QUELLE IDENTIFICATION DE L’ACTION ? HYPOTHÈSES OPERATIONNELLES
(H1) Les participants devraient être nombreux à intégrer l’objectif de l’expérience dans leur jugement de l’acte problématique,
bien qu’on leur ait demandé de ne pas le faire (consigne de focalisation).
(H2) De plus, les jugements émis devraient être plus positifs, voire d(autant plus positifs (H3), quand les participants y intègrent
un jugement de l’objectif de l’expérience (haut niveau d’identification), plus négatifs, quand ils se contentent d’évaluer l’acte
problématique en lui-même (bas niveau d’identification).
CONCLUSION
En condition contrôle, les participants sont en effet nombreux, en dépit de consignes explicites, à identifier
spontanément la demande de l’expérimentateur, correspondant à un bas niveau d’identification (juger
l’acte problématique), à un niveau d’identification plus élevé (intégrant l’objectif de l’expérience).
Une telle identification génère par ailleurs des jugements positifs, comme nous l’avions supposé.
De tels résultats nous amènent à nous interroger sur la signification des jugements plus positifs obtenus en
condition de dissonance, notamment quand la demande d’évaluation porte sur un acte problématique
ambivalent (e.g., Kaplan, 1972) : changement d’attitude, ou glissement de représentation ?
QUELLE IDENTIFICATION DE L’ACTION ? HYPOTHÈSE GENERALE
Cependant, est-ce bien l’acte qui est jugé, et uniquement l’acte ? Une propension à inclure
l’objectif de l’expérience dans le jugement relatif à l’acte
Tandis que la demande de jugement porte sur l’acte lui-même, il est cependant possible, lorsque celui-ci
se réfère à un bas niveau d’identification (cf.Steele, 1975), que les participants fassent porter l’évaluation
sur un plan plus large, celui de l’expérience, en introduisant notamment l’objectif de l’expérience dans leur
jugement (haut niveau d’identification).Les participants n’identifient pas toujours leurs actes, en effet,
comme on souhaiterait les voir les identifier (Moliner, Joule et Flament, 1995), et se livrent d’ailleurs le
plus souvent à des identification de haut niveau (Wegner et Wallacher, 1984).
De l’intérêt d’une telle question : une possible explication du problème
Un tel « glissement de représentation » pourrait occasionner des jugements systématiquement plus
positifs (l’acte, faisant l’objet d’une évaluation plutôt négative, l’expérience, d’une évaluation plutôt
positive). Par conséquent, la condition contrôle ne se différencierait plus de la condition de dissonance, ce
qui pourrait expliquer le problème récurrent que l’on retrouve dans la littérature sur la dissonance.
UN PROBLÈME RECURRENT
Une telle différence de jugements n’est cependant pas toujours observée
Si la théorie de la dissonance est l’une des théories les plus étudiées en psychologie sociale, de
nombreux chercheurs évoquent cependant leur difficulté à reproduire l’effet paradigmatique de
dissonance, c'est-à-dire cette différence de jugements entre condition de dissonance et condition
contrôle (e.g., Cialdini, Trost, et Newsom, 1995 ; Greenwald et Ronis, 1978).
Séverine HALIMI-FALKOWICZ (Laboratoire de Psychologie Sociale EA849 - Université de Provence) - David VAIDIS (Laboratoire de Psychologie Sociale EA3984 –Université de Paris 10)
L’objectif de l’expérience comme source de variabilité
dans les expériences sur la dissonance cognitive ?
Deux premières études en condition contrôle Atelier Jeunes Chercheurs
Atelier de Conjoncture de la SFP
Université Paris V - 8 septembre 2006
LA THEORIE DE LA DISSONANCE COGNITIVE
Si je réalise un acte problématique, je le justifie par un jugement positif (condition de dissonance)
Dans le cadre de la théorie de la dissonance cognitive (Festinger, 1957), on amène les participants à
réaliser un acte problématique, puis on leur demande ce qu’ils pensent de celui-ci. Précisément parce
que l’acte est problématique, les participants, qui éprouvent le besoin de justifier l’acte a posteriori,
émettent un jugement positif vis-à-vis de cet acte.
