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Conjoncture économique
La Pologne résiste à la crise
Portée par le dynamisme de son marché intérieur, la Pologne a renoué l’an dernier avec un taux de
croissance supérieur à +3%. Elle devrait à nouveau figurer cette année parmi les économies les plus
dynamiques d’Europe centrale.
Durant la crise financière la Pologne a été la seule économie européenne à ne pas entrer en
récession et a retrouvé l’an dernier un rythme de croissance élevé après avoir connu un sensible
ralentissement durant les années 2012 et 2013 : son PIB a crû de +3,4% en 2014 (+3,6% en
glissement annuel au T2 2015), contre respectivement +1,8 et +1,7% en 2012 et 2013. La Pologne
demeure donc, avec la Slovaquie, l’économie ayant connu, au sein des 28, la plus forte croissance
depuis son adhésion en 2004 (+4,0% en moyenne sur la période 2004-2014).
Portée par le plus grand marché intérieur d’Europe centrale, plus de 38 millions d’habitants, la
Pologne a pu s’appuyer l’an dernier sur le dynamisme de la demande interne, forte d’une croissance
rapide de la consommation (+ 3,4%) comme de l’investissement2 9,2% pour la formation de capital
fixe). Les difficultés du secteur export, vulnérable aux retombées du conflit russo-ukrainien, ont ainsi
pu être contrebalancées, tout comme la faible croissance d’une zone euro qui absorbait encore en
2014 un peu plus de la moitié des exportations polonaises. Les fonds structurels européens, pour
lesquels la Pologne s’est vue attribuer la dotation plus importante des 28 en valeur absolue (68 Mds
€ au titre des perspectives 2007-2013, 82,5 Mds € au titre des perspectives 2014-2020), continuent
par ailleurs à irriguer la modernisation de l’économie. Leur taux d’absorption3 (93,3%) n’est, à quatre
mois de la clôture des perspectives 2007-2013, dépassé que par l’Estonie et la Lituanie au sein des
nouveaux Etats membres.
Plus équilibrée qu’au cours des années précédentes lors desquelles elle avait principalement reposé
sur le secteur industriel, la croissance a l’an dernier été soutenue par la plupart des secteurs
d’activité, de la logistique à la distribution ; elle s’est reflétée sur le marché du travail par une
nouvelle inflexion du chômage (10,1% des actifs fin juillet, contre 11,8% un an auparavant) qui,
combinée à la hausse des salaires (+ 3,3% en glissement annuel dans les entreprises d’au moins 10
salariés, où ils atteignaient en moyenne 4095 PLN – 970 € –bruts fin juillet) et à la stabilité des prix à
la consommation (- 0,8% en 2015 selon les prévisions de la Banque centrale), a conduit à une forte
hausse du pouvoir d’achat des ménages au cours de la période. Soutenue par la reprise d’un crédit
bancaire que pourrait aider à libérer l’assouplissement des conditions monétaires4, cette évolution
devrait constituer l’un des principaux facteurs de dynamisme de l’économie polonaise en 2015, les
prévisions oscillant pour cette dernière de +3,3% (Commission Européenne) à +3,5 (FMI) cette
année ; le ministère des Finances prévoit une accélération de la croissance de +3,8% en 2016.
2 L’investissement (FBC, formation brute de capital) a plusieurs composantes, dont la FBCF (formation brute de capital fixe : investissement
en biens durables utilisés de façon répétée, durant au moins un an, dans le processus de production – bâtiments, machines…) qui est
généralement privilégiée afin d’évaluer l’évolution générale de l’investissement. Les variations de stocks/inventaires peuvent cependant, à
titre ponctuelle, avoir une forte incidence sur l’évolution de la composante générale « investissement ».
3 Le taux d’absorption correspond à la proportion de l’enveloppe allouée effectivement consommée (ayant fait l’objet d’un transfert depuis
la Commission Européenne vers l’Etat membre) ; cette mesure, plus que le taux d’attribution des contrats (généralement égal, voire
supérieur à 100%), est considérée comme le meilleur indicateur de la capacité d’un pays à mobiliser les fonds structurels. La date de clôture
des perspectives 2007-2013 étant fixée au 31 décembre, il est souhaitable, du point de vue de l’Etat bénéficiaire, de rapprocher le plus
possible de 100% son taux d’absorption à cette date afin de diminuer les déperditions.
4 La Banque centrale maintient actuellement un taux directeur de 1,50% (étiage historique) et la BCE s’est lancé en mars dernier dans un
programme d’achat d’actifs injectant massivement des liquidités dans les pays voisins, ce qui bénéficie indirectement à la Pologne. Les
banques peuvent donc avoir accès au crédit à des coûts de refinancement particulièrement bas, ce qui devrait les encourager à prêter, sous
réserve bien sûr de la demande de crédit et de sa qualité (et de l’environnement réglementaire, en particulier à l’heure actuelle).