Traitement EMDR d’expériences troublantes qui ne répondent pas aux critères de l’ESPT Robert Cvetek Université de Ljubljana, Slovénie L’EMDR (eye movement desensitization and reprocessing : désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires) permettrait de traiter avec succès non seulement l’état de stress post-traumatique (ESPT) mais aussi d’autres troubles psychiatriques et problèmes de santé mentale dans la mesure où ceux-ci possèdent des facteurs contributifs expérientiels. Cet essai clinique randomisé a étudié les effets du traitement d’expériences troublantes (ou traumatismes petit “t”) qui ne correspondent pas aux critères de l’ESPT. Trois heures d’une forme légèrement adaptée de l’EMDR ont été comparées à une écoute active (placebo attentionnel, également de 3 heures) et à une liste d’attente. Les résultats obtenus auprès de 90 participants ont montré que l’EMDR produisait des scores significativement plus faibles sur l’échelle de l’impact des événements (Impact of Events Scale [IES]) que l’écoute active ou la liste d’attente. L’EMDR résultait également en une augmentation significativement moins importante sur la sous-échelle état de l’inventaire d’anxiété état-trait (State-Trait Anxiety Inventory) après le rappel du souvenir. Quelques limites et implications des résultats sont abordées. Mots-clés : EMDR ; efficacité ; expériences stressantes stockées de manière dysfonctionnelle ; ­traumatismes petits “t” ; essai clinique randomisé. L a recherche sur la mémoire indique que le cerveau est généralement incapable de reproduire exactement les empreintes des expériences antérieures (van der Kolk, 2002). Plutôt qu’un rappel précis, les souvenirs sont habituellement transformés en histoires que les personnes racontent aux autres comme à elles-mêmes. Les souvenirs traumatiques sont toutefois encodées différemment dans le cerveau en comparaison des expériences normales (Rauch et al., 1996 ; Shin et al., 1999 ; van der Kolk, 1994 ; van der Kolk, Hopper & Osterman, 2001). Des émotions, images, sensations et réactions musculaires qui constituent des parties du traumatisme sont “profondément inscrites” (van der Kolk, 2002, p. 57) dans la mémoire des individus traumatisés. Ces empreintes traumatiques peuvent être revécues sans subir de transformation majeure des mois, des années ou même des décennies après l’événement (e.g., van der Kolk, 1994 ; van der Kolk & Fisler, 1995 ; van der Kolk et al., 2001) et la personne en fait l’expérience lorsque le souvenir du traumatisme est déclenché. Pour qu’un incident corresponde aux critères définissant un “événement traumatique” dans le diagnostic de l’état de stress post-traumatique (ESPT), le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-IV-TR ; American Psychiatric Association, 2000) requiert que l’individu ait vécu, été témoin de ou confronté à un ou à des événements impliquant une mort réelle ou un risque de mort, des blessures graves ou une menace à l’intégrité physique de la personne elle-même ou d’autrui. De nombreux événements pénibles ne correspondent pas aux critères du DSM-IV-TR : il s’agit des humiliations ou de l’abandon dans l’enfance, des divorces, entre autres. Tous ces faits peuvent être très perturbants pour l’individu et causer divers troubles This article originally appeared as Cvetek, R. (2008). EMDR Treatment of Distressful Experiences That Fail to Meet the ­Criteria for PTSD. Journal of EMDR Practice and Research, 2(1), 2-14. Translated by Jenny Ann Rydberg Journal of EMDR Practice and Research, Volume 6, Number 3, 2012 © 2012 EMDR International Association http://dx.doi.org/10.1891/1933-3196.6.3.E31 E31 et problèmes, particulièrement si elles revêtent une importance personnelle (Gostečnik, 2002 ; KompanErzar, 2003 ; Repič, 2005 ; Shapiro, 1995 ; Shapiro & Forrest, 1997). Alors qu’un événement donné peut paraître insignifiant pour un adulte, il peut s’avérer très important pour l’enfant qui se développe. Ces incidents sont appelés des traumatismes petit “t” par Shapiro (2001). Les traumatismes petit “t” correspondent à tout événement de vie qui possède un impact négatif durable sur l’esprit. Cela signifie que leur rappel provoque un certain niveau d’anxiété et fait surgir des images, émotions et cognitions négatives qui étaient présentes au moment de l’événement. Il est supposé qu’ils sont stockés en mémoire sous une forme dysfonctionnelle. L’étude de Mol et al. (2005) comparait des symptômes ESPT dans la population générale adulte après divers événements traumatiques qui correspondent aux critères DSM-IV-TR avec des symptômes générés à la suite d’événements plus communs (appelés “événements de vie”) tels que la maladie chronique, des problèmes relationnels (e.g., mésentente conjugale), scolaires ou professionnels (e.g., chômage). Les résultats ont montré que les personnes dont le pire événement était un tel “événement de vie” manifestaient plus de symptômes ESPT en lien avec cet événement que celles dont le pire événement était traumatique (e.g., un accident ou une catastrophe). Mol et ses collègues ont conclu qu’une souffrance considérable résulte des deux types d’événements (de vie et traumatiques). Le stockage physiologique dysfonctionnel des expériences stressantes et traumatiques n’est pas limité aux victimes manifestes de traumatismes ; en fait il contribue plutôt à l’ensemble des problèmes que les clients soulèvent en thérapie (Shapiro, 2002e). Ceci inclut des cas où une personne croit qu’elle n’est pas digne d’être aimée ou qu’elle est sans valeur ou quelqu’un de raté, qu’elle ne peut réussir, ou qu’elle sera abandonnée. Les expériences stressantes stockées de manière dysfonctionnelle sont donc à l’origine des troubles qui reçoivent un diagnostic clinique mais aussi des difficultés qui ne sont pas considérées comme des troubles cliniques malgré leur impact considérable sur la vie quotidienne (Shapiro & Maxfield, 2003). Certains chercheurs dans le domaine de la mémoire (e.g., Levin, Lazrove & van der Kolk, 1999 ; van der Kolk, 2002, 2003 ; van der Kolk & Fisler, 1995) insistent sur le fait qu’un souvenir stocké de manière dysfonctionnelle est représenté en mémoire non comme le récit verbal du passé, mais plutôt comme des éléments sensoriels et émotionnels fragmentés de l’expérience traumatique. Ces différents éléments demeurent souvent déconnectés des autres éléments. E32 De telles expériences stressantes stockées de manière dysfonctionnelle restent “verrouillées” ou “gelées” dans un blocage neurobiologique ; ceci signifie que les connexions neurologiques qui permettraient normalement la résolution ou le traitement ne se développent pas (Gilligan, 2002 ; Shapiro, 2001 ; van der Kolk et al., 2001). Ainsi, l’individu traumatisé peut éprouver des sensations corporelles, une odeur, ou une réaction de peur, dans l’apparition simultanée d’une image visuelle ou d’un autre stimulus d’orientation qui lui permettrait de placer ces “souvenirs” dans le temps et dans l’espace. Cet individu ne pourra pas faire l’expérience de ces souvenirs en tant qu’un tout intégré, comme un événement tragique qui s’est produit à un moment donné dans des circonstances particulières (Levin et al., 1999). De tels éléments déconnectés d’une expérience stressante stockée de manière dysfonctionnelle demeurent alors non traités et l’individu ne peut les enregistrer sous forme de son histoire personnelle. L’évaluation, la classification et la contextualisation des expériences d’une personne sont donc perturbées. Le traumatisme n’est pas vécu comme un événement tragique unique qui s’est produit à un moment donné, dans des circonstances particulières, mais plutôt comme une émotion ou une sensation corporelle intemporelle (Levin et al., 1999). Stickgold (2002) affirme que le traitement inadéquat des souvenirs se caractérise en partie par la prédominance prolongée et inappropriée de la mémoire épisodique (plutôt que sémantique) de l’événement traumatique. La perturbation du