à 18 % chez les patients hospitalisés et jusqu’à 50 % chez les
patients admis aux soins intensifs3.
Le diagnostic de pneumonie constitue un défi, car cette
in fec tion comporte différents tableaux cliniques. La descrip-
tion classique est un début soudain, une fièvre parfois élevée
(40 8C) dès le premier jour, des frissons, une atteinte de l’état
général, une tachycardie, une polypnée, une toux produc-
tive et une douleur latérothoracique. Les signes vitaux sont
anormaux (fièvre, tachycardie ou polypnée) chez 80 % des
malades. Les signes de condensation pulmonaire (matité à
la percussion, râles, crépitations, diminution du murmure
vésiculaire et augmentation des vibrations de la voix) sont
présents chez 67 % des patients4. La pneumonie à Strepto-
coccus pneumoniæ est plus fréquente après 40 ans. Dans
certains cas, en particulier chez les personnes de plus de
65 ans, le tableau clinique est peu spécifique et inclut de
la confusion, peu ou pas de toux, aucune expectoration et
un état afébrile dans 30 % des cas5. Il faut donc soupçonner
rapidement le diagnostic.
L’infection à légionelle se manifeste par une pneumonie
grave (toux non productive au début, expectorations claires,
hémoptysies, douleurs thoraciques). Des symptômes d’allure
grippale précèdent la pneumonie. Des symptômes digestifs
ou neurologiques non spécifiques sont souvent présents. Il
n’y a pas de transmission interhumaine.
Les pneumonies à Mycoplasma pneumoniæ et à Chlamydo-
phila pneumoniæ (anciennement Chlamydia pneumoniæ) et
les pneumonies virales, quant à elle, ont un début plus lent
en deux ou trois jours et entraînent une fièvre modérée qui
s’élève progressivement sans frissons, une toux sans expec-
torations, des céphalées et des myalgies. L’auscultation
pulmonaire met parfois en évidence des crépitations dif-
fuses6. Pour plus de détails sur les éléments cliniques, veuillez
consulter l’article du Dr Jordan Volpato, intitulé : « Quand
l’atypie est dans l’air, regards sur les pneumonies atypiques »,
dans le présent numéro.
L’EXACERBATION AIGUË DE LA BPCO
Les patients atteints de BPCO vont avoir plus ou moins
régulièrement des exacerbations qui se manifestent par l’ap-
parition ou l’augmentation de la toux, de la dyspnée et des
expectorations purulentes. Les exacerbations sont d’origine
infectieuse dans la moitié des cas et causées par un virus ou
une bactérie dans une proportion égale7. Le diagnostic d’exa-
cerbation demeure difficile, car le tableau clinique n’est pas
univoque et est en continuité des signes de BPCO. Seuls les
patients qui présentent une production nouvelle ou accrue
d’expectorations mucopurulentes et une dyspnée auront
besoin des antibiotiques. Plusieurs autres diagnostics dif-
férentiels doivent être considérés, en plus des maladies
pré cédentes (tableau I3).
QUELS EXAMENS FAIRE
DANS LE CAS D’UNE PNEUMONIE ?
La présence d’un infiltrat pulmonaire sur la radiographie
thoracique est requise pour poser le diagnostic définitif de
pneumonie. Une opacité est trouvée dans environ 40 % des
cas d’infections respiratoires basses associées à des signes
localisés à l’auscultation pulmonaire et pratiquement jamais
en l’absence de telles anomalies8. Un radiologiste peut man-
quer jusqu’à 15 % des cas. Par ailleurs, une révision par deux
radiologistes peut entraîner un désaccord dans l’interpréta-
tion de 10 % des radiographies pulmonaires9. La sensibilité
de la radiographie pulmonaire est de 43,5 %, et sa valeur
prédictive positive de 26,9 % en comparaison d’une tomo-
graphie thoracique10. Cependant, cette dernière n’est pas
l’examen d’imagerie de premier recours pour le diagnostic
de la pneumonie extrahospitalière en raison de son coût,
de sa disponibilité et de l’effet des rayonnements ionisants.
Un nouvel infiltrat pulmonaire peut être difficile à voir si le
patient est atteint de BPCO, est obèse ou si la radiographie
est faite dans la chambre. De plus, un infiltrat n’est pas toujours
infectieux. Il est parfois attribuable à un œdème pulmo-
naire, un cancer du poumon, une embolie pulmonaire, etc.6.
Cependant, le résultat de la radiographie pulmonaire est
rarement négatif quand le médecin soupçonne une pneu-
monie à l’examen clinique. Toutefois, un résultat négatif peut
être causé par un retard radiologique ou une déshydrata-
tion. Bien qu’encore peu utilisée au Québec, l’échographie
pul monaire semble être un outil diagnostique prometteur.
En effet, une méta-analyse récente indique qu’elle aurait
une sensibilité de 94 % et une spécificité de 96 % dans le
diagnostic des pneumonies chez les adultes lorsqu’elle est
faite par un médecin d’expérience11.
QUAND PRESCRIRE DES ANALYSES
DE LABORATOIRE ?
Pour le traitement en externe de la plupart des pneumonies
extrahospitalière, aucune épreuve diagnostique supplémen-
taire n’est nécessaire. Pour les patients hospitalisés, il faut
tenter de trouver l’agent pathogène en cause pour orienter
l’antibiothérapie afin de réduire les échecs thérapeutiques,
les complications (ex. : entérocolite à C. difficile), la suruti-
lisation d’antibiotiques et les résistances bactériennes. Des
hémocultures et une culture des expectorations devraient
être obtenues avant d’amorcer l’antibiothérapie, conformé-
ment aux lignes directrices de l’Infectious Diseases Society
of America et de l’American Society for Microbiology, de la
British Thoracic Society et de la Swedish Society of Infectious
Diseases12-14. Une culture positive dans les voies respiratoires
nécessite une interprétation clinique puisque le microor-
ganisme peut être présent en raison d’une colonisation ou
faire partie de la flore normale. Si la pneumonie est grave,
les recherches d’anticorps urinaires contre la légionelle et
le pneumocoque sont indiquées. Le dosage de l’antigène
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Le Médecin du Québec, volume 51, numéro 7, juillet 2016