Traitement EMDR d`expériences troublantes qui

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Traitement EMDR d’expériences troublantes qui ne
répondent pas aux critères de l’ESPT
Robert Cvetek
Université de Ljubljana, Slovénie
L’EMDR (eye movement desensitization and reprocessing : désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires) permettrait de traiter avec succès non seulement l’état de stress post-traumatique
(ESPT) mais aussi d’autres troubles psychiatriques et problèmes de santé mentale dans la mesure où
ceux-ci possèdent des facteurs contributifs expérientiels. Cet essai clinique randomisé a étudié les effets du traitement d’expériences troublantes (ou traumatismes petit “t”) qui ne correspondent pas aux
critères de l’ESPT. Trois heures d’une forme légèrement adaptée de l’EMDR ont été comparées à une
écoute active (placebo attentionnel, également de 3 heures) et à une liste d’attente. Les résultats obtenus auprès de 90 participants ont montré que l’EMDR produisait des scores significativement plus
faibles sur l’échelle de l’impact des événements (Impact of Events Scale [IES]) que l’écoute active ou la
liste d’attente. L’EMDR résultait également en une augmentation significativement moins importante sur
la sous-échelle état de l’inventaire d’anxiété état-trait (State-Trait Anxiety Inventory) après le rappel du
souvenir. Quelques limites et implications des résultats sont abordées.
Mots-clés : EMDR ; efficacité ; expériences stressantes stockées de manière dysfonctionnelle ;
­traumatismes petits “t” ; essai clinique randomisé.
L
a recherche sur la mémoire indique que le
cerveau est généralement incapable de reproduire exactement les empreintes des expériences antérieures (van der Kolk, 2002). Plutôt
qu’un rappel précis, les souvenirs sont habituellement
transformés en histoires que les personnes racontent
aux autres comme à elles-mêmes. Les souvenirs traumatiques sont toutefois encodées différemment dans
le cerveau en comparaison des expériences normales
(Rauch et al., 1996 ; Shin et al., 1999 ; van der Kolk,
1994 ; van der Kolk, Hopper & Osterman, 2001). Des
émotions, images, sensations et réactions musculaires
qui constituent des parties du traumatisme sont “profondément inscrites” (van der Kolk, 2002, p. 57) dans
la mémoire des individus traumatisés. Ces empreintes traumatiques peuvent être revécues sans subir
de transformation majeure des mois, des années ou
même des décennies après l’événement (e.g., van der
Kolk, 1994 ; van der Kolk & Fisler, 1995 ; van der Kolk
et al., 2001) et la personne en fait l’expérience lorsque
le souvenir du traumatisme est déclenché.
Pour qu’un incident corresponde aux critères
définissant un “événement traumatique” dans le diagnostic de l’état de stress post-traumatique (ESPT),
le Manuel diagnostique et statistique des troubles
mentaux (DSM-IV-TR ; American Psychiatric Association, 2000) requiert que l’individu ait vécu, été
témoin de ou confronté à un ou à des événements
impliquant une mort réelle ou un risque de mort, des
blessures graves ou une menace à l’intégrité physique
de la personne elle-même ou d’autrui.
De nombreux événements pénibles ne correspondent pas aux critères du DSM-IV-TR : il s’agit des
humiliations ou de l’abandon dans l’enfance, des divorces, entre autres. Tous ces faits peuvent être très
perturbants pour l’individu et causer divers troubles
This article originally appeared as Cvetek, R. (2008). EMDR Treatment of Distressful Experiences That Fail to Meet the
­Criteria for PTSD. Journal of EMDR Practice and Research, 2(1), 2-14. Translated by Jenny Ann Rydberg
Journal of EMDR Practice and Research, Volume 6, Number 3, 2012
© 2012 EMDR International Association http://dx.doi.org/10.1891/1933-3196.6.3.E31
E31
et problèmes, particulièrement si elles revêtent une
importance personnelle (Gostečnik, 2002 ; KompanErzar, 2003 ; Repič, 2005 ; Shapiro, 1995 ; Shapiro &
Forrest, 1997). Alors qu’un événement donné peut
paraître insignifiant pour un adulte, il peut s’avérer
très important pour l’enfant qui se développe. Ces
incidents sont appelés des traumatismes petit “t” par
Shapiro (2001). Les traumatismes petit “t” correspondent à tout événement de vie qui possède un impact
négatif durable sur l’esprit. Cela signifie que leur rappel provoque un certain niveau d’anxiété et fait surgir
des images, émotions et cognitions négatives qui
étaient présentes au moment de l’événement. Il est
supposé qu’ils sont stockés en mémoire sous une
forme dysfonctionnelle.
L’étude de Mol et al. (2005) comparait des symptômes
ESPT dans la population générale adulte après divers événements traumatiques qui correspondent aux
critères DSM-IV-TR avec des symptômes générés à
la suite d’événements plus communs (appelés “événements de vie”) tels que la maladie chronique, des
problèmes relationnels (e.g., mésentente conjugale),
scolaires ou professionnels (e.g., chômage). Les résultats
ont montré que les personnes dont le pire événement
était un tel “événement de vie” manifestaient plus de
symptômes ESPT en lien avec cet événement que
celles dont le pire événement était traumatique (e.g.,
un accident ou une catastrophe). Mol et ses collègues
ont conclu qu’une souffrance considérable résulte des
deux types d’événements (de vie et traumatiques).
Le stockage physiologique dysfonctionnel des expériences stressantes et traumatiques n’est pas limité
aux victimes manifestes de traumatismes ; en fait il
contribue plutôt à l’ensemble des problèmes que les
clients soulèvent en thérapie (Shapiro, 2002e). Ceci
inclut des cas où une personne croit qu’elle n’est
pas digne d’être aimée ou qu’elle est sans valeur ou
quelqu’un de raté, qu’elle ne peut réussir, ou qu’elle
sera abandonnée. Les expériences stressantes stockées
de manière dysfonctionnelle sont donc à l’origine des
troubles qui reçoivent un diagnostic clinique mais aussi
des difficultés qui ne sont pas considérées comme des
troubles cliniques malgré leur impact considérable sur
la vie quotidienne (Shapiro & Maxfield, 2003).
Certains chercheurs dans le domaine de la mémoire (e.g., Levin, Lazrove & van der Kolk, 1999 ;
van der Kolk, 2002, 2003 ; van der Kolk & Fisler, 1995)
insistent sur le fait qu’un souvenir stocké de manière
dysfonctionnelle est représenté en mémoire non
comme le récit verbal du passé, mais plutôt comme
des éléments sensoriels et émotionnels fragmentés
de l’expérience traumatique. Ces différents éléments
demeurent souvent déconnectés des autres éléments.
