L’objectif de l’expérience comme source de variabilité dans les expériences sur la dissonance cognitive ? Deux premières études en condition contrôle (Laboratoire de Psychologie Sociale EA849 - Université de Provence) - David LA THEORIE DE LA DISSONANCE COGNITIVE UN PROBLÈME RECURRENT Une telle différence de jugements n’est cependant pas toujours observée Si la théorie de la dissonance est l’une des théories les plus étudiées en psychologie sociale, de nombreux chercheurs évoquent cependant leur difficulté à reproduire l’effet paradigmatique de dissonance, c'est-à-dire cette différence de jugements entre condition de dissonance et condition contrôle (e.g., Cialdini, Trost, et Newsom, 1995 ; Greenwald et Ronis, 1978). QUELLE IDENTIFICATION DE L’ACTION ? HYPOTHÈSE GENERALE Cependant, est-ce bien l’acte qui est jugé, et uniquement l’acte ? Une propension à inclure l’objectif de l’expérience dans le jugement relatif à l’acte Tandis que la demande de jugement porte sur l’acte lui-même, il est cependant possible, lorsque celui-ci se réfère à un bas niveau d’identification (cf. Steele, 1975), que les participants fassent porter l’évaluation sur un plan plus large, celui de l’expérience, en introduisant notamment l’objectif de l’expérience dans leur jugement (haut niveau d’identification). Les participants n’identifient pas toujours leurs actes, en effet, comme on souhaiterait les voir les identifier (Moliner, Joule et Flament, 1995), et se livrent d’ailleurs le plus souvent à des identification de haut niveau (Wegner et Wallacher, 1984). De l’intérêt d’une telle question : une possible explication du problème Un tel « glissement de représentation » pourrait occasionner des jugements systématiquement plus positifs (l’acte, faisant l’objet d’une évaluation plutôt négative, l’expérience, d’une évaluation plutôt positive). Par conséquent, la condition contrôle ne se différencierait plus de la condition de dissonance, ce qui pourrait expliquer le problème récurrent que l’on retrouve dans la littérature sur la dissonance. (Laboratoire de Psychologie Sociale EA3984 – Université de Paris 10) Quasi-Expérimentation 1 Niveau d’identification de la demande (VI invoquée) Basse (juger l’acte problématique) = conforme à la demande Haute (juger l’expérience, objectif compris) = non conforme à la demande Jugements émis envers l’acte (VD) « Que pensez-vous de la tâche ? ». Échelle allant de 1 (tout à fait ennuyeuse) à 22 (pas du tout ennuyeuse). Niveau d’identification de la demande (VI invoquée) VI identique à la 1ère quasi-expérimentation Importance de l’objectif de l’expérience (VI invoquée) « Dans quelle mesure avez-vous tenu compte de l’objectif de l’expérience ? ». Échelle allant de 1 (pas du tout) à 12 (tout à fait). Jugements émis envers l’acte (VD) VD identique à la 1ère quasi-expérimentation, mais sur une échelle en 11 points. QUELLE IDENTIFICATION DE L’ACTION ? HYPOTHÈSES OPERATIONNELLES (H1) Les participants devraient être nombreux à intégrer l’objectif de l’expérience dans leur jugement de l’acte problématique, bien qu’on leur ait demandé de ne pas le faire (consigne de focalisation). (H2) De plus, les jugements émis devraient être plus positifs, voire d(autant plus positifs (H3), quand les participants y intègrent un jugement de l’objectif de l’expérience (haut niveau d’identification), plus négatifs, quand ils se contentent d’évaluer l’acte problématique en lui-même (bas niveau d’identification). Résultats 1 Fig. 1 : Évaluation de la tâche selon la prise en compte de l’objectif Résultats 2 Fig. 2 : Évaluation de la tâche selon la prise en compte de l’objectif 4,8 10 t(1,38) = -2.65 5 9,04 9 F(1,31) = 16.74 t(1,31) = -3.70 9 p < .0001 ; PRE = .35 R² = .30 R² = .18 8 8 4 7 6 5,29 5 4 3 n=17 Identification de l’Action Basse Haute Objectif non pris en compte Objectif pris en compte (H1) Plus d’1/2 des participants déclarent avoir pris en compte l’objectif de l’étude, alors même que la consigne demande ne pas en tenir compte. (H2) Les participants qui tiennent compte de l’objectif de l’expérience (haut niveau d’identification) émettent des jugements plus positifs que ceux qui n’en tiennent pas compte. 