MOTIVATION EMPATHIE CLIMAT SCOLAIRE B. LORENCE ESPE de Cergy-Pontoise 25 Septembre 2015 MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE PLAN - Vécu des élèves à l’école - Le climat scolaire (10) - L’empathie (38) - La motivation (44) MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Le vécu des élèves à l’école, et plus particulièrement leur bien-être, n’a pas toujours été pris en compte. Les avis sont assez divergents sur la pertinence de la prise en compte de cette dimension qui, pour certains, semble loin des enjeux liés aux apprentissages (Dans l’enquête PISA 2009, seul un élève français sur deux déclare que ses enseignants s’intéressent à son bien-être). De plus face aux difficultés rencontrées par le système éducatif français, qui provoqueraient une aggravation des inégalités sociales, la thématique du bien-être peut paraître secondaire. La réussite scolaire ne doit-elle pas être la seule priorité de l’école ? Et le développement psychoaffectif de l’enfant ou de l’adolescent du ressort de la sphère familiale ? À ces oppositions, une réponse peut être apportée. L’école est un espace d’accueil où les enfants et adolescents passent un tiers de leur vie. Elle doit donc s’efforcer de garantir les conditions de bien-être de tous. Une centration plus importante sur ce que les élèves peuvent vivre à l’école a mis en évidence des phénomènes de violence entre élèves et plus particulièrement le harcèlement scolaire, défini par la répétition de propos ou d’actes violents, qui était auparavant négligé par les pouvoirs publics. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Les États généraux de la sécurité à l’école en 2010 ont constitué un tournant dans la prise de conscience de ce phénomène et dans la volonté de l’objectiver. Il fut alors décidé de mener une enquête nationale de “victimation”, qui, en s’adressant à un échantillon représentatif d’élèves, permettait de relever les faits ténus et leur répétition. • En 2011 lors de la première vague de cette enquête, 6 % des élèves de collège ont déclaré une situation de harcèlement sévère, 10 % de harcèlement modéré. Des données similaires ont été trouvées au primaire : plus d’un enfant sur dix de 8 à 12 ans s’est dit harcelé, victime de violences physiques ou verbales répétées de la part d’autres élèves dans l’enceinte de l’école (l’Observatoire international de la violence à l’école) Par ailleurs, un élève de collège sur huit déclare avoir été agressé verbalement ou physiquement au moins deux fois à l’école, ce qui est un chiffre élevé. (DEPP, 2011) - 1 élève sur 10 est victime de harcèlement douloureux en milieu scolaire, cette proportion augmente en éducation prioritaire… avec une surreprésentation des garçons - 14% se déclarent victimes de « cyberharcèlement » - Ainsi les technologies de l’information et de la communication (TIC) prennent une place croissante dans les phénomènes de violence scolaire. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Rumeurs propagées sur internet, mails injurieux, photos intimes diffusées ou encore happy slapping se développent. Par le biais des réseaux sociaux, les brimades reçues durant la journée se prolongent à l’extérieur de l’école, voire gagnent en intensité, les TIC créant une distance avec la victime ou un sentiment d’impunité. La fréquence des cas de « cyberharcèlement » est encore mal quantifiée. Les premières données évaluent néanmoins à 5-6 % les adolescents victimes de cyberviolences à répétition. Les dommages causés par le cyberharcèlement sont de nature équivalente, voire supérieure, à ceux du harcèlement. Ainsi, qu’il se déroule sur la toile ou dans la cour de récréation, le harcèlement revêt des implications majeures en matière de réussite scolaire. Le fait d’être exposé de façon régulière à des comportements violents altère la mémoire et la concentration. De plus, les enfants victimes d’ostracisme ont des résultats scolaires inférieurs à la moyenne et sont plus souvent absents. Entre 20 et 25% des élèves absentéistes chroniques ne vont plus dans l’établissement par peur de ce harcèlement (Blaya, 2010). Ce harcèlement a des conséquences en termes de santé mentale, et de scolarité : décrochage, absentéisme, manque de confiance en soi, perte d’une estime de soi telle que les apprentissages scolaires sont perçus comme la cause d’une souffrance qu’il faut éviter. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Le harcèlement est aussi susceptible d’affecter la santé des adolescents: la santé somatique (maux de tête, de ventre, insomnies, etc.) comme la santé mentale (anxiété, dépression, voire idées suicidaires). De surcroît, un lien est fait entre le harcèlement et le fait de s’adonner à des “jeux dangereux”. Une étude menée dans une école élémentaire révèle que 38 % des victimes de harcèlement sévère disent avoir joué au “jeu du foulard” contre 6 % des non-victimes. Parallèlement, les “harceleurs” connaissent également des situations de grande souffrance et manifestent une plus grande propension à la violence et à la délinquance. Une recherche finlandaise démontre ainsi que les enfants témoins de harcèlement ont une vision négative de l’école et que les enseignants perdent l’estime des jeunes en se montrant incapables de protéger les élèves. Enfin, l’existence de violences scolaires est source de défiance envers l’institution publique de la part des adultes. Ainsi, parmi les premiers motifs pour expliquer le choix de l’enseignement privé pour leurs enfants, les parents évoquent “la recherche d’un établissement caractérisé par sa discipline et sa bonne tenue”. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE La cour de récréation a toujours été un lieu où s’exerce la pression de l’apparence et de la norme. Ainsi, un adolescent sur deux y a subi des moqueries, portant principalement sur la corpulence et la taille, le look, le nom, la façon de parler et la couleur de peau. Les “bons” élèves sont particulièrement touchés par ces brimades. La survenue de ces micro violences est souvent banalisée ou négligée par les adultes, avec l’idée sous-jacente qu’elles sont un passage obligatoire. Or, loin d’être anodines, ces vexations à des âges particulièrement sensibles peuvent avoir des conséquences délétères à long terme. Pour preuve, deux tiers des moqueries et insultes qui ont « eu des conséquences sur la vie » ont eu lieu à l’école. Des faits de violence légère sont aussi fréquemment rapportés. Une enquête de la Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) a établi que 46 % des élèves de collège avaient déjà vécu un vol de fournitures scolaires, 36 % une bousculade intentionnelle. À ces cas de violence légère viennent s’ajouter des faits plus rares de violence (Système d’information et de vigilance sur la sécurité scolaire : 12,6 incidents pour 1 000 élèves). Adolescence et Portrait du jeune violent. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE A ces données sur les violences scolaires s’ajoutent les difficultés relationnelles évoquées par les élèves. Seulement 55 % des élèves jugent que leurs camarades de classe sont gentils et coopératifs, ce qui est fort peu et témoigne d’une forte compétition entre les élèves. Les relations entre les élèves sont marquées par un climat tendu. Plus d’un tiers des élèves français considèrent être traités de façon injuste et inéquitable. Ils déclarent souvent ne pas être écoutés, ne pas être évalués à leur juste valeur et se sentir aliénés. En outre, les jeunes Français ont une représentation de l’avenir professionnel très conditionnée par le niveau et le domaine d’études. Ce présupposé est à la base d’un double phénomène : il existe, d’une part, une forte concurrence entre les meilleurs élèves ou les plus favorisés sur le plan socio-économique et, d’autre part, un sentiment de démotivation chez les autres. • Qu’en est-il du vécu du côté des enseignants ? (Rapport E. Debarbieux, B. Moignard, K. Hamchaoui, Délégation ministérielle, FAS, février 2013) Les enseignants spécialisés souffrent d’ostracisation (d’exclusion) MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE 11% des personnels s’estiment harcelés depuis le début de l’année (DEPP 2013). 23% disent l’avoir été avant cette année. Le harcèlement n’est donc pas une expérience rare pour les adultes des établissements secondaires. Il a touché plus d’un enseignant sur cinq, à un moment ou un autre . Le harcèlement, qui engendre du stress, est un facteur de décrochage professionnel important. • Un nombre non négligeable d’enseignants envisage de quitter le métier : 30% disent l’envisager souvent ou très souvent. C’est le cas pour 45% de ceux qui se disent ostracisés et pour 56% de ceux qui se disent harcelés. 1 enseignant sur 10 estime le climat scolaire médiocre, surtout les enseignants jeunes (moins de 6 ans d’ancienneté) ou les enseignants en éducation prioritaire qui sont 4 fois plus nombreux à déclarer des victimations. Plus la victimation est forte plus le sentiment de solitude est affirmé chez les enseignants • Les facteurs expliquant les différences de victimation dans les établissements sont la vie d’équipe, les valeurs partagées par les adultes, des relations collégiales entre adultes. • Le sentiment de faire partie d’un groupe solidaire et d’être estimé par la hiérarchie locale est aussi d’une grande importance. L’affiliation à son métier (être associé à un groupe) est reconnue comme un facteur d’efficacité professionnelle par la psychologie du travail. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Derrière ces différents constats sur le vécu subjectif des élèves et des enseignants, qu’en est-il réellement du climat scolaire au collège ? Mais tout d’abord, qu’est-ce que le climat scolaire ? • Le climat scolaire renvoie à l’analyse du contexte d’apprentissages et de vie, et à la construction du bien vivre, du bien être pour les élèves, et pour les personnels dans l’établissement. Il concerne toute la communauté éducative. • La qualité et le style de vie scolaire sont façonnés par le fait de se sentir ou non en sécurité dans l’établissement mais ce sont surtout l’engagement, la motivation, le plaisir qui comptent. • Le climat scolaire reflète aussi l’appréciation qu’ont les parents, les personnels et les élèves de leur expérience de la vie et du travail au sein de l’établissement. Cette notion de « climat » repose sur une expérience subjective de la vie scolaire qui prend en compte non pas l’individu mais l’établissement en tant que groupe large et les différents groupes sociaux au sein et autour de l’établissement. • La notion de climat scolaire fait l’objet de recherches depuis une trentaine d’années. Les recherches ont inclus les études sur « l’effet-classe » et « l’effet-maître », les effets de la composition des classes, dépendante du climat organisationnel et du style de leadership. