28Cardio
&Sport
• n°14
Mise au point
d’ultrasons, considérés comme rela-
tivement stables pendant les diffé-
rentes séquences d’images, alors que
leur changement de position suit le
mouvement du tissu myocardique.
Leur suivi dans l’espace, ou tracking,
est fondé sur le repérage de la posi-
tion de ces marqueurs acoustiques
durant les différentes phases du cycle
cardiaque. Les déformations bidi-
mensionnelles sont alors calculées à
partir du déplacement de ces mar-
queurs. Comparativement au strain
Doppler tissulaire, cette approche pré-
sente l’avantage d’être angle-indé-
pendante, et permet la mesure des
déformations dans les 3 dimensions
de l’espace.
> Applications
au cœur de sportif
Trois applications cliniques peuvent
trouver potentiellement un intérêt dans
l’utilisation des techniques de quantifi-
cation de la contraction myocardique :
●le diagnostic différentiel entre le
cœur du sportif et la cardiomyopathie
hypertrophique (CMH) ;
●le diagnostic de cardiomyopathie
hypokinétique débutante iatrogène ;
●ou encore le syndrome de fatigue
myocardique aigüe.
Hypertrophie adaptative
physiologique
et cardiomyopathie
hypertrophique
C’est dans ce domaine que se retrouve
le plus grand nombre d’arguments
scientifiques témoignant de l’apport
des nouvelles techniques échogra-
phiques.
●Le Doppler tissulaire pulsé
En première ligne, le Doppler tissu-
laire pulsé à l’anneau mitral semble
présenter un pouvoir de discrimina-
tion intéressant entre les deux états
myocardiques. Dans sa phase systo-
lique tout d’abord, Vinerreanu et al.
(5) proposent, après une comparai-
son de 30 athlètes et 15 patients por-
teurs de CMH, une valeur de vélocité
de l’onde Sa de 9 cm/s comme dis-
criminante, avec des seuils de sensi-
bilité et de spécificité de 87 et 97 %
respectivement (Fig. 4). Dans cette
étude, la vélocité à l’anneau est obte-
nue par moyennage des mesures de
pic sur 4 points annulaires (septal,
inférieur, antérieur, latéral). L’étude
de l’onde protodiastolique Ea peut
être également exploitée avec un seuil
identique à la valeur Sa. Dans notre
expérience sur des footballeurs pro-
fessionnels, la CMH est associée à des
valeurs systoliques plus basses que
chez le sportif (11,9 ± 2,2 cm/s vs 8,2 ±
3,7 cm/s ; p < 0,05), mais avec une
large dispersion des valeurs chez le
sujet pathologique.
●Le TM DTI couleur
Moins accessible de prime abord,
l’évaluation du gradient de vélocité
en TM DTI couleur possède égale-
ment un intérêt en pratique. Basé
sur les travaux de Palka (6), puis de
Derumeaux (7), la présence d’un
gradient de vélocité conservé au-
dessus de 7 cm/s est en faveur d’un
cœur de sportif sain, alors que dans
la CMH, ce gradient sera diminué,
voire aboli. En pratique, en raison de
l’absence de logiciel embarqué sur
les appareils, ce gradient ne peut être
évalué que de façon qualitative, en
recherchant un dégradé de couleurs
en TM DTI en mésosystole ou proto-
diastole (Fig. 5).
●L’analyse des déformations
Plus en vogue dans ce cadre diagnos-
tique, il y a l’analyse des déforma-
tions. Les études en strain DTI sont
en faveur d’une diminution des
vitesses de déformation en présence
d’une hypertrophie pathologique,
avec des valeurs normales chez les
sportifs (8). Cependant, l’exploitation
de ces résultats reste délicate en pra-
tique, en raison de la faible repro-
ductibilité de la technique de strain
DTI.
●Le 2D strain
Cette limite a été comblée récemment
par l’application de la technique de
2D strain, plus fiable et donc com-
patible avec une analyse en routine.
Une seule étude publiée à ce jour
décrit la contractilité myocardique
Figure 4 - Application du Doppler tissulaire pulsé à l’analyse des vélocités
chez des patients porteurs de cardiomyopathie hypertrophique (HC), hypertensive
(HT) et chez les sportifs de haut niveau (d’après 5). Noter, malgré le seuil à 9 cm/s,
un certain degré de chevauchement des points entre les 3 groupes.
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