2014/2015 Etablir une Communication adaptée Faire Face à l’anxiété Pré opératoire Mots clés : relation d'aide communication accompagnement SOAZIG JAMES IFAS SAINT JACQUES DE COMPOSTELLE SOMMAIRE Introduction…………………………………………………. P1 Description de la situation…………………………... P1 Mon ressenti………………………………………………… P2 Analyse………………………………………………………… P3 Conclusion…………………………………………………… P5 Bibliographie………………………………………………… P6 Introduction : Dans le cadre de ma formation d'aide-soignant, pour valider le module « Relation et Communication », je dois réaliser un dossier écrit sur une situation relationnelle vécue en stage. J'ai choisi d'évoquer une situation vécue lors de mon 2ème stage, qui s'est déroulé du 24 novembre au 19 décembre 2014, dans le service de chirurgie d'une clinique. Le service de chirurgie de cette clinique se décompose en 2 unités : une partie chirurgie orthopédique et une partie chirurgie générale. J'effectue mon stage dans cette aile où certaines chambres sont réservées pour la chirurgie ambulatoire. Certains patients, qui pourraient être hospitalisés en ambulatoire, restent malgré tout une nuit à la clinique principalement parce qu'ils vivent seuls, c'est le cas de la patiente que je vais présenter. Nous sommes à ma 2ème semaine de stage, le 4 décembre quand une patiente, Mme Monique A. arrive vers 12h30. Description de la situation : Je la prends en charge pour l'installer dans sa chambre et effectuer les démarches pour son entrée : recueil de données et prise de constantes. Cette patiente vient à la clinique pour une intervention de la cataracte de l’œil droit. Mme A. a 78 ans, habite un village dans l'Indre, est veuve depuis 6 ans. Je note tout de suite que la patiente est assez agitée, elle parle fort, ne tient pas en place, se lève, s'assoit, se relève… Elle m'explique assez vite qu'elle a souvent une tension élevée (traité par hypotenseur). Tout au long de l'entretien, elle va me dire qu'elle s'inquiète. C'est une femme active, d'habitude ce n’est pas elle qui a besoin d'aide ! Aujourd'hui, c'est la 1ère fois qu'elle subit une intervention chirurgicale depuis son veuvage, l’absence de son mari l’insécurise. Son mari a toujours su la rassurer et la réconforter. Pour elle, il était une béquille, un soutien, elle se sentait hors de danger. Elle s'excuse d'être « Mme Parlote » mais elle a besoin d'évacuer son anxiété. Je la rassure en mettant l’accent sur mon rôle, être à l'écoute du patient fait entièrement partie de mon travail et lui confirme ma disponibilité. De plus, Mme A. est déçue, elle a demandé une chambre double, malheureusement le 2ème lit est désespérément vide. Je lui dis de ne pas s'inquiéter, une patiente doit rentrer pour la même intervention qu'elle. Mme A. semble rassurée. Je m'apprête à prendre les constantes (tension artérielle et température). 1 Mme A. change de comportement, je la sens encore plus tendue. Au bout de quelques secondes, le tensiomètre électronique émet un signal d'erreur, ce qui ne rassure pas la patiente. (L'infirmière du service m'expliquera que le message d'erreur signifie qu'il y incohérence entre la fréquence cardiaque et la tension mesurée par l'appareil) Je remplace le matériel. Je demande à la patiente de se détendre. Lorsque je reviens, je suis accompagnée de l'infirmière qui préfère prendre elle-même la tension. Le résultat est de 215/105 mm de mercure. Nous la rassurons et lui proposons une activité occupationnelle adaptée à ses goûts et à la situation (lecture mots fléchés) pour réduire le temps d’attente et diminuer son anxiété pré opératoire. Je repasse voir Mme A. Elle revient sur sa vie, me dit que depuis le décès de son mari, elle se sent seule, que si elle ne devait pas se réveiller ce ne serait pas grave. Elle n'a pas d'enfant, elle a passé des années merveilleuses avec son mari et son absence lui est souvent insupportable. Je n'ai rien répondu, préférant laisser place à