1. Étymologie / Définitions
2. Notions / Concepts :
Cicéron, Sénèque, Montaigne
Sagesses stoïcienne et épicurienne
3. Questions / Discussion
4. En guise de conclusion
Sondage : Nouvelle formule versus ancienne ?
Choix du sujet de la conférence d’A.Comte-Sponville (4/04/08)
Choix des sujets du 1er trimestre 2008
Réunion préparée avec Mireille Keller,
Josette Delaporte et Michel Rumeau
Étymologie et définitions
Étymologie :
Substantif de vieil (masc), vieille (fem) issus du latin vètùlus diminutif familier de vetus, veclus : vieux.
Vieillesse (vieillece), comme vieillard (vieillart) sont des mots datant du XIIe s.
Vétusté et vétuste issus de vetustas sont de même racine.
Définitions :
Petit Robert : Dernière période de la vie normale qui succède à la maturité, caractérisée par un
affaiblissement global des fonctions physiologiques et des facultés mentales et par des
modifications atrophiques des tissus et des organes.
Dictionnaire philosophique de Comte-Sponville (extrait) :
Le vieillissement est l’usure d’un vivant, laquelle diminue ses performances (sa puissance d’exister,
de penser, d’agir…) et le rapproche de la mort / Que ce soit physiquement ou intellectuellement, la
plupart sont moins performants à quarante ans qu’à vingt, à soixante qu’à quarante,….. C’est une
espèce d’entropie (*) à la première personne : dans un organisme vivant, passé le cap de la
maturité, le désordre et la fatigue tendent vers un maximum. Le vieillissement est cette tendance ; la
vieillesse son résultat.
Ce n’est pas grâce à la vieillesse qu’on progresse ; c’est malgré elle et contre elle bien souvent.
(*) Le second principe de la thermodynamique stipule que l’entropie (le désordre) d’un système clos ne peut que croître.
Notions / Concepts
1. La vieillesse vue par 3 philosophes :
Cicéron (106-43 avant JC) : Savoir vieillir fut écrit en - 45. Cicéron a 61 ans, il vient de perdre sa fille Tullia.
Retiré de la vie politique il se voue aux études désintéressées et publie de nombreux livres qui introduisent la
philosophie grecque (stoïcienne essentiellement) à Rome.
Extrait « Tous ceux qui ne puisent pas en eux les ressources nécessaires pour vivre dans le bonheur, trouveront
exécrables tous les âges de la vie. Mais quiconque sait tirer de lui-même l'essentiel ne saurait juger mauvaises les
nécessités de la nature. Et la vieillesse assurément en fait partie.... Retenez que nous sommes sages si nous
suivons la nature... c'est le meilleur des guides. Il ne serait d'ailleurs pas vraisemblable qu'ayant si bien agencé
les autres périodes de la vie, elle ait bâclé le dernier acte comme l'aurait fait un poète sans talent. Il fallait
seulement qu'il y ait une fin... A tout cela, le sage doit consentir paisiblement. »
Sénèque (4-65) : Précepteur de Néron qui le condamna à mort. Diderot, le fondateur de l'encyclopédie au
XVIIIe siècle, l’a appelé « le précepteur du genre humain ».
Extrait de lettre à Lucilius : « Ce n'est plus au nombre de mes années, à un corps usé comme le mien, que
convient le nom de vieillesse; il désigne l'affaiblissement de l'être, et non sa dissolution. Rangez-moi, je vous prie,
parmi les décrépits et les agonisants. Et pourtant, je m'en félicite auprès de vous, les injures du temps ne se font
pas sentir en moi à l'âme comme au corps; je n'ai de vieilli que les vices et leurs organes. Mon âme est pleine
de vigueur, et ravie de n'avoir presque plus rien de commun avec le corps; elle se sent en partie délivrée de
son fardeau; elle triomphe, elle me donne un démenti sur ma vieillesse; c'est pour elle la fleur de l'âge. Il faut bien
l'en croire : laissons-la jouir de son bonheur. »
Montaigne (1533-1592) : Dans la vieillesse, les plaisirs du corps conservent leur place. Les avantages que
constituent : l’oisiveté (les loisirs), la liberté, la cessation de ce qu’il appelle « l’embesognement » qui est le fait de
la jeunesse, sont appréciés. Montaigne aimait trop la vie pour louer la vieillesse. Il se contente de la positiver.
