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La mort subite du sportif : qui est à risque ? Comment la dépister ?
savantes américaines ou européennes ont proposés des
recommandations en la matière.
Un exemple est donné par un document disponible sur
internet et qui fut rédigé en 2004, lors d’une conférence
de consensus sous l’égide du C.I.O et de l’ESC (Société
Européenne de Cardiologie). Ce document suggère l’utili-
sation d’un arbre décisionnel pour réaliser le screening des
sportifs(http://www.olympic.org/documents/reports/en/
en_report_886.PDF).
Le dépistage passe d’abord par la réalisation d’un ques-
tionnaire et d’un examen clinique complet. Le question-
naire comprend de nombreuses données anamnestiques
et personnelles (familiales). Cette première étape ache-
rait toutefois une sensibilité basse de ±0.44 et spécicité
de valeur intermédiaire de ±0.76. Lorsque l’examinateur
lejugenécessaire,ilpeutproposerdepousserlesinvesti-
gations plus loin, comme la réalisation d’un ECG (après le
début de la puberté). L’ECG est recommandé d’emblée par
l’ESC, mais réfuté aux USA. Les arguments généralement
avancés pour ne pas ‘screener’ tous les athlètes avec un ECG
sonte.a.lefaitquecertainesaectionslétalesn’ontaucune
traduction électrocardiographique (implantation anormale
des coronaires), que l’aspect ECG peut varier dans le temps,
quecertainsECGdujeunespeuventmimerlesanomalies
génétiques, et enn que la valeur du test dépend de la
compétence de celui qui lit le tracé. De plus ne négligeons
pas le coût nancier, qui à l’échelle individuelle est raison-
nable mais devient prohibitif s’il est appliqué à la masse des
gens qui pratiquent du sport. En ce qui concerne la sen-
sibilité et la spécicité de ce test, on peut les estimer rai-
sonnablementauxenvironsde75%et95%(dépendantdu
typedepathologierecherchée).Certainesaectionssont
particulièrement ‘diagnosticables’ lors de la réalisation d’un
ECG:leWolf-Parkinson-White,laCMPH,lelongQT,lesyn-
drome de Brugada, etc.
en ConCLuSion
La mort subite cardiaque du sportif, et particulièrement
dujeune(<35ans)resteexceptionnellemaisémotionnel-
lement dramatique, particulièrement lorsqu’elle est média-
tisée.Lessujetsdeplusde35anssontlesplusàrisque,
particulièrement les hommes qui cumulent un ou plu-
sieurs facteurs de risque. Il est incertain et dangereux d’af-
rmer que le dépistage systématique des sportifs permet
d’identiertouslessujetsàrisque.Autoriserunathlèteà
poursuivresacarrièrepassetoutefoispardesprérequis:
une bonne anamnèse, un examen clinique complet, des
investigationscomplémentairessijugésnécessaires(ECG,
Holter,testd’eort,échographiecardiaque,IRM,cathété-
risme, étude électropysiologique). Il faut toutefois garder
à l’esprit qu’aucun test n’est ni totalement spécique ou
sensible, et donc que le risque de faux positifs (éloigner
du sport un individu normal) et faux négatifs (potentiel-
lement une prochaine victime) restent bien présents.
Les décès d’origine cardiaque surviennent le plus souvent
lorsdesportscollectifs,commelefootoulebasket.Les
sports les plus impliqués dans les cas de MSC dépendent
des pays concernés ainsi que de la popularité du sport
danscesrégions.AinsiauxUSA,lebasket,lefootball,le
joggingsontlespremierssportsdanslesquelsonrecense
leplusdevictimes;enEurope,lefoot,levélosontparmi
les sports les plus pratiqués et sont donc statistiquement
plus«àrisque».Onnoteégalementdesdisparitéseth-
niques. Ainsi aux USA, le plus grand nombre de victimes
est à déplorer parmi la population noire, essentiellement
masculine.
Les causes cardiaques sont clairement dépendantes de
l’âgedelavictime.Ilfautdonc«partager»lessportifs
selondeuxcatégoriesd’âge:les≥35ans,etlesjeunes
de12-34ans.Eneet,silescausescardiaquesdemort
subitesontnombreuses,ilestétabliquedèsl’âgede35
ans, la cause principale de décès soudain est la présence
d’unecoronaropathie(athérosclérose),aectionquasi-
mentabsentechezlesplusjeunesathlètes.Dès35ans,
et comme mentionné plus haut, l’incidence de MSC s’ac-
croîtrapidement,enparallèledesaectionscardiaquesqui
touchent la population générale. On mentionnera égale-
ment dans cette tranche d’âge la cardiomyopathie hyper-
trophique(5%),ouleprolapsusmitral(5%).Dansenviron
5%des cas,lebilanrestetoutefoisnégatif,etaucune
explication probante ne permet d’élucider le mystère qui
entoure le décès de l’athlète.
Avant35ans,lescauseslesplusfréquentessontlesaec-
tions génétiques touchant soit l’architecture cardiaque et
donc dépistables lors d’investigations morphologiques
(cardiopathie hypertrophique (CMPH), dysplasie aryth-
mogène du ventricule droit) soit certains canaux ioniques
trans-membranaires cardiaques responsables de l’activité
électriqueducœur(channelopathies).Danscecas,lecœur
apparaît morphologiquement normal, et seule la conduc-
tion électrique est perturbée. D’autres anomalies non géné-
tiques, acquises ou congénitales exposent également le
sujetaurisquedeMSCcommel’implantationanormale
des artères coronaires, la sténose aortique, la dissection
aortique, la myocardite, la cardiomyopathie dilatée, le syn-
dromedeWolf-Parkinson-White,leprolapsusmitral,etc.
(19-23). Le dopage tout comme l’abus de stupéants, est
dicile à apprécier mais touche probablement toutes les
catégories de sportif.
dépiStageS
Laproblématiquedudépistagedessujetsàrisquerevient
régulièrement sur la table. Si aucun test ne peut anticiper
les cas de MSC avec une sensibilité et spécicité susante
que pour devenir la référence en la matière, la perspica-
cité toutefois du médecin, associée à certains tests clés, et
la conduite raisonnée du sportif permettent de réduire le
risque statistique mais sans l’éliminer totalement. De nom-
breusespublicationsétabliesparlesdiérentessociétés