E32
De telles expériences stressantes stockées de manière
dysfonctionnelle restent “verrouillées” ou “gelées”
dans un blocage neurobiologique ; ceci signifie que les
connexions neurologiques qui permettraient normalement la résolution ou le traitement ne se développent
pas (Gilligan, 2002 ; Shapiro, 2001 ; van der Kolk
et al., 2001). Ainsi, l’individu traumatisé peut éprouver des sensations corporelles, une odeur, ou une
réaction de peur, dans l’apparition simultanée d’une
image visuelle ou d’un autre stimulus d’orientation
qui lui permettrait de placer ces “souvenirs” dans le
temps et dans l’espace. Cet individu ne pourra pas
faire l’expérience de ces souvenirs en tant qu’un tout
intégré, comme un événement tragique qui s’est
produit à un moment donné dans des circonstances
particulières (Levin et al., 1999). De tels éléments
déconnectés d’une expérience stressante stockée de
manière dysfonctionnelle demeurent alors non traités
et l’individu ne peut les enregistrer sous forme de son
histoire personnelle. L’évaluation, la classification et
la contextualisation des expériences d’une personne
sont donc perturbées. Le traumatisme n’est pas vécu comme un événement tragique unique qui s’est
produit à un moment donné, dans des circonstances
particulières, mais plutôt comme une émotion ou une
sensation corporelle intemporelle (Levin et al., 1999).
Stickgold (2002) affirme que le traitement inadéquat des souvenirs se caractérise en partie par
la prédominance prolongée et inappropriée de la
mémoire épisodique (plutôt que sémantique) de
l’événement traumatique. La perturbation du processus normal de traitement et d’intégration du souvenir
épisodique dans le système mnésique sémantique a
pour conséquence que le souvenir épisodique, son
affect et d’autres éléments persistent sous une forme
exagérément intense et chargée d’affect. Nous pouvons présumer qu’il est également possible que seuls
certains aspects du souvenir épisodique ont besoin
d’être traités. De plus, les souvenirs traités peuvent
avoir un composant épisodique important, mais sans
que l’affect ne soit revécu, souvent dans la perspective
de l’observateur plutôt qu’une visualisation du point
du vue du sujet in vivo. Certains de ces résultats de
recherche ainsi que d’autres soutiennent le modèle du
traitement adaptatif de l’information (TAI ; Shapiro,
2001). Le modèle TAI affirme que le stockage dysfonctionnel des expériences se produit probablement
en conséquence du blocage d’un traitement adaptatif
de l’information. Ceci empêche la personne d’extraire
les aspects utiles d’une expérience traumatique, tels
que le fait de savoir quand il faut être prudent avec
certaines personnes ou même les éviter ; en même
temps, cela pousse à “jeter” ce qui est inutile ou
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Cvetec
autodestructeur, comme la perturbation émotionnelle, l’anxiété, les tensions physiques et la vigilance, et
les cognitions irrationnelles. Ceci empêche l’individu
d’atteindre (ou de retrouver) la capacité d’éprouver
et d’exprimer l’état émotionnel approprié en ce qui
concerne l’événement traumatique et donc d’acquérir
l’aptitude de gérer efficacement ses projets futurs
(Shapiro, 1999, 2002b, 2002c).
Lorsqu’un événement hautement stressant a lieu,
le traitement de l’information peut se trouver ­bloqué.
Les perceptions et les informations, telles que des
images visuelles et des perceptions somatiques ou
­autres de l’expérience vécues par la personne pendant
l’événement peuvent se trouver “verrouillées” dans
le cerveau et maintenues sous cette forme (Shapiro,
2001). Equipés de ce genre d’information mnésique,
les individus exposés à des stimuli rappelant le traumatisme peuvent revivre le passé avec un composant
sensoriel et émotionnel immédiat. Ceci leur donne le
sentiment que l’événement lui-même se répète, bien
qu’ils sachent que leurs réactions ne sont pas en accord avec les stimuli présents (van der Kolk, 2003).
Le traitement de matériel dysfonctionnel dans les
réseaux mnésiques caractérise précisément l’EMDR.
EMDR
Au départ, l’EMDR a été développé pour traiter l’ESPT.
Quelques études contrôlées de l’EMDR pour l’ESPT
civil (qui n’est pas en lien avec des expériences de combat ou de guerre) rapportent un taux de succès entre
77% et 100% après seulement 3 à 10 heures d’EMDR
(Lee, Gavriel, Drummond, Richards & Greenwald,
2002 ; Marcus, Marquis & Sakai, 1997 ; Rothbaum, 1997 ;
Scheck, Schaeffer & Gillette, 1998 ; Wilson, Becker &
Tinker, 1995, 1997 ; Wilson, Silver, Covi & ­Foster,
1996). Si certaines études (e.g., Devilly & Spence,
1999 ; Jensen, 1994) ont décrit des effets moindres de
l’EMDR, l’EMDR est validé en tant que traitement
­efficace de l’ESPT dans Bisson et Andrew (2007) et par
plusieurs organisations dont la société internationale
des études sur le stress traumatique (International
­Society for Traumatic Stress Studies ; Chemtob, Tolin,
van der Kolk & Pitman, 2000), l’American Psychiatric
Association (2004) et l’American Psychological Association (Chambless et al., 1998).
Certains cliniciens et chercheurs EMDR (EMDR
Institute, 2005 ; Shapiro, 1999, 2001, 2002a ; Shapiro &
Forrest, 1997 ; Sprang, 2001 ; Taylor, 2002) ont affirmé
que la pratique clinique et les études de cas en EMDR
montrent son efficacité dans le traitement d’une variété de troubles psychologiques (incluant les troubles
de la personnalité, les troubles anxieux, le troubles
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Traitement EMDR d’expériences troublantes
dépressifs et les addictions). L’EMDR traiterait non
seulement l’ESPT mais aussi d’autres troubles dans la
mesure où ils possèdent des facteurs contributifs expérientiels (Shapiro, 1997, 2001, 2002a). Cependant,
ces affirmations attendent un soutien plus définitif de
la recherche (voir e.g., Cvetek, 2000 ; Maxfield, 2007 ;
Shapiro, 1999, 2001). Shapiro (2002a) souligne également le besoin de recherche concernant l’EMDR dans
des cas d’expériences stressantes stockées de manière
dysfonctionnelle telles que celles qui ne sont pas prises
en compte dans le diagnostic de l’ESPT.
