G.Dalgalian, Débat autour de L’Homme de vérité de J.P. Changeux
de mémoriser les connaissances et d’en mettre à l’épreuve la vérité» (p.
22).
Et pour être plus précis encore: «Les neurones, à la différence des autres
cellules de l’organisme, forment des réseaux discontinus présentant des
‘articulations’ bien définies, les synapses, qui établissent des liens fixes et
stables avec un grand nombre d’autres cellules» (p. 23), si bien qu’avec un
potentiel d’environ cent milliard de neurones à la naissance, nous pouvons
construire jusqu’à «un million de milliard de connexions entre neurones»
(p. 23). Avec cette précision capitale qu’ «il règne une grande diversité et
une grande variabilité parmi les cellules prises individuellement, aussi bien
à l’intérieur d’un même cerveau qu’entre deux cerveaux différents» (p. 24).
Changeux insiste surtout sur l’activité spontanée du cerveau et démystifie
les représentations classiques (Pavlov, Skinner, etc.) qui limitaient l’activité
cérébrale à ses capacités de réception, de stockage et de réaction.
En réalité, «le cerveau se comporte comme un système autonome qui
projette en permanence de l’information en direction du monde extérieur,
au lieu de recevoir passivement son empreinte… (p. 40). L’activité
intrinsèque spontanée du cerveau… se manifeste par des potentiels d’action
produits spontanément par les cellules nerveuses» (pp. 41 sq.).
Là encore, les sciences de l’éducation et surtout les pratiques pédagogiques
sont mises implicitement en demeure de faire leur aggiornamento: cela
devrait se traduire, pour l’élève, par davantage d’autonomie, de recherche,
d’interaction et de productions. Ainsi que par une remise en perspective des
activités «traditionnelles» de compréhension/reproduction/applications
simples qui font trop peu de place à l’activité propre de l’individu et à sa
créativité.
Changeux consacre un long développement à «la plasticité neuronale»:
«C’est cette propriété [d’activité spontanée] qui confère aux réseaux de
neurones à la fois flexibilité fonctionnelle, propriété de stockage et capacité
d’auto-organisation» (p. 45).
En cherchant à comprendre l’architecture de notre cerveau, Changeux
approche au plus près les fonctions de notre «appareil de connaissance»
(pp. 46-57). Le cerveau humain est doté à la fois de réseaux emboîtés
verticalement et de «voies et cartes horizontales» pouvant interconnecter
des aires distantes les unes des autres.
C’est ainsi que le nombre d’aires ou territoires distincts dans le lobe frontal
augmente de façon spectaculaire entre le singe et l’homme, avec des
conséquences significatives pour le développement des fonctions
cognitives.