Prise en charge d’un traumatisme de la cheville aux urgences Benoît COUDERT Biomécanique COMPLEXE ARTICULAIRE Répartition des contraintes du poids du corps par le talus Adapter l ’orientation du pied aux contraintes du sol Amortir des contraintes excessives Réaction aux commandes motrices pour la marche 2 1 Structures osseuses 3 7 5 6 4 LES OS Vue médiale 1 2 3 4 5 7 6 Vue latérale Tibia 1 Tibia Péroné 2 Fibula Astragale 3 Talus Calcaneum 4 Calcaneus Scaphoïde tarsien 5 Os naviculaire Cuboïde 6 Cuboïde Cunéïforme 7 Cunéïforme Articulations 9 11 12 10 LES ARTICULATIONS Vue médiale 9 10 11 8 12 Vue latérale Péronéo-tibiale supérieure Péronéo-tibiale inférieure 8 Tibio-tarsienne 9 Sous-astragalienne 10 Chopart 11 Lisfranc 12 Tibio-fibulaire proximale Tibio-fibulaire distale Talo-crurale Sous-talienne Traverse du tarse Tarso-métatarsienne 16 Structures ligamentaires LES LIGAMENTS Vue médiale 17 15 Latéral externe : Collatéral latéral : Faisceau antérieur 13 Faisceau talo-fibulaire ant. Faisceau moyen 14 Faisceau talo-calcanéen Faisceau postérieur 15 Faisceau talo-fibulaire post. 13 14 Vue latérale Latéral interne 16 Collatéral médial Péronéo-tibial antérieur 17 Tibio-fibulaire antérieur Y de Chopart Ligament bifurqué Aponévrose plantaire Fascia plantaire Les autres Articulations de la cheville ARTICULATION FIBULO-TIBIALE INFERIEURE – SYNDESMOSE (pas de surface cartilagineuse) ARTICULATION SOUS-TALIENNE – Stabilité par ligament en haie ARTICULATION TRANSVERSE DU TARSE CHOPART – Os naviculaire (scaphoide tarsien) – Os cuboide externe – Stabilité par ligament en « Y » (nœud ligamentaire) Mécanismes lésionnels Le varus Le Valgus Le Talus Équin Situations particulières : mouvement contrarié VARUS VALGUS MECANSIMES LESIONNELS Dépassement de la charge physiologique LTFA le + fragile car tendu en inversion LTFP le + puissant car tendu seulement en extension Epidémiolgie - Pathologie très fréquente Premier motif de recours aux urgences - Estimation à 6000 entorses par jour - Coût évalué à plus d'1 million de francs par jour en coût direct seulement - Mesure prophylactique : Chaussure adaptée, échauffement Prise en charge Immédiate Les signes d’alerte sont : - Une douleur supérieure à 6 sur l’échelle visuelle analogique, - Une perte de l’axe du pied par rapport à la jambe, - Une plaie profonde ou étendue, - Un pied gonflé et court par rapport à l’autre. INTERROGATOIRE TEMPS ESSENTIEL - ATCD du sujet - Traumatismes antérieurs - Circonstance de survenue du traumatisme Interrogatoire Description du mécanisme Notion d ’impotence immédiate ou secondaire Notion de craquement, de déchirure Douleur syncopale Évolution de la douleur Aspect immédiat de la cheville et évolution EXAMEN CLINIQUE INITIAL - Examen clinique complet dans la mesure du possible - Ne pas oublier l'examen vasculo-nerveux +++ - Orientation du diagnostic et de la demande du bilan radiologique initial - Application des règles d'Ottawa Premières mesures Diagnostic différentiel – Mécanisme – Ex ; rupture TA Prise en charge de la douleur ; antalgiques PO Cryothérapie dès l’accueil Les critères d’Ottawa 1 1 2 3 Une prise en charge radiographique est indiquée si au moins un des signes cliniques est présent •Douleur localisée exquise de la cheville ou du tarse, à la palpation : •-de la face postérieure des malléoles médiale et latérale sur 6 cm à partir de la pointe de ces malléoles •du scaphoïde tarsien •de la base du 5ème métatarsien •Patient de plus de 55 ans •Incapacité d'un appui monopodal ou de faire 4 pas après le traumatisme ou lors de la consultation Guide du bon usage des examens d’imagerie médicale Extrait du guide du bon usage des examens