Le traitement EMDR de participants non
diagnostiqués
Aucune étude clinique n’a évalué directement les
effets d’un traitement EMDR de participants non
diagnostiqués dont la détresse était en lien avec des
traumatismes petit “t”. Cependant certains essais cliniques randomisés ont inclus des participants dont les
symptômes de correspondaient pas entièrement aux
critères de l’ESPT. Dans une étude de Scheck et de
ses collègues (1998), seulement 67% des participants
avaient reçu un diagnostic d’ESPT. Néanmoins tous
les participants avaient décrit un souvenir traumatique et des comportements dysfonctionnels, tels que
la promiscuité sexuelle, les fugues et l’abus d’alcool
ou de psychotropes. Ils ont observé un changement
plus important pré/post chez les participants ayant
reçu un traitement EMDR en comparaison avec les
participants qui n’ont bénéficié que d’une écoute
active. De manière similaire, dans une étude de
­Wilson et al. (1995), 54% des participants traumatisés
n’avaient pas de diagnostic d’ESPT. Une analyse de
régression linéaire a indiqué que les gains thérapeutiques ne variaient pas en fonction de la sévérité des
symptômes prétraitement ou du diagnostic ESPT. Les
participants ont montré une amélioration importante
sur les mesures de dépression, d’anxiété et de stress
post-traumatique.
De plus, certaines études contrôlées ont investigué
les effets des mouvements oculaires indépendamment du protocole EMDR (en laboratoire) sur les
souvenirs non traumatiques chez d es participants
non cliniques (Andrade, Kavanagh, & Baddeley, 1997 ;
Kavanagh, Freese, Andrade & May, 2001 ; Sharpley,
Montgomery & Scalzo, 1996 ; van den Hout, Muris,
Salemink & Kindt, 2001). De tels souvenirs incluent le
fait de passer un examen sans être préparé, la maladie
ou le décès de proches, le divorce des parents, avoir
été menacé par un animal, des disputes avec des amis,
des films d’horreur, et ainsi de suite. Ces études ont
démontré que les mouvements oculaires diminuaient
E33
la clarté des images mnésiques et l’émotion associée.
Van den Hout et al. (2001) ont conclu que non seulement les mouvements oculaires diminuaient la clarté
des souvenirs et l’émotion associée au cours même
des mouvements oculaires mais ils affectent également les rappels futurs sans mouvement oculaire.
Intégration de l’EMDR avec d’autres
approches
Il existe une tendance à l’intégration de l’EMDR avec
d’autres approches psychothérapeutiques importantes
(Manfield, 1998 ; Shapiro, 1999, 2001, 2002b, 2002d),
l’EMDR étant typiquement utilisé pour traiter les antécédents traumatiques. Certains exemples connus
d’intégration de l’EMDR avec d’autres approches psychothérapeutiques comprennent les approches psychanalytique (Snyker, 1998 ; Wachtel, 2002), cognitive
comportementale (Smyth & Poole, 2002), expérientielle (Bohart & Greenberg, 2002), familiale (Kaslow,
Nurse & Thompson, 2002 ; Shapiro, Kaslow & Maxfield, 2007) et conjugale (Protinsky, Sparks & Flemke,
2001). De nombreux thérapeutes qui pratiquent
l’EMDR disent intégrer l’EMDR à l’approche psychothérapeutique ou aux techniques qu’ils emploient
habituellement (DiGiorgio, Arnkoff, Glass, Lyhus &
Walter, 2004). Ceci est généralement désigné comme
une intégration par assimilation (DiGiorgio et al., 2004).
La formation à l’EMDR suggère également (Solomon,
communication personnelle, 2003) que les thérapeutes
utilisent leur approche psychothérapeutique habituelle et qu’en trouvant une “cible” appropriée, ils peuvent appliquer l’EMDR (en fait, comme la cible a déjà
été définie, ils peuvent même utiliser une approche
EMDR légèrement modifiée) puis continuer avec leur
approche habituelle. Quelques études de cas prometteuses existent ; en général, toutefois, l’intégration et
les applications de l’EMDR au sein d’autres approches
psychothérapeutiques n’ont pas fait l’objet de suffisamment d’études empiriques. Ces autres approches
psychothérapeutiques font souvent apparaître d’autres
événements du passé du client qui ne correspondent
pas aux critères pour un événement traumatique dans
le sens d’un ESPT mais qui sont néanmoins très importants sur le plan thérapeutique. L’efficacité de l’EMDR
pour de tels événements est donc très importante pour
la prise en compte de l’intégration et de l’utilisation
de l’EMDR dans d’autres approches psychothérapeutiques. En raison du contexte, l’application de l’EMDR
dans une telle intégration requiert souvent de légères
modifications au niveau du processus ; par exemple, la
phase du recueil de l’histoire n’est souvent pas nécessaire, la phase de réévaluation est restreinte, et ainsi
E34
de suite (pour une description détaillée de toute la
procédure, voir Shapiro, 1995, 2001). Dworkin (2005)
déclare que “dans les phases 3–6, des étapes standardisées doivent être suivies afin d’atteindre la fidélité à
la méthode” (p. 224). Ces phases sont l’évaluation
(séquence d’activation du traumatisme), la désensibilisation (traitement actif du traumatisme), l’installation
(mise en lien avec une perspective adaptative) et le
scanner corporel (conscience corporelle aiguë). Les objectifs des quatre autres phases – accomplir le recueil
de l’histoire du client et la planification du traitement
(conceptualisation du cas traumatique), la préparation
du client (contrôle de la tolérance aux affects et de la
conscience corporelle), la clôture (débriefing) et la
réévaluation – sont atteints dans la conduite de l’autre
psychothérapie.
Le problème de recherche
Le modèle de traitement de l’information qui constitue la base théorique de l’EMDR ainsi que de nombreux rapports cliniques laissent penser que l’EMDR
est efficace dans le traitement d’expériences stressantes stockées de manière dysfonctionnelle qui ne
correspondent pas aux critères de l’ESPT. Shapiro
(2002a) affirme qu’une telle efficacité n’a pas encore
été adéquatement évaluée et que des évaluations
plus rigoureuses sur le plan méthodologique sont
nécessaires. De manière similaire, l’intégration et
l’utilisation de l’EMDR dans d’autres approches psychothérapeutiques doivent encore être adéquatement
évaluées (DiGiorgio et al., 2004). Cette étude évalue
si la forme légèrement adaptée de l’EMDR, omettant
les phases 1, 2 et 8, est plus efficace pour traiter les
expériences stressantes stockées de manière dysfonctionnelle (ou traumatismes petit “t”) que l’écoute active (placebo attentionnel) ou la liste d’attente.
