« Quelques pièges à éviter» dans la prescription de

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: des cas cliniques
Barbara Broers
Lugano le 16 octobre 2003
Angélique (32 ans), au cabinet.
Traitement de maintenance à la méthadone
depuis 5 ans (50 mg/jour).
Travaille, vit avec son ami (non-toxicomane)
Substances: tabac 15 cigarettes par jour, « un
joint au coucher »,
HIV négative, hépatite C guérie, vaccinée contre
l’hépatite B
Enceinte (5 semaines). Veut arrêter la
méthadone
Qu’est-ce que vous faites?
Substances psycho-actives et
grossesse: les « risques »
Le risque de complications médicales de la grossesse
est en lien avec:
– la quantité de soins prénataux reçus
– des complications médicales et obstétriques de la mère
– usage de multiples substances psycho-actives
Toute situation de « stress » pour le bébé hypoxie
meconium dans liquide amniotique pneumonie
d’aspiration
Toute substance psycho-active (alcool et nicotine
inclus) passe le placenta et dans le lait maternel
Sevrage ou substitution pendant
la grossesse?
Pas de sevrage au 1er trimestre (risque de fausse
couche) ni au dernier trimestre (risque d’accouchement
prématuré)
Sevrage éventuel très lent lors du 2me trimestre
Éviter rechute dans consommation d’héroïne
Grossesse: volume circulant , besoin physiologique
d’augmentation la méthadone (10 à 20%) versus le
«mythe des 30 mg»
Maintenance à la méthadone diminue la mortalité
maternelle et fœtale
Méthadone et allaitement
Sevrage «naturel» du bébé?
Recommandations APA: maximum 30 mg de
méthadone (pas de base scientifique)
Peu de méthadone passe dans le lait
Pic 2 à 4 heures après la prise de méthadone,
allaiter avant?
Difficultés de l’enfant pour têter si symtômes
de sevrage
Angélique: les pièges
Baisse trop rapide de méthadone tandis que
besoin physiologique d’augmenter, risque de
rechute dans consommation d’héroïne
Recommandation:
– Evaluation globale et constante
– « Dédramatiser » prise de méthadone
– Préparer accouchement et retour à domicile
(travail en réseau)
Sylvie, 41 ans; en pharmacie
Méthadone 100 mg
Infection VIH connue depuis 1986
Introduction trithérapie anti-VIH (Norvir, Zérit,
3.TC) après beaucoup d’hésitation
Se plaint de vertiges et « petites malaises »
après quelques semaines de traitement
Hypothèses? Que faire?
Que faire?
Anamnèse: prise de substances? Méthadone « extra »?
Autres traitements?
ECG: QT à 550 ms
Méthadonémie?
Hypothèses:
– QT long congénital
– QT long secondaire (traitement antiviral, méthadone haut
dosage due à une interacion médicamenteuse ou prise de
méthadone extra)
Piège: « C’est l’angoisse.. »
Troubles du rythme: un rappel….
0: dépolarisation (QRS)
1: repolarisation rapide
2: idem lente (ST)
3: idem rapide (T)
4: repos (U)
Intervalle QT
Intervalle QT dépend de la fréquence cardiaque:
QT corrigé = QT/√RR (formule de Bazett)
QTc normal: 400 à 450 ms pour les hommes, 415
à 460 ms pour les femmes
Risque de développer des troubles du rhytme
(Torsade de pointes) si QTc > 500ms, changement
rapide de l’intervalle QT et/ou dispersion QT,
risque chez les femmes
Causes de syndrome de QT long: primaire,
secondaire (médicaments, drogues, maladies)
Mécanisme: blocage de divers canaux ioniques
potassiques cardiaques
Torsade de pointes (TdP)
- Tachycardie ventriculaire
- L’axe QRS fluctue entre + et - Risque: fibrillation ventriculaire, mort subite
Recommandations
Utilité d’un ECG chez la personne toxico-dépendante?
Eviter, surtout en cas de SQTL, toute prescription de
médicaments qui peuvent:
– interagir avec le métabolisme de la méthadone
– provoquer des allongements QT
– induire des perturbations des électrolytes
Chez des patients avec un QTc supérieur à 450 ms à
l’ECG, éviter des dosages élevés de méthadone
(méthadonémies à >800 ng/ml)
Informer le patient du danger potentiel de doses
méthadone « extra », même sur de courtes périodes ou
des prises de substances psycho-actives non-prescrites
Et pour Sylvia?
Si SQTL confirmé
– Stop tout traitement
– Traitement de substitution par morphine (MST ou
Kapanol)
Attendre normalisation ECG
Ré-introduction méthadone sous contrôle ECG
Ré-introduction traitement antiviral idem
Steve, 39 ans, au cabinet
TOC, traitement psychiatrique lourd, bonne évolution
psychosociale
Méthadone 105 mg (stable)
Quadrithérapie VIH (avec ritonavir) avec excellente
réponse virologique
Proposition de changer pour Trizivir (2x1 comprimé/jour)
Patient devient logorrhéique, dispersé, agité,
décompensation de son TOC après quelque semaines
Effet secondaire de médicaments?
…ou quand les interactions
s’emmêlent
Avis de la pharmacologie clinique :
Le Ritonavir est un puissant inhibiteur des isoenzymes
du cytochrome P450.
L’arrêt de ce traitement peut entraîner une diminution
des taux de Méthadone, Tranxilium et Fluctine et
expliquer partiellement l’évolution clinique
Le Trizivir (Zerit, 3 TC, Ziagen) n’a que peu
d’interactions
Piège: « c’est l’effet secondaire du nouveau
traitement …» ou « il tenait à son ancien traitement »
Rappel sur métabolisme méthadone
Les cytochromes P450 (CYP), et en particulier les familles
CYP1, CYP2 et CYP3, interviennent de manière
prépondérante dans le métabolisme essentiellement
hépatique des médicaments.
CYP1 A2, CYP2C9, CYP2C19, CYP2D6 et CYP3A4
sont impliquées dans le métabolisme de la méthadone
comme celui d'
autres médicaments
Attention: polymorphisme génétique!
Interactions métaboliques : inhibition ou induction
Attendre des conséquences à l’introduction et à l’arrêt
d’un médicament ! Evaluation objective des symptômes!
Observations in vitro n’égalent pas in vivo
Références:
www.romandieaddiction.ch (Flash addiction,
forum, documents)
www.ssam.ch (société suisse de médecine
d’addiction; document grossesse)
www.atforum.com (documents sur QT long)
http://www.pharmacoclin.ch (interactions
médicamenteuses)
[email protected]
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