ACCIDENTS EXPOSANT AU SANG OU À D’AUTRES PRODUITS BIOLOGIQUES Docteur Marylène BRABET – MTPH SAINT-ELOI 1 Est-ce réellement un accident d’exposition au sang ? (AES) ? ? Qu’est-ce qu’un accident exposant au sang (AES) ? Tout contact accidentel : - Effraction cutanée (piqûre, coupure, égratignure) - Projection : sur muqueuses (œil, bouche) ou sur peau lésée (dermatose, plaie…) Avec : - du sang - un liquide biologique potentiellement contaminant Plus de 40 000 AES par an dans les établissements de santé français G.E.R.E.S – R.A.I.S.I.N - INVS Qu’avez-vous fait immédiatement ? Le risque de contamination lors d’une projection est proportionnel au temps de contact Le taux de transmission est environ 10 fois plus faible après exposition sur une muqueuse ou sur une peau lésée Projection sur l’œil et les muqueuses Laver pendant 5 minutes, immédiatement et abondamment à l’eau courante ou au sérum physiologique LES PRECAUTIONS UNIVERSELLES pour toutes les personnes soignées et pour tout le personnel soignant • Port de sur blouses, lunettes, masques • Pour tous les gestes présentant un risque de projection (ex. aspiration, endoscopies…) ou aérosolisation de sang ou tout autre produit d’origine humaine. ATTENTION !!! 52,5 % des AES seraient évitables par l’application des mesures simples que sont les précautions standard Pourquoi voulez-vous une prise de sang tout de suite ? C’est inutile !!! Nous avons 8 jours pour le prélèvement sanguin initial de l’accidenté ! LA SEULE URGENCE EST LA CONSULTATION AUPRES D’UN MEDECIN* • La consultation doit avoir lieu dans les 4 heures après l’accident afin d’évaluer le risque infectieux VIH et Hépatites * à défaut, auprès du médecin de garde du service des urgences RISQUE INFECTIEUX Après AES le risque de contamination est : Virus hépatite B Virus hépatite C VIH +/- 30 % +/- 3 % +/- 0,3 % Êtes-vous protégé contre l’hépatite B ? VACCINATION COMPLETE Avant l’âge de 13 ans Pour les médecins, chirurgiens dentistes sages-femmes, infirmiers, pharmaciens, techniciens en analyse biomédical Anticorps anti-HBs < à 100 • 10 <Anticorps anti-HBs<100 • Ag HBs négatifs Vous êtes considéré comme immunisé contre l’hépatite B Arrêté du 06 mars 2007 HIV : PROPHYLAXIE IMMEDIATE SI LE RISQUE EST ELEVE LA RECOMMANDATION EUROPEENNE POUR LA PROPHYLAXIE POST EXPOSITION PROFESSIONNELLE AU VIH Source : Puro V. et Al. Euro Surveil 2004 SELON LE TYPE D’EXPOSITION Type d’expostion Traitement antirétroviral Risque de séroconversion Voie percutanée Recommandé 0,32 % Muqueuse ou peau lésée A envisager 0,09 % Peau intacte Déconseillé 0% SELON LE TYPE DE SUPPORT Type d’expostion Traitement antirétroviral Sang, prélèvements véhiculant du sang visible à l’œil nu, LCR, concentré viral au sein d’un laboratoire de recherche ou d’une une unité de production Recommandé Sperme, sécrétions vaginales, liquide synovial, pleural, péritonéal, péricardiaque, ou amniotique, tissus A envisager Urines, vomissements, salive, selles, larmes, sueur, expectorations Déconseillé SELON LE STATUT SEROLOGIQUE DU PATIENT SOURCE Statut sérologique du patient source Traitement antirétroviral Infection par le VIH Recommandé Statut sérologique inconnu A envisager Séronégatif Déconseillé Où travaillez-vous ? Dans un laboratoire !!! Rapport schématique entre le risque de transmission d’un pathogène et le contact sanguin nécessaire pour assurer sa transmission Risque de transmission (APC : accident percutané ; CCM : contact cutanéo-muqueux ; culture : produit de culture virale ou bactérienne) APC culture CCM culture Transfusion APC sang CCM sang Type de contact nécessaire pour assurer la transmission VIRUS HEPATITE C Le virus est retrouvé principalement dans le sang Cependant, l’ARN du VHC a été retrouvé en faible quantité dans d’autres liquides biologiques : salive, liquide d’acite, sperme, LCR ATTENTION !!! Le virus survivrait plusieurs semaines à l’extérieur de l’hôte, dans du sang séché. Quelle est la probabilité de transmission du VHC ? 2 à 21 des 20 000 chrirurgiens 16 à 167 des 300 000 IDE Contracteraient chaque année en France Étude KUO et coll. 1999 RISQUE DE TRANSMISSION VIRALE Majeur en cas de piqûre après un geste en intraveineux ou intratériel À ne pas négliger en cas de piqûre avec des aiguilles à suture de soins cutanés (notamment pour le VHC) Plus faible mais documenté après contact sanguin cutanéo-muqueux (3 contaminations par le VHC recensées par l’exposition sanguine au niveau du visage et notamment des yeux) MALADIES PROFESSIONNELLES Infections d'origine professionnelle par les virus des hépatites A, B, C, D et E : • Tableau 45 du régime général • Tableau 33 du régime agricole Réinsertion Professionnelle – Réseau Hépatite - Médecine