MOTS CLÉS
Mort subite,
terrain
de
sport,
accidents
cardiovasculaires
1--
-----------------------------'
à l'effort, étiologies
1 ntr0d
UCtion
Pr
Hervé Douard, Hôpital cardiologique,
Pessac
es
accidents cardiovasculaires à
l'effort
:
coup de projecteur
en
Bretagne
et
en
Aquitaine
Pr
François Carré,
CHU
Pontchaillou; Université Rennes 1
Dr Laurent Chevalier, Clinique
du
Sport, Bordeaux-Mérignac
ourquoi meurt-on subitement
sur
le
terrain de sport 7
Pr
François Carré,
CHU
Pontchaillou, Université Rennes 1
tio
ogies des morts subites
lors de l'activité sportive
Pr
Hervé Douard, Hôpital cardiologique,
Pessac
es
difficultés du diagnostic étiologique :
le
point
de vue de l'anatomopatholog1ste
Dr Paul Fornès,
Hôpital
Européen Georges Pompidou,
Paris
p.10
p.10
p.12
p.18
p.20
OSSIER
Introduction
'
Pr
Hervé Douard, Hôpital Cardiologique,
Pessac.
mois
ont
été
marqués
par
la
survenue
de
des sportifs
de
niveau,
événement
s
très
no
~
a.J~n:1er1tles
sports très
popu-
L'inconscient populaire assimile
classiquement
l'activité
sportive à celle
d'une
image de
bonne
santé,
et
à juste rai-
son
dans
l'immense
majorité
des
cas. Aussi,
quand
la
mort
subite
frappe
un
sportif, a fortiori
connu,
et
que
cet
événement
est
relayé
par
les
images
toujours
impres-
sionnantes
de ces événements dramatiques, elle n'est
pas
sans
soulever
quelques
interrogations ...
En
premier
lieu
et
malheureusement
non
sans
raison,
quelle
est
la
part
potentielle
du
dopage
,
qui
demeure
un
fléau
dans
le
sport
de
haut
niveau?
Certains
comporte-
ments
de
toxicologie
ont
souvent
été
initiés
lors
d'une
carrière sportive
de
haut
niveau, justifiant ainsi
la
création
de
structures
spécifiques
de
sevrage
pour
ces
sportifs.
acc·dents
En
second
lieu, quelles
sont
les responsabilités médicales
de
non
détection
préalable
d'anomalies structurales,
ne
pouvant
guère
passer
à travers les mailles d'
un
suivi
de
plus
en
plus
spécialisé
(ECG,
épreuve
d'effort,
échocar-
diographie ... ) ? Problème
de
compétence
ou
pression des
staffs sportifs
et
du
sponsoring
trop
importante?
Enfin, l'intensité des
entraînements
et
le
rythme
soutenu
des
compétitions
dans
certaines
disciplines
ne
sont-ils
pas
préjudiciables
pour
la
santé
de ces sportifs? Les inté-
rêts financiers
du
"sport spectacle"
ne
priment-ils
pas
sur
les risques, certes av
ant
tout
traumatiques mais aussi par-
fois
cardiovasculaires
,
d'athlètes
souvent
jeunes,
mal-
léables
et
mal conseillés ?
Le
rôle
de
gardes fous,
que
sont
les métiers de santé, passe
par
l'information,
aussi
objective
et
complète
que
pos-
sible, à laquelle ce dossier,
dont
nous
remercions chaleu-
reusement
les
auteurs
qui
ont
bien
voulu y
contribuer
et
apporter
leurs
compétences
sur
le sujet, espère modeste-
ment
contribuer.
ca
iov
sculaires
à l'effort
col:Jp
de
projecteur
en
Bretagne et
en
Aquitaine
Dr Laurent Chevalier, Clinique du Sport, Bordeaux-Mérignac.
Pr
François Carré, Hôpital Pontchaillou, Rennes.
