Journal of EMDR Practice and Research, Volume 6, Number 3, 2012 E31
© 2012 EMDR International Association http://dx.doi.org/10.1891/1933-3196.6.3.E31
This article originally appeared as Cvetek, R. (2008). EMDR Treatment of Distressful Experiences That Fail to Meet the
Criteria for PTSD. Journal of EMDR Practice and Research, 2(1), 2-14. Translated by Jenny Ann Rydberg
Traitement EMDR d’expériences troublantes qui ne
répondent pas aux critères de l’ESPT
Robert Cvetek
Université de Ljubljana, Slovénie
L’EMDR (eye movement desensitization and reprocessing : désensibilisation et retraitement par les mou-
vements oculaires) permettrait de traiter avec succès non seulement l’état de stress post-traumatique
(ESPT) mais aussi d’autres troubles psychiatriques et problèmes de santé mentale dans la mesure
ceux-ci possèdent des facteurs contributifs expérientiels. Cet essai clinique randomisé a étudié les ef-
fets du traitement d’expériences troublantes (ou traumatismes petit “t”) qui ne correspondent pas aux
critères de l’ESPT. Trois heures d’une forme légèrement adaptée de l’EMDR ont été comparées à une
écoute active (placebo attentionnel, également de 3 heures) et à une liste d’attente. Les résultats ob-
tenus auprès de 90 participants ont montré que l’EMDR produisait des scores significativement plus
faibles sur l’échelle de l’impact des événements (Impact of Events Scale [IES]) que l’écoute active ou la
liste d’attente. L’EMDR résultait également en une augmentation significativement moins importante sur
la sous-échelle état de l’inventaire d’anxiété état-trait (State-Trait Anxiety Inventory) après le rappel du
souvenir. Quelques limites et implications des résultats sont abordées.
Mots-clés : EMDR ; efficacité ; expériences stressantes stockées de manière dysfonctionnelle ;
traumatismes petits “t” ; essai clinique randomisé.
La recherche sur la mémoire indique que le
cerveau est généralement incapable de re-
produire exactement les empreintes des ex-
périences antérieures (van der Kolk, 2002). Plutôt
qu’un rappel précis, les souvenirs sont habituellement
transformés en histoires que les personnes racontent
aux autres comme à elles-mêmes. Les souvenirs trau-
matiques sont toutefois encodées différemment dans
le cerveau en comparaison des expériences normales
(Rauch et al., 1996 ; Shin et al., 1999 ; van der Kolk,
1994 ; van der Kolk, Hopper & Osterman, 2001). Des
émotions, images, sensations et réactions musculaires
qui constituent des parties du traumatisme sont “pro-
fondément inscrites” (van der Kolk, 2002, p. 57) dans
la mémoire des individus traumatisés. Ces empre-
intes traumatiques peuvent être revécues sans subir
de transformation majeure des mois, des années ou
même des décennies après l’événement (e.g., van der
Kolk, 1994 ; van der Kolk & Fisler, 1995 ; van der Kolk
et al., 2001) et la personne en fait l’expérience lorsque
le souvenir du traumatisme est déclenché.
Pour qu’un incident corresponde aux critères
définissant un “événement traumatique” dans le di-
agnostic de l’état de stress post-traumatique (ESPT),
le Manuel diagnostique et statistique des troubles
mentaux (DSM-IV-TR ; American Psychiatric As-
sociation, 2000) requiert que l’individu ait vécu, été
témoin de ou confronté à un ou à des événements
impliquant une mort réelle ou un risque de mort, des
blessures graves ou une menace à l’intégrité physique
de la personne elle-même ou d’autrui.
