Chapitre 4 : Contrôle social, normes et déviances

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Université Paris 13 - L1 AES - A. Revillard - Introduction à la sociologie
Chapitre 5 : Contrôle social,
normes et déviances
I.
Normes sociales et contrôle social
II.
Les théories de la déviance
I. Normes sociales et contrôle social
A. Qu’est-ce qu’une norme sociale?
B. Des normes socialement construites
C. Qui assure le contrôle social?
A. Qu’est-ce qu’une norme sociale?
•
Définition générale : Normes sociales =
principes et modèles de conduite propres à une
société ou un groupe social donné. Les normes
sociales sont apprises par les individus au fil du
processus de socialisation.
•
Attention : lorsqu’un sociologue analyse une norme
sociale, il ne porte pas de jugement sur la pertinence
de cette norme. Il ne dit pas : « Tout le monde devrait
manger avec des couverts », mais : « Dans cette
société, les gens considèrent que tout le monde
devrait manger avec des couverts ».
A. Qu’est-ce qu’une norme sociale?
1. Normes juridiques et normes sociales
2. Normes sociales et déviance
3. Diversité des normes sociales et des
formes de déviance
A.1. Normes juridiques et normes sociales
• Normes juridiques = tout ce qui est de
l’ordre du droit.
• Normes juridiques ≠ normes sociales
• Toutes les normes juridiques ne
correspondent pas nécessairement à des
normes sociales
• Le domaine des normes sociales est bien
plus large que celui des normes juridiques
A.1. Normes juridiques et normes sociales
Normes sociales
Normes juridiques
Normes sociales qui ne correspondent pas à des normes juridiques :
Ex. manger avec des couverts
Normes sociales qui correspondent à des normes juridiques :
Ex. respect de la propriété privée
Normes juridiques qui ne correspondent pas à des normes sociales :
Ex. certaines limitations de vitesse
A.2. Normes sociales et déviance
• Déviance = transgression de la norme 
Sanction
• Sociologiquement, l’existence d’une sanction en
cas de déviance est un bon moyen de repérer la
norme.
• Déviance → sanction → norme sociale
A.3. Diversité des normes sociales et des
formes de déviance
• Cf texte d’A.Ogien en annexe 1:
 Tuer son voisin
 Renverser volontairement du chocolat fondu sur une moquette
blanche
 Chahuter en classe
 Être homosexuel
 S’adonner au commerce de stupéfiants
 Se moucher au milieu d’un concert de violon
 Gravité très variable
 Point commun : existence d’une sanction : permet d’identifier la
déviance, donc la norme sociale sous-jacente.
B. Des normes socialement construites
•
Les normes sociales ne relèvent pas de
la nature ou d’une morale universelle,
mais de la culture, d’un construit social.
• Preuve :
1. Variabilité selon les cultures
2. Variabilité dans le temps
B.1. Variabilité des normes sociales
selon les cultures
• Ex 1. Les façons de manger : avec des
couverts, avec ses mains, avec des
baguettes…
• Ex 2. Etre en couple non marié, avoir des
enfants « hors mariage ».
B.2. Variabilité des normes sociales
dans le temps
•
Ex. fumer dans des lieux à usage collectif en
France
1. Dans un premier temps, une norme sociale qui
ne fait pas l’objet de sanction juridique
2. Introduction d’une norme juridique (Loi Evin,
1991) mais faible impact sur la norme sociale
3. Nouvelle norme juridique (2007) : meilleure
application et amorce de transformation de la
norme sociale.
I.C. Qui assure le contrôle social?
•
Contrôle social = ensemble des dispositifs employés
dans une société pour assurer le respect des normes
sociales.
1. Le rôle des institutions et des « entrepreneurs
de morale »
2. Un contrôle social diffus : le rôle des
interactions
 Ex de l’homosexualité
II. Les théories de la déviance
A. La déviance comme fait social
B. La déviance comme processus
A.1) Durkheim : la criminalité comme
fait social « normal »
Le crime, un fait social:
• Le crime existe dans toutes les sociétés, bien que cellesci lui assignent un contenu variable.