d’imagerie médicale Le problème est-il pour ou contre les règles d’Ottawa, ou plutôt l’applicabilité des règles dans les services d’Urgences est elle possible ? – Les radiographies ne remplacent pas l’examen clinique ! – L’évolution des symptômes est à prendre en compte avec une nécessaire réévaluation entre J3 et J5 +++ – Les radiographies réalisées dans un contexte d’urgence ,ne permettent de diagnostiquer l’ensemble des lésions osseuses. Applicability of the Ottawa Ankle Rules in primary care, results from a pilot study. Van des Wees PJ, Hendriks EJ, Bruls V et coll. J Eval Clin Pract 2011 Dec;17(6) Revue de la littérature POUR Accuracy of Ottawa ankle rules to exclude fractures of the ankle and mid-food : systematic review. Bachmannn L, Kolb E, Koller M et al BMJ 2003;326:417-23. 27 études Radiographies inutiles dans 30 à 40 % des cas Très bonne sensibilité pour exclure une fracture Par contre spécificité très mauvaise pour spécifier une fracture Synthèse : Oui pour les critères aux urgences Très bonne sensibilité (près de 100 %) du test pour exclure une fracture, une piètre spécificité (26 à 40 %) pour certifier une fracture. Sur les 15 581 patients inclus dans les 27 études, 47 (0,3 %) présentaient des résultats faux négatifs, c’est-à- dire une fracture malgré un test négatif. La sensibilité du test est meilleure s’il est pratiqué dans les premières 48 h (99,6 %) et il présente également une très bonne sensibilité pour les enfants (99,3 %). Ne pas prescrire de radiographies sans examen clinique Restons classique ! Enquête prospective 800 patients , 584 radiographies (73 %) 4 patients présentaient une fracture avec critère d’Ottawa CONCLUSION DES AUTEURS : Sensibilité de 93,6%. Ces règles doivent être utilisés avec précaution et ne pas remplacer le jugement clinique et l'expérience. Prospective survery to verify the Ottawa ankle rules Perry S, Raby N, Grant PT. J Accid Emerg Med 1999 Jul; 16(4) ACTUALISATION 2004 DE LA CONFERENCE DE CONSENSUS L’ENTORSE DE CHEVILLE AU SERVICE D’URGENCE 5ème CONFERENCE DE CONSENSUS ROANNE LE 28 AVRIL 1995 Majorité de la revue de la littérature confirme la validité des critères. Recommandations pratiques nécessaires et indispensables avant de réaliser des examens radiographiques. Critères pour la consultation en Urgence et lors de la consultation post urgence. L’utilisation de ces critères ne doit pas occulter le bons sens clinique. Rester vigilant et ne pas oublier la valeur de l’examen clinique chez les patients pour lesquels la marche est parfois possible. Il faut savoir demander une radiographie devant une douleur localisée sur un site de fracture potentielle. Conclusion de l’actualisation de la conférence de consensus Les règles d’Ottawa restent pertinentes pour demander un bilan radiologique devant une entorse de la cheville aux Urgences. Elles devraient pouvoir être utilisées chez l’enfant et l’adolescent. Le risque de passer à côté d’une fracture du pied ou de la cheville est particulièrement limité si l’on respecte les critères d’Ottawa à savoir reconvoquer systématiquement toute entorse de la cheville dans les 5 jours er demander des clichés en l’absence d’amélioration. Radiographie de la cheville de face Critères de réussite Interligne talo-crural (1) bien enfilé. Radiographie de cheville de profil Critères de réussite 4 Poulie talienne (1) bien ronde et une superposition des deux malléoles (latérale 2 et médiale 3) leurs pointes se retrouvant sur un même axe. La base du 5ème métatarsien (4) doit être visible. Radiographie : incidence rétrotibiale de Böhler Critères de réussite On doit visualiser : La malléole médiale (1), l’articulation sous-talienne