Notions / Concepts / Prises de vues
1. Isolement :
L’isolement apparaît quand je ne suis ni avec moi-même ni en compagnie des autres, mais
concerné par les choses du monde.
L’isolement peut être la condition naturelle pour toutes sortes de travaux dans lesquels je
suis si concentré sur ce que je fais que la présence des autres, y compris de moi-même, ne
peut que me déranger.
Il se peut qu’un tel travail soit productif, qu’il consiste à fabriquer un objet nouveau, mais ce
n’est pas nécessaire: apprendre ou même lire simplement un livre requiert un certain degré
d’isolement; il faut être protégé de la présence des autres.
L’isolement peut aussi apparaître comme un phénomène négatif: les autres avec lesquels je
partage un certain souci pour le monde peuvent se détourner de moi. Cela arrive
fréquemment dans la vie politique, c’est le loisir forcé de l’homme politique ou plutôt de
l’homme qui, en lui-même, reste citoyen, mais a perdu le contact avec ses concitoyens.
L’isolement en ce deuxième sens ne peut se surmonter qu’en se transformant en solitude, et
tous ceux qui connaissent bien la littérature latine savent comment les Romains, au
contraire des Grecs, ont découvert que la solitude et avec elle la philosophie, pouvaient
constituer un mode de vie au cours du loisir forcé qui s’impose quand on se retire des
affaires publiques.
Lorsqu’on découvre la solitude après avoir mené une vie active en compagnie de ses pairs,
on en vient au point auquel Caton disait: « Jamais je ne suis plus actif que quand je ne fais
rien, et jamais je ne suis moins seul que lorsque je suis avec moi-même.»
Isolement et esseulement chez Hannah Arendt
Référence "Questions de philosophie morale" dans "Responsabilité et jugement"
L’isolement, qu'il soit voulu ou subi, n’est-il pas la
condition particulière de celui qui vit à l'écart des autres ?