processus normal de traitement et d’intégration du souvenir épisodique dans le système mnésique sémantique a pour conséquence que le souvenir épisodique, son affect et d’autres éléments persistent sous une forme exagérément intense et chargée d’affect. Nous pouvons présumer qu’il est également possible que seuls certains aspects du souvenir épisodique ont besoin d’être traités. De plus, les souvenirs traités peuvent avoir un composant épisodique important, mais sans que l’affect ne soit revécu, souvent dans la perspective de l’observateur plutôt qu’une visualisation du point du vue du sujet in vivo. Certains de ces résultats de recherche ainsi que d’autres soutiennent le modèle du traitement adaptatif de l’information (TAI ; Shapiro, 2001). Le modèle TAI affirme que le stockage dysfonctionnel des expériences se produit probablement en conséquence du blocage d’un traitement adaptatif de l’information. Ceci empêche la personne d’extraire les aspects utiles d’une expérience traumatique, tels que le fait de savoir quand il faut être prudent avec certaines personnes ou même les éviter ; en même temps, cela pousse à “jeter” ce qui est inutile ou Journal of EMDR Practice and Research, Volume 6, Number 3, 2012 Cvetec autodestructeur, comme la perturbation émotionnelle, l’anxiété, les tensions physiques et la vigilance, et les cognitions irrationnelles. Ceci empêche l’individu d’atteindre (ou de retrouver) la capacité d’éprouver et d’exprimer l’état émotionnel approprié en ce qui concerne l’événement traumatique et donc d’acquérir l’aptitude de gérer efficacement ses projets futurs (Shapiro, 1999, 2002b, 2002c). Lorsqu’un événement hautement stressant a lieu, le traitement de l’information peut se trouver ­bloqué. Les perceptions et les informations, telles que des images visuelles et des perceptions somatiques ou ­autres de l’expérience vécues par la personne pendant l’événement peuvent se trouver “verrouillées” dans le cerveau et maintenues sous cette forme (Shapiro, 2001). Equipés de ce genre d’information mnésique, les individus exposés à des stimuli rappelant le traumatisme peuvent revivre le passé avec un composant sensoriel et émotionnel immédiat. Ceci leur donne le sentiment que l’événement lui-même se répète, bien qu’ils sachent que leurs réactions ne sont pas en accord avec les stimuli présents (van der Kolk, 2003). Le traitement de matériel dysfonctionnel dans les réseaux mnésiques caractérise précisément l’EMDR. EMDR Au départ, l’EMDR a été développé pour traiter l’ESPT. Quelques études contrôlées de l’EMDR pour l’ESPT civil (qui n’est pas en lien avec des expériences de combat ou de guerre) rapportent un taux de succès entre 77% et 100% après seulement 3 à 10 heures d’EMDR (Lee, Gavriel, Drummond, Richards & Greenwald, 2002 ; Marcus, Marquis & Sakai, 1997 ; Rothbaum, 1997 ; Scheck, Schaeffer & Gillette, 1998 ; Wilson, Becker & Tinker, 1995, 1997 ; Wilson, Silver, Covi & ­Foster, 1996). Si certaines études (e.g., Devilly & Spence, 1999 ; Jensen, 1994) ont décrit des effets moindres de l’EMDR, l’EMDR est validé en tant que traitement ­efficace de l’ESPT dans Bisson et Andrew (2007) et par plusieurs organisations dont la société internationale des études sur le stress traumatique (International ­Society for Traumatic Stress Studies ; Chemtob, Tolin, van der Kolk & Pitman, 2000), l’American Psychiatric Association (2004) et l’American Psychological Association (Chambless et al., 1998). Certains cliniciens et chercheurs EMDR (EMDR Institute, 2005 ; Shapiro, 1999, 2001, 2002a ; Shapiro & Forrest, 1997 ; Sprang, 2001 ; Taylor, 2002) ont affirmé que la pratique clinique et les études de cas en EMDR montrent son efficacité dans le traitement d’une variété de troubles psychologiques (incluant les troubles de la personnalité, les troubles anxieux, le troubles Journal of EMDR Practice and Research, Volume 6, Number 3, 2012 Traitement EMDR d’expériences troublantes dépressifs et les addictions). L’EMDR traiterait non seulement l’ESPT mais aussi d’autres troubles dans la mesure où ils possèdent des facteurs contributifs expérientiels (Shapiro, 1997, 2001, 2002a). Cependant, ces affirmations attendent un soutien plus définitif de la recherche (voir e.g., Cvetek, 2000 ; Maxfield, 2007 ; Shapiro, 1999, 2001). Shapiro (2002a) souligne également le besoin de recherche concernant l’EMDR dans des cas d’expériences stressantes stockées de manière dysfonctionnelle telles que celles qui ne sont pas prises en compte dans le diagnostic de l’ESPT. Le traitement EMDR de participants non diagnostiqués Aucune étude clinique n’a évalué directement les effets d’un traitement EMDR de participants non diagnostiqués dont la détresse était en lien avec des traumatismes petit “t”. Cependant certains essais cliniques randomisés ont inclus des participants dont les symptômes de correspondaient pas entièrement aux critères de l’ESPT. Dans une étude de Scheck et de ses collègues (1998), seulement 67% des participants avaient reçu un diagnostic d’ESPT. Néanmoins tous les participants avaient décrit un souvenir traumatique et des comportements dysfonctionnels, tels que la promiscuité sexuelle, les fugues et l’abus d’alcool ou de psychotropes. Ils ont observé un changement plus important pré/post chez les participants ayant reçu un traitement EMDR en comparaison avec les participants qui n’ont bénéficié que d’une écoute active. De manière similaire, dans une étude de ­Wilson et al. (1995), 54% des participants traumatisés n’avaient pas de diagnostic d’ESPT. Une analyse de régression linéaire a indiqué que les gains thérapeutiques ne variaient pas en fonction de la sévérité des symptômes prétraitement ou du diagnostic ESPT. Les participants ont montré une amélioration importante sur les mesures de dépression, d’anxiété et de stress post-traumatique. De plus, certaines études contrôlées ont investigué les effets des mouvements oculaires indépendamment du protocole EMDR (en laboratoire) sur les souvenirs non traumatiques chez d es participants non cliniques (Andrade, Kavanagh, & Baddeley, 1997 ; Kavanagh, Freese, Andrade & May, 2001 ; Sharpley, Montgomery & Scalzo, 1996 ; van den Hout, Muris, Salemink & Kindt, 2001). De tels souvenirs incluent le fait de passer un examen sans être préparé, la maladie ou le décès de proches, le divorce des parents, avoir été menacé par un animal, des disputes avec des amis, des films d’horreur, et ainsi de suite. Ces études ont démontré que les mouvements oculaires diminuaient E33 la clarté des images mnésiques et l’émotion associée. Van den Hout et al. (2001) ont conclu que non seulement les mouvements oculaires diminuaient la clarté des souvenirs et l’émotion associée au cours même des mouvements oculaires mais ils affectent également les rappels futurs sans mouvement oculaire. Intégration de l’EMDR avec d’autres approches Il existe une tendance à l’intégration de l’EMDR avec d’autres approches psychothérapeutiques importantes (Manfield, 1998 ; Shapiro, 1999, 2001, 2002b, 2002d), l’EMDR étant typiquement utilisé pour traiter les antécédents traumatiques. Certains exemples connus d’intégration de l’EMDR avec d’autres approches psychothérapeutiques comprennent les approches psychanalytique (Snyker, 1998 ; Wachtel, 2002), cognitive comportementale (Smyth & Poole, 2002), expérientielle (Bohart & Greenberg, 2002), familiale (Kaslow, Nurse & Thompson, 2002 ; Shapiro, Kaslow & Maxfield, 2007) et conjugale (Protinsky, Sparks & Flemke, 2001). De nombreux thérapeutes qui pratiquent l’EMDR disent intégrer l’EMDR à l’approche psychothérapeutique ou aux techniques qu’ils emploient habituellement (DiGiorgio, Arnkoff, Glass, Lyhus & Walter, 2004). Ceci est généralement désigné comme une intégration par assimilation (DiGiorgio et al., 2004). La formation à l’EMDR suggère également (Solomon, communication personnelle, 2003) que les thérapeutes utilisent leur approche psychothérapeutique habituelle et qu’en trouvant une “cible” appropriée, ils