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Que nous disent les deux dernières enquêtes sur le climat scolaire en France ? (Enquêtes nationales, DEPP, 2011 et 2013) • 90% des élèves vivent plutôt heureux dans leur établissement en général mais seulement 77% en éducation prioritaire… ((à partir de questions prenant la forme d’un jugement global (aimer l’école, s’y sentir bien, etc.) et d’interrogations plus spécifiques sur l’existence de vécus positifs et négatifs (relation avec les enseignants, sentiment de réussite, fréquence du stress, etc.)). • Le bien-être des élèves, entendu comme l’appréciation subjective de leur expérience à l’école, revêt des enjeux majeurs en termes de santé publique, mais aussi de réussite éducative. Il est ainsi corrélé à une estime de soi académique plus importante (sentiment de compétence et d’efficacité personnelle) et à de meilleurs résultats scolaires. • L’enquête PISA 2009 souligne que plus des trois quarts des élèves français déclarent bien s’entendre avec leurs enseignants. • Mais on note une forte dégradation de cette opinion avec l’âge (du fait du passage au collège) et une différence significative liée au sexe, les garçons appréciant moins l’école que les filles. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE • À propos de leurs résultats, plus des trois quarts des jeunes déclarent ne pas être stressés par leur travail scolaire. Si le fait que les élèves ne ressentent pas un stress excessif est un constat positif, l’absence de stress peut en revanche traduire un certain désintérêt vis-àvis des études. • Un élève sur deux estime ses résultats scolaires bons ou très bons, ce qui situe la France à l’avant-dernier rang européen (Centre d’analyse stratégique, Note de synthèse, Janvier 2013). Cette donnée s’avère préoccupante car la perception des résultats par les élèves est liée à leur motivation à travailler, à leur qualité de vie et à leur bien-être. • Plusieurs études démontrent que la qualité de l’expérience scolaire et des interactions qui lui sont associées est essentielle pour les compétences sociales de l’adolescent, mais aussi pour sa capacité d’apprentissage. Il s’agit tant de lutter contre la violence scolaire que de valoriser la coopération entre les élèves ou encore de rendre l’environnement de travail plus accueillant. • Une étude portant sur le climat scolaire démontre aussi toute l’importance de la qualité des relations sociales sur le bien-être à l’école. D’un côté, les élèves qui déclarent se sentir le mieux sont aussi ceux qui disent avoir beaucoup de copains. De l’autre, le sentiment de bien-être à l’école est très significativement corrélé au fait de ne pas avoir été victime ou témoin de violences entre élèves. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Pour améliorer le vécu des élèves au collège mais plus largement celui de toute la communauté éducative, des réponses ont été proposées à l’instar du programme KIVa, programme finlandais de lutte contre les violences scolaires. Le programme, destiné aux élèves, à leurs parents et à l’ensemble des personnels scolaires, veut inciter les observateurs des violences scolaires à ne plus être passifs. Dans cette perspective, dix séances annuelles de sensibilisation sont assurées par les enseignants, avec des débats, des projections de vidéos et des jeux de rôle. Les élèves ont également accès à un jeu vidéo et à un site offrant des informations complémentaires et un forum. Les parents disposent pour leur part d’un guide de bonnes pratiques et des séances de formation ainsi qu’un accès à un e-learning sont proposés aux enseignants. Dans chaque établissement, trois personnes sont chargées de repérer les actes de violence entre élèves. Et si un tel acte se produit malgré tout, se met en place un dispositif de confrontations entre l’agresseur et la victime, mais qui inclut aussi l’ensemble de leurs camarades afin de les faire réfléchir sur leur manque de réaction. L’évaluation du programme sur plus de 30 000 élèves a montré une diminution significative des cas de violence, une augmentation des élèves intervenant lorsqu’ils sont témoins de harcèlement, une élévation du niveau de bien-être des élèves. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE • L’académie de Paris expérimente actuellement un programme de recherche en innovation sur le climat à l’école (PRICE), inspiré de KIVa. • Plusieurs analyses ont permis d’identifier les principaux facteurs conditionnant la réussite des programmes de prévention. Il apparaît que les actions les plus efficaces : • visent à développer les compétences sociales des jeunes (en particulier l’empathie sur laquelle nous reviendrons) par des programmes d’entraînement à la résolution des problèmes sociaux. Le développement des compétences sociales des adolescents, en particulier l’empathie, apaise l’ensemble des relations au sein de l’établissement scolaire et contribue à l’amélioration du climat scolaire ; • s’inscrivent dans la durée (les résultats ne sont souvent observables qu’après un à cinq ans) • impliquent l’ensemble des personnels de l’établissement. Ceci rejoint une des conclusions du Centre d’analyse stratégique pour augmenter le bien-être des élèves au collège (Note de synthèse, Janvier 2013) : Mettre en œuvre des programmes de prévention contre le harcèlement et le cyberharcèlement en se fondant sur les expériences finlandaise et allemande (combinaison de jeux de rôle et d’ateliers de discussion, inscription des projets dans la durée, implication de l’ensemble de la communauté éducative, etc.). MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Ce centre d’analyse stratégique propose aussi de : Généraliser les formations à l’ensemble des personnels scolaires sur la gestion des conflits. Développer les pratiques évaluatives encourageantes (contrôle type distribué en amont, possibilité de repasser l’examen, etc.) afin que les notations reflètent mieux les efforts accomplis et soient moins anxiogènes. Systématiser la réalisation de travaux collectifs tout au long du cursus scolaire pour renforcer la coopération entre les élèves. Pour aider la communauté éducative et plus particulièrement les équipes d’enseignants des guides ont été élaborés puis édités par Eduscol, l’un en 2013 à destination du premier degré et l’autre en 2014 pour le second degré. Nous nous arrêterons sur celui qui est intitulé : « Agir sur le climat scolaire au collège et au lycée ». L’objectif visé par ce guide est d’améliorer le climat scolaire afin de renouveler l’approche de la prévention des violences dans l’établissement. Il pose le cadre d’une réflexion sur un établissement de qualité et permet de revisiter l’ensemble de la vie au sein de l’établissement sous l’angle du bien-être et de la bienveillance pour les élèves et tous les acteurs, enseignants, parents et professionnels. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE • Pourquoi ce guide ? ► Pour faciliter la réflexion, diffuser les résultats de la recherche, en mettant à la disposition des acteurs une démarche complète, globale, systémique permettant l’anticipation et l’accompagnement de l’évolution du climat scolaire des établissements. • Quels sont les principes de ce guide ? ► Comprendre : partager une culture commune sur le climat scolaire ► Diagnostiquer : un ensemble d’outils de questionnement pour aider les équipes (enseignants du secondaire, conseillers principaux d’éducation, chef d’établissement, personnels d’éducation, personnels sociaux et de santé…) ► Agir : des propositions élaborées avec le concours de plusieurs académies dont celle de Versailles. • Que contient ce guide ? ► Des définitions, des résultats de recherches ► Des pistes de réflexion et d’actions ainsi que des exemples concrets. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Pourquoi agir sur le climat scolaire ? Pour améliorer la réussite scolaire • Un bon climat scolaire améliore l’implication des élèves dans les apprentissages et développe l’estime de soi. Pour réduire les inégalités • Un bon climat scolaire augmente les résultats scolaires, indépendamment des facteurs socio-économiques initiaux (Astor, Benbenishty, Estrada, 2009). Pour faire baisser la victimation Le lien indiscutable entre « climat scolaire », qualité des apprentissages, réussite scolaire et victimation dans l’établissement est largement établi par la recherche. Pour améliorer le moral des élèves et des enseignants : Un climat scolaire serein permet de réduire le stress, d’éviter l’isolement. Pour que l’établissement soit un lieu motivant et structurant pour tous. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE En d’autres termes, les résultats d’un climat scolaire positif sont : - l’amélioration des résultats scolaires, - l’amélioration du bien-être des élèves et des adultes, - la diminution notable du harcèlement, - la diminution des problèmes de discipline, - la diminution des inégalités scolaires, - une plus grande stabilité des équipes, - une baisse de l’absentéisme et du décrochage scolaire. Ce guide aide, dans un premier temps, à repérer les facteurs à risques et les facteurs protecteurs à propos du climat scolaire et porte sur différents points qui seront énoncés tour à tour. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Ces points déclinés ci-dessous contribuent soit à la dégradation, soit à l’amélioration du climat scolaire. Facteurs à risques Facteurs protecteurs Un cadre protecteur, un cadre à respecter : des règles claires Chacun instaure et/ou redéfinit ses règles. Instauration de normes ou d'attentes communes vis-à-vis des comportements Des débats sur des dilemmes moraux permettent une appropriation collective Absence de règlement clair ou règlement composé d’une longue liste d’interdictions Règles explicites et explicitées à partir du règlement intérieur définissant quelques repères en termes d’interdits, d’obligations et de droits qui doivent permettre la protection et l’affirmation des élèves. Si les interdits doivent être clairs, les obligations ne doivent pas en revanche être trop pointues afin de permettre un travail de reprise et d’ouvrir le champ de la parole et des valeurs. Le règlement intérieur est défini pour 4 ans. Le règlement intérieur fait l’objet d’évaluations régulières. