suicidalité, risque sur la maturation sexuelle) et les modalités
d’administration (American academy of child and adolescent
psychiatry en 2007 [Aacap], Food and drug administration [FDA],
Afssaps en janvier 2008) [2–4]. Ces mises au point sont censées
aider le praticien et ne définissent pas une démarche standard.
2. PSYCHOPATHOLOGIE DES DÉPRESSIONS
DE L’ENFANT
La psychopathologie des dépressions de l’enfant se
comprend selon deux axes développementaux : narcissique
(pathologie « limite ») et objectal (dépression « névrotique »).
Certaines dépressions prennent leur origine dans une
carence précoce d’objet d’attachement, un « vide objectal »
(dépression anaclitique de Spitz). Chez l’enfant jeune (et
« limite »), faible estime de soi et hallucinations sont fréquentes
ainsi que la symptomatologie externalisée (agitation, irritabilité,
plaintes somatiques).
D’autres dépressions interviennent après élaboration des
relations objectales, du surmoi œdipien et de l’idéal du moi par
intériorisation des figures parentales. L’identification à l’objet
perdu permet de conserver un lien intérieur avec celui-ci, mais
fige le fonctionnement psychique dans la souffrance. L’ambi-
valence prédomine sur les réactions d’allures psychotiques.
Culpabilité, pessimisme et autodévalorisation sont alors plus
fréquents chez le grand enfant (et l’adolescent).
Certains symptômes semblent indépendants du
développement : asthénie, troubles de concentration et du
sommeil. Ce facteur « endogène » constituerait peut-être la
cible plus spécifique d’un traitement antidépresseur [5].
Enfin, la pression de l’environnement (ex. maltraitances
entraînant dévalorisation, culpabilité par identification à l’image
renvoyée par l’adulte) doit être évaluée soigneusement.
3. TRAITEMENT MÉDICAMENTEUX
3.1. Phase aiguë
Cette période s’étend de l’instauration du traitement à la
rémission des symptômes ; une rémission complète corres-
pond à une disparition des symptômes et à un retour à un
fonctionnement normal ; en rémission partielle, l’individu ne
répond plus aux critères diagnostiques de l’épisode dépressif
majeur, mais conserve des symptômes dépressifs, nommés
symptômes résiduels [6]. Plusieurs psychotropes trouvent leur
place : antidépresseurs, benzodiazépines, régulateurs de
l’humeur et parfois des neuroleptiques (Tableau 1).
3.1.1. Antidépresseurs
3.1.1.1. Inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine et
inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline
(IRSNA). Les ISRS sont le traitement de choix et sont
largement prescrits en France.
Pourtant, la fluoxétine est le seul médicament à avoir
montré une efficacité comparée au placebo, si l’on prend en
compte les résultats publiés et non publiés d’études contrôlées
versus placebo en double insu.
Plusieurs biais ont été soulevés :
l’efficacité de la fluoxétine était-elle due à son effet, à ses
propriétés (demi-vie plus longue et amélioration de la
compliance), à des essais bien menés chez des patients
présentant une dépression plus sévère ?
dans les études sur les autres ISRS et IRSNA, le taux de
réponse au placebo était haut (meilleure réponse à la thérapie
de soutien pour des symptômes dépressifs modérés,
utilisation de faible posologies d’antidépresseurs) [7].
Aussi, la fluoxétine est le seul inhibiteur de la recapture de la
sérotonine (IRS) à avoir une autorisation de mise sur le marché
(AMM) en Europe (août 2006) et à être approuvé par la FDA
dans le traitement des épisodes dépressifs modérés à sévères
chez l’enfant de plus de huit ans n’ayant pas répondu à quatre à
six séances de psychothérapie seule.
3.1.1.2. Antidépresseurs tricycliques. Les antidépresseurs tricy-
cliques, principalement l’amitryptiline, sont encore utilisés
en France. Pourtant, dans une méta-analyse réalisée en 2002
chez l’enfant et l’adolescent, le groupe Cochrane retrouvait
non seulement que cette classe médicamenteuse n’était
pas plus efficace que le placebo, mais aussi une plus grande
fréquence d’effets indésirables (vertige, hypotension orthos-
tatique, bouche sèche...)[8]. En France, seule l’amitryptiline
a une AMM dans la dépression de l’enfant. Aux États-
Unis, son utilisation n’est pas recommandée avant l’âge de
12 ans.
3.1.2. Régulateurs de l’humeur
Les régulateurs de l’humeur (lithium, anticonvulsivants
[carbamazépine, valproate de divalproate]) sont utilisés chez
l’enfant dans les mêmes indications que chez l’adulte : trouble
bipolaire, trouble dépressif unipolaire. Mais aucun normo-
thymique ne possède une indication claire dans le cadre de
l’AMM en pédiatrie. À noter que les antiépileptiques
(carbamazépine, valproate) peuvent constituer une alternative
au lithium (autorisé aux États-Unis à partir de 12 ans).
3.1.3. Anxiolytiques et sédatifs
Les benzodiazépines sont encore, et particulièrement en
France, très prescrites chez l’enfant à visée anxiolytique, quand
l’anxiété est majeure et à l’instauration du traitement
antidépresseur pour limiter le risque de levée d’inhibition. La
prescription doit toujours être limitée dans le temps (15 jours
au plus) pour réduire le risque de dépendance psychique et
physique.
Concernant les troubles du sommeil, aucune benzodiazé-
pine n’a d’indication officielle et leur utilisation est décon-
seillée.
L’hydroxyzine, par ses propriétés antihistaminiques sédati-
ves, constitue une alternative intéressante du fait de sa bonne
tolérance ; le méprobamate possède également une auto-
risation dans le cadre de l’anxiété.
3.1.4. Neuroleptiques
Les neuroleptiques antipsychotiques peuvent être indiqués
sur de courtes périodes lors de troubles du comportement,
H. Denizot et al. / Archives de pédiatrie 16 (2009) 1208–1212 1209