peuvent appliquer l’EMDR (en fait, comme la cible a déjà été définie, ils peuvent même utiliser une approche EMDR légèrement modifiée) puis continuer avec leur approche habituelle. Quelques études de cas prometteuses existent ; en général, toutefois, l’intégration et les applications de l’EMDR au sein d’autres approches psychothérapeutiques n’ont pas fait l’objet de suffisamment d’études empiriques. Ces autres approches psychothérapeutiques font souvent apparaître d’autres événements du passé du client qui ne correspondent pas aux critères pour un événement traumatique dans le sens d’un ESPT mais qui sont néanmoins très importants sur le plan thérapeutique. L’efficacité de l’EMDR pour de tels événements est donc très importante pour la prise en compte de l’intégration et de l’utilisation de l’EMDR dans d’autres approches psychothérapeutiques. En raison du contexte, l’application de l’EMDR dans une telle intégration requiert souvent de légères modifications au niveau du processus ; par exemple, la phase du recueil de l’histoire n’est souvent pas nécessaire, la phase de réévaluation est restreinte, et ainsi E34 de suite (pour une description détaillée de toute la procédure, voir Shapiro, 1995, 2001). Dworkin (2005) déclare que “dans les phases 3–6, des étapes standardisées doivent être suivies afin d’atteindre la fidélité à la méthode” (p. 224). Ces phases sont l’évaluation (séquence d’activation du traumatisme), la désensibilisation (traitement actif du traumatisme), l’installation (mise en lien avec une perspective adaptative) et le scanner corporel (conscience corporelle aiguë). Les objectifs des quatre autres phases – accomplir le recueil de l’histoire du client et la planification du traitement (conceptualisation du cas traumatique), la préparation du client (contrôle de la tolérance aux affects et de la conscience corporelle), la clôture (débriefing) et la réévaluation – sont atteints dans la conduite de l’autre psychothérapie. Le problème de recherche Le modèle de traitement de l’information qui constitue la base théorique de l’EMDR ainsi que de nombreux rapports cliniques laissent penser que l’EMDR est efficace dans le traitement d’expériences stressantes stockées de manière dysfonctionnelle qui ne correspondent pas aux critères de l’ESPT. Shapiro (2002a) affirme qu’une telle efficacité n’a pas encore été adéquatement évaluée et que des évaluations plus rigoureuses sur le plan méthodologique sont nécessaires. De manière similaire, l’intégration et l’utilisation de l’EMDR dans d’autres approches psychothérapeutiques doivent encore être adéquatement évaluées (DiGiorgio et al., 2004). Cette étude évalue si la forme légèrement adaptée de l’EMDR, omettant les phases 1, 2 et 8, est plus efficace pour traiter les expériences stressantes stockées de manière dysfonctionnelle (ou traumatismes petit “t”) que l’écoute active (placebo attentionnel) ou la liste d’attente. Cette étude évalue également l’hypothèse selon laquelle le rappel d’un événement pertinent ne correspondant pas aux critères ESPT causera une augmentation de l’état d’anxiété. Ceci est cohérent avec le modèle TAI de Shapiro (2001) qui énonce que l’activation de souvenirs stressants non traités provoque l’expérience d’éléments perturbants de ces souvenirs. Une telle augmentation est considérée comme indiquant le stockage dysfonctionnel des souvenirs. Méthode Participants Quatre-vingt-dix participants ont été inclus dans l’étude. Au cours de l’étude, cinq participants ont abandonné l’étude avant l’évaluation finale pour Journal of EMDR Practice and Research, Volume 6, Number 3, 2012 Cvetec d­ iverses raisons. Les participants étaient âgés entre 19 et 32 ans. Au départ, il y avait 30 hommes et 60 femmes ; à la fin, suite aux abandons, il y avait 28 hommes et 57 femmes. Les participants étaient des étudiants slovènes des premier et troisième cycles de plusieurs facultés de l’Université de Ljubljana (faculté d’économie, faculté de théologie, faculté de pédagogie, faculté des arts et faculté de droit) et d’étudiants de quatrième année de l’Ecole des hautes études économiques et du lycée de Radovljica. L’âge moyen des participants était de 23,4 ans (23,6 sans compter les participants qui ont abandonné l’étude) et l’écart-type était de 3,7 ans (toujours sans compter les participants qui ont abandonné l’étude). Instruments Deux outils d’évaluation ont été administrés dans cette étude : la version slovène de la sous-échelle STAI X-1 (d’état) de l’Inventaire d’Anxiété Etat-Trait (STAI : State-Trait Anxiety Inventory ; Lamovec, 1988 ; Spielberger, Gorsuch, Lushene, Vagg & Jacobs, 1983) et l’Echelle d’impact des événements (IES : Impact of Event Scale ; Horowitz, Wilner & Alvarez, 1979). Ces deux outils sont fréquemment employés dans les études sur l’EMDR (voir Cvetek, 2000). La sous-échelle STAI X-1 est un outil d’autoévaluation en 20 items utilisant une échelle Likert en 4 points, avec des scores variant entre 20 et 80. Elle mesure l’état d’anxiété actuel (appelé anxiété d’état par opposition à l’anxiété de trait). Cet instrument joue un rôle important dans la poursuite des objectifs de cette étude puisque le déclenchement d’un certain niveau d’anxiété lors du rappel constitue une caractéristique intrinsèque des souvenirs stressants (non traités) stockés de manière dysfonctionnelle. Un score plus élevé sur l’échelle indique un niveau plus élevé d’anxiété d’état. Le STAI possède une bonne validité convergente ; la fiabilité du STAI X-1 est plus faible, de manière attendue, à 0,33 (Spielberger et al., 1983). L’IES, une échelle d’autoévaluation de type Likert, évalue la détresse subjective actuelle en rapport avec un événement de vie particulier (Horowitz et al., 1979). Il est destiné à évaluer la fréquence de phénomènes stressants tels que l’évitement et les symptômes intrusifs en lien avec événement donné et éprouvés au cours des 7 derniers jours. Il s’agit de l’une des échelles les plus fréquemment utilisées pour évaluer les phénomènes post-traumatiques. L’échelle IES possède également deux sous-échelles : l’une évalue les symptômes intrusifs (pensées intrusives, cauchemars, émotions et imagination) tandis que l’autre mesure des symptômes d’évitement (engourdissement, évitement Journal of EMDR Practice and Research, Volume 6, Number 3, 2012 Traitement EMDR d’expériences troublantes des émotions, des situations et des pensées).Tous les items de l’IES se réfèrent à un stresseur spécifique (Horowitz et al., 1979). Un score plus élevé sur l’échelle indique un niveau plus élevé de phénomènes posttraumatiques. Les sous-échelles IES démontrent une très bonne fiabilité avec des coefficients de cohérence interne entre 0,79 et 0,92 (Corcoran & Fischer, 1994). L’IES possède une bonne validité de critère, de contenu et de construction (Horowitz et al., 1979). Sélection et évaluation des participants La Figure 1 illustre l’évolution des participants au cours des processus d’évaluation et de traitement. Les participants potentiels ont été invités dans leur faculté ou école, de manière aléatoire, à participer à l’étude de manière volontaire. Aucune rémunération n’a été offerte pour la participation. Les personnes intéressées recevaient des informations supplémentaires concernant l’étude (incluant les avantages et désavantages potentiels). Celles qui ont décidé de participer ont signé un formulaire de consentement éclairé et, après une conversation d’introduction destinée à détendre, ont complété le STAI X-1 (première administration du STAI X-1). Ensuite elles ont été invitées à décrire brièvement un souvenir encore perturbant ainsi que leurs émotions au moment de l’événement. Cette partie de la procédure sera nommée “rappel du souvenir”. Le rappel du souvenir durait environ 1 à 2 minutes. Sept volontaires qui ne pouvaient se rappeler aucun événement pertinent n’ont pas été inclus dans l’étude. Les participants restants ont à nouveau complété le STAI X-1 (deuxième administration du