antérieure (2), la superposition de la malléole latérale et de la base du 5ème métatarsien (3), l’articulation sous-talienne postérieure (4), le sustentaculum tali (5), la gouttière calcanéenne (6), le processus trochléaire (7) et la tubérosité postérieure du calcaneus (8). Radiographie du pied de face Critères de réussite Bon enfilement de l’interligne des 2ème (1) et 3ème (2) cunéiformes. Radiographie du pied en profil latéral Critères de réussite La superposition des orteils (1) et des métatarsiens (2). Le calcaneus (3) et le talus (4) vus de profil. Le 5ème métatarsien (5) bien dégagé ainsi que son interligne articulaire avec le cuboïde (6). Radiographie du pied en profil interne Critères de réussite PIED EN DÉROULÉ : étude possible du talus (1), du calcaneus (2) et un dégagement des métatarsiens les uns par rapport aux autres, la base du 5ème (3) étant, par ailleurs, bien individualisée. Rupture du tendon d ’Achille Circonstances stéréotypés Faux pas ou démarrage brutal Claquement ou sensation de coup direct Impotence et douleur immédiate Mais rapidement tous les signes peuvent s’amender Attention le patient peut marcher, juste une difficulté pour monter ou descendre les escaliers ! Manœuvre de Thompson Traitement En fonction du type de la rupture Ruptures hautes TTT Ortho Ruptures basses Toujours chirurgicale Ruptures en plein corps LPF TOUT TTT sauf si délai > 8 jours ou le TTT chirurgical à ciel ouvert doit être privilégié TRAITEMENT INITIAL (J0) PROTOCOLE DE RYAN R repos relatif I C E application immédiate de froid bandage compressif surélévation du membre inférieur TRAITEMENT INITIAL (J0) - Prescription d'antalgique - Prescription d'AINS??? - Anticoagulant (terrain particulier) - Cannes anglaises (décharge, fonction de la douleur) BILAN CLINIQUE A J4 - Pas de diagnostic de gravité établi à J0 +++ - 1/4 erreur de diagnostic de gravité à J0 - Cheville « devient examinable » - Examen possible de toutes les zones anatomiques - Classification et adaptation du traitement CLASSIFICATION GRADE 1 - Marche sans problème - Absence d‘ecchymose - Varus clinique sensible, tiroir indolore - Sensibilité du LTFA TRAITEMENT - Rééducation fonctionnelle axée sur le travail proprioceptif - Maintien possible par contention souple CLASSIFICATION GRADE 2 - Pose du pied avec ébauche de marche - Ecchymose du bord externe - Varus douloureux, tiroir sensible - Douleur palpation LTFA et LTC TRAITEMENT - Immobilisation par orthèse de cheville, par résine semi-rigide pendant 3 semaines au moins - Rééducation fonctionnelle classique CLASSIFICATION GRADE 3 - Pose du pied très difficile - Poursuite de la compression si besoin - Ecchymose latérale et parfois médiale +++ - Varus et tiroir douloureux - Douleur palpation de tout le LCL TRAITEMENT - Immobilisation par orthèse de cheville, par résine-rigide ou semi rigide pendant 6 semaines - Traitement médical ; anticoagulant , antalgiques - Rééducation fonctionnelle systématique SUIVI DES PATIENTS - Bilan clinique systématique lors de l'ablation des contentions - Réévaluation du patient lors de la fin de la rééducation - Réadaptation sportive progressive - si apparition d'une complication, utilisation adaptée des examens para-cliniques ENTORSE INTERNE CHEVILLE Application du même protocole Attention aux pièges +++ Utilisation plus fréquente des résines dans le traitement secondaire Rééducation fonctionnelle plus longue CONCLUSION - Uniformisation de la prise en charge initiale au sein des SAU - Formation adaptée des médecins - Classification secondaire de la gravité (J4) - Traitement approprié++ - Equipe de masseur-kinésithérapeutes pour réalisation d'une rééducation homogène++