théorie de la dissonance cognitive

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THÉORIE DE LA
DISSONANCE COGNITIVE
FOINTIAT & GIRANDOLA & GOSLING, 2013
JOULE, 1994
TAVRIS & ARONSON, 2010
AUTRES TEXTES :
FESTINGER Léon, RIECKEN Henry W., SCHACHTER Stanley [1956], MOSCOVICI Serge
(préf.), MAYOUX Sophie (trad.), ROZENBERG Paul (trad.), L’échec d’une prophétie. Psychologie
sociale d’un groupe de fidèles qui prédisaient la fin du monde, Paris, PUF, « Psychologie sociale »,
1993.
POITOU Jean-Pierre, La dissonance cognitive, Paris, Armand Colin, « Collection U », 1974.
(...)
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Valérie FOINTIAT, Fabien GIRANDOLA, Patrick GOSLING (dir.)
La dissonance cognitive. Quand les actes changent les idées,
Paris, Armand Colin, « Collection U », 2013
(pp. 5-6) Près de soixante ans après l’ouvrage de Festinger [A Theory of Cognitive Dissonance, 1957], la
dissonance cognitive est toujours bien vivante. […] Sa définition est simple : lorsqu’un individu est
confronté à une inconsistance entre deux éléments, il ressentira un inconfort émotionnel et sera
motivé à retrouver un état de bien-être. Pour ce faire, il réduira sa dissonance, par exemple au
moyen du changement d’attitude. On distingue trois phases successives :
L’éveil de la dissonance. Il est généré par l’existence simultanée dans l’univers cognitif d’un
individu entre deux cognitions – ou éléments de connaissance – qui ne vont pas bien ensemble,
autrement dit qui entretiennent une relation d’inconsistance. Cette inconsistance originelle peut
concerner des attitudes, des actes, des informations, des décisions, des opinions. L’exemple le plus
fréquent concerne une inconsistance entre une attitude : « Je suis favorable à la protection de
l’environnement » et un comportement : « Je viens de m’acheter un superbe 4x4. »
L’inconfort émotionnel. Directement en lien avec l’éveil de la dissonance, on l’observe au moyen de
mesures physiologiques ou de mesures des émotions auto-rapportées. On sait depuis peu que cet
inconfort émotionnel est un élément clé de la dynamique tension/réduction de la tension, susceptible
d’entraîner une modification des attitudes initiales (ce que nous appellerons un changement
d’attitude).
La réduction de la dissonance. Elle est la résultante des deux premières phases : une fois la
dissonance et l’inconfort émotionnel éveillés, la tension motivationnelle doit trouver une voie de
réduction. Ce travail de réduction peut déboucher sur des résultats contre-intuitifs. Par exemple, les
théories du renforcement postulent que le comportement est d’autant plus renforcé qu’il est
récompensé. À l’inverse, la théorie de la dissonance permet de comprendre et de prédire que sous
certaines conditions, cet effet des récompenses sur le comportement est contrecarré : plus un
comportement est récompensé, moins l’individu aura tendance à la reproduire. Pendant près de
quarante ans, le changement d’attitude a été le mode de réduction massivement utilisé. Dans
l’exemple ci-dessus, la personne qui vient d’acheter un 4x4 deviendra moins favorable à la
protection de l’environnement pour ajuster a posteriori ses idées à son comportement d’achat.
Contrairement au sens commun qui table sur le déterminisme des idées sur nos comportements, la
théorie de la dissonance envisage la dynamique inverse : nos comportements déterminent aussi nos
idées !
Robert-Vincent JOULE, « La soumission librement consentie :
le changement des attitudes et des comportements sociaux »
in Serge MOSCOVICI (dir.), Psychologie sociale des relations à autrui,
Paris, Nathan, « Fac. Psychologie », 1994, pp. 232-255
(pp. 237-239) Dans l’expérience de Brehm et Crocker (1962), les sujets (des étudiants) [...] devaient
se priver de nourriture durant toute une journée, du lever jusqu’au soir 20 heures. La récompense
proposée en échange était faible pour certains (obtention de points de recherche), forte pour d’autres
(rémunération de 5 dollars en plus des points de recherche). Au terme de la privation, les sujets de la
condition de faible récompense déclarèrent avoir moins faim que les autres. [...] Les psychologues
sociaux ont appelé rationalisation le processus psychologique par lequel s’opère ce réajustement des
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idées ou du ressenti. La théorie de la dissonance cognitive de Festinger (1957) a précisément pour
objet de rendre compte de ce processus. [...]