STAI X-1) pour évaluer ce qu’ils ressentaient au moment de compléter l’échelle plutôt qu’au moment de l’événement. Ensuite, ils ont également complété l’IES (première administration de l’IES). Des entretiens cliniques ont été menés avec les participants pour contrôler des facteurs de sécurité – ceux-ci sont généralement vérifiés au cours de la première phase de la procédure EMDR (voir Shapiro, 2001) – ainsi que la présence d’éventuels problèmes sérieux de santé mentale, des diagnostics psychiatriques antérieurs ou une histoire traumatique (selon la description d’un événement traumatique du DSM-IV-TR). Sur la base de ces entretiens, six individus qui possédaient des problèmes sérieux de santé mentale, un diagnostic psychiatrique antérieur ou une histoire traumatique ont été exclus du reste de l’étude, et certains ont été référés à des organismes appropriés. Les souvenirs rapportés par les individus restants ne correspondaient pas aux critères d’un événement traumatique du DSM-IV-TR. Ces 90 participants ont été divisés en trois groupes. E35 Recrutés (n = 103) A complété le STAI-X1 (première administration) Rappel d'un événement de vie perturbant non traumatique Suivi de l'administration du STAI-X1 (deuxième administration) (n = 96) Exclus (n = 7) N'ont pas pu identifier d'événement stressant A complété l'IES pour l'événement de vie identifié (administration pré-traitement) Entretien clinique pour évaluer la présence de problèmes de santé mentale ou de traumas antérieurs (n = 26) Exclus (n = 6) Diagnostiques psychiatriques, histoire traumatique Répartition en fonction des scores STAI-X1 lors de la 1re administration Randomisation du traitement (n = 90) 3 séances d'EMDR d'une heure Traitement entamé (n = 30) Traitement complété (n = 28) 3 séances d'écoute active d'une heure Traitement entamé (n = 30) Traitement complété (n = 27) Liste d'attente (n = 30) Attente complétée (n = 30) A complété le STAI-X1 (3e administration) Rappel du souvenir suivi de la 4e administration du STAI-X1 (n = 85) A complété l'IES pour l'événement de vie identifié (administration post-traitement) FIGURE 1. Organigramme du progrès des participants au cours de l’étude. Les participants ont été appariés (afin d’améliorer la comparaison entre groupes) en fonction des résultats du STAI X-1 avant le rappel du souvenir (première administration) et ensuite assignés de manière aléatoire à l’un des trois groupes. Application du traitement Tous les membres du groupe expérimental ont bénéficié, au cours d’une période d’environ 10 semaines, de trois séances d’EMDR d’une heure en suivant la procédure décrite précédemment. Les phases 1 et 2 ont été ajustées comme c’est souvent le cas lorsque l’EMDR est intégré et appliqué dans le cadre d’autres approches psychothérapeutiques. Puisque la cible avait déjà été choisie et que les facteurs de sécurité avaient été contrôlés, la phase de recueil de l’histoire était peu nécessaire (à part une vérification de la présence éventuelle de problèmes oculaires). Le cadre et les limites de cette étude n’ont pas permis de travailler sur la relation thérapeutique pendant une période plus longue au cours de la phase de préparation. Les séances de thérapie duraient une heure. De plus, E36 la phase de réévaluation a été raisonnablement ajustée (il n’y avait pas de plan de traitement global dans lequel intégrer les séances de désensibilisation ; l’étude se centrait sur une seule cible et ne recherchait pas délibérément d’autres cibles en vue d’un traitement plus complet des patients ; des séances de suivi ont été proposées aux participants mais elles ne faisaient pas partie de l’étude). A tout autre point de vue, la procédure EMDR standard (Shapiro, 2001) a été rigoureusement suivie. Chaque participant dans le groupe d’écoute active a reçu trois séances d’une heure au cours d’une période d’environ 10 semaines. Cette condition a été utilisée pour le contrôle du facteur de “placebo attentionnel” (Prochaska & Norcross, 1999) ou le contrôle de facteurs non spécifiques de la psychothérapie, tels que la relation thérapeutique, l’attente de bénéfices et l’attention bienveillante (Seligman, 1995). Les efforts du thérapeute dans ce groupe impliquaient l’écoute active, le fait de résumer, de clarifier et d’interroger sur le récit. L’écoute active était centrée sur le souvenir identifié et sur toute question associée. Journal of EMDR Practice and Research, Volume 6, Number 3, 2012 Cvetec TABLEAU 1. Moyennes et écarts-types au STAI X-1 et à l’IES EMDR Prétraitement Augmentation de l’anxiété d’état lors du rappel IES total IES intrusion IES évitement Post-traitement Augmentation de l’anxiété d’état lors du rappel IES total IES intrusion IES évitement Ecoute active Liste d’attente Traitement entamé (n530) Traitement complété (n528) Traitement entamé (n530) Traitement complété (n527) Période d’attente entamée et complétée (n530) m m m m m 14,5 6,96 14,4 7,21 15,0 6,15 14,9 6,32 15,8 7,1 27,1 10,8 16,4 10,9 5,6 6,6 26,1 10,2 15,9 10,3 5,3 6,5 27,3 11,2 16,1 11,5 5,5 7,1 27,6 11,3 16,3 11,7 5,7 7,2 26,7 10,5 16,2 11,4 4,4 7,7 1,2 2,0 9,5 6,1 15,4 8,6 6,6 2,1 4,5 6,2 2,9 3,7 18,7 6,8 11,9 9,5 4,9 5,7 23,6 8,4 15,2 12,6 4,9 8,6 Note. Augmentation de l’anxiété d’état lors du rappel 5 différence au niveau des scores STAI-X1 lors de la première et de la deuxième administration (prétraitement) et lors de la troisième et de la quatrième administration (post-traitement). Le deuxième groupe contrôle (liste d’attente) n’a bénéficié d’aucun traitement pendant cette période. Ce groupe permettait de contrôler toute amélioration spontanée ou effet dû à la procédure d’évaluation. Evaluation finale L’évaluation finale a été effectuée environ 10 semaines après la première. Les participants ont été réévalués à l’aide d’une nouvelle administration du STAI X-1 et de l’IES. Il s’agissait de la deuxième administration de l’IES. Comme auparavant, le STAI X-1 permettait de mesurer l’anxiété d’état actuel (troisième administration) puis de mesurer l’anxiété subséquente au rappel du souvenir (quatrième administration). Tandis que l’étude consistait en des séances thérapeutiques limitées, tous les participants avaient la possibilité de poursuivre le traitement gratuitement à la fin de l’étude. Résultats Les souvenirs rapportés par les participants de l’étude concernaient des événements tels que la fin d’une relation amoureuse, des expériences douloureuses et perturbantes avec les parents lors de l’enfance ou de l’adolescence (e.g., manque de soutien, colère, Journal of EMDR Practice and Research, Volume 6, Number 3, 2012 Traitement EMDR d’expériences troublantes rudesse, injustice, etc.), des interventions chirurgicales mineures, des expériences humiliantes avec les pairs dans l’enfance et l’adolescence, des déceptions amicales et des échecs scolaires. Les scores sur les échelles employées (moyennes et écarts-types) sont indiqués dans le Tableau 1. Augmentation de l’anxiété d’état lors du rappel du souvenir Il n’y avait pas de différence significative entre les conditions de traitement lors de la première évaluation (prétraitement) au niveau des scores STAI X-1. L’effet du rappel du souvenir sur l’anxiété d’état était évalué en déterminant l’ampleur du changement des scores STAI X-1 avant et après le rappel du souvenir à l’aide de tests t avec échantillons appariés (voir Tableau 2). Le rappel du souvenir produisait une augmentation statistiquement significative (p , 0,01) de l’anxiété d’état pour les trois groupes, lors du prétraitement et du posttraitement. Une analyse a alors été effectuée pour déterminer si le traitement avait un effet sur l’ampleur de cette augmentation en comparant les augmentations pré- et post-traitement dans chaque condition. Chez les participants EMDR et écoute active, le rappel du souvenir produisait une augmentation significativement réduite après le traitement (p , 0,001) ; il n’y avait pas de différence significative pour le groupe liste d’attente. E37 