Cette étude évalue également l’hypothèse selon laquelle le rappel d’un événement pertinent ne
correspondant pas aux critères ESPT causera une
augmentation de l’état d’anxiété. Ceci est cohérent
avec le modèle TAI de Shapiro (2001) qui énonce que
l’activation de souvenirs stressants non traités provoque
l’expérience d’éléments perturbants de ces souvenirs.
Une telle augmentation est considérée comme indiquant le stockage dysfonctionnel des souvenirs.
Méthode
Participants
Quatre-vingt-dix participants ont été inclus dans
l’étude. Au cours de l’étude, cinq participants ont
abandonné l’étude avant l’évaluation finale pour
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Cvetec
d­ iverses raisons. Les participants étaient âgés entre
19 et 32 ans. Au départ, il y avait 30 hommes et
60 femmes ; à la fin, suite aux abandons, il y avait
28 hommes et 57 femmes. Les participants étaient des
étudiants slovènes des premier et troisième cycles de
plusieurs facultés de l’Université de Ljubljana (faculté
d’économie, faculté de théologie, faculté de pédagogie, faculté des arts et faculté de droit) et d’étudiants
de quatrième année de l’Ecole des hautes études
économiques et du lycée de Radovljica. L’âge moyen
des participants était de 23,4 ans (23,6 sans compter les
participants qui ont abandonné l’étude) et l’écart-type
était de 3,7 ans (toujours sans compter les participants
qui ont abandonné l’étude).
Instruments
Deux outils d’évaluation ont été administrés dans
cette étude : la version slovène de la sous-échelle
STAI X-1 (d’état) de l’Inventaire d’Anxiété Etat-Trait
(STAI : State-Trait Anxiety Inventory ; Lamovec, 1988
; Spielberger, Gorsuch, Lushene, Vagg & Jacobs, 1983)
et l’Echelle d’impact des événements (IES : Impact
of Event Scale ; Horowitz, Wilner & Alvarez, 1979).
Ces deux outils sont fréquemment employés dans les
études sur l’EMDR (voir Cvetek, 2000). La sous-échelle
STAI X-1 est un outil d’autoévaluation en 20 items
utilisant une échelle Likert en 4 points, avec des scores
variant entre 20 et 80. Elle mesure l’état d’anxiété actuel (appelé anxiété d’état par opposition à l’anxiété
de trait). Cet instrument joue un rôle important dans
la poursuite des objectifs de cette étude puisque le
déclenchement d’un certain niveau d’anxiété lors du
rappel constitue une caractéristique intrinsèque des
souvenirs stressants (non traités) stockés de manière
dysfonctionnelle. Un score plus élevé sur l’échelle indique un niveau plus élevé d’anxiété d’état. Le STAI
possède une bonne validité convergente ; la fiabilité
du STAI X-1 est plus faible, de manière attendue, à
0,33 (Spielberger et al., 1983).
L’IES, une échelle d’autoévaluation de type Likert,
évalue la détresse subjective actuelle en rapport avec
un événement de vie particulier (Horowitz et al., 1979).
Il est destiné à évaluer la fréquence de phénomènes
stressants tels que l’évitement et les symptômes intrusifs en lien avec événement donné et éprouvés
au cours des 7 derniers jours. Il s’agit de l’une des
échelles les plus fréquemment utilisées pour évaluer
les phénomènes post-traumatiques. L’échelle IES possède également deux sous-échelles : l’une évalue les
symptômes intrusifs (pensées intrusives, cauchemars,
émotions et imagination) tandis que l’autre mesure des
symptômes d’évitement (engourdissement, évitement
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Traitement EMDR d’expériences troublantes
des émotions, des situations et des pensées).Tous les
items de l’IES se réfèrent à un stresseur spécifique
(Horowitz et al., 1979). Un score plus élevé sur l’échelle
indique un niveau plus élevé de phénomènes posttraumatiques. Les sous-échelles IES démontrent une
très bonne fiabilité avec des coefficients de cohérence
interne entre 0,79 et 0,92 (Corcoran & Fischer, 1994).
L’IES possède une bonne validité de critère, de contenu et de construction (Horowitz et al., 1979).
Sélection et évaluation des participants
La Figure 1 illustre l’évolution des participants au
cours des processus d’évaluation et de traitement. Les
participants potentiels ont été invités dans leur faculté
ou école, de manière aléatoire, à participer à l’étude
de manière volontaire. Aucune rémunération n’a
été offerte pour la participation. Les personnes intéressées recevaient des informations supplémentaires
concernant l’étude (incluant les avantages et désavantages potentiels). Celles qui ont décidé de participer
ont signé un formulaire de consentement éclairé et,
après une conversation d’introduction destinée à détendre, ont complété le STAI X-1 (première administration du STAI X-1). Ensuite elles ont été invitées
à décrire brièvement un souvenir encore perturbant
ainsi que leurs émotions au moment de l’événement.
Cette partie de la procédure sera nommée “rappel du
souvenir”. Le rappel du souvenir durait environ 1 à
2 minutes. Sept volontaires qui ne pouvaient se rappeler aucun événement pertinent n’ont pas été inclus
dans l’étude. Les participants restants ont à nouveau
complété le STAI X-1 (deuxième administration du
STAI X-1) pour évaluer ce qu’ils ressentaient au moment de compléter l’échelle plutôt qu’au moment
de l’événement. Ensuite, ils ont également complété
l’IES (première administration de l’IES). Des entretiens cliniques ont été menés avec les participants
pour contrôler des facteurs de sécurité – ceux-ci sont
généralement vérifiés au cours de la première phase de
la procédure EMDR (voir Shapiro, 2001) – ainsi que la
présence d’éventuels problèmes sérieux de santé mentale, des diagnostics psychiatriques antérieurs ou une
histoire traumatique (selon la description d’un événement traumatique du DSM-IV-TR). Sur la base de ces
entretiens, six individus qui possédaient des problèmes
sérieux de santé mentale, un diagnostic psychiatrique
antérieur ou une histoire traumatique ont été exclus
du reste de l’étude, et certains ont été référés à des
organismes appropriés. Les souvenirs rapportés par
les individus restants ne correspondaient pas aux
critères d’un événement traumatique du DSM-IV-TR.
Ces 90 participants ont été divisés en trois groupes.