7 6 3 2,35 2 5 4 3 n=23 n=22 Basse Haute (Evaluation de la tâche) (Evaluation de l'objectif) Identification à l'Action 11 Fig. 3 : Évaluation de la tâche selon le degré de prise en compte de l’objectif 10 Attitude De tels résultats nous amènent à nous interroger sur la signification des jugements plus positifs obtenus en condition de dissonance, notamment quand la demande d’évaluation porte sur un acte problématique ambivalent (e.g., Kaplan, 1972) : changement d’attitude, ou glissement de représentation ? Passation en boxes. 33 étudiants de Paris X Procédure Procédure identique à la 1ère quasi-expérimentation 1 En condition contrôle, les participants sont en effet nombreux, en dépit de consignes explicites, à identifier spontanément la demande de l’expérimentateur, correspondant à un bas niveau d’identification (juger l’acte problématique), à un niveau d’identification plus élevé (intégrant l’objectif de l’expérience). Une telle identification génère par ailleurs des jugements positifs, comme nous l’avions supposé. Quasi-Expérimentation 2 Procédure Contexte : les participants pensent qu’ils participent à une expérience qui porte sur la concentration. L’acte problématique à juger : tâche consistant à recopier 1 page d’annuaire téléphonique pendant 15 min. Demande orale : les participants doivent juger l’acte problématique, indépendamment de l’objectif de l’expérience (consigne de focalisation). 2 CONCLUSION METHODOLOGIE Passation individuelle. 39 étudiantes d’Aix-en-Provence Atiitude (22 pts) Si je réalise un acte problématique, je le justifie par un jugement positif (condition de dissonance) Dans le cadre de la théorie de la dissonance cognitive (Festinger, 1957), on amène les participants à réaliser un acte problématique, puis on leur demande ce qu’ils pensent de celui-ci. Précisément parce que l’acte est problématique, les participants, qui éprouvent le besoin de justifier l’acte a posteriori, émettent un jugement positif vis-à-vis de cet acte. Si je juge simplement cet acte, j’émets un jugement négatif (condition contrôle) Les participants qui doivent simplement juger un tel acte, n’éprouvent pas le besoin de le justifier : ils émettent simplement un jugement négatif. VAIDIS Atelier de Conjoncture de la SFP Université Paris V - 8 septembre 2006 Atiitude (11 pts) Séverine HALIMI-FALKOWICZ Atelier Jeunes Chercheurs n=10 2 1 BasseIdentification deHaute l’Action Evaluation de la tâche Evaluation de l'objectif Basse Haute 1 Identification Objectif non pris en compteà l'ActionObjectif pris en compte 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 Prise en compte de l'objectif dans l'évaluation de la tâche 1 (pas du tout) à 12 (tout à fait) (H1) Près d’1/3 des Ps déclarent avoir pris en compte l’objectif de l’étude alors même que la consigne demande ne pas en tenir compte (H2) Les participants qui tiennent compte de l’objectif de l’expérience (haut niveau d’identification) émettent des jugements plus positifs que ceux qui n’en tiennent pas compte. (H3) Plus la prise en compte de l’objectif est important dans le jugement de la tâche, plus cette dernière est évaluée favorablement. Références Bibliographiques Cialdini, R.B., Trost, M.R. & Newsom, J.T. (1995). Preference for consistency: The development of a valid measure and the discovery of surprising behavioral implications. Journal of Personality and Social Psychology, 69(2), 318-328. Greenwald, A.G. & Ronis, D.L. (1978). Twenty years of cognitive dissonance: Case of study of the evolution of the theory. Psychological Review, 35(1), 53-57. Kaplan, K.J. (1972). On the ambivalence-indifference problem in attitude theory and measurement: A suggested modification of the semantic differential technique. Psychological Bulletin, 77, 361–372. Moliner, P., Joule, R.V. & Flament, C. (1995). Essai contre-attitudinal et structure des représentations sociales. Les Cahiers Internationaux de Psychologie Sociale, 27, 44-55. Steele, C.M. (1975). Name-calling and compliance. Journal of Personality and Social Psychology, 31, 361-369. Wegner, D.M. & Vallacher, R.R. (1984). The emergence of action. Journal of Personality and Social Psychology, 46, 269-279.