du Travail CHU Montpellier – Juin 2004 HÉPATITES VIRALES Maladies professionnelles reconnues dans le Régime Général de la Sécurité sociale 800 700 600 500 400 300 200 100 0 1975 2002 : 4 hépatite B dont 2 aiguës 2003 : 5 hépatite B chronique 1980 VACCIN 1985 1990 1995 Obligation vaccinale 2000 HÉPATITES VIRALES PROFESSIONNELLES À L’AP-HP (Source : Médecine du travail – Médecine de contrôle) 60 50 40 30 20 10 0 1984 1986 A 1988 B 1990 C 1992 Non A-non B 1994 1996 Indéterminé 1998 2000 INFECTIONS VHC PROFESSIONNELLES (FRANCE – 01-01-2006) 12 10 8 6 4 2 0 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 INVS-GERES SÉROCONVERSIONS VHC DOCUMENTÉES ( France 01-01-2006) PROFESSION : • 38infirmières (72%) • 7 médecins dont biologiste • 4 agents hospitaliers • 3 aide soignants • 2 laborantins • 1 sage femme INFECTIONS VHC PROFESSIONNELLES SELON LA PROFESSION 40 (FRANCE 01-01-2006) 35 30 25 20 15 10 5 0 IDE (dont Méd. Non Pers. De IDE elèves) chir. ( dont labo (dont int. Et ext.) biolo.) Agent Hospitalier Aidesoignant Sagefemme MATERIEL EN CAUSE (France 01-01-2006) 2 1 1 1 1 3 13 33 Aiguille creuse prélèvement IV Aiguille creuse autre Aiguille à suture Lancette Bistouri/cutter Matériel de laboratoire (tube) Sans objet Inconnu CAS D’HEPATITE C 12 10 8 6 4 2 0 91 9 92 9 93 9 94 9 95 9 96 9 97 9 98 9 99 0 00 0 01 0 02 9 1 1 1 1 1 1 1 1 1 2 2 2 France Italie Autre PRISE EN CHARGE MEDICALE SUIVI VHC ( circulaire du 8 Décembre 1999) Patient-source VHC + ou inconnu • Surveiller ALAT = BASE J0, 1, 3 et 6 mois • AC anti-VHC à 3 et 6 mois PRISE EN CHARGE MEDICALE – Suivi VHC Sérologie VHC et dosage de l’ALAT Sujet exposé JO Sujet source JO Surveillance sujet exposé Sérologie Ac anti-VHC NEGATIVE Surveillance Non nécessaire Si résultats NEGATIFS Clôture dossier Circulaire du 08 décembre 1999 Sérologie Ac anti-VHC POSITIVE Sérologie VHC INCONNUE SURVEILLANCE Sérologie VHC et ALAT M1, M3, M6 Si ALAT élevée Et/ou séroconversion Anti-VHC PCR-VHC et Prise en charge dans un service spécialisé PRISE EN CHARGE MEDICALE SUIVI VHC Place de la PCR • PCR chez le soignant - Si ALAT augmentent et /ou anti- VHC positif - Pour certains: systématique en surveillance de routine • PCR à 1 mois si AES à risque TRAITEMENT PAS DE TRAITEMENT PROPHYLACTIQUE LE DIAGNOSTIC DE PRIMO INFECTION se fait par détection de l’ARN virale, confirmé par 2 tests successifs LE TRAITEMENT PRECOCE EST POSSIBLE (par interferon Pégylé associé éventuellement à la Ribavirine si la PCR se positive et/ou les ALAT augmentent et/ou hépatite aiguë Conférence de consensus hépatite C 2002 RECAPITULONS LES FACTEURS DE RISQUE : 1- CARACTERISTIQUES DE L’ACCIDENT: Profondeur de la blessure - Quantité de sang inoculé (grand nombre de particules virales) - Aiguille creuse contenant du sang, diamètre - Geste Intra Veineux ou Intra Artériel - Délai entre geste et AES - Long temps de contact (si projection) - Absence de protection (gant) : le gant protège contre les projections cutanées de sang, et en cas de piqûre, il retient plus de la moitié de l’inoculum - RECAPITULONS LES FACTEURS DE RISQUE : 2 – CARACTERISTIQUES DE LA SOURCE : - Quantité de virus circulant chez le sujet infecté (primo infection,stade SIDA, hépatite active ) - Charge virale. - Traitements : résistance, absence de prophylaxie par les antirétroviraux. DANS TOUS LES CAS • Consulter le médecin du travail pour : Évaluer les autres risques infectieux (hépatites B et C) et vérifier l’immunité vis à vis de l’hépatite B Effectuer le prélèvement initial et le suivi sérologique Analyser les circonstances de l’accident afin d’éviter qu’il ne se reproduise Déclarer l’accident de travail au service de gestion dans les 24 heures ou 48 heures selon votre statut LA DECLARATION D’ACCIDENT DE TRAVAIL • Le salarié doit déclarer l’accident à son employeur dans les 24h (48h pour les Ets publics) • L’employeur doit informer de l’accident le médecin du travail • Pour bénéficier de la prise en charge au titre de l’accident du travail tous les résultats d’examens doivent être adressés sous pli confidentiel au médecin responsable pour les Établissements publics EN CONCLUSION • Soins locaux • Evaluer le risque : interrogatoire (source, type de la blessure, …) • Déclaration accident de travail (libéral : souscription d’une assurance spécifique) • Traitement : VIH : trithérapie pendant 4 semaines, dans les 4 heures qui suivent l’accident de travail (48 heures maximum) VHB : si pas d’imunisation : Igg spécifiques + vaccin VHC : surveillance avec possibilité du traitement de l’Hépatite aigüe virale C qui réduirait le risque d’infection chronique de 18% à 51% • Le suivi jusqu’à 6 mois est obligatoire pour la prise en charge en accident de travail