E35
Recrutés (n = 103)
A complété le STAI-X1 (première administration)
Rappel d'un événement de vie perturbant non
traumatique
Suivi de l'administration du STAI-X1 (deuxième
administration) (n = 96)
Exclus (n = 7)
N'ont pas pu identifier
d'événement stressant
A complété l'IES pour l'événement de vie identifié (administration pré-traitement)
Entretien clinique pour évaluer la présence de problèmes de santé mentale
ou de traumas antérieurs (n = 26)
Exclus (n = 6)
Diagnostiques psychiatriques,
histoire traumatique
Répartition en fonction des scores STAI-X1 lors de la 1re administration
Randomisation du traitement (n = 90)
3 séances d'EMDR d'une heure
Traitement entamé (n = 30)
Traitement complété (n = 28)
3 séances d'écoute active d'une heure
Traitement entamé (n = 30)
Traitement complété (n = 27)
Liste d'attente (n = 30)
Attente complétée (n = 30)
A complété le STAI-X1 (3e administration)
Rappel du souvenir
suivi de la 4e administration du STAI-X1 (n = 85)
A complété l'IES pour l'événement de vie identifié (administration post-traitement)
FIGURE 1. Organigramme du progrès des participants au cours de l’étude.
Les participants ont été appariés (afin d’améliorer la
comparaison entre groupes) en fonction des résultats
du STAI X-1 avant le rappel du souvenir (première administration) et ensuite assignés de manière aléatoire
à l’un des trois groupes.
Application du traitement
Tous les membres du groupe expérimental ont bénéficié, au cours d’une période d’environ 10 semaines,
de trois séances d’EMDR d’une heure en suivant la
procédure décrite précédemment. Les phases 1 et
2 ont été ajustées comme c’est souvent le cas lorsque
l’EMDR est intégré et appliqué dans le cadre d’autres
approches psychothérapeutiques. Puisque la cible
avait déjà été choisie et que les facteurs de sécurité
avaient été contrôlés, la phase de recueil de l’histoire
était peu nécessaire (à part une vérification de la
présence éventuelle de problèmes oculaires). Le cadre
et les limites de cette étude n’ont pas permis de travailler sur la relation thérapeutique pendant une période plus longue au cours de la phase de préparation.
Les séances de thérapie duraient une heure. De plus,
E36
la phase de réévaluation a été raisonnablement ajustée (il n’y avait pas de plan de traitement global dans
lequel intégrer les séances de désensibilisation ; l’étude
se centrait sur une seule cible et ne recherchait pas délibérément d’autres cibles en vue d’un traitement plus
complet des patients ; des séances de suivi ont été proposées aux participants mais elles ne faisaient pas partie de l’étude). A tout autre point de vue, la procédure
EMDR standard (Shapiro, 2001) a été rigoureusement
suivie.
Chaque participant dans le groupe d’écoute active a reçu trois séances d’une heure au cours d’une
période d’environ 10 semaines. Cette condition a été
utilisée pour le contrôle du facteur de “placebo attentionnel” (Prochaska & Norcross, 1999) ou le contrôle
de facteurs non spécifiques de la psychothérapie, tels
que la relation thérapeutique, l’attente de bénéfices
et l’attention bienveillante (Seligman, 1995). Les
efforts du thérapeute dans ce groupe impliquaient
l’écoute active, le fait de résumer, de clarifier et
d’interroger sur le récit. L’écoute active était centrée sur le souvenir identifié et sur toute question
associée.
Journal of EMDR Practice and Research, Volume 6, Number 3, 2012
Cvetec
TABLEAU 1. Moyennes et écarts-types au STAI X-1 et à l’IES
EMDR
Prétraitement
Augmentation de l’anxiété
d’état lors du rappel
IES total
IES intrusion
IES évitement
Post-traitement
Augmentation de l’anxiété
d’état lors du rappel
IES total
IES intrusion
IES évitement
Ecoute active
Liste d’attente
Traitement
entamé
(n530)
Traitement
complété
(n528)
Traitement
entamé
(n530)
Traitement
complété
(n527)
Période
d’attente entamée et complétée (n530)
m

m

m

m

m

14,5
6,96
14,4
7,21
15,0
6,15
14,9
6,32
15,8
  7,1
27,1
10,8
16,4
10,9
  5,6
  6,6
26,1
10,2
15,9
10,3
  5,3
  6,5
27,3
11,2
16,1
11,5
  5,5
  7,1
27,6
11,3
16,3
11,7
  5,7
  7,2
26,7
10,5
16,2
11,4
  4,4
  7,7
  1,2
  2,0
  9,5
  6,1
15,4
  8,6
  6,6
  2,1
  4,5
  6,2
  2,9
  3,7
18,7
  6,8
11,9
  9,5
  4,9
  5,7
23,6
  8,4
15,2
12,6
  4,9
  8,6
Note. Augmentation de l’anxiété d’état lors du rappel 5 différence au niveau des scores STAI-X1 lors de la première et de la deuxième
administration (prétraitement) et lors de la troisième et de la quatrième administration (post-traitement).
Le deuxième groupe contrôle (liste d’attente)
n’a bénéficié d’aucun traitement pendant cette
période. Ce groupe permettait de contrôler toute
amélioration spontanée ou effet dû à la procédure
d’évaluation.
Evaluation finale
L’évaluation finale a été effectuée environ 10 semaines
après la première. Les participants ont été réévalués à
l’aide d’une nouvelle administration du STAI X-1 et
de l’IES. Il s’agissait de la deuxième administration de
l’IES. Comme auparavant, le STAI X-1 permettait de
mesurer l’anxiété d’état actuel (troisième administration) puis de mesurer l’anxiété subséquente au rappel du souvenir (quatrième administration). Tandis
que l’étude consistait en des séances thérapeutiques
limitées, tous les participants avaient la possibilité
de poursuivre le traitement gratuitement à la fin de
l’étude.
Résultats
Les souvenirs rapportés par les participants de l’étude
concernaient des événements tels que la fin d’une
relation amoureuse, des expériences douloureuses
et perturbantes avec les parents lors de l’enfance ou
de l’adolescence (e.g., manque de soutien, colère,
Journal of EMDR Practice and Research, Volume 6, Number 3, 2012
Traitement EMDR d’expériences troublantes
rudesse, injustice, etc.), des interventions chirurgicales mineures, des expériences humiliantes avec les
pairs dans l’enfance et l’adolescence, des déceptions
amicales et des échecs scolaires. Les scores sur les
échelles employées (moyennes et écarts-types) sont
indiqués dans le Tableau 1.
Augmentation de l’anxiété d’état lors du rappel
du souvenir
Il n’y avait pas de différence significative entre les conditions de traitement lors de la première évaluation
(prétraitement) au niveau des scores STAI X-1. L’effet
du rappel du souvenir sur l’anxiété d’état était évalué
en déterminant l’ampleur du changement des scores
STAI X-1 avant et après le rappel du souvenir à l’aide
de tests t avec échantillons appariés (voir Tableau 2). Le
rappel du souvenir produisait une augmentation statistiquement significative (p , 0,01) de l’anxiété d’état
pour les trois groupes, lors du prétraitement et du posttraitement. Une analyse a alors été effectuée pour déterminer si le traitement avait un effet sur l’ampleur de
cette augmentation en comparant les augmentations
pré- et post-traitement dans chaque condition. Chez les
participants EMDR et écoute active, le rappel du souvenir produisait une augmentation significativement
réduite après le traitement (p , 0,001) ; il n’y avait pas
de différence significative pour le groupe liste d’attente.