De nombreux événements pénibles ne correspon-
dent pas aux critères du DSM-IV-TR : il s’agit des
humiliations ou de l’abandon dans l’enfance, des di-
vorces, entre autres. Tous ces faits peuvent être très
perturbants pour l’individu et causer divers troubles
E32 Journal of EMDR Practice and Research, Volume 6, Number 3, 2012
Cvetec
De telles expériences stressantes stockées de manière
dysfonctionnelle restent “verrouillées” ou “gelées”
dans un blocage neurobiologique ; ceci signifie que les
connexions neurologiques qui permettraient normale-
ment la résolution ou le traitement ne se développent
pas (Gilligan, 2002 ; Shapiro, 2001 ; van der Kolk
et al., 2001). Ainsi, l’individu traumatisé peut éprou-
ver des sensations corporelles, une odeur, ou une
réaction de peur, dans l’apparition simultanée d’une
image visuelle ou d’un autre stimulus d’orientation
qui lui permettrait de placer ces “souvenirs” dans le
temps et dans l’espace. Cet individu ne pourra pas
faire l’expérience de ces souvenirs en tant qu’un tout
intégré, comme un événement tragique qui s’est
produit à un moment donné dans des circonstances
particulières (Levin et al., 1999). De tels éléments
déconnectés d’une expérience stressante stockée de
manière dysfonctionnelle demeurent alors non traités
et l’individu ne peut les enregistrer sous forme de son
histoire personnelle. L’évaluation, la classification et
la contextualisation des expériences d’une personne
sont donc perturbées. Le traumatisme n’est pas vé-
cu comme un événement tragique unique qui s’est
produit à un moment donné, dans des circonstances
particulières, mais plutôt comme une émotion ou une
sensation corporelle intemporelle (Levin et al., 1999).
Stickgold (2002) affirme que le traitement ina-
déquat des souvenirs se caractérise en partie par
la prédominance prolongée et inappropriée de la
mémoire épisodique (plutôt que sémantique) de
l’événement traumatique. La perturbation du proces-
sus normal de traitement et d’intégration du souvenir
épisodique dans le système mnésique sémantique a
pour conséquence que le souvenir épisodique, son
affect et d’autres éléments persistent sous une forme
exagérément intense et chargée d’affect. Nous pou-
vons présumer qu’il est également possible que seuls
certains aspects du souvenir épisodique ont besoin
d’être traités. De plus, les souvenirs traités peuvent
avoir un composant épisodique important, mais sans
que l’affect ne soit revécu, souvent dans la perspective
de l’observateur plutôt qu’une visualisation du point
du vue du sujet in vivo. Certains de ces résultats de
recherche ainsi que d’autres soutiennent le modèle du
traitement adaptatif de l’information (TAI ; Shapiro,
2001). Le modèle TAI affirme que le stockage dys-
fonctionnel des expériences se produit probablement
en conséquence du blocage d’un traitement adaptatif
de l’information. Ceci empêche la personne d’extraire
les aspects utiles d’une expérience traumatique, tels
que le fait de savoir quand il faut être prudent avec
certaines personnes ou même les éviter ; en même
temps, cela pousse à “jeter” ce qui est inutile ou
et problèmes, particulièrement si elles revêtent une
importance personnelle (Gostecˇnik, 2002 ; Kompan-
Erzar, 2003 ; Repicˇ, 2005 ; Shapiro, 1995 ; Shapiro &
Forrest, 1997). Alors qu’un événement donné peut
paraître insignifiant pour un adulte, il peut s’avérer
très important pour l’enfant qui se développe. Ces
incidents sont appelés des traumatismes petit “t” par
Shapiro (2001). Les traumatismes petit “t” correspon-
dent à tout événement de vie qui possède un impact
négatif durable sur l’esprit. Cela signifie que leur rap-
pel provoque un certain niveau d’anxiété et fait surgir
des images, émotions et cognitions négatives qui
étaient présentes au moment de l’événement. Il est
supposé qu’ils sont stockés en mémoire sous une
forme dysfonctionnelle.
L’étude de Mol et al. (2005) comparait des symptômes
ESPT dans la population générale adulte après div-
ers événements traumatiques qui correspondent aux
critères DSM-IV-TR avec des symptômes générés à
la suite d’événements plus communs (appelés “évé-
nements de vie”) tels que la maladie chronique, des
problèmes relationnels (e.g., mésentente conjugale),
scolaires ou professionnels (e.g., chômage). Les sultats
ont montré que les personnes dont le pire événement
était un tel “événement de vie” manifestaient plus de
symptômes ESPT en lien avec cet événement que
celles dont le pire événement était traumatique (e.g.,
un accident ou une catastrophe). Mol et ses collègues
ont conclu qu’une souffrance considérable résulte des
deux types d’événements (de vie et traumatiques).
Le stockage physiologique dysfonctionnel des ex-
périences stressantes et traumatiques n’est pas limité
aux victimes manifestes de traumatismes ; en fait il
contribue plutôt à l’ensemble des problèmes que les
clients soulèvent en thérapie (Shapiro, 2002e). Ceci
inclut des cas où une personne croit qu’elle n’est
pas digne d’être aimée ou qu’elle est sans valeur ou
quelqu’un de raté, qu’elle ne peut réussir, ou qu’elle
sera abandonnée. Les expériences stressantes stockées
de manière dysfonctionnelle sont donc à l’origine des
troubles qui reçoivent un diagnostic clinique mais aussi
des difficultés qui ne sont pas considérées comme des
troubles cliniques malgré leur impact considérable sur
la vie quotidienne (Shapiro & Maxfield, 2003).
