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Quelques chiffres pour illustrer cet accroissement du sentiment de solitude : selon la
dernière enquête réalisée par CSA en septembre 2010 pour le compte des Banques
Alimentaires :
- 78 % des bénéficiaires de l’aide alimentaire vivent seul(e)s* (33% célibataires – 39 %
divorcés ou séparés – 6 % veufs) – Le nombre de personnes divorcées ou séparées
parmi les bénéficiaires de l’aide alimentaire est 5 fois plus élevé que celui de la
population française (8%)
- le taux de chômage est 2 fois plus élevé parmi les bénéficiaires de l’aide alimentaire,
86 % des emplois étant à temps partiel parmi ces personnes
* selon l’INSEE, en 2005, 14 % de la population française vivait seule dont 3,4 millions d’hommes et 5
millions de femmes (1,1 million de plus qu'en 1999)
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En cumulant inactivité et isolement, les diététiciens* constatent que les
comportements alimentaires se désorganisent, les personnes inactives durablement
perdant progressivement la capacité à se projeter dans le futur ne serait-ce que pour
préparer un repas. On ne se met plus à table et la journée est une suite de
grignotages qui peuvent conduire à des comportements boulimiques avec une
prédilection pour les aliments sucrés qui rassurent et compensent l’angoisse. Ces
comportements s’accentuent en fonction du degré de désocialisation. Ainsi, les
personnes âgées isolées à la suite du décès de leur conjoint en arrivent, dans les
cas les plus graves, à ne plus éprouver de sensation de faim ou adoptent des
comportements alimentaires déviants en mangeant trop de viandes ou de pâtisseries
en dépit de leur diabète, par exemple. A contrario, il faut ajouter qu’une alimentation
adaptée des personnes âgées contribue à prévenir la déshydratation, l’ostéoporose
ou encore la sarcopénie**
Pour rompre cette spirale infernale, tout le monde s’accorde à reconnaître
(psychiatres, travailleurs sociaux, responsables de structures d’insertion, etc…)
l’utilité de proposer à ces personnes isolées de s’insérer dans des groupes de parole
ou de soutien ou encore dans des ateliers cuisine en essayant de les déculpabiliser
vis à vis de leurs comportements alimentaires - en évitant de leur tenir un discours
nutritionnel moralisateur sur la santé - et en les associant par exemple à la
préparation de repas afin que ce moment ne soit plus perçu comme une corvée et
qu’elles retrouvent ainsi le plaisir de s’alimenter de manière plus équilibrée
D’où les deux initiatives de la BABG évoquées plus haut :
La Cuisine Mobile
Cette initiative a été lancée en Septembre 2005 et est portée par une salariée de la
BABG (Céline Montezin) qui s’installe 5 jours/semaine avec un camion aménagé
d’une cuisine dans un lieu de la Gironde pour préparer et partager un repas avec un
groupe de 3 à 5 personnes souvent isolées (majoritairement des femmes) auxquelles
des Associations partenaires de la BABG (89 Associations concernées depuis 5 ans)
proposent ce projet. Ainsi, en l’espace de 5 ans, nous avons accueilli 3.444