E37
TABLEAU 2. Résultats des tests t d’échantillons appariés au sein des conditions de traitement
EMDR
t(df)
Prétraitement
Augmentation de l’anxiété d’état
lors du rappel
Post-traitement
Augmentation de l’anxiété d’état
lors du rappel
Changements pré/post au sein de
chaque condition
STAI X-1 état de repos
Ecoute active
t(df)
Sig.
Liste d’attente
Sig.
t(df)
Sig.
210,59 (27)
0,000
212,24 (26)
0,000
212,22 (29)
0,000
23,15 (27)
0,004
28,09 (26)
0,000
29,83 (29)
0,000
1,56 (27)
ns
ns
1,42 (29)
ns
Augmentation de l’anxiété d’état
lors du rappel
IES total
9,98 (27)
0,000
20,95 (26)
7,01 (26)
0,000
0,62 (29)
ns
9,92 (27)
0,000
5,24 (26)
0,000
2,70 (29)
0,011
IES intrusion
IES évitement
8,01 (27)
9,39 (27)
0,000
0,000
6,22 (26)
4,01 (26)
0,000
0,000
3,13 (29)
1,44 (29)
0,004
ns
Note. Analyses effectuées pour les participants ayant complété le traitement. Sig. 5 signification ; ns 5 non significatif.
De plus, une comparaison entre les groupes à l’aide de
tests t indépendants (voir Tableau 3) a montré que les
participants EMDR décrivaient une augmentation significativement plus petite que les conditions d’écoute
active et de LA ( p , 0,001). Par apport à la liste
d’attente, l’écoute active comportait également une
augmentation moins importante (voir la Figure 2).
Stress traumatique
Alors que les événements rapportés par les participants ne correspondaient pas aux critères de l’ESPT,
leurs scores IES lors du prétraitement variaient entre 4
et 49, avec un score moyen de 27,1 (26,8 pour ceux qui
ont terminé le traitement), ce qui les plaçait dans la
gamme modérée de la détresse liée à un événement.
De manière similaire aux résultats du STAI X-1, il n’y
avait pas de différence significative entre les conditions au niveau des scores IES lors du prétraitement
(voir le Tableau 4).
Une analyse a évalué les changements pré- et posttraitement au niveau des scores IES pour chaque
condition (voir le Tableau 2). Les scores totaux et par
sous-échelle sur l’IES reflétaient une diminution significative lors du post-traitement pour les groupes EMDR
( p , 0,01) et écoute active ( p , 0,01). Après le traitement, le score total de l’IES chez les participants EMDR
(moyenne 5 6,6) les plaçait dans la catégorie sous­clinique, tandis que les participants de l’écoute active
se situaient dans la catégorie faible (moyenne 5 18,7).
Les scores du groupe liste d’attente sur l’IES se situaient
également dans la catégorie faible de la détresse liée à un
TABLEAU 3. Comparaison des conditions (tests t d’échantillons indépendants) au niveau de l’augmentation de
l’anxiété d’état lors du rappel du souvenir
Comparaisons des conditions
Augmentation lors du
prétraitement
Augmentation lors du
post-traitement
Changement de l’augmentation
pré/post
t(df)
Sig.
t(df)
Sig.
t(df)
Sig.
EMDR/EA
20,25 (53)
ns
26,76 (31,2)
0,000
5,14a (43)
0,000
EMDR/LA
20,75 (56)
ns
28,83 (32,3)
0,000
8,37a (43)
0,000
EA/LA
20,53 (55)
ns
22,94 (55)
0,005
4,56 (55)
0,000
Note. EA 5 groupe d’écoute active ; LA 5 liste d’attente ; Sig. 5 signification ; ns 5 non significatif.
a
Variances égales non présumées.
E38
Journal of EMDR Practice and Research, Volume 6, Number 3, 2012
Cvetec
FIGURE 2. Scores moyens sur la sous-échelle d’état du STAI
Note. EMDR 5 groupe EMDR ; AL 5 groupe d’écoute active ; WL 5 groupe de liste d’attente ; pretreatment 5 prétraitement ;
posttreatment 5 post-traitement ; before recall 5 avant le rappel ; after recall 5 après le rappel.
L’EMDR était associé à des scores significativement
plus faibles sur toutes les échelles IES par rapport à la
condition écoute active ( p , 0,01) et à la condition liste
d’attente ( p , 0,01). De plus, l’écoute active produisait
une diminution plus prononcée des scores IES que la
liste d’attente ( p , 0,05) (voir Figure 3).
événement (moyenne 5 23,6). La sous-échelle des intrusions de l’IES était significativement réduite au niveau
p , 0,01 et l’échelle globale IES au niveau p , 0,05.
Une analyse supplémentaire a été effectuée pour
comparer les effets de l’EMDR, de l’écoute active et de la
liste d’attente au niveau des scores IES (voir Tableau 4).
TABLEAU 4. Comparaison des conditions (tests t d’échantillons indépendants) pour l’IES total et les sous-échelles
Prétraitement
Post-traitement
Différence pré/post
t(df)
Sig.
t(df)
Sig.
t(df)
Sig.
IES total
20,52 (53)
ns
25,6a (44,7)
0,000
4,06 (53)
0,000
IES intrusions
20,75 (53)
ns
a
24,38 (42,1)
0,000
2,9 (53)
0,005
IES évitement
20,24 (53)
ns
a
25,67 (44,3)
0,000
4,24 (53)
0,000
EMDR/liste d’attente
IES total
20,22 (56)
ns
26,6a (43)
0,000
7,23a (43,5)
0,000
IES intrusions
20,23 (56)
ns
a
26,09 (47,7)
0,000
5,05 (46,5)
0,000
20,18 (56)
ns
26,2 (39,9)
0,000
7,34a (44,2)
0,000
0,3 (55)
ns
21,64 (55)
ns
2,91 (55)
0,005
IES intrusions
0,61 (48,6)
ns
21,25 (55)
ns
2,53 (55)
0,014
IES évitement
0,05 (55)
ns
21,71 (50,8)
ns
2,62 (55)
0,011
EMDR/écoute active
IES évitement
Ecoute active/liste
d’attente
IES total
a
a
a
a
Note. Sig. 5 signification ; ns 5 non significatif.
a
Variances égales non présumées.