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Facteurs à risques Facteurs protecteurs Séquence brève (1/2 heure) visant à susciter l’établissement rapide de quelques règles de conduite dirigées par l’adulte Participation des élèves à la production de règles dans le cadre de situations d’apprentissage très structurées Sanctions appliquées de manière arbitraire ou différente en fonction de l’adulte présent Recours aux punitions collectives Règles appliquées de manière équitable et respect des principes du droit démocratique (contradictoire, décision différée, individualisation, proportionnalité, droit de recours…) Laxisme et laisser faire – banalisation des passages à l’acte – pratique d’évitement Autorité et responsabilité assumées – transgressions des interdits ou des règles traitées Renforcement des comportements pro-sociaux, activation des conseils de vie collégienne Qualité des espaces (locaux, mobiliers, affaires personnelles des élèves et des enseignants) et des temps L’organisation du temps de l’établissement répond uniquement à des contraintes autres que celles liées au rythme des élèves. Les emplois du temps sont pensés en fonction du rythme des élèves et des logiques d’apprentissage Pas d’organisation spécifique dans les lieux propices aux comportements perturbateurs Présence d’adultes dans tous les lieux – surveillance des lieux en particulier lors des temps « libres », sans activités encadrées MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Facteurs à risques Facteurs protecteurs Locaux bruyants, inconfortables, non différenciés Existence d’un cadre architectural qui offre des possibilités de lieu d’apaisement, de rassemblement, de lieu pour recevoir et qui prête attention au confort, à la décoration, à la signalétique Locaux dégradés et sales Locaux dégradés et sales Qualité et propreté des locaux (sanitaires y compris),accessibilité Dégradations réparées rapidement Locaux inadaptés à l’âge ou à l’handicap des élèves Endroit désigné pour l’élève qu’il peut investir : possibilité de pouvoir ranger des objets personnels, afficher des photos dans un espace qui lui est propre notamment en internat. Locaux adaptés pour des espaces de travail enseignants. Non respect de l’intimité de l’élève, en particulier au niveau des toilettes Equilibre entre respect de l’intimité des élèves et le suivi des actes quotidiens des faits et gestes de l’élève Non respect des affaires personnelles des élèves et des professeurs Respect et sécurité des affaires personnelles des élèves et des professeurs Qualité de l’alimentation (marque d’attention aux élèves, aux personnels et facteur de convivialité). Animation de la pause méridienne (activités, clubs) MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Facteurs à risques Facteurs protecteurs Dynamique et stratégies d’équipe Instabilité de l’équipe La permanence et la continuité des intervenants favorisent un sentiment de sécurité auprès des élèves Position isolée de l’enseignant Le professeur principal constitue le référent reconnu et identifié par tous. Cohésion des équipes éducatives Direction perçue comme défaillante ou déficiente Direction impliquée dans le travail éducatif Mauvaise ambiance entres les adultes Existence de procédures de régulation des conflits et des tensions inhérentes à toute équipe Absence de retours après une situation difficile Espaces d’analyse et d’élaboration des pratiques Absence de communication des informations au sein de l’équipe et de l’établissement Bonne communication des informations (panneaux d’affichage du conseil pédagogique, écrans d’accueil…). Organisation de la circulation de l’information avec des temps dédiés suffisants, associant les membres de l’équipe éducative MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Facteurs à risques Facteurs protecteurs Fonctionnement incertain dans lequel le niveau de clarification et de formalisation écrite est assez faible : Les projets n'ont qu'une valeur administrative Pas de clarification et de formalisation écrite des éléments qui structurent le fonctionnement Fonctionnement fondé sur "le bon sens" à priori partagé par tous Carence au niveau de la définition des fonctions des différents intervenants et des modalités de prise de décision. Dimension effective des projets (construction, impact, suivi) Niveau de clarification et de formalisation écrite du projet et du fonctionnement Procédures de décisions et délégations explicites. Existence de réflexion, voire d'actions mais pas d'évaluation de leur efficacité éventuelle (l’incertitude sur l'efficacité entrave la remédiation et donc la progression) Evaluation des projets et des actions Existence de remédiation en fonction de l’évaluation des actions Prévention des violences et du harcèlement Existence d'un avis sur les phénomènes de violence mais pas de mesure Mesure des phénomènes de violences Mise en place d’un plan de prévention pro-actif (anticipation pour prévenir) avec les conseils de vie MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Facteurs à risques Facteurs protecteurs Non prise en compte des émotions dans les situations de crise Prise en compte des émotions des élèves lors des passages à l’acte Soutien de l’institution et de l’équipe auprès des professionnels confrontés à une situation de crise Absence d’analyse et d’élaboration après les situations de crise Après le travail de réassurance des professionnels confrontés à une situation de violence, travail d’analyse de ce qui c’est passé et de ce qui a provoqué l’acte Compétences sociales et civiques uniquement prises en compte par la vie scolaire Prise en compte des compétences sociales et civiques par l’ensemble de l’équipe éducative Ouverture au contexte de l’établissement (ouverture de l’établissement au contexte) Pas d’ouverture à l’environnement Relations avec les associations et des institutions : rôle de proximité de la police (contacts, réunions) Ouvertures sur les associations d'habitants du quartier Absence d’implication des parents et des autres acteurs Implication des parents et des autres acteurs concernés par l’élaboration du projet éducatif dans le cadre du projet du projet d’établissement MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Facteurs à risques Facteurs protecteurs Co éducation avec les familles Regard et discours négatifs sur les familles Les familles sont considérées comme co-éducatrices Absence d’informations données aux familles sur le contenu de l’intervention socioéducative Développement des liens avec les familles Existence de dispositifs facilitant leur expression, mise en place d’un espace parent Intervention systématique de la famille Dispositif défini pour accueillir et faire une place aux parents, aux proches, à la fratrie (existence d’espacetemps de rencontre et de médiation) Offre de loisirs concurrentes et dévalorisant les possibilités des familles Participation des parents à des instances institutionnelles MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Après avoir repéré les facteurs à risques et les facteurs protecteurs dans l’établissement, un questionnaire guide est proposé pour faire le point, au sein de son établissement, en passant en revue les éléments qui contribuent à un climat scolaire positif : Que faisons nous dans notre établissement à ce sujet et : Que pouvons-nous faire d’autre ? Ce questionnaire guide porte sur : Le règlement intérieur, L’implication des parents L’implication des élèves La dynamique d’équipe Le plan de prévention des violences et du harcèlement Les pratiques pédagogiques propices à un bon climat scolaire MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Questions concernant les éléments contribuant à un climat scolaire positif Le règlement intérieur, un cadre à respecter, un cadre protecteur - Avons-nous travaillé ensemble sur le sens et le mode d’application des règles au sein de l’établissement ? - Avons-nous travaillé ensemble sur le sens et le mode d’application des règles au sein des classes ? - L’ensemble de l’équipe tient-elle un cahier d’incidents dans l’établissement Effectuons-nous un retour d’expériences en équipe sur ces incidents ? - Avons-nous travaillé à l’harmonisation des réponses apportées au non respect des règles ? - Les parents sont-ils informés des règles attendues dans l’établissement ? - Les parents sont-ils informés des punitions données par l’établissement ? - Les punitions sont-elles éducatives et adaptées à chaque situation ? - L’ensemble de l’équipe pédagogique est-elle réceptive aux sollicitations des parents pour les prises de rendez-vous ? -Est-on assez vigilant à l’image que l’on renvoie à/de l’élève sanctionné ? L’implication des parents - Que faisons-nous pour que les parents se sentent bienvenus dans notre établissement ? Que faisonsnous? Que pouvonsnous faire d’autre ? MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Questions concernant les éléments contribuant à un climat scolaire positif -Comment encourageons-nous les parents à partager leurs idées concernant l’aide à la réussite, au bien-être des élèves ? -Quelle organisation de la réponse aux propositions des parents ? -Comment nous assurons-nous que la diversité de notre public est également représentée dans les instances de l’établissement ? - Quelles stratégies sont mises en place pour identifier et surmonter les discriminations qui limitent l’implication des élèves et des parents ? - Quelles procédures sont en place afin que les parents communiquent avec les enseignants ou tout autre membre du personnel si leur enfant rencontre des problèmes? - Comment aidons-nous tout nouvel élève ou parent à devenir membre de la communauté scolaire? L’implication des élèves - Comment aidons-nous les élèves à contribuer à la vie en société, à aider les autres? - Comment incluons-nous les élèves dans des discussions sur leurs apprentissages et leurs conditions d’apprentissages ? - Quelles sont les occasions qui permettent aux élèves un engagement en tant qu’acteurs au cours de l’année ? (de sorties, d’événements, conseils Que faisonsnous ? Que pouvonsnous faire d’autre ? MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Questions concernant les éléments contribuant à un climat scolaire positif La dynamique d’équipe - Que faisons-nous pour que les élèves, les parents, les équipes éducatives, et les autres membres de la communauté éducative se sentent bien, bienvenus et respectés ? - Comment promouvons-nous la valorisation des différences et une culture du respect pour tous ? - Comment promouvons-nous le développement de relations constructives au sein de l’équipe ? -Comment créons-nous un environnement dans lequel les élèves se sentent encouragés à demander de l’aide ? Le plan de prévention des violences et du harcèlement - Avons-nous un protocole clair de détection et de prise en charge du harcèlement ? - Avons-nous un protocole explicite d’intervention en cas de violence ? - Existe-t-il un protocole de gestion de crise dans l’établissement ? - Qui sont nos partenaires identifiés en cas d’incident ? - Quel retour d’expérience faisons-nous après un incident ? Que faisonsnous à ce sujet ? Que pouvonsnous faire d’autre ? MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Questions concernant les éléments contribuant à un climat scolaire positif Les pratiques pédagogiques propices à un bon climat scolaire - Avons-nous collectivement défini nos attentes par rapport aux apprentissages de tous les élèves dans notre établissement? - Comment aidons-nous chaque élève à réussir ? - Comment créons-nous des conditions propices à la résolution des problèmes d’apprentissage ? - Comment nous assurons-nous de la compréhension des élèves ? - Comment assurons-nous l’articulation entre apprentissages scolaires et savoirs d’expérience ? - Comment intégrons-nous l’expérience et l’identité des élèves dans les contenus et les supports d’apprentissages utilisés? - Proposons-nous aux élèves et aux adultes de l’établissement des situations qui leur permettent d’apprendre des différentes cultures? - De quelle façon l’équipe éducative et les élèves identifient-ils et éliminentils les préjugés liés aux discriminations? - Comment pouvons-nous pérenniser l’intégration d’une approche positive et encourageante dans l’enseignement