TABLEAU 2. Résultats des tests t d’échantillons appariés au sein des conditions de traitement EMDR t(df) Prétraitement Augmentation de l’anxiété d’état lors du rappel Post-traitement Augmentation de l’anxiété d’état lors du rappel Changements pré/post au sein de chaque condition STAI X-1 état de repos Ecoute active t(df) Sig. Liste d’attente Sig. t(df) Sig. 210,59 (27) 0,000 212,24 (26) 0,000 212,22 (29) 0,000 23,15 (27) 0,004 28,09 (26) 0,000 29,83 (29) 0,000 1,56 (27) ns ns 1,42 (29) ns Augmentation de l’anxiété d’état lors du rappel IES total 9,98 (27) 0,000 20,95 (26) 7,01 (26) 0,000 0,62 (29) ns 9,92 (27) 0,000 5,24 (26) 0,000 2,70 (29) 0,011 IES intrusion IES évitement 8,01 (27) 9,39 (27) 0,000 0,000 6,22 (26) 4,01 (26) 0,000 0,000 3,13 (29) 1,44 (29) 0,004 ns Note. Analyses effectuées pour les participants ayant complété le traitement. Sig. 5 signification ; ns 5 non significatif. De plus, une comparaison entre les groupes à l’aide de tests t indépendants (voir Tableau 3) a montré que les participants EMDR décrivaient une augmentation significativement plus petite que les conditions d’écoute active et de LA ( p , 0,001). Par apport à la liste d’attente, l’écoute active comportait également une augmentation moins importante (voir la Figure 2). Stress traumatique Alors que les événements rapportés par les participants ne correspondaient pas aux critères de l’ESPT, leurs scores IES lors du prétraitement variaient entre 4 et 49, avec un score moyen de 27,1 (26,8 pour ceux qui ont terminé le traitement), ce qui les plaçait dans la gamme modérée de la détresse liée à un événement. De manière similaire aux résultats du STAI X-1, il n’y avait pas de différence significative entre les conditions au niveau des scores IES lors du prétraitement (voir le Tableau 4). Une analyse a évalué les changements pré- et posttraitement au niveau des scores IES pour chaque condition (voir le Tableau 2). Les scores totaux et par sous-échelle sur l’IES reflétaient une diminution significative lors du post-traitement pour les groupes EMDR ( p , 0,01) et écoute active ( p , 0,01). Après le traitement, le score total de l’IES chez les participants EMDR (moyenne 5 6,6) les plaçait dans la catégorie sous­clinique, tandis que les participants de l’écoute active se situaient dans la catégorie faible (moyenne 5 18,7). Les scores du groupe liste d’attente sur l’IES se situaient également dans la catégorie faible de la détresse liée à un TABLEAU 3. Comparaison des conditions (tests t d’échantillons indépendants) au niveau de l’augmentation de l’anxiété d’état lors du rappel du souvenir Comparaisons des conditions Augmentation lors du prétraitement Augmentation lors du post-traitement Changement de l’augmentation pré/post t(df) Sig. t(df) Sig. t(df) Sig. EMDR/EA 20,25 (53) ns 26,76 (31,2) 0,000 5,14a (43) 0,000 EMDR/LA 20,75 (56) ns 28,83 (32,3) 0,000 8,37a (43) 0,000 EA/LA 20,53 (55) ns 22,94 (55) 0,005 4,56 (55) 0,000 Note. EA 5 groupe d’écoute active ; LA 5 liste d’attente ; Sig. 5 signification ; ns 5 non significatif. a Variances égales non présumées. E38 Journal of EMDR Practice and Research, Volume 6, Number 3, 2012 Cvetec FIGURE 2. Scores moyens sur la sous-échelle d’état du STAI Note. EMDR 5 groupe EMDR ; AL 5 groupe d’écoute active ; WL 5 groupe de liste d’attente ; pretreatment 5 prétraitement ; posttreatment 5 post-traitement ; before recall 5 avant le rappel ; after recall 5 après le rappel. L’EMDR était associé à des scores significativement plus faibles sur toutes les échelles IES par rapport à la condition écoute active ( p , 0,01) et à la condition liste d’attente ( p , 0,01). De plus, l’écoute active produisait une diminution plus prononcée des scores IES que la liste d’attente ( p , 0,05) (voir Figure 3). événement (moyenne 5 23,6). La sous-échelle des intrusions de l’IES était significativement réduite au niveau p , 0,01 et l’échelle globale IES au niveau p , 0,05. Une analyse supplémentaire a été effectuée pour comparer les effets de l’EMDR, de l’écoute active et de la liste d’attente au niveau des scores IES (voir Tableau 4). TABLEAU 4. Comparaison des conditions (tests t d’échantillons indépendants) pour l’IES total et les sous-échelles Prétraitement Post-traitement Différence pré/post t(df) Sig. t(df) Sig. t(df) Sig. IES total 20,52 (53) ns 25,6a (44,7) 0,000 4,06 (53) 0,000 IES intrusions 20,75 (53) ns a 24,38 (42,1) 0,000 2,9 (53) 0,005 IES évitement 20,24 (53) ns a 25,67 (44,3) 0,000 4,24 (53) 0,000 EMDR/liste d’attente IES total 20,22 (56) ns 26,6a (43) 0,000 7,23a (43,5) 0,000 IES intrusions 20,23 (56) ns a 26,09 (47,7) 0,000 5,05 (46,5) 0,000 20,18 (56) ns 26,2 (39,9) 0,000 7,34a (44,2) 0,000 0,3 (55) ns 21,64 (55) ns 2,91 (55) 0,005 IES intrusions 0,61 (48,6) ns 21,25 (55) ns 2,53 (55) 0,014 IES évitement 0,05 (55) ns 21,71 (50,8) ns 2,62 (55) 0,011 EMDR/écoute active IES évitement Ecoute active/liste d’attente IES total a a a a Note. Sig. 5 signification ; ns 5 non significatif. a Variances égales non présumées. Journal of EMDR Practice and Research, Volume 6, Number 3, 2012 Traitement EMDR d’expériences troublantes E39 FIGURE 3. Scores moyens sur l’échelle Impact of Event Scale Note. Scores moyens sur l’échelle totale et sur les sous-échelles intrusions et évitement. IES-int 5 IES intrusions ; IES-av 5 IES évitement ; EMDR 5 groupe d’EMDR ; AL 5 groupe d’écoute active ; WL 5 groupe de liste d’attente ; Intrusion 5 intrusions ; Avoidance 5 évitement ; Pretreatment 5 prétraitement. Rapports phénoménologiques Discussion Bien qu’ils n’aient pas fait l’objet d’une analyse appropriée, les commentaires formulés par les participants semblaient différer en fonction de la condition. Les traitements, et particulièrement l’EMDR, semblait induire des changements qualificatifs au niveau des émotions à l’égard de l’événement (e.g., un changement depuis la déconnexion, la honte, la colère et la tristesse vers la réconciliation, l’apaisement, le réconfort et ainsi de suite). Voici quelques réponses de l’un des participants après les séries séquentielles de mouvements oculaires au cours du processus thérapeutique : Rappel du souvenir • “Ça fait mal, envie de pleurer.” • “Je me souviens d’une relation similaire avec XXX, désespérée.” • “Je trouve que tout le monde est injuste avec moi, que ce n’est pas ma faute.” • “J’ai le sentiment que je ne veux pas que ça m’arrive, je suis très fâché.” • “Tristesse, plus de colère.” • “Je ne pouvais pas le savoir ; je n’ai rien fait de mal.” • “J’ai pitié de lui, il m’a fait du mal, mais il a des problèmes plus graves que les miens.” • “Je me sens plutôt bien ; je suis humain, je peux faire des erreurs.” E40 L’un des résultats intéressants de cette étude est que la majorité des participants (90 des 97 participants) provenant d’une population générale pouvait identifier des souvenirs qui provoquait une augmentation considérable de l’anxiété d’état (15 points en moyenne) et une détresse liée à l’événement relativement importante telle que mesurée par l’IES. (Toutefois il importe également de noter que sept participants ont été exclus parce qu’ils étaient incapables de se rappeler un événement qui soit suffisamment perturbant dans le présent.) Quelques limites de cet aspect de l’étude comprennent l’absence de données concernant le temps écoulé depuis l’événement. De plus, il est possible que l’augmentation de l’anxiété lors du rappel du souvenir découle en partie des caractéristiques de la procédure qui pourrait avoir un certain impact sur cette augmentation (e.g., une conversation paisible au début, administration du STAI, activation du souvenir, puis administration du STAI et de l’IES). Les résultats suggèrent que si ces événements (tels que des problèmes relationnels avec un partenaire ou des pairs, des échecs scolaires ou des conflits avec les parents dans l’enfance) ne répondent pas aux critères d’un événement traumatique tel que décrit dans le DSM-IV-TR, ils peuvent tout de même avoir