Il faut savoir goûter le présent comme il est, non l’anéantir par des projets insensés. La raréfaction des moments
de santé va de pair avec une appréciation et une véritable jouissance de ces moments.... « Le corps a une grande
part à notre être, il y tient un grand rang […]. Ceux qui veulent déprendre nos deux pièces principales ( le corps et
l’esprit) et les séquestrer l’une de l’autre, ils ont tort. »
La vieillesse est un remède contre l’hypertrophie de l’esprit, hypertrophie qui peut mener, selon Montaigne, à un
véritable ressentiment contre le corps, voire même à la folie paranoïaque. Au vieillard et à lui seul il est donné de
vivre un rapport équilibré au corps : « Il faut ordonner à l’âme non de se tirer à quartier, de s’entretenir à part, de
mépriser et d’abandonner le corps ..., mais de se rallier à lui, de l’embrasser, le chérir, le contrôler, le conseiller et
ramener quand il se fourvoie, l’épouser en somme et lui servir de mari ». La vieillesse est ainsi l’âge où nous vivons
l’intégralité de notre condition d’homme, et non seulement une partie tronquée de cette condition.
Notions / Concepts (suite)
2. Stoïcisme et épicurisme : deux sagesses qui s’opposent ou se complètent ?
Stoïcisme : Seul le présent existe. Il n’y a donc rien à espérer : il s’agit de vouloir, pour ce qui dépend de nous
et de supporter, pour tout ce qui n’en dépend pas. Tout ce qui ne dépend pas de nous est moralement indifférent ;
seul ce qui en dépend peut être bien ou mal. Seule la vertu vaut donc absolument. C’est elle, non le plaisir, qui
fait le bonheur. « Mais la raison stoïcienne ne se contente pas d’expliquer, elle juge, elle commande. C’est qu’elle
est Dieu, ou ce qu’il y a de divin en tout. De là cette piété stoïcienne, qui est un fatalisme mais libérateur, et un
panthéisme (doctrine de ceux qui identifient Dieu à la nature), mais à visée humaniste. » dit C-S
Epicurisme : Le plaisir est le seul bien. Il culmine dans les plaisirs de l’esprit que sont la philosophie, la sagesse
et l’amitié. Pas d’autre vie que celle-ci. Pas d’autre récompense que le plaisir de bien vivre. Dans son principe, le
chemin est simple, il suppose que nous renoncions aux désirs vains, ceux qui ne peuvent être rassasiés (gloire,
pouvoir, richesse...), pour nous consacrer aux désirs naturels et nécessaires qui sont bornés et faciles à satisfaire.
« C’est la sagesse, la plus simple et la plus difficile : l’art de jouir (plaisir du corps) ou de se réjouir (plaisir de
l’âme) sereinement » dit C-S
3. Cicéron, Sénèque et Montaigne : Stoïciens ou épicuriens ?
Cicéron : Même s’il considère en bon stoïcien que l’esprit, une fois libéré par la vieillesse des obligations de la
volupté, de l’ambition, des rivalités et des passions de toutes sortes, peut enfin vivre avec soi-même, Cicéron n’en
dédaigne pas pour autant le charme de cultiver son jardin ou celui des jeux. Aussi peut-on penser que son stoïcisme
est teinté d’épicurisme.
Sénèque : C’est par la transcendance marquée que l’esprit acquiert sur le corps, jusqu’à s’en séparer, que
Sénèque, paraît en revanche clairement ressortir du stoïcisme le plus pur, notamment par sa dimension mystique.
Montaigne : Aimait trop la vie et la vérité pour ne dire que du bien de la vieillesse. Il se contente de l’accepter
sereinement. Contrairement à Cicéron et Sénèque, il voit dans la vieillesse un recentrage sur le corps et un remède
contre l’hypertrophie de l’esprit. Aussi peut-on penser que si sa sagesse procède à la fois de l’épicurisme et du
stoïcisme, elle ne saurait s’y confondre, puisque c’est précisément l’incapacité de l’homme à produire une seule
vérité que Montaigne (fondamentalement antidogmatique) dénonce.
QUESTIONS
1. Quand est-on vieux ?
2. La vieillesse n’a-t-elle pas quelques avantages ?
3. Qu’est-ce qui peut rendre la vieillesse tragique ?
4. N’est-il pas nécessaire d’être sage pour bien vivre
sa vieillesse ?
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