l'émotion, à l’expression de la souffrance puis j'ai mis ma main sur la sienne, lui témoignant ma compréhension et mon soutien. Mme A. est partie au bloc moins hypertendue le suivi post opératoire est sans complication. Elle quittera la clinique le lendemain et reviendra la semaine suivante pour la même intervention sur l’œil gauche. Le jeudi suivant, je l'accueille. Mme A. est toujours tendue mais rassurée de me voir. Elle sait à quoi s'attendre, elle a emmené des mots fléchés pour patienter avant le bloc. A nouveau, elle se trouve ridicule de se sentir si seule et si démunie. Je suis là, j'ai du temps à lui consacrer, je la laisse parler librement cela l’aide. Elle n'a pas forcément besoin de réponse mais surtout d'une écoute et de compassion. A nouveau, l'intervention s'est très bien déroulée, elle est rassurée d'avoir réussi à dépasser son angoisse. Elle a hâte de rentrer chez elle. Mon ressenti : Face à cette situation, je suis passée par plusieurs sentiments. Tout d'abord, j'ai été surprise. Jusqu'à présent, les patients qui venaient se faire opérer d'une cataracte étaient plutôt sereins. Je n'avais jamais rencontré de patients aussi anxieux que Mme A. La plupart du temps, cette intervention est vécue comme une formalité. Je sens que cette patiente est très en attente et que je dois lui apporter le réconfort et le soutien dont elle a besoin. J'ai été touchée par le discours de cette femme. Elle a vécu une vie passionnante et passionnée avec son mari, elle m'a évoqué son bonheur avec lui et sa tristesse de l'avoir perdu. 2 Cette femme se sentait isolée, tant par l'absence de son mari que part l'absence aussi de ses proches. Mme A. se trouvait à 95km de chez elle et personne n'était là pour la soutenir, elle ne pouvait compter que sur nous, personnel soignant. Lors de nos échanges, je me suis dit qu'il fallait que je m'adapte très vite à cette situation et que je trouve des clés pour désamorcer son anxiété. Cette personne était dans le besoin, il me semblait important de réussir à la rassurer. Du fait de ma position de stagiaire, je pouvais me permettre de prendre le temps nécessaire pour accompagner cette patiente. Analyse : L'anxiété : c'est un sentiment de grande inquiétude, un sentiment plus diffus que l'angoisse. Mme A. a pourtant déjà été hospitalisée mais dans des conditions différentes. Jusqu'à présent, son mari était à ses côtés. Aujourd'hui, elle se retrouve seule, ce n'est pas la même configuration et cela lui génère de l'anxiété et de la peur. Elle est dans un monde qu'elle ne connaît pas et dont elle ne maîtrise pas les règles. Auparavant, elle se contentait d'écouter son mari et d'avoir confiance en ses dires. L'anxiété pré opératoire augmente le risque de complications post opératoires ainsi que les troubles émotionnels et comportementaux post opératoires : réveil plus lent, plus compliqué et plus douloureux. C'est pourquoi il m’appartenait d'être vigilante par rapport à cette patiente et de transmettre les informations au sein de l'équipe. Mme A. n'arrivait pas à faire face à un débordement d'émotion devant cette situation stressante. Son anxiété se traduisait par sa tension artérielle élevée mais aussi par sa gestuelle : s’asseoir, se relever… et son besoin de parler pour évacuer. Mme A. avait besoin d'être rassurée, elle avait une peur irrationnelle qui lui générait une extrême inquiétude. Elle me disait clairement qu'elle avait peur parce que son mari était absent mais elle me disait aussi que si elle ne se réveillait pas de l'intervention, ce ne serait pas grave. La difficulté pour moi était de lui faire prendre conscience de ses propres capacités à gérer cette situation. Du fait de ma position de stagiaire, je pouvais me permettre d'être disponible pour cette patiente. Cet échange m'a permis de prendre conscience de l'importance de la relation d'aide. 3 La Relation d'Aide : relation d'accompagnement, qui