Journal of EMDR Practice and Research, Volume 6, Number 3, 2012 Cvetec un impact durable sur l’expérience humaine. Les résultats de cette étude concordent avec ceux de Mol et al. (2005) qui ont comparé des personnes traitées pour leur pire souvenir traumatique à des personnes traitées pour leur pire souvenir non traumatique (e.g., maladie chronique, problèmes relationnels, scolaires, professionnels). Leur étude a montré que les niveaux de symptômes d’ESPT chez les deux populations étaient comparables (et même légèrement supérieurs dans le groupe non traumatique). Les conséquences destructrices dépendent de la puissance du souvenir stressant mais aussi des caractéristiques de l’individu, de l’environnement, et ainsi de suite. Cette étude montre également la pertinence d’un modèle à dimensions pour décrire les conséquences des événements stressants. De futures recherches investiguant le traitement de telles expériences stressantes stockées de manière dysfonctionnelle ou traumas petit “t” sont recommandées. Puisque la brève description de l’événement traumatique lors de l’étude a causé des augmentations si significatives de l’anxiété et de la détresse en lien avec l’événement, en termes d’intrusions et d’évitement (selon l’IES), il est probable que les souvenirs de ces événements provoquaient des difficultés dans la vie quotidienne. Ces individus rencontraient vraisemblablement des situations et des stimuli qui activaient des émotions et d’autres éléments de l’expérience associée aux souvenirs. Une telle augmentation de l’anxiété pourrait ainsi être considérée comme dysfonctionnelle puisqu’en réalité, elle n’a pas de raison d’être dans le présent (Shapiro, 1995, 2001 ; van der Kolk, van der Hart & Burbridge, 1995). Sans raison apparente d’exister, l’anxiété éveillée représente une perte d’énergie pour l’organisme dans le présent. L’élimination d’une anxiété inappropriée n’empêche pas l’individu d’évaluer de manière appropriée des situations de la vie réelle et d’agir en conséquence. En fait, la recherche tend à montrer que les individus traités en EMDR qui n’éprouvent plus d’anxiété inutile lors du rappel parviennent très bien à gérer des situations similaires par la suite (Shapiro, 2001). Effets de l’EMDR, de l’écoute active et de la liste d’attente Les conditions EMDR, écoute active et liste d’attente n’ont pas complètement éliminé l’augmentation de l’anxiété provoquée par le rappel du souvenir. Bien que l’augmentation moyenne, lors du rappel du souvenir, de l’anxiété d’état au moment de l’évaluation ­finale n’était que de 1,18 points dans le groupe EMDR, par rapport à 9,52 points dans le groupe écoute Journal of EMDR Practice and Research, Volume 6, Number 3, 2012 Traitement EMDR d’expériences troublantes a­ ctive et 15,36 points dans le groupe liste d’attente, l’augmentation demeurait tout de même statistiquement significative. De manière similaire, la détresse en lien avec l’événement, mesurée par l’IES, n’était complètement effacée dans aucun des groupes. Alors qu’on pourrait s’attendre à l’élimination complète de la détresse en lien avec l’événement après un traitement EMDR (Shapiro, 2001), le protocole appliqué dans cette étude ne traitait qu’un seul souvenir et n’a pas abordé les déclencheurs présents ni les aspects futurs de l’incident. Des limites similaires ont été ­observées dans l’étude de Sack, Lempa et Lamprecht (2007) dont les patients ESPT ont manifesté une activation physiologique significativement réduite lors du rappel du souvenir après le traitement EMDR. Une analyse supplémentaire a révélé que l’EMDR et l’écoute active permettaient de réduire l’anxiété d’état et la détresse en lien avec le souvenir de l’événement (différences statistiquement ­significatives entre la première et la dernière évaluation). Bien que l’écoute active ne constitue pas une procédure spécifiquement conçue pour le traitement des souvenirs traumatiques, les facteurs présents dans ce groupe avaient néanmoins un impact important. Ce groupe était destiné à contrôler le placebo attentionnel et à déterminer si les changements étaient dus à des facteurs non spécifiques ou à des éléments communs, tels que la relation thérapeutique, les attentes positives, etc., qui surviennent dans presque tout type de traitement. Les résultats positifs du groupe écoute active suggèrent que ces facteurs contribuent également au traitement de tels souvenirs. Des analyses supplémentaires seraient nécessaires pour déterminer lesquels parmi ces facteurs sont les plus importants et comment les appliquer au mieux dans d’autres procédures. La condition liste d’attente a été conçue afin de contrôler les autres facteurs qui pourraient influencer les résultats (particulièrement l’amélioration spontanée et la procédure d’évaluation). Ces facteurs n’ont pas causé de modification (diminution) statistiquement significative au niveau de l’augmentation de l’anxiété d’état lors du rappel du souvenir (STAI X-1) ni de diminution statistiquement significative du phénomène d’évitement (sous-échelle évitement de l’IES). Cependant, ils ont suffi à produire une différence statistiquement significative au niveau du score IES total ( p , 0,05) et de la sous-échelle intrusion ( p , 0,01). La comparaison des conditions a indiqué que l’EMDR était significativement supérieur à l’écoute active et à liste d’attente au niveau de la diminution de l’anxiété d’état due au rappel du souvenir et de la diminution de la détresse en lien avec l’événement E41 ( p , 0,01 ; voir Tableaux 3 et 4). L’approche écoute active était plus efficace que la liste d’attente ( p , 0,01) pour l’anxiété d’état, le score IES total et les souséchelles IES (p , 0,05). Afin d’approuver un certain traitement ou de le placer sur la liste des traitements empiriquement validés, l’American Psychological Association (Chambless et al., 1998), entre autres, exige que ce traitement ait une supériorité statistiquement significative démontrée en comparaison des médicaments, d’un placebo psychologique ou d’un autre traitement. Cette étude qui a comparé l’EMDR au placebo attentionnel satisfait ce critère pour l’évaluation d’un traitement empiriquement validé et est en faveur de l’EMDR pour le traitement d’expériences stressantes stockées de manière dysfonctionnelle qui ne correspondent pas aux critères de l’ESPT. Bien que cette étude comporte quelques similitudes avec celle de Scheck et al. (1998) qui compare également les effets de l’EMDR avec ceux de l’écoute active (l’IES et le STAI X-1 font aussi partie des échelles employées par les auteurs), ces derniers ne se sont pas intéressés aux événements stressants qui ne répondent pas aux critères de l’ESPT. Leur étude impliquait des participants ayant des souvenirs plus ­problématiques – 77% avaient reçu un diagnostic d’ESPT. En ce qui concerne l’efficacité de l’EMDR en comparaison de celle de l’écoute active, leurs résultats sont similaires à ceux présentés dans cette étude. Dans son recours à des participants non cliniques, cette étude possède quelques points communs avec les études de laboratoire qui ont investigué les effets des mouvements oculaires sur des souvenirs non traumatiques (Andrade et al., 1997 ; Kavanagh et al., 2001 ; Sharpley et al., 1996 ; van den Hout et al., 2001). Leurs résultats concordent avec ceux de cette étude puisqu’ils ont confirmé l’importance des effets des mouvements oculaires en termes de diminution de la clarté et des émotions des souvenirs traités. Les changements qualitatifs observés (e.g., depuis la honte vers la colère vers la tristesse vers la réconciliation) pour les souvenirs traités pourraient s’avérer représentatifs d’effets importants résultant de l’EMDR. La diminution de l’anxiété peut être conçue comme une désensibilisation que Shapiro (2001) définit comme l’un des effets du retraitement adaptatif. Limites et suggestions pour les travaux futurs Les recherches futures devraient viser une investigation plus approfondie de l’efficacité