Si je juge simplement cet acte, j’émets un jugement négatif (condition contrôle)
Les participants qui doivent simplement juger un tel acte, n’éprouvent pas le besoin de le justifier : ils
émettent simplement un jugement négatif.
Quasi-Expérimentation 1
Passation individuelle. 39 étudiantes d’Aix-en-Provence
Procédure
Contexte : les participants pensent qu’ils participent à
une expérience qui porte sur la concentration.
L’acte problématique à juger : tâche consistant à
recopier 1 page d’annuaire téléphonique pendant 15 min.
Demande orale : les participants doivent juger l’acte
problématique, indépendamment de l’objectif de
l’expérience (consigne de focalisation).
Niveau d’identification de la demande (VI invoquée)
Basse (juger l’acte problématique) = conforme à la
demande
Haute (juger l’expérience, objectif compris) = non
conforme à la demande
Jugements émis envers l’acte (VD)
« Que pensez-vous de la tâche ? ». Échelle allant de
1 (tout à fait ennuyeuse) à 22 (pas du tout ennuyeuse).
METHODOLOGIE
Résultats 1
Résultats 2
Fig. 2 : Évaluation de la tâche selon la prise en compte
de l’objectif
Fig. 1 : Évaluation de la tâche selon la prise en compte
de l’objectif
Atiitude (22 pts)
(H1) Près d’1/3 des Ps déclarent avoir pris en compte l’objectif de l’étude alors même que la consigne
demande ne pas en tenir compte
(H2) Les participants qui tiennent compte de l’objectif de l’expérience (haut niveau
d’identification) émettent des jugements plus positifs que ceux qui n’en tiennent pas compte.
(H3) Plus la prise en compte de l’objectif est important dans le jugement de la tâche, plus cette
dernière est évaluée favorablement.
t(1,31) = -3.70
R² = .30
n=23 n=10
Références Bibliographiques
Cialdini, R.B., Trost, M.R. & Newsom, J.T. (1995). Preference for consistency: The development of a valid measure and the discovery of surprising behavioral implications. Journal of Personality and Social Psychology, 69(2), 318-328.
Greenwald, A.G. & Ronis, D.L. (1978). Twenty years of cognitive dissonance: Case of study of the evolution of the theory. Psychological Review, 35(1), 53-57.
Kaplan, K.J. (1972). On the ambivalence-indifference problem in attitude theory and measurement: A suggested modification of the semantic differential technique. Psychological Bulletin, 77, 361–372.
Moliner, P., Joule, R.V. & Flament, C. (1995). Essai contre-attitudinal et structure des représentations sociales. Les Cahiers Internationaux de Psychologie Sociale, 27, 44-55.
Steele, C.M. (1975). Name-calling and compliance. Journal of Personality and Social Psychology, 31, 361-369.
Wegner, D.M. & Vallacher, R.R. (1984). The emergence of action. Journal of Personality and Social Psychology, 46, 269-279.
F(1,31) = 16.74
p< .0001 ; PRE = .35
(H1) Plus d’1/2 des participants déclarent avoir pris en compte
l’objectif de l’étude, alors même que la consigne demande ne
pas en tenir compte.
(H2) Les participants qui tiennent compte de l’objectif de
l’expérience (haut niveau d’identification) émettent des
jugements plus positifs que ceux qui n’en tiennent pas compte.
Identification de l’Action
Basse Haute
Objectif non pris en compte Objectif pris en compte
Atiitude (11 pts)
Identification de l’Action
Basse Haute
Objectif non pris en compte Objectif pris en compte
Fig. 3 : Évaluation de la tâche selon le degré de prise
en compte de l’objectif