Certains chercheurs dans le domaine de la mé-
moire (e.g., Levin, Lazrove & van der Kolk, 1999 ;
van der Kolk, 2002, 2003 ; van der Kolk & Fisler, 1995)
insistent sur le fait qu’un souvenir stocké de manière
dysfonctionnelle est représenté en mémoire non
comme le récit verbal du passé, mais plutôt comme
des éléments sensoriels et émotionnels fragmentés
de l’expérience traumatique. Ces différents éléments
demeurent souvent déconnectés des autres éléments.
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Traitement EMDR d’expériences troublantes
dépressifs et les addictions). L’EMDR traiterait non
seulement l’ESPT mais aussi d’autres troubles dans la
mesure ils possèdent des facteurs contributifs ex-
périentiels (Shapiro, 1997, 2001, 2002a). Cependant,
ces affirmations attendent un soutien plus définitif de
la recherche (voir e.g., Cvetek, 2000 ; Maxfield, 2007 ;
Shapiro, 1999, 2001). Shapiro (2002a) souligne égale-
ment le besoin de recherche concernant l’EMDR dans
des cas d’expériences stressantes stockées de manière
dysfonctionnelle telles que celles qui ne sont pas prises
en compte dans le diagnostic de l’ESPT.
Le traitement EMDR de participants non
diagnostiqués
Aucune étude clinique n’a évalué directement les
effets d’un traitement EMDR de participants non
diagnostiqués dont la détresse était en lien avec des
traumatismes petit “t”. Cependant certains essais cli-
niques randomisés ont inclus des participants dont les
symptômes de correspondaient pas entièrement aux
critères de l’ESPT. Dans une étude de Scheck et de
ses collègues (1998), seulement 67% des participants
avaient reçu un diagnostic d’ESPT. Néanmoins tous
les participants avaient décrit un souvenir trauma-
tique et des comportements dysfonctionnels, tels que
la promiscuité sexuelle, les fugues et l’abus d’alcool
ou de psychotropes. Ils ont observé un changement
plus important pré/post chez les participants ayant
reçu un traitement EMDR en comparaison avec les
participants qui n’ont bénéficié que d’une écoute
active. De manière similaire, dans une étude de
Wilson et al. (1995), 54% des participants traumatisés
n’avaient pas de diagnostic d’ESPT. Une analyse de
régression linéaire a indiqué que les gains thérapeu-
tiques ne variaient pas en fonction de la sévérité des
symptômes prétraitement ou du diagnostic ESPT. Les
participants ont montré une amélioration importante
sur les mesures de dépression, d’anxiété et de stress
post-traumatique.
De plus, certaines études contrôlées ont investigué
les effets des mouvements oculaires indépendam-
ment du protocole EMDR (en laboratoire) sur les
souvenirs non traumatiques chez d es participants
non cliniques (Andrade, Kavanagh, & Baddeley, 1997 ;
Kavanagh, Freese, Andrade & May, 2001 ; Sharpley,
Montgomery & Scalzo, 1996 ; van den Hout, Muris,
Salemink & Kindt, 2001). De tels souvenirs incluent le
fait de passer un examen sans être préparé, la maladie
ou le décès de proches, le divorce des parents, avoir
été menacé par un animal, des disputes avec des amis,
des films d’horreur, et ainsi de suite. Ces études ont
démontré que les mouvements oculaires diminuaient
autodestructeur, comme la perturbation émotion-
nelle, l’anxiété, les tensions physiques et la vigilance, et
les cognitions irrationnelles. Ceci empêche l’individu
d’atteindre (ou de retrouver) la capacité d’éprouver
et d’exprimer l’état émotionnel approprié en ce qui
concerne l’événement traumatique et donc d’acquérir
l’aptitude de gérer efficacement ses projets futurs
(Shapiro, 1999, 2002b, 2002c).
Lorsqu’un événement hautement stressant a lieu,
le traitement de l’information peut se trouver bloqué.
Les perceptions et les informations, telles que des
images visuelles et des perceptions somatiques ou
autres de l’expérience vécues par la personne pendant
l’événement peuvent se trouver “verrouillées” dans
le cerveau et maintenues sous cette forme (Shapiro,
2001). Equipés de ce genre d’information mnésique,
les individus exposés à des stimuli rappelant le trau-
matisme peuvent revivre le passé avec un composant
sensoriel et émotionnel immédiat. Ceci leur donne le
sentiment que l’événement lui-même se répète, bien
qu’ils sachent que leurs réactions ne sont pas en ac-
cord avec les stimuli présents (van der Kolk, 2003).