de l’EMDR dans le traitement des souvenirs stressants et la comparaison de son efficacité avec d’autres traitements en vigueur E42 pour les souvenirs stressants (e.g., la thérapie cognitive comportementale). Cette étude suggère que de tels souvenirs peuvent être hautement troublants et qu’un traitement peut s’avérer bénéfique. De futures études pourraient également évaluer l’existence de différences au niveau des réponses au traitement selon les types d’événements (e.g., conflits, pertes, humiliations, et ainsi de suite). Cette étude a utilisé une forme tronquée de l’EMDR comportant des ajustements importants apportés aux deux premières phases de recueil de l’histoire et de préparation. Les résultats tendent à montrer que l’intégration de cette forme de l’EMDR dans d’autres approches psychothérapeutiques peut constituer un moyen efficace de réduire l’anxiété et la détresse liée à un événement. Néanmoins des recherches supplémentaires seraient utiles pour déterminer dans quels cas et à quel moment il serait le plus efficace d’utiliser l’EMDR en combinaison avec une approche psychothérapeutique particulière et pendant combien de temps, quelles sont les cibles les plus appropriées pour un tel traitement et comment potentialiser au mieux les effets d’un tel traitement dans diverses approches psychothérapeutiques. Afin d’améliorer la crédibilité, la véracité et la clarté des résultats, les recherches futures devraient vérifier si les effets du traitement sont durables. Une autre amélioration importante serait que les évaluations soient menées de manière indépendante de l’application des traitements. Les évaluations, l’EMDR et l’écoute active étaient effectués pas le même thérapeute-chercheur dans cette étude. Une autre limite correspond au fait que les échelles indiquant les résultats étaient des questionnaires d’autoévaluation. De plus, des échelles comportementales à long terme et des outils qui évalueraient d’autres indicateurs du traitement des souvenirs seraient appropriés. Références American Psychiatric Association. (2000). Diagnostic and statistical manual of mental disorders (4e éd., révision de texte). Washington, DC: Auteur. American Psychiatric Association. (2004). Practice guideline for the treatment of patients with acute stress disorder and posttraumatic stress disorder. Arlington, VA: Auteur. Andrade, J., Kavanagh, D., & Baddeley, A. (1997). Eye movements and visual imagery: A working memory ­approach to the treatment of post-traumatic stress disorder. British Journal of Clinical Psychology, 36, 209–223. Bisson, J., & Andrew, M. (2007). Psychological treatment of post-traumatic stress disorder (PTSD). Cochrane Data­ base of Systematic Reviews, 3, Article No. CD003388. Journal of EMDR Practice and Research, Volume 6, Number 3, 2012 Cvetec Bohart, A. C. & Greenberg, L. S. (2002). EMDR and experiential psychotherapy. In F. Shapiro (Ed.), EMDR as an integrative psychotherapy approach: Experts of diverse orientations explore the paradigm prism (pp. 239–261). ­Washington, DC: American Psychological Association. Chambless, D. L., Baker, M. J., Baucom, D. H., Beutler, L. E., Calhoun, K. S., Crits-Christoph, P., et al. (1998). Update on empirically validated therapies, II. The Clini­ cal Psychologist, 51, 3–16. Chemtob, C. M., Tolin, D. F., van der Kolk, B. A. & ­Pitman, R. K. (2000). Eye movement desensitization and reprocessing. In E. B. Foa, T. M. Keane, & M. J. Friedman (Eds.), Effective treatments for PTSM : Practice guidelines from International Society for Traumatic Stress Studies (pp. 139–155, 333–335). New York: Guilford Press. Corcoran, K., & Fischer, J. (1994). Measures for clinical prac­ tice: A sourcebook. New York: Free Press. Cvetek, R. (2000). Metoda EMDR in njena učinkovitost prizmanjševanju anksioznosti, ki jo povzroča priklic nepre­ delanega spomina [La méthode EMDR et son efficience dans la réduction de l’anxiété causée par le rappel d’un souvenir non traité]. Diplôme MA non publié, Univerza v Ljubljani, Oddelek za psihologijo, Ljubljana. Devilly, G. J. & Spence, S. H. (1999). The relative efficacy and treatment distress of EMDR and a cognitive beha­ vioral trauma treatment protocol in the amelioration of posttraumatic stress disorder. Journal of Anxiety ­Disorders, 13, 131–157. DiGiorgio, K. E., Arnkoff, D. B., Glass, C. R., Lyhus, K. E. & Walter, R. C. (2004). EMDR and theoretical orientation: A qualitative study of how therapists integrate eye movement desensitization and reprocessing into their approach to psychotherapy. Journal of Psychotherapy ­Integration, 14, 227–252. Dworkin, M. (2005). EMDR and the relational imperative: The therapeutic relationship in EMDR treatment. New York: Taylor & Francis. EMDR Institute. (2005). The efficacy of EMDR. Téléchargé le 5 mai 2006 de http://www.emdr.com/efficacy.htm Gilligan, S. (2002). EMDR and hypnosis. In F. Shapiro (Ed.), EMDR as an integrative psychotherapy approach: Experts of diverse orientations explore the paradigm prism (pp. 225–238). Washington, DC: American Psychological Association. Gostečnik, C. (2002). Sodobna psihoanaliza [Psychanalyse contemporaine]. Ljubljana: Brat Frančišek & Frančiškanski družinski inštitut. Horowitz, M., Wilner, N. J., & Alvarez, W. (1979). Impact of events scale: A measure of subjective stress. Psychoso­ matic Medicine, 41, 209–218. Jensen, J. (1994). An investigation of eye movement desensitization and reprocessing (EMDR) as a treatment for post traumatic stress disorder (PTSD) symptoms of ­Vietnam combat veterans. Behavior Therapy, 25, 311–325. Kaslow, F. W., Nurse, R. A., & Thompson, P. (2002). EMDR in conjunction with family systems therapy. Journal of EMDR Practice and Research, Volume 6, Number 3, 2012 Traitement EMDR d’expériences troublantes In F. Shapiro (Ed.), EMDR as an integrative psychotherapy approach: Experts of diverse orientations explore the para­ digm prism (pp. 289–318). Washington, DC: American Psychological Association. Kavanagh, D. J., Freese, S., Andrade, J., & May, J. (2001). Effects of visuospatial tasks on desensitization to emotive memories. British Journal of Clinical Psychology, 40, 267–280. Kompan-Erzar, K. (2003). Skrita moč družine [Le pouvoir secret de la famille]. Ljubljana: Brat Frančišek & Frančiškanski družinski inštitut. Lamovec, T. (1988). Priročnik za psihologijo motivacije in emocij [Manuel pour la psychologie de la motivation et des émotions]. Ljubljana: Filozofska fakulteta, Oddelek za psihologijo. Lee, C., Gavriel, H., Drummond, P., Richards, J. & Greenwald, R. (2002). Treatment of post-traumatic stress disorder: A comparison of stress inoculation training with prolonged exposure and eye movement desensitization and reprocessing. Journal of Clinical Psychology, 58, 1071–1089. Levin, P., Lazrove, S., & van der Kolk, B. A. (1999). What psychological testing and neuroimaging tell us about the treatment of posttraumatic stress disorder by eye movement desensitization and reprocessing. Journal of Anxiety Disorders, 13, 35–67. Manfield, P. (1998). Extending EMDR: A casebook of innova­ tive applications. New York: Norton. Marcus, S. C., Marquis, P., & Sakai, C. E. (1997). Controlled study of treatment of PTSM using EMDR in an HMO setting. Psychotherapy, 34, 307–315. Maxfield, L. (2007). Current status and future directions for EMDR research. Journal of EMDR Practice and Research, 1, 6–14. Mol, S. S., Arntz, A., Metsemakers, J. F., Dinant, G.