et l’évaluation ? - L’équipe éducative promeut-elle le sens d’appartenance et de lien à l’établissement chez les élèves et les parents ? Que faisonsnous ? Que pouvonsnous faire d’autre ? MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE 7 facteurs sont considérés comme déterminants pour favoriser un climat scolaire positif : • 1) Dynamique et stratégies d’équipe pour briser la solitude dans la classe • 2) Des règles explicitées, un cadre protecteur pour tous • 3) Des stratégies pédagogiques en faveur de l’engagement et de la motivation des élèves • 4) Prévenir les violences et le harcèlement • 5) Co éducation avec les parents • 6) Partenariat local • 7) Qualité de vie : le temps et l’espace Je reprendrai les points 2 et 7 pour illustrer les actions qui peuvent être envisagées en s’inscrivant dans une perspective sytémique : dans l’établissement, dans la classe et avec l’élève MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Eléments favorisants Dans l’établissement Activités/ Pratiques Dans la classe Activités/ Pratiques Avec l’élève Activités/ Pratiques Des règles explicitées, un cadre protecteur pour tous Le projet d’établissement : faire une place au règlement de l’établissement et aux conditions favorisant un bon climat scolaire. Les réunions de rentrée présentent le cadre scolaire aux parents Une régulation régulière en équipe sur toute l’année scolaire : Le chef d’établissement impulse la réflexion collective et donne une ligne précise à atteindre Se mettre d’accord en début d’année est nécessaire et indispensable mais non suffisant, Prévoir des temps de régulation, afin de réinterroger ce cadre, est un facteur de cohésion Les décisions prises en collectif et actées ne peuvent être remises en cause même si un membre de la communauté éducative ne s’y retrouve pas Des temps institutionnalisés (heures de vie de classe, « Quoi de neuf ? »...) Des démarches coopératives (délégués élèves, conseil de vie collégienne, projets de classe…) Les programmes et les compétences (liens à faire par exemple en histoire géographie, éducation civique avec ce qui se passe en classe Des pratiques quotidiennes («régulation entre élèves par l’usage de messages clairs (apprendre à formuler un message qui exprime ce qu’un comportement donné exprime pour soi) afin que les conflits ne s’installent pas La participation à certaines instances de l’établissement : délégués de classe, coopérative élèves, conseil de vie collégienne Les rituels : Ceux qui, comme « toujours entrer en classe dans le calme », distinguent le temps et l’espace de la classe (consacrés aux apprentissages, féconds, adaptés…) des autres temps et des autres espaces : l’élève est protégé en tant qu’il est élève et qu’il doit travailler. Eléments favorisants Dans l’établissement Activités/ Pratiques Dans la classe Activités/ Pratiques Avec l’élève Activités/ Pratiques Stratégies pédagogiques en faveur de l’engagement et de la motivation des élèves Règlement Intérieur mettant en exergue ces principes Relations fréquentes avec les parents d’élèves et leurs associations « échelle » des punitions commune à tout l’établissement (punitions justes et comprises de tous). Médiateurs Conseil des délégués élus des classes Projets communs à l’établissement (journal, site Emplois du temps et calendriers explicites et explicités Objectifs de séances et des attentes explicites dans le cadre d’une pédagogie structurée Reconnaissance commune de la place centrale du rôle de l’erreur dans les apprentissages. Instances de parole Autoévaluations, coévaluations et évaluations formatives. Entretiens individuels avec l’élève et sa famille MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Internet, fêtes, évènements particuliers, chorale, voyages, environnement, sorties, rencontres sportives ou culturelles) Projets citoyens en direction des élèves mais aussi de la population (heures de vie de classe) Autoévaluations, évaluations formatives Modalités d’évaluations claires, objectives et explicites. (remise des bulletins, conseils oraux, écrits…) Valorisation « a priori » des réussites. Contrats et plans de travail individualisés Prise en compte des compétences culturelles, psychosociales et extrascolaires de chaque élève. PPRE contractualisés Aide personnalisée explicite, et ciblée selon la nature des difficultés rencontrées. Eléments favorisants Dans l’établissement Activités/ Pratiques Dans la classe Activités/ Pratiques Avec l’élève Activités/ Pratiques Stratégies pédagogiques en faveur de l’engagement et de la motivation des élèves Prise en compte et suivi de tous les faits de violence physique ou verbale, même les plus anodins en apparence. Pratique de la coopération, du tutorat et de l’aide entre élèves Pratique du débat réglé, apprentissage de la « fonction persuasive », de l’argumentation et de la prise de parole. Différentiation pédagogique et accompagnement pour les difficultés rencontrées dans les apprentissages Situations d’apprentissages et projets fédérateurs et engageants qui donnent du sens aux apprentissages et favorisent le réinvestissement de notions dans toutes les disciplines Heures de vie de classe : élaboration des projets, des règles de vie, régulation des conflits. Coopérative de classe. Groupes de travail hétérogènes Résolution en commun de problèmes complexes Projets de groupes Recherches, projets, exposés individuels ou avec une tâche précise au sein du groupe. Utilisation de jeux coopératifs Valorisation de la parole des faibles parleurs Responsabilisation des élèves (les MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE « métiers » de la classe, membre du bureau de la coopérative, délégué de classe…) MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Développer un sentiment de sécurité Développer un sentiment de justice/ d’autorité Développer un sentiment de reconnaissance/respect Pour l’enseignant Je partage mes pratiques avec mes collègues, Je m’inscris en cohérence avec l’équipe pédagogique dans mes exigences Pour l’enseignant Je suis bienveillant vis-à-vis des élèves, Je pratique l’individualisation, la proportionnalité, le contradictoire avant pose de punition Pour l’enseignant Je communique avec l’ensemble des collègues Je prends en compte la parole et les points de vue de tous Pour l’élève J’ai un regard positif sur mes élèves en devenir J’annonce les objectifs des séances, J’explicite les critères d’évaluation, Je réserve du temps pour donner le travail à la maison, Je veille à distinguer vie privée et vie professionnelle Je tiens compte des besoins et demandes des élèves dans les exigences didactiques Pour l’élève Je ne réagis pas à chaud en cas d’incident Je ne veux pas avoir le dernier mot à tout prix J’explique les décisions que je prends sur des critères définis collectivement entre adultes et élèves J’applique et je fais appliquer le règlement intérieur Pour l’élève Je suis attentif au retour d’un élève absent, je l’aide à organiser le rattrapage des cours, Je prends le temps d’un entretien individuel avec un élève en cas de signes particuliers renvoyés par l’élève MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Développer un sentiment d’appartenance Pour l’enseignant Je participe à la construction du projet d’établissement et y réfère mes actes Pour l’élève Je mets en place des situations d’apprentissage collaboratif, Je prépare le retour en classe d’un élève exclu avec le CPE, Je fais en sorte que les projets de classe soient des projets réels qui servent toute la communauté éducative Développer l’estime de soi Pour l’enseignant Je ne garde pas pour moi les impressions de difficultés ou d’échec, je fais une analyse avec d’autres Pour l’élève Je ne classe pas les élèves, Je ne les compare pas les uns aux autres, Je cherche à évaluer ce que l’élève sait faire, J’accueille les propos de l’élève, et je les prends en compte J’exprime et je valorise les progrès constatés MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Nous pouvons aller plus loin sur l’axe : Adopter des stratégies pédagogiques en faveur de l’engagement et de la motivation des élèves. • Principes et facteurs favorisants - Un bon climat scolaire et le bien être à l’école, du point de vue des élèves, reposent sur un certain nombre de principes éducatifs et pédagogiques. - Les adultes peuvent donc favoriser l’engagement et le moral des élèves notamment par une démarche pro active concernant les aspects suivants : Etablir un cadre de vie à l’école propre à établir et renforcer chez chacun un sentiment de justice et d’équité (Alain Krotenberg et Eric Lambert : Scolarité et troubles du comportement, Des solutions pour enseigner en collège, SEGPA, ITEP, ULIS, champ social 2012) … pour que ce cadre soit garant d’une école dans laquelle chacun puisse s’épanouir. Avoir des attentes élevées pour tous les élèves et adhérer au principe d’éducabilité pour tous …pour que chacun se sente respecté et valorisé et soit dans une dynamique de progrès. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Développer une pédagogie de la réussite et impulser une dynamique participative des élèves …pour développer la tolérance et l’entraide et favoriser l’implication de chacun dans les apprentissages. Etre explicite dans ses objectifs et ses attentes… …pour éviter les non dits et les interprétations. Développer des démarches de coopération entre pairs, centrées sur le collectif… …pour favoriser le respect mutuel et le sentiment d’appartenance à un groupe. Reconnaître l’individualité et les compétences, mêmes extrascolaires, de chacun des élèves … pour permettre à chacun d’avoir une meilleure estime de lui-même et favoriser respect, tolérance et reconnaissance de l’autre dans ses savoirs grâce à l’empathie. • Mais qu’est-ce que l’empathie ? C’est être capable de se décentrer de son seul point de vue pour établir une représentation empathique nécessaire à un jugement moral tourné vers les autres. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE L’empathie s’inscrit dans le domaine de la Cognition Sociale Selon K. Merceron et al. (2011), la cognition sociale peut être définie comme « l’ensemble des processus cognitifs impliqués dans les interactions sociales. Précisément, il s’agit de la capacité à construire des représentations sur les relations entre soi-même et les autres et à utiliser ces représentations de manière flexible pour ajuster et guider son propre comportement social. Le concept de cognition sociale peut donc être vu comme une interface où interagissent diverses dimensions, entre autres, le traitement de l’information émotionnelle impliquée dans les conduites sociales (contrôle, élaboration et modulation des émotions), les comportements adaptatifs ainsi que l’empathie ». Nous allons maintenant écouter la conférence de Serge Tisseron pour avoir un éclairage plus complet de ce concept (18min). MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE La régulation et la gestion des conflits avec la médiation par les pairs vise, comme le jeu des trois figures, le développement de l’empathie. • Qu’est-ce que la médiation par les pairs ? La médiation est un processus coopératif qui facilite la résolution non violente d'un conflit ou aide à le prévenir par l’intermédiaire d’un tiers appelé médiateur. Le médiateur aide les parties (appelées médiants) à communiquer, à développer une relation empathique par le dialogue afin de rechercher une issue constructive au conflit. La médiation « par les pairs » en milieu scolaire signifie que les médiateurs sont des jeunes du même âge ou à peine plus âgés, formés à la médiation, mais avec le même statut d’élèves. Les élèvesmédiateurs vont proposer leur aide lors de désaccords, disputes ou de bagarres, ou à des victimes de violence. En surmontant les désaccords, on s’efforce alors d'établir de nouvelles relations, de nouvelles solidarités, en un mot de « reconstruire le lien social » (Bonafé-Schmitt). Apport théoriques (DVD Mission médiation) : - Bernard Gaillard - Puis Edith Tartar Goddet autour d’un excellent ouvrage pratico-pratique : Développer les compétences sociales des adolescents par les ateliers de parole, Retz, 2007 pour apprendre à se connaître, accepter l’autre, connaître ses capacités, ses ressources et ses limites, apprendre les compétences nécessaires pour vivre avec et parmi les autres, se responsabiliser et mettre en pratique les lois et les règles de la vie en société. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE • Pourquoi s’appuyer sur la médiation ? Il s’agit d’une éducation à la citoyenneté qui vise à donner aux élèves des outils pour que les conflits ne soient pas traités par l'affrontement, voire la violence, mais puissent être mis en mots par les élèves eux-mêmes. Pour ce faire, il s’agit d’apprendre à l’élève à exprimer, verbaliser ses émotions, ses besoins et ses valeurs, et ainsi s’approprier le socle des connaissances et compétences langagières et sociales. Promouvoir une culture de la médiation, c’est donner des outils pour résoudre les conflits par la parole et le dialogue qui permettent le développement de l’empathie. Cette médiation favorise aussi le développement de l’autodiscipline qui permet d’agir par responsabilité et non par simple obéissance (Catherine Lanaris, les troubles du comportement à l’école, 2006). Cela contribue aussi à améliorer le climat scolaire et à prévenir le harcèlement. • Comment s’y prendre dans l’établissement ? Mise en place de la médiation par les pairs La mise en place d'une formation à la médiation par les pairs suppose au préalable de définir l’action en cohérence avec le projet d’établissement et le règlement intérieur, de définir la formation nécessaire pour les personnels impliqués dans l'établissement, d'assurer le suivi et l'évaluation des actions entreprises par des praticiens de la médiation. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Avec les élèves : Un protocole en cinq phases pour la médiation entre pairs dans les établissements avec ensuite une illustration vidéo (mise en situation au lycée) • Phases de la médiation Phase 1 : Accueil et exposé du cadre - Présentation des médiateurs élèves et des médiants élèves - Exposé des règles des médiateurs - Exposé des règles des médiants - Accord explicite sur ces règles pour les médiants Phase 2 : Exposé des faits et reformulation Récit des faits avec des questions ouvertes (qui, quoi, où, quand, comment ?) - Chaque médiant expose sa version de la situation conflictuelle - Les médiateurs reformulent pour vérifier la compréhension de la situation MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Phase 3 : Exploration du conflit Reformulation : - des faits - des émotions - des valeurs à l’œuvre dans le conflit L’excuse, levier de la reconnaissance de l’autre, ni suggérée ni imposée par les médiateurs Phase 4 : Recherche de solutions - chaque médiant propose sa solution au conflit - les médiateurs ne doivent suggérer aucune solution - les deux parties s’entendent sur la résolution du conflit Phase 5 : Accord gagnant-gagnant - engagement de chaque partie, verbal ou écrit avec signature - expression des émotions à la fin de la médiation MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Dans l’approche sur le climat scolaire présentée précédemment, le terme motivation revient à plusieurs reprises. Il est alors dit que le développement des compétences et des apprentissages est tributaire de la persévérance de l’élève et de sa motivation. Mais qu’est-ce que la motivation ? Je vous en propose une première définition qui s’inspire des travaux des chercheurs qui ont une approche sociocognitive comme Schunk (1990), Zimmerman (1999), Pintrich et Schrauben (2012) : • La motivation scolaire est un état dynamique qui a ses origines dans les perceptions qu’un élève a de lui-même et de son environnement et qui l’incite à choisir une activité, à s’y engager et à persévérer afin d’atteindre un but. La motivation est donc un phénomène : a) dynamique, c’est-à-dire qu’il change constamment b) dans lequel interagissent les perceptions de l’élève, ses comportements et son environnement, d’où le rôle du climat scolaire et du sentiment d’appartenance c) qui vise l’atteinte d’un but. Ainsi définie la motivation se trouve non seulement dans l’objet d’apprentissage mais aussi dans les conditions au sein desquelles se déroule cet apprentissage et dans les représentations de l’élève sur l’activité pédagogique proposée. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Ce sont donc les conditions d’apprentissage créées et la façon dont les élèves les interpréteront qui influencera leur motivation. Cette motivation dépendra toujours d’une activité en particulier, c’est-à-dire qu’elle s’inscrira toujours dans une perspective contextuelle (classe, établissement) Une autre définition intéressante est celle de V. H. Vroom pour qui la motivation prend sa source dans trois types de représentations chez le sujet : • 1) Value : quelle valeur, quelle importance j’attribue à la situation ? • 2) Instrumentality : est-ce que les moyens dont je dispose ou le comportement que j’adopte va me permettre d’atteindre le but visé ? • 3) Expectancy : quelle espérance de réussite ai-je ? Dans ce modèle (VIE), appelé parfois théorie du résultat escompté, la value peut avoir un rôle plus important que les autres termes, en ce sens qu’une value très forte peut supporter un niveau d’expectation et une instrumentalité moyens. Cette théorie a servi pour expliquer l'engagement des élèves face aux apprentissages et s'appuie sur trois postulats. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE - Le degré de motivation d'un apprenant à s'engager dans une tâche d'apprentissage dépend avant tout d'un certain nombre de représentations mentales qu’il s'est construit dans la rencontre de situations d'apprentissages : représentations de lui-même, de la tâche et du contexte. On les appellera « représentations motivationnelles ». - Ensuite, ces « représentations motivationnelles » sont considérées comme situées, c'est-àdire contingentes aux situations d'apprentissages auxquelles le sujet est confronté, et non pas dispositionnelles, comme des traits stables de personnalité. Enfin, la construction de ces « représentations motivationnelles » résulte de l'interaction entre des facteurs internes, propres à l'individu, et des facteurs externes, propres à la situation et au contexte. Parmi les facteurs internes les plus étudiés, on peut noter la trajectoire scolaire, le milieu socioculturel et familial, certains traits de personnalité, les buts et les projets personnels, ou encore les conceptions de l'apprentissage. Parmi les facteurs externes pris en considération, on compte notamment : le degré de difficulté de la tâche, son degré de contrôlabilité (choix de stratégies, possibilité de se fixer des objectifs, planification du travail et de son rythme de progression) ou sa signification et son intérêt ; le climat de la classe, selon qu'il soit orienté vers la compétition ou la coopération ; les pratiques d'évaluation, selon qu'elles soient orientées vers la maîtrise des apprentissages ou la comparaison sociale ou encore les feed-back fournis aux apprenants, selon qu'ils soient de nature contrôlante (sanctionnante) ou informative. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Bon nombre de recherches aujourd'hui visent à identifier les facteurs internes, les facteurs externes et les représentations motivationnelles qui influencent, positivement ou négativement, la motivation ou, plus précisément, l'engagement du sujet dans la tâche. Concrètement, ces recherches étudient les effets de ces variables sur un certain nombre d'indicateurs d'engagement, dont on a pu montrer qu'ils influencent positivement la performance d'apprentissage. On distingue trois types d'indicateurs d'engagement dans la tâche : - les indicateurs cognitifs (qualité du traitement exécutif : mobilisation de l’attention, de la mémoire, traitement en profondeur de l'information, qualité de la représentation mentale et des stratégies d'autocontrôle, élaboration de liens entre les informations nouvelles et les connaissances anciennes, c’est à dire tout ce qui peut attester d'une véritable «activité» cognitive du sujet), - les indicateurs comportementaux (participation active de l'apprenant dans le groupe, effort consenti à surmonter un obstacle), - et les indicateurs émotionnels (les émotions associées à l'engagement, joie, fierté, enthousiasme… ou, au contraire, au désengagement, ennui, honte, découragement…). Dans cette perspective on a tendance à parler de «dynamique motivationnelle» plutôt que de motivation. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Le terme de « dynamique motivationnelle » comprend deux éléments importants : - D'une part, il ne s'agit pas d'une variable unique, mais d'une configuration de multiples variables en interaction étroite : des indicateurs d'engagement, des représentations motivationnelles, des facteurs internes et externes. Ainsi, la modification d'une ou plusieurs de ces variables peut entraîner une modification de l'ensemble de la configuration motivationnelle. - D'autre part, il s'agit d'une configuration qui peut constamment évoluer en cours de scolarité. Rien n'est jamais figé : un apprenant peut entamer une scolarité avec une configuration motivationnelle particulièrement défavorable, et rencontrer au cours des apprentissages des conditions favorables qui influenceront positivement sa configuration motivationnelle d'ensemble (orientation en SEGPA). Un des débats les plus importants dans le domaine de la motivation concerne la distinction entre « motivation intrinsèque » et « motivation extrinsèque ». La plupart des théories proposées postulent que l'engagement du sujet dans une activité peut être motivé par le besoin ou le désir d'atteindre un but particulier, qu'il s'agisse de l'obtention d'une récompense, d'un bénéfice attendu, ou de l'évitement d'une punition. On parlera dans ce cas de motivation extrinsèque, parce qu'elle est fondée sur la recherche d'un bénéfice extérieur à l'activité en elle-même, l’activité étant seulement perçue comme un moyen d'atteindre ce but. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Par ailleurs, certains auteurs reconnaissent que le sujet peut être également motivé par la pratique d'une activité comme une fin en soi, pour le seul plaisir et la satisfaction qu'elle suscite en soi, indépendamment de tout but «extrinsèque». C'est ce qu'on appellera la motivation intrinsèque. Dès le début des années soixante-dix, E.L. Deci et R.M. Ryan ont mené des recherches afin d'étudier les déterminants de ces deux formes de motivation et leurs effets sur l'apprentissage. Il ressort de leurs recherches que les élèves placés dans des conditions qui favorisent la motivation intrinsèque se révèlent plus engagés dans la tâche (selon les indicateurs habituels d'engagement) et obtiennent de meilleurs résultats d'apprentissage que les élèves uniquement motivés par l'obtention de récompenses ou l'évitement d’une punition. En outre, quand on combine les deux types de motivation, on constate que des élèves présentant une forte motivation intrinsèque perdent progressivement cette motivation dès qu'on se met à les récompenser pour leur performance ; et ils finissent ensuite par perdre toute motivation dès qu'on cesse de les récompenser. Selon Deci et Ryan, la motivation extrinsèque suscitée par l'octroi de récompenses s'avère non seulement moins efficace pour l'apprentissage que la motivation intrinsèque, mais, en plus, elle nuit à celle-ci. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Mais d’autres recherches ont ensuite montré que l'impact négatif de l'octroi des récompenses sur la motivation intrinsèque ne se vérifie que dans certaines conditions. Ainsi, un des éléments déterminants est la manière dont l'apprenant interprète la récompense. Lorsqu'elle est perçue comme un moyen de contrôle externe, elle produit l'effet négatif observé sur la motivation intrinsèque. Par contre, elle peut avoir un effet positif si elle est interprétée comme une information positive sur sa compétence. Les travaux de Deci et Ryan ont permis d'identifier trois besoins essentiels qui favorisent la motivation intrinsèque à l’école. - D'abord le besoin d'affiliation, c'est-à-dire le besoin de se sentir appartenir à un groupe, relié à autrui. - Ensuite le besoin de se sentir compétent, sentiment favorisé par la perception que la tâche constitue un réel défi à relever, mais un défi accessible pour le sujet, à la portée de ses compétences (dans sa ZPD). - Enfin le besoin de se sentir autonome, de penser que l'on est l'agent de son propre comportement, que l'on a une capacité de contrôle sur ce que l'on fait, que l'on agit de son plein gré (choix), de façon « autodéterminée », et non sous la pression d'une contrainte, d'une injonction ou d'un contrôle extérieur. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Dans leurs recherches, Deci et Ryan se sont penchés sur les déterminants du « sentiment d'autodétermination », dont ils ont montré les effets positifs sur l'engagement et la performance dans la tâche. Ils ont inventorié une série de caractéristiques de l'environnement qui favorisent ou non ce sentiment d'autodétermination et, plus généralement, la motivation intrinsèque. - Ils ont pointé comme facteurs défavorables, les menaces de punition, les contraintes externes de délais, la surveillance et les pratiques d'évaluation contrôlantes. - Comme facteurs positifs, ils relèvent les possibilités de choix laissées à l'apprenant dans le pilotage de l'activité (contrôlabilité) et l’ensemble des feed-back positifs sur sa propre compétence. La motivation est une résultante de deux besoins, l'un de compétence perçue (nulle à forte) et l'autre d'autodétermination (opposée à la contrainte, au contrôle). Cette théorie peut être schématisée en faisant apparaître les différentes motivations comme une résultante de ces deux « besoins » : - motivation intrinsèque : un haut degré de compétence perçue allié à un sentiment d'autodétermination produit de la motivation intrinsèque, autrement dit de l'intérêt ; - motivation extrinsèque : elle correspond à une grande variété de degrés en fonction des sentiments de compétence et du sentiment de liberté ou au contraire de contrainte - amotivation (= résignation apprise) : l'inverse extrême est la contrainte associée à un sentiment de nullité, qui conduit à l'amotivation ou, en d'autres termes, à la résignation ou au découragement. Ces travaux apportent un éclairage pour mieux comprendre le phénomène, mis en évidence par la recherche, de diminution globale de la motivation intrinsèque pour les études chez les élèves au fur et à mesure qu'ils grandissent elle est toujours plus élevée chez les enfants au niveau du primaire, et diminue progressivement au niveau du secondaire. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE A. Bandura nous apporte une autre notion importante concernant la motivation, il s’agit du sentiment d'efficacité personnelle (self-efficacy), c'est-à-dire la représentation que l'apprenant a de sa propre capacité à réussir une tâche. De nombreuses recherches ont pu montrer que la confiance en ses capacités d'apprentissage avait toute une série de conséquences positives. Ainsi, les apprenants qui ont confiance en leurs capacités choisissent davantage des activités qui présentent pour eux un défi et qui leur donnent l'occasion de développer leurs habiletés (plutôt que de s'engager dans des tâches faciles qu'ils sont assurés de maîtriser). Ils se fixent des objectifs d'apprentissage plus élevés, font un usage plus fréquent de stratégies de traitement en profondeur de l'information et de stratégies d'autorégulation, gèrent mieux leurs efforts et persévèrent davantage face à des difficultés. Ils régulent mieux leur stress et leur anxiété face à la difficulté et aboutissent à de meilleures performances. Le sentiment d'efficacité prédit en partie les résultats scolaires, les choix de filière d'étude et les choix professionnels Néanmoins, il faut préciser que les conséquences positives d'un sentiment d'efficacité personnelle élevé ne se vérifient que si le résultat à atteindre dépend, au moins en partie, du comportement de l'apprenant. Dans un environnement où le résultat est distribué « à la tête du client » ou sur une base discriminatoire, l'individu ne va plus s'appuyer sur la confiance qu’il accorde à ses compétences personnelles. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Il en est de même dans un environnement non stimulant, où l'apprenant est certain d'obtenir un bon résultat en ne faisant quasi rien. La valeur qu'accorde l'apprenant à la tâche est également un élément important. Même avec un sentiment d'efficacité élevé, un apprenant peut décider de ne pas s'investir dans une tâche qu'il estime sans valeur. La relation entre sentiment d'efficacité personnelle et confiance en soi est bien établie chez des apprenants. Les performances d'un apprenant ne dépendent pas seulement de ses compétences « objectives », mais surtout de sa confiance en ses capacités d'apprentissage. Des apprenants ayant des compétences cognitives supérieures à la moyenne peuvent donc avoir des croyances d'efficacité faibles, avec toutes les conséquences négatives qui y sont associées. Inversement, un apprenant ayant de faibles acquis de départ mais qui croit en ses capacités à les utiliser efficacement peut fortement développer ses compétences. Cependant, un cercle vicieux risque facilement de s'installer : un apprenant dont un échec ébranle la confiance en ses compétences devient moins susceptible de produire une performance élevée, ce qui en retour risque d'ébranler encore davantage son sentiment d'efficacité, et ainsi de suite. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Les théoriciens proposent une approche systémique : la motivation s’inscrit dans un ensemble où elle est tout autant « produit » qu’origine. Si, comme évoqué précédemment « la motivation en contexte scolaire se définit comme un état dynamique qui a ses origines dans les perceptions qu’un élève a de lui-même et de son environnement et qui l’incite à choisir une activité, à s’y engager et à persévérer afin d’atteindre un but ». Le modèle de la motivation en contexte scolaire présenté cicontre illustre cette définition tout intégrant la notion de déterminisme réciproque (ce qui peut être la cause d’un phénomène peut devenir par la suite un effet de celui-ci). MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE • • • • • Ce modèle est composé d’une composante contextuelle et de 6 composantes relatives à l’élève qui créent par leur interaction une dynamique motivationnelle. Le contexte se traduit pour l’élève par des activités d’enseignement et d’apprentissage. Ces dernières demandent un engagement cognitif de la part de l’élève dans une tâche scolaire donnée. Ce qui implique que la motivation d’un élève est autant influencée par l’activité cognitive en soi que par la tâche scolaire en question. De plus, le contexte peut être formé d’événements qui ont peu de rapports avec la situation d’apprentissage (conflits entre élèves, tensions entre enseignants…), ceux-ci vont influencer les perceptions qu’un élève a de lui-même et vont agir sur sa motivation. Les six autres composantes se rapportent directement à l’élève. Les déterminants La motivation est influencée par trois types de perception : la perception de la valeur d’une activité, la perception de sa compétence pour l’accomplir et la perception de la contrôlabilité de son déroulement et de ses conséquences. Ces perceptions amènent l’élève à se poser trois questions : Pourquoi ferais-je cette activité ? Est-ce que je suis capable de l’accomplir ? Ai-je un contrôle sur son déroulement et sur ses conséquences ? Les indicateurs Ce sont les composantes qui permettent de mesurer le degré de motivation d’un élève. Le choix d’entreprendre une activité, la persévérance et l’engagement cognitif à l’accomplir sont les principaux indicateurs de la motivation d’un élève. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE La dynamique motivationnelle Elle comporte plusieurs relations : 1) La première lie les déterminants aux indicateurs. La manière dont un apprenant se perçoit face à une situation d’apprentissage proposée influence son choix de s’engager cognitivement (ou non) dans celle-ci et de persévérer jusqu’à ce qu’il ait atteint le niveau de compétence qu’il désire atteindre. 2) La dynamique motivationnelle implique aussi des relations entre les trois types de perception (les déterminants) qui s’influencent mutuellement : la perception de la valeur d’une situation d’apprentissage, la perception de sa compétence à la réussir et la perception du contrôle qu’il est possible d’exercer sur son déroulement. 