Le traitement de matériel dysfonctionnel dans les
réseaux mnésiques caractérise précisément l’EMDR.
EMDR
Au départ, l’EMDR a été développé pour traiter l’ESPT.
Quelques études contrôlées de l’EMDR pour l’ESPT
civil (qui n’est pas en lien avec des expériences de com-
bat ou de guerre) rapportent un taux de succès entre
77% et 100% après seulement 3 à 10 heures d’EMDR
(Lee, Gavriel, Drummond, Richards & Greenwald,
2002 ; Marcus, Marquis & Sakai, 1997 ; Rothbaum, 1997 ;
Scheck, Schaeffer & Gillette, 1998 ; Wilson, Becker &
Tinker, 1995, 1997 ; Wilson, Silver, Covi & Foster,
1996). Si certaines études (e.g., Devilly & Spence,
1999 ; Jensen, 1994) ont décrit des effets moindres de
l’EMDR, l’EMDR est validé en tant que traitement
efficace de l’ESPT dans Bisson et Andrew (2007) et par
plusieurs organisations dont la société internationale
des études sur le stress traumatique (International
Society for Traumatic Stress Studies ; Chemtob, Tolin,
van der Kolk & Pitman, 2000), l’American Psychiatric
Association (2004) et l’American Psychological Asso-
ciation (Chambless et al., 1998).
Certains cliniciens et chercheurs EMDR (EMDR
Institute, 2005 ; Shapiro, 1999, 2001, 2002a ; Shapiro &
Forrest, 1997 ; Sprang, 2001 ; Taylor, 2002) ont affirmé
que la pratique clinique et les études de cas en EMDR
montrent son efficacité dans le traitement d’une varié-
de troubles psychologiques (incluant les troubles
de la personnalité, les troubles anxieux, le troubles
E34 Journal of EMDR Practice and Research, Volume 6, Number 3, 2012
Cvetec
de suite (pour une description détaillée de toute la
procédure, voir Shapiro, 1995, 2001). Dworkin (2005)
déclare que “dans les phases 3–6, des étapes standardi-
sées doivent être suivies afin d’atteindre la fidéli à
la méthode” (p. 224). Ces phases sont l’évaluation
(séquence d’activation du traumatisme), la désensibili-
sation (traitement actif du traumatisme), l’installation
(mise en lien avec une perspective adaptative) et le
scanner corporel (conscience corporelle aiguë). Les ob-
jectifs des quatre autres phases accomplir le recueil
de l’histoire du client et la planification du traitement
(conceptualisation du cas traumatique), la préparation
du client (contrôle de la tolérance aux affects et de la
conscience corporelle), la clôture (débriefing) et la
réévaluation – sont atteints dans la conduite de l’autre
psychothérapie.
Le problème de recherche
Le modèle de traitement de l’information qui con-
stitue la base théorique de l’EMDR ainsi que de nom-
breux rapports cliniques laissent penser que l’EMDR
est efficace dans le traitement d’expériences stres-
santes stockées de manière dysfonctionnelle qui ne
correspondent pas aux critères de l’ESPT. Shapiro
(2002a) affirme qu’une telle efficacité n’a pas encore
été adéquatement évaluée et que des évaluations
plus rigoureuses sur le plan méthodologique sont
nécessaires. De manière similaire, l’intégration et
l’utilisation de l’EMDR dans d’autres approches psy-
chothérapeutiques doivent encore être adéquatement
évaluées (DiGiorgio et al., 2004). Cette étude évalue
si la forme légèrement adaptée de l’EMDR, omettant
les phases 1, 2 et 8, est plus efficace pour traiter les
expériences stressantes stockées de manière dysfonc-
tionnelle (ou traumatismes petit “t”) que l’écoute ac-
tive (placebo attentionnel) ou la liste d’attente.
Cette étude évalue également l’hypothèse sel-
on laquelle le rappel d’un événement pertinent ne
correspondant pas aux critères ESPT causera une
augmentation de l’état d’anxiété. Ceci est cohérent
avec le modèle TAI de Shapiro (2001) qui énonce que
l’activation de souvenirs stressants non traités provoque
l’expérience d’éléments perturbants de ces souvenirs.