> Epidémiologie
générale
Cœur
et
activité
physique
entretien-
nent
une
relation ambiguë : l'exercice
régulier améliore la protection cardia-
vasculaire
sur
le
long
terme
,
en
prévention
primaire
c
omme
en
pré-
vention secondaire, mais durant l'exer-
cice
lui-même
, le
risque
d'
accident
cardiovasculaire est augmenté par rap-
port à
une
situation de repos.
Des
méta-analyses, réalisées sur des sous-
groupes particuliers (l-3), ont essayé de
quantifier
ce
risque, avec des projections
donnant
des valeurs
de
l'ordre
de
l décès/200000 adolescents sportifs/an
et de l décès/
18
000
sportifs entre
25
et
75
ans/an.
Mais,
aucun pays développé
n'est capable à l'heure actuelle de fournir
des données exactes sur la prévalence des
accidents cardiovasculaires durant
l' acti-
vi sportive, de loisir
ou
de compétition,
dans la population générale.
>
Le
cas
particulier
de
la Bretagne
Il
est
donc
très difficile actuellement,
voire impossible, de préciser le
nombre
annuel
d'accidents
cardiovasculaires
survenus
sur
les
terrains
de
sport
en
France. Seule des estimations plus
ou
moins précises sont à notre disposition.
Dans le cadre
de
ce dossier
sur
la
mort
subite, nous avons essayé de nous faire
une
petite idée
de
l'incidence annuelle
de ces accidents.
Pour la région Bretagne, deux unités
ont
été interrogées
(ille
et Vilaine, Finistère).
Selon les données recueillies
(Tab.
1),
les
causes traumatologiques d'appels domi-
nent très largement. Dans tous les cas les
problèmes cardiovasculaires
ont
cancer-
nés
des
hommes
de
40
ans
et
plus. Les
autres causes cardiologiques
ont
été
un
bloc auriculoventriculaire, une péricar-
dite, une syncope. Enfin, les causes d'in-
tervention
non
cardiaques
et
non
traumatologiques
ont
été deux déshy-
dratations
,
deux
hypoglycémies,
une
crise de spasmophilie, deux causes neu-
rologiques, trois crises d'épilepsie,
une
brûlure
, trois noyades,
une
lésion
par
arme blanche et ...
un
accouchement!
Il
faut souligner le caractère incomplet
de
ces
données
(de
même
dans
le cas
de
l'Aquitaine),
dans
lesquelles
les
interventions
des
autres
systèmes
d'
urgence
(pompiers,
secouristes
... )
ne
sont
pas
recensées. Elles
ont
néan-
moins
le
mérite,
de
proposer
des
chiffres
récents
sur
les étiologies
des
accidents graves
survenus
sur
les ter-
rains
de
sport
dans
ces deux régions.
>
Le
cas
particulier
de
l'
Aquitaine
Protocole
Dans
ce
cas
particulier,
nous
avons
tenté
d'avoir
une
première
approche
quantitative
du
problème
en
sollicitant
nos
confrères
des
Samu-Smur
des
Centres Hospitaliers
de
Bayonne, Bor-
deaux, Dax,
Libourne
,
Mont
de
Mar-
san,
Pau
et
Périgueux (pas
de
logiciel
permettant
une
étude
rétrospective à
Agen).
Nous
leur
avons
demandé
d'analyser,
de
façon rétrospective,
sur
les
12
derniers
mois,
tous
les
ap
pels
concernant des problèmes d'ordre car-
diovasculaire
s'étant
produ
i
ts
sur
des
"terrains"
de
sport
au
sens
large (pis-
cine, terrains, vestiaires,
montagne
... ).
Résultats
Les
résultats
bruts
sont
donc
les sui-
vants:
-
71
malaises étiquetés vagaux,
-22
douleurs
thoraciques
intenses
sans
arguments
francs
en
première
intention
en
faveur d
'une
origine angi-
neuse,
- 6 crises d'angor,
- 3 poussées hypertensives,
- 1 péricardite,
- 1 syncope d'effor
t,
- 2 tachycardies supraventriculaires,
- 1 tachycardie ventriculaire,
DOS
SIE
- 5 infarctus
du
myocarde (IDM),
-
10
décès
sans
diagnostic
ét
iologique
certain.