3) Enfin la dynamique motivationnelle souligne une relation assez évidente entre les indicateurs. Ainsi, si un élève s’engage dans une activité et l’accomplit avec persévérance, c’est parce qu’il choisit de le faire. Et parallèlement Schunk (2001) nous montre que plus un élève s’engage dans une situation d’apprentissage et plus il persévère. Et, plus il s’engage et persévère et plus sa performance sera bonne. Pour conclure, l’ensemble de ces composantes est soumis au déterminisme réciproque. • Nous avons défini les indicateurs de la motivation comme des effets de celle-ci mais, à une étape finale de la dynamique motivationnelle, ils deviennent des causes car ils influencent, par l’intermédiaire de la performance, les perceptions de l’élève. • Ces dernières, influencées par les indicateurs, deviennent, à leur tour, des effets de la motivation. Ces éléments soulignent les interactions fortes entre cognition et motivation mettent en avant le concept de déterminisme réciproque. La motivation Prolongement : le modèle CLASSE Les Canadiens ont proposé un modèle général pouvant servir de cadre pour améliorer la motivation à apprendre des élèves en grande difficulté, c’est le modèle CLASSE. Le nom de ce modèle est un acronyme formé de la première lettre de chacune des six dimensions inter-reliées qui le composent. Nous allons passer en revue successivement ces six dimensions. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE La dimension Conceptions Cette première dimension reflète l'idée que les représentations de l'enseignant et la valeur qu'il accorde au développement des compétences influencent de façon significative la motivation à apprendre de ses élèves. L'enseignant renvoie à ses élèves, directement ou indirectement, des informations sur la valeur qu'il accorde à l'apprentissage, sur ses attentes de succès et sur la façon dont il conçoit les causes des réussites et des échecs. Ces informations atteignent inévitablement les élèves et peuvent les influencer. La dimension Conceptions comporte quatre composantes : - transmettre une conception de la réussite basée sur le dépassement de soi et l'atteinte d'objectifs personnels; - valoriser l'effort et les stratégies d'apprentissage; - attribuer une valeur élevée au développement des compétences; - et reconnaître les compétences et les capacités de chaque élève. La dimension Latitude La dimension Latitude regroupe des pratiques pédagogiques destinées à placer les élèves au centre de leurs apprentissages, en leur donnant l'occasion de prendre des décisions et d'effectuer des choix favorisant une participation propice à la réussite. Cette dimension comprend quatre composantes : - offrir des options sur les contenus ou sur les procédures; - aider les élèves à se fixer des buts et des objectifs; - leur permettre de planifier leur travail et de progresser à leur rythme; - et les encourager à consigner leurs progrès. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE La dimension Ambiance Cette dimension reflète l'importance qu'on accorde à l'installation et au maintien, dans la classe, de conditions propices à l'apprentissage. Elle comprend cinq composantes reliées à la gestion de la classe : - annoncer des attentes claires et des conséquences logiques relativement à la discipline; - Encourager et enseigner les comportements désirés; - capter et retenir l'attention du groupe; - permettre aux élèves de participer aux décisions concernant le fonctionnement du groupe; - prévenir les problèmes et ramener rapidement les élèves au travail. La dimension Situations d'apprentissage Cette dimension regroupe différentes pratiques pédagogiques reliées au choix des situations d'apprentissage ainsi qu'à la manière de les présenter. Elle regroupe cinq composantes : - définir clairement ses attentes par rapport aux tâches; - montrer aux élèves comment faire ce qu'on leur demande de faire (enseignement stratégique); - situer les élèves par rapport aux contenus d'apprentissage et aux compétences en jeu; - expliquer l'utilité et le sens des apprentissages et le rendre lisible aux élèves; - proposer des tâches qui favorisent la centration sur le fonctionnement cognitif et métacognitif MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE La dimension Soutien La dimension Soutien vise à favoriser l'apprentissage des élèves, et à leur offrir un renforcement positif sur les efforts fournis. Elle comprend trois composantes qui peuvent influencer le comportement des élèves : - donner à tous la chance de recevoir des feed-back positifs; - reconnaître les efforts et les réussites de chacun; - valoriser les progrès. La dimension Évaluation Cette dernière dimension souligne que l'esprit dans lequel se déroule l'évaluation des apprentissages a autant d'importance sur la motivation des élèves que les résultats de l'évaluation eux-mêmes. Elle comprend trois composantes : - faire porter l'évaluation sur les progrès individuels; - personnaliser la démarche évaluative (autoévaluation); - offrir aux élèves la possibilité d’améliorer leurs démarches MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Créer un sentiment d’appartenance a) Permettre à l’élève de se percevoir membre d’un groupe en participant à la réalisation d’un projet collectif • Proposer davantage de travaux de groupe (homogènes ou hétérogènes) voir du tutorat. • Développer la pratique de projets de classe. • Faciliter la confrontation pour trouver des réponses, vérifier des hypothèses. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE b) Permettre de prendre et de partager des responsabilités au sein de la classe. Construire des situations fondées sur le respect mutuel et la coopération. L’apprentissage coopératif en groupes restreints : Approche interactive selon laquelle les élèves apprennent les uns des autres ainsi que de l’enseignant. Les élèves, réunis en groupes de 2 à 5 membres, apportent leurs idées et leur réflexion pour apprendre de manière plus efficace, avec la participation équitable de chacun au travail de groupe. Mais tenir compte de six composantes : 1) L’esprit d’équipe : Donner aux élèves la chance de se connaître et d’échanger sur des sujets qui leur tiennent à cœur, prendre le temps de vivre des activités favorisant une meilleure connaissance de soi et des autres, développant la confiance, le respect et un sentiment d’appartenance. Soigner le climat permet une meilleure interaction dans l’équipe et facilite l’apprentissage. 2) L’hétérogénéité des équipes et leur composition : Groupes de 2 à 5 élèves. Essayer de structurer des équipes hétérogènes regroupant des garçons et des filles possédant des habiletés personnelles et sociales ainsi que des compétences différentes. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE 3) L’interdépendance positive et la responsabilisation : Les membres de l’équipe ont besoin les uns des autres pour atteindre un objectif commun. Chacun est responsable d’une partie de la tâche, chaque équipe se voit confier un rôle différent. Dans l’équipe, chacun est responsable de sa tâche et de ses apprentissages, mais aussi, il se doit d’aider les membres de son équipe à apprendre. 4) Les habiletés coopératives : Parler à voix basse, attendre son tour, écouter, encourager, partager ses idées. Ces habiletés doivent être enseignées aux élèves et pratiquées car elles facilitent la communication. 5) L’objectivation : L’enseignant doit amener les équipes à évaluer leur fonctionnement de groupe de façon régulière. 6) La simultanéité des interactions : Tous les élèves doivent s’impliquer activement, pour verbaliser leur pensée, confronter leurs idées, apprendre et aider les autres à apprendre. Les structures coopératives : Elles constituent un cadre permettant de structurer, d’organiser les interactions des élèves et de favoriser l’interdépendance. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE c) Mettre en place des instances de médiation : conseil d’élèves Grille d’analyse possible du fonctionnement d’un conseil d’élèves 1. Posture physique des élèves et de l’enseignant pendant le conseil 2. Quel espace pour le conseil ? 3. La parole : - Qui prend la parole ? La quantité de parole observée - La qualité des interventions, de l’analyse - Les adolescents et l’enseignant se positionnent-ils en " je " ? - Une solution est-elle recherchée ? - Quel est le rapport à la loi ? 4. L’attitude du président : - la gestion du groupe : comment se fait-elle ? (la question du rapport au pouvoir) - gestion de la parole : la sienne et la distribution de la parole aux autres membres - des solutions sont-elles recherchées ? sont-elles analysées ? 5. L’attitude de l’enseignant : - laisse-t-il la parole aux adolescents ? - quelle est sa quantité de parole ? 6. Les sujets abordés et les prises de décision lors du conseil : - quels sont les sujets traités ? MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE d) Créer un attachement sécurisant, manifester des marques d’attention à l’adolescent : l’accueillir, le rassurer, l’écouter… • Un cadre fondé sur la confiance et le respect mutuels. Clarifier ce que chacun attend de l’autre, ce que l’enseignant attend des élèves, ce que les élèves peuvent attendre de l’enseignant. • Délimiter les temps de travail par des rituels d’entrée et de sortie. Ces espaces/temps « transitionnels » permettent l’installation de l’élève dans le groupe classe et dans les apprentissages. • Accueillir les élèves en début de journée. Prévoir des moments libres d’échanges, permettre à l’élève de passer de la famille à l’école. Se sentir ainsi mieux accepté, reconnu, et apprécier le plaisir d’être ensemble. • L’accueil doit être prévu, pensé, organisé au niveau de l’école. Ce moment, où l’enseignant est présent, s’adresse aux élèves mais peut également s’adresser aux parents. Il vise à développer les compétences sociales et le sentiment d’appartenance à l’école. • Instaurer une discipline de classe positive avec des interactions positives, où les conséquences punitives sont réduites au strict minimum. Encourager les élèves, pointer MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE • Organisation matérielle Une salle de classe attrayante, où les travaux des élèves sont valorisés, où les élèves disposent d’un espace libre d’exposition et d’expression, permettant une meilleure appropriation des lieux et créant un cadre rassurant. Prévoir des sas de décompression (coins lecture, détente), une organisation matérielle qui permette l’alternance des travaux individuels, de groupe, des « coins d’autonomie ». e) Donner des repères : temps, lieux, adultes référents • Présenter l’organisation de la journée, fixer les durées des activités, les finalités de chaque travail, l’objectif de chaque leçon, les critères de réalisation, les critères de réussite. Prévoir un retour sur les activités et des transitions entre les différentes séances. f) Rendre les comportements attendus explicites : travailler sur la loi et les sanctions inhérentes à son infraction, sur les règles : élaborer des règlements de classe Pourquoi élaborer un règlement ? Trois dimensions explicatives : * Une dimension informative : il apporte aux familles et aux élèves les précisions sur les aspects pratiques de la vie de l’école (horaires, etc.…). Il est ainsi un outil de meilleure relation avec les parents. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE * Une dimension juridique : c’est une référence pour préciser les modalités d’application des droits et obligations de l’élève à l’école et donc aussi des parents dans leurs relations avec l’école. * Une dimension éducative : il aide à la responsabilisation de l’élève en lui fournissant le cadre de vie de l’école. C’est un contrat entre l’établissement, l’élève et la famille. Dans ce souci éducatif, tout règlement intérieur se concrétisera par l’élaboration de règles de vie avec les élèves pour la classe, pour l’école. Les règlements seront à construire avec les élèves. Lorsque les élèves participent à la formulation des règles, ils sont davantage portés à les respecter et à en comprendre les motifs. Limiter le nombre de règles de conduite en classe (cinq ou moins pour commencer) et formuler celles-ci dans un langage positif (prévoir ce qu’on peut faire, et pas systématiquement ce qu’on doit ou ne doit pas faire, afin que le règlement soit mieux perçu et mieux compris). Réfléchir à la nature des règles : 1. Les règles font référence à des valeurs du projet éducatif (les règles de classe sont en cohérence avec le règlement d’école et le projet éducatif) Certaines sont négociables, MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE 2. Les règles de base font référence à des aspects qualitatifs généraux (ex. : Garder la classe propre et rangée) plutôt qu’à des aspects spécifiques du comportement (ex. : Ramasser les papiers, ranger sa chaise, le matériel…) 3. Les règles doivent contenir une logique explicite lorsqu’elle n’est pas évidente (le pourquoi). 4. Les règles négociables sont flexibles et s’adaptent aux situations. Cette flexibilité est illustrée par des exemples et des contrexemples. 5. Les règles s’adressent à tous. Elles indiquent des comportements attendus plutôt que le comportement proscrit. Réfléchir à leur formulation, à leur présentation : 1. Les règles sont formulées en termes positifs, faciles à expliquer et à retenir. 2. Les règles permettent un engagement personnel. La formulation "je" permet cet engagement. Elle peut utiliser le "nous" pour la constitution du groupe, le "tu" pour l’incitation ou le rappel. 3. Les règles sont présentées de manière collective (par affichage et par oral). Réfléchir à leur utilisation : MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Créer un espace rassurant • Faire prendre conscience des dérives au comportement, les faire analyser par les élèves. • Enseigner les règles de conduite : la formulation ne suffit pas, les afficher dans la salle de classe, les expliquer, proposer des jeux de rôle. • Les revoir plusieurs fois par la suite. • Les faire connaître aux parents dès le début de l’année. a) Sanctions et punitions A propos des sanctions : les prévoir avec les élèves. Mais éviter les punitions, qui ont pour seul objectif de faire cesser le comportement inapproprié le plus rapidement possible et non d’enseigner un comportement approprié qui le remplacerait. De plus, les effets de la punition sont de courte durée. Les punitions créent un climat hostile, non favorable à l’apprentissage : les élèves peuvent présenter des comportements anxieux, instables ou inhibés. Les punitions se destinent plus à la personne qu’à son comportement, elles mettent en péril l’estime de soi (en sachant que l’estime de soi augmente avec le succès… Plus l’enfant fera l’expérience de la réussite, plus il pourra s’attribuer ce succès, plus il aura confiance en lui et plus il sera actif dans le processus). MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE b) Garantir un contexte sécurisant par la parole, l’organisation coopérative (conseil d’élève, bilan de fin de journée, boîte aux lettres) • Institutionnaliser un temps de parole • Faire reformuler les consignes, recueillir les ressentis des élèves, leurs difficultés, leurs besoins. • Mettre en place des débats : Débat citoyen : concerne la vie de la classe, de l’école Débat à visée philosophique : discussions à propos de livres, de films, d’œuvres d’art…(pour confronter des idées sans pour autant chercher à aboutir à une position commune). Intérêt : possibilité pour tous de prendre la parole et d’être entendus. La personnalité de chaque enfant doit être respectée : il a le droit de ne pas parler, de se tromper, de ne pas être interrompu. L’animateur peut reformuler les propos de l’adolescent pour permettre une avancée du débat mais il s’abstient de les commenter et de les interpréter. MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE Renvoyer une image positive a) Valoriser l’adolescent, ses progrès Pourquoi ? • restaurer l’estime de soi, l’image que l’adolescent a de lui-même et de ses compétences psychosociales • prendre en compte la mesure de ses progrès (tant sur le plan du travail – savoirs – savoir-faire ou capacités - que sur celui du comportement – savoir-être ou attitudes) • permettre à l’élève de prendre conscience que son attitude est en adéquation avec les attentes de l’enseignant Comment ? Par le biais d’encouragements oraux et de félicitations verbales : • pour montrer à l’élève que l’on est véritablement attentif à ce qu’il a réussi • pour fournir à l’élève des indications sur sa compétence et sur la valeur de ce qu’il a fait • pour récompenser un effort notable ou l’accomplissement d’une tâche vraiment difficile MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE b) Travailler le statut de l’erreur Pourquoi ? • pour valoriser l’adolescent • lui donner le temps de construire ses apprentissages (l’erreur donne une indication sur son degré d’avancement dans l’apprentissage) • lui permettre des phases d’expérimentation, d’essai • lui donner l’occasion d’analyser son erreur • pour favoriser l’argumentation, l’expression de chacun dans le groupe classe, source d’échanges et le partage de points de vue. Comment ? • en ne se contentant pas de la validation par l’enseignant (note ou appréciation), mais en choisissant un dispositif d’évaluation basé sur l’échange et/ou en collectif • en ayant listé auparavant avec les élèves les critères d’évaluation, de réussite qui seront pris en compte pour la validation MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE 2) Explicitation avec l’élève (ou les élèves) ● de sa (leur) démarche personnelle (collective) ● des éventuels outils référents qu’il (ils) aura (-ont) pu utiliser ● de la prise en compte des critères de réussite définis préalablement 3) Reconnaissance et justification de l’erreur par l’élève (les élèves) 4) Remédiation par l’enseignant - ou on se tourne vers les pairs pour en tirer profit Important : ces étapes sont applicables lors de l’évaluation d’un travail individuel ou d’un travail de groupe, cependant l’étape supplémentaire de la mise en commun lors de la phase de synthèse des travaux de groupes ou par binômes viendra enrichir le dispositif de validation c) Favoriser la coopération plutôt que la compétition Pourquoi ? • pour offrir des possibilités d’interaction entre élèves au sein de groupes • pour développer chez les élèves les compétences sociales nécessaires à des échanges de qualité au sein du groupe Comment ? • MOTIVATION EMPATHIE ET CLIMAT SCOLAIRE en alternant travaux individuels et travaux de groupes dans lesquels les élèves seront de véritables coéquipiers dépendants les uns des autres en ce qui concerne le travail à accomplir en commun • en mettant en œuvre : o des travaux coopératifs en projet o des activités de jeux dramatiques o des rallyes (Maths sur le web par exemple) o des séances d’activités physiques et sportives telles les sports collectifs, les rencontres inter classes – inter écoles Concernant les élèves en grande difficulté L. Cosnefroy (1999) souligne les stratégies mises au service de l’estime de soi. Éviter tout retour sur un travail antérieur Ce mécanisme consiste à éviter toute analyse critique des mauvaises performances de crainte d'être confronté à un écart trop important entre l'idéal et la réalité, ce qui ferait naître un sentiment d'humiliation comme en atteste le mot honte qu‘ils utilisent volontiers pour décrire ce qu'ils éprouvent lorsqu'ils relisent un travail mal noté. C'est également pour cette raison qu’ils n'analysent ensuite jamais les devoirs ratés. Travailler au dernier moment Extrêmement fréquente, cette manière de procéder peut traduire un manque de savoir-faire méthodologique. Mais il arrive aussi qu'elle soit le support d'enjeux narcissiques quand, en restreignant à l'extrême le temps alloué au travail, elle permet au sujet de se mettre au défi : sera-t-il capable de retourner la situation au dernier moment et de réussir, même de justesse, en dépit de conditions aussi défavorables ? S'il y parvient, il se sera donné une preuve tangible de ses capacités. Travailler peu pour se prouver qu'on a des facilités Quelqu'un disposant de facilités n'a pas besoin de fournir un travail approfondi pour obtenir des résultats corrects. Cette représentation, assez répandue, est reprise à leur compte par certains élèves qui limitent la quantité de travail fourni pour se donner la preuve de leur compétence. Lorsqu'ils s'aperçoivent des limites de cette stratégie, ils sont souvent en mesure d’expliquer les enjeux personnels qui les ont motivés. Aspects développementaux et difficultés d’apprentissage Travailler du premier jet Ceci consiste à réussir la tâche dès le premier essai sans passer par des étapes préparatoires. Le sujet cherche à obtenir immédiatement un produit parfait : le premier jet doit être le bon. Une conséquence de cette stratégie consiste à ne jamais décomposer un exercice. Dans cette logique, accepter toute décomposition revient à avouer sa faiblesse. Aller le plus vite possible L'impulsivité observée chez de nombreux élèves n'est en général pas le fruit d'une stratégie délibérée. Leur fonctionnement cognitif est ainsi structuré qu'ils ne peuvent s'empêcher d'être immédiatement dans l'action. Pour d’autres, au contraire, il en va autrement. Ils valorisent la rapidité au point que la réussite à une tâche ne saurait les satisfaire si elle n'est pas associée à une rapidité d’exécution. C'est beaucoup plus dans la rapidité de la réussite que dans la réussite ellemême qu'ils trouvent une confirmation de leur propre valeur. Un processus de comparaison sociale implicite accompagne en général cette stratégie. Réussir rapidement équivaut à réussir plus vite que les autres. Le sujet se place dans une situation de compétition virtuelle où il cherche à être le meilleur. Aspects développementaux et difficultés d’apprentissage Ces craintes archaïques ou identitaires, pour pouvoir être abordées, doivent être réélaborées afin d'en atténuer les effets démobilisateurs. Il faut réussir à les replacer dans un contexte plus général, plus collectif, plus social qui universalise et qui ouvre aux enfants la possibilité de supporter le temps de suspension nécessaire à l'élaboration intellectuelle. Il faut les aider à mettre en place un espace interne où le retour à soi ne provoque plus de la rupture et permet d'affronter l'épreuve du doute qui caractérise la pensée. Cette possibilité de retour sur soi est la condition impérative pour qu’ils soient capables de supporter l'attente et la remise en cause qu’implique le fonctionnement intellectuel Et c'est seulement quand ce retour à soi est devenu possible que les compétences psychiques, qui leur font défaut, vont pouvoir prendre racine.