Etudes sur (de retour sur investissement»: une nouvelle ère méthodologique est née
La prévention est efficace, mais aussi rentable
La prévention est-elle efficace? Et si oui, est-elle rentable?
Oui, si l'on en croit trois études pionnières qui avancent
des chiffres concrets: chaque franc dépensé au titre de
la prévention contre le tabagisme rapporte à la société
la contre-valeur (avantage net) de 41 francs, de 23 francs
s'agissant de la prévention contre l'alcoolisme et de 9,40
francs concernant la prévention des accidents de la route.
Ces études constituent un premier pas pour chiffrer les
coûts et les bénéfices des mesures de prévention.
Des études (portant sur la prévention contre l'alcoolisme, le
tabagisme et les accidents de la route) mandatées par l'Of-
fice fédéral de la santé publique (OFSP) ont été réalisées par
l'Institut de l'économie de la santé de Winterthur (WIG) et
l'Institut de recherches économiques de l'Université de Neu-
châtel (IRENE). Elles couvrent une période allant de 1997 à
2007.' Alors que l'efficacité de mesures de prévention ciblées
a été démontrée au niveau international, des lacunes subsis-
tent quant à leur rentabilité. Ces trois études ont permis de ré-
duire ces manques. Elles représentent un premier pas nova-
teur dans l'évaluation chiffrée du rapport coûts/bénéfices des
mesures de prévention. Leurs résultats, d'ores et déjà réjouis-
sants, confirment les avantages des mesures de prévention
mises en oeuvre jusqu'à présent dans les cantons.
Difficultés d'évaluation fondamentales
Les trois études ont aussi mis à jour les difficultés fondamen-
tales d'évaluation des programmes de prévention et de pro-
motion de la santé. Celles-ci résident notamment dans l'ab-
sence, en règle générale, d'études contrôlées randomisées
comme celles réalisées dans le domaine de la recherche cli-
nique. Les études randomisées font appel à un groupe expé-
rimental et à un groupe témoin. L'attribution des participants
de l'étude à l'un ou l'autre groupe se fait de façon aléatoire.
La comparaison des résultats du groupe expérimental et du
groupe témoin permet de valider ou d'invalider le postulat
préalable de l'étude.
Une corrélation directe entre les investissements en matière
de prévention et le bénéfice net pour la collectivité est im-
possible à établir compte tenu des conditions de départ. L'ef-
ficacité est chiffrée en se basant sur des hypothèses. On a par
exemple estimé le nombre de cas de maladies, de blessures
ou de décès qui ont été évités grâce à la prévention. Cette es-
timation a été prise en compte dans le calcul des bénéfices.
Les études pionnières ont aussi chiffré tous les coûts déter-
minants d'une mesure de prévention et ont calculé l'avantage
correspondant pour la société. Le bénéfice se compose des
coûts directs évités grâce à la prévention (frais médicaux), des
pertes de production évitées (pertes de revenu) et des coûts
intangibles évités (perte de la qualité de vie liée à la maladie,
à l'invalidité ou à la mort prématurée). Il en découle le retour
sur investissement (RSI)2 ou plutôt la contre-valeur en francs
économisée par la société grâce à la prévention.
Bouger donne la «pêche» et réduit l'obésité
L'approche est radicalement différente lors de la réalisation
d'études randomisées. Des scientifiques ont par exemple réa-
lisé pour le compte de l'Université de Bâle une étude visant à
déterminer l'impact des programmes d'activité physique sur la
forme et le surpoids de 504 écoliers suisses du primaire. Les
écoliers étaient issus de 28 classes choisies au hasard dans 15
écoles primaires suisses. Le résultat est clair: les diverses acti-
vités physiques suivies par les écoliers du groupe expérimen-
tal dans le cadre des cours ont permis d'améliorer leur condi-
tion physique et leur forme. L'obésité de ces enfants a égale-
ment reculé, contrairement au groupe témoin.
Les deux types d'études mettent en lumière les domaines où
la prévention est efficace. Elles reposent sur des questionne-
ments et des objets d'étude différents, et ne sont donc pas
comparables d'un point de vue méthodologique. Une ques-
tion récurrente concerne notamment le caractère scientifique
de ces analyses évaluant l'efficacité et la rentabilité des me-
sures de prévention. Une autre problématique tout aussi im-
portante est la manière dont les administrations et autres or-
ganismes doivent à l'avenir saisir les données concernant la
prévention pour faciliter le travail des scientifiques.
SILVIA SCHÜTZ
'Spectra, n° 80, «La prévention est rentable», mai 2010;
www.spectra.bag.admin.ch; Evaluation économique des mesures de pré-
vention en Suisse, étude pionnière de l'Institut de l'économie de la santé de
Winterthur (WIG), de la Haute école de sciences appliquées de Zurich (ZHAW),
de l'Institut de recherches économiques de l'Université de Neuchâtel (IRENE).
Rapport mandaté par l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), février 2010,
consultable sur le site web de l'OFSP.
Retour sur investissement: RSI = bénéfice de la prévention coûts de la pré-
vention / coûts de la prévention.
BMJ 2010;340 :c785. L'étude est consultable sur http://www.bmj.com
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Date: 24.06.2010
Genre de média: Médias imprimés
Type de média: Presse spécialisée
Tirage: 850
Parution: 10x/année
N° de thème: 377.4
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