La
moyenne
d'âge
des
sujets
ayant
présenté
une
crise angineuse certaine
ou
un
IDM est
de
53 ans.
La
moyenne
d'âge
de
8
des
10
décédés
pour
l
es-
quels
nous
disposons
de
l'âge
est
de
48,3 ans. Curieusement, les disparités
selon
les
centres
sont
importantes
puisque
3
hôpitaux
suscités
ne
signa-
lent
aucun
appel
pour
un
motif
car-
diovasculaire significatif, alors
que
l'un
d'entre eux
en
annonce
33, les 3 autres
centres se situant
dans
des fourchettes
intermédiaires.
Rapporté à la
pop
ulation couverte
par
ces différents
SAMU
(2,4
millions d'ha-
bitants), le
taux
est
de
2
!DM/million
d'
ha
bit
ants/
an,
soit
un
taux
de
4 décès/million
d'habitants/an.
.er
,
Ces résultats s
ont
évid
emment
tout
à
fait sous-es
tim
és, et ce,
pour
deux rai-
so
ns
esse
nti
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ll
es
:
la
pr
emière
est
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avec
notr
e mé
th
ode
de
recueil
des do
nn
ées.
En
ne
retenan
t
pas
l'i
tem
de
lieu "voie
pu
blique
",
nous
d
élaissons
tout
le
contingent des accidents cardiovascu-
la
ires chez les joggers
et
les cyclistes,
population
souvent
plus
âgée
que
dans
d'autres
sports,
et
donc
plus
à
risque. Les logiciels
ne
permettant
pas
la
recherche
par
pathologie
:
repérer
dans
cette
énorme
nébuleuse
à forte
composante
traumatologique le sous-
groupe
cardiovasculaire
aurait
demandé
des
dizaines
d'heures
de
Département
Total
Mort
subite
Coronaires Cardio
autre
cause
Traumatologie
Année (%)
(%)
(%) (%)
(%)
-
-
--
- -
·--
----
Ille et Vilaine {35) 16 0 1 2
11
2002 (100) (6,3) (12,5) (68,8)
-
-
Ille et Vilaine {35) 13 1 1 0 6
2003 (100) (7,6) (7,6) (46,
1)
Finistère {29)
24
1 2 1 15
2001 (100) (4,2) (8,3) (4,2) (62,5)
-- -
---
Finistère {29) 13 1 1 0 7
2002 (100) (7, 6) (7,6) (53,8)
11
Cardio
&Sport n
o2
>>>
OS
SI
ER
>>
travail d'archivage, que nos confrères
urgentistes
ne
pouvaient évidemment
pas
nous
consacrer.
Or,
nous
avons
comptabilisé déjà 5 décès
en
Gironde
ces
12
derniers mois sur des courses
pédestres
officielles (non recensées
dans notre travail).
Qu'en
est-
il
alors
durant les dizaines de milliers d'heures
d'entraînement?
La seconde cause de sous-estimation
du
phénomène
vient
du
fait que tous les
accidents survenant au décours de l'ac-
tivité physique, dans la voiture, à domi-
cile,
ne sont pas comptabilisés comme
induits par l'activité physique.
Trois
cas
de ce type, vus à la
consultation
ces
4 dernières semaines dans notre seul
établissement, peuvent donner une idée
de l'ampleur
du
phénomène.
