Le lien entre induction d’une TV soutenue, lors d’un examen électrophysiologique (EEP), et
mort subite est étudié depuis longtemps. L’EEP, examen invasif, permettant de confirmer la
nature physiopathologique réentrante des TV ischémiques (et donc la présence d’un substrat
arythmogène), peut donc être utile comme démontré dans les études MADIT et MUSTT ;
l’association avec une dysfonction VG ou de présence d’alternance de l’onde T (Etude ABCD)
augmente la valeur prédictive de risque de mort subite de ce test. L’intérêt de l’EEP est bien
moins clair pour les patients souffrants de cardiomyopathie nonischémique.
Beaucoup de marqueurs noninvasifs (Holter, BRS, HRV, SAECG, …) ont aussi été étudiés dans
des études prospectives (2); l’étude CARISMA montre le bénéfice de la recherche de la
variabilité sinusale (HRV). L’étude REFINE, par contre, confirme le risque d’événements
sérieux en présence d’une alternance de l’onde T et de dysfonction du tonus autonomique (22).
Dans l’étude ISAR-RISK, la présence d’une défaillance du système nerveux autonomique est
aussi un facteur de risqué majeur de mort subite cardiaque.
L’alternance de l’onde T (TWA : T-wave alternans) est, depuis quelques années, considéré
comme un marqueur noninvasif prometteur et significatif de mort subite (2, 23-26) ; elle est
directement liée au substrat électrophysiologique et au mécanisme cellulaire pour les arythmies
malignes. L’apparition de TWA est probablement due à une alternance localisée du potentiel
d’action, associé à une durée de repolarisation prolongée, et donc une dispersion de la
repolarisation, pouvant entraîner des blocs unidirectionnels et les circuits myocardiques
arythmogènes. L’alternance de l’onde T est définie comme la variation de la morphologie
(amplitude et forme) de l’onde T (battement par battement) lors d’un examen d’effort (pour une
fréquence cardiaque entre 100-120 bpm); l’examen, d’une durée moyenne de 20-30 minutes, doit
se réaliser en rythme sinusal, en l’absence de prise de β-bloquants. Il inclut une préparation
cutanée attentive, avec abrasion locale et mise en place d’électrodes spéciales de haute résolution
afin d’éviter toute interférence de parasites (analyse du signal en microvolts). L’épreuve d’effort
sur cycloergomètre (ou tapis roulant) est faite pour atteindre deux paliers de fréquence cardiaque,
le premier entre 100-110 bpm pendant 2.5 minutes et le deuxième pour une fréquence de 110-
120 bpm pendant 1.5 minute. Le résultat est traité directement par un programme (Heartwave II,
Cambridge Heart Inc., Bedfort, MA, USA) avec enregistrement du signal, filtration du bruit de
fond et analyse spectrale ; celle-ci se fait soit au niveau des dérivations précordiales (V1-V6) soit
des dérivations orthogonales (X-Y-Z) (Figure 1). Le test est positif en présence d’alternance
soutenue de l’onde T > 1.9 microvolts lors de fréquences cardiaques seuils ≤ 110 bpm. Le test est
négatif lorsque le critère TWA n’est pas rempli pour une fréquence cardiaque négative maximale
≥ 105 bpm. Le test est indéterminé dans les autres cas, surtout en présence de parasites,
fréquence cardiaque inadéquate, nombreuses extrasystoles, … . La plupart des études comparent
un test négatif (TWA-) et non-négatif (positif ou intermédiaire).
Les études de recherche d’alternance de l’onde T sont résumées au tableau III (21, 26-36). La
plupart de celles-ci confirment que le test est globalement efficace pour prédire le risque
d’arythmies ventriculaires malignes chez des patients implantés ou non d’un défibrillateur pour
prévention primaire de mort subite. L’étude MASTER est quasiment la seule à démontrer que le
test est inapte à dépister les sujets à risque de mort subite ; il existe cependant une mortalité
extracardiaque inhabituelle dans le groupe avec test négatif (37). Le test peut être le
complément d’un examen électrophysiologique comme démontré dans l’étude ABCD ; Amit
identifie que ces deux tests (TWA et EEP) mesurent différents éléments du substrat
arythmogène, en prédisant la survenue d’arythmies distinctes : l’alternance de l’onde T pour des
arythmies ventriculaires instables (TV polymorphes ou FV) et l’EEP pour une TV monomorphe
stable (21, 38). Notons d’office que la valeur prédictive négative du test est très importante