L’univers de pertinence de cette théorie n’est pas original : il concerne, comme celui des théories de
la consistance, les cognitions et les relations entre les cognitions. Festinger (1957) a défini les
cognitions en termes très généraux : « connaissances, opinions ou croyances sur l’environnement,
sur soi-même ou sur son propre comportement ». Ainsi, « il pleut », « j’ai faim », « j’aime le
cinéma », « la vénusté de Mlle O. m’émeut », « j’écoute de la musique folklorique », « je joue du
piano », sont des cognitions. [...] Soit deux cognitions A et B :
—
On parlera de relation de consonance entre ces deux cognitions si l’une peut être obtenue par
implication psychologique de l’autre : A —> B. Par exemple : « j’ai faim » et « j’achète un
sandwich » ou encore « la vénusté de Mlle O. m’émeut » et « je rends visite à Mlle O. ».
—
On parlera de relation de dissonance si la seconde cognition est l’opposée de celle que l’on
devrait avoir par implication psychologique de la première : A —> non B. Par exemple : « j’ai
faim » et « je me prive de nourriture » ou encore « je ne supporte pas Mlle O. » et « je rends visite à
Mlle O. ». [...]
À l’instar des théoriciens de la consistance, Festinger considère que quelqu’un qui a dans son
univers cognitif deux cognitions ne s’accordant pas (dissonance) ne va pas conserver ce désaccord
mais va s’efforcer de le réduire, en modifiant l’une d’elles dans le sens d’un meilleur ajustement
avec l’autre (reduction de la dissonance). Ainsi, un individu qui a simultanément dans son univers
cognitif les cognitions « j’ai faim » et « je me prive de nourriture » pourra réduire la dissonance
générée par le désaccord entre ces deux cognitions en se disant qu’après tout il n’a pas vraiment
faim. De même, s’il n’aime pas Mlle O. et qu’il a tout de même accepté son invitation à déjeuner, il
pourra réduire sa dissonance en se disant que, tout bien considéré, Mlle O. ne manque ni de charme
ni d’intelligence ou que le repas qu’elle lui a servi était vraiment fameux, bref en trouvant une ou
plusieurs raisons susceptibles de justifier ce qu’il a fait (ici qu’il ait accepté l’invitation de Mlle O.
alors qu’il aurait pu aussi bien la décliner).
Carol TAVRIS (aut.), Elliot ARONSON (aut.), Salim HIRÈCHE (trad.),
Les erreurs des autres. L’autojustification, ses ressorts et ses méfaits,
[2007] Genève, éd. Markus Haller, « Condition humaine », 2010
(pp. 29-30) Le moteur de l’autojustification, la force qui nous pousse à justifier nos actes et nos
choix – surtout les mauvais – est une sensation désagréable, que Festinger appela « dissonance
cognitive ». La dissonance cognitive est l’état de tension dans lequel se trouve une personne qui a
deux « cognitions » (idées, attitudes, croyances, opinions) psychologiquement incompatibles, telles
que « Fumer est une habitude stupide : on peut en mourir » et « Je fume deux paquets par jour ». La
dissonance provoque un désagrément psychique, allant du léger accès à l’angoisse profonde ; et les
personnes qui la subissent ne peuvent dormir tranquille tant qu’elles n’ont pas trouvé un moyen de
l’atténuer. Pour une fumeuse, le moyen le plus direct d’y parvenir consiste à arrêter de fumer.
Cependant, si elle tente de le faire et qu’elle échoue, elle cherchera à réduire sa dissonance en se
persuadant que la fumée n’est finalement pas si nocive, que ses risques sont largement compensés
par le fait qu’elle lui permet de se détendre et qu’elle lui évite de prendre du poids (après tout,
l’obésité est aussi une source de risques pour notre santé), et ainsi de suite. La plupart des fumeurs
parviennent à diminuer leur dissonance par de tels moyens, aussi ingénieux qu’illusoires.
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