 Ex. l’avortement fait l’objet de sanctions pénales dans certains
pays, alors qu’il est autorisé dans d’autres.
• Appréhension du crime à partir du taux de criminalité
 Démarche similaire à celle mise en œuvre dans Le Suicide.
A.1) Durkheim : la criminalité comme
fait social « normal »
Le crime, un fait social « normal », voire utile à la société :
• Un certain taux de criminalité est « normal » pour une société
donnée. Ce n’est que lorsque la criminalité dépasse ce taux qu’elle
peut être considérée comme un phénomène « pathologique » du
point de vue sociologique
• La sanction d’un criminel permet à la société de réaffirmer son
unité à travers la défense d’un certain nombre de valeurs morales.
• Le crime comme facteur d’innovation et de changement social
 Des comportements « criminels » peuvent, à terme, faire évoluer les
normes sociales : ex. de l’avortement
A.2) R.Merton : stratification sociale et
déviance
• Défense d’une approche sociologique de la
déviance, contre l’explication par les
« impulsions biologiques » (cf Annexe 3.1)
• Objectif : « découvrir comment des structures
sociales peuvent, dans des cas déterminés,
pousser certains individus à adopter un
comportement déviant au lieu d’une conduite
conformiste »
A.2) R.Merton : stratification sociale et
déviance
• Chaque société définit:
 Des objectifs, dont certains sont plus
particulièrement valorisés (ex. gagner de
l’argent)
 Des moyens légitimes d’atteindre ces
objectifs (ex. travailler)
• « Mode d’adaptation » d’un individu =
acceptation ou refus des objectifs et/ou
des moyens.
A.2) R.Merton : stratification sociale et
déviance
•
5 modes d’adaptation (cf tableau annexe
3.2):
1.
2.
3.
4.
5.
Conformisme
Innovation
Ritualisme
Evasion
Rebellion
A.2) R.Merton : stratification sociale et
déviance
B.1. H.Becker : la théorie de l’étiquetage
(Annexe 4)
Selon Becker, la déviance est une construction sociale qui résulte d’un
processus d’interaction:
« Les groupes sociaux créent la déviance en instituant des normes
dont la transgression constitue la déviance, en appliquant ces
normes à certains individus et en les étiquetant comme déviants. De
ce point de vue, la déviance n’est pas une qualité de l’acte commis
par une personne, mais plutôt une conséquence de l’application, par
les autres, de normes et de sanctions à un « transgresseur ». Le
déviant est celui auquel cette étiquette a été appliquée avec succès
et le comportement déviant est celui auquel la collectivité attache
cette étiquette ».
H.Becker (1963), Outsiders, p.32-33
B.1. H.Becker : la théorie de l’étiquetage
(Annexe 4)
« La déviance est une propriété, non du comportement luimême, mais de l’interaction entre la personne qui
commet l’acte et celles qui réagissent à cet acte ».
Outsiders, p.38
Être déviant = avoir transgressé une norme +
être étiqueté comme déviant par les autres
 « théorie de l’étiquetage »
Rôle des « entrepreneurs de morale » dans la
définition et l’application des normes.
B.1. H.Becker : la théorie de l’étiquetage
(Annexe 4)
4 situations possibles:
B.2. Goffman : stigmates et interactions
sociales
• Stigmate = attribut qui jette un discrédit sur celui qui le
possède (ex. difformité corporelle, handicap, SDF,
minorités visibles…)
• Rôle des interactions dans la construction et le
renforcement du stigmate : ce qui rend le stigmate si
difficile à vivre, ce ne sont pas tant ses caractéristiques
objectives que le regard que la société a dessus, qui se
matérialise dans chaque interaction avec des
« normaux ».
• Développement de stratégies de gestion du stigmate,
pour limiter ce processus de stigmatisation au cours des
interactions.
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