Une telle augmentation est considérée comme indi-
quant le stockage dysfonctionnel des souvenirs.
Méthode
Participants
Quatre-vingt-dix participants ont été inclus dans
l’étude. Au cours de l’étude, cinq participants ont
abandonné l’étude avant l’évaluation finale pour
la clarté des images mnésiques et l’émotion associée.
Van den Hout et al. (2001) ont conclu que non seule-
ment les mouvements oculaires diminuaient la clarté
des souvenirs et l’émotion associée au cours même
des mouvements oculaires mais ils affectent égale-
ment les rappels futurs sans mouvement oculaire.
Intégration de l’EMDR avec d’autres
approches
Il existe une tendance à l’intégration de l’EMDR avec
d’autres approches psychothérapeutiques importantes
(Manfield, 1998 ; Shapiro, 1999, 2001, 2002b, 2002d),
l’EMDR étant typiquement utilisé pour traiter les an-
técédents traumatiques. Certains exemples connus
d’intégration de l’EMDR avec d’autres approches psy-
chothérapeutiques comprennent les approches psy-
chanalytique (Snyker, 1998 ; Wachtel, 2002), cognitive
comportementale (Smyth & Poole, 2002), expérien-
tielle (Bohart & Greenberg, 2002), familiale (Kaslow,
Nurse & Thompson, 2002 ; Shapiro, Kaslow & Max-
field, 2007) et conjugale (Protinsky, Sparks & Flemke,
2001). De nombreux thérapeutes qui pratiquent
l’EMDR disent intégrer l’EMDR à l’approche psy-
chothérapeutique ou aux techniques qu’ils emploient
habituellement (DiGiorgio, Arnkoff, Glass, Lyhus &
Walter, 2004). Ceci est généralement désigné comme
une intégration par assimilation (DiGiorgio et al., 2004).
La formation à l’EMDR suggère également (Solomon,
communication personnelle, 2003) que les thérapeutes
utilisent leur approche psychothérapeutique habitu-
elle et qu’en trouvant une “cible” appropriée, ils peu-
vent appliquer l’EMDR (en fait, comme la cible a déjà
été définie, ils peuvent même utiliser une approche
EMDR légèrement modifiée) puis continuer avec leur
approche habituelle. Quelques études de cas promet-
teuses existent ; en général, toutefois, l’intégration et
les applications de l’EMDR au sein d’autres approches
psychothérapeutiques n’ont pas fait l’objet de suff-
isamment d’études empiriques. Ces autres approches
psychothérapeutiques font souvent apparaître d’autres
événements du passé du client qui ne correspondent
pas aux critères pour un événement traumatique dans
le sens d’un ESPT mais qui sont néanmoins très impor-
tants sur le plan thérapeutique. L’efficacité de l’EMDR
pour de tels événements est donc très importante pour
la prise en compte de l’intégration et de l’utilisation
de l’EMDR dans d’autres approches psychothérapeu-
tiques. En raison du contexte, l’application de l’EMDR
dans une telle intégration requiert souvent de légères
modifications au niveau du processus ; par exemple, la
phase du recueil de l’histoire n’est souvent pas néces-
saire, la phase de réévaluation est restreinte, et ainsi
Journal of EMDR Practice and Research, Volume 6, Number 3, 2012 E35
Traitement EMDR d’expériences troublantes
des émotions, des situations et des pensées).Tous les
items de l’IES se réfèrent à un stresseur spécifique
(Horowitz et al., 1979). Un score plus élesur l’échelle
indique un niveau plus élevé de phénomènes post-
traumatiques. Les sous-échelles IES démontrent une
très bonne fiabilité avec des coefficients de cohérence
interne entre 0,79 et 0,92 (Corcoran & Fischer, 1994).
L’IES possède une bonne validité de critère, de con-
tenu et de construction (Horowitz et al., 1979).
Sélection et évaluation des participants
La Figure 1 illustre l’évolution des participants au
cours des processus d’évaluation et de traitement. Les
participants potentiels ont été invités dans leur faculté
ou école, de manière aléatoire, à participer à l’étude
de manière volontaire. Aucune rémunération n’a
été offerte pour la participation. Les personnes inté-
ressées recevaient des informations supplémentaires
concernant l’étude (incluant les avantages et désavan-
tages potentiels). Celles qui ont décidé de participer
ont signé un formulaire de consentement éclairé et,
après une conversation d’introduction destinée à dé-
tendre, ont complété le STAI X-1 (première admin-
istration du STAI X-1). Ensuite elles ont été invitées
à décrire brièvement un souvenir encore perturbant
ainsi que leurs émotions au moment de l’événement.
