciples, Bally et Sechehaye, de 1906 à 1911.
Concepts principaux : système, valeur, arbitraire du signe.
Science descriptive, et non prescriptive
Primauté de l'oral sur l'écrit
L'écriture a un rôle second et représentatif
 La langue parlée et l’écriture constituent deux systèmes de
signes distincts
Saussure (2)
• La linguistique fait partie de la science générale des
systèmes (ou sémiologie)
• Langage = faculté naturelle
• Langue = produit collectif des communautés linguistiques
• Tâches de la linguistique : étudier toutes les manifestations
du langage humain et son histoire, le décrire, dégager lois
générales à partir de la diversité des langues.
Saussure (3)
Il différencie le point de vue synchronique sur la langue :
observer la langue à un moment donné)
et le point de vue diachronique : étudier l’évolution, les
changements de la langue (histoire du système linguistique,
NPC avec histoire linguistique ancienne)
La linguistique diffère des sciences « dures », il n'y a pas de
loi intangible qui se vérifierait dans tous les cas et toujours.
La langue est un objet inscrit dans la société, soumis à
l’histoire.
La langue est l’objet de la linguistique. Saussure sépare la langue
et le langage d’abord, la langue et la parole ensuite
 Langage = faculté (de parler, • langue = pur objet
de constituer des systèmes
social,
de signes)
• parole = ce qu’en fait
 langue = produit social. La
l’individu, comment il
langue n’est pas le fait d’un
seul individu, elle est
s’approprie cet objet
partagée par tout un groupe.
social.
L'arbitraire du signe linguistique
Le choix du signifiant est imposé à l’individu et à la
communauté linguistique. La langue n’est pas un contrat social,
c’est un héritage, qui préexiste aux locuteurs.
Le signe linguistique est arbitraire et immotivé (Saussure).
Peirce propose de distinguer 3 signes, les indices, les icônes et
les symboles. Pour Peirce, le signe linguistique = un symbole
Par le principe de l'arbitraire du signe
• Saussure se situe contre la conception du langage comme ayant
une origine naturelle.
• il périme les querelles idéologiques sur l’origine des langues
• il s’oppose à la conception de la langue comme liste de termes
• Il met en lumière l’articulation entre langue et pensée : la
langue donne forme à la substance du sens.
• Deux arbitraires, celui du signe et celui de l’organisation des
signes dans le système de la langue.
Le signe, la valeur, le système
Le signe linguistique n'unit pas une chose et un nom, mais
un concept et une image acoustique .

Saussure pour le concept introduit le terme de signifié et
pour l'image accoustique celui de signifiant.

Le signe linguistique, c’est le signifié + le signifiant + son
articulation.

Signe et valeur / langue = système

La valeur d’un signe résulte
du réseau de ressemblances
et de différences qui situe ce
signe par rapport à tous les
autres signes.


Le système linguistique n'est
pas la somme des signes
mais leur interaction.
La langue fonctionne sur 2
axes, l’axe syntagmatique et
l’axe paradigmatique.
Les grands courants de la linguistique
La linguistique historique, structuraliste (Saussure),
descriptive (U.S. avec Bloomfield, Sapir, Whorf),
la glossématique (Hjelmslev),
le fonctionnalisme et la phonologie (Martinet, Jakobson),
la linguistique générative (N. Chomsky),
la pragmatique (Austin, Searle),
l’énonciation,
l’ethnographie de la communication,
sociolinguistique, la linguistique appliquée, etc

la
Les grammaires génératives et Noam Chomsky
Noam Chomsky met au point la grammaire générative (et
transformationnelle) à partir de 1955. Comme Saussure, il ne s’intéresse
pas à l’origine supposée des langues, il crée un modèle universel

Le sujet parlant peut produire et comprendre un nombre indéfini de
nouvelles phrases.

Chomsky postule un mécanisme inné d’acquisition du langage, et
formule l’hypothèse des universaux linguistiques.

La théorie générative = théories phonétique, sémantique et syntaxique
universelles.

Les principes de la grammaire
générative
o
•Hypothèse de l’universalité de la langue.
•Hypothèse de l’innéisme.
•Théorie de la compétence , modèle de la faculté du langage.
Un nombre infini de créations à partir
d'un nombre fini de règles
La grammaire générative vise à rendre compte de la créativité
infinie du langage.
Elle distingue la performance, ou activité linguistique réelle du
sujet, de la compétence, ou savoir implicite de la langue.
Elle décrit et explique la compétence linguistique, c'est-à-dire cet
ensemble fini de règles qui permet d'engendrer un nombre infini
de phrases.
Compétence et performance
Mais cette construction
Les atouts en classe de langue intellectuelle
• La compétence = le potentiel, • Ne prend pas en compte les
le possible
variations et les contextes, et
about it à une homogénéité
• La performance = la mise en
fictive de la langue.
œuvre en un temps et lieu
précis
• Met au 2nd plan les conditions
d’acquisition.
• Pouvoir rassurer l’étudiant,
l’encourager à activer ses
compétences
• La démonstration de la
compétence passe par la
norme
Théories énonciatives et pragmatiques
.
Observation en situation. traduction en France en 1970 de “Quand dire
c'est faire”, Austin 1960d
Les actes de langage.
Les énoncés performatifs (to perform) qui sont des actes en euxmêmes, « je déclare la séance ouverte », « je te fais chevalier », « je
vous déclare mari et femme ». L ’énonciation est l’exécution d’une
action.
exemple : Je baptise ce bateau Queen Elisabeth
(en cassant la bouteille sur la coque).
les énoncés constatifs qui englobent des énoncés descriptifs mais aussi
tout ce qui peut recevoir la sanction vrai/faux.
exemples :Jean est parti.La terre est ronde.
Searle classe les actes de langage en fonction de leur but (pourquoi on
les réalise), il présente aussi une structuration de ces actes
De la grammaire à la linguistique, nouveaux objectifs,
nouveaux outils et contenus
•le grammairien décrit et analyse pour prescrire ou pour agir sur
autrui (la réthorique, le sophisme).
•le linguiste ne prescrit pas un usage de la langue, ne contrôle pas
une norme. Il décrit et analyse les usages, n’en rejette aucun,
prend en compte les variétés et registres différents.
•il est en lien avec d’autres sciences, à la fois en termes d’outils
(cela, le grammairien le faisait déjà) et en termes de contenus
éclairant les données de sa discipline (exemple la sociologie).
•Les prescriptions, ou plutôt les propositions, ne concernent pas
les usages de la langue, mais l’enseignement, …
Le parcours de la didactique
• À la langue objet
• De la langue sujet
d'étude
• De l’apprenant et du
• A l’apprenant au
locuteur soumis à la
coeur des
norme
apprentissages,
• Au locuteur acteur de
son parcours
linguistique, conscient
des variétés
linguistiques.
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