-J., Vilters-Van Montfort, P. A., & Knottnerus, J. (2005). Symptoms of post-traumatic stress disorder after nontraumatic events: Evidence from an open population study. British Journal of Psychiatry, 186, 494–499. Prochaska, J. O., & Norcross, J. C. (1999). Systems of psy­ chotherapy: A transtheoretical analysis. PacificGrove, CA: Brooks/Cole. Protinsky, H., Sparks, J., & Flemke, K. (2001). Using eye movement desensitization and reprocessing to enhance treatment of couples. Journal of Marital and Family ­Therapy, 27, 157–164. Rauch, S. L., van der Kolk, B. A., Fisler, R. E., Alpert, N. M., Orr, S. P., Savage, C. R., et al. (1996). A symptom provocation study of posttraumatic stress disorder using positron emission tomography and script-driven imagery. Archives of General Psychiatry, 53, 380–987. Repič, T. (2005). Fizična zloraba v otroštvu in strah pred intimnostjo v partnerskem odnosu [Maltraitances physiques dans l’enfance et peur de l’intimité dans les relations intimes adultes]. Psihološka obzorja, 14, 107–124. Rothbaum, B. O. (1997). A controlled study of eye movement desensitization and reprocessing in the treatment E43 of posttraumatic stress disordered sexual assault victims. Bulletin of the Menninger Clinic, 61, 317–334. Sack, M., Lempa, W., & Lamprecht, F. (2007). Assessment of psychophysiological stress reactions during a traumatic reminder in patients treated with EMDR. Journal of EMDR Practice and Research, 1, 15–23. Scheck, M. M., Schaeffer, J. A., & Gillette, C. (1998). Brief psychological intervention with traumatized young women: The efficacy of eye movement desensitization and reprocessing. Journal of Traumatic Stress, 11, 25–44. Seligman, M. E. (1995). The effectiveness of psychotherapy: The Consumer Reports study. American Psychologist, 50, 965–974. Shapiro, F. (1995). Eye movement desensitization and reprocess­ ing: Basic principles, protocols and procedures. New York: Guilford Press. Shapiro, F. (1997). Trauma-based etiology would have best re­ sponse. Téléchargé le 20 janvier 2002 de. Shapiro, F. (1999). Eye movement desensitization and reprocessing (EMDR) and the anxiety disorders: Clinical and research implications of an integrated psychotherapy treatment. Journal of Anxiety Disorders, 13, 35–67. Shapiro, F. (2001). Eye movement desensitization and reprocess­ ing: Basic principles, protocols and procedures (2e éd.). New York: Guilford Press. Shapiro, F. (2002a). EMDR and the role of the clinician in psychotherapy evaluation: Towards a more comprehensive integration of science and practice. Journal of Clinical Psychology, 58, 1453–1463. Shapiro, F. (2002b). EMDR treatment: Overview and integration. In F. Shapiro (Ed.), EMDR as an integrative psycho­ therapy approach: Experts of diverse orientations explore the paradigm prism (pp. 27–55). Washington, DC : American Psychological Association. Shapiro, F. (2002c). EMDR 12 years after its introduction: Past and future research. Journal of Clinical Psychology, 58, 1–22. Shapiro, F. (2002d). Integration and EMDR. In F. Shapiro (Ed.), EMDR as an integrative psychotherapy approach: Experts of ­diverse orientations explore the paradigm prism (pp. 341–356). Washington, DC: American Psychological Association. Shapiro, F. (2002e). Introduction: Paradigms, processing, and personality development. In F. Shapiro (Ed.), EMDR as an integrative psychotherapy approach: Experts of diverse orientations explore the paradigm prism (pp. 3–26). ­Washington, DC: American Psychological Association. Shapiro, F., & Forrest, M. S. (1997). EMDR: The breakthrough therapy for overcoming anxiety, stress, and trauma. New York: Basic Books. Shapiro, F., Kaslow, F. W., & Maxfield, L. (Eds.). (2007). Handbook of EMDR and family therapy processes. ­Hoboken, NJ: Wiley. Shapiro, F., & Maxfield, L. (2003). EMDR and information processing in psychotherapy treatment: Personal development and global implications. In D. J. Siegel & M. F. Solomon (Eds.), Healing trauma: Attachment, mind, body, and brain (pp. 196–220). New York: Norton. E44 Sharpley, C. F., Montgomery, I. M., & Scalzo, L. A. (1996). Comparative efficacy of EMDR and alternative procedures in reducing the vividness of mental images. ­Scandinavian Journal of Behaviour Therapy, 25, 37–42. Shin, L. M., McNally, R. J., Kosslyn, S. M., Thompson, W. L., Rauch, S. L., Alpert, N. M., et al. (1999). Regional cerebral blood flow during script-driven imagery in ­childhood sexual abuse-related posttraumatic stress disorder: A positron emission tomographic investigation. American Journal of Psychiatry, 156, 575–584. Smyth, N. J., & Poole, D. A. (2002). EMDR and cognitive­behavior therapy: Exploring convergence and diver­ gence. In F. Shapiro (Ed.), EMDR as an integrative psychotherapy approach: Experts of diverse orientations ­explore the paradigm prism (pp. 151–180). Washington, DC: American Psychological Association. Snyker, E. (1998). The invisible volcano: Overcoming denial of rage. In P. Manfield (Ed.), Extending EMDR (pp. 91–112). New York: Norton. Spielberger, C. D., Gorsuch, R. L., Lushene, R. D., Vagg, P. R. & Jacobs, G. A. (1983). Manual for the State-Trait Anxiety ­Inventory. Palo Alto, CA : Consulting Psychologist Press. Sprang, G. (2001). The use of eye movement desensitization and reprocessing (EMDR) in the treatment of traumatic stress and complicated mourning: Psychological and behavioral outcomes. Research on Social Work ­Practice, 11, 300–320. Stickgold, R. (2002). EMDR: A putative neurobiological mechanism of action. Journal of Clinical Psychology, 58, 61–75. Taylor, R. J. (2002). Family unification with reactive attachment disorder children: A brief treatment. Contemporary Family Therapy: An International Journal, 24, 475–481. Van den Hout, M., Muris, P., Salemink, E., & Kindt, M. (2001). Autobiographical memories become less vivid and emotional after eye movements. British Journal of Clinical Psychology, 40, 121–130. Van der Kolk,B. A. (1994). The body keeps the score: ­Memory and the evolving psychobiology of posttraumatic stress. Harvard Review of Psychiatry, 1, 253–265. Van der Kolk, B. A. (2002). Beyond the talking cure: Somatic experience and subcortical imprints in the treatment of trauma. In F. Shapiro (Ed.), EMDR as an integrative psychotherapy approach: Experts of diverse orientations ­explore the paradigm prism (pp. 57–83). Washington, DC: ­American Psychological Association. Van der Kolk, B. A. (2003). Posttraumatic stress disorder and the nature of trauma. In D. J. Siegel & M. F. ­Solomon (Eds.), Healing trauma: Attachment, mind, body, and brain (pp. 168–195). New York: Norton. Van der Kolk, B. A., & Fisler, R. E. (1995). Dissociation and the fragmentary nature of traumatic memories: Overview and exploratory study. Journal of Traumatic Stress, 8, 505–525. Van der Kolk, B. A., Hopper, J. W., & Osterman, J. A. (2001). Exploring the nature of traumatic memory: Combining clinical knowledge and laboratory methods. Journal of Aggression, Maltreatment and Trauma, 4, 9–32. Journal of EMDR Practice and Research, Volume 6, Number 3, 2012 Cvetec Van der Kolk, B. A., van der Hart, O., & Burbridge, J. A. (1995). Approaches to the treatment of PTSD. In S. Hobfoll & M. de Vries (Eds.), Extreme stress and communi­ ties: Impact and intervention (pp. 421–423). Norwell, MA: Kluwer Academic. Wachtel, P. L. (2002). EMDR and psychoanalysis. In F. ­Shapiro (Ed.), EMDR as an integrative psychotherapy ­approach: Experts of diverse orientations explore the para­ digm prism (pp. 123–150). Washington, DC: American Psychological Association. Wilson, D. K., Silver, S. M., Covi, W. G. & Foster, S. (1996). Eye movement desensitization and reprocessing: Effectiveness and autonomic correlates. Journal of Behavior Therapy and Experimental Psychiatry, 27, 219–229. Journal of EMDR Practice and Research, Volume 6, Number 3, 2012 Traitement EMDR d’expériences troublantes Wilson, S. A., Becker, L. A. & Tinker, R. H. (1995). Eye movement desensitization and reprocessing (EMDR) treatment for psychologically traumatized individuals. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 63, 928–937. Wilson, S. A., Becker, L. A. & Tinker, R. H. (1997). Fifteenmonth follow-up of eye movement desensitization and reprocessing (EMDR) treatment for PTSM and psychological trauma. Journal of Consulting and Clinical ­Psychology, 65, 1047–1056. Toute correspondance concernant cet article peut être adressée à Robert Cvetek, Ukanc 77, 4265 Bohinjsko jezero, Slovenia. Courriel : [email protected] E45