Cette partie de la procédure sera nommée “rappel du
souvenir”. Le rappel du souvenir durait environ 1 à
2 minutes. Sept volontaires qui ne pouvaient se rap-
peler aucun événement pertinent n’ont pas été inclus
dans l’étude. Les participants restants ont à nouveau
complété le STAI X-1 (deuxième administration du
STAI X-1) pour évaluer ce qu’ils ressentaient au mo-
ment de compléter l’échelle plutôt qu’au moment
de l’événement. Ensuite, ils ont également complété
l’IES (première administration de l’IES). Des entre-
tiens cliniques ont été menés avec les participants
pour contrôler des facteurs de sécurité ceux-ci sont
généralement vérifiés au cours de la première phase de
la procédure EMDR (voir Shapiro, 2001) – ainsi que la
présence d’éventuels problèmes sérieux de santé men-
tale, des diagnostics psychiatriques antérieurs ou une
histoire traumatique (selon la description d’un événe-
ment traumatique du DSM-IV-TR). Sur la base de ces
entretiens, six individus qui possédaient des problèmes
sérieux de santé mentale, un diagnostic psychiatrique
antérieur ou une histoire traumatique ont été exclus
du reste de l’étude, et certains ont été référés à des
organismes appropriés. Les souvenirs rapportés par
les individus restants ne correspondaient pas aux
critères d’un événement traumatique du DSM-IV-TR.
Ces 90 participants ont été divisés en trois groupes.
diverses raisons. Les participants étaient âgés entre
19 et 32 ans. Au départ, il y avait 30 hommes et
60 femmes ; à la fin, suite aux abandons, il y avait
28 hommes et 57 femmes. Les participants étaient des
étudiants slovènes des premier et troisième cycles de
plusieurs facultés de l’Université de Ljubljana (faculté
d’économie, faculté de théologie, faculté de pédago-
gie, faculté des arts et faculté de droit) et d’étudiants
de quatrième année de l’Ecole des hautes études
économiques et du lycée de Radovljica. L’âge moyen
des participants était de 23,4 ans (23,6 sans compter les
participants qui ont abandonné l’étude) et l’écart-type
était de 3,7 ans (toujours sans compter les participants
qui ont abandonné l’étude).
Instruments
Deux outils d’évaluation ont été administrés dans
cette étude : la version slovène de la sous-échelle
STAI X-1 (d’état) de l’Inventaire d’Anxiété Etat-Trait
(STAI : State-Trait Anxiety Inventory ; Lamovec, 1988
; Spielberger, Gorsuch, Lushene, Vagg & Jacobs, 1983)
et l’Echelle d’impact des événements (IES : Impact
of Event Scale ; Horowitz, Wilner & Alvarez, 1979).
Ces deux outils sont fréquemment employés dans les
études sur l’EMDR (voir Cvetek, 2000). La sous-échelle
STAI X-1 est un outil d’autoévaluation en 20 items
utilisant une échelle Likert en 4 points, avec des scores
variant entre 20 et 80. Elle mesure l’état d’anxiété ac-
tuel (appelé anxiété d’état par opposition à l’anxiété
de trait). Cet instrument joue un rôle important dans
la poursuite des objectifs de cette étude puisque le
déclenchement d’un certain niveau d’anxiété lors du
rappel constitue une caractéristique intrinsèque des
souvenirs stressants (non traités) stockés de manière
dysfonctionnelle. Un score plus élevé sur l’échelle in-
dique un niveau plus élevé d’anxiété d’état. Le STAI
possède une bonne validité convergente ; la fiabilité
du STAI X-1 est plus faible, de manière attendue, à
0,33 (Spielberger et al., 1983).
L’IES, une échelle d’autoévaluation de type Likert,
évalue la détresse subjective actuelle en rapport avec
un événement de vie particulier (Horowitz et al., 1979).
Il est destiné à évaluer la fréquence de phénomènes
stressants tels que l’évitement et les symptômes in-
trusifs en lien avec événement donné et éprouvés
au cours des 7 derniers jours. Il s’agit de l’une des
échelles les plus fréquemment utilisées pour évaluer
les phénomènes post-traumatiques. L’échelle IES pos-
sède également deux sous-échelles : l’une évalue les
symptômes intrusifs (pensées intrusives, cauchemars,
émotions et imagination) tandis que l’autre mesure des
symptômes d’évitement (engourdissement, évitement
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