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La prise en charge des auteurs de violence sexuelle (AVS) est partagée entre justice et santé. Côté médecine, la
conférence de consensus de 2001 « Psychopathologie et traitements actuels des auteurs d’agressions sexuelles »
formule le souhait du développement de la pharmacothérapie anti-hormonale aux côtés des prises en charge
psychothérapiques. Dans les années suivantes, le sujet vient régulièrement sur le devant de la scène, lors de vifs débats
politiques à l'occasion de faits divers dramatiques. En 2014, malgré sa recommandation cinq ans plus tôt, la commission
de transparence de la Haute autorité de santé constate l'absence de mise en place d'une étude auprès des patients traités
par triptoréline, une des deux molécules bénéficiant de l'Autorisation de mise sur le marché (AMM) dans l'indication de la
paraphilie.
L'objectif de la présente étude, rétrospective et descriptive, est d'évaluer les caractéristiques socio-démographiques,
cliniques et thérapeutiques d'hommes adultes auteurs de violence sexuelle sous traitement anti-hormonal, depuis
l'ouverture en 2001 de la consultation spécialisée de Bordeaux (ERIOS-DISPO33).
Le critère d'inclusion dans l'étude est la survenue, au cours de la prise en charge, d'un traitement antihormonal, défini
comme une molécule ayant une action spécifique sur la testostérone. Sont ainsi retenus l'acétate de cyprotérone et
l'embonate de triptoréline (AMM) ainsi que les molécules agonistes de la GnRH (hors AMM) et sont exclus les
antidépresseurs sérotoninergiques (hors AMM dans cette indication). Le recueil des informations a été réalisé à partir des
dossiers médicaux, avec le consentement écrit du patient.
Après une présentation du dispositif spécialisé de Bordeaux et un rappel des molécules concernées, seront décrits le profil
des patients traités, les problématiques cliniques et judiciaires visées, les modalités de prescription, la durée du traitement
et ses conditions d'arrêt, les difficultés rencontrées (effets indésirables, bris des conditions, récidive, etc.), la prise en
charge associée, etc. Les limites de l'étude seront également abordées.
Les auteurs espèrent ainsi contribuer à alimenter la réflexion et la connaissance sur les traitements anti-hormonaux, et
inspirer de futures études à plus grande échelle afin d’optimiser leur prescription aux bénéfices des patients.