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Architecture hospitalière - numéro 17 - 2016 - Second Sight
Comment la société est-elle organisée au niveau international ?
G.C : Notre siège principal est basé à Los Angeles et compte une
centaine de personnes. Notre bureau suisse couvre les marchés
d’Europe, du Moyen-Orient et d’Asie et emploie une vingtaine de
collaborateurs. Nos effectifs rassemblent principalement des ingénieurs,
des équipes de Recherche & Développement et de recherche clinique.
Certains de nos collaborateurs assurent également la commercialisation
de nos solutions.
Quelles sont les solutions que vous proposez ?
G.C : Actuellement, nous proposons la solution Argus II. Il s’agit
d’une prothèse épirétinienne qui apporte à des personnes aveugles
un substitut de vision afin de leur offrir une plus grande autonomie
dans leur quotidien.
Comment cette prothèse a-t-elle été développée ?
G.C : Le développement de l’Argus a débuté en 1991 avec un groupe
de chercheurs de l’université Johns-Hopkins de Baltimore aux États-
Unis. Leurs études avaient alors prouvé qu’il était possible de stimuler
électriquement la rétine de l’œil humain. En 2002, Second Sight a
commercialisé une première génération de produits. C’est ainsi que
l’Argus I a été proposé à un nombre restreint de patients. Le système
fonctionnait correctement mais restait relativement complexe à
mettre en place. En 2006, l’entreprise a lancé l’Argus II, sa deuxième
génération de produits.
Comment l’Argus II fonctionne-t-il ?
G.C : Nos systèmes se présentent sous la forme de lunettes équipées
d’une caméra capturant les informations présentes dans le champ
de vision du patient. Ces données sont transmises à un dispositif
de la taille d’un téléphone portable qui convertit les données images
en informations électriques. Ces informations sont, ensuite, elles-
mêmes envoyées par radio à un implant situé dans l’œil du patient
afin de produire une perception de son environnement par stimulations
électriques.
Quelles sont les caractéristiques techniques de l’Argus II ?
G.C : L’Argus II est un système complètement implantable fonctionnant
par une communication sans fil. Il permet de stimuler la rétine en
60 points différents afin de rendre au patient 20% de son champ
visuel. Il s’agit du premier et du seul dispositif homologué en Europe
(marquage CE) et aux Etats-Unis (approbation de la FDA) destiné à
restaurer une certaine vision fonctionnelle chez les personnes souffrant
de cécité.
Quel est l’impact de la mise en place du forfait innovation
dans le déploiement de l’Argus II ?
G.C : Initié durant l’été 2014 par Marisol Touraine, ministre des Affaires
Sociales, de la Santé et des Droits des femmes, le forfait innovation
permet à l’Argus II d’être proposé aux patients dans le cadre d’inter-
ventions cliniques. Il permet également une prise en charge globale
du patient avec le volet chirurgical et l’implantation de la prothèse
mais aussi la rééducation et le suivi physique et psychologique.
Ainsi, les résultats des premières interventions sont particulièrement
encourageants. À ce jour, trois centres français à Paris, Bordeaux
et Strasbourg ont été retenus dans le cadre de ce programme pour
proposer notre solution. Ils portent à 40 le nombre de centres la proposant
à travers le monde, aux États-Unis, en Angleterre, en Allemagne,
en Italie, en Espagne, en Turquie, en Arabie Saoudite, en Suisse ou
aux Pays-Bas.
Comment intégrez-vous le retour du personnel médical
chargé de la pose de vos prothèses dans leur développement ?
G.C : Nous recevons constamment des retours de la part des médecins.
Ainsi, tous les 6 mois, nous réalisons une mise à jour du logiciel de
l’Argus II et, tous les 3 ans, nous assurons une amélioration physique
du système. Ces améliorations sont généralement imperceptibles
mais, au cours des années, elles ont permis, entre autres, d’optimiser
le profil de sécurité de l’Argus II. Entre la solution proposée en 2006
et celle commercialisée aujourd’hui, nous notons 6 fois moins d’effets
indésirables constatés chez le patient. Cette évolution est due aux
améliorations portées au système et à la compétence des praticiens
qui sont de plus en plus efficients dans la pose des prothèses. Les
professionnels de la santé en parleront dans un sens large, le 7 mai
2016 au congrès de la SFO lors de notre Symposium.
Quelles sont les perspectives de développement de Second
Sight ?
G.C : Dans le courant de l’année 2016, voire au début de l’année 2017,
nous serons en mesure de proposer une nouvelle version du système
que nous devrions nommer Argus II B. Elle améliorera significativement
la perception offerte par le système ainsi que le pourcentage de patients
éligibles. Dans près de 3 ans, nous pourrons commercialiser une
nouvelle version physique de notre solution. Elle sera destinée aux
patients, très nombreux, souffrant de DMLA. Par ailleurs, nous
développons une nouvelle prothèse, Orion. Cette solution envoie les
informations électriques, non plus dans l’œil, mais dans le cortex
visuel du cerveau. Elle permettra d’offrir une perception au patient
souffrant de toutes formes de cécité, soit près de 6 millions de personnes
dans le monde. Nos résultats et les retours très encourageants de
certains patients ayant retrouvé une perception de la vision grâce
à nos solutions et aux praticiens collaborant avec nous, sont autant
de raison pour lesquelles nous continuons nos efforts et maintenons
nos activités de recherche et d’innovation. De plus, au-delà de leur
charge émotionnel et du soutien psychologique qu’ils apportent à
nos équipes, certains de ces témoignages les plus précis nous aident
dans le développement de nos solutions.