pour le CURB-656. Plus récemment, les études ont toutefois
révélé que la règle de Fine est plus sensible que le SMART-
COP et encore plus que le CURB-65 dans la prise de décision
pour les soins intensifs2.
À son arrivée chez le médecin, Mme Robidoux était bien
orientée, sa pression systolique était de 95 et sa pression dia-
stolique, de 54 ; son pouls, de 130 ; sa fréquence respiratoire,
de 25 et sa température buccale, de 39 8C. Son résultat à la
règle de Fine était de 75. Elle souffre donc d’une pneumo-
nie de classe III associée à un risque de mortalité de 0,9 %.
Son score CRB-65 était de 2. Selon l’outil SMART-COP, elle
présentait un risque modéré d’admission à l’unité de soins
intensifs. Le risque modéré établi par ces trois outils d’éva-
luation de la pneumonie nous oriente vers une approche
d’observation en externe plutôt que vers une hospitalisa-
tion de la patiente. Le médecin a donc décidé de refaire une
radiographie pulmonaire.
QUAND ORIENTER LE PATIENT EN SPÉCIALITÉ ?
Les éléments contribuant à la recommandation d’orienter un
patient vers un spécialiste ou de l’admettre à l’hôpital peuvent
varier en fonction de la population touchée (personne âgée
ou enfant), du statut immunitaire du patient, de l’accessibilité
aux soins, etc. Selon des études américaines, la moitié des
cas de pneumonie extrahospitalière chez des patients hos-
pitalisés aux États-Unis n’avait pas de cause claire7.
Quand une pneumonie ne guérit pas comme prévu, le
médecin en cabinet doit se questionner sur les causes de
cette évolution défavorable (tableau I3). De plus, plusieurs
problèmes cliniques peuvent ressembler à une pneumonie,
conduisant ainsi à un diagnostic et à un traitement initial
erroné : œdème pulmonaire, cancer, syndrome de détresse
respiratoire aiguë, infarctus pulmonaire, etc.
Un mauvais diagnostic peut avoir des conséquences sur
l’évolution et le pronostic de cet autre problème de santé.
Cependant, distinguer les causes infectieuses de celles qui
ne le sont pas demeure difficile dans la pratique ambulatoire.
C’est à ce moment que le médecin en cabinet devrait penser
à orienter son patient en spécialité.
COMMENT PEUT-ON DISTINGUER LES
COMPLICATIONS LES PLUS COURANTES
D’UNE PNEUMONIE ?
L’évaluation initiale du patient ainsi que la présence de cer tains
symptômes particuliers (neurologiques, digestifs, rhumatolo-
giques, etc.) associés aux symptômes respiratoires peuvent
aider le médecin à identifier le germe responsable. Ainsi, le
clinicien peut demander les tests paracliniques pertinents
et instaurer le traitement antibiotique spécifique à l’agent
pathogène responsable. Veuillez consulter le tableau III1
pour réviser les complications les plus fréquentes associées
à certains agents. Celles qui sont le plus souvent associées
à la pneumonie extrahospitalière sont l’épanchement pleu-
ral parapneumonique et l’empyème, l’abcès pulmonaire, les
disséminations septiques (méningite, péritonite, endocardite,
arthrite septique).
L’ÉPANCHEMENT PLEURAL
PARAPNEUMONIQUE ET L’EMPYÈME
L’épanchement pleural parapneumonique survient dans
40 % des pneumonies bactériennes8. Le diagnostic est évo-
qué en fonction du tableau clinique caractéristique (toux,
fièvre persistante, douleur pleurétique, dyspnée, expecto-
ration) et est confirmé par la radiographie pulmonaire ou
la tomographie thoracique avec contraste (cette dernière
constituant le moyen d’évaluation optimale des empyèmes).
On trouve trois formes d’épanchement pleural :
h épanchement non compliqué (qui disparaît à la guérison
de la pneumonie) ;
TABLEAU III
COMPLICATIONS DE LA PNEUMONIE
STRICTEMENT LIÉES À L’AGENT
PATHOGÈNE
Agent pathogène Complications
S. pneumoniæ Sepsis, pyopneumothorax, péricardite,
endocardite, méningite, abcès cérébral,
péritonite, arthrite, herpès labial
M. pneumoniæ Méningo-encéphalite, méningite
aseptique, syndrome de Guillain-Barré,
myélite transverse, ataxie cérébelleuse,
polyneuropathie ascendante,
péricardite, myocardite, diarrhée,
anémie hémolytique, polyarthropathie,
hépatite, pancréatite, splénomégalie,
glomérulonéphrite aiguë
Legionella Confusion, encéphalomyélite,
syndrome de Guillain-Barré, péricardite,
hyponatrémie, insusance rénale,
rhabdomyolyse, myosite, diarrhée,
polyarthropathie, jaunisse, pancréatite,
thrombocytopénie
C. burnetii Névrite optique, hépatite, anémie
hémolytique, ostéomyélite, endocardite
S. aureus Pneumatocèle ou pneumothorax
(particulièrement chez les
enfants), sepsis, abcès pulmonaire,
dissémination septique
Traduit de : Lim WS, Baudouin SV, George RC et coll. BTS guidelines for the
management of community acquired pneumonia in adults: update 2009.
Thorax 2009 ; 64 (suppl. 3) : S1-S55. Reproduction autorisée.
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Le Médecin du Québec, volume 51, numéro 7, juillet 2016