Journal of EMDR Practice and Research, Volume 6, Number 3, 2012 E33
Traitement EMDR d’expériences troublantes
dépressifs et les addictions). L’EMDR traiterait non
seulement l’ESPT mais aussi d’autres troubles dans la
mesure où ils possèdent des facteurs contributifs ex-
périentiels (Shapiro, 1997, 2001, 2002a). Cependant,
ces affirmations attendent un soutien plus définitif de
la recherche (voir e.g., Cvetek, 2000 ; Maxfield, 2007 ;
Shapiro, 1999, 2001). Shapiro (2002a) souligne égale-
ment le besoin de recherche concernant l’EMDR dans
des cas d’expériences stressantes stockées de manière
dysfonctionnelle telles que celles qui ne sont pas prises
en compte dans le diagnostic de l’ESPT.
Le traitement EMDR de participants non
diagnostiqués
Aucune étude clinique n’a évalué directement les
effets d’un traitement EMDR de participants non
diagnostiqués dont la détresse était en lien avec des
traumatismes petit “t”. Cependant certains essais cli-
niques randomisés ont inclus des participants dont les
symptômes de correspondaient pas entièrement aux
critères de l’ESPT. Dans une étude de Scheck et de
ses collègues (1998), seulement 67% des participants
avaient reçu un diagnostic d’ESPT. Néanmoins tous
les participants avaient décrit un souvenir trauma-
tique et des comportements dysfonctionnels, tels que
la promiscuité sexuelle, les fugues et l’abus d’alcool
ou de psychotropes. Ils ont observé un changement
plus important pré/post chez les participants ayant
reçu un traitement EMDR en comparaison avec les
participants qui n’ont bénéficié que d’une écoute
active. De manière similaire, dans une étude de
Wilson et al. (1995), 54% des participants traumatisés
n’avaient pas de diagnostic d’ESPT. Une analyse de
régression linéaire a indiqué que les gains thérapeu-
tiques ne variaient pas en fonction de la sévérité des
symptômes prétraitement ou du diagnostic ESPT. Les
participants ont montré une amélioration importante
sur les mesures de dépression, d’anxiété et de stress
post-traumatique.
De plus, certaines études contrôlées ont investigué
les effets des mouvements oculaires indépendam-
ment du protocole EMDR (en laboratoire) sur les
souvenirs non traumatiques chez d es participants
non cliniques (Andrade, Kavanagh, & Baddeley, 1997 ;
Kavanagh, Freese, Andrade & May, 2001 ; Sharpley,
Montgomery & Scalzo, 1996 ; van den Hout, Muris,
Salemink & Kindt, 2001). De tels souvenirs incluent le
fait de passer un examen sans être préparé, la maladie
ou le décès de proches, le divorce des parents, avoir
été menacé par un animal, des disputes avec des amis,
des films d’horreur, et ainsi de suite. Ces études ont
démontré que les mouvements oculaires diminuaient
autodestructeur, comme la perturbation émotion-
nelle, l’anxiété, les tensions physiques et la vigilance, et
les cognitions irrationnelles. Ceci empêche l’individu
d’atteindre (ou de retrouver) la capacité d’éprouver
et d’exprimer l’état émotionnel approprié en ce qui
concerne l’événement traumatique et donc d’acquérir
l’aptitude de gérer efficacement ses projets futurs
(Shapiro, 1999, 2002b, 2002c).
Lorsqu’un événement hautement stressant a lieu,
le traitement de l’information peut se trouver bloqué.
Les perceptions et les informations, telles que des
images visuelles et des perceptions somatiques ou
autres de l’expérience vécues par la personne pendant
l’événement peuvent se trouver “verrouillées” dans
le cerveau et maintenues sous cette forme (Shapiro,
2001). Equipés de ce genre d’information mnésique,
les individus exposés à des stimuli rappelant le trau-
matisme peuvent revivre le passé avec un composant
sensoriel et émotionnel immédiat. Ceci leur donne le
sentiment que l’événement lui-même se répète, bien
qu’ils sachent que leurs réactions ne sont pas en ac-
cord avec les stimuli présents (van der Kolk, 2003).
Le traitement de matériel dysfonctionnel dans les
réseaux mnésiques caractérise précisément l’EMDR.
EMDR
Au départ, l’EMDR a été développé pour traiter l’ESPT.
Quelques études contrôlées de l’EMDR pour l’ESPT
civil (qui n’est pas en lien avec des expériences de com-
bat ou de guerre) rapportent un taux de succès entre
77% et 100% après seulement 3 à 10 heures d’EMDR
(Lee, Gavriel, Drummond, Richards & Greenwald,
2002 ; Marcus, Marquis & Sakai, 1997 ; Rothbaum, 1997 ;
Scheck, Schaeffer & Gillette, 1998 ; Wilson, Becker &
Tinker, 1995, 1997 ; Wilson, Silver, Covi & Foster,
1996). Si certaines études (e.g., Devilly & Spence,
1999 ; Jensen, 1994) ont décrit des effets moindres de
l’EMDR, l’EMDR est validé en tant que traitement
efficace de l’ESPT dans Bisson et Andrew (2007) et par
plusieurs organisations dont la société internationale
des études sur le stress traumatique (International
Society for Traumatic Stress Studies ; Chemtob, Tolin,
van der Kolk & Pitman, 2000), l’American Psychiatric
Association (2004) et l’American Psychological Asso-
ciation (Chambless et al., 1998).
Certains cliniciens et chercheurs EMDR (EMDR
Institute, 2005 ; Shapiro, 1999, 2001, 2002a ; Shapiro &
Forrest, 1997 ; Sprang, 2001 ; Taylor, 2002) ont affirmé
que la pratique clinique et les études de cas en EMDR
montrent son efficacité dans le traitement d’une varié-
té de troubles psychologiques (incluant les troubles
de la personnalité, les troubles anxieux, le troubles