Journal of EMDR Practice and Research, Volume 6, Number 3, 2012
Traitement EMDR d’expériences troublantes
E39
FIGURE 3. Scores moyens sur l’échelle Impact of Event Scale
Note. Scores moyens sur l’échelle totale et sur les sous-échelles intrusions et évitement. IES-int 5 IES intrusions ; IES-av 5 IES
évitement ; EMDR 5 groupe d’EMDR ; AL 5 groupe d’écoute active ; WL 5 groupe de liste d’attente ; Intrusion 5 intrusions ;
Avoidance 5 évitement ; Pretreatment 5 prétraitement.
Rapports phénoménologiques
Discussion
Bien qu’ils n’aient pas fait l’objet d’une analyse
appropriée, les commentaires formulés par les participants semblaient différer en fonction de la condition.
Les traitements, et particulièrement l’EMDR, semblait induire des changements qualificatifs au niveau
des émotions à l’égard de l’événement (e.g., un
changement depuis la déconnexion, la honte, la colère
et la tristesse vers la réconciliation, l’apaisement, le
réconfort et ainsi de suite). Voici quelques réponses
de l’un des participants après les séries séquentielles
de mouvements oculaires au cours du processus
thérapeutique :
Rappel du souvenir
• “Ça fait mal, envie de pleurer.”
• “Je me souviens d’une relation similaire avec XXX,
désespérée.”
• “Je trouve que tout le monde est injuste avec moi,
que ce n’est pas ma faute.”
• “J’ai le sentiment que je ne veux pas que ça m’arrive,
je suis très fâché.”
• “Tristesse, plus de colère.”
• “Je ne pouvais pas le savoir ; je n’ai rien fait
de mal.”
• “J’ai pitié de lui, il m’a fait du mal, mais il a des
problèmes plus graves que les miens.”
• “Je me sens plutôt bien ; je suis humain, je peux
faire des erreurs.”
E40
L’un des résultats intéressants de cette étude est
que la majorité des participants (90 des 97 participants)
provenant d’une population générale pouvait identifier des souvenirs qui provoquait une augmentation
considérable de l’anxiété d’état (15 points en moyenne) et une détresse liée à l’événement relativement
importante telle que mesurée par l’IES. (Toutefois il
importe également de noter que sept participants ont
été exclus parce qu’ils étaient incapables de se rappeler un événement qui soit suffisamment perturbant
dans le présent.) Quelques limites de cet aspect de
l’étude comprennent l’absence de données concernant le temps écoulé depuis l’événement. De plus, il
est possible que l’augmentation de l’anxiété lors du
rappel du souvenir découle en partie des caractéristiques de la procédure qui pourrait avoir un certain
impact sur cette augmentation (e.g., une conversation
paisible au début, administration du STAI, activation du souvenir, puis administration du STAI et de
l’IES). Les résultats suggèrent que si ces événements
(tels que des problèmes relationnels avec un partenaire ou des pairs, des échecs scolaires ou des conflits
avec les parents dans l’enfance) ne répondent pas aux
critères d’un événement traumatique tel que décrit
dans le DSM-IV-TR, ils peuvent tout de même avoir
Journal of EMDR Practice and Research, Volume 6, Number 3, 2012
Cvetec
un impact durable sur l’expérience humaine. Les résultats de cette étude concordent avec ceux de Mol
et al. (2005) qui ont comparé des personnes traitées
pour leur pire souvenir traumatique à des personnes
traitées pour leur pire souvenir non traumatique
(e.g., maladie chronique, problèmes relationnels, scolaires, professionnels). Leur étude a montré que les
niveaux de symptômes d’ESPT chez les deux populations étaient comparables (et même légèrement
supérieurs dans le groupe non traumatique). Les conséquences destructrices dépendent de la puissance du
souvenir stressant mais aussi des caractéristiques de
l’individu, de l’environnement, et ainsi de suite. Cette
étude montre également la pertinence d’un modèle à
dimensions pour décrire les conséquences des événements stressants. De futures recherches investiguant
le traitement de telles expériences stressantes stockées
de manière dysfonctionnelle ou traumas petit “t” sont
recommandées.
Puisque la brève description de l’événement traumatique lors de l’étude a causé des augmentations si
significatives de l’anxiété et de la détresse en lien avec
l’événement, en termes d’intrusions et d’évitement
(selon l’IES), il est probable que les souvenirs de ces
événements provoquaient des difficultés dans la vie
quotidienne. Ces individus rencontraient vraisemblablement des situations et des stimuli qui activaient
des émotions et d’autres éléments de l’expérience
associée aux souvenirs. Une telle augmentation de
l’anxiété pourrait ainsi être considérée comme dysfonctionnelle puisqu’en réalité, elle n’a pas de raison
d’être dans le présent (Shapiro, 1995, 2001 ; van der
Kolk, van der Hart & Burbridge, 1995). Sans raison
apparente d’exister, l’anxiété éveillée représente une
perte d’énergie pour l’organisme dans le présent.
L’élimination d’une anxiété inappropriée n’empêche
pas l’individu d’évaluer de manière appropriée des
situations de la vie réelle et d’agir en conséquence. En
fait, la recherche tend à montrer que les individus traités en EMDR qui n’éprouvent plus d’anxiété inutile
lors du rappel parviennent très bien à gérer des situations similaires par la suite (Shapiro, 2001).
Effets de l’EMDR, de l’écoute active et de la
liste d’attente
Les conditions EMDR, écoute active et liste d’attente
n’ont pas complètement éliminé l’augmentation de
l’anxiété provoquée par le rappel du souvenir. Bien
que l’augmentation moyenne, lors du rappel du souvenir, de l’anxiété d’état au moment de l’évaluation
­finale n’était que de 1,18 points dans le groupe EMDR,
par rapport à 9,52 points dans le groupe écoute
Journal of EMDR Practice and Research, Volume 6, Number 3, 2012
Traitement EMDR d’expériences troublantes
a­ ctive et 15,36 points dans le groupe liste d’attente,
l’augmentation demeurait tout de même statistiquement significative. De manière similaire, la détresse
en lien avec l’événement, mesurée par l’IES, n’était
complètement effacée dans aucun des groupes. Alors
qu’on pourrait s’attendre à l’élimination complète de
la détresse en lien avec l’événement après un traitement EMDR (Shapiro, 2001), le protocole appliqué
dans cette étude ne traitait qu’un seul souvenir et n’a
pas abordé les déclencheurs présents ni les aspects
futurs de l’incident. Des limites similaires ont été
­observées dans l’étude de Sack, Lempa et Lamprecht
(2007) dont les patients ESPT ont manifesté une activation physiologique significativement réduite lors du
rappel du souvenir après le traitement EMDR.