A titre de comparaison, Ayrolles, dans
son étude prospective
(4),
réalisée dans
la région de Grenoble entre
1992
et
1996,
sur une population de
685
000
habitants,
en utilisant une méthodologie plus per-
formante, avait
recensé:
51
IDM
et
20
morts subites
en
rapport avec l' acti-
vité physique sur
un
suivi de
41
mois,
soit
21,7
!DM/million d'habitants/ an et
à 8,5
morts
subites/million
d'
habi-
tants/ an, soit
10
fois
plus d'IDM et 2
fois
plus de morts subites que dans notre
travail rétrospectif.
Par ailleurs, parmi les
71
malaises éti-
quetés "vagaux",
on
ne
peut
éliminer
avec certitude
un
trouble
du
rythme
ventriculaire paroxystique pour
un
ou
plusieurs d'entre eux. De même, pour
les
22
douleurs thoraciques intenses
sans caractère angineux, quid d'une
dis-
section aortique fruste, d'une péricar-
dite, d'un spasme coronaire transitoire?
Quoi qu'il
en
soit,
même
si le pool des
décès
en
rapport avec des anomalies
congénitales (pré-excitation,
QT
long,
dysplasie
VD
... ) reste stable, la pratique
sportive se développant
au
sein d'une
population à plus
haut
risque cardia-
vasculaire (obésité, tabac, quinqua, sexa
et
même
septuagénaires),
et
sur
un
mode parfois totalement déraisonnable
(manque
de
préparation
physique,
charges de travail énormes, conditions
extrêmes),les accidents cardiovascu-
laires sont probablement appelés à aug-
men
ter dans les années à venir.
A
l'heure
les
décès
de
la
route
(128/million d'habitants/an) sont pré-
sentés, à juste titre, comme
une
prio-
rité
nationale,
les
décès
du
sport
mériteraient
sûrement
un
peu
plus
d'attention
de la
part
des acteurs de
santé, car aussi, le nombre d'années
de vie perdues n'est pas négligeable. 1
Bibl"og
Maron
BJ,
Gohman
TE,
Aeppli
O.
Pre-
valence
of
sudden cardiac death
du
ring
competitive
sports activities
in
Minne-
sota
high
school athletes. J Am Coll
Car-
diol1998;
32:
1881-4.
2.
Siscovick
OS,
Weiss
NS,
Fletcher R
et
al.
The
incidence
of
primary
cardiac
arrest
du
ring
vigorous
exercise. N Engl
J
Med
1984;
311:
87S-7.
3.
MacAuley
O.
Does preseason scree-
ning
for
cardiac disease
really
work:
the
British
perpective.
Med
Sei
Sports
Exerc
1998;
30
suppl10:
34S-SO.
4. Ayrolles
O.
Les
accidents coronariens
au
cours
ou
au
décours
de
l'activité
physique
:
étude
prospective
dans la
région grenobloise. Thèse
DES.
Univer-
sité
Grenoble;
1997.
oi
meurt-on
e ent sur le terrain
at?
Pr
François Carré,
CHU
Pontchaillou, Université Rennes
1.
d'annoncer
la
fort publiée,
d'un
homme
entraîné.
Si
l'on
s'en
tient
à
la
description
des
faits,
dont
la véracité reste
sujette
à
caution,
il
est logique de
penser
que
Cardio
&
Sport
na2
la
cause
de
son
décès a
été
un
coup
de chaleur.
L'exercice musculaire aigu constitue
un
véritable
"banc
d'
essai"
pour
l'organisme.
Pour
répondre
de
manière
adaptée
aux
contraintes
majeures
imposées,
ses
différents
systèmes,
en
particulier cardiovascu-
laire, doivent
présenter
une
parfaite
intégrité.
Ainsi,
la
majorité
des
12
contre-indications
définitives
à
la
pratique sportive de compétition est
d'origine cardiovasculaire
(1).
Les
conditions
de
survenue
de
la
mort
subite
peuvent
varier
selon
la
définition retenue.
La
mort
subite
du
"sportif"
peut
être définie
comme
la
survenue inattendue
d'un
décès dans
l'
heure
suivant
le
début
des
symp-
tômes
touchant
un
sujet
pratiquant
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