LSVS – Semestre 6 – Régulations géniques : phage lambda - 3
Après mesure, le culot étant bel et bien radioactif, nous pouvons conclure sur le fait que les bactéries lysogènes
restent sensibles, mais deviennent non permissives. On parle alors de bactéries immunes. Deux hypothèses
permettent d’expliquer cette immunité :
• Un activateur cellulaire nécessaire à la permissivité est interrompu ou muté par l’insertion du génome
viral
• Un gène du phage rend la bactérie non permissive et empêche la réplication virale
GENES IMPLIQUES DANS L’IMMUNITE DES BACTERIES LYSOGENES
Afin de tester ces hypothèses, nous utiliserons les propriétés de conjugaison des bactéries.
APPROCHE PAR CONJUGAISON
Chez les procaryotes, deux types de conjugaison sont possibles, et le premier a lieu entre une bactérie
possédant un facteur F et une n’en possédant pas. Ce facteur F peut être de trois types :
• F
+
: épisome sexuel de base de nature plasmidique, permet la mise en place d’un poil par lequel circule
vers une autre bactérie une copie de lui-même.
• F’ : épisome sexuel de nature plasmidique portant un gène bactérien issu de l’excision anormale d’un
facteur F intégré au génome.
• HFR : facteur à haute fréquence de recombinaison intégré au génome bactérien, permet également la
mise en place d’un poil par lequel circule vers une autre bactérie une copie de lui-même.
Lors d’une conjugaison HFR x F
-
, l’intégralité du génome de la bactérie HFR peut être transférée dans la
bactérie F
-
, permettant d’éventuels évènements de recombinaison ainsi que l’acquisition, par exemple, d’une
résistance à un antibiotique. Cette propriété permet en particulier la mesure des fréquences de recombinaison.
Lors d’une conjugaison HFR porteur du génome lambda x F
-
, et dans l’hypothèse « activateur cellulaire », il y a
présence de l’activateur chez la bactérie conjuguée, et la lyse est donc possible. Dans le cas de l’hypothèse
« répresseur », le transfert du génome lambda dans un milieu sans répresseur rend la lyse également possible.
Lors d’une conjugaison HFR x F
-
porteur du génome lambda, et dans l’hypothèse « activateur cellulaire », le
gène activateur est transféré et sera transcrit, rendant la lyse possible. Dans le cas de l’hypothèse
« répresseur », nous n’observerons pas de lyse.
Les résultats expérimentaux ayant démontré qu’il n’y a au final pas de lyse, l’hypothèse de la présence d’un
répresseur de la lyse au sein du génome viral est validée.
Notons que le site d’insertion du génome lambda au sein du génome bactérien est toujours le même : on parle
d’un site unique. Celui-ci, situé à proximité du locus Gal, est dénommé ATT B pour « site d’attachement dans le
génome bactérien ».
DETERMINATION PAR COMPLEMENTATION FONCTIONNELLE
Il existe ainsi un gène responsable de la lysogénie. Afin de le déterminer, nous pouvons travailler à l’aide de
groupes de complémentation, dont le nombre sera égal au nombre minimal de gènes impliqués. Pour
commencer, nous aurons besoin de définir les phénotypes normaux et mutants de la lysogénie.