Une analyse supplémentaire a révélé que l’EMDR et
l’écoute active permettaient de réduire l’anxiété d’état
et la détresse en lien avec le souvenir de l’événement
(différences statistiquement ­significatives entre la première et la dernière évaluation). Bien que l’écoute
active ne constitue pas une procédure spécifiquement
conçue pour le traitement des souvenirs traumatiques,
les facteurs présents dans ce groupe avaient néanmoins un impact important. Ce groupe était destiné
à contrôler le placebo attentionnel et à déterminer
si les changements étaient dus à des facteurs non
spécifiques ou à des éléments communs, tels que la
relation thérapeutique, les attentes positives, etc., qui
surviennent dans presque tout type de traitement. Les
résultats positifs du groupe écoute active suggèrent
que ces facteurs contribuent également au traitement
de tels souvenirs. Des analyses supplémentaires seraient nécessaires pour déterminer lesquels parmi ces
facteurs sont les plus importants et comment les appliquer au mieux dans d’autres procédures.
La condition liste d’attente a été conçue afin de
contrôler les autres facteurs qui pourraient influencer
les résultats (particulièrement l’amélioration spontanée et la procédure d’évaluation). Ces facteurs n’ont
pas causé de modification (diminution) statistiquement significative au niveau de l’augmentation de
l’anxiété d’état lors du rappel du souvenir (STAI X-1)
ni de diminution statistiquement significative du
phénomène d’évitement (sous-échelle évitement de
l’IES). Cependant, ils ont suffi à produire une différence statistiquement significative au niveau du
score IES total ( p , 0,05) et de la sous-échelle intrusion ( p , 0,01).
La comparaison des conditions a indiqué que
l’EMDR était significativement supérieur à l’écoute
active et à liste d’attente au niveau de la diminution
de l’anxiété d’état due au rappel du souvenir et de la
diminution de la détresse en lien avec l’événement
E41
( p , 0,01 ; voir Tableaux 3 et 4). L’approche écoute
active était plus efficace que la liste d’attente ( p , 0,01)
pour l’anxiété d’état, le score IES total et les souséchelles IES (p , 0,05).
Afin d’approuver un certain traitement ou de le
placer sur la liste des traitements empiriquement validés, l’American Psychological Association (Chambless
et al., 1998), entre autres, exige que ce traitement ait
une supériorité statistiquement significative démontrée en comparaison des médicaments, d’un placebo
psychologique ou d’un autre traitement. Cette étude
qui a comparé l’EMDR au placebo attentionnel satisfait ce critère pour l’évaluation d’un traitement
empiriquement validé et est en faveur de l’EMDR
pour le traitement d’expériences stressantes stockées
de manière dysfonctionnelle qui ne correspondent pas
aux critères de l’ESPT.
Bien que cette étude comporte quelques similitudes avec celle de Scheck et al. (1998) qui compare
également les effets de l’EMDR avec ceux de l’écoute
active (l’IES et le STAI X-1 font aussi partie des échelles
employées par les auteurs), ces derniers ne se sont pas
intéressés aux événements stressants qui ne répondent
pas aux critères de l’ESPT. Leur étude impliquait des
participants ayant des souvenirs plus ­problématiques
– 77% avaient reçu un diagnostic d’ESPT. En ce qui
concerne l’efficacité de l’EMDR en comparaison de
celle de l’écoute active, leurs résultats sont similaires
à ceux présentés dans cette étude. Dans son recours
à des participants non cliniques, cette étude possède quelques points communs avec les études de
laboratoire qui ont investigué les effets des mouvements oculaires sur des souvenirs non traumatiques
(Andrade et al., 1997 ; Kavanagh et al., 2001 ; Sharpley
et al., 1996 ; van den Hout et al., 2001). Leurs résultats concordent avec ceux de cette étude puisqu’ils
ont confirmé l’importance des effets des mouvements
oculaires en termes de diminution de la clarté et des
émotions des souvenirs traités.
Les changements qualitatifs observés (e.g., depuis
la honte vers la colère vers la tristesse vers la réconciliation) pour les souvenirs traités pourraient s’avérer
représentatifs d’effets importants résultant de l’EMDR.
La diminution de l’anxiété peut être conçue comme
une désensibilisation que Shapiro (2001) définit comme l’un des effets du retraitement adaptatif.
Limites et suggestions pour les travaux futurs
Les recherches futures devraient viser une investigation plus approfondie de l’efficacité de l’EMDR dans le
traitement des souvenirs stressants et la comparaison
de son efficacité avec d’autres traitements en vigueur
E42
pour les souvenirs stressants (e.g., la thérapie cognitive comportementale). Cette étude suggère que de
tels souvenirs peuvent être hautement troublants et
qu’un traitement peut s’avérer bénéfique. De futures
études pourraient également évaluer l’existence de
différences au niveau des réponses au traitement selon
les types d’événements (e.g., conflits, pertes, humiliations, et ainsi de suite).
Cette étude a utilisé une forme tronquée de l’EMDR
comportant des ajustements importants apportés
aux deux premières phases de recueil de l’histoire et
de préparation. Les résultats tendent à montrer que
l’intégration de cette forme de l’EMDR dans d’autres
approches psychothérapeutiques peut constituer un
moyen efficace de réduire l’anxiété et la détresse liée
à un événement. Néanmoins des recherches supplémentaires seraient utiles pour déterminer dans quels
cas et à quel moment il serait le plus efficace d’utiliser
l’EMDR en combinaison avec une approche psychothérapeutique particulière et pendant combien de
temps, quelles sont les cibles les plus appropriées pour
un tel traitement et comment potentialiser au mieux
les effets d’un tel traitement dans diverses approches
psychothérapeutiques.
Afin d’améliorer la crédibilité, la véracité et la clarté
des résultats, les recherches futures devraient vérifier si
les effets du traitement sont durables. Une autre amélioration importante serait que les évaluations soient
menées de manière indépendante de l’application des
traitements. Les évaluations, l’EMDR et l’écoute active
étaient effectués pas le même thérapeute-chercheur
dans cette étude. Une autre limite correspond au
fait que les échelles indiquant les résultats étaient des
questionnaires d’autoévaluation. De plus, des échelles
comportementales à long terme et des outils qui évalueraient d’autres indicateurs du traitement des souvenirs
seraient appropriés.
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Toute correspondance concernant cet article peut être
adressée à Robert Cvetek, Ukanc 77, 4265 Bohinjsko jezero,
Slovenia. Courriel : [email protected]
E45
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