suppose écoute attentive, soutien actif, empathie du soignant et qui vise à permettre à l'autre de reconnaître ses ressources personnelles pour gérer une difficulté par rapport à ce qu'il vit. C'est une notion développée par Carl Rogers, psychologue américain du XXéme siècle. C'est une relation thérapeutique où l'aidant est essentiellement tourné vers l'autre, vers son vécu, sa souffrance. Cette notion est basée sur 6 concepts : • L'empathie : capacité à comprendre le monde de l'autre et de lui communiquer cette compréhension • La congruence : authenticité entre ce que je pense, ce que je ressens et ce que je communiquer • La tolérance : accepter l'autre tel qu'il est, avec son histoire, ses pensées, ses idées • La considération positive : croire en la valeur et au potentiel de la personnel • L'impartialité : laisser la personne s'exprimer sans idées préconçues ni critiques • La patience : prendre le temps pour l'autre Je devais établir une relation de confiance avec Mme A. afin de mettre fin à ses difficultés. Ma façon de communiquer était tout aussi importante que mon message. Je me suis tout d'abord positionnée à sa hauteur, j'ai pensé à m'asseoir à ses côtés et à lui prendre la main. J'ai été attentive à ses souffrances, ses gestes et ses postures. J'ai essayé de l'écouter et d'avoir de la compassion face à sa souffrance. Je pense que le fait de m'avoir raconté un peu de son histoire a fait beaucoup de bien à Mme A. Au fil de cette relation, elle s'est peu à peu décontractée. A la fin de ce dialogue, Mme A. était souriante, rassurée et apaisée. Je pense que la relation que j'ai eue avec Mme A. s'est bien déroulée, malgré le peu de connaissance que j'avais à ce moment-là sur la relation d'aide et sur l'anxiété pré opératoire. Cette patiente revenait une semaine après sa première intervention et j'ai pu assurer une continuité du soin, ce qui apparemment a participé à la rassurer. En discutant avec d'autres membres de l'équipe, j'ai compris qu'il ne fallait pas rentrer dans la banalisation. Face à l'attitude récurrente d'un patient, il ne faut pas penser que de toute façon, il n'y a rien à faire, c'est toujours ainsi avec ce patient et que rien ne change. Il faut aussi prendre en compte la différence de perception des patients. En effet, une intervention ou un examen peut paraître anodin pour certains et très angoissant pour d'autres. 4 Un patient peut avoir besoin d'entrer en relation d'aide, une fois, deux fois… dix fois et à chaque fois, nous, aide-soignants, nous devons l'accompagner. Nous ne devons pas porter de jugement. A ce moment-là, notre rôle est d'assurer une présence et une écoute, d'essayer de comprendre les émotions du patient et d'y être sensible. Conclusion : Si j'avais eu les connaissances que j'ai acquises depuis, que ce soit par la formation théorique ou bien mes autres expériences en stage, j'aurais sans doute été moins hésitante dans mes gestes et mes paroles. J'aurais sans doute réussi à rassurer cette patiente plus rapidement. Je me rends compte que le temps accordé aux patients compte tout autant que le nursing ou la prise de constante et ça me pose question par rapport à mon métier futur. Concrètement, Le temps de relation d'aide est peu ou pas planifié, comment l'aidesoignante arrive-t-elle à donner du temps aux patients qui en ont besoin ? Est-ce que j'arriverai à me rendre disponible et être attentive selon les besoins des patients ? 5 BIBLIOGRAPHIE • Cours Mme Bonnier « La Relation d'Aide » Promotion 2014-2015 • Revue Soins Aide-Soignants fiches N° 50 à 55 « Relation et Communication avec le patient » 2013 • Société Française d'Accompagnement en Soins Palliatifs : « Relation d'aide en soins infirmiers » éditions Masson 2014 • Alain Ramé et Carine Blanchon : Guide Pratique AS et AP éditions Masson 2014 • www.CNRD.fr (Centre National des Ressources de Luttes contre la Douleur) • www.soins-infirmiers.com 6